Aria terminait de ranger ses affaires dans son sac, heureuse de pouvoir enfin quitter cette chambre d'hôpital. La sirène attrapa un cadre qui était posé sur la petite table près du lit. Un sourire se dessina sur son visage à la vue de photo contenue dans celui-ci. Sonata avait ressorti son ancien appareil argentique rien que pour prendre cette photo d’Aria entourée de Sunset, Rainbow et la sirène bleue dans cette chambre d’hôpital. Elle déposa délicatement le cadre sur le dessus du contenu du sac. La sirène était surprise par la facilité avec laquelle Rainbow Dash l’avait acceptée, et surtout à quel point cette fille aux cheveux arc-en-ciel pouvait compter pour elle maintenant.
Aria tendit la main pour attraper un sac en plastique contenant les habits qu’elle avait porté en arrivant à l’hôpital. Elle n’avait pas encore eu le courage de l’ouvrir, ni même de le regarder. Elle n’avait cependant plus d'échappatoire et elle devait l’affronter. Elle déchira le film plastique, vida son contenu sur le lit et le tria rapidement. Son pantalon était intact, mais du sang avait teinté le côté gauche de celui-ci. Elle ne se sentait pas d’essayer de le nettoyer, il s'agissait d’un modèle commun qui lui serait facile à remplacer. Elle le jeta donc dans la poubelle de la chambre. Le t-shirt était en lambeaux, coupé à de nombreux endroits par les médecins afin de lui enlever facilement et partiellement rougi par le sang de la sirène. Il subit le même traitement que le pantalon.
Elle attrapa le blouson pour l’examiner avec plus d’attention. Si elle pouvait le réparer, elle le ferait. Celui-ci lui était précieux, plus précieux qu’elle ne l’aurait avoué. Sunset lui avait offert suite à un incident avec un client au bar qui s’était déroulé peu de temps après que la sirène ait commencé à y travailler. Elle avait évité à cette pauvre fille aux cheveux rouges et or de subir une violente agression, et avait même apprécié de l’aider. Cette récompense n’avait été qu’un doux supplément à cette sensation.
Le blouson avait lui aussi beaucoup souffert de la main des docteurs, plus préoccupés à sauver Aria que ses habits, la manche gauche avait été parfaitement découpée sur toute sa longueur, et au bonheur de la sirène, d’une manière nette. Il lui serait plus facile de la réparer dans ces conditions. Son regard s'arrêta sur les deux trous qui témoignaient du passage de la balle. Un frisson lui parcourut le dos en repensant à la douleur causée par ce petit projectile. La zone autour de ces points d’impacts était teintée du sang de la sirène. Elle espérait réussir à lui redonner sa couleur originelle. Avec ses deux mains, et de nombreux efforts, elle était persuadée d’y arriver. Elle le devait.
Aria replia le blouson et le mit dans le sac qu’elle prit sur son épaule valide puis se tourna vers Aura qui l’attendait dans la pièce.
“C’est bon, on peut partir.”
“Donne moi ce sac,” fit Aura en se dirigeant vers elle, “les docteurs ont exigé que tu fasses le minimum d’efforts dans les deux prochaines semaines.”
“Je ne force pas sur mon épaule là,” protesta la sirène en sortant de la salle. “Je suis capable de le porter seule.”
“Si tu le dis,” répondit Aura en la suivant.
Aura s’était porté volontaire pour raccompagner Aria à son domicile, principalement pour lui éviter un trajet en transport en commun. Sonata était déçue de ne pas pouvoir être présente, mais elle avait dû accepter de faire des services supplémentaires pour rattraper les heures qu’elle avait passées au chevet de sa soeur. Aria l’avait grondée pour avoir perdu plusieurs journées de travail à cause de ça; mais elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Sonata avait toujours veillé à leur santé, et elle n’allait pas arrêter de le faire du jour au lendemain. Et Aria avait apprécié que quelqu’un s’occupe d’elle.
Cela lui rappelait une autre époque, une époque où elle n’avait pas à se soucier en permanence de ses soeurs. Une époque où Adagio dirigeait les sirènes, où tout allait bien pour elle. La sirène violette aurait eu du mal à l’avouer devant Adagio, mais elle adorait ne pas avoir à prendre de décision. Et même si elle prenait plaisir à critiquer ouvertement tous les choix de sa soeur, elle les respectait. Les décisions que prenait sa soeur étaient toujours judicieuses. Elle n’avait quasiment jamais commis d’erreurs, et rares furent les fois où ses erreurs menacèrent la façon de vivre des sirènes. Mais il a suffi d’une erreur pour tout changer.
Cette époque lui manquait, avec toute la simplicité qui l'accompagnait, mais elle devait se faire à l’idée que sa vie avait changé, et qu’elle devrait vivre sans sa magie. Cela ne l'empêchait pas de se raccrocher à ses souvenirs.
Aura escorta la sirène jusqu’à sa voiture, une petite sportive classique européenne. Aria posa ses affaires à l’arrière du véhicule et sortit une cigarette. Le soleil était caché par une grande concentration de nuages noirs, menaçant de déverser leur contenu depuis plusieurs heures. La luminosité ambiante sapait un peu plus le moral d’Aria. Quelques gouttes se mirent à tomber au moment où la sirène alluma sa cigarette.
“Tu devrais entrer dans la voiture,” lui dit Aura. “Il ne faudrait pas que tu tombes malade. Mais tu laisses ta cigarette dehors.”
“Peut-être que je resterais bien une semaine ou deux de plus ici,” répondit la sirène en expirant de la fumée. “On n’y est pas si mal au final.” Elle jeta sa moitié de cigarette et s’installa dans la voiture. “Finalement, je préfère partir.”
La sirène s’enfonça dans des sièges bien plus confortables qu’elle le pensait. Aura démarra le moteur qui était si silencieux que la sirène le devinait plus qu’elle ne l’entendait. Le silence et la tranquillité régnant dans cet habitacle plaisaient à Aria, qui s’y sentait plutôt bien. Elle n’avait pas vraiment envie de quitter cette voiture avant longtemps.
Le décor à l’extérieur de la voiture commença à bouger lorsque Aura appuya sur l’accélérateur. Tout paraissait si gris à Aria, sans aucune nuance. La pluie mélangeait le peu de couleur qui osait se détacher du gris ambiant avec celui-ci, renforçant l’impression de monotonie que ressentait la sirène. Les façades des immeubles défilaient devant ses yeux, chacune ressemblant à la précédente, les petites différences devenaient insignifiantes avec cette pluie. Chaque rue la rapprochait de la maison où ses soeurs et elles avaient élu domicile il y a vingt ans de cela. Chaque rue la rapprochait de cette porte d’entrée.
“Aura,” laissa échapper Aria en rompant le silence régnant dans la voiture depuis le début du trajet, “Je peux te demander un service ?”
“Bien sûr, Aria. Que veux-tu?”
“On peut faire un petit détour, s’il te plaît ?” demanda-t-elle d’une voix triste. “Je n’ai pas envie de rentrer tout de suite. j’aimerais sortir un peu de la ville.”
“Très bien,” répondit Aura, “mais à une condition. Je voudrais que tu me parles de ce qui te tracasse en ce moment.”
“C’est compliqué,” expliqua Aria d’un ton légèrement énervé, “et je n’ai pas envie de t’ennuyer avec mes problèmes. Tu as déjà fait beaucoup pour moi.”
“Ne t’inquiète pas pour cela. Les amis sont là pour s’entraider, et ça ne m’ennuie pas d’écouter tes problèmes si tu souhaites en parler.”
“C’est compliqué, compris ?” s’énerva la sirène d’un ton sec.
Aura arrêta de parler et fixa son regard sur la route. La sirène détourna la tête afin de regarder par la fenêtre. La pluie s’était intensifiée, empêchant Aria de distinguer le peu de couleur qu’il restait en ville, ne la laissant percevoir que ce gris. Elle laissa ses pensées partir, le chemin ne serait pas long. Elle s’en voulait de s‘être énervé contre Aura. Elle laissa sa tête reposée sur la vitre, le regard baissé.
Une légère éclaircie vint troubler les sombres réflexions de la sirène, lui laissant découvrir les quelques couleurs du quartier qu’ils étaient en train de traverser. Ils n’étaient plus très loin de chez elle. S’ils tournaient à gauche au carrefour suivant, ils n’auraient plus qu’un petit quartier d’immeubles à passer avant d’arriver à la zone pavillonnaire qui avait été choisie comme domicile par les sirènes. Une petite quantité de vert viendrait s’ajouter au gris de la ville, mais cela n’était pas suffisant pour Aria. Elle ne voulait plus voir ce gris, ne serait-ce que pour une demi-journée.
Le carrefour arriva et Aria sentit la voiture tourner à droite, la sortant complètement de ses pensées. Elle se tourna vers Aura et reprit la parole.
“Aura, j’habite par là-bas. Tu t’es trompé de route.”
“Je croyais que tu voulais sortir de la ville,” répondit-il avec une voix calme. “Mais je peux toujours faire demi-tour si tu le souhaites.”
“Non, continue. c’est juste que…” hésita Aria, surprise.
“La météo a annoncé un beau soleil dans l’après-midi, ce serait bête de le gâcher en restant en ville.” lui expliqua Aura avec un sourire dans la voix.
“Merci.”
Encore ce mot. Aria se demandait comment ce mot lui était devenu si naturel en si peu de temps. Elle avait l’impression de devenir faible, comme Adagio lui avait si souvent dit. La sirène se sentait perdue sans sa soeur pour la guider.
“Aria, aurais-tu une destination précise à me donner ?” demanda Aura.
“Oui, je sais où aller. Je vais te guider,” répondit Aria. “Continue tout droit pour l’instant.”
Elle se remit à regarder par la fenêtre. Les maisons commençaient à s’écarter les unes des autres, les trottoirs et lampadaire plus discret. Le ciel reprenait sa couleur bleue alors que les nuages se dispersaient.
“Aura,” reprit la sirène, “je peux te demander quelque chose?”
“Que veux-tu savoir ?”
“J’aimerais savoir si tu as été militaire.”
“Pourquoi penses-tu que j’ai été militaire ?”
“Principalement à cause de la façon dont tu m’as donné les informations avant que je n’entre dans cet entrepôt, mais aussi par le fait que tu sois resté si calme et que tu ais su comment tout gérer lorsque la situation a mal tourné. Tu as déjà vu pire, et ça se voit.”
Aura eut un petit sourire avant de répondre.
“Bien vu. Tu as raison. J’ai été huit ans dans les Marines.”
“Pourquoi tu en es parti ?” demanda la sirène.
“C’est compliqué,” répondit Aura en imitant le ton d’Aria.
“Je suis désolée, je n’aurais pas dû demander,” fit la sirène. “Tourne à droite là.”
Aria retourna dans ses pensées en regardant le décor défiler. Le vert était devenu la couleur dominante, égalée seulement par le bleu du ciel. Les habitations étaient devenues rares, mais n’étaient plus uniformes. Chacune était unique, avec ses propres couleurs se mélangeant avec le vert de la nature. La sirène appréciait de s’être autant éloignée de la civilisation. Elle avait emprunté ce chemin à de nombreuses reprises et le connaissait par coeur. Elle connaissait certaines des personnes qui habitaient les maisons qu’ils venaient de passer. Il lui arrivait de s'arrêter pour les saluer. Ces souvenirs remontaient un peu le moral d’Aria.
Elle indiqua un chemin dans une forêt. Celui-ci était trop défoncé et risquait d'endommager la voiture, ils préférèrent donc la laisser sur place et continuer à pied. Une clairière semblait les attendre à l’autre bout du sentier. Aria profita de ce moment pour fermer les yeux et se laisser envahir par ce que percevaient ses autres sens. Le doux bruissement des feuilles que le vent faisait bouger lui remplissait les oreilles pendant que l’odeur de la terre venant d’être humidifiée par la pluie parvenait à ses narines.
“On va devoir traverser ce chemin à pied finalement,” fit Aria en s’enfonçant dans la forêt, un léger sourire dans la voix. “Et pas la peine de regarder ton téléphone, tu ne vas pas avoir de réseau ici.”
“Il semblerait que tu aies raison,” répondis Aura en rangeant son téléphone. “Qu’allons-nous trouver au bout de ce chemin?”
“Une maison. Juste une maison.”
“Serait-ce celle où vous avez grandi, tes soeurs et toi?”
Aria laissa échapper un petit rire.
“Non, aucune d’entre elles n’est jamais venue ici, et elles n’en connaissent même pas l'existence. Tu es l’une des rares personnes à connaître ce lieu en fait.”
La voix d’Aria était devenue un peu mélancolique en parlant de leur destination. Le sourire qu’elle portait semblait moins joyeux que lors des premiers pas sur le chemin.
“Es-tu sûre de vouloir de moi en ce lieu ?” demanda Aura.
“Je ne vais quand même pas te laisser attendre dans la voiture. Et ça me fera du bien de voir une autre personne là-bas.”
Aria laissait sa main valide toucher la végétation pendant qu’elle avançait, tout en faisant bien attention de ne pas l'abîmer.
La traversée de la zone boisée fût assez courte, les arbres laissèrent place à une petite clairière ronde, où se dressait une petite maison en bois qui avait l’air ancienne. Divers outils étaient posés près des murs avec plusieurs tas de planches. Une des fenêtres était brisée et recouverte d’une bâche afin de protéger l’intérieur des éléments. De l’autre côté de la clairière se trouvait un plan d’eau surplombé d’une estrade en bois surélevé, un chevalet trônant fièrement sur celle-ci.
“Bienvenue dans mon petit coin de tranquillité,” fit Aria en désignant l’endroit de son bras valide. “C’est encore un peu le bordel mais je suis en train de finir des réparations.”
“Cet endroit est magnifique,” répondit Aura. “Je ne m’attendais pas à te voir apprécier ce genre de décor.”
“Tu serais surpris par le nombre de choses que tu ne sais pas sur moi,” lui lança la sirène avec un sourire. “Installe-toi sur la terrasse là-bas. Tu devrais trouver des chaises dans les rangements en dessous. Je vais nous chercher à boire.”
Aria se dirigea vers la maison pendant que Aura partit en direction de l’estrade. Elle inspira l’air autour d’elle à plein poumons, appréciant la pureté de celui-ci, dénué de cette odeur acre de pollution qu’il possédait en ville. Elle arrivait à distinguer l’odeur de cette terre légèrement humide, celle des différentes fleurs recouvrant la clairière ainsi que celle de la forêt qui était portée par un léger vent agréable. Le soleil venait réchauffer dans sa lumière toute cette clairière, rendant ce moment encore plus appréciable pour Aria. La sirène s’arrêta devant la porte d’entrée, regarda un instant la porte avant de saisir la poignée. Celle-ci tourna sans aucun bruit, laissant la porte s’ouvrir tout aussi silencieusement, révélant un intérieur légèrement poussiéreux. La sirène entra et ferma la porte derrière elle. Se retrouvant seule avec elle-même, elle se laissa tomber contre la porte.
“1500 ans et toujours aussi sensible,” prononça Aria pour elle-même. “Tu avais pourtant promis d'arrêter.”
Elle ouvrit un meuble et en sortit deux verres à pied ouvragés. elle eut un petit sourire en se remémorant la personne qui lui avait offert ce service. Son nom lui avait échappé, mais elle se souvenait de ce visage souriant, toujours prêt à rendre service. Elle avait de la peine pour cette ancienne conquête d’Adagio qui ne fut que l’un des nombreux trophées de celle-ci. La sirène avait eu du mal à s’occuper de lui lorsque sa soeur décida de le quitter. Elle posa les verres sur la table au centre de la pièce et referma le meuble.
Elle se dirigea vers le petit couloir menant aux deux seules autres pièces de la maison. Elle entra dans la pièce de droite qui lui servait principalement de cellier et de stockage. Deux de ses murs étaient remplis de bouteilles de vin, certaines plus vieilles qu’Aura. Elle attrapa l’une des bouteilles et regarda son étiquette. Il s’agissait d’un vin français, pas un grand cru renommé mais Aria l’appréciait beaucoup. Elle emporta la bouteille avec elle en sortant de la pièce et se retrouva en face de la porte menant vers la dernière pièce de cette maison. Elle resta devant cette pièce, fixant la porte et cherchant une raison de rentrer dans cette pièce. Elle n’en trouva pas, et décida donc de retourner dans la salle principale, heureuse de ne pas avoir eu à rentrer dans cette petite pièce. Elle se mit en tête de transporter la bouteille et les verres en même temps, mais avec une seule main de disponible, elle n’y arriva pas sans risquer de casser un des verres.
Elle n’avait pas envie de les casser, ni de faire plusieurs voyages. Il lui fallait donc trouver une autre solution, une solution qui n’impliquerait pas de demander de l’aide. Elle ne souhaitait laisser entrer personne. C’était son sanctuaire, un lieu où elle pouvait être seule. Elle se rappela qu’elle avait laissé un sac de sport la dernière fois qu’elle était venue, et que celui-ci se trouvait dans la seule pièce qu’elle n’avait pas encore visitée.
Elle se plaça devant la porte et mit sa main sur la poignée. Elle était cependant incapable de la tourner. Sa tête se posa sur le bois de la porte et la sirène se remit à se parler à elle-même.
“Ça va faire deux cents ans qu’elle est partie Aria, pourquoi tu as toujours autant de mal à ouvrir cette porte ?”
Elle resserra sa prise sur la poignée et trouva le courage de la faire pivoter. La porte s’ouvrit avec un léger grincement, livrant à la vue de la sirène une chambre plutôt encombrée. En face d’elle, de nombreux outils de couture étaient disposés sur une table, plusieurs rouleaux de tissu posés sur celle-ci. Une robe presque finie se tenait sur un mannequin de bois. Aria eut un pincement au coeur en voyant son ouvrage inachevé.
“Je t’avais promis de la finir, et je ne l’ai toujours pas fait,” lança la sirène comme si une autre personne se tenait auprès d’elle. “Je suis désolée.”
Elle entra dans la pièce, s'arrêtant à la vue du tableau accroché au-dessus du lit. C’était l’une des rares peintures qui avait réussi à survivre à la fuite de Paris, il y a si longtemps. Elle était toujours tiraillée entre le désir de s’en débarrasser et celui de la garder.
Le petit sourire du sujet la poussait à garder ce tableau. Ce petit sourire qui lui remontait le moral et qu’elle ne pourrait plus jamais revoir sauf sur cette peinture. Les souvenirs du jour où elle avait réalisé ce tableau lui donnèrent un autre sourire. C’était la seule fois où elle s’était essayée à la couleur, et elle continuait à préférer le fusain, mais le résultat était parfait. Tous les détails du sujet étaient présents, le regard bleu de celui-ci semblait vivant, fixant la sirène. Les cheveux d’or et de grenat de la femme étaient attachés en une longue queue de cheval qu’elle avait fait passer au-dessus de son épaule.
Aria était toujours aussi surprise de la ressemblance entre Sunset Shimmer et Satine, son ancien et seul amour de ce monde, dont elle fixait le portrait. Quelques traits étaient différents, mais elles auraient pu être soeurs. Aucune de ses deux soeurs n’avaient parlé de cette ressemblance, ni ne semblaient l’avoir remarqué. Aria se demandait si ce n’était pas son esprit qui voulait revoir dans son amie actuelle son amour passé.
Elle attrapa le grand sac de sport qu’elle était venue chercher, tourna son regard vers sa table de travail, et y posa le sac. Elle attrapa la robe et la plia soigneusement avant de la mettre dans le sac. Elle la recouvra de nombreux rouleaux de tissu des couleurs qui lui semblaient utiles pour terminer la robe, ainsi que les outils nécessaires pour les travailler. Le plan de travail était maintenant vide en dehors de deux petites boîtes recouvertes de velours. L’une de ces boîtes arborait un coeur enflammé rouge et jaune, l’autre une étoile violette devant une ouïe de violon. Ce deuxième symbole représentait la cutie mark d’Aria lorsqu’elle se transformait en poney aux yeux des gens lorsqu’elle était encore en Equestria et qu’elle possédait tous ses pouvoirs.
Se retrouver bannie dans cet horrible monde avait été dur pour Aria, mais elle avait appris à l’accepter et à y vivre. La sirène avait rencontré tant d’humains au cours de sa longue vie mais certains lui avaient laissé de bons souvenirs qui ne la quitteraient jamais, ces boîtes en étant la preuve. Elle arrivait même à en regretter certains.
Elle attrapa les deux boîtes et les mit dans sa poche, puis passa la lanière du sac sur son épaule valide. Elle se dirigea vers la salle principale en prenant soin de fermer la porte derrière elle. Elle posa la bouteille et les verres dans le sac entrouvert et se dirigea vers la sortie. Elle était restée bien assez longtemps dans cette maison, et elle avait laissé Aura seul bien trop longtemps. Elle essuya le coin de ses yeux et sortit de la maison.
Aura avait installé deux chaises longues et une petite table sur l’estrade, et s’était allongé sur l’une d’elles. La sirène traversa le petit chemin de pierres menant au bord du petit étang et monta rejoindre son invité. Elle posa délicatement le sac à coté de la table et sortit les verres et la bouteille.
“J’espère que tu aimes le vin,” commença Aria. “Je n’ai pas grand chose d’autre à t’offrir.”
“Je m’attendais à ce que tu m’offres de la bière, mais du vin conviendra parfaitement. Je suis sûr qu’il doit être excellent au vu du temps que tu as mis à le choisir,” plaisanta Aura
“J’ai le droit d’être exigeante, il me semble,” s’indigna la sirène. “Et c’est le transport qui m’a posé le plus de problèmes.”
“Pourquoi ne m’as-tu pas demandé de l’aide ? Tu as beau être têtue, tu restes blessée.”
“C’est…” hésita la sirène.
“Compliqué ?” Demanda Aura avec un sourire.
“Non, ce n’est pas ça,” répondit Aria en détournant le regard. “Ce lieu est très important pour moi, et cette maison…” Elle fit une pause en se tournant vers l’édifice. Sa voix avait perdu toute assurance, laissant place à de la tristesse. “Cette maison est un sanctuaire, un lieu que je souhaite garder pour moi, et moi seule, depuis, depuis…”
Aria n’arrivait pas à finir sa phrase, quelque chose l’en empêchait. Elle réprima un sanglot lorsqu’elle sentit des bras venir l’enlacer. Elle ne lutta pas, elle n’en avait ni l’envie ni le courage. Se faire enlacer lui faisait du bien. La voix douce et réconfortante d’Aura lui arriva à l’oreille.
“C’est bon, si tu ne veux pas en parler, je peux comprendre. Je ne te forcerais pas.”
Aria se sentait comme nue en exhibant si facilement ses sentiments. Elle se sentait faible de ne pas réussir à les cacher comme lui avait demandé de faire Adagio, comme elle l’avait fait depuis deux cents ans. Elle ne voulait pas de ces sentiments, elle ne voulait pas de cette douleur. Elle ne voulait plus s’attacher à ces humains si fragiles qui finiraient par la laisser seule. Pourtant, ces bras si chaleureux lui faisaient du bien, elle voulait profiter de ce moment. Elle voulait accepter l’amitié de cet humain. Aria se rendit compte qu’elle se mentait à elle-même et qu’elle l’avait déjà accepté. Elle se laissa envahir par tous les sentiments qu’elle tentait de combattre.
“Depuis la mort de Satine.” cria-t-elle en tombant en larmes sur l’épaule de son ami.
Ses larmes s’étaient arrêtées après un long moment. Laisser ses sentiments s’exprimer lui avait fait du bien et elle se sentait libérée d’un poids. La sirène ne voulait pas quitter ses bras si chaleureux qui l’entouraient depuis si longtemps. Elle avait honte de vouloir y rester, mais elle s’y sentait si bien.
“Excuse moi,” commença-t-elle en essayant de reprendre le contrôle de ses sentiments, “je n’ai pas à t’infliger ça. Tu es déjà assez gentil de t’occuper de nous et je n’ai pas envie d’en abuser.”
“Cela ne me gêne pas. Il fallait que tu laisses tout cela sortir. Et si jamais tu as besoin d’en reparler, n’hésite pas à venir me voir, je serais là pour t’écouter.”
“On dirait presque que tu me dragues,” répondit Aria en esquissant un sourire. “Tu n’as pas honte de profiter de la détresse émotionnelle d’une pauvre fille.”
“Loin de moi cette idée, je tiens à mon intégrité physique.”
Le petit geste de recul exagéré et le ton faussement hautain d’Aura fit rire la sirène. Ces moments de complicité l’avaient toujours amusée.
“Je te fais si peur que ça ?” demanda Aria en mimant la surprise.
“Ce n’est pas toi qui me fais le plus peur, mais Sunset. Si jamais elle me soupçonne de te draguer, je risque ma vie,” répondit-il toujours sur le ton de la plaisanterie.
“Sunset ?” La sirène était vraiment surprise de cette réponse. “Pourquoi Sunset? Pourquoi tu penses qu’elle essayerait de te tuer si tu essayais de me draguer? je ne comprends pas.”
Aura reprit son sérieux, l’expression d’Aria lui laissant parfaitement comprendre que la sirène ne plaisantait pas.
“Vous n’êtes pas en couple?” demanda-t-il.
“Euh, non,” répondit Aria , laissée sans voix par cette question. “Sunset est une bonne, très bonne amie même, mais rien de plus. Pourquoi… comment tu en es arrivé à penser que nous étions en couple?”
“Vous êtes toujours si proches, toujours à traîner ensemble. Vos disputes ressemblent à celle d’un couple. Votre manière de vous protéger l’une l’autre. Et il y a la façon dont tu la regardes. Nous étions persuadés que vous sortiez ensemble.”
“Nous?”
“Vision, Snow et moi.”
Aria eut un petit rire. Elle tendit la bouteille à Aura.
“Ouvre cette bouteille et je t’explique pourquoi je la regarde comme ça.”
Aura attrapa la bouteille et sortit un limonadier de sa poche. Il la déboucha et en servit un verre à Aria avant de se servir lui-même. Aria prit son verre et en but une gorgée.
“Si je la regarde comme ça, c’est parce qu’elle ressemble à la seule femme que j’ai aimée, et qui m’avait rendu cet amour de façon sincère,” expliqua Aria. “Mais ce sont deux personnes différentes, même s’il m’arrive de l’oublier. Je sais qu’il n’y aura jamais rien entre elle et moi, pas après la façon dont je l’ai traitée lors de notre première rencontre.” Aria but une autre gorgée. “Je n’aurais jamais pensé que je puisse devenir aussi proche d’elle après ce qu’il s’est passé à Canterlot High.”
Aria s’allongea sur sa chaise et fixa le ciel, laissant son regard dériver à travers les nuages.
“Que s’est-il passé à Canterlot High,” demanda Aura.
“Tu veux vraiment savoir ?” répondit Aria avec un petit rire nerveux. “Pour faire simple, j’ai été une connasse qui a essayé de la manipuler afin de la retourner contre ses amies. Heureusement pour elle qu’elle soit têtue sinon on aurait bien pu réussir. Je ne suis même pas sûre de ce que l’on aurait fait si on avait réussi.”
“On ?” s'étonna Aura.
“Mes soeurs et moi. On a essayé de prendre le contrôle de ce lycée minable, et on a presque réussi. Sunset et ses amies ont réussi à nous battre, principalement grâce à Sunset. On a tout perdu et ça a détruit Adagio.” Aria leva son verre. “À cause de ça, il a fallu que je prenne la responsabilité de mes soeurs, que je fasse des choix. Je déteste ça. Si tu me dis de frapper, je frappe. Je n’aime pas me poser des questions et prendre des décisions. Je ne suis pas faite pour ça.” Sa voix devenait tremblante. “C’est le putain de rôle d’Adagio de prendre ces putains de décisions. Mon rôle à moi c’est de les protéger, de les empêcher d’être blessées. J’ai bien taquiné Adagio, essayer de lui faire croire que je voulais ce putain de pouvoir, mais c’était faux. Je n’ai jamais voulu de ce pouvoir.”
Elle but la totalité de son verre en une gorgée.
“Comment tu vas ?” s’inquiéta Aura.
“Ça va, désolée. Je ne suis pas aussi sentimentale d’habitude. je ne sais même pas pourquoi je te raconte tout ça.” Aria mit sa main devant ses yeux. “Je suis vraiment nulle, je devrais être capable de gérer ça toute seule.”
Elle se resservit un verre de vin et le but d’une seule traite. Elle était énervée contre elle-même de parler si ouvertement de ses problèmes.
“J’aimerais bien être aussi nul que toi,” répondis Aura. “Avec tout ce que tu as fait depuis que je te connais, tu as toujours été présente pour tes soeurs, les protégeant quand cela était nécessaire. Tu as sacrifié tant de temps pour elles que je pense que tu as gagné le droit de te plaindre. Tu n’en es pas plus faible pour autant.”
Aura lui fit un sourire avant de se mettre à rire.
“Pourquoi tu ris ?” s’indigna Aria.
“Désolé, juste le souvenir d’une discussion avec ma soeur qui avait le même sujet il y a longtemps. Elle non plus n’aimait pas se plaindre, comme toi.”
“Tu penses me la présenter un jour ?”
“Ce ne sera pas possible,” répondit Aura en attrapant son portefeuille. “La dernière fois que j’ai eu ce genre de discussion avec ma soeur, elle devait partir en mission. Elle n’en est jamais revenue.”
“Je suis désolée,” fit Aria en baissant les yeux, “je ne savais pas.”
“Ce n’est pas grave,” répondit Aura avec un petit sourire, “c’était il y longtemps.” Il sortit une photo de son portefeuille. “C’était une femme très forte, toujours prête à aider les autres. Nous nous étions engagés ensemble, et j’ai quitté l’armée après sa mort. Tu lui ressembles beaucoup, tellement que j’ai été surpris la première fois que je t’ai rencontré.”
Il lui tendit la photo. Elle l’attrapa et se mit à la regarder. Un Aura plus jeune y était en compagnie d’une fille violette, tout deux en treillis militaire. Elle s’attarda sur cette fille. En dehors de la coupe de cheveux, elle était le sosie d’Aria. La photo paraissait irréelle à la sirène. Elle ne comprenait pas comment cette fille pouvait lui ressembler autant, et ça l’intriguait.
“Tu as l’air surprise. Elle s’appelait Shadow Aura.” Il se mit à regarder dans le vide. “Elle souhaitait ouvrir un bar et quitter l’armée. Je lui avais promis de l’aider.”
“Je…” balbutia Aria, gênée.
“Ne t’inquiètes pas, comme je te l’ai dit, du temps est passé depuis sa mort. J’ai ouvert le bar sans elle, mais maintenant que tu y travailles, c’est un peu comme si elle était avec moi.”
“Aura, tu réalises bien que je ne suis pas ta soeur? J’ai beau lui ressembler, je ne le serais jamais.”
“Je le sais bien, et je ne te demande pas de le devenir. Accorde moi juste de temps en temps le droit de le rêver.”
La sirène ne savait pas comment réagir, elle n’avait jamais vu Aura si mélancolique. Il n’avait jamais parlé de sa soeur ou de son passé. Il avait toujours l’air si fier et inébranlable, mais à ce moment là, la sirène le voyait aussi fragile et vulnérable qu’elle-même. Elle se sentait encore plus proche de cet être mortel, bien plus proche qu’elle ne le souhaitait.
Leurs regards fixaient le ciel, laissant un long silence s’installer. Le chant des oiseaux venait les bercer pendant qu’ils se perdaient dans leurs pensées. Aria respira longuement avant de se décider à briser le silence.
“Aura, j’aimerais savoir comment va ma soeur.”
L’homme inspira avant de se relever avec une expression sérieuse.
“J’aimerais que tu te reposes un peu plus avant de t’en parler.”
“Aura,” l’implora Aria, “ça fait une semaine que je me repose, ça fait une semaine que tu ne veux pas me donner de nouvelles d’elle. Je ne suis jamais restée aussi longtemps sans nouvelles de ma soeur. Je veux savoir ce qui lui est arrivé, je veux la voir, j’en ai besoin.”
Le regard triste de la sirène le poussait à accepter de tout raconter à Aria. Il n’avait jamais pu résister à ce regard, le même que sa soeur utilisait contre lui dans son enfance.
“Très bien, tu as gagné. Je t'emmènerais la voir demain, même si cela risque d’être difficile pour toi.”
“Qu’est-ce que tu veux dire?”
“Elle est plutôt agressive et les médecins ne peuvent rien lui donner pour la calmer sans risquer la vie de son enfant. Ils font tout pour éviter qu’elle ne souffre, et j’ai confiance en eux. Je te le répète, elle est entre de bonnes mains.”
“Pourquoi tu agis comme ça ?” s’énerva la sirène. “Pourquoi tu me protèges comme ça ? Pourquoi tu nous aides toutes les trois ? Pourquoi tu payes nos frais médicaux ? Je ne comprends pas. On n’a jamais rien fait pour toi.”
“Aria, calme toi.”
“Non, je ne veux pas me calmer,” hurla la sirène. “Je veux des réponses, je veux retrouver ma soeur. Je veux juste pouvoir jouer mon rôle et la protéger. Je veux qu’elle me redonne des ordres, je veux… je veux…”
Aria était debout, en larmes. Elle était énervée contre cet homme, mais aussi contre elle-même. Elle avait envie de tout lui dire, de se confier à lui, mais elle ne le pouvait pas. Elle ne devait pas mettre en danger les autres sirènes en révélant leur vraie nature.
Les bras d’Aura étreignirent de nouveau la sirène, lui procurant une douce et agréable sensation, la libérant de son agitation dans une chaleur reposante. La sirène ne voulait pas que ce moment s’arrête, elle voulait l’apprécier le plus longtemps possible. Cette étreinte lui rappelait les moments qu’elle avait passés avec Satine, mais quelque chose était différent. Cette étreinte ne ressemblait pas à celle qu’elle avait eu avec Satine, mais plutôt à celle qu’elle avait eue avec Sonata.
Elle se sentait honteuse d'apprécier que quelqu’un s’occupe d’elle. Aria était la protectrice des sirènes depuis le début, et elle n’avait jamais eu d’autre but que celui-ci. Elle n’avait jamais failli à sa tache jusqu’à leur défaite face au Rainbooms. Sa soeur lui avait reprochée de se laisser aller depuis qu’elle avait rencontré Satine, et cette défaite lui avait donné raison. Aria n’avait pas senti le danger venir. Elle était persuadée que c’était de sa faute, et que ces petits moments de détente lui étaient maintenant interdits.
“Quelles raisons me pousseraient à ne pas aider une amie ?” demanda Aura en rompant le silence avec une voix calme et douce. “Tu n’arrêtes pas d’aider les autres, mais tu as toujours du mal à accepter notre aide.”
Aria laissa sa tête se poser sur l’épaule de son ami. Elle n’essayait plus de contrôler ses sentiments et les laissait s’exprimer.
“Je…” continua Aura.
“Tais-toi,” l’interrompis Aria en passant son bras autour du cou de l’homme. “Tais-toi et laisse moi profiter de ce moment.”
Ils restèrent ainsi un long moment, Aria essayant de caler sa respiration sur celle d’Aura. Elle s’était accordé un moment d'insouciance avant de devoir retourner à la dure réalité et comptait bien en profiter un maximum. Elle ne savait pas si elle pourrait s’accorder un tel moment à nouveau. Elle ferma les yeux, trouvant une certaine sérénité dans cette douce étreinte.
Aria se réveilla lorsque le bruit du moteur disparut. La nuit était tombée en dehors de l’habitacle. La sirène se demanda comment elle s’était retrouvée dans cette voiture. Elle était incapable de se souvenir de quoi que ce soit après qu’elle ait demandé à Aura de se taire.
“Bonsoir, “ la salua Aura. “Tu te réveilles enfin.”
L’esprit d’Aria était encore trop embrumé pour répondre autre chose qu’un grognement indistinct.
“Prends ton temps pour te réveiller, je vais m’occuper de tes affaires.”
La sirène commença à s'étirer avant de ressentir une forte douleur à l’épaule, lui rappelant qu’il ne fallait pas bouger son bras. Un visage bleu fit irruption sur le côté de son champ de vision en venant se coller à la fenêtre.
“Tu étais où?” demanda Sonata d’une voix inquiète lorsque Aria eut fini d’ouvrir la vitre de la voiture.
“Ce n’est pas tes affaires,” répondit Aria en bayant.
Sonata ouvrit la portière de la voiture pour permettre à sa soeur d’en sortir. Aria tenta de bouger ses jambes, mais elle heurta un objet posé à ses pieds. Elle l’attrapa et vit qu’il s’agissait de la bouteille ouverte plus tôt dans la journée, refermé avec soin. Sonata l’arracha des mains d’Aria.
“Les docteurs t’ont dit qu’il ne fallait pas boire d’alcool avec ton traitement,” la réprimanda Sonata, “c’est dangereux. Les médicaments que tu prends sont forts et interagissent mal avec l’alcool. Ça aurait pu mal se passer.”
“Désolée,” répondit Aria, “mais j’en avais besoin.”
Sonata se jeta au cou de sa soeur.
“S’il te plaît, ne deviens pas comme Adagio. Je ne veux pas que mes deux soeurs deviennent comme ça.”
“Promis,” fit Aria en posant sa main sur la tête de Sonata.
La sirène bleue se releva en faisant en grand sourire à Aria, puis l’aida à sortir de la voiture.
“Je dois aller travailler,” repris Sonata. “Tu fais bien attention à toi ce soir. Je t’ai préparé à manger. T’hésites pas à m’appeler si ça va pas.”
Aria prit sa soeur dans son bras, surprenant celle-ci.
“Ne t’inquiètes pas pour moi, tout va bien se passer. On a déjà vu pire.”
“Mais on avait des pouvoirs,” répondit Sonata.
“Tu as raison, mais on va s’en sortir sans.” Aria libéra sa soeur. “Allez, va bosser.”
“Ok,” acquiesça Sonata. “Tu penses qu’Aura pourrait me déposer ?”
“Demande lui,” fit Aria en se dirigeant vers la porte.
“Me demander quoi ?” répliqua Aura en sortant de la maison.
“Emmener Sonata à son travail. Elle a dû attendre que je rentre et maintenant elle est en retard. Je me trompe?” expliqua la sirène violette en se tournant vers sa soeur avec un petit sourire.
“Non, c’est pas vrai,” s’indigna Sonata. “Enfin, presque. Je suis pas encore en retard.”
“Mais tu commences dans 10 minutes, et le restaurant est à 20 minutes à pied.” termina Aria en passant la porte.
Elle entendit Aura accepter la demande de Sonata, suivit des remerciements énergiques habituels de la part de sa soeur. Elle eut du mal à réprimer un petit rire.
Elle était de nouveau chez elle, dans ce petit couloir séparant le salon de la cuisine. Une chose semblait manquer à Aria, elle avait du mal à définir ce que c’était. Elle se dirigea vers le salon et vit le canapé vide. Elle s'arrêta là, fixant l’endroit que sa soeur avait occupé pendant ces six derniers mois. L’odeur de vodka habituelle avait disparu et lui manquait presque. Elle finit par se diriger vers celui-ci pour s’y installer. Il était confortable et l’odeur d’Adagio y était présente. Elle attrapa la télécommande pour essayer de trouver une émission intéressante à la télévision.
Son regard fut attiré par un élément brillant caché sous la table basse. Elle tendit le bras pour l’attraper, tout en faisant bien attention. Elle ne savait pas ce que c’était et ne voulait pas se blesser davantage.
La sirène resta les yeux rivés sur ce qu’elle venait de trouver, incapable de l’accepter. Elle ne voulait pas que ce soit vrai, elle ne voulait pas croire que Adagio se soit laissée aller à ce point. L’objet qu’elle tenait en main ne laissait aucune place au doute. Aria avait envie de pleurer à la vision de cette seringue.
Vous avez aimé ?
Coup de cœur
S'abonner à l'auteur
N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.
Les créations et histoires appartiennent à leurs auteurs respectifs, toute reproduction et/ou diffusion sans l'accord explicite de MLPFictions ou de l'auteur est interdite. Ce site n'est ni affilié à Hasbro ni à ses marques déposées. Les images sont la propriété exclusive d'Hasbro "©2017 Hasbro. Tous droits réservés." ©2017 MLPFictions, version 1.2.7. Création et code par Shining Paradox, maintien par Sevenn.
Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.
J'ai repéré vite fait une faute de frappe: LSes larmes s’étaient arrêtées après un long moment.
On ressent le travail derrière, je le redis encore une fois: j'adore.
Et je reste sur ma théorie qu'Aura aurait une assez bonne part de Self Insert.
Joyeux Noël :)