J’ai cligné quelques fois des yeux et je me suis un peu tortillé à cause du filet de lumière qui passait à travers les rideaux. Le soleil était levé, mais juste à peine, et j’étais dans la même position que celle où je m’étais endormi. Je ne pense pas que j’ai bougé le moindre muscle cette nuit-là. Mon corps tout entier avait cette géniale lourdeur que tu ressens dès que tu te réveilles. Même si tout est raide - et je veux dire tout - tu es trop bien installé pour ressentir la douleur. Je n’avais pas été aussi reposé depuis des semaines.
Sans bouger, j’ai pris la première inspiration du matin, bien, profonde et lente. Un reste de l’odeur de Braeburn traînait sur l’oreiller, mais c’était mélangé avec la mienne. C’était… bien. Je voulais me réveiller en sentant cette odeur chaque matin. J’ai caressé l’oreiller du museau et pensé, ‘Hé, pourquoi pas chaque matin ?’ Un rêve éveillé remplissait mes pensées, mais très vite, je suis revenu à la réalité. ‘Bon, d’une, tu le connais à peine, et de deux, il deviendrait sûrement dingue si tu essayais encore de le remettre au lit.’
J’ai roulé sur mon dos et regardé le plafond. La peinture s’écaillait.
Je continuais à penser à me remettre avec Braeburn, comment il ferait le timide au début et comment je le ferais tomber sous mon charme. Puis il dirait quelque chose du genre qu’il pourrait pas se donner à moi, mais je sourirais un peu et pleurnicherait d’une voix joueuse et grave. ‘Mais je te veuuuuux.’ Et puis il deviendrait incapable de résister. Je me suis imaginé prendre le contrôle, passer ma langue sur sa poitrine en le faisant couiner, et puis les choses deviendraient vraiment intenses.
C’était assez hot et, ben, ouais, je sais ce que tu penses, mais je l’ai pas fait. Je te le jure. Ça aurait été trop bizarre dans le lit de sa tante. En plus, avec mon bol, Macintosh serait sûrement entré juste quand j’en finissais.
A la fin, j’ai pris une autre lente inspiration et décidé que j’étais complètement nul à tout ce truc du planning - je le suis toujours - et puis j’ai pensé que j’improviserai quand je le trouverai. ‘Si je peux simplement m’excuser, alors… qui sait ? Je n’ai sans doute aucune chance avec lui, mais…ça vaut le coup, non ?’ Je me suis débarrassé des pensées dans ma tête en réalisant le silence dans la pièce. Je ne voulais pas commencer une nouvelle journée du mauvais sabot.
Avec un peu d’effort, j’ai roulé hors du lit et je me suis étiré de tous côtés. J’ai beaucoup grogné, je me suis beaucoup pincé les lèvres, j’ai beaucoup bâillé, et j’ai pensé, ‘Si je me fais virer des Bolts, au moins, je pourrais faire la grasse matinée tous les jours’. J’adore faire la feignasse.
Je suis sorti dans le couloir et j’ai volé en descendant les marches pour détendre mes ailes. En arrivant en bas, j’étais accueilli par l’odeur de pommes et de la pâte à frire, et le son de quelque chose qui se retournait suivi d’un grésillement. Je savais qu’il ne fallait pas surprendre Macintosh, alors je me suis raclé la gorge et me suis annoncé moi-même en trottant dans le coin puis dans la cuisine. « Boooonjour, Monsieur Apple ! » J’étais super heureux ce matin-là. Je n’aurais sans doute pas dû l’être, mais c’était le cas.
Avec la spatule tenue adroitement dans sa bouche, Macintosh a déposé un pancake terminé sur une assiette qui en avait déjà une grosse pile. Il a ajouté du beurre sur la poêle chaude et a remis de la pâte. Le grésillement est revenu. C’était réconfortant, surtout quand j’ai regardé la cuisine et que j’ai vu toute la farine, sucre, et tout ce qui va dans les pancakes sur le comptoir - ces trucs étaient faits à partir de rien. Je n’ai jamais eu des pancakes faits maison avant, et je me suis demandé s’ils étaient meilleurs que dans un restaurant.
Macintosh a reposé la spatule sur un repose-cuillère. « B’jour. » Il semblait bien réveillé - ou en tout cas moins léthargique que la nuit dernière - comme s’il était debout depuis déjà des heures. « Café ? » Il a tourné la tête vers la cafetière.
« C’est pas d’refus. » Je suis allé vers le comptoir et me suis servi un mug pendant qu’une brise humide, d’après-orage, est entrée à travers la fenêtre ouverte. Ça m’a fait comprendre combien tout ça était bizarre, que je me réveillais avec un petit-déjeuner préparé par un étranger - tu sais, un avec qui j’avais pas couché - et d’être totalement tranquille face à ça. Je mettais ça sur le compte des bonnes vibrations de Macintosh. « Bien dormi ? »
« Ouaip. »
J’ai un peu soupiré. Ça allait être une longue matinée. « Est-ce que je peux… aider ? »
Il a repris la spatule entre ses dents et a retourné le pancake. Il a parlé la bouche pleine. « Tu peux cuisiner ? »
A mon tour. J’ai tourné ma tête, étiré mes ailes, et lui ai donné mon meilleur « Nnnnnnnon ! » Il n’a pas ri. Braeburn aurait ri.
« Tu peux mettre la table. » J’ai fait ce qu’il m’a dit, empilé quelques papiers sur le bord de la table avant de déposer des assiettes et des couverts. Franchement, j’étais content qu’il me donne quelque chose à faire à part rester là et le regarder, surtout vu qu’il ne me plaisait pas vraiment. Il avait un beau physique, ouais, mais quelque chose à propos de cette peur traînante de me faire démembrer m’éteignait.
Après quelques minutes, le petit-déjeuner était prêt. Macintosh a déposé quelques pancakes dans mon assiette et y a ajouté du sirop d’érable. Il n’en a pas mis assez, mais j’imagine qu’il ne voulait pas me donner tout ce qu’il restait dans cette petite bouteille. C’était bien vu de sa part, et les pancakes étaient assez bons avec ce que j’avais. Pas aussi bons que la tarte de Braeburn, mais au moins autant que la plupart des restaurants où je suis allé.
On a mangés en silence. Je ne voulais pas être le premier à parler, vu que je ne savais pas ce que Macintosh pensait de moi, et j’étais super soulagé quand il a enfin dit, « Tu sembles vraiment prêt à reparler à Braeburn. »
J’ai laissé la fourchette taper sur mon assiette. Ma tête était lourde, et mon regard s’est baissé jusqu’à ce que je passe ma langue dans l’intérieur de ma lèvre. Je suis revenu à la réalité et l’ai regardé dans les yeux. « Oui, m’sieur. »
Macintosh s’est penché en arrière dans sa chaise et m’a scruté. « Pourquoi. » Il l’a dit plus qu’il ne l’a demandé. Maintenant que j’y repense, il voulait sûrement s’assurer que je n’avais pas fait tout un show la nuit d’avant.
« Ben, je- » Je me suis arrêté avant que je puisse cracher le morceau sur toute la conversation à propos des robes et du placard. Si Braeburn avait autant de mal avec qui il était, il n’avait sans doute pas dit la vérité aux membres de sa famille. ‘Je dois être délicat. Être diplomate’, j’ai pensé. ‘… donc je suis condamné.’
J’ai pris une longue gorgée de mon café pour essayer de gagner du temps avant de continuer. « C’est comme je l’ai dit. C’est un gars super, et j’ai vraiment aimé lui parler. Je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de parler et de traîner sans avoir une fan ou quelqu’un qui essayait d’abuser de moi. » Une idée m’a frappé. « Est-ce que Braeburn t’a dit ce que je faisais pour vivre ? »
« Ouaip. »
« Ouais, c’est… » Je ne voulais pas parler des Wonderbolts, alors j’ai évité cette partie. Je n’ai pas remarqué à quel point je parlais rapidement. « C’est super la plupart du temps, mais c’est crevant, tu sais ? Les poneys te dérangent tout le temps quand tu veux juste être seul ou être avec quelqu’un que tu apprécies. »
Macintosh a hoché la tête. Tout chez lui irradiait d’une solennité.
Moi, de l’autre côté, je continuais à parler de plus en plus vite et je commençais à me répéter. « Eeeeet, Braeburn était quelqu’un de super avec qui être. Pour parler. Il était super pour discuter. » J’ai hoché la tête et grimacé. « Il est super. »
Macintosh était stoïque. Il a à peine bougé en demandant comme ça, « C’est tout ? »
« Euh… » Je ne savais pas quoi faire. Je ne voulais pas être pris en train de mentir, mais franchement, qu’est-ce que j’étais censé dire ? ‘Oh, encore une chose. Tu sais le canapé sur lequel t’as dormi hier soir ? On s’est frottés dessus.’
Il a soupiré, fermé les yeux, et secoué sa tête. Après un moment, il a relevé les yeux vers moi, la lèvre inférieure qui ressortait et un sourcil levé. Sa tête se balançait de gauche à droite, et j’ai soudain senti une grande empathie pour le reste des ‘Bolts pendant le one-mare show de Spitfire. J’ai commencé à un peu transpirer. Il a reparlé, « Mais c’est pas tout. »
Mes tripes étaient toutes retournées. J’ai pris une grande inspiration, j’ai vérifié pour m’assurer qu’il y avait au moins une fenêtre ouverte par laquelle je pouvais m’échapper, et j’ai tout lâché. « Et… il me plaisait. » Même si j’essayais de garder les yeux sur Macintosh, je devais les détourner de lui. « Genre… il me plaisait vraiment. » Je ne voulais pas éviter de parler de Braeburn alors j’ai formulé l’histoire du mieux que je pouvais. « J’ai poussé trop fort, et il a… résisté. » Ma voix était grave. Je devais lutter pour éviter de marmonner. « … et je n’ai pas respecté ses limites, et je dois m’excuser, au moins pour ça. »
Mon corps était toujours intact, alors j’ai osé lever les yeux. Macintosh ne faisait que m’observer avec un regard vide. J’ai vu sa poitrine se soulever avec une autre profonde inspiration, suivie par un simple, « Bon, très bien. » Il a tendu le sabot vers la pile de papiers que j’avais rassemblés avant le petit-déjeuner. Après avoir cherché dedans, il a ressorti quelque chose qui était plié en trois et l’a fait glisser vers moi. Je l’ai simplement regardé jusqu’à ce qu’il dise, « Vas-y. »
J’ai essuyé le sirop de mes sabots et déplié les papiers. C’était une lettre.
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Cousin Mac,
J’espère que tu vas bien. Désolé d’être aussi direct, mais je pense que j’ai besoin de ton aide. Pas besoin de paniquer, je ne suis pas en danger, mais j’aurais vraiment besoin d’une oreille amicale.
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Je pouvais entendre sa voix dans ma tête. Son écriture était hasardeuse, et je pensais que c’était mignon. J’ai… tendance à manquer de subtilité.
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Tu dois te souvenir que la tante Honeycrisp fait sa visite annuelle à l’usine d’embouteillage en ce moment, et elle a toujours besoin de quelqu’un de confiance pour surveiller les employés et tout garder en ordre. Après les derniers mois passés à la maison, j’étais plus qu’heureux que de lui donner un coup de sabot pour l’aider. J’avais juste besoin de sortir de la vile, de m’éloigner de tous ces problèmes et d’arrêter de penser à B-Bronze.
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J’ai cligné quelques fois des yeux et regardé encore. ‘Bronze ?’
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Ça semblait être une bonne idée, mais j’imagine que je ne suis pas aussi responsable que je le pensais. Moins d’une journée passée à la ferme et, bon, pas besoin de tourner autour du pot. C’est encore un problème d’étalons.
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J’ai inspiré d’un coup et relevé la tête. Ma mâchoire pendait. J’ai regardé Macintosh, qui buvait son café avec un regard vitreux dans ses yeux. Il a reposé sa tasse et a sucé ses dents.
‘Des problèmes d’étalons ? ENCORE ?’ J’ai secoué ma tête et agité le sabot. « Attends attends attends. Attends. Tu… » Je me suis penché et j’ai tourné ma tête vers la sienne. « … sais pour Braeburn ? »
Son expression n’a pas changé. C’était comme si je lui avais demandé le temps qu’il faisait. « Il me l’a dit en premier. »
Je ne pouvais pas y croire. J’ai lu et relu encore et encore la dernière ligne, en pensant, ‘Mais il avait tellement l’air d’être toujours dans son placard ! Pourquoi il n’a rien dit-‘ Je me suis souvenu. Je ne lui avais pas laissé une chance de dire quelque chose avant que je dégage, et c’est ça qu’il essayait de me dire.
« Oh, PUTAIN ! » J’ai frappé mon visage avec mon sabot et j’ai recouvert mes yeux.
« Ton langage. »
« Oui, m’sieur », j’ai gémi avant de lire plus loin.
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Je sais que tu dois sûrement penser que je suis naïf et idiot et trop accro à l’amour pour mon propre bien, mais j’espère que tu pourras me pardonner et que tu seras là bientôt, pas vrai ? C’est tellement dur de subir encore quelque chose comme ça.
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Ses mots devenaient plus imprécis. J’ai vu quelques froissements au bas de la page. Des taches de larmes.
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Tu sais que je ne te le demanderais pas si je n’en avais pas besoin et c’est tellement pénible de te le demander, mais tu pourrais peut-être venir juste pour une après-midi, non ? Je te paierai le voyage. Je suis à la ferme de la tante Honeycrisp. Je suis désolé. Je devrais même pas avoir à te le demander. Je suis désolé.
Ne t’inquiète pas pour venir ici. Ça m’aide de tout coucher sur papier, et on passera du temps ensemble. Ça ira. Passe le bonjour à la famille.
-Braeburn
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J’ai relu l’entièreté de la lettre.
J’ai commencé à dire quelque chose, puis je l’ai relu une troisième fois. « Mer… credi. »
« Ta nourriture refroidit. »
J’ai reposé la lettre et repris ma fourchette. Ma tête bourdonnait légèrement. Je me suis repassé encore et encore la lettre dans ma tête, et si je n’avais pas eu aussi faim et que je n’étais pas autant distrait par mes pensées, je n’aurais plus mangé de pancakes.
On en a fini, et Macintosh s’est donné une minute pour digérer avant de marcher vers l’évier et d’allumer le robinet. Le son de l’eau qui coulait du bec m’a sorti de mes pensées, et j’ai vu Macintosh jeter un œil vers la vaisselle sale. J’ai compris le message et je l’ai aidé à amener le plateau et les couverts dans l’évier, où Macintosh a commencé à laver.
En laissant pendre une serviette sur mon dos, j’attendais qu’il me passe quelque chose. Les oiseaux chantaient dehors, et la brise faisait bruisser la cime des pommiers, et c’était le seul son en plus de l’eau qui coulait juste à côté de moi. J’avais oublié à quel point la campagne pouvait être calme.
J’ai un peu oublié ce qui se passait jusqu’à ce que Macintosh parle. « J’en pense rien de mal. » Il a gardé sa concentration sur le frottement d’une assiette. « Certains, ouais. Pas moi. J’essaie juste d’être là pour lui. »
Quelques assiettes s’étaient empilées, alors j’ai commencé à rincer. J’étais toujours trop choqué pour dire quelque chose, mais quelque chose m’agaçait suffisamment pour parler. « Pourquoi tu m’as montré cette lettre ? »
« Brae m’a raconté toute l’histoire. Sur toi et lui. » Je ne sais pas s’il avait répondu à ma question. Il ne levait pas les yeux.
Sans savoir où mettre la vaisselle, j’ai commencé à empiler les trucs secs sur la table. « J’ai beaucoup pensé à lui dernièrement. »
« Le p’tit a pas eu une vie facile. » C’était plutôt un dialogue de sourds.
« Qui peut en avoir une ? »
« Les Wonderbolts, je pense. »
J’ai pris l’assiette suivante. Je pouvais voir mon reflet. Le poney bleu avait un regard triste. « T’en as pas idée. »
On n’a rien dit pendant un moment après ça. Macintosh nettoyait tout à part la poêle en fonte. Au lieu de la mettre dans le lavabo, il a frotté du sel à l’intérieur et a juste rince. Je n’ai jamais compris pourquoi.
On a fini nos corvées, et j’avais assez repris mes esprits pour parler. « Tu ne m’as pas répondu. » Macintosh s’est retourné et m’a regardé. Il semblait calme, paisible et doux, malgré la planche cassée de la nuit dernière que je parvenais à voir du coin de l’œil. J’ai attendu qu’il dise quelque chose, mais il a gardé son expression vide sur son visage. J’ai réessayé. « Pourquoi tu m’as montré cette lettre ? »
Macintosh a cligné quelques fois des yeux. « Brae pense que c’est sa faute. »
Je levais les yeux au ciel. « Peu. C’est pas vrai. »
« Peu importe. » Ses oreilles s’agitaient. « Il pense que c’est la sienne. »
Je levai les yeux. Pour quelqu’un qui semblait si simple et ordinaire, il était l’étalon le plus impénétrable que j’avais jamais rencontré. « Je vais quand même m’excuser. »
« Quel intérêt ? »
« Je... » La question a tourné quelques fois dans ma tête, et je me suis un peu effondré. « Je n’en ai aucune idée. »
J’ai failli m’attendre à une réprimande, mais au lieu de ça, j’ai eu un sabot qui s’est posé sur mon épaule. Il voulait que je sois attentif quand j’ai dit, « Sois gentil. » Il a laissé ses mots pendre en l’air pendant une seconde, puis a reposé son sabot et est passé devant moi, vers la porte. « Bonne chance. Tu sais où aller ? »
Je me retournais pour le voir partir. « Ouais. Je dois encaisser un chèque, puis je prends le premier train pour Appleloosa. »
Il a déverrouillé la porte, m’a donné un dernier, « Ouaip », et a disparu dehors, en laissant la porte qui couinait se refermer toute seule derrière lui. C’était moins terrifiant ce matin.
Je me suis penché contre le comptoir et j’ai regardé le verger par la fenêtre. Une douce brise passait, et je pouvais entendre ma respiration. Je me sentais synchronisé avec le vent, mais c’était peut-être ce que j’imaginais. C’était calme, et quelque chose de la simple vie d’un poney de ferme m’a attiré à ce moment-là. L’idée était apaisante. C’était tentant. C’était quelque chose que je pouvais imaginer vivre.
Mais pas maintenant. Bientôt. Je sentais quelque chose de jaune et sexy qui avait besoin d’une oreille amicale, et cette chose me tirait vers le ciel, alors je me suis motivé. « L’académie d’abord, puis Appleloosa. » Je suis descendu du comptoir, j’ai quitté la maison, et j’ai volé vers ma maison.
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Je sors mes yeux de mes notes, puis autour de la cuisine blanche. Le motif de nuage omniprésent commençait déjà à devenir un habitué. « Ici ? Pourquoi ? »
Soarin lève un sourcil et fronce les yeux. « Vraiment ? »
Est-ce que j’ai manqué quelque chose d’important ? Est-ce que j’aurais l’air trop désespéré si je cherchais dans mes notes ? Etait-ce quelque chose ici qui était si nécessaire ?
Il crache de l’air entre ses lèvres, et sa voix devient plus dure. « Mec, l’académie. » Il frappe du sabot sur la table. « La connerie dans le salon. » Une autre tape. « La ville puis retour. » Tape. « Le sexe avec Holli. » Tape. « Voler vers la ferme et avoir une trouille à me chier dessus. » Tape. « Dormir et faire la vaisselle. » Tape.
Je sais. J’ai écouté pendant tout ce temps. J’ai pris des notes sur tout ça. Qu’est-ce que-
« Mec ! J’avais vraiment, vraiment besoin d’une douche. A mort. »
Oh.
J’arrive à ne pas regarder ses jambes tandis qu’il fait signe vers mon verre vide. « T’as fini avec ça ? »
Ben, il était complètement vide, alors, « Oui. »
« Cool », dit-il platement. Il y a une rage dans ses yeux, à peine cachée. Il ne me regarde plus directement, et son dos est courbé de façon agressive en prenant le verre dans sa bouche. Son aile gauche s’agite.
Une partie de moi veut faire comme si je n’avais rien remarqué, mais je ne peux pas ignorer mon intuition. Quelque chose n’allait pas dans cette histoire. En récitant la lettre de Braeburn, il a bégayé sur un mot.
Soarin ramène les verres dans l’évier et commence à les nettoyer. Il bouge lentement cette fois, pas comme quand il remplissait les verres. Je me lève, prends une serviette, et trotte vers lui, en faisant attention de lui laisser de la place.
Soarin a les sourcils froncés. Il regarde intensément les verres qu’il lave, et sa tête se secoue très légèrement en finissant de les nettoyer. Il s’ébroue, et sa queue se balance de gauche à droite. Il fixe la fenêtre. Ou est-ce qu’il regarde son reflet ?
Avec un œil sur Soarin, je commence à faire sécher les verres. Mon pouls s’est accéléré. Je dois parler lentement. « Soarin… » Il ne me regarde pas, mais sa tête s’affaisse. Il doit savoir ce que je vais demander. Plus question de reculer maintenant. « Qui est Bronze ? »
Soarin inspire d’un coup. Ses muscles se tendent, et il ricane. Il grogne une réponse entre ses dents serrées, ignorant ma question. « Alors je suis revenu ici et j’ai pris une douche. »
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Sa ma tuer xDDD