Pendant que la mère était au téléphone, à tenter de convaincre une officière de lui passer son fils, le père évaluait la pile de livres ramenés par sa fille, titre par titre. Passé le repas, alors qu'en bas les parents continuaient à s'enthousiasmer, Twilight Sparkle alla se réfugier dans sa chambre pour les lire.
Elle avait désormais son destin en main. Et demain après-midi, on irait acheter un téléphone.
****
Cet matin l'aube avait eu l'air plus radieuse. Puis le bus était arrivé, puis elle s'était installée loin des autres, encore excitée et pleine d'appréhensions. Puis le bus les avait déposées devant l'école, les mêmes façades décorées, les mêmes portes. La même bousculade, à l'épaule près. La tension pareille à la découverte d'un nouvel établissement s'était réduite à l'anticipation d'un simple examen.
Après s'être tant répétée que sa vie venait de changer, retrouver la même routine était une déception. Le cours à venir lui semblait à présent un obstacle. C'était une de ces rares fois où Twilight ressentait la même chose que ses camarades.
Elle s'en voulut pour ça.
Se concentrer sur le cours. Traverser le hall. Elle redécouvrait le hall avec une sorte de nouvel éclat. Elle s'imaginait le hall de Crystal Prep. Pensa à Shining.
Plus loin, elle vit l'étudiante, la chevelure rose mal coiffée, le visage toujours enjoué. Cette voix agaçante. La fille la vit également et un instant, toutes deux eurent la même envie. Faire comme si l'une n'avait pas vu l'autre. Mais alors que Twilight se détournait, soudain la garce agita le bras pour la saluer.
« Eh, Twilight ! On se retrouve en cours ! »
La garce était dans le couloir des première année, entourée par toute une troupe des première année qui avaient tourné leurs regards sur Twilight Sparkle. Des regards étonnés. Twilight ne répondit pas, se renfrogna. L'étudiante de l'excuser, avec un rire, et il y avait à présent une troupe de regards méprisants. Pas besoin d'y penser.
Salle de classe. Casier. À l'intérieur les guirlandes avaient disparu, ainsi que les photos. Sans doute que l'autre avait changé de casier. Sans doute qu'elle avait enfin décidé d'acheter ses livres. Aller s'asseoir. Affaires alignées. Se lever, nettoyer le tableau noir. Madame Bellbean passa dans son dos sans mot dire, alla s'asseoir également à son bureau et il sembla à Twilight que la professeure était en colère. Contre elle ? Réaction enfantine. Le tableau une fois propre, elle retourna s'asseoir pour la sonnerie.
Sonnerie.
Les autres entrèrent, se bousculèrent et parmi les dernières il y eut la garce. Regard furieux contre le regard hostile de Twilight Sparkle. La fille jeta son sac au pied du banc.
« Il faudra qu'on cause à la pause, toi et moi. » Grogna-t-elle.
Mais déjà la professeure s'était approchée.
« Pinkie Pie ? Tu vas devoir t'installer à une autre place. »
« Mais ? Mais pourqu- » s'étonna celle-ci, avant de réaliser. Nouveau regard furieux. « Oh, bien sûr ! »
Elle saisit son sac, bouillonna quelques mots et s'éloigna parmi les rangs. Et soudain Twilight était à nouveau seule au premier rang. Soudain elle se sentit bien. Le regard sévère de madame Bellbean n'y changea rien. Twilight ne pouvait pas s'empêcher de sourire.
Puis le cours vint tout effacer. Toutes les disputes, toutes ces histoires. Il ne restait que la connaissance. Les mécanismes du conditionnel. Le temps verbal en-dehors du temps. Et les étudiantes de reproduire la belle ligne temporelle de la professeure au tableau noir tout propre. Présent. Passé. Futur. Tout était plus simple quand tout était bien aligné.
« Où se trouve le conditionnel ? » Demanda la professeure, avant de rassurer la classe de la main. Pas besoin de répondre. Question rhétorique. Le conditionnel ne se trouvait nulle part dans le temps. C'était, par définition, le temps verbal de ce qui n'existe pas. « Et parce qu'on ne peut pas le placer dans le temps, ce n'est pas un temps verbal, c'est un mode verbal. Comme un bouton on off. Réel. Irréel. »
Difficile d'entendre le cours avec les conversations au fond de la classe. La professeure ne pouvait qu'entendre et faisait en sorte de les ignorer.
La garce, qui d'autre. À présent parmi ses pairs, elle s'en donnait à coeur joie. Un coup d'oeil furtif de Twilight le lui confirma : l'étudiante attirait à elle les autres comme un aimant. Elles se penchaient de banc en banc et avaient abandonné le chuchotement, rigolaient, faisaient des grimaces. Un monde à part.
La professeure s'était arrêtée.
Madame Bellbean regardait le tableau noir, l'air de réfléchir, et ce pouvait être le bruit qui l'empêchait de continuer. Elle devait considérer comment les calmer.
À la place, elle se mit à modifier sa ligne temporelle. Elle écrivit, sous le présent, « point d'énonciation ». Puis, encore en-dessous, « point de référence deux ». Et elle ajouta deux autres points qu'elle nomma points de référence un et trois, l'un dans le passé, l'autre dans le futur. Enfin, après un pas en arrière, à considérer son travail, elle se remit à écrire, cette fois, le nom de tous les verbes en-dessous de la ligne.
Pour la moitié de la classe, peu importait que la professeure parle ou pas. Elles terminaient leurs discussions. De toute manière, toute la matière était dans le manuel. L'autre moitié de la classe cherchait dans le manuel où ils pouvaient bien en être.
Twilight Sparkle n'arrivait pas à comprendre ce que madame Bellbean faisait.
Enfin, même le fond de la classe se tut, sans doute parce qu'on trouvait le spectacle de cette professeure silencieuse étrange ou distrayant. La professeure finissait de raturer des segments de la ligne temporelle, pour ajouter d'autres verbes comme l'imparfait ou le passé composé, puis ce travail accompli elle prit l'éponge encore humide pour tout effacer.
Moment de panique. Twilight cria d'attendre. Elle n'avait pas tout noté. Mais la professeure effaçait déjà. Tout disparut.
« Le conditionnel, donc, » reprit-elle ensuite, « est l'art de parler de ce qui aurait pu être et qui ne s'est jamais passé. »
****
À la sonnerie Twilight voulut demander à la professeure si elle pouvait refaire la ligne temporelle au tableau, mais celle-ci lui répondit en disant qu'elle avait la réponse pour Polo-Royal, un nom de lieu relativement répandu. Dans le cas de la ville, il s'était trouvé que la lieutenante royale avait réclamé ce lieu pour elle. Il semblait qu'elle lui avait donné ce nom, et parce que le lieu était propice aux jeux, et c'était tout ce que révélait l'histoire.
Après quoi, sur excuse qu'elle était pressée, elle laissa là Twilight.
Dès que madame Bellbean fut sortie, l'autre garce arriva. Un peu hostile. Très prudente. Comme une animale blessée.
« Eh, euh, je voudrais faire la paix. » Dit-elle assez vite.
Les autres étudiantes prenaient leur temps pour sortir, et la classe se vidait. Du côté des fenêtres, il n'y avait plus qu'elles. On les observait au passage, sans s'arrêter. Twilight se rappela son sourire, voilà un peu plus d'une heure.
« D'accord. » Répondit-elle simplement.
« Vraiment ? Oh tu m'enlèves un poids, j'ai cru que tu allais me détester pour toujours ! Eh, je sais que c'est pas toi pour le casier ou pour le banc, c'est juste cette chippie d'Airglow ! T'y es pour rien. »
Haussement d'épaules. Direction la porte. La garce dans son dos. La garce devant elle à reculons dans le couloir.
« Tu veux que je porte ton sac ? Tu veux voir ma nouvelle tenue ? »
« Je ne vais pas au cours. » La coupa Twilight.
Un instant d'incrédulité. L'étudiante pencha la tête, regarda Twilight ouvrir son casier. Twilight profita de cette pause. Toutes ses pensées retournaient à son projet.
« Mais euh, tu sais qu'on a examen ? »
« Pas moi. » Dit Twilight en refermant le casier.
Elle allait s'éloigner, fit quelques pas dans le couloir, dans la direction opposée à la salle de gym. En laissant derrière elle sa camarade et toute la classe. Le coeur léger.
L'étudiante la rattrapa.
« Comment ça pas toi ?! Qu'est-ce qui se passe ? Eh, tu m'écoutes ? »
Twilight Sparkle s'arrêta.
« J'ai accepté d'être l'assistante de la directrice. »
Aussitôt l'étudiante plaqua Twilight contre le mur. Douleur aux épaules, surtout. Visage effaré contre son visage. Deux mains qui la tenaient fermement. Étrangement, du calme. Beaucoup de calme face à cette fille qui s'emportait.
« Elle ne s'est pas débarrassée de la bombe ? Twilight, il faut l'arrêter ! Elle n'a pas la moindre idée… »
Twilight empoigna le bras de l'étudiante. Elle se rendit compte à quel point ses muscles étaient tendus. Ces tremblements dans les jambes. Elle se sentait bien.
« Elle sait exactement ce qu'elle fait, et tu vas la laisser faire si tu veux rester dans cette école. »
Comme un coup de poing. La fille relâcha Twilight, recula de deux pas, tituba presque. Twilight souriait de plaisir.
« Mais réfléchis ! » Reprit l'étudiante désemparée. « Toute l'école est en danger ! Tu veux vraiment prendre ce risqu- »
« Toi, réfléchis. » Coupa Twilight en rajustant son uniforme. « Supposons que ta bille soit une bombe. Supposons. Qu'est-ce qu'on fait, on l'enterre ? »
« Oui ! »
« Et ensuite ? Et s'il y a d'autres billes ? Comment tu vas les trouver, où tu vas les enterrer, comment tu sais à coup sûr que ça aura réglé le problème ? Tu n'en sais rien ! Tu te fiches de savoir ! »
L'étudiante se défendit, pointa Twilight du doigt : « Déjà, je t'ai bien trouvée toi ! »
« Tu es passé à côté de la bille des dizaines de fois ! Et si tu étais arrivée trop tard ? Et si tu n'avais pas pu venir ? Et quand tu auras désamorcé deux, cinq, dix de tes bombes, et s'il y en avait un millier ?! Des milliers de bombes à travers le monde, tu crois pouvoir les désamorcer toutes une part une ? Des millions de personnes peuvent mourir parce que tu auras décidé d'enterrer le problème ! »
La poitrine en feu. Ca faisait un bien fou. Juste une fois, rien qu'une fois, de pouvoir répondre. Dire ce qu'elle avait sur le coeur.
L'étudiante face à elle eut des larmes aux yeux. Son visage se décomposa, et empêtrée de colère la fille se mit à frotter du bras pour empêcher ses pleurs de couvrir les joues. Elle hoqueta sa réponse plus qu'autre chose, et Twilight se tut.
« J'essaie de sauver l'école… je veux juste qu'il n'arrive rien à personne… pourquoi tu ne veux pas comprendre… pourquoi personne m'écoute jamais… »
Dents serrées. L'envie de répondre. La flamme qui reprenait, poumons brûlants pour lui asséner quelques vérités de plus. Mais le coeur n'y était plus. Le coeur n'y était vraiment plus. C'était juste de la revanche.
Twilight prit sur elle, inspira, lentement. Face à elle l'étudiante continuait de sangloter. La même chose en boucle, que Twilight refusait de comprendre. Plus elle le répétait, moins Twilight écoutait. Ne rien répondre. Surtout, ne rien répondre.
« Retourne en cours. » Dit-elle enfin, avec froideur. « Ca ne te concerne plus. »
Elle s'éloigna. Laissa l'étudiante derrière. Entendit encore la voix agaçante, étranglée par les pleurs, lui lancer :
« Tu es méchante, Twilight ! Méchante ! »
Ne plus écouter.
****
Ce couloir semble ressemblait bien au couloir sombre que lui avait décrit la secrétaire. Il y avait le bruit long et lancinant de la ventilation, l'air sec sur le béton. Au loin les rumeurs de l'école. Quelques doutes. Une hésitation. Avancer et chercher la porte du laboratoire.
Un cadre de lumière trahit enfin la salle, et Twilight accéléra le pas. La porte était toute de métal, épaisse comme son avant-bras, pareille à un coffre-fort. Frapper n'aurait servi à rien. Elle frappa quand même, attendit quelques secondes, se décida à entrer.
La directrice était déjà là, dans ses éternels habits sans pli, en train de tailler sur un vieux tableau noir ses équations. La pièce sentait la poussière et l'abandon. Des étagères de fioles hétéroclites, de mesurettes, de microscopes verts et blancs. Plusieurs tables de matériel en vrac et une seule, la plus proche du tableau, près de la directrice, à peu près en ordre. Quelques machines allumées sous leurs épaisses caisses d'acier bourdonnaient avec ces bruits d'un autre temps.
Sur le tableau noir, les équations n'avaient aucun sens.
Twilight s'approcha, s'approcha encore puis, mal à l'aise, salua la directrice. Celle-ci, sans s'arrêter d'écrire, lui dit de s'installer. Pas un regard. Pas un temps mort. Un léger serrement au coeur, comme un rêve brisé. Twilight se chercha une place.
Après deux coups secs du poignet la directrice se retourna, considéra l'étudiante toute gênée et son regard se fit plus sévère. Quelques instructions sèches. D'abord, les notes. Twilight tendit ses feuilles rédigées la veille comme une élève rend ses devoirs. « Sur la table. » La directrice s'en désintéressa.
« Prenez note. » Dit-elle avec froideur. « Nous allons commencer par un simple test de MLP. Principe macrolinéaire. » Précisa-t-elle, comme agacée, devant le regard ignare de son assistante.
Elle désignait un tube de verre posé à l'horizontal sur la table, avec au centre, sur un support, une bille familière. À gauche du tube, un laser. À droite, une sorte de feuille d'aluminium. La directrice expliquait l'expérience et Twilight, soudain, réalisa qu'elle devait noter tout ça. Instant de panique. Fouiller dans son sac. Arracher trois feuilles. Marge. Réécrire les instructions de mémoire.
À côté du tube, sur roulettes, un vieil ordinateur affichait son écran vert bombé avec, épars et infimes, comme une granulation de points blancs dont un compteur notait la fréquence. La directrice activa le laser qui, rouge, alla frapper la bille. Le compteur sur l'écran vert resta à peu près pareil, dans sa faible variation.
« Le facteur MLP est de zéro. La bille, s'il vous plaît. »
Twilight obtempéra, retira la bille de sa cachette et la tendit à la directrice. Cette dernière s'en saisit sans attendre et en remplaça la première. Puis elle referma le tube et se tourna vers l'écran. Un marmonnement étouffé.
Sur l'écran vert la granulation s'était intensifiée et formati comme un petit nuage vague au centre. La fréquence avait augmenté.
« Point vingt-cinq. » Souffla la directrice. « Le facteur n'a pas pu doubler en une nuit… »
À l'écran la granulation continuait de jouer, et Twilight de continuer à prendre des notes, aussi bien qu'elle pouvait, sans savoir quoi noter. Le minimum et le maximum de fréquence, quoi que ça pouvait signifier. La forme du nuage à peu près. Puis reportant son regard sur le tube, elle nota autre chose. Une illusion d'optique. Ou bien encore un effet de la bille. Le laser, très faible, reparaissait de l'autre côté, allait frapper la feuille d'aluminium. À peine un halo rouge vague que le tube peinait à faire apparaître.
« Point trente-quatre… » Disait encore la directrice. « Trente-sept… c'est impossible… »
Twilight nota ces deux nombres et chercha à leur donner du sens. L'impression d'être une idiote. Mais elle s'efforçait de prendre ses notes.
Soudain, la directrice éteignit la machine, éteignit le laser et ouvrit le tube. Puis elle leva la tête et se fâcha : « La porte ! » La porte de la salle était entrouverte.
« Allez fermer cette porte ! »
Une erreur de débutante. Twilight s'élança pour aller la fermer, peina à pousser le lourd battant. Une véritable idiote. Cela fait, elle se retourna. La directrice avait tourné le dos pour revenir à son tableau noir et frapper de sa craie, ici et là, quelque symbole étrange.
Revenir vers la table. Regarder la machine inerte, la bille toujours au milieu du tube ouvert. Le laser ne traversait pas la matière. Non, non, le laser était de la lumière, la lumière était faite de photons. Au tableau, la directrice avait arrêté d'écrire.
La craie était suspendue en l'air, en quête d'une place où frapper, sans rien trouver, sans répit. Puis, sur un coup de sang, la craie fut remplacée par l'éponge. Les équations furent dévorées en quelques secondes.
« Très bien ! Très bien. » Dit la directrice en rajustant ses manches. « Le modèle macrolinéaire a besoin d'ajustements. Juste. D'ajustements. » Et après une pause. « Il va me falloir un tableau plus grand. »
Regarder sans rien répondre. Observer ses pieds, de gêne. Les questions lui brûlaient les lèvres, mais Twilight n'osait pas les poser. Sur le modèle. Sur l'expérience. Sur à peu près tout et plus encore. Mais il lui venait de plus en plus l'idée qu'elle aurait dû retourner en classe. Courir avec les autres. Échouer ailleurs.
La directrice continuait à se parler toute seule, partit faire les cent pas du côté des microscopes. Twilight resta derrière, près de son sac par terre et des feuilles de notes. La bille était à portée de main. La prendre. Ne pas la prendre. Ne rien toucher.
Puis, soudain, un instinct.
« Le principe est bon, il permet de prédire l'action et d'expliquer l'inaction réciproque. Le modèle échoue seulement sur le rapport d'intensité. Il suffit de trouver le facteur déficient. Mais le modèle d'intensité est lié au modèle d'action, ça n'a pas de sens… »
Les talons de la directrice frappaient le sol en cadence, glissaient sans bruit en tournant. Elle en était à passer en revue les facteurs quand, relevant la tête, elle s'arrêta.
Twilight Sparkle, bien sûr, était en train de laver le tableau.
La directrice rajusta ses lunettes.
La directrice s'approcha de Twilight Sparkle. La directrice s'appuya au rebord de la table et regarda Twilight Sparkle racler l'eau sur la hauteur, avec soin, puis cela fait essuyer encore l'eau sur le rebord. Twilight s'arrêta à ce moment, réalisa qu'on la regardait faire. Prit peur.
« Je suis désolée, j'ai cru que vous en aviez fini avec le tableau ! »
Un sourire sur le visage ridé de la directrice.
« Vous me rappelez moi à votre âge. Mais assez de rêvasseries. Nous allons répéter l'expérience et cette fois, je vous demanderai de noter également l'écoulement du temps. »
****
Il y avait, au magasin, beaucoup de bruits, beaucoup d'odeurs et peu d'intérêt. Après la cohue des élévateurs Twilight se laissa bousculer en direction de la boutique d'électronique. Elle suivait sans penser cette formalité nécessaire.
Sa mère l'arrêta et les détourna en direction d'une affiche d'habits à l'entrée de laquelle la saluait déjà une autre mère qui attendait sa fille. De vieilles connaissances, des rires et des mots de gentillesse.
« C'est Twilight ? Comme elle a grandi ! Mais tu sais, elles sont embarrassées à cet âge qu'on les accompagne ! »
« Ma pauvre, si tu savais ! Nos enfants nous enterreront ! »
Plus loin parmi les habits les filles papillonnaient, assez jeunes avec pour seul but de tuer le temps ensemble. L'activité était dérisoire, mais Twilight s'avouait un peu trop solitaire. Puis ses pensées revinrent aux questions de physique, de fréquence et de microlinéarité.
Sa mère ne voulait pas mettre fin à la conversation.
« C'est dommage que vous ne vous voyiez plus. » Se chagrina l'autre dame. Twilight offrit un visage d'incompréhension. « Crystal a toujours une photo de vous ensemble, tu sais. »
« Je n'ai pas vraiment de temps pour ça. »
« On a toujours du temps pour ses amies, voyons, » la gronda gentiment sa mère.
Et de faire un geste un peu désabusé pour son amie, pour excuser sa fille avant de lui frotter les cheveux avec affection. Twilight cilla à peine. Elle avait l'habitude. Acheter le téléphone. Quitter le magasin.
Une fille l'aperçut à travers les chemises, la regarda puis interpella les autres. À présent une petite bande de filles s'étonnait de voir Twilight Sparkle à l'entrée d'une boutique de vêtements. Comme un petit événement. Twilight s'en détourna.
« Je crois qu'on va y aller, » se réjouit sa mère, « Twilight est un peu fatiguée. »
« Pas fatiguée, préoccupée, » lâcha Twilight, puis soudain comme s'éveillant, « je suis devenue assistante de laboratoire et c'est assez stressant. Désolée si j'ai l'air distraite ! »
Le faux sourire satisfit tout le monde.
Comme pour la récompenser d'avoir fait bonne figure, sa mère ne lui dit plus rien jusqu'à ce qu'elles soient seules face à tout l'assortiment de téléphones à côté des baladeurs et des appareils photo. Il fallait absolument s'extasier sur chaque couleur et sur chaque forme. Ou bien juste acheter un téléphone.
Un « tu es adorable » plus tard, elles étaient à la caisse, à acheter un téléphone violet, évidemment, avec un joli boîtier et un chargeur. Twilight posa le tout devant le vendeur tandis que sa mère attendait, à l'écart.
Le vendeur, un jeune garçon de son âge, prit la commande d'une voix enjouée, et la félicita au passage pour son allure. Twilight le prit comme une blague. Releva les yeux pour croiser les yeux du garçon.
Sans véritablement de raison, leurs regards s'attardèrent.
Quelques papiers à signer, le temps de payer, elles étaient sorties. Twilight jeta un regard derrière elle, encore étonnée. Ce devait être de voir une personne de son âge travailler qui la préoccupait soudain. Il lui faudrait travailler aussi, comprendre ce que c'était. Assister la directrice n'était pas un travail. Plutôt une sorte de cours personnel.
« On dirait que ce garçon t'a tapé dans l'oeil. » La moqua sa mère.
Twilight se rembrunit. Bien sûr. C'était évident. Elle était tombée amoureuse de ce garçon dont elle avait oublié le visage et qu'elle ne reverrait plus jamais. C'était la seule explication.
****
Son téléphone sonna. C'était la première sonnerie depuis qu'elle l'avait et déjà Twilight Sparkle était certaine de détester cela. Déjà elle apprenait cette coutume d'essayer de deviner qui ce pouvait être, et elle songeait à la liste de numéros que sa mère l'avait forcée à enregistrer.
Elle prit le temps de contourner le lit pour récupérer le portable et répondre, la voix ennuyée, pressée de revenir à ses devoirs.
Il n'y eut pas de réponse de l'autre côté. Twilight répéta :
« Allô ? Il y a quelqu'un ? »
Pas de réponse. Elle devina des rumeurs, de l'autre côté du combiné. Des bruits de fête. L'idée lui vint que ce devait être un faux numéro. Le temps de trancher le nombre de secondes qu'elle attendrait encore, elle entendit enfin une voix, à l'autre bout, trop faible pour être celle qui appelait.
« Ben alors Pinkie, on dirait que t'as entendu la mère Noël ! »
Il fallut deux secondes des deux côtés pour raccrocher précipitemment.
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La charge MLP de cette fiction à doublée car on se rapproche du film non?
Bon bah sinon, un super chapitre, comme d'habitude.
PS: Twilight Sparkle qui tombe amoureuse dans cette fiction, c'est comme si Pinkie s'intéressait aux cours. Improbable.