Le Saphir.
C'était le nom du voilier. Le nom de l'entrée pour Equestria.
Rien de plus normal pour un navire appartenant à deux riches prospecteurs miniers. Desire avait choisi le nom, il paraît.
Il paraîtrait aussi que ce voilier était l'un des navires les plus modernes du monde.
Quand nos voyageurs aperçurent la bête amarré dans le port, il fallait dire que ce dernier sortait grandement du lot de coquilles ou de galions qui se trouvaient dans la baie.
Déjà par sa beauté, car l'inestimable navire était fait d'une coque bleu océan, qui longeait sur la longueur le bateau de la proue au bastingage, avec en duo une peinture blanche comme de la neige. Le Saphir ressemblait à une vague, ou à une dame affrétée parmi des bouseux qui ne savaient pas reconnaître l'éloquence et la classe. La voile était la robe, la coque était le corps.
Mais bien plus que la beauté, il y avait aussi l'intelligence.
Sur le navire, des roues à aube étaient installées, des deux cotés du Saphir. Elles n'étaient pas gigantesques et se fondaient parfaitement dans la coque. Juste sur le milieu du navire, une drôle de cheminée en forme de trombone sortait du pont, elle avait une couleur cuivré.
Le Saphir était réellement une merveille maritime.
« Vous verrez mes amis ! Nous serons à Equestria dans moins de cinq jours ! Le Saphir est un fleuron de l'art naval equestrien », vantait Shock Stone à l'embarquement. Il accueillait tous ses passagers à l'entrée de son navire. Avec lui, le capitaine. Un étalon vêtu d'un drôle d'uniforme. Une veste blanche avec des décorations couleur or sur ses épaules, des boutons dorés, et un chapeau tricorne avec un médaillon en forme de soleil. L'uniforme réglementaire d'un capitaine d'Equestria.
Il était assez âgé. Au vu de ses yeux gris cernés de rides, de son pelage gris acier soigneusement brossé, mais qui relevait des blessures sur sa croupe et ses pattes. Le capitaine Hazel Twinkle était un ancien de la marine.
« Bienvenue à bord du Saphir », parla t-il aux Honey, d'un ton de voix froidement professionnel.
A l'embarquement, Tea Honey n'avait quasiment plus aucun bagage. La pauvre jument avait tout perdu dans l'incident, seules deux valises d'affaires avait pu être sauvées des griffes de la forêt. Ainsi que le béret de journaliste de Star. Ce qui semblait suffire au poulain, mais malgré cela une triste mine se dessinait sur son visage à la vu de ses affaires. Shock Stone le remarqua.
« Alors petit étalon ? Nous vous avions connu plus heureux hier soir. Que vous arrive t-il ? » demanda t-il au petit poulain timide.
« Mon fils a perdu ses livres dans le carrosse, Monsieur Stone. Il y tenait beaucoup ... », répondit sa mère qui s'occupait de donner leurs bagages à deux marins du navire.
Star Honey avait le regard bas, il était vraiment affecté par cette perte.
Mais Shock Stone avait de quoi lui remonter le moral.
« Tiens donc ? Alors je crois que nous avons de quoi te retirer ces nuages sombres de ton regard. Car le Saphir possède tout un assortiment de livres de voyage, d'histoire, et d'aventure ! Tu es intéressé ? »
« Vous avez des livres d'aventures ?! » s'illumina d'un coup Star « Je veux dire… Vous en avez avec des dragons ? » demanda t-il, à nouveau calme.
Shock Stone leva fièrement sa tête « Avec dragons, griffons, chiens de diamant, changelings ! A toi de choisir. »
« Youpi ! » s'enchanta Star, déjà guéri de son cafard.
Le petit poulain rentra sur le navire tout en joie, suivant Shock Stone qui partait lui présenter la fabuleuse collection.
Ça faisait du bien. Tea Honey ne voyait que trop peu son fils aussi joyeux. Ses voyages les avaient dépéris, fatigués, affligés. Tea Honey lança un regard vers l'océan. Elle se remémora ces douloureux moments.
Quand un terrible jour il était parti, promettant gloire et richesse sur la famille. Quand il partit proclamant: « Du lait et du miel mon amour ! Nous serons heureux très bientôt. Je te le promets ! »
Quand les jours et les mois passèrent et qu’aucune réponse n’arrivait, ni lettre, ni voxopierre, pas même un oiseau n'était venu gazouiller son retour. Il ne pouvait pas avoir simplement disparu. C'était incompréhensible !
« Du lait et du miel... », songea Tea Honey, rêvassant dans son passé.
« HE ! Tea Honey tu peux nous aider s'il te plaît ?! » interpella Kilian. Le pauvre garçon humain tirait une malle en bois de chêne bien trop lourde pour ses bras maigrichons. Marie tentait elle aussi de porter le bloc, mais sans grand succès.
Tea Honey eût un regard de sympathie envers les deux étrangers. C'est vrai, pendant dix ans, elle avait été seule. Dans son parcours effréné à travers le monde, elle n'avait dû compter que sur elle-même, et sur Star Honey, son rayon de miel. Trop de malheurs leur étaient arrivé, et une maladresse hors du commun les accompagnaient toujours là ou ils allaient. Mais enfin, après tout ses efforts, elle avait trouvé des gens prêt à l'aider. Même s’ils étaient étrangement composé, complètement nus, qu'ils avaient des doigts, et des dents de carnivores. Ils étaient là pour l'aider.
C'est vrai, à Falaise, elle ne leur faisait pas confiance. Ils avaient détruit leur maison. Ce n'était là que la preuve une fois de plus de leur malchance.
Mais dans la forêt, tout se clarifia.
Ils les avaient sauvés.
Pour Tea Honey, c'était une preuve que quelque chose avait changé.
La roue tournait.
Une douce aura orangé vint entourer l'énorme malle de bois. Puis se souleva d'un coup pour venir se déposer sur le pont du navire. Ce qui soulagea allègrement les deux « nu-mains ».
« Cool ! Merci Madame Honey ! » appela Kilian.
La malle était en effet extrêmement lourde. Tea Honey se dépêcha de la déposer à bord.
« Qu'avez vous dans cette malle ? » demanda t-elle curieusement.
« Du shopping ! »
« Du shoquoi ? »
« Des achats Madame Honey », rattrapa Marie. « Kilian a voulu acheter quelques babioles du coin. Rien que pour nous alourdir ! » grogna t-elle en direction de son frère.
« Faux ! Ce sont quelques pièces de rechange. Affaires pour camper. Et livres ensorcelés », rigola t-il en fin de phrase.
« Et souvenirs de vacancier », termina Marie. « Je t'ai vu avec cette jument dans la boutique de bric à brac. »
« Le nom de la boutique était ‘Abracadabois’, très chère sœur. Et c'était une boutique d'objet en tout genre. »
« Avec un nom pareil, je m'attends à des surprises », soupira Marie qui monta à bord du navire suivi de son frère.
Après cela, le trio descendit à son tour dans les entrailles du navire. Pas sans que Kilian ne se cogne au passage. Ce qui fit rire Tea Honey, non sans s'inquiéter pour lui. La porte était minuscule et étroite. Bien sur c'était à taille de poney alors à quoi fallait-il s'attendre. Il faudra s'en rappeler s‘il ne voulait pas retrouver sa tête toute bosselée à la fin du voyage.
Les passagers s'installèrent à leur convenance dans les appartements choisis pour leurs séjours. Kilian et Marie trouvèrent leur appartement vraiment luxueux. Avec deux lits suffisamment longs pour s'y allonger.
S’il fallait décrire la décoration intérieure générale du navire, alors le terme ‘art déco’ serait le plus approprié.
Des poutres en métal tournaient en plantes grimpantes, des orfèvreries ornaient les vides laissés par le squelette anguleux des bras d'acier. Une extrême richesse sortait des murs de ce bateau. Autant de la diversité du matériau que dans le travail d'art qui s'en exposait. Comment des poneys aux sabots patauds pouvaient construire de pareilles merveilles !?
« La magie ? » pensa Marie un instant. De toute façon, tout pouvait être expliqué par la magie dans ce monde. Mais quand même.
Ils retrouvèrent le couple d'aristocrate dans la grande salle du navire. Une pièce longue et large comme le bateau, qui s’arrêtait sur une vitre panoramique donnant sur l'avant du Saphir. Au milieu de la pièce, une longue table d’ébène où était assis Shock Stone ainsi que Desire,
« Enfin vous voilà ! J’espère que vos appartements sont à votre convenance ? » s'adressa joyeusement Shock Stone.
« Vous voulez rire ?! Jamais auparavant je n'avais voyagé sur un navire avec un tel luxe », s'époustoufla Tea Honey. « J'avais pris l'habitude des voyages en gabares, et des fonds de cales des galions. »
« Oh mais c'est monstrueux Madame Honey ! » s’émut Shock Stone. « Alors je garantis que votre séjour sur le Saphir sera inoubliable. »
« Et vous très chers amis ? Vos chambres vous plaisent ? » demanda Desire à Marie et Kilian.
« Ça va. C'est très beau », répondit nonchalamment Marie.
« C'est magnifique Madame ! Merci pour votre générosité », intervint Kilian.
« Vous n’êtes pas au bout de vos surprises ! J'ai accompagné le petit Honey à la bibliothèque. Rejoignez le si vous le désirez. Vous n'en croirez pas vos yeux. »
« Nous partons bientôt, Monsieur Stone ? » s'interrogea Marie.
« Immédiatement ! Je pars voir le capitaine.»
« Est-il un bon marin ? » se risqua Tea Honey.
« Bon ? Il est le meilleur ! Il a fait les escarmouches contre les pirates lors de la guerre des côtes. Il connaît ce métier mieux que quiconque ! » répondit fièrement Shock Stone, un sabot sur le cœur.
« Maintenant il se dit à la retraite », ajouta Desire un sourire aux lèvres.
A la suite de quoi, Shock Stone s'en alla voir le capitaine. Tea Honey le suivit voir le départ. Desire faisait de la paperasse. Kilian partit à la bibliothèque. Tandis que Marie préféra partir finir sa nuit.
C'était l'aube, mais même si la chambre à l'auberge était bonne. Le lit avait été petit. Trop petit ! Vous dormez avec la moitié de vos jambes sur le sol, vous ? Et la tête aplatie contre le mur ? Et bien Kilian et Marie l'on fait.
Règle numéro 1 du voyageur à Equestria : évitez les nuits en auberge. Prévoyez du camping, s'imagina Marie, maintenant la tête dans l'oreiller. Qui partait, s'envolant dans les bras de Morphée.
Et elle rêva. Partant dans le monde de l'incroyablement bizarre. De l’étrangement personnel.
Même si rien de trop fantastique ne pouvait l’impressionner maintenant. Ses rêves allait lui semblé bien fades. Et puis qui lui dit qu'elle allait rêver.
Pendant ce temps, Kilian arriva face à la porte de la bibliothèque.
Apparemment, Star Honey se trouvait ici. Sûrement pour lire les livres de science, ou d'aventures extraordinaires. Et Kilian comptait bien faire la même chose. Après tout c'était l’occasion rêvé d'en apprendre plus sur ce monde incroyable d'Equestria !
Marie aurait sûrement voulu en apprendre plus elle aussi, mais sa sœur faisait passer son sommeil avant tout. Et puis Kilian lui avait promis de lui dire tout sur ce qu'il aurait appris.
Mais surtout, il y avait quelque chose, que Kilian voulait vraiment vérifier.
« Voyons très chère, la princesse Luna est sur la Lune, bannie depuis plus de mille ans après s’être transformée en démon. Vous ne le saviez pas ? »
Alors comme ça, Luna était toujours bannie. Donc Twilight, Rainbow Dash, Rarity, Pinkie, Fluttershy, et surtout Applejack.
N'existaient pas ?
Pour le moment du moins. Mais qui sait, peut-être pas. Peut-être était-il dans le futur après la série. Il fallait en être sûr.
Kilian bascula la poignée de porte vers le bas. Une poignée qui était d'ailleurs protubérante comparé a sa main. Et enfin il entra. Pour ne plus rien comprendre.
La salle était énorme ! Immense ! Des étagères hautes de dix mètres avec une salle aussi grande qu'un terrain de football !
Sur un bateau pas plus large que vingt mètres ?!
Au milieu se trouvait Star Honey, tranquillement allongé sur un énorme coussin rouge, au milieu de dizaines d'autres coussins avec quelques tables autour.
« Oh ! Salut Kilian ! » remarqua le petit poulain « Tu viens... »
BAM ! Kilian referma la porte comme si ce qu'il venait de voir avait été un mirage. Sûrement que ça allait disparaître ensuite.
Il rouvrit la porte. Tout, tout, tout doucement.
Mais non ! La salle était toujours là ! Avec Star Honey un peu hébété face à la réaction de l'humain, un peu hébété lui aussi.
« La salle ! Elle… elle est immense !!! » balbutia Kilian, ses mots résonnèrent dans le lointain de la pièce. « On est sur un petit voilier !!! »
Star Honey rit de bon cœur devant l'ignorance du grand « nu-mains ».
« C'est un sort ! » déclara Star Honey « On appelle ça le sort de distorsion. Il faut qu'un objet dans la pièce soit enchanté par ce sort pour que toute la salle puisse être distordue. C'est ma maman qui me la dit », répondit-il fièrement. « Un jour, j'habiterai dans une maison distordue avec ma mère. On sera dans une toute petite cabane, qui habitera un grand château !!! »
Kilian se passa la main dans les cheveux l'air encore perdu. Ils peuvent faire ça ?! Bon sang la magie est géniale !
« J'imagine que… C'est rare non ? » demanda t-il curieusement.
« Très », dit simplement Star Honey, de retour dans son livre.
Bon. Et bien il n'y avait plus qu'a voir les étalages. Mode Twilight Sparkle enclenché, sourit Kilian.
D'un pas lent, Kilian partit regarder les milliers de livres, romans, et grimoires qui parsemaient les étagères de cette fabuleuse bibliothèque.
Kilian s'attendait à voir des titres tous plus farfelus les uns que les autres. Et l'on peut dire qu'il ne fut pas déçu.
« La pensée des Orthros », « Vos sabots et vous », « Dragonniers. Mythe ou réalité ? », « La magie des runes » …
La magie des runes ? Ce n'était vraiment pas le genre de livre que l'on trouvait dans un CDI. Et puis comment se faisait-il qu'il puisse lire équestrien ? Dans la série, les lettres et mots ressemblaient a des traits, ou des sinogrammes, comme l'écriture chinoise, mais en plus simplifié. Ou alors aux lettres russes.
Pourtant, là, Kilian lisait le titre de ces livres dans un parfait français. Pareil pour les écriteaux dans la ville.
Il faudrait en discuter plus tard avec Marie.
Kilian continua de longer les livres, mains tendues frottant chaque dos des fascicules.
« Star ? »
Le poulain leva la tête en signe de réponse.
« Tu n'aurais pas entendu parler de six juments qui contrôlent des éléments d'harmonie ? Ou d'une alicorne de l'amitié par hasard ? »
Le petit poulain fit une drôle de grimace à la question de Kilian. Il pinça sa lèvre tout en clignant d'un œil, le rendant complètement mignon, en tout cas plus que d'habitude.
« Nope ! Une alicorne de l'amitié ? Même dans les contes et histoires, personne n'en parle. Promis juré ! »
« Ah ! Ok. Merci Star », dit Kilian l'air un peu déçu. Le poulain se replongea directement dans son livre.
Donc aucun livre n'en parlait. Ni aucun conte. Alors, ils se trouvaient bien avant le retour de Nightmare Moon. Et Kilian n'arrivait pas à ce dire si c'était une chance ou non.
Pas de Mane 6. Pas de personnages secondaires. Pas de Poneyville ! Cela semblait catastrophique ! Mais qui sait. Je vais rencontrer les persos avant leur avènement. Houla ! Gaffe aux répercussions. Si je les rencontre... Peut-être verrais-je les parents d’Applejack !
Kilian se retournait, mille-et-une-idées en tête. Quand une secousse vint faire trembler momentanément le lieu de savoir.
Le bateau vient sûrement de démarrer, pensa Kilian. En route pour l’aventure !
Et rien de tel qu'un bon livre pour se préparer mentalement aux péripéties qui se présenteront sur leur chemin.
Kilian tira un livre au hasard d'une étagère. Il était fin et couvert de cuir noir.
« Tu me fais une place, Star ? » vint s'implanter Kilian. Il fit une petite chatouille au poulain qui rigola aux bêtises de l'homme. Quand enfin, Kilian s'installa, il lut le titre de l’œuvre.
« Le carnet de la mort.
La guerre des côtes. »
Tiens c'est pas... Non, rien, c'est pas ça. Bon bah ! Autant s'y mettre.
Voilà comment commença le début de la traversée. Le petit groupe d'aventuriers était parti pour une traversée d’une semaine sur les eaux de la mer céleste. Une traversée tout en luxe, complaisance, et remplie de nouveautés merveilleuses. Mais bien sur, il fallait qu’il y ait un parasprite dans la soupe.
Le soir même du jour du départ, tous les passagers du Saphir se réunirent pour le dîner.
Kilian était revenu de longues heures de lectures avec Star Honey, ce qui les rendaient un peu groggy.
Tea Honey était parti avec Marie sur le pont du navire. La jument qui s'était installée pour profiter de la traversée, s'était faite surprendre par Marie qui était venue de sa sieste pour s’entraîner à la magie.
La jument maternelle avait alors commencé à lui enseigner quelques anecdotes sur les sorts, pour lui permettre un meilleur contrôle de ces derniers.
Marie les accueillit bien chaudement, du moins au sens figuré, et même si Nova faillit bien se faire voir par la jeune licorne.
Alors que les invités s'installèrent à une place respectable de la table où les avaient reçus précédemment Shock et Desire. Ces derniers firent leur apparition. L'air plutôt inquiet.
« Très bien, très chèrs invités. Avant de commencer le repas, nous avons une annonce importante à faire », déclara Shock Stone.
Le capitaine Hazel Twinkle vint se présenter aux côtés du couple d'aristocrate. Sa simple présence réveilla légèrement Kilian qui était presque affalé sur la table. Trop basse. L'aura du poney était si froide qu'il en faisait frissonner le garçon, et le petit poulain à ses côtés.
Tout le monde écouta avec attention.
« Nous avons reçu un messager pégase, un agent de la météo de l’île Roche-Noir. Et il paraîtrait que .. » Shock Stone gratta le sol de son sabot, il semblait désolé. « Il semblerait qu'un cyclone ravage le nord de la mer céleste. »
L'annonce fit trembler d'inquiétude tous les convives.
Pour Marie et Kilian, c'était très inquiétant bien sûr, mais au moins, ils savaient ce que c'était.
Tea Honey s'était aplatit la tête sur la table d'un coup, désespérée d'apprendre comme un énième coup fatal du destin.
Mais la situation n'était pas si dramatique.
« Et donc ? » commença Marie nonchalamment. « Il y a une solution ? Qu'allons-nous faire ? » Là ou il y a un problème, il y a une solution, c'était tout à fait évident pour elle.
« Et bien en fait, il en existe une ! » parla à nouveau Shock Stone.
« Qui est ? » redemanda Marie.
Shock Stone regarda son capitaine impassible, puis sa fiancée Desire, enfin, il passa son regard sur les convives. Vers Marie, aussi froide que son capitaine, elle attendait la réponse l'air droite et confiante, il regarda ensuite vers Kilian les bras croisés le dos courbé sur la table trop basse, lui aussi attendait la réponse curieusement, mais comme Star Honey, ils redoutaient de la connaître en vérité. Pour finir, il regarda Tea Honey, la tête maintenant relevée, un semblant d'espoir dans ses yeux.
Shock Stone détestait les mauvaises nouvelles. Ce n'était pas être très courtois ni digne d'un gent étalon que de les annoncer.
« Notre trajet sera le suivant: nous allons longer le cyclone pour ne pas perdre un maximum de temps. » Il lança un regard vers sa dulcinée à ses mots, qui souffla des naseaux à l'annonce. Shock Stone continua.
« Mais à cause de ce léger contre-temps. Il y a de grands risques que nous manquions de ressources, ou qu'un accident arrive lors de la traverser du cyclone. C'est pour cela qu'il est possible que nous ... » Iil avala sa salive. « Que nous accostions à la Perle-Bleue. »
Tea Honey écrasa à nouveau sa tête sur la table.
Star Honey voulut rassurer sa mère. Marie elle restait dans l’expectative.
Kilian, lui, eût un frisson qui le parcourra d'un coup, avant de s'adresser à Shock Stone. Et étrangement, il avait un léger sourire d'excitation.
« La Perle-Bleue ! Vous voulez dire... l’île aux pirates ! »
Shock Stone baissa tristement la tête. « Oui. Elle-même. »
Marie était perplexe. « Et donc... » Elle se tourna vers Shock Stone « Qu'y a t il d'autre ? A part bien sûr des pirates. »
Kilian continua. « C'est là que tout les malfrats, bandits, et assassins du monde entier se réunissent !
Après que les pirates aient perdu la guerre des côtes avec Equestria ! Ils se sont réunis il y a soixante ans pour former l’île de la Perle-Bleu ! Afin de piller et massacrer tout navire dans le sud de la mer Céleste ! » Kilian reprit son souffle. Il s’était complètement emballé.
« Et depuis ils détruisent chaque navire équestrien qui s'approche de leurs îles », termina Tea Honey , remis de son malaise. « Les pirates sont indépendant. Ils ne dépendent de personne, seulement d'eux-mêmes ! On dit qu'ils auraient réuni assez de trésors pour acheter tous les royaume griffons s’ils le voulaient. »
La pauvre licorne encore assommée par cette nouvelle tourna une once d'espoir vers Shock Stone.
« Mais votre capitaine a fait la guerre contre les pirates ! Il y a un moyen ? »
Le capitaine s'avança au devant des convives. « Oui », déclara t-il tout simplement.
« Le Saphir est un navire somptueux. Et les pirates le remarqueront. Si jamais nous devions accoster, nous devrons abaisser les drapeaux équestriens a notre bord et nous faire passer pour de riche marchands de Prance. Ainsi, puisque l’île de la Perle-Bleu est une zone sans état ni loi. Sauf celle d'anéantir le moindre équestrien. Ils nous laisseront accoster. Les pirates n'aiment qu'une chose. C'est l'or ! Et si nous avons de quoi les acheter, ils nous laisseront tranquille. »
Le plan était simple, mais risqué. Tout le monde semblait partagé sur le bon, et le moins bon. Mais qu'avaient-ils de meilleur ? Il fallait tenter le coup.
« J'imagine que nous n'avons rien de mieux ? » insista Tea Honey. Elle avait souvent été en galère avec son fils. Mais elle restait toujours aussi impressionné face aux nouveaux dangers.
« Rien qui ne soit aussi efficace. » répondit froidement le capitaine. « Soit nous traversons le cyclone et tout se passe bien. Soit nous faisons un détour à l’île aux pirates, et nous passons incognito. »
« Maman ! On va s'en sortir. Maintenant, tu sais .. » tenta de rassurer Star.
« Bien sûr que l'on va s'en sortir ! On a affronté les cauchemars de la forêt miroitante. Alors un cyclone et quelques pirates ! » se vanta Kilian.
« On doit rester prudent Kilian ! Tu te souviens ? » rappela Marie, l'air inquisitrice.
Son frère s’assit lourdement dans sa chaise, trop basse. Sa sœur était tellement rabat-joie.
Shock Stone reprit la parole. « Quoi qu'il en soit nous avons un plan ! Vous n'avez pas à vous inquiéter. Cet équipage est le meilleur qui soit ! Commandé par le capitaine le plus compétent qui existe ! Et puis, rien ne dit que nous irons a cette île», dit-il, tentant d’être le plus confiant possible. Il ne voulait plus inquiéter ses hôtes.
« Nous espérons que cette annonce ne vous aura pas coupé l'appétit. Car maintenant voici qu'arrive le dîner ! » déclara fièrement Desire, brandissant son sabot vers la porte d'entrée de la salle.
Six chariots entrèrent dans la pièce poussés par les marins du navire, avec une jument poney terrestre enrobée à la crinière bleu foncé, et à la robe jaune beurre se présenta à l'autre bout de la table où se trouvaient Shock Stone et Desire.
« Juments et étalons ! » commença t-elle d'une voix bien heureuse. « Le dîner est servi ! »
Chaque chariot se présenta aux côtés des hôtes. Et tous synchronisés, ils soulevèrent le plateau face aux invités pour présenter les mets exquis.
« Citrouille fourré aux marrons chauds ! Avec sa robe de pétales de rose sur son lit de pissenlits ! » termina la fin gourmet.
Tout les poneys à table étaient aux anges. Les Honey n'avaient pas si bien mangé depuis des lustres ! Pas qu'ils ne pouvaient pas, mais qu'ils n'en avaient jamais le temps.
« Maman ! C'est bientôt la Nuit du Cauchemar !» se rappela soudainement Star Honey.
Tea Honey, déjà la tête fourrée dans la citrouille, se le remémora aussi. « Ah oui ! Il faut te faire un nouveau costume. »
Kilian, qui était à côté, n'avait pas entendu, mais tentait de savoir comment manger ça.
Avec sa sœur ils regardaient tous les deux la meilleure méthode pour commencer.
Il n'y avait pas de couverts.
Marie ne voulait pas manger de cette manière. Pas si salement, pas comme des…
« Monsieur Shock Stone ! » appela Marie. « Où sont les couverts ? »
La licorne, qui tenait un morceau de citrouille avec sa magie, regarda l'humaine étrangement.
« Mais pour quoi faire ? » répondit-il, l'air complètement sincère.
La soirée se passa calmement pour le reste des convives.
Hélas pour Marie, et même pour Kilian, pourtant très ouvert aux nouvelles coutumes ; les poneys n'utilisaient généralement pas de couverts à table. Même quasiment jamais car, bien évidemment, ils n’avaient pas de doigts. Il suffisait de voir Tea Honey et son fils Star Honey pour comprendre que même les licornes enfouissaient parfois leur museaux dans le plat pour le manger. Et c'était pas vraiment distingué aux yeux des humains, même venant d'une famille moyenne.
Dans tous les cas, après le dîner, et après que Marie ait demandé à la cuisinière pourquoi les poneys ne cuisinaient jamais de viande. Ce à quoi cette dernière répondit qu'une carotte était meilleure qu'un jambon. Les hôtes du Saphir partirent se coucher.
Demain; ils risquaient fort d'atteindre le bord du cyclone. C'est l'esprit lourd qu'ils allèrent au lit. Laissant les manœuvres compliqués aux sabots des marins expérimentés d'Equestria, et au capitaine Hazel Twinkle.
La nuit était tombée sur la mer céleste, là où les vagues enflaient, le ciel s'assombrissait, ne laissant aucune étoile transpercer l'obscurité de la tempête, qui venait petit à petit se placer sur la route du Saphir.
Dans les entrailles du navire, un duo composé d'une certaine jument et d'un certain humain était en train de discuter du malheur à venir.
Tea Honey était comme toujours inquiète. Elle n'avait jamais cessé de l’être.
« J’arrêterais d’être inquiète quand mon fils sera mis en sécurité ! » déclara t-elle.
Kilian, qui marchait à ses côtés, acquiesçait lentement de la tête. Ensemble, ils parlaient des possibles événements qui pourraient avoir lieu si jamais ils venaient à accoster sur la terrible île.
« J'ai déjà amené Star dans un coin mal famé un jour », continua la mère licorne. « C'était dans une rue de Manehattan dans les quartiers nord. Comme une idiote, j'avais perdu mon chemin pour trouver la boite qui nous servirait de maison pour un an. »
« Et que s'était il passé ? » questionna Kilian.
« Une rencontre infortuite avec des prolétaires des usines à confiseries. Travailler dans le sucre, ça peut vous rendre fou ! C'est pour ça que j'ai toujours évité les boulots en rapport avec le sucre. »
Kilian faisait une tête étonné. « C'est vrai ça ? » commença t-il « On devient fou ? »
Tea Honey rigola de la naïveté de Kilian. « Mais non voyons ! Tête de mule ! J'ai juste jamais vraiment été fada du sucre. »
« Mais pourtant, vous vous appelez Tea ‘Honey’ », insinua Kilian.
« Oh ça ! » Tea Honey eut un regard levé vers le ciel d'un semblant rêveur. « Le miel et ma famille, c'est une autre histoire. Tiens ! Je crois que c'est votre chambre ! On s'y perdrait dans ce bateau. »
« Ah oui ! En effet. Bon bah, bonne nuit, Madame Honey. »
D'un coup un tanguement du navire fut plus violent que les autres. Il secoua brutalement les murs du bateau pour une seconde seulement. Ce léger coup donna des frissons aux deux passagers.
« Celestia ! J’espère que tout va bien se passer. Je ne sais pas si ce sont les pirates ou le cyclone qui m'effraient le plus », se tourmenta Tea Honey, ses oreilles de mignon petit poney s'étaient inclinées en arrière. Kilian avait été complètement attendri, il ne pouvait s’empêcher de jouer le brave.
« Rien à craindre Madame Honey ! La compagnie des ‘nu-mains’ est là pour vous protéger », dit-il d'un air de gentleman.
La licorne eut un petit rougissement aux joues face à cette galanterie soudaine. « Oh je sais que je n'ai pas à m'inquiéter. Je crois… » Tea Honey eût l'air effrayé un instant en pensant aux horribles choses à venir, puis elle secoua sa tête comme pour évacuer tout mauvais nuage de son esprit « Merci Kilian. Avoir des pon... je veux dire des personnes sur qui compter, ça fait du bien. »
« De rien, madame. » Kilian, saluant maladroitement.
« C'est Honey, Kilian. Pas madame. Tu n'a pas besoin de m’appeler comme ça », l'informa gentiment la licorne.
« Comme vous voudrez ! Bonne nuit Honey ! »
Et sur ce, Kilian entra et ferma la porte dans son dos.
« Bonne nuit ! » répondit la licorne, qui devait désormais retrouver sa chambre pour la nuit dans les dédales du navire, et son fils. Tea Honey eut un soupir de fatigue face à la tache. La pauvre n’était pas couché.
« Tu te fais des amis ? » dit une voix féminine.
Kilian se retourna pour voir sa sœur assise à l'indienne sur le sol de la chambre. Avec une aura bleu glaçant qui émanait de ses mains, des objets tournaient en rond autour d'elle. Et parmi ses objets, Nova, qui luisait d'une intense couleur pourpre.
« Toi, tu devrais plus chercher à sympathiser. On est dans le même bateau, je te signale ! » s'énerva Kilian « Tu t’entraînes plus qu'autre chose ! »
« Marie a fait d'excellent progrès dans sa lévitation ! Si elle continue comme ça elle pourra passer aux sorts de niveau supérieur très rapidement », parla Nova, encore en train de voltiger.
« Et toi, tu ne t’entraînes pas assez, Kilian ! Si on tombe sur un danger, comment tu te défendras ! » rouspéta Marie qui perdait un peu de sa concentration.
« Je saurais me débrouiller ! » grogna Kilian avant de partir en trombe vers son lit.
Marie soupira d’agacement. « Oui, bien sûr ... » Puis elle chuchota. « Comme à chaque fois... »
Kilian n’entendit rien. Marie pensait à cette période charnière du collège et de la primaire, qui avait été pour son frère un instant très douloureux.
Elle n'avait plus envie de s’entraîner. Elle aussi allait se coucher désormais.
« On remet ça demain, Nova », dit-elle vers l'orbe qu'elle fit voltiger dans sa sacoche. La sensation était toujours si bizarre.
Alors qu'elle partit dormir, Marie se demanda. « Kilian ! » appela t-elle a son frère, qui s'était tourné face au mur.
Son frère ronchonna dans sa couverture comme pour demander « Quoi ? »
« Tu te rappelles quelque chose avant d'arriver ici ? »
Pendant trois secondes, son frère ne dit rien, sûrement en pleine réflexion, puis il répondit d'une voix lourde de fatigue. « Non. »
Marie regarda le plafond de la chambre. Suivant du regard les milliers de petites rainures et traces de peintures qui le parcourait. Elle tentait de se souvenir. Mais finalement, laissa tomber.
« Tant pis. Bonne nuit Kilian », lui adressa t-elle.
Son frère ne répondit pas, il respirait fort comme s'il tentait de faire semblant de dormir.
Alors, ils se laissèrent bercer par les remous des vagues et le balancement du navire. Avec comme seule lumière celle de Nova, qui brillait d'un bleu spectral dans toute la pièce, éclairant les deux humains dans leur sommeil.
Le somme était lourd. Lourd et sans rêve. Pas le moindre songe ne vint adoucir l'esprit des deux frère et sœur. Il faisait noir dans leur sommeil. Très noir. Rien ne venait les déranger. Pas le moindre rêve, cauchemar, ni même souvenir.
Pas jusqu'au choc.
CRAC-BOUM !!!
D'un coup, la chambre virevolta de part en part. Là, les tanguemments du navire étaient brutaux et sans arrêt. Kilian et Marie furent réveillés par la foudre et le tonnerre qui claquait, explosant le ciel déchaîné de la mer. Des objets venaient tomber sur le sol. Un vase, un tableau. En ce qui sembla instant pour Kilian et Marie, tout venait de basculer.
« MARIE ! MARIE, OU ON EST ?! QU'EST CE QUI SE PASSE !? » paniqua d'un coup Kilian, sorti de son lit, se tenant a une poutre du navire.
BOUM ! BOUM ! Quelqu'un toquait à la porte, puis une voix résonna.
« S'IL VOUS PLAIT, REVEILLEZ VOUS ! VOUS DEVEZ REJOINDRE LE POSTE D'OBSERVATION EN URGENCE ! »
« Faut pas nous le dire deux fois ! » parla Marie.
Elle enfila en vitesse un pantalon et une veste sans maillot, et prit Nova dans sa sacoche au passage. Kilian fit de même, mais pas le temps pour les chaussures. Ils sortirent en vitesse rejoindre un des marins qui les attendait.
L'étalon, dans l'obscurité du couloir, tenait une lampe à huile dans sa bouche.
« VITCHE CHUIVEZ-MOI ! » mâchouilla-t-il.
Ils coururent derrière l'étalon qui galopait bien plus rapidement que les deux humains ne couraient.
Dans le bateau maintenant plongé dans les ténèbres, plus aucun couloir n'était illuminé. Seule la lampe du marin se frayait un passage dans les dédales du navire. Il fallait monter plusieurs escaliers aux grandes marches, courir parmi les poutres d'acier, sans perdre de vue le marinier.
« ‘oi’a ‘ous y chommes ! » annonça le marin devant la porte en chêne du poste d'observation.
En entrant dans la pièce, le marin referma la porte derrière eux. Face à Kilian et Marie, un groupement de poney tous assis sur un canapé face à une vitre donnant sur la mer déchaînée, avec comme orchestre de cela le capitaine Hazel Twinkle. Qui, d'un sabot de fer, tenait une étrange barre de navigation ayant sur son côté des manivelles et des leviers placés sur sa droite, et sur sa gauche, un interphone en forme de trombone qui partait dans le sol.
« Vous voilà ! Enfin nous nous inquiétons ! » s'affola Shock Stone.
« Tout le monde est là ?! » s'inquiéta Kilian.
« Tout le monde sans exception ! » répondit fièrement Shock Stone. « Mes marins et le capitaine Shock Stone sont à leurs postes. Maintenant, tout dépend d'eux ! »
Une violente lame vint balayer le pont du voilier et frapper la vitre d'observation du navire.
Le capitaine Hazel tournait la barre pour éviter chaque nouvelle vague de fond et déferlante qui fonçait sur le navire. A l'extérieur, la mer avait tant gonflée que l'eau devenait une masse gigantesque. A chaque descente du navire, une seconde masse venait s'abattre sur le Saphir, comme des mains monstrueuses qui voulaient aplatir le chétif esquif, pour l'envoyer au plus profond des abysses. Mais le capitaine esquivait chaque coup de l'océan. L'étalon avait les yeux froncés dans la concentration. Tout le monde laissait le poney faire son travail, sachant que leurs vies était entre ses sabots.
Des éclairs venaient éclairer les vagues folles de l'océan. Kilian et Marie étaient des campagnards. Jamais ils n'avaient rêvé mourir noyés dans une tempête, encore moins dans un autre monde.
« On va réussir monsieur ! Si on tient encore une demi-heure, on pourra passer sur le bord du cyclone sans faire d'escale ! » annonça le capitaine Hazel, très concentré.
« C'est formidable capitaine ! Cela mérite une prime pour vous et l'équipage ! » s'égaya Shock Stone. Ainsi que le reste des passagers. Oui, peut-être allaient-ils avoir de la chance.
Mais une vague scélérate en décida autrement.
« PLUME DE PONEY ! ACCROCHEZ-VOUS ! » hurla Hazel Twinkle.
Une énorme vague derrière une autre allait nettoyer de toute impureté la surface de l'océan. Le choc fut immédiat et brutal. Le capitaine Hazel Twinkle tint bon la barre de toutes ses forces, empêchant le navire de chavirer. Jusqu'à la dernière seconde, il tint bon.
Tout le monde dans la pièce fut retourné sans dessus-dessous. La brutalité de la vague avait failli plonger le Saphir dans les profondeurs.
« Monsieur Twinkle ! Tout va bien j’espère ?! » appela Shock Stone.
Le capitaine jeta un regard vers le pont, avant de soupirer fortement de lassitude. Il regarda vers son employeur d'un air désolé malgré son visage normalement presque inexpressif.
« Je suis désolé, monsieur Stone. » Il mit un sabot sur sa poitrine, baissant la tête dans l'honneur. « Malgré nos efforts, de moi et de tout l'équipage, nous ne serons hélas pas capable de traverser le cyclone. »
Le gentleponey regarda son capitaine l'air perdu. Il se dirigea vers la vitre pour estimer les dégâts. Et il fut énormément choqué de voir qu'un mât venait de disparaître de la surface du pont. Mais il semblait que ça ne soit pas le pire.
« Crrrrr… Capitaine ! Ici la salle des machines ! Capitaine ! » résonna une voix féminine.
Le capitaine Hazel Twinkle se dirigea à l'interphone. Apparemment, un appel venait de la salle des machines.
« Ici le capitaine Hazel Twinkle ! Qu'y a t-il ? »
« Crrrrrr… Monsieur ! Les machines sont noyées ! Crrrrrr …. La cheminée de la chaudière a renvoyé une tonne d'eau ! Crrrrr… Impossible de réparer avec les pièces que l'on a ! Un piston a sauté ! Et le cylindre a pris cher avec l'eau de mer ! Crrrrr…. »
« Plume de poney ! La cheminée est censée avoir été fermé ! Bon ! Vidangez la machine, et stoppez là net ! Nous partirons faire les réparations demain. Sur l’île de la Perle-Bleue. »
« Euh … Oui monsieur », frissonna la voix. « Compris ! Crrrr ... » Et la conversation pris fin.
Dehors, le navire venait d’être dirigé hors du cyclone. Au fur et à mesure, les choses se calmèrent. Et le capitaine laissa son bateau voguer vers sa prochaine destination.
« Donc nous partons pour l’île », confirma Shock Stone.
« Oui. Je suis vraiment navré Monsieur », intervint le capitaine Hazel.
« C'est inutile, capitaine. Nous avons essayé, et puis vous nous avez sortis du cyclone vivant. C'est déjà ça », rassura Shock Stone.
Le capitaine baissa la tête à nouveau dans un salut respectueux. « Merci Monsieur. Mais maintenant, nous devons nous préparer. »
« Comment ça ? » demanda Tea Honey.
Le capitaine restait toujours impassible, sans le moindre frisson, il expliqua. « Là-bas se trouve la pire racaille du monde entier. Ils sont de tels malfrats que même le Tartare n'en voudrait pas. »
D'un coup, le capitaine se crut comme revenu soixante ans auparavant. Il défilait devant ses passagers comme devant ses soldats, tout en expliquant le plan de bataille.
« La seule chose qu'ils comprennent est le langage du sabre et de l'épée ! Si nous accostons là-bas sans le moindre armement, nous sommes fichus. Donc ! Pour notre sécurité, Monsieur Stone. » Il regarda vers son patron avec l'intensité d'un ancien combattant « Je vous demanderais à vous et aux autres passagers de s'armer. J'ouvrirai la salle d'armes. »
« Vous voulez que l'on s'arme !? Mais avec quoi ? » demanda Kilian, stressé tout d'un coup. Il n'aimait pas tellement les armes.
« Avec ce que vous voudrez », répondit nonchalamment le capitaine.
Ainsi, après la terrible tentative pour traverser le cyclone, soldé par l'échec cuisant du Saphir. Les passagers du navire se préparèrent à l'accostage de l’île aux démons.
Le capitaine Hazel Twinkle ordonna d'abaisser le drapeau équestrien, qui était d'ailleurs deux alicornes, l'une blanche et l'autre noire, qui tournait en rond sur un fond étoilé avec une couleur violette. Au milieu se trouvait la représentation de la lune et du soleil.
Le capitaine avait été très solennel à l'abaissement du drapeau. Tel un vrai militaire.
Pendant ce temps, alors que le capitaine préparait son navire à devenir aussi neutre qu'aurait pu être une mule. Les Honey, Kilian et Marie étaient ensemble dans la salle d'arme.
Tea Honey protégera Star tout le long. Elle sera armée d'une épée courte attaché autour de sa taille.
D'ailleurs, la lanière permettant le port de l'épée était plutôt intéressante, comme le constatèrent les deux humains.
Une ceinture qui venait s'attacher aux épaules avant du poney, mettant l'arme au même niveau que la patte droite du poney, afin que le porteur n'ait qu'a légèrement tourner la tête pour atteindre la manche de son épée. Même si, pour le moment, les techniques d'escrime des poneys était complètement inconnues des deux « nu-mains ».
Jamais Kilian et Marie n'avaient tenu d'armes auparavant. Ni a feu, ni blanche. Et là, il devait choisir entre une hache ou une épée. Une arbalète ou un javelot. C'était déroutant pour les deux frère et sœur.
« Tu choisis quoi, Marie ? » hésitait Kilian. « Non, parce que moi je trouve pas. »
« Je me demande si une arme à feu aurait été plus pratique », réfléchissait Marie.
Elle défila du regard les armes toutes plus dangereuses les unes que les autres. Chaque arme était plus petite qu'a l'accoutumé. Pour un poney c'était un combat oral, il devait avoir l'arme en bouche, ou la portait collé au sabot. Pas besoin d'une grande hallebarde lourde, ou d'un marteau de guerre.
Puis le regard de Marie se stoppa sur une hache au double tranchant. A la manche courte mais aux lames fatales.
« Pourquoi ? » demanda Kilian, curieux.
« Parce que c'est moi qui coupait le bois à la maison », ironisa t-elle.
Kilian ne voulait pas attendre plus longtemps pour choisir son équipement. Il regarda vite, très vite. Puis vit un poignard des plus charmant, courbé avec trois dents crantées sur la pointe.
Voilà son arme.
Avoir une arme, même petite, était étrange pour Kilian et Marie. Même Tea Honey se sentait bizarre de porter une épée à ses côtés. C'était ce sentiment enivrant de puissance, ce pouvoir d'attenter à la vie qui était dérangeant. Certains pouvaient s'y habituer, mais d'autres non. Kilian, lui, se sentait plutôt pacifique.
Plus tard, ils retrouvèrent sur le pont la famille Honey, les aristocrates, ainsi que les deux humains. Appuyés contre le bastingage.
Une brume à couper au couteau baignait tout le navire et ses environs. Il était impossible de voir à plus de cinq mètres.
« Nous entrons dans le territoire des pirates, monsieur », prévint le capitaine Hazel Twinkle. « Très bientôt, nous allons atteindre les eaux bleu turquoise de l’île. »
L'aristocrate laissa son capitaine aller terminer les préparatifs. Il y avait aussi les nombreuses réparations à superviser.
Shock Stone soupira de son ton fin de gentleponey.
« Je suis désolé de vous avoir embarqué dans cette histoire mes amis. Nous .. » Il eu le soutien de sa chère Desire. « Nous sommes désolés. »
« Oui. Nous ne voulions pas vous causer plus de problèmes que vous n’en aviez déjà », dit Desire , désolée.
« C'est la faute de ce cyclone. Nous nous en sortirons », encouragea Kilian. « Les effrois étaient bien plus coriaces. »
A côté, Tea Honey rassurait son poulain du mieux qu'elle pouvait.
« Tu restes avec moi mon petit cœur. » Elle caressait de son sabot la tête de son fils, qui n'approuvait pas.
« Maman ! Je suis plus un bébé ! »
« Si ! Il est hors de question que je te laisse seul là-bas. »
« Maman, j'ai pas peur des gens ! »
Tea Honey eût un regard triste envers son rayon de miel.
« Ce ne sont pas des gens, chéri. Ce sont de mauvaises personnes. Tu sais quoi faire quand c'est le cas, n'est-ce pas ? »
Star baissa la tête, grattant du sol avec son sabot. Il détestait se le rappeler.
« Oui, maman », se résigna t-il.
Tea Honey attrapa son fils dans ses pattes, le serrant chaleureusement dans un fort câlin maternel.
« Maman ! C'est bon arrête ! » se plaignit Star.
Sa mère n'en loupait pas une pour le câliner. C'était humiliant !
A côté, Kilian regardait avec un sourire aux lèvres. Il trouvait ça adorable. Tellement touchant, c'était à en crever. En plus d’être des poneys mignons, ils étaient encore plus choux quand ils se faisaient des câlins.
Marie, à côté, restait stoïque. Elle voulait se remémorer les sorts qu'elle avait appris. Il y avait la télékinésie, pratique. Et puis le souffle, mais elle était encore novice. Et puis, plus tard, elle devait …
Là, Kilian fit une étreinte fraternelle a sa sœur. Pas celle du bisou-câlin. Mais du bras autour des épaules avec la gentille tête pausé sur l'épaule.
« Tu fais quoi là ? » demanda Marie, énervée d’être surprise comme ça.
« Ça s’appelle un câlin. C'est une preuve d'affection. Tu verras ! C'est plutôt cool. »
« Continue comme ça et je te jette dans l'eau », répondit-elle calmement, mais sur un ton glacial qui ne représentait rien de bon.
Kilian se retira vite fait. « Roooooh ! Joli adieu de ta part si jamais on s'en sort pas. »
« On s'en sortira. C'est pas ce monde de petit poney mignon qui aura notre peau. »
« Depuis quand t'es aussi combative et déterminée ? »
« Depuis que je suis tombé avec mon frère dans un monde enchanté et rempli de créatures mythologique. » Elle fit un mouvement de ses mains, comme des petites paillettes qui tombaient du ciel. « Et je compte partir d'ici avec toute ma santé mentale. »
« T'es toujours aussi cynique... », rigola Kilian devant les exagérations de sa sœur.
Marie sourit à son frère. « Oui. Et jamais je ne changerais. »
BOUM !
Le rugissement d'un canon vint de se faire entendre. Mettant sur leur garde tous les passagers du Saphir.
BOUM !
Un second coup vint frapper à son tour. Ils rugissaient au lointain, c'étaient des résonances. Cela venait de l'avant du bateau.
Là le brouillard commençait à se dissiper. L'eau aux alentours devenait plus claire, passant d'un bleu océanique à un bleu turquoise. Le soleil commençait à apparaître sur le navire brisé par la tempête. Devant lui se dessinait sa destination.
« On dirait que nous arrivons », parla Marie.
« Oh Sainte-Mère ! Faite que tout se passe bien », parla à son tour Tea Honey à coté.
Le soleil brilla soudainement de mille feux, éblouissant le Saphir et ses passagers après cette longue traversée dans le brouillard et la nuit.
Quand ils ouvrirent les yeux, ils regardèrent plus distinctement. Et là, ils virent...
L’île de la Perle-Bleue ! Une île magnifique, verdoyante, entourée de l'eau la plus bleue, et la plus claire qu'il n'existe. Au lointain, on pouvait voir des îles plus petites entourant l’île principale. Sur les faces de toutes les îles, l'on pouvait voir des constructions de bois et de pierres. Certaines si massives qu'elles ressemblaient à des forteresses. Le plus impressionnant était encore à venir. Pour le moment, le Saphir s'approcha lentement de l’île.
Ils y avaient des navires. Des gros comme des bâtiments de guerre, et des plus petits comme des chaloupes de pécheurs. Et tous ces navires entouraient l’île par centaines, par milliers ! Tous plus différents les uns que les autres.
Le saphir était un diamant de luxe, quoique quelque peut brisé, mais tout aussi désirable.
« Je crois que ça y est », parla Marie, l'air un peu inquiète. Kilian lançait un regard tout aussi inquiet. Il était beaucoup moins excité qu'hier soir.
« Nous venons de nous jeter dans la gueule du loup. »
Au loin deux navires commençaient à s'approcher. Deux voiliers armés d'une centaine de canons partaient dans leur direction.
Tout était joué.
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Merci pour ton commentaire. Le plus souvent ce qui motive ce sont justement les retours. C'est de voir que votre histoire et plaisante, au moins pour une personne (même si j’espère qu'il y en plus qu'une Oo).
Je compte poster un nouveau dessin avec le prochain chapitre. Encore fait au crayon HB (réduction budgétaire X).
Y a pas à dire, j'aime ton Equestria parallèle, son ambiance, le fait que cela se passe avant la série. Bref... J'attends toujours fébrilement le prochain chapitre.
De l'action, de l'aventure, du fantastique, des mystères et maintenant des pirates mais que demande le peuple ?! ^^
PS: J'avais vu tes dessins mais pas réagis non plus. Je comprends mieux maintenant. ^^ Par contre je les trouve plus vieux sur les dessins que dans l'histoire. ^^