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Entre Frère et Sœur

Une fiction écrite par Appledreamer.

Chapitre 6 - Le souffle du Léviathan

« Et ils ont couru dans la forêt comme des dératés. Les monstres étaient derrière eux, prêts à en faire leur repas, mais ils couraient vite, comme des flèches. Je n'avais jamais vu de gens si rapides ! » s'émerveilla Star Honey. À côté de lui, sa mère Tea Honey souriait d'amusement de voir son fils si excité. Quelques poneys s'étaient rassemblés autour de la table ronde, à écouter l'histoire courageuse des rescapés de la forêt. Une telle histoire n'était pas souvent racontée dans l'auberge du Léviathan Vert.

Cap-Roc, une île de passage pour quelques commerçants de roches, aucun intérêt touristique non plus, alors les histoires poignantes n'étaient pas monnaie courante.

« Ils ont vraiment attiré des effrois ? C'est complètement suicidaire », s'étonna un étalon.

« Oui mais ça leur a sauvé la vie », argumenta une jument assise à la table « Et vous dites qu'ils sont vivants ? » demanda-t-elle au vieux Orange Pudding assis à une autre table.

Le vieux poney barbu en était à sa deuxième chope de cidre d'algue marine.

« De qui ? » répondit Orange.

Breeze Blue, assis à sa table le rattrapa. « Des deux ‘nu-mains’, Pudding ! Tu sais, les héros de la forêt miroitante. »

« Ah oui. » Il frappa du sabot « Les deux ‘nu-mains’ ! Ouais, ils sont en ville avec Green Spell. Ils ne tarderont pas. » Il but dans sa chope. Le pauvre piquait déjà du nez sur la table.

« Jamais vu des cocos pareils », raconta une poney terrestre qui portait un plateau sur son dos. Elle avait un foulard enroulé autour de sa tête, sa crinière rouge descendait sur son pelage jaune miel. Sa marque de beauté était un verre à pied dans lequel se trouvait un poisson.

« La dernière fois que j'ai vu des visiteurs pareils venir boire dans mon auberge, la ville n'était même pas née ! Ils doivent venir de plus loin que les royaumes de l'est. »

Star Honey répondit plus timidement « Bah en fait... ils disent venir de France... »

« De Prance ? » s'interrogea la jument.

« Non, de France ! » rattrapa Star « Ils n’ont rien dit d'autre. »

« Connais pas ! » répondit-elle crûment « La Prance, ouais ! Mais la France ? Un pays de singe ? »

« Pour le moment, peu importe d’où viennent ces braves gens ! Ils nous ont sauvés la vie ! C'est quand même formidable. Je pensais déjà avoir fait mon deuil pour eux », parla Shock Stone assis à une autre table. À ses côtés, Desire, qui était bien silencieuse.

« Moi aussi je suis bien rassuré », dit Shadow Bright au comptoir. « Je ne pensais pas reprendre le travail en ayant leur mort sur la conscience. ».

« À leur retour, on boira à leur victoire ! » entonna Shoes Bright « AUX POURFENDEURS ! VIVE NOS DEUX NU-MAINS ! »

« VIVE ! » entonnèrent ensemble les convives.

« Que la Mère les protège », répondit doucement Tea Honey.

Soudainement, à la suite de l'acclamation, la porte s'ouvrit.

Tous les joyeux fêtards sourirent de joie en voyant les arrivants.

« Eh bien ! Quand on parle des loups, ils accourent », entonna Shoes Bright.

Les deux arrivants venaient au moment opportun. Un froid vent de soirée pénétra dans la taverne lorsque la porte s'ouvrit. Au seuil, Marie et Kilian rentrèrent dans la salle un peu gênés. On aurait dit qu'ils venaient de stopper quelque chose.

« Oh… Salut tout le monde », dit timidement Kilian en direction des Bright et des Honey « Content de voir que vous allez bien. »

« Ouais ! Content de voir qu'on a servi à quelque chose », raconta Marie sans gêne « Vous avez l'air en meilleure forme que nous. »

« Nom d'une pomme dorée ! Vous êtes tout clinquant ! Vous profitez des plaisirs de Cap-Roc, on dirait », plaisanta Shoes Bright.

« Ne restez pas plantés comme ça, les asperges. Venez vous asseoir avec vos amis. Apparemment, vous leur avez fichu une peur bleue », les appela la jument au plateau « Bienvenue au Léviathan Vert ! Mon auberge », se présenta-t-elle. Elle s'avança et tendit son sabot à Marie.

Timidement, ou peut-être craintivement, Marie serra le sabot de la jument.

« Je m'appelle Pinot ! »

« Moi, Marie. Et voici mon frère, Kilian », répondit Marie tout en lâchant son sabot.

« Oh nous savons qui vous êtes mes p'tites graines. Les Honeys et les Bright ont tout raconté sur vous. »

« Ah oui ? » dit-elle en direction des rescapés attablés.

« Seulement ce que vous nous avez dit. Et ce que vous avez fait », répondit Shadow Bright « Et ce n'était pas rien. Venez vous mettre à la table avec les Honey, vous allez tout nous dire. »

Les deux humains s’attablèrent dans la taverne côtière, la grande salle était remplie de quelques filets suspendus au plafond, des bougies se trouvaient à brûler sur les piliers ou sur les tables, elles donnaient une faible lumière tamisée à la taverne. Les murs, le plafond et les piliers étaient peints d'une couleur vert pomme un peu écaillée, seul le bar était fait de planches rouges où quelques liqueurs se trouvaient à patienter le prochain soûlard. Des bouteilles qui étaient même intrigantes. Du jamais-vu sur Terre.

Kilian et Marie se mirent du côté des Honey.

« Ça fait plaisir de vous revoir vous deux », compatit Tea Honey avec son fils Star, qui s'était serré à côté de Kilian. Ce dernier le serra affectueusement avec son bras, Star rigola, enlacé dans les bras de Kilain.

« Ouais ! Mam n'a pas arrêté de s'inquiéter pour vous. Moi aussi j'avais peur, mais vous êtes des gros durs comme disait Monsieur Bright », raconta Star.

« C'est vrai ! Pas un moment j'ai pensé que vous termineriez en charpie », se confia Shoes Bright. « Pas comme tout le monde », critiqua-t-il en direction de Shock Stone. L'étalon visé assis à une autre table se ravisa.

« Moi ! Mais c'est normal. Je veux dire, après tout cette forêt est un véritable pas-de-loup.

S'il vous plaît mes amis, n'ayez pas de rancœur envers moi ! » s'adressa t-il en direction des deux humains. « N'importe qui aurait pu croire à votre mort », dit-il d'un ton plein d'amertume.

« Vous n’êtes pas le seul, Monsieur Stone », compatit Marie. « Kilian et moi pensions bien y rester lorsque nous y étions. Le village maudit avait tout d'un cauchemar. »

« Oui, justement ! » se ragaillardit Shoes Bright. « Ma chérie et moi avons vu des choses de cette forêt. Mais vous, on peut dire que cet endroit n'avait jamais vu d’êtres aussi courageux que vous. »

« Oui, racontez nous ! Racontez nous ! Racontez nous ! » s'excita Star en sautillant sur son fauteuil.

« Ouaip ! Hips ! Nom d'un chien, nos oreilles de poneys veulent savoir ! » cria Orange Pudding, temporairement remis de sa gueule de bois.

« Vous devez avoir vu des choses terribles dans ce village », se rappela Tea Honey.

« Des choses terrifiantes ! » s'excita Shoes de sa grosse voix.

« Mystérieuses », renchérit Shadow à ses côtés.

« Intrigantes ! » continua Shock Stone.

« Alors dites nous tout ! » termina Orange Pudding de sa voix de soiffard.

Kilian souriait d'amusement et aimait être autant au centre de l’attention. Marie, elle, s’affaissait sur la table, la tête sur le poing. « Bande de poneys curieux », ronchonna t-elle dans ses pensées.

« On veut bien vous relater toute notre aventure », dit Kilian d'une voix de conteur. « Mais à une seule condition ! »

« Laquelle ? » dirent-ils tous, intrigués.

« Manger ! » leur lança Kilian de l'air le plus idiot.

Et voici comment débuta la soirée.

Assis à leur table, entouré de leurs amis et connaissances, et de quelques poneys curieux. Marie, mais surtout Kilian, racontèrent leurs péripéties dans la lugubre, et dangereuse, forêt miroitante. Tout en contant cette aventure, Marie et Kilian furent servis par la tenancière du Léviathan Vert.

Le repas pouvait être conté comme une seconde aventure, une aventure culinaire. Il fallait être végétarien pour aimer manger autant de légumes et de fruits, végétarien ou poney.

Pour eux deux, c'était un grand plat de fruits assortis, avec des légumes marins venus des froides profondeurs des côtes de l’île. Jamais de tels spécimens d’herbacées ne pouvait être trouvés sur Terre. Une courgette à l'allure de gros cornichon bleu, une pomme marine collante et poisseuse, mais pourtant, ils étaient délicieux. Oui, les quelques aliments étaient peu ragoûtants mais leur goûts dépassèrent les attentes des deux humains. Les fruits de mer étaient en fait salés et sucrés à souhait, avec des sauces pimentées qui remontaient le goût au niveau supérieur.

Tandis qu'ils racontaient, Kilian croquait bien volontiers ce qui lui passait sous la main, tout en parlant et ne mâchant pas ses mots. Alors qu'à côté, Marie prenait bien le temps de regarder chaque aliment sous le moindre détail. Par méfiance, c’était tellement exotique, mais surtout par curiosité. Marie touchait et croquait timidement les herbacées, souriant en voyant qu'en fait ce n'était pas si dégoûtant. La nourriture poney avait du bon, pour le moment. Même si cela manquait de viande. D'ailleurs, peut-être qu'elle en demanderait plus tard à… à la jument là, avec le poisson dans le verre.

Alors qu'il racontait, Kilian arriva au moment de la mine. Et celle avec la porte de fer, où était gravé l'étrange phrase de remerciement. Ce qui ne manqua pas de retenir l'attention de Shock Stone.

« Vous dites ? Vous avez lu cette phrase sur la porte ? » demanda t-il à Kilian.

« Oui !» Crunch « Donc, c'est quoi ça, Monsieur Stone ?» Glup «Une affaire familiale ? » s’interrogea t-il, terminant cette succulente pomme marine.

« Pourquoi ne pas nous avoir dit cette histoire dans le carrosse ? » demanda Marie, intriguée.

Le reste des convives regardèrent l'aristocrate embarrassé. Qu'avait à voir un bourgeois de Manehattan avec l'horrible village de Mirror City?

Shock Stone regarda inquiet vers Desire un instant, mais sa dame ne lui donna aucun regard, elle semblait affectée par autre chose pour le moment. L'étalon résigné convint que, de toute façon, cela ne servirait à rien de nier.

« Oui en effet… C'est une affaire familiale. Mais c'est difficile pour moi d'en parler. Avant que je perce dans les affaires avec ma colombe Desire, mon grand-père avait investi dans le village de Mirror City. Seulement, lors de la fête du village, quand le massacre eut lieu, il fut parmi les victimes… Désolé, mais je n'ai guère envie d'en dire plus », s’obscurcit Shock Stone.

« Oh mais vous n'avez pas à le faire Monsieur Stone », se peina Tea Honey, désolée de voir l'étalon dans cet état.

« Oui c'est vrai. Désolé Monsieur Stone », compatit Kilian. Le reste des convives était d'accord sur ce point.

Marie regarda Shock Stone, en pleine réflexion. Elle commençait à penser qu'elle devenait parano, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de réfléchir à des théories sur l'implication que cela pouvait avoir.

Elle détourna son regard perçant de l'aristocrate pour s'adresser aux autres poneys.

« Tout le monde ici est au courant du massacre de Mirror City ? » demanda-t-elle, non sans flegme.

Kilian se mit une claque mentale. Bon sang, sa sœur était tellement froide et dure.

Mais cela ne créa aucun choc chez les convives, même si la mémoire d'une telle histoire pouvait faire frissonner et dresser les poils du dos.

« Voyons coco. Tout le monde sur l’île de roche noire connaît cette histoire », répondit Pinot la tenancière tout en posant les boissons avec une agilité du sabot hors pair. « Il n'y a pas beaucoup de nouvelle tête à Cap-Roc, encore moins chez les gueules noires de Falaise. Alors ça fait des années que nos anciens racontent l'histoire des croques poulains de la forêt » dit-elle, narguant les trois petits vieux à leur table.

« Vieux mais fringant ! » hurla Orange Pudding. Puis sa tête retomba sur sa chope.

Ils ricanèrent ensemble de la bêtise du vieux Pudding. Puis Kilian eût comme un déclic, avant de se rappeler qu'il devait continuer son histoire.

« Alors oui, c'est vrai ! » Crunch « Après la porte, Marie et moi pensions trouver encore pire que les atrocités de la forêt » Glup ! «Mais non ! »

Tout le monde se pencha à nouveau vers Kilian et but ses paroles comme de l'or, ou comme la meilleure histoire jamais racontée. Pour Marie, c'en était trop, elle voulait être au calme.

« Dite mademoiselle Pi… Pinot c'est ça ? Je peux aller dans la cour arrière, s'il vous plaît ? »

« Bien sûr, coco. Si t’as besoin d’être au calme, vas-y. Je prépare vos chambres pour cette nuit ? »

La gentillesse de la jument fit rougir un peu Marie, elle était bien heureuse d'entendre une telle proposition. « Oui, merci beaucoup mademoiselle Pinot. Dormir, ça serait divin. »

Après cela, Marie se dirigea dans la cour, laissant les autres écouter son farceur de frère.

Marie traversa un couloir au plafond bas, l'on devine pourquoi se dit-elle, après tout les poneys n’étaient pas bien grands. Et enfin, il terminait sur une porte qui donnait sur la cour. La où se trouvait une cour ovale entourée de grands murs de pierres brune. Il y avait quelques tables rectangulaires avec des drôles de fauteuils pour poney au large siège et au dossier bas. Et enfin, quelques poteries de terre cassées se trouvaient dans un recoin.

L'air froid de la mer descendait dans la cour par un vent descendant. Il faisait frais, et le ciel s'assombrissait de quelques nuages noirs. Typique de l’île, l'on pourrait dire. La nuit tombait à toute allure.

Marie s'adossa à une chaise prés d'une table, se laissant affaler sur elle. Elle pensait pouvoir tenir plus longtemps que cela dans un nouveau monde magique et féerique. Mais, apparemment, une journée en enfer l’avait mise KO pour le restant de ses jours.

Elle soupira lourdement. Marie repensa à tout ce qu'elle venait de voir, de rencontrer, d'explorer même.

Elle regarda ses mains. Elle voyait sa peau devenir rugueuse, de la chaleur en émaner. Sous ses allures de mains parfaitement normales. Il y avait de la magie. De la magie !

Sur ses coudes et avant-bras, elle voyait ses veines briller d'un bleu surnaturel, Marie tira sa manche, cachant son physique. Elle ne voulait pas y croire, mais c'était vrai. Elle se redressa sur sa chaise, mettant ses deux mains sur la table. Elle les examina, et pensait en même temps.

Quel monde bizarre. Kilian connaissait des choses sur cette Equestria, bien plus qu'elle, c’était sûr. Mais pourtant, parfois, il semblait avoir été surpris, et pas dans le bon sens. Pour le moment, elle et lui devaient se diriger vers cette ville... Cantalot. Ou Canterlot plutôt. Là-bas, quelqu'un les aiderait à rentrer. Les parents devaient s'inquiéter, et ses projets d'art l'attendaient, il y avait aussi Joachim qui… Elle avait sa vie là-bas. Marie n'avait rien à faire dans ce monde magique, c'est sur Terre qu'elle voulait rester.

Tant qu'elle et son frère restaient ensemble et unis, rien ne pourrait leur arriver. Souvent, quand Kilian se faisait harceler dans la cour de récré, c'est Marie qui mettait les méchants dans la cuvette des toilettes. Et quand c'est elle ensuite qui se faisait gronder, c'est Kilian qui venait la sauver en la protégeant des punitions. Et même si elle était punie de dessert étant petite, Kilian lui en rapportait en cachette. Ils avaient fait les 400 coups ensemble. Ce monde magique ne les sépareraient pas, jamais.

Marie regarda vers le ciel un instant. Les yeux remplis de nostalgie. Elle avait la tête lourde, mais le cœur léger.

« Hou Hou ! Sœurette tu es là ? » appela d'un coup Kilian. Le grand garçon tout fin rejoignit sa sœur dans la cour.

« Alors sœurette, on se met au calme ? » la taquina t-il « J'ai laissé les autres un instant. Toute cette popularité, ça m'étouffe. »

Marie ricana aux bêtises de son frère « Populaire ? Oh la la ! Toi mon frère, tu as la tête qui enfle. Et puis la célébrité, ça te va mal. »

« Moi ! Ouais, tu as raison. C'est vrai que j'aime le calme autant que toi. »

« C'est la vie de paysans. Quand on a vécu quinze ans dans le trou du cul paumé de la France profonde, on aime vivre dans le silence. »

Kilian s'assit avec Marie à la table. Ils profitèrent du léger bruit de la mer proche. Les quelques passants qui venaient trottiner non loin, et du vent marin qui venait apporter les odeurs pittoresque d'un joli bord de mer.

« Je veux profiter de chaque lieu d’Equestria que l'on découvrira. Chaque coin, chaque bord, chaque ville et village. Marie ce monde, j'en ai rêvé plus d'une fois. Et maintenant, je peux le sentir », se confia Kilian, les yeux fermés, la tête tournée vers le ciel, comme sa sœur.

Marie se redressa légèrement, « Oui, on le fera. Sur le chemin, on le fera », se laissa t-elle dire.

Puis elle se redressa complètement pour sentir ses mains frémir et se chauffer de plus belle. Elle pesta sous le mécontentement de cette affliction.

« Un problème, sis ? » demanda son frère.

« Rien. Seulement cette magie. D'ailleurs... si on s’entraînait un peu ? Nova est avec toi ? »

« Toujours ! Tu veux t’entraîner, alors allons lui demander. Je veux faire une boule de feu pour essayer », dit-il l'air espiègle.

Kilian posa l'orbe blanche sur la table, prenant soin de voir si personne n'était en vu dans la cour avant.

« Nova ! On doit discuter ensemble », appela Marie.

D'abord rien du tout. L'orbe ne brillait pas, aucun son ou voix n'en sortait. C'était étrange.

« Nova ? Tu es là ? On doit parler ! » appela à son tour Kilian.

Il fit une petite pichenette à la boule. Puis une lumière douce se mit à vrombir. Avec, en fond, la voix doucement fluette de la prisonnière.

« Quoi…? Hein ? Oh pardon les amis… J'étais en train de méditer. » Il y eût un petit sifflement aigu qui monta en crescendo avant de redescendre, comme un bâillement « Bien… Que voulez vous ? »

« S’entraîner ! Tu connais beaucoup de sortilèges et nous voulons développer ces pouvoirs. Alors, maîtresse, on commence par quoi ? Une boule de feu ? Un vent de glace ? Un tremblement de terre ?! » s'excita Kilian.

« Par rien de trop dangereux d'abord ! Les bases s'il te plaît, Nova », arrêta poliment Marie.

« Les bases ?… Bon eh bien, ça fait des lunes que je n’ai pas fait de magie. Alors veuillez m'excuser d'avance pour mes maladresses. »

Nova se mit à briller de plus belle, une lumière pourpre se mit à doucement étinceler.

« Bien ! Je suis prête. Pour commencer, deux sorts de base. Deux sorts que tout bon petit mage connaît. »

« Qui sont ? » s'impatienta Marie.

« La télékinésie. Et le souffle ! » présenta t-elle, comme une présentatrice présentait un prix à un gagnant.

« Le souffle ? » s'interrogea Kilian. « La télékinésie on voit, mais le souffle ? »

« Le souffle est parmi les premiers sorts appris par les licornes. C’est un sort défensif qui fait éjecter un puissant souffle magique du mage par son émetteur, et qui balaie sur un champ donné tout objet ou personne présente. »

« Ouah ! Génial ! » s'extasia Kilian devant l'explication scientifique de Nova.

« Et ça peut-être dangereux ? » s'inquiéta Marie de son côté.

« Cela dépend. Combiner à un élément, le souffle peut causer des dégâts irréversibles. Au départ, il ne sert qu'a éloigner, ou éjecter les individus dangereux, sans vraiment les blesser. Tout dépend du mage qui lance le sort », expliqua modestement Nova, de ce ton soudainement devenu très professionnel.

« Les cas dangereux se présentent si le mage décide d'utiliser toute sa mana pour contrer son adversaire. Moi un jour, j'ai envoyé voltiger trois Loupdebois à cinquante mètres. La puissance du sort m'avait complètement épuisé. Un bon mage doit savoir réguler ses forces pour ne pas se retrouver fragilisé, dans les moments les plus critiques. »

Ce qui ne plût pas trop à Marie. Mince, il fallait faire attention, cette magie pouvait la rendre exsangue en deux, trois coups si elle ne faisait pas attention. Attends ! Un loupdebois ?

Mais pas le temps de poser la question qu’une autre chose lui vint à l'esprit « Tu parlais d'éléments ? Tu veux dire... comme le feu, l'eau ? »

« C'est exact. A un stade avancé de l’entraînement, les mages peuvent apprendre à manier les éléments. Ainsi, ils peuvent utiliser cette liaison pour combiner les sorts utilisés. Un jour, j'ai vu une licorne du nom de Glace Pillé utiliser le souffle avec l’élément de l'eau. Toute la salle de classe fût inondé. Heureusement que mon père ne nous faisait pas travailler dans les caves », plaisanta Nova, sans réellement trouver ça drôle en fait.

« C'est long à apprendre ? » demanda Kilian tout ouïe.

« Très ! Les mages passent la moitié de leur vie à étudier et pratiquer la magie. Il faut vingt ans à un mage pour apprendre seulement deux éléments. Mon père connaissait des techniques pour transiger ses années mais, et j’en suis désolé, mon père était tellement protecteur et avare quand il s'agissait des savoirs de ses grimoires. Il n’arrêtait pas de me dire que leurs connaissances pourraient détruire un royaume. »

« Starwill était comme ça ? » se questionna Kilian « Bizarre. Il avait l'air moins strict et plus sympathique dans la- OUF ! » Kilian reçu un léger coup de pied de Marie. Cette dernière lui lança un regard inquisiteur qui lui disait « Ferme-là pauvre idiot ! » Nova semblait n’avoir rien remarqué.

« Bon, on peut s’entraîner ! » proposa Marie, l'air pressé, déjà en train de se lever pour se mettre en place.

« Oui, très bien. Tout d'abord la télékinésie. Vous verrez, c'est assez simple en vérité. Les jeunes licornes mettent des mois, voire des années avant de parfaitement le maîtriser, mais qui sait, je pense que vous avez un don pour la magie. »

« Ah bon ? Qu'est ce qui te fait dire ça ? » questionna Marie.

« Le sort dans la grotte. Ce n'était pas un sort ordinaire pour un débutant, même si j'y ai aidé. »

« Vraiment ? Qu'est ce que j'ai fait ? » demanda Kilian intrigué, et frissonnant de connaître la réponse.

« Je t'avais donné la puissance. Mais inconsciemment, tu as lancé un sort d'attaque, un rayon solaire dévastateur. Le Flambis. »

« Pourquoi ? Il y a une raison ? » Marie s’inquiétait des répercussions. Son frère, avec des sorts dévastateurs, pourraient causer des dégâts apocalyptiques. Et puis, ils ne connaissaient rien pour l'instant. On ne donnait pas une épée à un bébé.

Mais heureusement, Nova la rassura.

« Une poussée magique. C'est peut-être dû tout simplement à l'approbation de vos pouvoirs tout nouvellement acquis. Cela arrive souvent aux poulains quand ils découvrent la magie étant bébé. Pas d'inquiétude à se faire, les poussées s'en iront avec l’entraînement. Et avec le temps. »

Après cet instant d'explication. Nova les invita à se mettre côte à côte devant les tas de poterie brisés.

Il fallait de la concentration, et du silence.

Nova leur expliqua que pour déplacer un objet, il fallait le visionner dans son esprit. Le prendre avec ses sab... ses mains, sans bouger ces dernières.

Ce n'était pas le genre d'exercice que l'on donnait à n'importe qui. Sur Terre, seuls les moines bouddhistes le faisaient. Et encore. Alors, quand ces deux humains venus de la campagne française devait bouger un vase avec la simple force de leurs esprit…

Pendant trente minutes, rien ne se passa. Et même si les deux humains y mettaient tout leur cœur, la poterie ne bougeait pas.

Pendant un instant, Marie commença à fulminer. Tous les deux les yeux fermés, elle perdait patience. Mais Kilian lui dit une phrase qui la motiva brusquement.

« Pense que des petits poulains de cinq ans réussissent, Marie. Des petits poulains. »

A peine ces deux mots dit, une poterie se retrouva entourée d'un aura bleu glaciale, et envoyée si haut dans les airs qu'elle mit bien dix secondes à retomber.

« Alors je serais plus forte qu'un poulain », dit-elle le regard déterminé « Toi, par contre, on va devoir patienter », la nargua t-elle.

Ça n'arrivait pas à souvent à Kilian de s'énerver. Le petit ange de la récré. Mais là, sa sœur lui lançait un défi. Et quand Marie lui lançait un défi, c'était tout de suite personnel.

« Moi je vais devoir attendre ?! Regarde moi ça ! »

Il propulsa ses mains vers l'avant, une lumière rouge feu illumina ses appendices jusqu'à briller comme des flammes pour enfin sortir soudainement en jet de feu. Qui balaya le sol jusqu'aux poteries, pour carboniser sur toute la trajectoire. Laissant un trace noir brûlée sur le sol en terre.

Si Nova avait eu un visage, il serait bouche bée. Marie, elle, ne se permit que de faire les gros yeux.

« Mais…? Mais…? Mais c'est incroyable ! Oui je le savais ! » se félicita Nova.

Kilian tendait encore les mains vers les poteries, qui n'étaient plus en morceau mais en cendres.

« J’ai ça moi ? J'ai un élément ?! »

Il fallut un léger moment de réalisation au groupe pour comprendre ce qui venait de se passer. Maintenant, Kilian faisait partie des possesseurs de la flamme.

Marie se remit de son choc. Voir son frère propulser du feu de ses mains, alors qu'il y a deux jours il ne savait pas régler la chaudière. Quelle claque.

« Qu'est ce qui ce passe ici ? »

Pinot, la gérante, vint dans la cour les interpeller. Marie se jeta pour cacher Nova qui s'éteignit pour masquer au maximum sa présence.

La jument regarda l'humaine droite comme un piquet au sourire cachottier, l'humain main tendue, figé, complètement éberlué, et enfin les poteries réduites en cendres.

Marie pensait être démasquée, disputée, voir punie. Mais non.

« Voyons mes cocos. Si il faut vous entraîner, faites-le ailleurs. Mais merci quand même pour les poteries. Je devais m'en débarrasser de toute façon », fit-elle remarquer à Kilian.

« Bin euh ? Quoi ? »

« Quoi quoi ? Voyons cocos, si vous êtes mages, ce n'est pas sorcier. Même si je suis surprise de voir que vous maîtrisez le feu. Le soleil de la déesse vous a béni on dirait. Même jusqu'en en Prance, euh non... en France. Bon, assez tergiversé. Vos compagnons vous attendent. Et l'aristo veut vous parler.»

« Shock Stone ? » se demanda Marie à voix haute.

« Lui-même. Allez, venez donc ! »

La jument partit en se dandinant dans le couloir. Juste après, les deux apprentis mages suivirent et retrouvèrent l'étalon assis de sa manière chevaline à sa table. Desire était toujours silencieuse.

A leur approche, il fit un signe de tête pour saluer. « Mes amis, merci de venir me parler. J'ai une chose à vous dire. »

La voix de l'étalon était lourde, il y avait du regret dans sa voix. D'ailleurs, l'air fringant de Shock Stone à Falaise n'était plus le même désormais. Sa crinière luisante de lotion était rabougrie, son pelage sale, et les vêtements des aristos n'étaient pas rafistolés.

« Je voulais vous remercier personnellement de nous avoir sauvé la vie à moi et à ma fiancée, Desire. »

Kilian coupa net « Rooh mais c'est normal, Monsieur Stone. »

Shock reprit net. « Non, vous ne comprenez pas ! C'est de notre faute. Nous voulons nous faire pardonner. Et pour cela, nous vous devons une faveur. N'importe laquelle ! »

« Voyons Monsieur Stone », recommença Kilian, gêné. « Vous n’êtes pas obligé. »

« Si », dit subitement Desire.

« C'est de ma faute ! Si je ne m'étais pas énervé. Si je n'avais pas paniqué ! Tout ça aurait pu être évité. »

La seyante pégase à la crinière de bleu azur et au fier comportement avait d'un coup beaucoup moins d'allure sous ses mots.

« Je suis allé voir Monsieur et Madame Bright pour me faire pardonner le tort que je leur ai causé. »

« C'est vrai », dit Shoes non loin. « Mam’zelle Desire s'est faite pardonner. »

Desire revint au regard des humains.

« Mais je dois aussi reprendre mon honneur auprès de vous. Plume de pégase ! Je veux vous demander pardon. » Un ton vengeur pouvait se faire sentir dans sa voix. Comme si les racines des fiers guerriers pégases était d'un coup revenus en elle.

Shock Stone laissa parler sa jument d'amour. Il posa son sabot sur le sien en soutien, il lui sourit et elle fit de même. Et attendaient ensemble l'avis des deux humains.

Marie les regarda ensemble. L'ai froide, comme à son habitude, elle réfléchissait à une solution à leur avantage.

« Madame Honey ! » appela t-elle en direction de la jument encore avec son fils « Vous avez un navire pour Equestria ? »

La jument fut surprise par la question, elle remit sa tresse en vitesse, et regarda vers Marie interloquée. « Eh bien …. Nous devons attendre le Philadelphia de passage dans deux semaines. Pourquoi ? »

« Pas deux semaines, Madame Honey. Sir Stone et Comtesse Desire vont nous amener à Equestria dès... Vous partez quand ? »

Shock Stone fût un peu surpris, mais sourit largement. Avec Desire, ils reprirent aussitôt de l’allure.

« Demain ! Nous partirons tous demain sur notre voilier ! » annonça t-il fièrement.

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Lapresley
Lapresley : #38299
sort de pousser ? Genre ils crient "fus!" xD
Il y a 2 ans · Répondre
Br0hoof
Br0hoof : #37521
Hooo j y suis c est pas de la mana c est du pétrole o-o monstre que tu est
Il y a 2 ans · Répondre
Br0hoof
Br0hoof : #37520
Wai bon après heuu hey attend une buking second un briquet? Le mec a de la mana liquide dans le sang et tu le traité comme un zipo xD enfin comme la dit @AuRon faudrait pas non plus que nos COMPARSSES ou COMPERES deviene trop Puissant
Il y a 2 ans · Répondre
Appledreamer
Appledreamer : #37519
Br0hoof12 avril 2016 - #37518
Bon si l element de monsieur est le feu je suppose que madame elle aura l'eau (vu la couleur de l aura et son "tempérament glaciale"


Kilian a une facilité avec cet élément, après rien ne dit qu'il ne puisse pas en apprendre d'autres. Et puis c'est pratique d'avoir un briquet avec ses doigts. X)
Il y a 2 ans · Répondre
Br0hoof
Br0hoof : #37518
Bon si l element de monsieur est le feu je suppose que madame elle aura l'eau (vu la couleur de l aura et son "tempérament glaciale"
Il y a 2 ans · Répondre
cedricc666
cedricc666 : #37193
Je sais pas quoi dire d'autre en dehors du fait que j'aime toujours autant cette ambiance mystique qui se dégage de ton récit.

Comme à chaque fois vivement la suite.
Il y a 2 ans · Répondre
AuRon
AuRon : #36389
Oouuuiiiiiiii ^^ j'aime beaucoup cette histoire. J'espère juste que nos deux consœurs ne vont pas devenir trop puissant ça enlèverai le challenge ;p.
Il y a 2 ans · Répondre

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