« Tout est en place ? »
Dans l’aube naissant, sur l’un des toits de Manehattan, quatre griffons observaient une banque. Ils portaient des blousons noirs avec "Wings & Talons" écrit dans le dos. Chacun portait un masque d’où dépassait un bec épais pour les mâles. Le premier, des plus agités, portait un masque de clown et ne semblait pouvoir s’arrêter de glousser et de trembler. Son comparse, juste à côté, avec une musculature plus développée que la normale pour un griffon, portait un bandana et un béret. Un peu plus en retrait, juste derrière avec une attitude ultra-protective, se trouvait un jeune et mince individu, plus petit que les autres, il portait un masque simple portant les couleurs de l’arc-en-ciel. La quatrième et seule femelle du quatuor portait quant à elle lunettes de soleil et masque médical.
« J’ai le matériel Dagan, répondit-elle. On se lance dans combien de temps ?
-Poil aux dents… Hi hi.
-Tcht. Jester, au pied, calme. Normalement, on décolle dans… trois minutes. »
Alors que le dénommé Jester se plaqua sur le sol en imitant divers sons canins tout en remuant sa queue de lion, Dagan se tourna vers la griffonne, sa voix se faisant beaucoup plus grave.
« Aurora… tu te doutes qu’en ce moment, avec les temps qui courent, tu ne pourras pas faire comme d’habitude ? »
L’intéressée baissa la tête, attristée, et se contenta d’un hochement de tête. L’ambiance devint plus pesante en plus du stress qui devenait de plus en plus palpable. "On pourra bientôt déchirer toute cette négativité à coup de griffes" aurait certainement lancé Jester, mais on lui avait dit de se calmer, alors il se contenta de trépigner, remuant son popotin sur place comme un félin repérant une proie. Le quatuor resta silencieux, attendant l’heure.
***
« Maman ? C’est qui l’étalon ? Pourquoi il est aussi grand ?
-Chhhhut… Ne fais pas attention à lui. »
Comme d’habitude, il attirait tous les regards, mais il en avait (hélas ?) l’habitude. Et comment pouvait-il faire autrement ? Il devait faire lui-même attention pour ne pas bousculer les petits poneys qui ne lui arrivaient même pas au menton. Il portait un manteau noir très long le recouvrant jusqu’aux flancs. Il était immense et avait une carrure très épaisse. Il cachait comme il le pouvait sa tête sous un grand chapeau à large bord. Mais visiblement tout son attirail sensé le rendre plus discret ne semblait que le rendre davantage visible, ce qui était gênant. C’est que ça coûte cher tout ce bazar ! Et au final, ça n’a pas le résultat escompté, j’vous jure, on n’y comprenait rien. Il leva la tête et souffla en observant la banque. Bon, on y entre, on retire les bits du mois et hop, on se tire vite fait, pensa-t-il. Il ne travaillait pas beaucoup en ce moment, donc il pouvait en profiter pour se consacrer à sa passion, au calme, dans son appartement miteux. Il en avait hâte et il commença à sourire en y pensant. Il regarda son sac reposant contre son flanc. Oui, son projet était bientôt terminé. Cela allait-il lui plaire ? Son cœur résonna aussi fort que les tambours de guerre à cette pensée.
***
« Préparez-vous, il ne reste plus qu’une minute.
-On est déjà prêt.
-Tu radotes, comme toujours.
-Oh hey ? Et le respect des ainés alors ? Tss j’vous jure les jeunes… »
***
Inconscient de tout ce qui se tramait, Geek Writer s’était rendue au DailyMane plus tôt que d’habitude pour avoir une entrevue avec son patron. Elle posa son sac à côté de sa place habituelle, près de la fenêtre. Son bureau était l’un des plus remarquables : il était sobre mais il était aussi parsemé d’autocollant ayant trait à plusieurs univers de la pop culture poney. Ici et là, un dragon issu de Dracoland, le fameux jeu d’action avec moult armes aléatoires, un dessin de Sketchy Paw, son amie de Ponyville, qu’elle avait transformé en autocollant grâce à un peu de magie… Sans parler de la revue mensuel des Power Ponies traînant sur le coin du bureau et son coffre de jeu de carte, Friendship Duel, traînant dans le coin opposé.
Elle eut un soupir, sentant le courage commencer à lui manquer. Elle ouvrit son sac avec sa magie et en retira son article dédié à l’hôpital et à l’avancé des recherches sur les terreurs diurnes. Pour une fois, elle était parvenue à rester objective en tout point. Elle en avait fait l’effort supplémentaire car elle devait être irréprochable. Elle avait parsemé l’article de photos pour prouver chacun des faits, pour étayer chacun de ses arguments.
« Tient, bonjour Geek Writer. »
Wright Quill venait d’arriver. Il déposa son chapeau et sa veste avec dextérité malgré l’utilisation exclusive de sa bouche. Il pourrait utiliser sa magie lui aussi, mais il était de la vieille école. Chez lui, la magie, c’est seulement en dernier recours, c’est les jeunes qui l’utilisent à tout va comme pour prouver qu’ils en ont une qui fonctionne. Et puis, si les terrestre et les pégases s’en sortaient très bien sans, pourquoi devait il l’utiliser sans cesse ?
« Je ne t’attendais pas si tôt. »
Il comprit rapidement à son silence et à l’expression embarrassée de la ponette à robe grise que quelque chose n’allait pas. Il garda le silence tout en observant son employée : était-elle pour la première fois confrontée à quelque chose de trop gros pour elle ? Tous les bons journalistes passent par là un jour dans leur carrière. Et si cela n’arrive pas, c’est soit que vous êtes dans un trou paumé, soit vous n’avez vraiment pas de chance, soit vous êtes incompétent. Ou attaché de presse (ces poney qui passent presque pour des journalistes mais qui servent juste à faire de la pub).
Les deux poneys se jaugèrent un instant, l’une se demandant comment aborder son sujet et l’autre sachant déjà quel chemin elle était en train d’arpenter. Tout allait être compliqué pour elle bientôt. La situation à Manehattan était déjà difficile. L’une savait que ça allait être une bombe politique pour la cité… l’autre se doutait déjà de la nature des mots se trouvant sur les papiers tenus par l’aura magique de la jument.
Elle s’avança alors et décida de le confier au directeur du journal, sans un mot.
Il entama alors sa lecture, lui aussi dans le silence, relisant parfois certains passages, étudiant attentivement les photographies dans les moindres détails. Finalement, il déposa le travail de la journaliste sur son bureau et analysa les éventuels sentiments de sa jeune protégée.
« Nous savons ce qu’il va se passer quand tout cela sera publié. Nous connaissons les risques et tu ne serais pas là si tu ne voulais pas les prendre. Tu aurais juste pris le discours du poney et tu serais ensuite partie te couler un bain bien chaud. Je vais prendre ton travail et faire le mien : prendre toutes les responsabilités pour que tu puisses continuer à délivrer la vérité. Tu seras la plume et je serai le bouclier qui te permettra de continuer de tracer l’information pour que tout le monde puisse l’avoir sous les yeux.
-Ça m’ennuierait que…
-Et moi ce qui m’ennuierait, ce serait de m’en sortir pendant que ton expression à toi est muselée. Non, si quelqu’un sautera avec ça, ce sera moi. Et je ne t’en laisse pas le choix, c’est moi le boss. »
La jeune jument déglutit. Le boss allait tout se prendre sur le dos. Il avait pourtant une famille, mais il est prêt à prendre le risque. Elle avait toujours eu du respect pour lui, mais sur le coup, elle ne put s’empêcher de le trouver plus formidable encore.
« D’accord patron. La vérité sera dévoilée. J’espère juste que vous n’aurez pas à trop subir par ma faute
-Ce ne sera pas pire que de subir Hard Mouth quotidiennement. Bon, tu peux prendre ta journée. »
Geeky hocha la tête. Pour elle, une journée de pris n’est qu’une journée de travail mais en dehors du bureau. C’était très rare qu’elle s’enferme dans son appartement et qu’elle s’affale dans le fauteuil sans rien faire. Son cerveau fonctionnait déjà à plein régime à l’intérieur de son crâne alors qu’elle sortait dehors.
***
« On y va. »
Le ton était calme et comme un seul griffon, les quatre individus, mi-lion mi-aigle, sautèrent du toit pour planer jusqu’au toit de la banque. Ils atterrirent en synchronisation sur le dessus de la bâtisse et chacun se positionna. Très rapidement, Aurora commença à farfouiller dans la boîte à fusible et sabota l’alarme d’une griffe experte. Jester s’empara de ventouses qu’il harnacha à ses pattes antérieures et commença à descendre le long du mur vers une fenêtre donnant sur le hall. Dagan et le quatrième larron se positionnèrent sur l’accès à l’escalier permettant aux poneys de monter sur le toit.
« Dagan, Flitze. Alarme coupée. »
Les deux griffons acquiescèrent et collèrent leur oreille à la porte. Rapidement, les deux collègues purent entendre le bruit distinctif des sabots d’un des gardes de la sécurité venant vérifier le toit par routine. Il n’eut même pas le temps d’étouffer un cri que Flitze lui fondit dessus pour le renverser et le bâillonner pendant que Dagan s’occupait des pattes du garde avec une corde. Si le garde aimait le rodéo, il devait être heureux, même pas trois seconde furent nécessaire pour le neutraliser. Rapidement, le chef du quatuor se mit à descendre les escaliers en lançant à son équipe : « Tout le monde rejoint sa position d’assaut ! »
Suivi de Aurora et de Flitze, Dagan descendit les marches quatre à quatre, assommant d’un revers de la patte un autre garde que ses deux compagnons transformèrent en saucisson. Ils se séparèrent ensuite, se dispersant dans le bâtiment pour encercler leurs futures victimes. En un rien de temps, ils étaient à leur poste, prêt à démarrer la troisième phase du braquage.
***
« Je viens retirer mon salaire payé par le DailyMane. J’imagine que vous allez encore me demander mes papiers d’identités et tout le toutim ?
-Bien évidemment monsieur Soft Driver.
-Alors que vous n’avez rien demandé au poney juste avant moi ? »
La licorne se tenant au comptoir regarda l’immense quadrupède avec déférence, redressant son monocle d’un léger mouvement de sabot.
« Ce que vous dites est juste, mais ayez conscience que votre physique ne nous enclin pas à la tranquillité. Donc, pour vous, nous sommes obligés d’être beaucoup plus tatillon sur les règles. »
Soft Driver soupira et se contenta de sortir tout le barda nécessaire. Inutile de discuter avec ce pauvre gus, il ne faisait qu’appliquer les ordres. C’est au patron qu’il devrait refaire la tête en carré pour tant d’injustice.
C’est alors que de grands fracas retentirent de tous les côtés, suivit des cris de panique et d’une pluie de verre brisé. Bientôt, ce fut le chaos alors que Soft Driver commença à être bousculé par les poneys qui cherchaient à fuir la source des agressions, au point que l’on manqua d’abandonner son conjoint ou de renverser et d’écraser son prochain. D’autre cris retentirent, demandant aux poneys de se rendre, de ne plus bouger avec diverses menaces. Une voix beaucoup plus forte venant d’un griffon coiffé d’un béret et masqué d’un bandana contre le bec, au physique de brute, au plumage rouge et au pelage gris se démarqua, calmant tout le monde dans la banque. Trois autres individus tout aussi masqué mais aux couleurs plus habituelles le suivaient, mais tous portaient le blouson du gang des griffons tristement célèbre à Manehattan.
« A tout le monde, poneys et autres, nous ne vous ferons aucun mal sauf si vous nous y obligez… Veuillez préparer tous vos objets de valeurs pendant que notre camarade s’occupe de vider le coffre. Merci et désolé de pourrir votre journée. »
La femelle du groupe tendit alors un sac au clown tremblotant et délirant qui se dirigea vers le coffre. C’est alors que les trois griffons restant focalisèrent leur attention sur Soft Driver, petit à petit, ils en eurent le bec bé.
« Oh bon sang…
-Un cheval… »
Ils s’approchèrent avec prudence de Soft Driver et acquiescèrent : ce museau épais et beaucoup plus proéminent, cette taille et cette musculature… Aucun doute, l’un des lointains cousins plus ou moins préhistoriques des poneys se tenait là, devant eux. Son pelage fin était d’un noir profond, sauf au milieu de sa tête, jusqu’au bout de ses naseaux, où la couleur était blanche. Il avait un crin d’un blanc presque argenté et des yeux d’un bleu marin.
« Ho toi… Quel est ton nom ?
-Soft Driver.
-On est les Wings & Talons. Tu nous connais je suppose.
-Oui.
-Tu va nous poser problème ? »
Malgré la force du nombre, la question se posait réellement : les rares chevaux encore en vie n’étaient pas connus pour être des enfants de cœur comme les poneys. Ils pouvaient être de véritables brutes et deux d’entre eux étaient bien suffisant pour anéantir trois ou quatre villages avant d’être arrêtés par la garde. Après un certain temps, le cheval se décida à répondre :
« Non. »
Soulagement chez les griffons. Regard noir des poneys.
« On va prendre ton sac par contre.
-Non. »
Mouvement de recul chez les griffons sous le regard noir de Soft Driver. La totalité des poneys présents dans la banque retinrent leur souffle.
« Qu’est-ce qu’il y a de si précieux dans ton sac Soft Driver ?
-Chef… On peut le lui laisser non ?
-Non, s’il y a quelque chose de précieux dedans, il faut le prendre. Chaque Bits compte. »
Mais le cheval garda le silence, fixant les bêtes ailées, prêt à réagir au moindre faux mouvement de leur part et de leur coller une correction qu’ils n’oublieront pas de sitôt. Dagan s’avança lentement vers le destrier noir. Il le dépassait peut être de trois têtes, mais il avait confiance en sa force. Cependant, la Garde allait certainement s’apercevoir que quelque chose n’allait pas, ou un poney allait en profiter pour se faire la malle si ça continuait. Il allait devoir tenter le bluff.
« Tu veux défendre tes biens. C’est ton droit… et tu as raison. Mais à trois voire quatre contre toi, qu’on ait une chance de victoire ou pas, on va causer du grabuge. On va forcément finir par blesser quelqu’un. Je ne veux pas ça, et toi ? »
Le braqueur observa sa victime qui garda le silence. Au bout de quelques secondes qui semblèrent durer une éternité, le cheval noir défit son sac de ses flancs et le laissa tomber dans un bruit mou. Enfin… Il sembla entendre une sorte de tintement, certainement une bouteille mais Dagan n’en était pas sûr.
Quelques dizaines de minutes plus tard, les griffons partis, les poneys reprirent leur souffle. Alors que les plus calmes partirent pour prévenir la Garde, le poney au comptoir rougit un instant en observant le cheval qui aurait très bien pu passer outre le bien de ses lointains cousins pour défendre ses affaires.
« Désolé monsieur Driver… mais nos coffres ont été vidés.
-C’est rien… Je dois y aller. »
***
Geeky était installée sur l’une des machines du café à jeu de sa cousine Dungeon Maker. Elle jouait à l’un de ses jeux en coopération favori, le micro-casque sur les oreilles, une manette à magie licornienne posée sur le bureau. Le jeu en question était Dracoland, un jeu d’action où des dragons adolescents chassaient un trésor ancestral avec moult armes de corps à corps magiques aléatoires. Elle jouait d’ailleurs avec son amie de Ponyville à cet instant même… Sauf que…
« Oh Sketchy ! C’est moi la spécialiste des armes d’hast, arrête de tout piquer !
-Beh et toi alors ? Tu viens de me prendre la grosse hache de haut niveau.
-Bon attend alors, on va faire un échange et refaire le point sur le butin. »
Leurs deux avatars draconiques s’immobilisèrent sur l’écran et un menu apparut.
« Comment ça se passe le boulot Geeky ?
-Oh… Je rentre dans la sphère très compliquée et piégée des polémiques…
-Comment ça ?
-Ben ? Tu n’es pas au courant ?
-Non, on ne reçoit plus rien de Manehattan depuis des semaines ici. »
La journaliste garda le silence, pensive, donnant mollement la hache vorpale de feu à froid dentée très rare à l’avatar de son amie.
« Je te donne tout ?
-Non, je ne vais prendre que les meilleures, le reste tu pourras vendre. »
Elle indiqua ses préférences sur l’écran.
« Que veux-tu dire par rien ?
-Aucun magazine, journaux ou même les produits. Rarity crise parce qu’elle a dû commander du tissu et des matériaux autre part. »
Un blocage complet mais sans aucune prévention de la royauté ? Ou d’avertissement tout court ? C’est étrange. Surtout qu’il y avait bien de l’importation, sinon la ville serait au bord du chaos et de la famine.
« Euh… Geeky ?
-Oula… désolée, j’étais dans mes pensées.
-Je t’ai donné une idée pour une fois ? »
La jument à la crinière mauve et verte se réserva de répondre que son amie de Ponyville lui donne toujours de l’inspiration concernant certaines de ses œuvres, mais elle ne pût s’empêcher de sourire.
« Oui. On termine cette quête et j’y vais. Je vais avoir beaucoup à faire prochainement. »
***
Le butin était presque en fin de triage. Pas de partage, tout allait à la communauté. Les quatre braqueurs étaient à présent en compagnie d’un griffon d’âge vénérable qui portait non pas la veste de cuir habituelle des Wings & Talons, mais plutôt une bonne vieille redingote d’une autre décennie.
« Hum. Bon boulot les gars. »
Un compliment ! C’était rare.
« Et le gros sac là ? C’est quoi ?
-Ca appartenait à un cheval. On a commencé par celui-là, mais il n’y avait pas grand-chose. »
Le doyen de la bande se rapprocha du sac, quand soudain, qu’un raffut du tonnerre commença d’émettre de l’autre côté de la porte. Certainement les camarades qui commençaient à faire la fête suite à la réussite de leur braquage. Comme tout le gang était situé dans un hangar au beau milieu d’une zone industrielle, ils n’étaient que très rarement embêtés lors de leur fête. Ça arrivait parfois, mais il valait mieux être sûr de soi, parce que le gang avait tôt fait de dépouiller les curieux avant de mettre leur patte arrière dans la croupe des curieux.
Le vieux griffon farfouilla le sac avant de le renifler.
« C’est un cheval vous dites ?
-Ouaip.
-Il transportait du parfum dans ce sac.
-Oui. Il a dû les casser exprès en nous le filant. C’est bête, on peut en tirer pas mal de bits avec ça.
-Vous vous êtes rendu compte que c’est du parfum pour ponette ?
-Euuuh… »
Tout le monde se tourna vers la femelle du groupe encore présente et en train de bouder.
« Quoi ? On ne m’avait rien demandé.
-Dagan…
-Excuse-moi Matthew, mais en quoi c’est un problème ?
-Parce que les chevaux ont les sens beaucoup plus aiguisés que celui des poneys. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont perçus comme des ancêtres sauvages voir préhistorique.
-Tu veux dire…
-Il a brisé les bouteilles de parfum pour pouvoir vous suivre et récupérer ses biens. Et à mon avis… »
Il avisa le silence de mort qui s’était abattu pendant leur conversation.
« Il est déjà là… »
La porte se fit alors défoncer dans un fracas assourdissant alors qu’un camarade griffon vola à travers la petite pièce, traversa le mur, et atterrit dans un bruit mou un peu plus loin. Le destrier sombre entra dans la pièce, frais comme à l’aube, sans une trace de coup sur le museau. Les quatre jeunes se regroupèrent devant leur doyen, prêt à en découdre.
« Mon sac je vous prie… »
Le doyen, bien qu’étant le seul à garder son sang-froid, n’était pas non plus un idiot : si ce cheval venait d’aplatir leur gang à lui tout seul, ce n’était pas eux cinq dont un vieil emplumé qui allait faire la différence. Il prit le sac dans sa serre et le lança au destrier noir qui l’attrapa avec sa bouche avant d’examiner son contenu.
« Il manque un truc dedans… »
Tout le monde se mit en position défensive, prêt à se fonde dessus pour une mêlée visiblement perdue d’avance pour les créatures de poils et de plumes. Soft Driver banda ses muscles, comme pour s’épaissir, souffla l’air brûlant de ses naseaux et tapa du sabot sur le sol.
Puis la porte s’ouvrit, une petite griffonne sur le seuil, un carnet sous la serre. Elle observa les deux parties en présence avant de soupirer doucement.
« Soft Driver ? J’ai votre carnet. »
Détente général. Certains griffons essuyèrent leur front suintant de sueur froide. Soft Driver se tourna vers la petite ailée et l’observa. Un visage juvénile, mais souriant, sans trace de peur aucune. Un mignon petit nœud rouge dans les plumes qui jurait horriblement avec sa veste de gang.
« Je me suis permise de l’emprunter pour le recopier. Son contenu est d’une grande beauté. Je l’ai lu aux jeunes et ça les a apaisés quelques peu.
-Aux jeunes ?
-Vous pensez que la maladie frappant notre ville ne touche que les poneys ? »
Soft Driver aurait bien répondu qu’il aurait espéré que ça ne touche que les poneys, mais il savait bien que les minorités étaient laissées de côtés pour des raisons qu’il lui paraissaient bien compliquées.
« En tout cas, merci beaucoup. Je vous paie votre travail là maintenant, et pour un éventuel prochain recueil, je vous le reprendrai pour cinq cents. »
Le cheval cligna des yeux, gardant sa contenance. Ce recueil de poème représentait beaucoup pour lui, mais n’avait jamais représenté une potentielle source de revenu. Il était destiné à quelqu’un qui lui était précieux, et ce n’était pas son compte bancaire.
Il se contenta de tendre le sabot pour serrer la serre tendue de la griffonne. Il glissa ensuite le recueil et le sac de bits dans son sac avant de se tourner et de quitter le hangar. Matthew prit alors la parole :
« Euh… Tu étais sûre de toi Jess ?
-Ce n’est pas du bluff… Son recueil de poème a vraiment un effet positif sur les jeunes.
-Ils arrivent à t’entendre sur le navire que l’on a affrété pour tous les regrouper ?
-Oui, le temps que je lise un poème, ils s’arrêtent soudainement. Ils ne semblent pas avoir conscience de ma présence, mais ils étaient ensuite beaucoup plus calme.
-Mais… il n’y avait que des niaiseries dedans. Des trucs qui ne valaient même pas la peine d’être lu.
-Ahhh… Matthew… Il y a tant de choses que vous, les mâles, ne comprenez pas. Viens Aurora, on a du travail auprès des malades. »
***
Soft Driver était finalement content de sa journée : cela avait certes mal commencé avec une queue de trois heures et un braquage où il s’était fait dépouillé, mais il avait terminé avec une bonne bagarre des familles et l’équivalent de trois mois de salaire. Juste formidable. Il s’installa dans son canapé défoncé et observa longuement son recueil. Allait-il avoir des idées de mots doux supplémentaires envers son être aimé ?
Tient, des coups de sabot à la porte…
« Soft Driver ? T’es là ? »
Ah mince ! C’est elle ! Vite ! D’un mouvement large de sabot, il planqua son recueil sous le canapé et se leva pour ouvrir. Une ponette à chapeau noir, robe grise et crinière violette à reflets verts entra alors. Ils frappèrent leur sabot l’un contre l’autre puis ils s’installèrent pour le thé.
« Alors ton enquête Geeky ?
-Je pense avoir une piste… Il faudra que tu prépares la voiture pour une planque.
-Très bien. Tu vas observer qui ?
-La Mafia.
-Les Easy Money ?
-Oui. »
Le destrier sentit la sueur s’accumuler subitement sur son front. Il n’était pas prêt d’être tranquille et les prochaines semaines s’annonçaient plus que risquées. Et s’attirer les foudres de la mafia, ce n’était pas un coup à perdre son argent, c’était aussi un coup à perdre ses amis, son toit et… tout ce que l’on aime en général.
« Tu es sûre de ce que tu fais Geeky ?
-Non… Mais je n’ai rien d’autre pour le moment. »
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