C'est ici que s'achève mon récit, et ma quête de la vérité sur la tristement célèbre Guerre des Poneys.
Les combats ne se sont pas achevé immédiatement après la victoire de l'Empire à Canterlot. Trois jours après, les partisans de l'idée d'une république continuaient de lutter pour tenir la frontière, mais le pari des rebelles avait été trop coûteuse, et le territoire conquis se réduisait comme la nuit laisse la place au jour au petit matin.
Un matin qui ne cessait pas. En célébration pour avoir écrasé les forces hérétiques, la Princesse Celestia avait gardé le soleil levé sans relâche, occasionnant quelques troubles du sommeil chez des poneys habitués depuis des années à une aube permanente. Mais pour beaucoup, les chauds rayons représentaient une paix retrouvée, le retour à l'ordre des choses. Et quelque part, ils étaient aussi content qu'ils n'aient pas à subir une nuit interminable pour fêter l'avènement de la République promise par Luna.
Ici s'achève mon récit, ici s'achève la guerre. Ici s'achève le Ciel Rouge.
Mais ce n'est pas ici que s'achève l'Histoire. Lorsqu'un incendie consume une forêt, les braises restent chaudes pendant longtemps, et il suffit d'un simple souffle pour relancer le brasier. Et, de part le monde, la nouvelle de la fin de la guerre civile allait déclencher une série d'événements qui allait changer à jamais la face de notre monde.
Mais ceci est une autre histoire, une autre vérité, une autre quête.
Cher ami lecteur, je vous remercie pour votre lecture.
True Story.
Ciel Rouge, par True Story, 53 E.S.
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Luna observait l'intérieur de la salle de commandement, laissée dans le même état que lorsqu'elle était partie pour Canterlot. En quelque sorte, il s'agissait du cœur de la République, sa capitale improvisée. Une simple base qui n'accueillait presque jamais l'ancienne Princesse, toujours partie pour un front ou un autre, et tenait plus d'un point de transit que d'un quartier général. Aujourd'hui, un camp désert.
Ironiquement, le voyage de retour depuis la capitale avait été particulièrement rapide. Il était beaucoup plus facile de manœuvrer quand tout ce qu'il restait de l'armée était un nombre ridicule de ses forces spéciales. Ils avaient quand même récupéré Coffee Crime et Black Jack, qui semblait revenir d'une lutte particulièrement difficile, et avaient laissé une ville en flamme et jonchée de cadavre derrière eux. Il leur avait fallut deux jours pour rallier leurs lignes et revenir ici.
Deux jours particulièrement intenses. Les Licornes du Soleil étaient partout, à vérifier les niveaux de magie de tout poney passant par l'un des points de contrôle. Il avait même fallut grimer Black Jack, toujours blessé, en cornue fanatique afin d'éviter les questions gênantes. Un exercice qui ne lui avait pas plus du tout.
Finalement, ils avaient rejoint le territoire de la République. Un territoire qui avait dramatiquement diminué. Le massacre de rebelle continuait, et les partisans en large infériorité numérique ne pouvait que fuir ou mourir en ralentissant le rouleau compresseur impérial. Même ici, ils ne pouvaient assurer la sécurité de l'alicorne pendant plus de quelques jours.
Les rapports n'en finissaient pas sur les radios sans opérateurs. C'était comme si la bataille de Canterlot continuait de les poursuivre, sans pitié ni remords. La nouvelle de la défaite s'était répandue comme une traînée de poudre parmi les forces impériales, et celles-ci s'en donnait à cœur joie pour rendre aux partisans la monnaie de leur pièce. La brutalité reporté était excessive, presque irréelle. La plupart du temps, il n'y avait même pas de prisonniers. Une véritable rage de sang s'était emparé des fidèles de Celestia.
Luna caressa la carte d'Equestria qui était attachée sur le mur. Elle n'avait pas d'autre alternative. Même si les troupes battaient en retraite pour se regrouper, l'effet d'encerclement et le nombre allaient les briser. Les rebelles n'avaient plus les moyens de mener un combat de front, d'avoir un territoire. Elle devait reconnaître la défaite, continuer d'envoyer des poneys à l'abattoir était inutile. Trop de monde avait disparu par sa faute. Il fallait y mettre un terme.
Elle prit une des radio, et se brancha sur le canal général, ainsi que sur les quelques canaux connus des impériaux. Elle ferma les yeux, inspira profondément, et dit d'une voix tremblante :
-Je suis Luna, alicorne de la nuit, chef des armées de la République d'Equestria. Cessez le combat. Nous capitulons.
Ses pattes tremblaient. Ses lèvres tremblaient. Ses yeux s'humidifiait tant elle avait l'impression d'abandonner toutes ces personnes qui avaient cru en elle.
-Je vous en supplie...
Elle s'était effondrée, la tête dans les sabots, luttant pour ne pas que ses sanglots s'entendent.
-Arrêtez de mourir...
D'un geste brusque, elle détruit la radio, et laissait s'échapper son chagrin. Platinum était mort. Clerical était mort. Tout le monde était mort, sous ses yeux, massacrés parce qu'elle les avait embarqué dans ses rêves et ses illusions. Et tout cela, tous ces sacrifices, pour rien.
C'était trop pour elle. Elle n'avait pas fermé l’œil depuis des jours, et la fatigue finit par la rattraper. Elle tomba au sol, et s'évanouit.
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Elle ouvrit les yeux, et fut surprise se sentir un matelas sous son dos. L'alicorne se redressa, et porta un sabot à sa tempe. Les émotions des derniers jours lui vrillaient le cerveau, mais elle fit de son mieux pour se concentrer sur sa situation. Elle était dans l'hôpital du camp, et un coup d’œil à l'horloge lui indiqua que presque une demi-journée s'était écoulée.
Puis elle nota Coffee Crime, qui se retourna quand elle l'entendit bouger.
-Ça va mieux ?
Luna baissa les yeux, et murmura :
-Je ne sais pas.
-Reposez-vous un moment. Vous allez avoir besoin d'énergie quand on va vous évacuer.
-Non.
Coffee haussa un sourcil.
-Pardon ?
-Partez. Laissez-moi. Je saurais me débrouiller.
-Il n'en est pas question.
-Coffee, je...
-Je n'ai pas l'intention de perdre un pari avec Flesh, Princesse.
L'alicorne s'interrompit, ouvrant des yeux ronds. Fière d'avoir capté l'attention de son patient, la jument continua :
-Il était persuadé que vous voudriez nous laisser en plan. Pas que ce soit une grande surprise, on commence à vous connaître. Par contre, ça n'a pas l'air d'être réciproque.
-Je vous demande pardon ?
-Vous pensiez sincèrement que nous allions accepter de partir la queue entre les jambes en vous laissant à votre sort ?
Luna se pinça les lèvres. Evidemment que non. Les Night-Ops et les Fantômes étaient têtus comme des mules.
-Ce que j'ai à faire, je dois le faire seule, déclara l'alicorne.
-Ce que vous avez à faire ? C'est rejoindre la front...
-Non.
Le regard de l'alicorne se tourna vers la fenêtre, et se fixa sur l'astre solaire.
-Faire une guerre a été une erreur. Une erreur que j'ai traîné depuis trop longtemps, et qui a coûté trop cher. Tous ces poneys ne sont pas morts pour que je renonce.
-Qu'est-ce que vous comptez faire ?
-Affronter Celestia. Seule. Je trouverais un moyen de la confronter en tête-à-tête.
Elle reporta son attention vers Coffee, et fut surprise par l'immense sourire qu'affichait la ponette.
-Une seconde...
La jument se dirigea vers la porte de l'infirmerie, qu'elle ouvrit, et elle hurla dans le couloir :
-FLESH, RAMÈNE TA CROUPE ICI, J'AI GAGNÉ !
Une nouvelle fois, Luna ouvrit des yeux ronds.
-Que...
-J'avais bien dit que je comptais pas laisser cet emplumé gagner.
-Vous m'avez coûté dix bits, Princesse.
Flesh fit son apparition, et plaça un petit tas de pièces dans le sabot de Coffee Crime. Windvision et Black Jack suivirent, et tous firent un petit salut de la tête à l'alicorne. L'étalon continua de parler :
-Quelque part ça m'arrange, parce que je commençais à me demander ce qu'on ferait des autres.
-Quels autres, demanda Luna.
-Nous avons quelqu'un à vous présenter, dit simplement Windvision.
Elle s'écarta, et une nouvelle personne entra dans la pièce, fixant la princesse avec des yeux candides et légèrement décalés de leur axe de vision. L'alicorne afficha une réelle surprise lorsque Derpy Hooves s'approcha de son lit de convalescente.
-Derpy ? Mais que faites-vous...
Pour toute réponse, la pégase lui fit signe de la suivre. Hésitante, Luna descendit du lit, et emboîta le pas à la jument silencieuse. Puis, cette dernière lui montra la fenêtre, et l'encouragea à y jeter un œil. L'alicorne obtempéra, et et passa la tête par l'ouverture.
Elle faillit s'étrangler quand elle vit une centaine de poneys, tous en arme et armure, qui firent un salut militaire parfaitement synchrone à l'apparition de l'ancienne Princesse. Derpy se mit alors à parler :
-Nous avons reçu votre appel. Tous les soldats de la République se sont dispersés, et la plupart sont déjà en train de récupérer leur famille pour passer les frontières ou fuir vers le sud.
-Alors, que...
-Eux, ce sont ceux qui n'ont rien d'autre que leurs rêves.
Luna baissa les yeux vers la pégase, qui continua :
-Nous ne voulons pas vivre dans un monde de terreur et de domination. Ce n'est pas l'Equestria que nos ancêtres ont bâti. Ce n'est même pas l'Equestria que Celestia a bâti. Nous continuerons la lutte quoi qu'il arrive. Que vous acceptiez notre soutien ou non. Que nous soyons organisés ou non. Alors, je vous le demande, Luna.
Derpy se redressa, et planta son regard dans celui de la Princesse.
-Acceptez-vous notre aide ?
Luna soutint le regard de la pégase un moment, puis eut un faible sourire :
-Vous m'avez appelé Luna.
Elle secoua la tête.
-Vous tous...
Des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Des larmes de joie.
-Que faudra-t-il pour que vous me lâchiez enfin la croupe ?
-Perso, commenta Flesh, je ferais bien mon pot de départ avec une soupe d'alicorne blanche.
-Flesh ! s'insurgea Windvision.
-Oh non. Après ce que j'en ai bavé, j'ai le droit de dire ce que je veux, merde !
Luna se détourna du spectacle, et parcourut du regard les soldats qui se tenaient à l'extérieur.
-Nous continuerons la lutte.
A ce moment, tous les soldats armèrent leur fusil, pointèrent leurs armes vers le ciel, se tournèrent vers le soleil qui brillait depuis deux jours, et vidèrent leurs chargeurs dessus.
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Une demi-heure plus tard, Luna regardait à nouveau la carte d'Equestria. Il faudrait bientôt quitter cet endroit, car l'armée impériale arrivait rapidement. Il faudrait se cacher. Une centaine de poney, c'était peu, par rapport à ce que l'armée rebelle avait compté dans sa période de grâce. Mais elle n'en avait pas besoin de plus. En réalité, il n'y avait pour le moment qu'une vingtaine de poneys qui feraient véritablement l'affaire pour ce qui allait se passer.
La guerre était finie, mais Luna ne renonçait pas. Et désormais, ce ne serait plus des batailles, des opérations spéciales ou une guérilla telles qu'ils avaient fait une dizaine d'années auparavant. Non, désormais, ils n'avaient qu'un objectif : en finir, terminer ce combat entre les deux Princesses, et arrêter d'y impliquer des innocents.
L'alicorne de la Nuit se dirigea vers la sortie, et pensa à Derpy. Elle se demanda ce qui avait bien pu la pousser à continuer la lutte. Depuis la mort de sa fille, elle avait une phobie incurable envers les armes, et elle avait eu l’occasion de vivre en paix avec le Docteur quelque part à l'étranger en attendant que tout rentre dans l'ordre. Mais elle était revenue, et avait montré à la Princesse que quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle pense, il y aurait toujours des poneys pour la suivre, car ils croyaient en elle.
Luna fit un pas dehors, et entendis des coups de feu venir de plus loin dans le camp.
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Derpy regardait le champ de tir depuis les gradins. En bas, elle voyait Windvision allongée à un bout de la zone, fusil au sabot, tirant vers les cibles situées une centaine de mètres plus loin. Une méthode comme une autre pour se calmer et penser à autre chose.
Ou laisser éclater une rage mal contenue. Il lui arrivait de laisser tomber la précision pour tirer coup sur coup, et déchirer le malheureux carton jusqu'à ce que le percuteur ne rencontre plus que du vide. Jusqu'ici, la jument avait toujours affiché une apparence impassible, mais elle ne pouvait pas cacher ses tourments bien longtemps. Alors elle le faisait ici, à l'abri des regards, hormis celui d'une vieille amie.
L'armée entière avait payé le prix fort lors de cette bataille, et c'était ironiquement des Night-Ops, ceux qui avaient décidé de faire l'ultime sacrifice pour offrir la ville aux rebelles, qui s'en étaient sortis. Mais pas tous. Les spécialistes allaient regretter la perte de leur commandant. Puis ils iraient de l'avant, comme toujours. Ils n'étaient pas connu pour pleurer leurs morts très longtemps.
Windvision était différente. Une anomalie trop ponette pour faire parti de cette foire au monstre, et trop monstrueuse pour appartenir au monde des poneys. Derpy n'avait jamais cru qu'elle partageait la folie des autres Night-Ops, cette volonté autodestructrice qui les poussaient à caresser la mort du bout du museau. Non, mais elle avait quelqu'un qui la poussait à les suivre malgré tout. Un ami, un mentor, un protecteur. Et, à la fin, un amant. Elle avait perdu bien plus que tous les autres lors de cette bataille.
La pégase aussi regrettait la disparition de l'étalon. Shadow avait été un camarade pendant les première heures de la guerre, un soutien lorsque l'horreur avait frappé Derpy à Sweet Apple Acre, et un ami alors que l'ancienne tireuse d'élite avait rangé ses armes. Quelqu'un à qui elle pouvait parler de ses problèmes, de ses doutes, et qui comprenait ce qu'elle avait vécu.
Derpy ne pouvait simplement plus regarder une arme sans avoir la nausée, et paniquait quand elle entrait en contact avec l'une d'elle. Elle faisait encore des cauchemars, où elle arrachait le masque d'Heartless et révélait un crâne ensanglanté qui chuchotait "Maman". Seule la présence du Docteur à côté d'elle lorsqu'elle se réveillait en sursaut la calmait.
Un Docteur que Shadow avait passé un certain temps à cherché après sa misérable tentative d'attentat. Un geste que Derpy regrettait toujours, bien que rien ne se soit réellement produit. Les deux poneys avaient gardé le secret sur cet événement. Mais la pégase se sentait toujours amère quand elle pensait qu'un jour dans sa vie, elle avait voulu tuer la Princesse. Et se suicider.
Pendant que le commandant était parti à la recherche de l'ancien compagnon de Derpy, Windvision avait pris soin d'elle. C'est pendant cette période que la pégase avait compris que la jument ne serait jamais une Night-Ops comme les autres. Jusqu'alors, tous pensaient que la petite terrestre que l'étalon avait récupéré de façon douteuse après un raid finirait comme Flesh, idolâtrant le commandant et sa vision fataliste de la guerre jusqu'à en perdre toute poneité. Mais c'était une jument très douce et compréhensive qui s'était installée à son chevet, et l'avait soutenu pendant que la pégase développait une véritable phobie des armes. Une jument, Derpy en était sûre, qui pourrait reprendre une vie normale une fois les braises de la guerre éteintes.
Aujourd'hui, Windvision avait besoin de Derpy. Elle avait besoin de savoir que la pégase était là pour elle, même au loin, en haut de ses gradins, lui laissant l'espace nécessaire pour qu'elle évacue ses tensions. Mais, Derpy se le jurait, elle ne la laisserait pas tomber. Elle n'était pas revenue que pour Luna et ses idéaux. Non, l'idée qu'Equestria soit dominée par une alicorne ayant succombé à ses peurs ne lui plaisait pas, mais ce n'était pas la raison pour laquelle elle avait une fois de plus laissé le Docteur derrière elle.
Pour Windvision, et pour les derniers partisans de Luna, elle était revenue. Pour les poneys plus que pour l'idéal. Parce qu'elle connaissait chacun d'entre eux, leurs peines et leurs joies, et qu'elle ne les laisserait pas sans leur apporter tout le soutien qu'elle pouvait leur fournir.
Tout le soutien.
Elle tourna la tête vers le petit coffret qui se trouvait à côté d'elle. Rien que de le regarder lui valut un haut-le-cœur. Elle sentait la fumée qui s'échappait de la grange en feu, le tir qui avait résonné dans son épaule, et sa victime à terre, tendant sa petite patte vers elle. Sa propre fille.
Derpy inspira, maîtrisant difficilement sa nausée, et ouvrit la boîte. Après toutes ces années, son fusil s'y trouvait toujours.
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-Comment vont les Fantômes ?
-Mind est avec Flesh, et il s'insultent probablement. Painless a pas senti qu'il s'était fait troué une patte et se fait recoudre. Dirt et Direct se reposent. Rest et Swing réparent des armes. Y'a Freerun et Jackass qui sont allé retrouver leurs familles, en te laissant un petit mot d'adieu. Quand à Bain, quelqu'un l'a vu se tirer en direction de la frontière, donc je pense qu'on peut le rayer de la liste des volontaires.
-On peut pas lui en vouloir. Ni aux autres.
-Et pour finir, continua Coffee Crime, je te rafistole et toi tu déprimes avec une photo de ton ex entre les pattes.
Black Jack leva les yeux vers la jument, puis agita la photo qu'il tenait dans un sabot.
-Je déprime pas. Je réfléchis.
-Avec une photo de...
-D'une épine dans le flan. Twilight est largement plus puissante que ce que je pensais.
Pour ponctuer sa phrase, il laissa tomber l'image, qui prit instantanément feu se consuma avant de toucher le sol. Il essaya de se redresser, mais il eut une grimace de douleur et retomba sur son lit.
-Force pas, lui intima la médecin. Les coutures vont lâcher. T'as déjà du bol de ladite demoiselle t'ai pas transpercé le cœur.
-Elle a utilisé deux innocents pour jouer à cache-cache avec moi !
-On trouvera un moyen de la contourner...
-Ça suffira pas. On peut faire tomber une bonne partie de l'Empire en s'occupant de Celestia, mais Twilight serait prête à faire exploser Canterlot pour nous empêcher quand même de gagner. Et elle peut le faire. J'en suis sûr.
-On. Trouvera. Un moyen. Merde, Jack, utilise plutôt ta cervelle trop bien faite pour trouver notre prochain mouvement plutôt que comment baiser ta copine.
-Comment ça ?
-Quoi, t'as pas remarqué ? L'Etat-Major est parti en fumé, Armor est mort, Stalker probablement aussi, t'es la seule tête pensante qui nous reste, mon grand !
Black Jack ouvrit la bouche. Coffee Crime avait raison. Il ne restait déjà pas grand-monde pour continuer leur combat, et encore moins de stratèges valables.
-Déjà, il faut qu'on se tire d'ici. On a combien de temps ?
-Six heures max selon les estimations. Les impériaux sont un peu lents, mais faut pas exagérer. Certains d'entre eux vont venir directement ici pour voir si Luna ne s'y cache pas.
-Il faudra qu'on se trouve un endroit discret et étendu. J'ai bien une idée, mais il faut que j'en parle au Night-Ops. Qui les dirige maintenant ?
-Sans vouloir t'insulter, Jack, mais ils sont trois, maintenant. Je suis pas sûr que le concept de chef s'applique encore.
-Pas faux.
La jument s'affaira un instant avec ses instruments, puis se dirigea vers la porte de la chambre.
-Au fait, Coffee.
-Oui ?
-Merci. De m'avoir sauvé là-bas.
-La prochaine fois, tu choisiras mieux tes copines.
Et sans un regard, elle sortit de la pièce, laissant Black Jack avec le sentiment diffus que quelque chose lui échappait.
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Crimson Brush était debout, juché sur un des balcons les plus élevés du château. La ville était animée. C'était amusant de voir à quelle vitesse la vie reprenait son cours après cette boucherie. La capture des derniers éléments ennemis traînant dans la cité terminée, on avait signalé aux habitants que le cauchemar était terminé. Néanmoins, on leur avait demandé de rester chez eux, le temps d'enlever les cadavres du milieu de la rue.
Et Brush avait été impressionné. Impressionné par le nombre de ces poneys bourgeois et licornes de la haute qui s'étaient portés volontaires pour patauger dans le sang et porter des corps froids jusqu'aux endroits où ils seraient récupérés pour être identifié et envoyés dans les différentes morgues, certaines d'entre elle ne consistant qu'en une simple cave réquisitionnée. Moins rapide que simplement balancer les corps du haut de la falaise en y mettant le feu, mais Celestia avait tenu, en guise de bonne foi, que chaque corps soit récupéré, identifié, les familles prévenues et les rites funéraires adéquats respectés. Ami comme ennemi. Un mort n'avait pas d'allégeance.
En trois jours, le cimetière de Canterlot était bourré à ras bord, et on envisageait de remettre au goût du jour les Catacombes, redécouvertes pendant la traque des survivants rebelles. Quoi qu'il en soit, la tâche la plus urgente, s'occuper du charnier avant que la pourriture et les corbeaux n'interviennent, avait été réalisée dans un temps record.
Il fallait maintenant s'occuper de nettoyer et réparer, voire reconstruire, des pans entiers de la cité. Et force était de constater, presque chaque habitant de la capitale y mettait de son sabot. Le château, en particulier, accueillait presque autant d'ouvrier que le reste de la ville.
Comme un mauvais orage. Les poneys géraient la guerre comme une autre catastrophe naturelle. Et il n'en fallait pas plus à Crimson Brush. Voilà un sérieux pied-de-museau à tous ceux qui pensaient qu'elle était contre nature, que les poneys finiraient salis et corrompus des combats. Non. Ils étaient tout aussi capable que les griffons ou les dragons de tuer leur prochain et de reprendre le cours de leur vie comme s'il ne s'était rien passé. Ils avaient juste eu peu d'occasion de le montrer.
Il entendit des bruits de sabots derrière lui, et se retourna pour voir avancer vers lui la Princesse Celestia en personne. Il courba profondément la tête, mais l'alicorne lui sourit :
-Général, je vous en prie, nous sommes entre nous.
-Vous restez ma Princesse.
"Général". La récompense pour sa clairvoyance au sujet de la défense de la cité, de son courage au combat et de ses talents de stratège. Désormais, il avait sa place à la tablée de l'Etat-major, et bénéficiait d'un statut particulier envers la Princesse, qui estimait lui devoir beaucoup personnellement.
Même Brush avait du mal à trouver tout cela crédible. Il n'avait fait que son job, un job que son prédécesseur n'avait pas jugé suffisamment important pour y accorder les ressources nécessaires. Et même, il devait bien s'avouer que ses fameuses défenses avaient enchaîné fiasco sur fiasco. Ils s'étaient fait infiltré comme des bleus, des pégases leur avait ruiné leurs installations anti-aériennes, et ils s'étaient proprement fait roulé dessus jusqu'à ce que Sparkle décide d'entrer en scène.
Finalement, le miracle était venu d'un type qu'on aurait traité de déserteur dans toute autre situation. Nicholaus avait frappé fort, suffisamment fort pour que les quelques heures gagnées par Brush passent pour du génie tactique.
Mais peu importait. A présent, il jouait dans la cours des Grands et il pouvait faire le ménage. Toutes ces grosses têtes qui prétendaient tout connaître car elles étaient fils de machin, avaient servi dans la garde depuis tant d'années, tous ces gros lards qui n'y connaissaient rien à la réalité du terrain ni aux tactiques fourbes des rebelles ni à l'évolution technologique des treize dernières années dégageraient, parce qu'il saurait comment convaincre la Princesse que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Et le Héros de Canterlot, Nicholaus, désormais colonel de l'Armée Impérial, allait grandement l'aider. Sans compter qu'il avait gagné le cœur de Brush par son sabot enfoncé dans l'arrière train de l'Etat-Major lorsqu'il avait décidé qu'il était plus utile à l'arrière.
Il avait vu la licorne se balader dans les rues de la ville encore remplies de cadavres après la bataille. Un énorme sourire aux lèvres. Un moment, il s'était accroupi sur le corps d'une ponette dont le torse avait été percé d'un énorme trou par un tir des Licornes, et avait touché la blessure du bout du sabot, comme un gamin découvrant le corps d'un oiseau et le touchant pour voir ce que ça faisait. Ce type était délicieusement malade.
Ces jours-ci, il était à la tête d'un corps expéditionnaire qui s'en donnait à cœur joie à exterminer les derniers rebelles qui n'avaient pas compris le passage "arrêtez de mourir" de leur pitoyable leader. A l'heure qu'il était, il devait approcher de ce qu'ils avaient repéré comme l'ancien quartier général ennemi, et avec un peu de chance il ramènerait un cadeau bleuté à la capitale. Ou juste la tête, étant donné l'air frustré qu'il avait affiché en partant.
D'ailleurs, il était parti avec Rainbow Dash, qui malgré son échec à la tête des Faucons était désormais général des Forces Aériennes de l'Empire Solaire. Elle qui avait toujours refusé de promotions pour ne pas avoir à trop réfléchir à l'aspect tactique de ses engagements, maintenant, elle devrait s'asseoir à la grande table des décideur de l'armée.
Encore une promotion histoire de montrer que l'Empire choyait ses héros de guerre. Ce qui soulevait une question :
-Princesse ?
-Qu'y a-t-il, général ?
-A présent que la rébellion est anéanti, et que la Déchue est en fuite, quel est l'avenir de ce pays ?
Il ménagea une pause.
-Plus exactement, qu'adviendra-t-il de l'armée ? Elle a été bâtie et améliorée pour la guerre, une guerre de mouvement, pas pour rester empêtrée dans des missions de surveillance à des postes frontières éloignés. Aucune force ne nous menace, les changelins n'ont pas donné de signe de vie depuis le Coup d'Etat, les griffons sont terrés dans leurs nids, les dragons savent qu'une attaque contre nous est suicidaire, quant aux Royaumes Zèbres, nous sommes en paix avec eux depuis des siècles.
Il se tourna vers l'alicorne blanche, qui regardait au loin.
-Je conçois que de nombreux soldats vont rentrer chez eux, mais ceux qui se sont découvert dans le combat, que deviendront-ils ?
Celestia ne tourna pas la tête.
-Qu'essayez-vous de me dire, Brush ? demanda-t-elle sur un ton de reproche. Que je devrais faire la guerre à d'autres pays ? Que je devrais étendre l'Empire ? Souhaitez-vous me faire reprendre une autre lutte, alors que celle-ci vient de s'achever ?
Crimson Brush resta impassible.
-Je vais être honnête avec vous, Princesse : j'aime cette vie, j'aime le combat et j'aime la guerre. J'ai rejoint l'armée pour fuir une vie qui ne me convenait pas. La guerre m'a donné une raison de vivre. Mais la guerre est terminée, et je ne pense pas être fait pour la paix.
Il souffla.
-Je suis conscient que vous souhaitez éviter de confronter à nouveau ce pays à ce fléau. Mais de nombreux poneys ont trouvé leur talent dans le feu des combats. Ce pays n'est plus le monde paisible et idyllique qu'il a été jadis. Trop de cicatrices sont apparues pour pouvoir les faire disparaître.
Celestia ferma les yeux, et inspira doucement pour réfléchir à sa réponse :
-Je nous mènerais vers un futur plus lumineux.
Elle leva ensuite son visage vers le soleil qui brillait de tous ses feux.
-Quoi qu'il en coûte.
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Les jumelles sur le museau, Nicholaus observait les bâtiments. Tout semblait abandonné. Pas très étonnant, les rebelles avaient eu tout le temps de se disperser, et ils n'auraient quand même pas été assez idiots pour rester à l'endroit où on pouvait presque lire "QG" écrit en lettres de néon avec une flèche clignotante.
Et de toute façon, il doutait que cet endroit avait été utilisé à cet usage. La Déchue était connue pour rester le plus proche possible du front, l'Etat-Major se déplaçait constamment, et au final, cet endroit existait plus comme une diversion que comme un réel centre décisionnel. Juste un os jeté aux huiles de l'armée impériale, qui avaient passé un temps non négligeable à chercher un moyen de détruire la place, avant que la taupe infiltrée chez les rebelles ne leur révèle l'inutilité de la démarche.
La prétendue République avait quand même été bien aidée par le fait qu'il s'agissait plutôt d'une armée révolutionnaire sans territoire à gérer. Ils n'avaient même pas une capitale à attaquer. Et on avait jeté Nicholaus sur ce nonos-ci afin de le mettre le plus loin possible de Canterlot, où son insubordination était mal perçue.
Réaction typique de l'Empire. Refuser d'avoir eu tort. Tort d'avoir négligé la défense de Canterlot, tort de ne pas avoir écouté les mises en garde de Nicholaus concernant la menace des fantômes. A croire que les rebelles, où chaque soldat pouvait potentiellement discuter avec la Déchue, était meilleure.
Peut-être était-ce le cas. Pas de propagande, pas de peur des représailles du gouvernement, pas de lutte de pouvoir qui paralysait les troupes, pas de massacres comme à Ponyville ou Sweet Apple Acre. Les vrais petits gentils de l'histoire.
C'était facile, quand le seul programme à l'ordre du jour était "défoncer l'Empire". Facile d'appeler Applejack une martyr parce que sa famille avait été massacrée, quand elle-même tuait dans une rage aveugle dix fois plus de poneys que son ancien verger comptait de pommiers. Facile de prôner la morale, quand les actes les plus barbares étaient faits en secrets, par des psychopathes capable de massacrer des camps entier dans un anonymat complet.
C'était facile d'être un gentil, quand on pointait quelqu'un d'autre comme un méchant le temps de balancer toutes ses merdes sous le tapis.
Soudain, il vit une forme déchirer les nuages, et se diriger vers lui à toute vitesse. Rainbow Dash fit un rétablissement, et se posa tranquillement au sol. La cicatrice qui lui barrait le visage lui donnait un air féroce.
-Y'a pas un chat.
-J'en avais bien l'impression.
-Par contre, il y avait du monde y'a pas longtemps. Y'a des traces partout, des douilles sur le champ de tir, et tout a été nettoyé de fond en comble. Ils ont même prit leur temps pour partir, y'a pas un truc qui traîne. Pas une carte, pas une arme, pas une balle inutilisée, même pas un picotin d'avoine.
-Ils étaient nombreux ?
-D'après les pisteurs, non. Cent, deux cents max. On pourrait même s'en occuper tout seul, avec mes gars.
-Ils sont partis par où ?
Dash se gratta l'encolure.
-C'est là que ça se corse. Les sagouins sont partis dans différentes directions.
-Combien ?
-Une rose des vents entière, sauf vers nous. Impossible à suivre sans se disperser, et j'ai pas assez confiance pour séparer mes troupes.
-Pas la peine de tout suivre. Une idée d'où est partie la Déchue ?
-Deuxième point où ça coince. Pas moyen de savoir quel chemin à prit Luna. Rien qui ressemble à ses pas, comme si elle n'avait pas quitté le camp.
Elle laissa passer un temps.
-Enfin, jusqu'à ce qu'on trouve une nouvelle piste. On pense que c'est celle-là qu'elle a suivi. Avec une douzaine de gardes du corps.
-Elle part par où ?
Rainbow Dash renifla.
-Elle ne sort même pas du camp.
Les oreilles de Nicholaus se dressèrent.
-Pardon ?
-Comme je te dis, fit-elle en haussant les épaules. Les traces suivent une route jusqu'à une sortie du camp, et s'arrêtent brusquement. Comme s'ils avaient disparus là.
-Téléportation ? demanda la licorne en grattant plus vivement sa pilosité faciale.
-Ça, ou un putain de talent pour effacer les traces. J'ai envoyé une patrouille pour suivre la direction générale des traces, mais avec des mecs qui prennent autant de soin à pas laisser d'indices, je pense qu'on trouvera rien.
-Hum...
Les fantômes. Comment les rebelles les appelaient ? Les Night-Ops, quelque chose comme ça ? Nicholaus savait que certains avaient survécu, il les avait vu s'enfuir. Ils étaient peut-être peu nombreux, mais il savait les dégâts qu'ils pouvaient occasionner. Il était passé par les avant-postes de la route de Canterlot. Il avait entendu parlé du dernier carré des infiltrés. Ils n'avaient pas été plus d'une centaine, et pourtant, il avait fallut la crème des Licornes du Soleil pour les déloger.
S'il fallait un argument pour le convaincre que la rébellion puait au moins autant que l'Empire, c'était eux. Il n'avait rien contre leurs méthodes. Elles étaient propre, efficaces, mortelles. Mais ses oreilles sifflaient à chaque fois qu'on comparait la ligne morale de la République et celle de l'Empire.
La seule différence, c'est que l'Empire assume ses erreurs. Ponyville, Sweet Apple Acre, Sparkle, toutes les horreurs du régime de Celestia étaient connues de tous. Celles de Luna, étrangement beaucoup moins. Et lorsque ces crimes seraient rendus publiques, alors c'en serait définitivement terminé de la rébellion lunaire.
Plus personnellement, Nicholaus avait une boule dans la gorge depuis qu'on lui avait demandé de quitter Canterlot. Il en avait eu un sous le sabot, le seul fantôme vivant qu'ils aient trouvé en treize ans de guerre. Et pas un petit. De ce qu'il avait réussi à apprendre, il faisait parti du petit cercle de la Déchue, et était probablement le leader des Night-Ops. Il aurait voulu s'en occuper lui-même, lui arracher ses secrets, le traîner sur la place publique pour lui faire confesser ses crimes.
Et on l'avait envoyé paître, préférant laisser la tache aux Licornes du Soleil. Il avait à peine eu le temps d'apprendre son nom.
Shadow Stalker.
---
Il était attaché sur une table, inclinée par rapport au sol de façon à lui permettre de voir la porte d'entrée. Il avait fermé les yeux, tentant de se reposer un peu avant l'expérience désagréable qui se profilait. Deux heures s'étaient passées depuis que les gardes l'avaient tiré de sa geôle pour le mettre ici, et rien depuis.
Stalker se demandait combien de temps on allait encore le faire mariner. Pas qu'il ait une envie féroce de se faire torturer, mais il était suffisamment au courant des us et coutumes de la pratique pour ne pas succomber à la panique engendrée par l'anticipation. Une table était proche de lui, couverte d'ustensiles tous plus tranchants, perçants et contondants que les autres. Plus loin, une paillasse avec seringues et produits colorés. Derrière, de ce qu'il pouvait apercevoir, une belle installation aquatique pour les traitement de choc.
C'était moins l'anticipation des sévices qu'il allait subir que sa capacité à y résister qui l'inquiétait. Il n'avait jamais été torturé, et, maintenant qu'il y pensait, il n'avait jamais torturé lui-même. Il avait bien participé à des interrogatoires "approfondis", mais il avait plus tendance à poser les questions qu'agir sur la chair. Flesh était meilleur dans ce domaine.
Et il n'était pas très résistant à la douleur. Des années à vivre un conflit loin de ses cibles ne l'avait pas entraîné à encaisser proprement. Une balle par-ci par-là, il pouvait gérer, mais il doutait de pouvoir faire beaucoup plus. Déjà que sa patte le faisait horriblement souffrir maintenant que l'adrénaline était dissipée. Une chance d'ailleurs, il n'aurait pas voulu laisser à Windvision le dernier souvenir d'un pauvre type se tordant de douleur.
C'était bête, les pensées qui vous traversaient l'esprit quand vous n'aviez rien d'autre à faire qu'attendre que quelqu'un vous fasse regretter d'être né. Bête, mais pas désagréable. Avoir la terrestre dans la tête le calmait légèrement. Il se persuadait qu'elle avait survécu, et qu'à présent elle était loin, à essayer de retrouver une vie normale en cachant son identité. Peut-être retrouver sa famille. Peut-être en fonder une nouvelle.
Sans lui. C'était sûrement mieux comme ça. L'étalon n'était pas sûr de faire un compagnon idéal à long terme. Ni à court terme d'ailleurs.
La porte s'ouvrit, interrompant ses réflexions. Une licorne entre deux âges, l'air altier, pénétrait dans la salle en se tenant bien droite. La jument était dans une longue veste de cuir, portait un monocle et une casquette d'où perçait sa corne. Stalker fit une moue désapprobatrice :
-Ah oui, quand même.
-Et enkore, vous n'avez pas entendu l'aczent.
-Effectivement.
La jument eu un petit sourire.
-Que voulez-vous ? Si l'apparence va avek la fonczion, alors l'impact pzykologique est plus important. Je ne vous apprendrais rien en disant que les ztéréotypes font partie d'une torture réuzi. L'ambianze, le bourreau, les... inztruments.
Sur cette parole, elle donna un coup dans le plateau avec l'assemblage de lames, qui tomba à terre.
-Ze genre de chose est bon pour des romans remplis de sang et de zouffranzes gratuites, sans véritable but. Je préfère une approche plus... perzonnelle de la chose.
Elle se posta devant le commandant, levant les yeux pour voir le poney attaché.
-Au fait, che ne me zuis pas présentée. Doktor Wunder Blut, membre émérite de l'Ordre des Licorne du Zoleil, et votre bourreau pour les temps à venir.
Stalker s'apprêta à parler, mais l'autre le coupa :
-Et vous êtes Shadow Ztalker, membre reconnu de l'armée hérétique, même zi votre grade en est peu représentatif. Kommandant des Opérations Zpéziales, dénommées « Night-Ops ». Ztratège de Luna sur les quezions d'opérazions ziblées en territoire ennemi.
Elle se rapprocha de lui.
-Metteur en zène de la Bataille de Canterlot, et plus groze épine dans le zabot de notre glorieux Empire.
-Vous en rajoutez un peu.
-Plus grand vous êtes, de plus haut che peux vous faire tomber.
Elle s'écarta, et se dirigea vers la paillasse.
-A ze propos, comment va votre chambe, Kommandant ?
Stalker baissa les yeux vers sa patte. Elle était en moins mauvais état que lorsqu'elle venait d'être écrasée, et pouvait lui permettre de marcher. Cependant elle continuait de le lancer.
-Mieux. Je dois vous remercier pour l'avoir soigné ?
-Oh, non, z'est chuste plus pratique d'avoir des prisonniers capables d'aller chusqu'à la zalle de travail zans avoir à les traîner, dit-elle en remplissant les seringues de divers produits.
Stalker la regardait faire.
-On avait une taupes chez nous, hein ? demanda-t-il.
-Hum hum, confirma-t-elle en hochant la tête, toujours à ses produits.
-Qui ?
-Vous zavez, Kommandant, dit-elle en se retournant, ch'ai moi auzi lu beaucoup de romans de Daring-Do dans ma cheuneze. De très bons livres. Et z'il y a une chose que ch'ai apprise, z'est que peu importe le contrôle que l'on croit avoir zur un ennemi, il ne faut chamais lui livrer aucune informazion. Chuste au cas où, ajouta-t-elle dans un sourire.
-Donc vous êtes la méchante de l'histoire ?
-Z'est touchours le méchant qui torture, dit-elle en haussant les épaules. Mais laizez-moi vous poser une queztion : êtes-vous réellement le chentil ?
Elle s'approcha de lui, un sourire toujours affiché sur le visage.
-Le gentil ne tue pas zes amis, il me zemble, Kommandant. Il les zauve des griffes de zes ennemis, ou les regarde mourir alors qu'il ezaye. Il ne ze poste pas caché zur une falaise à attendre une apparizion publique de zon ami pour lui locher une balle dans le crâne.
Le cœur de Stalker se mit à accélérer sa cadence.
-Ch'étais là le chour où Fanzy Pants est mort. Très choli tir, par ailleurs. Nous avions prezque cru que vous visiez réellement le Prince ze chour-là.
Elle secoua la tête.
-Et Pants n'a pas dû être le zeul. Combien de vos "amis" ont zouffert de votre petit talent ? Ch'ai appris que vous n'aviez pas pour habitude de regarder en arrière, mais zavez-vous combien de cadavres se trouvent derrière vous ? Retournez-vous, Shadow Ztalker, et regardez combien de corps de vos amis zette prézieuse Marque qu'est la vôtre a laizé, dit-elle en tapotant le flanc du poney.
Shadow commençait à avoir les pensées qui s'embrouillaient. Il secoua la tête. Finalement, la jument s'écarta, et haussa les épaules.
-Bref, méchant pour méchant, che préfère être le méchant qui torture que zelui qui ze fait torturer.
Elle prit les seringues qu'elle avait préparé, et les posa sur le plateau désormais vide à côté de Stalker.
-Ch'ai ouï dire que vous étiez très friand de ma petite invenzion, chez les hérétiques, dit-elle.
-Que...
Elle montra une des seringues. Le produit qui était dedans était familier.
-Du Booster ?
-Che n'ai pas été mutée ici pour le zimple plaisir que che tire de martyriser des poneys. Doktor Wunder Blut, diplômée de patholochie équine, zpécialisée dans l’étude des mécanismes de la douleur, anziennement travaillant à l'hôpital de Canterlot avec pour travail de réduire la zouffrance chez les pazients gravement blezés. Ayant partizipé à l'élaborazion de l'Antidouleur Univerzel, appelé de fazon barbare « Boozter » par les zoldats qui en font un usage intenzif.
Elle planta la seringue dans la patte avant droite du poney, et injecta le produit. Stalker était interloqué.
-Je comprend pas.
-L'A.D.U. permet au zujet de ne plus rezentir la moindre douleur pendant un temps allant de une heure à trois en fonczion de za corpulenze, de zon âge et de zon métabolizme. Il coupe abzolument tous les mezages nerveux ayant trait à cette zenzazion désagréable. Prenons votre chambe, encore fragile z'il en est.
Sur ces paroles, elle décocha une violente ruade dans la patte de Stalker, et un bruit assez atroce d'os brisé retentit dans la salle. Le poney n'avait senti qu'une forte pression, et regarda avec horreur l'angle surnaturel que formait le membre. Blut continua son exposé :
-Lorzque l'A.D.U. est éliminé de l'organizme, la douleur revient. Habituellement, zezi se fait progrezivement, et le corps s'habitue au retour de la douleur, la rendant plus zupportable. Ainzi, à moins de bouger, votre chambe ne devrait pas vous faire trop zouffrir.
Elle prit une autre seringue.
-Zezi, en revanche, a été élaboré pendant la guerre. Encore une fois, z'est moi qui ai présidé à zon élaborazion.
Elle agita l'objet, observant avec amusement le liquide à l'intérieur.
-Zezi, Kommandant, est l'antidote du Boozter.
Stalker dressa les oreilles. Non.
-Zavez-vous ze que l'on rezent quand la moindre douleur de notre corps, du torticolis à la crampe, en pazant par les humeurs de l'estomac, les petites coupures zur nos zabots, et toutes zes choses auxquelles on ne penze plus car on z'y est habitué, reviennent toutes d'un coup ? Zans menzionner zezi, ajouta-t-elle en montrant la jambe brisée.
Elle planta la seringue dans le bras du commandant.
Dans le Donjon de Canterlot, un hurlement retentit.
---
Rarity entendit un cri désarticulé provenir d'une autre salle. La licorne qui se trouvait avec elle se dirigea vers la porte, et la ferma, coupant les sons provenant du dehors. Twilight se retourna, montrant son visage à moitié brûlé à la jument. Rarity observa son ancienne amie.
Elles avaient passé des heures ainsi, à se regarder en chien de faïence alors que la licorne immaculée émergeait de sa catatonie. Elle avait découvert Twilight, qui l'observait, l'air neutre, les poils et la crinière consumés sur le côté droit, et un œil à la cornée blanche et probablement aveugle. Elle qui était si jolie il y avait quelques années, elle était à présent laide comme un pou.
Aucune des deux n'avait parlé. Rarity avait mal partout, attachée comme elle était sur la table, qui devait assurément servir à torturer de malheureux poneys capturés comme elle. Mais si elle n'avait pu se montrer utile dans la bataille, elle ne voulait pas perdre au petit jeu auquel elle jouait avec Twilight. Elle ne parlerait pas la première.
De toute façon, elle n'avait rien à dire. Spike devait être en sécurité mais Twilight s'en fichait. Elles n'auraient pas pu parler du bon vieux temps comme si elles étaient encore amies. De toute façon, les seules remarques qui venaient à l'esprit de la fashionista concernaient le nouveau look de la Licorne Suprême. Et Rarity avait suffisamment peur d'être torturée par sa terrible geôlière pour s'éviter d'y rajouter une punition pour paroles désobligeantes.
Cependant, elle commençait à trouver le temps long. Et son regard passait souvent sur la chair calcinée, se demandant s'il n'y avait pas quelque chose à faire pour que la jument retrouve un visage poney.
-Je suis si hideuse que ça ?
Rarity ouvrit les yeux de surprise. La voix de Twilight semblait... peinée. La jument violette passa son sabot sur le visage de Rarity.
-Toi, tu es toujours aussi belle. Moins maquillée, mais tu restes resplendissante. Tu âges comme un bon vin.
Elle secoua la tête, reposant son sabot à terre. Rarity prit une voix compatissante :
-La magie ne peut pas t'aider ?
Twilight eu un ricanement effrayant.
-Black Jack est puissant. Rien ne fonctionne. C'est bloqué dans cet état. C'est un petit génie de la pyromancie. Heureusement que j'ai pu éteindre avant d'être plus gravement blessée.
Elle eut à nouveau un ricanement.
-Tous. Nous étions tous là. Celestia, Luna, Applejack et Rainbow Dash, qui se sont même battues en duel. Et il y avait toi, il y avait moi.
Elle leva son regard vers la Dame.
-Et nous voilà face à face.
-Où sont les autres ? demanda Rarity, un peu plus sur la défensive.
-Applejack a disparue. Rainbow est à la recherche de Luna. Nous n’avons toujours aucune nouvelle de Fluttershy et de Pinkie.
Elles laissèrent le silence s'installer entre elles. Puis Twilight le brisa à nouveau :
-Pourquoi ?
-Pourquoi quoi ?
-Pourquoi avoir trahi tes amies ? Même Applejack a refusé de choisir un camp au début de la guerre, et je peux éventuellement comprendre pourquoi elle a rejoint les rangs de Luna. Mais toi ? Tu n'avais rien à gagner dans cette histoire. Pourquoi as-tu trahi tes amies, et trahi ta Princesse ? Et pourquoi avoir passé ta vie à fabriquer des protections aux rebelles ? Qu'avais-tu à y gagner ?
Rarity secoua la tête.
-Tu te rappelle du Massacre ?
Twilight hocha la tête.
-J'ai vu mourir Aloé, une des ponettes qui s'occupait du spa de Ponyville. J'ai vu mourir des tas de poneys ce jour-là, mais Aloé était mon amie, nous nous connaissions très bien, nous avions des discussions passionnantes. C'était une amie. Et elle est venue mourir devant la porte de ma boutique, en m'appelant à l'aide.
Rarity eut les yeux qui se perdaient dans ses souvenirs.
-Elle était venue me demander de l'aide. Elle est morte devant moi, et son assassin était en train de lui graver un soleil au couteau dans le dos. Et elle a levé les yeux vers moi.
Rarity regarda Twilight d'un air dur.
-Sa propre sœur. Sa jumelle, Lotus. Elles étaient comme en symbiose toutes les deux. Mais à cause de ta FOUTUE Celestia, ELLES SE SONT ENTRE-TUÉ !
Elle avait hurlé ces derniers mots à la face de la Licorne du Soleil, qui recula, surprise.
-COMMENT VEUX-TU QUE JE SONGE A REJOINDRE QUELQU'UN CAPABLE DE CRÉER ÇA ? COMMENT VEUX-TU QUE JE REGARDE ÇA SANS AGIR ?
Rarity pleurait, à présent, de rage, de peine, les souvenirs de ces treize années lui remontant par vagues.
-Et toi, Twilight ! Tu as abandonné Spike, ton assistant numéro un, ton plus fidèle ami, quelqu'un qui te considérait comme sa sœur, voire comme sa mère ! Tu l'as laissé crever sur les routes, et il a fallu que je le recueille pour lui éviter de mourir ! Est-ce que tu te préoccupe au moins de ce qu'il devient ?
-Il n'a pas rejoint l'ennemi dit Twilight d'un ton neutre. C'est tout ce qui importe. Il m'a trahi, tout comme toi. Mon assistant numéro 1 ? J'ai eu des tas de licornes qui m'ont mieux servi pendant treize ans. Mon ami le plus fidèle ? Pas vu une trace de lui pendant treize ans. Il était comme un frère, un fils ? Les liens de famille ne devaient pas être très fort, chez cet orphelin.
Rarity tira sur ses liens en hurlant, puis cracha au visage de Twilight.
-Tu n'es pas Twilight ! Tu es un monstre ! Cette face ravagée, c'est ton vrai visage ! Tu es hideuse Twilight, un monstre qu'on devrait enfermer au plus profond du Tartare !
-Il faudrait te décider, Rarity. Je suis Twilight ou je ne suis pas Twilight ? demanda la licorne d'un ton toujours aussi détaché.
Rarity hurla encore de rage et tira sur ses liens, mais elle ne bougeait pas. Elle était coincée, face à ce mur de glace dont on pouvait à peine croire qu'elle fut son amie autrefois. Rarity pleurait. Elle n'aurait jamais imaginé qu'on pouvait changer à ce point. Ce n'était pas possible. Finalement, elle se laissa tomber, complètement abattue.
-Finissons-en, Twilight. Fais de moi ce que tu veux, mais fais-le vite.
Twilight se dirigea vers la porte.
-Non, Rarity. Pas vite. Il faut du temps pour que tu comprennes ton erreur. Beaucoup de temps.
Elle ouvrit la porte, et deux licornes entrèrent.
-Messieurs, elle est à vous.
Elle sortit et referma la porte. Rarity vit les deux poneys mettre des protections à leurs sabots, et se diriger vers les différents instruments rangés dans les coins de la salle. Rarity pleurait toutes les larmes de son corps.
De l'autre côté de la porte, Twilight entendit les premiers hurlements de Rarity. Une larme unique coula de son œil valide.
---
Applejack regardait fixement le centre du campement, ne voulant pas jeter un seul coup d’œil autour d'elle. Elle ne savait pas véritablement comment réagir à ce qui lui arrivait. Elle avait envie de fondre en larme, elle avait envie de tuer tout ce qui se présentait, elle avait envie de s'isoler du monde, dans une caverne obscure, elle avait envie de quelqu'un qui puisse la réconforter, mais le moindre être vivant qui croisait son regard l'enfonçait plus encore dans sa mélancolie.
Elle avait perdu toute sa famille. Sa propre amie avait tenté de la tuer, et avait assassiné son frère sous ses yeux. Elle en voulait à Rainbow Dash. Elle en voulait à Celestia, à Luna, à Twilight... Elle en voulait au monde entier. Cette guerre avait décimé sa famille, détruit tout ce qui comptait pour elle, réduit son monde à néant.
Après la mort de Big Mac, son unité s'était rapidement échappée de la zone pour se sortir des griffes de l'ennemi et de Rainbow Dash. Applejack était toujours évanouie, et en quelques sortes, ça leur avait sauvé la vie, car si la fermière avait été consciente, elle se serait jetée sur tout ce qui bougeait.
Mais ils avaient évité les combats, et quand toutes les issues avaient été bloquées, ils s'étaient réfugiés dans une habitation abandonnée, et avaient attendu. Applejack s'était réveillée, et avait été soignée par un des poneys ayant des bases de médecine, mais elle avait été trop fatiguée et chamboulée pour avoir envie de continuer à combattre.
Ils avaient attendu deux jours, le temps que les choses se tassent, et que les civils recommencent à sortir, certains pour aider, d'autres pour s'enfuir de la ville. Les rebelles avaient profité du confort de la maison pour nettoyer les traces du combat, et trouver des vêtements moins typés, plus adaptés au milieu, aptes à cacher leurs blessures et camoufler l'héroïne. Puis ils étaient sortis et s'étaient mêlés à la foule qui partait pour d'autres horizons. Le passage du point de contrôle les avait fait trembler, mais au final, il y avait tellement de fuyards que les gardes étaient plus là pour la figuration. Ils étaient sortis.
A présent, ça faisait une journée qu'ils étaient sur les routes. Une journée, peut-être plus, peut-être moins, ils n'en savaient rien, avec ce soleil qui refusait de descendre. Ils avaient mis en place ce campement, avec les couvertures et tentes qu'ils avaient ramené, ce qui n’avait nullement attiré l'attention, vu que certains réfugiés partaient avec la moitié de leur maison sur le dos.
Applejack aurait voulu un cadre plus propice à la réflexion, comme lorsqu'elle passait la nuit dehors pendant les périodes de grandes récolte. Une nuit paisible, noire comme l'encre, avec les insectes qui crissaient partout, invisibles, autour d'elle, et un feu qui crépitait, focalisant toute son attention. Au lieu de ça, ils avaient un soleil radieux alors qu'ils étaient crevés, et la fermière regardait fixement l'endroit du sol qui aurait dû accueillir ledit feu.
Un poney s'assit à côté d'elle. Une licorne brune claire, à la crinière noire et marron, et une petite barbichette qui lui pendait du menton. Swift Quill avait plus la tête d'un artiste que d'un soldat, plus encore après avoir récupéré ce chapeau haut-de-forme et ces fausses lunettes dans les armoires de Canterlot, mais il avait au moins l'avantage d'être encore en vie. Et d'avoir de bonnes idées. C'était lui qui avait proposé de se cacher, et lui encore qui avait eu l'idée de profiter du mouvement de foule pour s'enfuir de la ville. Quand les autres attendaient qu'Applejack fasse preuve du même leadership que son frère, lui avait pris les devants.
-On a perdu, dit-il.
Les nouvelles étaient allées vite. Luna avait rallié le territoire de la République, et avait déclaré publiquement qu'elle abandonnait. C'était fini, la lutte avait cessé, et Celestia pouvait triompher. Triompher sur tous ces cadavres que lui avait coûté la victoire.
-Mais est-ce véritablement la fin du combat ? demanda la licorne à Applejack.
La ponette se tourna vers lui, l'air intrigué. Lui regardait au ciel, pensif.
-Que vas-tu faire, Applejack ?
-J'en sais trop rien, dit-elle en se détournant. J'sais plus quoi faire. On peut plus lutter.
-Vraiment ?
Cette fois, Applejack était vraiment perplexe. Quill secoua la tête.
-Il nous reste pourtant une carte à jouer.
Il fit un signe de tête vers le camp.
-Sais-tu pourquoi nous avons voulu être dans ton unité, alors que tant de poneys, s’ils te respectaient, préféraient rester éloignés ?
-Pas la moindre idée.
-La vengeance. Nous avons tous perdu énormément à cause de cette guerre. Des parents, des amis, des amantes, des enfants, nous sommes tous des êtres seuls à qui on a tout arraché. A qui Celestia a tout arraché. Et nous t'avons suivi car de nous tous, c'est toi chez qui cet esprit de vengeance est le plus puissant.
Il tourna son regard vers elle.
-Applejack, si toi, l'incarnation de cet esprit, tu arrêtes le combat, nous l'arrêterons nous aussi. Mais si tu continues dans ta vendetta, nous serons tous avec toi.
Il sourit.
-Et je suis sûr qu'à travers le pays, il y a des dizaines de personnes comme nous, qui souhaitent se venger sans oser se rebeller contre Celestia. Nous ne voulons pas la fin de l'Empire. Nous ne voulons pas que Luna triomphe, que la paix soit installée, ou quoi que ce soit du genre.
Il planta son regard dans celui de la ponette. Un regard terrifiant de calme.
-Nous voulons que quelqu'un paye. Nous réclamons vengeance.
Applejack se leva, et regarda le camp. Les autres poneys étaient sortis, et les regardaient, en hochant la tête. Applejack regarda par terre. Puis elle releva la tête.
-Abandonner, ce s'rait comme pardonner à cette cinglée. On n'peut pas laisser passer ça.
Elle se retourna vers Swift Quill.
-On ne peut pas pardonner.
-Alors, dit la licorne, nous seront en quelque sorte des "impardonneurs".
-Ce mot n'existe pas.
-Probablement pas, répondit Quill en souriant. Mais notre groupe non plus.
Applejack sourit à son tour. "Impardonneurs". Ceux qui n'accorderaient jamais leur pardon. L'idée lui plaisait bien. Quill se releva.
-Alors, qu'est-ce qu'on fait, chef ?
La fermière réfléchi un instant. Les paroles de Rainbow Dash revenaient sans arrêt, tel un écho. "Tu t'es toujours planquée pendant treize ans". C'était vrai. Qu'avait-elle fait pour venger enfin Applebloom ? Elle avait obéit aveuglément à des ordres qui ne la rapprochaient en rien de son objectif, tout cela pour voir d'autres membres de sa famille se faire tuer sous ses yeux. C'était fini. Elle n'allait plus passer par des détours. Cette fois, elle s'attaquerait là où ça faisait mal, avant d'abattre la Princesse. Elle voulait la voir souffrir.
Qu'est-ce qu'aimait le plus Celestia ? Son peuple.
Applejack mit son sac sur le dos.
-On y va. On a d'autres "Impardonneurs" à recruter.
---
Il fut pris d'une violente quinte de toux, et cracha sur sa patte. Il la leva devant ses yeux, et vit des petites taches sombres sur ses poils carmins, à la faible lueur de la lumière extérieur qui passait par les grilles de drain qui menaient aux égouts. La blessure s'était infectée, et il était malade. Pas étonnant, après avoir passé trois jours dans les souterrains peu hygiéniques avec une ouverture béante dans le ventre. Big Macintosh s'était soigné du mieux qu'il le pouvait, mais il avait besoin d'un hosto. Et à Canterlot, on ne se donnerait même pas la peine de s'occuper de lui avant de l'exécuter.
C'était trop con. Il avait survécu à tout ça juste pour crever d'une blessure, ignoré de tous dans les souterrains. Et Applejack ? Elle croyait sûrement qu'il était mort. L'étalon n'était pas sûr qu'elle pourrait supporter le choc de perdre un autre membre de sa famille, surtout qu'il n'était plus là pour s'occuper d'elle. Si ça se trouvait, elle avait chargé tête baissée vers Celestia, et s'était fait descendre. Merde, et lui était coincé ici !
Il était désormais trop faible pour remonter les échelles. Quand il s'était laissé tomber, il avait à peine pu se relever pour se mettre en marche et s'éloigner de la zone des combats. Mais il n'avait eu aucune ouverture pour ressortir en paix, et s'était perdu dans le labyrinthe des souterrains.
Petit à petit, il avait dû s'appuyer sur les murs pour continuer, puis il était tombé à genoux, et avait dû ramper. A présent, il ne pouvait plus bouger. Juste attendre, là, dans le noir, que la mort vienne. Le peu qu'il voyait était flou, et il avait du mal à focaliser ses pensées. Il ferma les yeux.
Il entendit des bruits de sabots contre pierre résonner au loin. Il rouvrit les yeux, et vit une vague tache lumineuse floutée au loin. Les bruits de pas accélérèrent, et la tache grandit. Big Mac mit le sabot à son holster, prit son pistolet et visa vers la provenance de ces parasites. Il ne pouvait pas réellement viser, mais l'intrus n'avait pas besoin de le savoir. Les bruits de pas cessèrent.
-Capitaine, je ne vous veux pas de mal. Je suis une alliée. Je veux vous aider, entendit-il.
La voix était celle d'une jument, douce mais autoritaire. N'ayant rien à perdre, l'étalon baissa son arme. La tâche lumineuse s'approcha de lui, et il reconnut une corne. Derrière, il devinait une forme de poney, assez grande et longiligne, immaculée. Rarity ?
-J'ai eu du mal à vous trouver, Capitaine. Vous avez besoin de soins urgents. Je vais vous cacher chez moi.
Big Macintosh regarda la forme de la jument, et se demanda comment elle comptait s'y prendre pour transporter le corps massif de l'étalon. Mais il sentit une pression sur son dos, et fut soulevé.
C'était une licorne. Ça aidait.
Etrangement, Big Macintosh se sentait plus en confiance. De toute façon, si ça devait mal tourner, il ne pouvait plus rien faire. Autant se laisser aller, et prendre le risque qu'elle soit une véritable alliée. Il ferma les yeux, et commença à sombrer, mais avant de se laisser emporter par ses délires, il demanda :
-Qui... êtes-vous ?
-Je m'appelle Fleur-de-Lys, répondit-elle. Mais vous me connaissez sûrement sous le nom de Whisper.
---
FIN du Second Recueil
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