- Vas-y Caramel, montre lui de quoi ceux de Poneyville sont capables !
- Mets-lui une raclée, mon vieux !
- Fais-le gerber !
Au milieu des vociférations, les deux adversaires se jugeaient du regard, le visage fermé, l’expression indéchiffrable. De chaque côte de la table qui les séparait se dressaient, soigneusement alignées, les munitions du duel. Les encouragements et les invectives ne cessaient de se renforcer, ajoutant leur vacarme à la moite chaleur et à l’odeur rance qui emplissaient les lieux. Puis, comme si quelque signal inaudible eut été donné, les deux adversaires entrèrent en action.
Pendant les premières secondes, un silence soudain se fit, le temps que le contenu des deux premières chopes descende dans les gosiers. Dans un claquement presque synchrone, les deux opposants plaquèrent leurs pots vides contre la table, avant d’empoigner les suivants. Les cris reprirent tandis que les verres se vidaient les uns après les autres. Deux, puis trois, puis quatre paires de pots vides s’alignèrent bientôt sur les planches, à mesure que les files de chopes pleines diminuaient. Cependant, malgré les encouragements de la foule acquise à sa cause, Caramel perdait du terrain. Il avait déjà plus d’une demie chope de retard et il sentait son estomac et son œsophage saturer, noyés par la masse liquide. Il prit une fraction de seconde pour respirer avant d’empoigner du sabot son avant-dernier verre, ignorant du regard son adversaire qui creusait toujours l’écart. Le liquide déjà accumulé sans son ventre pesait lourdement sur ses entrailles et les mouvements incessants du fluide glacé dans sa gorge lui donnaient des haut-le-coeur. Pris de nausée, il fut forcé de s’arrêter, alors qu’au même moment son adversaire, avec un grognement de triomphe, claquait victorieusement son huitième et dernier verre sur la table. Un oh de déception parcourut l’assemblée. Maxime, vaseux mais encore vaillant, se laissa aller contre le dossier de sa chaise, la main sur le ventre.
- Un autre candidat ? lança-t-il d’un air de défi.
Mais les spectateurs, déçus, s’en retournaient déjà vers leurs tables. Le bruit de fond des conversations s'élevait à nouveau, ponctué par le raclement des tabourets et le claquement amorti des chopes de bois sur les tables. Caramel, pressé d’aller soulager sa nausée au dehors, avait déjà disparu par la porte.
Maxime, désormais seul à sa table, essuya avec sa manche la mousse qui lui couvrait encore les lèvres avant de se lever et de se diriger, l’estomac lourd et la démarche incertaine, vers le comptoir.
- Ça fera 12 bits, annonça le patron en désignant les chopes vides amoncelées sur la table.
Le bipède suivit distraitement son regard puis se tourna vers la fenêtre, derrière laquelle Caramel terminait de soulager son système digestif du trop-plein de liquide.
- C’est le perdant qui paie, répondit-il.
Il s’essuya à nouveau la bouche puis se dirigea à son tour vers la sortie, avant de prendre le chemin du château.
La jeune princesse avait décidé de travailler tard, ce soir là. Son travail de la journée lui avait pris plus de temps que prévu et il lui restait de la lecture en retard. Assise sur un coussin devant son bureau, à la lueur d’une chandelle, elle parcourait, ligne après ligne, l’écriture alambiquée qui recouvrait le parchemin déroulé face à elle. Encore deux mètres de rouleau et elle aurait fini.
La bruit de la porte d’entrée la fit soudain dresser les oreilles. Le vague grognement et le rot sonore, portés en écho le long des murs de cristal, la renseignèrent immédiatement sur l'identité du nouveau venu. Elle jeta un regard vers l’horloge, dont les aiguilles indiquaient une heure. Avec un soupir d’exaspération, elle se leva, quitta le bureau et s’en alla en direction du hall. Comme elle l’avait deviné, elle y trouva Maxime, débraillé et titubant, adossé à une des colonnes qui encadraient la porte.
- Tu es dans un bel état, fit la ponette d’un ton cassant.
L’humain se contenta de hausser les épaules, un sourire idiot sur les lèvres.
- Je fais comme tu m’as dit, j’essaie de m’intégrer.
- Oui, à ce train là tu auras bientôt une place de choix parmi les pochtrons d’Equestria, répliqua la jeune princesse.
- Y’en a qui sont très sympas, tu sais.
La ponette souffla par les naseaux. Continuer cette discussion ne la mènerait nulle part. Déjà, l’humain gravissait les premières marches de l’escalier qui menait aux chambres. Elle attendit d’entendre sa porte se refermer avant de retourner à son bureau. Encore deux mètres, soupira-t-elle.
Les songes dérivaient, flous et vagues, sans qu’aucun se rapproche suffisamment pour que l’esprit endormi de Max puisse en discerner le contenu. Comme souvent, il se contentait de errer au milieu des nuées immatérielles qui peuplaient son sommeil, sans rien rencontrer d’autre. D'énervants grattements se faisaient entendre non loin, comme si une horde de petites bêtes le suivait à distance. Quelque chose d’autre, de plus grand, se mouvait également au dessus de lui, masqué par les nuées, cependant il pouvait sentir son regard sur lui. Un bruit semblable à un grincement de porte s’éleva dans le lointain. Deux grandes paupières fardées de noir apparurent dans le ciel, nimbées d’une lueur lugubre. Lorsqu’elles s’ouvrirent, il n’y avait rien d’autre derrière qu’une froide lumière blanche. Tout disparut alors, remplacé par le noir velouté de la nuit. Un unique rai de lumière argentée coupait l’obscurité. Il fallut quelque secondes à Maxime pour se rendre compte qu’il était réveillé et que cette ligne de lumière n’était qu’un rayon de lune qui filtrait entre les tentures, que la brise qui entrait par la fenêtre ouverte faisait doucement onduler.
La fenêtre ouverte ?
Malgré les courbatures qui lui plombaient les membres, l’humain s’extirpa du lit et s’avança vers la fenêtre. Il était certain de l’avoir fermée avant de se coucher. D’un geste brusque, il l’ouvrit en grand et se pencha au dehors, sans rien apercevoir de suspect. Le grincement qu’il avait entendu en songe ne pouvait être que celui de la fenêtre qu’on ouvrait, il en était certain. Qui avait donc fait cela ?
Il resta immobile de longues minutes, à l'affût du moindre bruit ou mouvement suspect, mais rien ne semblait troubler la tranquillité de la nuit ponyvilienne. Avec un froncement de sourcil, il referma la fenêtre, remit la tenture en place et retourna se terrer dans son lit. Moins d’une minute plus tard, il dormait à nouveau.
Twilight s’était attendue à ce que Maxime dorme toute la matinée, mais, à sa grande surprise, il était déjà levé lorsqu’elle descendit, le lendemain matin. Assis à sa place habituelle dans la salle à manger, il fixait le mur d’en face d’un air renfrogné, silencieux, bras croisés. Toutes les victuailles nécessaires au repas étaient sur la table, cependant il n’avait encore touché à rien. La ponette croisa le regard de Spike, assis à côté du bipède, mais il ne semblait pas en savoir plus qu’elle. La ponette décida alors de prendre les devants.
- Quelque chose ne va pas, Maxime ? Tu as mal dormi ? Tu n’as pas l’air de bonne humeur.
D’un geste lent, l’humain attrapa sa cuillère, qu’il leva en face de lui.
- Quelqu’un est entré dans ma chambre, cette nuit, grommela-t-il.
La ponette et le jeune dragon se regardèrent, étonnés.
- Non, personne n’est entré dans ta chambre cette nuit. Tu as sûrement dû rêver.
- Non, j’ai pas rêvé, répondit l’humain sans cesser de contempler sa cuillère. La fenêtre était fermée quand je me suis couché, mais à un moment je me suis réveillé et elle était ouverte.
- Tu avais certainement oublié de la fermer cette fois là, répondit Twilight. « Dans l’état où tu étais, ce ne serait pas très surprenant, » se retint-elle d’ajouter.
- Je te dis que quelqu’un est entré, j’en suis sûr, répliqua le bipède en reposant sa cuillère.
- Personne n’est entré, ni moi, ni Spike, ni qui que ce soit d’autre. Le château est équipé d’un sort anti-intrusion qui déclenche une alarme quand il repère un intrus. Si quelqu'un avait essayé de rentrer dans ta chambre par la fenêtre, je l’aurais su.
Le soupir dédaigneux que lâcha Max en disait long sur la confiance qu’il accordait à ce genre de dispositifs. Sans en dire plus, il attrapa une tranche de pain, qu’il recouvrit de beurre avant d’y étaler une montagne de confiture.
Max passa le reste de la matinée dehors, le nez en l’air, à examiner sous tous les angles la façade du château derrière laquelle se trouvait sa chambre. Quand Spike revint du marché, il était toujours là, les yeux levés vers les fenêtres.
- Alors, l’enquête avance ? lança le petit dragon, un sourire amusé sur le visage.
- Tu fous pas de moi, je sais qu’il y avait quelqu’un, grinça l’humain. Je l’ai senti.
- Senti ? répéta Spike, dubitatif.
- Ouais, et j’ai bien l’intention de découvrir qui c’était et pourquoi il est venu.
Spike se tâta la crête, pensif. Il avait du mal à imaginer quel motif pourrait bien pousser quelqu’un à s’introduire de nuit dans la chambre de Max. Il leva à son tour le nez vers la façade, quinze mètres plus haut.
- En tout cas, c’était certainement un pégase, fit-il remarquer. Aucun terrestre ou licorne ne pourrait grimper jusque là.
Il entendit Max se retourner à côté de lui. L’humain avait fait volte face et fixait à présent la maison en nuages de Rainbow Dash, de l’autre côté de la ville. Ses sourcils se froncèrent.
- Où est la sonnette, sur ce machin ?
Depuis une demie minute, Maxime arpentait en grommelant la tache d’ombre en dessous du cumulus creux qui servait de maison à la pégase, juste en bordure de ville. Spike, qui l’avait suivi jusque là, tentait vainement de le raisonner.
- Mais enfin, rien ne dit que c’est elle. Et, de toute façon, pourquoi est-ce qu’elle aurait fait ça ?
- Je sais que c’est elle, grinça l’humain. Elle me cherche des noises depuis le début.
Sans attendre de réponse, il leva la tête et mit ses mains en porte-voix.
- Eh, l’emplumée ! Descends un peu, j’ai deux mots à te dire !
Une poignée de secondes plus tard, la tête de Rainbow Dash surgit d’une des fenêtres. Quand elle reconnut Max, elle sortit et vint voleter au dessus de lui, un rictus moqueur sur les lèvres.
- Tiens, mais qui voilà ? Alors, quoi de neuf, grande gueule ?
- Arrête ton cirque et dis-moi plutôt ce que tu es venue faire dans ma chambre cette nuit.
La pégase leva un sourcil, étonnée.
- Désolée de te décevoir, mais j’ai des choses plus importantes à faire que d’aller me promener la nuit dans ta chambre, mon grand.
- Je sais que c’était toi, ça ne peut être qu’un pégase, renchérit l’humain.
- Je ne suis pas la seule pégase en ville, je te signale, répliqua la ponette. De toute façon, si ça avait été moi, tu ne t’en serais même pas rendu compte. Je suis la championne de l’infiltration !
Elle se laissa descendre pour lui fouetter le crâne avec sa queue, mais le bipède se baissa à temps pour l’éviter. Il bondit aussitôt pour essayer de l’attraper, mais Spike le retint par le pan de sa chemise.
- Arrête, tu vois bien que c’est pas elle. Allez, on rentre, c’est l’heure du déjeuner.
Max lança un dernier regard noir à la voltigeuse, qui lui répondit en tirant la langue, avant de suivre l’assistant vers le château.
Le reste de la journée se passa sans histoires. Les pégases de l’équipe météo, qui avaient prévu une averse pour la nuit, passèrent l’après-midi à mettre en place la couche de nuages au dessus de la ville. Les habitants rentraient peu à peu chez eux, à mesure que le temps s’assombrissait. Quand vint le soir, le ciel était entièrement couvert. Un vent froid commençait à se lever, terminant de vider les rues.
Dans la salle à manger du château, Spike terminait de débarrasser la table. Maxime, toujours assis, jouait distraitement avec sa fourchette. Twilight sursauta quand il la reposa sur la table.
- Je vais me coucher, déclara l’humain en se levant.
La ponette dressa les oreilles. D’habitude, il ne se mettait pas au lit avant minuit, après avoir traîné toute la soirée en ville ou au salon, et il ne prenait en général pas la peine de le leur annoncer.
- Et bien, bonne nuit, alors, finit-elle par répondre.
Elle suivit des yeux l’humain qui s’éloignait vers les escaliers, jusqu’à ce qu’il disparaisse dans le couloir des chambres.
Dès qu’il eut refermé sa porte, l’humain se précipita vers sa fenêtre, qu’il ouvrit en grand. Aucune étoile n’était visible à travers l’épaisse couche de nuages qui couvrait à présent le ciel. L’oeil aux aguets, il laissa le vent lui ébouriffer les cheveux puis rentra dans la pièce, en prenant soin de laisser la fenêtre bien ouverte. Il se dirigea ensuite vers le placard, qu’il ouvrit dans un grincement. Un rictus se dessina sur ses lèvres quand il saisit l’objet qui s’y trouvait.
La pluie tombait, à présent, arrosant les rues et les toits, mêlant son bruit à celui du vent qui soufflait depuis la fin de l’après-midi. Les lumières de la ville s’éteignaient une à une, noyées dans le noir de la nuit.
Dans sa chambre, Maxime avait fini par s’endormir. Embusqué dans ses couvertures, il avait guetté pendant deux heures, silencieux et immobile, à l'affût de l’intrus qui ne manquerait pas, il en était certain, de s’infiltrer une nouvelle fois dans sa chambre. L’humain avait cependant fini par succomber à la fatigue qui alourdissait ses paupières et engourdissait ses membres, jusqu’à glisser presque complètement dans le sommeil. Presque complètement, car son ouïe avait cependant capté le bruit de sa porte qui s’était ouverte et des pas qui résonnaient à présent, discrets mais audibles, sur le sol de sa chambre. En un battement de paupières, il fut à nouveau sur ses gardes, yeux et oreilles grands ouverts. Oui, il y avait bel et bien quelqu’un dans sa chambre ; il en devinait même l’ombre sur les murs. Muscles tendus, il s'efforça de respirer le plus silencieusement possible, attendant que l’intrus se rapproche. Encore quelques secondes et il passerait devant son lit. Plus que deux mètres, plus qu’un…
- BANZAÏ !!!
L’humain avait bondi tel un ressort, éjectant la pile de couvertures sous laquelle il s’était planqué. Avec l’élan d’un fauve, il avait sauté en l’air, brandissant à deux mains une batte de baseball. Ses yeux s’écarquillèrent cependant quand il reconnut la petite silhouette vers laquelle il avait bondi. Face au lit, Spike, bonnet de nuit sur la tête, s’était immobilisé dès qu’il avait entendu le sauvage cri de guerre poussé par l’humain. Tétanisé, il fixait de ses yeux étonnés la grande forme qui avait surgi du lit pour lui fondre dessus. Maxime tenta de s’arrêter, mais son pied cogna contre le bord du lit et il s’écrasa tête la première sur le sol, juste devant le petit dragon. La batte, quant à elle, termina sa course dans le miroir de la commode. Déjà, dans le couloir, un bruit de cavalcade annonçait l’arrivée de Twilight.
- Qu’est-ce qui se passe ici ?! lança-t-elle, à moitié paniquée.
Elle alluma aussitôt sa corne, prête à tirer. Son regard alternait entre Spike, toujours immobile au même endroit, Max, qui tentait tant bien que mal de se relever, et la batte de bois encastrée dans la commode. Elle serra les dents, sourcils froncés.
- Mais à quoi est-ce que vous jouez, vous deux ?!
- J’ai rien fait ! se défendit Spike. Je faisais le tour des chambres pour fermer les fenêtres à cause de la pluie et il m’a sauté dessus !
- Mais je l’avais laissée ouverte exprès, andouille ! C’était pour piéger l’autre !
- Quel autre ? fit Twilight d’un ton menaçant.
- Celui qui s’amuse à rentrer dans ma chambre la nuit ! Et maintenant, grâce à vous, il a pu se faire la malle !
Une étincelle s’échappa de la corne de la jument. D’un coup, la fenêtre se referma.
- Personne ne s’amuse à rentrer dans ta chambre la nuit, c’est compris ? Maintenant tout le monde au lit, et gare à toi si je dois revenir !
La jument furieuse s’en repartit vers sa propre chambre, dont la porte se referma quelques secondes plus tard. Spike s’apprêtait à faire de même, mais Maxime, au lieu de se remettre au lit, enfilait à présent sa robe de chambre, visiblement bien décidé à ne pas se recoucher. Sous l’oeil perplexe de l’assistant, il quitta la chambre, longea le couloir jusqu’à l’escalier et disparut en direction du salon.
Plusieurs bouteilles vides jonchaient la table basse, éclairées par la lumière dorée des chandelles. Sur le divan, l’humain avachi piquait du nez, les paupières prêtes à se fermer. La sonnerie de la pendule le réveilla soudain, au moment même où il allait s’endormir. Il respira un bond coup, se redressa en s’étirant et jeta un oeil au cadrant. Deux heures ; il était plus que temps de retourner au lit. Il attrapa une bouteille encore pleine, la fourra la poche de son peignoir et, sans prendre la peine de ranger, il quitta le salon et remonta escaliers et corridors en direction de sa chambre. Une fois dedans, il referma doucement la porte mais s’immobilisa, la main sur la poignée. Il n’était pas seul. Quelqu’un se tenait face à la fenêtre, tourné vers le dehors. Une grande jument bleu marine, à la crinière ondoyante. Maxime croisa les bras en soupirant. La jument se tourna, son regard de saphir braqué sur lui.
- Vous voilà donc, lâcha-t-elle. J’étais très curieuse d’enfin vous rencontrer.
- Ah ouais ? Et je peux savoir pourquoi ?
Le regard de la jument se durcit.
- Cela fait déjà plusieurs soirs que je vous observe. J’ai entendu d’étranges histoires à votre sujet et j’ai décidé de venir voir par moi même ce qu'il en était réellement.
- C’est vous qui êtes rentrée ici hier soir, pas vrai ? grinça Max en levant le sourcil.
Pour toute réponse, la jument bleue esquissa un sourire.
- Il est rare que les poneys se réveillent en ma présence. J’ai été prise de court.
- Si j’avais assommé Spike, ça aurait été de votre faute. Et je ne suis pas un poney.
- Vous semblez tout de même étonné de me voir, répondit-elle en retrouvant son sérieux. Sans doute ignorez-vous qui je suis ?
Le bipède rabaissa le sourcil, agacé. Sous le regard de Luna, il fit un pas vers le lit et se laissa tomber dessus.
- Je suis la princesse de la nuit, maîtresse de la lune et des étoiles, gardienne du sommeil et reine de rêves et des cauchemars, annonça l’alicorne marine en s’avançant.
- Ça va, je le savais, grinça l’humain. C’est censé m’impressionner ?
- Mon devoir est de veiller sur les songes de tous les habitants d’Equestria, qu’ils soient poneys ou non. Et lorsque je me penche sur les vôtres, je n’y vois que tristesse et confusion.
- Une fois, j’ai rêvé que je n’arrivais pas à dormir, répliqua Max.
- Vous semblez passer de bien tristes nuits.
- Pareil pour les journées, mais ça va mieux avec ça.
Toujours couché sur le dos, il sortit la bouteille de sa poche et, dans un geste insistant, la tendit vers l’alicorne. Avec un léger soupir, elle activa sa magie et la décapsula. Sans un merci, Max porta le goulot à ses lèvres.
- Vous êtes venue pour quoi, au juste ? fit-il après avoir bu.
- Vous êtes pétri de craintes, et celle de ne pas pouvoir rentrer chez vous n’est pas la plus grande. Plus que d’être confronté à la fatalité, vous craignez de l’accepter et de vous y soumettre.
- Et c’est grave, docteur ?
- Croyez-vous au destin, monsieur Maxime ?
La question, posée d’un ton grave, fit se redresser l’humain. Luna le fixait toujours, son regard millénaire braqué sur lui.
- Qu’est-ce que ça peut vous faire ?
- Parce que de cela dépend la réponse à la question suivante, et elle est importante : que ferez-vous s’il s’avère n’est pas possible de vous renvoyer chez vous ?
L’humain se laissa retomber sur le lit et but une autre gorgée.
- Et vous, vous n’avez pas un truc en réserve pour m’y renvoyer, chez moi ? Il parait que vous êtes plutôt calées, vous et votre soeurette.
- Si c’était aussi simple, ce serait fait depuis longtemps. Et vous ne répondez pas à ma question.
L’humain soupira.
- Je creuserais un trou, je me mettrais au fond et je boirais jusqu’à être sûr de ne plus jamais me réveiller.
Il ramena la bouteille à sa bouche pour une autre gorgée.
- Z’avez pas envie de vous en mettre une avec moi ? lança-t-il à Luna. Il en reste un casier en bas.
La princesse de la nuit le toisa, intimidante, cependant un petit sourire se dessinait sur ses lèvres.
Ce fut le bruit de la porte d’entrée qui réveilla Twilight. Le bruit de la porte ainsi que celui, discordant, de quelqu’un qui braillait à pleins poumons, sans se soucier des habitants du château encore endormis.
- Cette fois, je le mets au pilori, grommela la ponette en s’extrayant des draps.
Sans même prendre le temps de se brosser la crinière, elle sortit de sa chambre et fila vers le hall d’entrée. Sans surprise, elle y retrouva Max, passablement éméché. Mais, à son grand étonnement, il n’était pas seul.
- Princesse Luna ? Mais… Qu’est-que que vous faites là ?
- Oh, Twilight Sparkle, quelle joie de te revoir !
L’alicorne bleue, titubant légèrement, s’avança pour faire un câlin à sa consoeur. Derrière elle, Max éclata de rire. Twilight lui jeta un regard noir.
- Tu vas me dire ce qui s’est passé, ou sinon…
- On est devenu potes ! Tiens, regarde !
Il pointa alors sa propre poitrine, où brillait le pectoral de Luna. Le regard de Twilight s'enflamma mais, avait qu’elle ne se mette à crier, l’alicorne marine lui mit le sabot sur la bouche. Une vague odeur de bière s'élevait de sa crinière.
- Écoute, Twilight Sparkle, fit-elle en louchant légèrement. Cette nuit, j’ai découvert quelque chose d’important sur l’amitié. Il faudrait écrire une lettre pour l’expliquer à ma soeur, pas vrai ?
Max éclata à nouveau de rire. Twilight devait se retenir pour ne pas lui mettre une gifle.
- Euh, qu’est-ce qui se passe ? fit Spike, lui aussi réveillé par le bruit.
- Rien, grinça Twilight. Aide-moi à les mettre au lit.
Sans lui laisser le temps de poser d’autres questions, elle épaula Luna pour l’aider à monter à l’étage, laissant au petit dragon le soin de pousser l'humain.
Une dizaine d’heures plus tard, la princesse lunaire profita du crépuscule pour quitter discrètement le château, à l’abri des regards. La nuit qui s'ensuivit fut l’occasion de rêves étranges pour de nombreux habitants d’Equestria, qui se réveillèrent le lendemain avec une vague mais tenace impression de gueule de bois. Maxime, quant à lui, et pour la première fois depuis son arrivée, se réveilla frais comme un gardon, sans aucune trace de mal de tête.
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Equestria avec une gueule de bois généralisé sauf pour Max! Ben dis donc!
Luna c'est pire que qu'une Mastercard! Faut pas sortir sans elle! Un vrai remède universelle! ^^
@Acylius, y as pas a dire, j'adore l'histoire de ton alcolo dépressif. Sa place dans mes favoris est plus que mérité.