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Pony War Chronicles

Une fiction écrite par ironponymaiden.

Phase III : Les Plus Grandes Batailles Commencent Toujours Par Une Pluie De Pégases

Minor Impact se réveilla, et étira ses ailes, tout en faisant attention de ne pas cogner sa femme toujours assoupie à ses côtés. Il se releva, la tête encore dans un endroit que la décence interdisait de nommer, et commença à quitter le lit. Derrière lui, un bruissement de draps lui indiquait que sa moitié émergeait de même. Il jeta un coup d'œil au réveil, et une idée lui vint en tête. Il mit le sabot juste au-dessus. Une minute...

L'heure sur le réveil passa à l'heure pile et la musique commença à s'élever, mais Impact appuya sur le bouton qui trônait sur le dessus, et la musique s'éteignit. Il se sentait tel un démineur. La « journée » commençait bien. Il s'habilla rapidement, tandis que sa femme se levait doucement du lit. Il prit quelques secondes pour l'admirer. Même après dix ans de mariage et une fille, elle était toujours resplendissante. Il sortit de la chambre, et descendit les escaliers pour se trouver au rez-de-chaussée, puis se dirigea à travers le couloir, vers une porte bleue. Il l'ouvrit doucement. À l'intérieur, il faisait noir. Il commença à chantonner.

-Sunshine, sunshine, ladybugs awake...

Il y eu un bruissement de drap, suivit d'un petit gémissement. Impact s'approcha de l'interrupteur.

-Attention les yeux.

Il alluma la lumière, et les gémissements se firent plus forts. Il s'approcha du lit dans lequel une pouliche se débattait pour garder ses yeux à l'ombre.

-Debout ma puce. Il faut se lever.

-Mmgnnn !

-M'oblige pas à sortir les sabots fatals.

-Mmgnnon !

-Tant pis.

Il plongea ses sabots sur la pouliche et commença à la chatouiller. La petite se débattait pour échapper au supplice, tout en rigolant, incapable de reprendre son souffle. Ils jouèrent ainsi quelques secondes, puis le père retira ses sabots. La pouliche le regardait, un grand sourire aux lèvres.

-Allez, fit Impact. On se lève maintenant.

-Non ! fit la pouliche en se recachant sous ses draps.

-Bon, fit le poney d'un air faussement innocent. Alors je vais devoir manger seul ces délicieux gâteaux tout droit venus de chez les Cake.

La pouliche bondit de son lit.

-C'est vrai ? Vrai de vrai ? C'est pas une blague ?

-Non, ce n'est pas une blague. Je vais vraiment tout manger.

-Méééééééé !

Quelques minutes plus tard, la petite famille était assise autours d'une table, à partager un petit déjeuner. Puis ils se lavèrent les dents, et Minor Impact se prépara à aller à son travail. Il fit une dernière bise à sa femme et sa fille, puis ouvrit la porte.

En face de lui, une troupe de soldats passait au pas de course, se dirigeant vers les remparts. Puis un autre groupe passa, dont plusieurs membres se dirigeaient vers les habitations. Un soldat accouru vers lui.

-Désolé monsieur, mais vous ne pouvez pas sortir.

-Que ce passe-t-il ?

-Exercice de routine monsieur. Pour voir l'efficacité d'un couvre-feu en cas de besoin. Veuillez rentrer chez vous, maintenant.

Minor Impact regarda ses sabots. Il n'avait même pas posé le pied dehors.

-Ça durera combien de temps, vos conneries ? demanda-t-il, son humeur ayant baissé d'un cran.

-Je n'en sais rien monsieur. Maintenant, fermez cette porte et ne sortez sous aucun prétexte.

Impact resta quelques secondes à regarder le soldat, puis il ferma la porte. Il se retourna doucement, vers sa femme et sa fille, qui le regardaient d'un air inquiet.

-Je n'aime pas ça, dit-il.

---

Peace Napper descendait la rue principale. Autour de lui, les soldats de Canterlot se postaient en face des maisons et incitaient les civils à rester chez eux. Un "exercice de routine". Napper se demandait combien d'habitants de la ville allaient gober un mensonge aussi gros. Jamais, même pour un exercice, on n'avait obligé les gens à ses barricader chez eux, surtout sur la totalité de la cité. Et il ne faudrait pas longtemps avant qu'ils ne s'aperçoivent que ce n'était pas un évènement limité à un seul quartier.

Mais les têtes pensantes souhaitaient éviter la panique. Donc, on mentait aux civils, on les inquiétait, on les faisait se poser des questions, auxquelles ils tentaient de répondre en contactant leurs amis, ce qui ne fait que les inquiéter encore plus. Et au final, les gens paniquaient. Alors qu'en leur disant clairement le problème, voire, comme le souhaitait Napper, si on les rapatriait dans l'enceinte du château, on pourrait les rassurer, les guider, et les informer.

En voulant éviter la panique, on la déclenchait plus sûrement encore que si des rebelles venaient danser au milieu de la rue. Et encore, pour l'instant, on ne faisait que bloquer l'accès à l'extérieur. Mais si les mauvais pressentiments des officiers et du colonel se trouvaient exacts, si derrière le silence radio des trois avant-postes se cachait une véritable attaque, alors comment éviter le chaos généralisé quand les obus commenceraient à tomber, et les balles à fuser ?

Les soldats de Canterlot n'étaient déjà pas prêts pour un combat dans les règles, alors s'il fallait rajouter des civils fuyant dans tous les sens au tableau, ils ne s'en sortiraient pas. Restait à espérer que les hérétiques aient la même volonté de préserver les vies innocentes que la Princesse.

Napper était terrifié. Heureusement pour eux, le colonel Crimson Brush avait été muté à la défense de la ville il y a peu, et son premier geste avait été, quand il avait vu la faiblesse des forces en présence, d’entraîner les combattants et de renforcer les équipements, malgré les vives protestations venues d'en haut. Mais peu importaient les critiques, car il avait reçu le soutien de la seule personne qui prévalait. La Princesse du Soleil avait donné sa bénédiction au colonel dans son projet de protéger la population de Canterlot contre une menace totalement improbable. Et moins d'une semaine après, tous les signes d'une attaque imminente apparaissaient. Peace Napper avait voulu prier Celestia pendant une journée entière pour la chance qu'ils avaient eu de ne pas s'être faits attaqué quelques jours plus tôt. Sous les ordres de leur ancien commandant, le colonel "Pas-de-Problèmes", ils n'auraient eu aucune chance.

Napper restait terrifié. Une semaine ne transformait pas un bleu en foudre de guerre, et les Forces de Défenses de Canterlot avaient pour l'instant plus fait de la figuration qu'autre chose. Tout était organisé par les Licornes. Il ne restait aux soldats qu'à se tourner les ergots en nettoyant leurs armes. La plupart d'entre eux ne savait même pas à quoi ressemblait un champ de bataille, et de toutes manières, ceux qui le savaient y avait laissé une partie de leur anatomie. Napper faisait partie de la première catégorie.

Il était terrifié, mais il se battrait. Il avait sa famille, sa femme et son nouveau-né dans ces murs, et il les protègerait, quoi qu'il lui en coûte. Et à cause de la connerie du haut-commandement, il faudrait s'arranger pour que le rebelles ne parviennent pas à dépasser les remparts. Les rues de la ville ne les avantageaient en rien pour le combat, et les lunaires avaient une longue expérience de guérilla derrière eux.

Une ombre attira son attention dans une ruelle transversale, et disparut quand il tourna son regard. Il fit mine d'avancer sans rien remarquer, s'approchant subrepticement de ladite ruelle. Puis il bondit vers elle. L'ombre se mit à courir, et Napper lui galopa après. Il était plus rapide, et la rejoignit bien vite. Il lui toucha le dos.

-Chat ! dit-il.

L'ombre se tourna vers lui, et ralentit. Napper s'approcha de la petite forme.

-Il ne faut pas rester dehors, petit. Tu dois rentrer chez toi.

-Mais, fit le poulain en passant dans un rayon de soleil, je dois ramener le livre à la bibliothèque aujourd'hui !

Sur ce, il sortit un livre, et le montra au soldat. Napper lui tapota la tête.

-Donne-moi ce livre, et rentre chez toi. Dis à ta famille de ne sortir sous aucun prétexte.

Devant l'air intrigué du gamin, il se reprit :

-Quoi qu'il arrive.

-Ah !

Le poulain le regarda dans les yeux.

-Vous promettez de le rendre, hein ?

-Oui.

-Promesse Pinkie ?

Ce fut au soldat de le regarder d'un air interrogatif.

-Quoi ?

-C'est un truc qu'on disait dans le village de mon père. Une promesse qu'on peut pas briser, sinon, Mme Pinkie vient en personne pour te rappeler ta promesse.

Il lui montra une série de geste, pour lui montrer comment ce faisait cette promesse. Napper les recopia de façon approximative.

-Promesse Pinkie. Maintenant, rentre !

Le poulain lui donna le livre, puis disparu dans une autre ruelle. Napper regarda le livre pendant qu'il ralliait la rue principale. Il demanderait à Raindrop d'aller rendre ce bouquin, s'il la croisait. La pégase était assez occupée en ce moment, à distribuer les ordres d'un coin à l'autre de la ville. A propos de pégases, il s'inquiétait pour la patrouille qu'on avait envoyé enquêter sur le blackout des avant-postes. Le colonel était cruel. Si attaque il y avait, alors il avait envoyé les quatre poneys à la mort. Mais s'ils revenaient, alors l'état d'alerte serait levé.

Cependant, Peace Napper n'y croyait absolument pas.

---

Soarin se demandait ce qu'il devait faire des cadavres. Il était désormais clair que la capitale se doutait de l'attaque imminente, mais avec le boulot qu'avaient abattu les opérations spéciales, il doutait que quiconque soit au courant ailleurs dans l'Empire avant que Canterlot ne soit tombée. Cependant, ça n'avait pas empêché la ville d'envoyer une équipe de pégases pour vérifier ce qui se passait. Les pauvres types n'avaient eu aucune chance face aux chasseurs de l'ex-Wonderbolt.

Les Experts tournaient depuis un petit moment déjà, prenant soin de ne pas être visibles depuis le sol tout en gardant un oeil sur d'éventuels mouvements adverses. Ils attendaient un signal, celui de l'équipe conjointe des Night-Ops et des Fantômes. Ce signal, ça serait probablement un gros boum et une alerte dans toute la ville. Car ils allaient faire diversion pour permettre aux pégases de foncer sur les portes.

Whisper, la taupe de Stalker dans les hautes sphères ennemies, leur avait indiqué un moyen de s'infiltrer à l'intérieur des murs de la ville, mais le gros des forces devraient passer par la porte principale. Et malheureusement, le nouveau responsable avait bien tissé sa toile et ouvrir l'accès serait impossible pour les commandos seuls. D'où l'intervention de Soarin et ses poneys. Pendant que les Nopes et les Fantômes mettraient le boxon à l'intérieur, eux fonceraient pour ouvrir les portes et offrir la ville aux forces républicaines. Dès lors, la véritable bataille commencerait.

Une certaine pression pesait sur ses épaules, et il aimait ça. Les pégases reprenaient leur place, des guerriers parmi les guerriers, l'atout stratégique principal. Il allait rappeler à l'Empire pourquoi depuis toujours, les terreux et les cornues craignaient la force militaire des anges d'Equestria.

Il savait maintenant quoi faire des cadavres.

---

-Et y'a jamais personne qu'a eu l'idée de vérifier par ici ? demanda Frostbite.

-Non, répondit Windvision. Les Catacombes sont trop anciennes. Très peu de monde sait encore qu'elles existent.

Les Catacombes de Canterlot étaient un magnifique vestige de la conception de la ville, situées au-dessus et parfois dans les anciennes mines. Elles servaient autrefois à ensevelir les poneys morts, leur pourvoyant un endroit sûr à l'abri des pilleurs de tombes, qu'ils soient poneys ou autres. Mais au fur et à mesure du développement de la ville, elles sont devenues obsolètes, en raison de leur profondeur et de leur aspect labyrinthique, et que de nombreuses personnes s'étaient perdues à l'intérieur. Le fait qu'il n'y ait aucune lumière n'aidait pas non plus. En plus de tout cela, on avait construit au-dessus le réseau d'égouts de la ville, et l'odeur s'était ajoutée à tous les autres désagréments. Alors, il y avait un peu moins d'un siècle, on avait décidé de sceller les entrées. Et les Catacombes avaient sombré dans l'oubli.

C'était sans compter la sournoiserie des réseaux résistants de la ville. Le Coup d'Etat Changelin avait brièvement fait refaire surface aux Catacombes, et si les architectes de la ville ont tôt fait de tout oublier à nouveau, lorsqu'il avait fallu mettre en place une contrebande et un itinéraire de fuite sûr pour les rebelles, le labyrinthe souterrain s'était imposé comme la solution à toutes les questions logistiques. Fancy Pants avait veillé, tout en gardant son rôle aux côtés de Blueblood, à ce que les égouts, les Catacombes et les mines soient efficacement reliées, et Stalker avait emprunté ces passages plus d'une fois au début de sa carrière.

L'étalon pourpre marchait à l'avant, avec à côté de lui Gentle Melody, qui faisait flotter la carte et apportait la lumière nécessaire à la lire. Le commandant n'était pas venu depuis longtemps, car le réseau Canterlotien n'avait pas survécu à la licorne qui le dirigeait et il n'avait plus de raison de venir. Whisper utilisait des moyens moins direct pour lui faire passer des informations, et les Catacombes étaient restées silencieuse pendant des années.

Les commandos déambulèrent une dizaine de minutes dans le noir, seulement éclairés par les quelques licornes qui avaient allumé leurs appendices, s'arrêtant parfois lorsque le commandant vérifiait la direction à prendre. Enfin, ils arrivèrent dans un cul-de-sac, devant un mur qui n'avait à priori rien de différent avec les autres. Stalker s'arrêta, observant l'obstacle. Flesh eut un rictus.

-Et là, tu vas nous sortir un passage secret, Shade ? Appuyer sur de briques pour faire glisser le mur ?

-Non.

La curiosité du pégase fut titillée. Stalker se tourna vers le reste des troupes, puis il leva les yeux. Night-Ops et Fantômes suivirent son regard, et ne virent rien. Gentle Melody orienta son faisceau de lumière vers l'endroit.

-...On doit voir quoi ? demanda Roads.

-Si on a bien notre boulot à l'époque, rien, répondit le commandant. Mais les pierres sont descellées, la clé de voûte a été remplacée par une armature en métal, donc on peut enlever les briques sans tout détruire. Flesh, vole là-haut et pousse.

Le pégase s'exécuta sur-le-champ, déployant ses ailes et voletant jusqu'au plafond, puis il poussa à l'endroit indiqué. Les briques se soulevèrent et une ouverture se fit dans le plafond, par laquelle passait de la lumière. Il engagea sa tête par l'ouverture, et découvrit qu'elle donnait sur les égouts. Puis Stalker sortit une corde, qu'il lui lança. Flesh accrocha la corde à un barreau d'une échelle vissé contre un mur qui se trouvait là. Pendant ce temps, les pégases s'envolèrent par l'ouverture, et sécurisaient la position. Puis les non-volants grimpèrent par l'intermédiaire de la corde.

-Tu sais, fit remarquer Black Jack, on a des magiciens téléporteurs ici.

-Vous aurez besoin de votre énergie plus tard.

-Y'a vraiment pas un chat, dit Drill. C'est dément.

-Faut croire que malgré toute sa parano, le nouveau responsable a oublié de vérifier sous ses pieds, répondit Slash.

-Apparemment, commenta l'étalon pourpre, personne n'a prit le temps de lui dire que les Catacombes existaient.

-Mais les égouts ? demanda Black Jack. Et les mines ? Depuis l'attaque de Chrysalis, c'est bien connu qu'il y a un accès entre les mines et Canterlot.

-L'accès a été bouché il y a un bail par Sparkle, et de toute façon les mines sont trop étendues pour y installer une surveillance efficace. Quant aux égouts, ils ne passent que sous la ville, et il y a suffisamment de patrouilles au sol pour se dire que personne ne peut entrer par là sans être vu.

-Ce que nous allons démontrer faux très bientôt.

-Regroupement, ordonna Stalker. On passe en revue qui sort où.

Les infiltrés étaient nombreux depuis l'arrivée des Fantômes, et furent divisés en cinq groupes, dirigés par Octavia, Flesh et Stalker pour les Night-Ops, Black Jack et Mind Illusion pour les autres. Chaque escouade fut assigné à une zone du quartier résidentiel sous lequel il se trouvaient, situé sur la ligne entre les portes et le château, suffisamment proche des premières pour que les troupes assignés à la ripostes allègent la résistance que rencontrerait Soarin lors de sa mission.

L'objectif était simple : se poster à couvert dans les maisons de chaque côté des rues, et faire un carton le temps que le reste de l'armée intervienne. Une mission suicide dans les règles, si les renforts ne venaient pas à temps.

Flesh et son groupe parvinrent à l'endroit qui leur avait été assigné. Le pégase grimpa à l'échelle, et ouvrit doucement la bouche. Il fit le tour de la place du regard, et, s'étant assuré qu'il n'y avait personne, il sortit. En une minute, son escouade s'était extirpée des entrailles de la terre, et ils avaient refermé la trappe. Puis, ils avaient utilisé des escaliers extérieurs pour monter sur les toits où se trouvaient quelques gardes rapidement éliminés.

Ils s'approchaient de leur objectif. Ils arrivèrent à la dernière rangée de maisons, celle qui faisait façade avec la rue principale, celle qui menait droit au château. Flesh fit signe à ses soldats d'attendre, et voleta jusqu'à une fenêtre. Il vérifia que personne n'était en vue, sortit son pistolet équipé d'un silencieux et tira sur la poignée. La fenêtre s'ouvrit, et il pénétra à l'intérieur de la maison. Il sécurisa la chambre où il avait atterrit, et fit signe aux autres commandos de le suivre. Il continua de fouiller l'étage, sans trouver personne. Puis il entendit des voix au rez-de-chaussée. Il assura sa prise sur son arme, et descendit doucement les escaliers. Il vit une petite famille, la mère, le père et une fillette, réfugiée dans la cuisine, qui discutait avec véhémence.

-...rois toi, à cette histoire d'exercice ? C'est pas normal !

-Shiny Dress aussi est barricadée. Apparemment, toute la ville est dans cet état.

-Tu crois qu'ils cachent un truc ? Une attaque terroriste, peut-être ?

-Plus probablement un assaut frontal, déclara le pégase en avançant avec un grand sourire.

Les deux parents se tournèrent vers lui, la mine horrifiée. Celui-ci mit le sabot devant sa bouche pour leur intimer le silence. Quand il fut assuré que les civils ne sortiraient pas un son, il demanda :

-Vous avez une cave ?

Les deux adultes le regardaient sans bouger. Leurs yeux descendaient jusqu'à son arme. Finalement, la pouliche, après avoir regardé ses parents, dit :

-On a la cave où papa range ses affaires.

Les parents se tournèrent vers leur fille, lui faisant signe de se taire. Flesh eut un sourire. Derrière lui, d'autres Night-Ops en arme étaient apparus.

-Allez vous poster aux fenêtres, leur dit-il. Vous ! On peut accéder à la cave depuis l'intérieur ?

-Qu'est-ce que vous voulez nous faire ? demanda l'étalon.

-Rien. Barricadez-vous dans votre cave, et ne sortez sous aucun prétexte.

-Je trouve qu'on utilise beaucoup le mot « prétexte », ces temps-ci...

Flesh montra au-dehors d'un signe de tête.

-Ça va bientôt chauffer dans le coin, alors mettez-vous à l'abri et par pitié, n'essayez pas de jouer aux héros.

Les poneys ne bougeaient toujours pas.

-Maintenant.

Cette fois, l'étalon prit sa fille par le sabot, et l'emmena. Flesh fit un discret signe de tête à l'un de ses soldats, et celui-ci suivit la famille pour les mettre à l'abri, et s'assurer qu'ils y restent. Puis il remonta à l'étage, et se posta dans le bureau, à une fenêtre qui donnait sur la rue. Plusieurs poneys se trouvaient déjà là, à attendre. Flesh jeta un coup d'œil, puis se baissa et arma sa mitrailleuse. Il prit sa radio.

-Blanche-Neige en position.

-*Reçu. En attente.*

Quelques secondes plus tard, la radio se remit à grésiller :

-*Magic en position. Vous foutez quoi, les gars ?*

-*Traqueur en position. Clé de Sol a des problèmes au niveau des patrouilles.*

-Et Pokerface ?

-*Je sais p...*

-*Pokerface en position. Désolé, petit problème de civils.*

-*Clé de Sol. Une patrouille nous a échappée. Elle se dirige vers vous, Traqueurs.*

-*On la voit. En attente... Menace éliminée. On a plus beaucoup de temps.*

-*Reçu, on se dépêche.*

L'attente dura quelques minutes. Flesh lançait régulièrement des coups d'œil par la fenêtre. Pour l'instant, personne n'avait l'air de s'être rendu compte de la disparition des patrouilles. En même temps, il régnait une telle agitation en ce moment, il n'était pas évident de comprendre ce qui se passait. C'était la panique à bord. Au loin, au bout de la rue, on pouvait distinguer les remparts de la ville, sensés empêcher les ennemis d'entrer. Tout le long de la rue, des fortifications et des petits murs de sacs de sables s'étaient mis en place. Flesh se demanda pourquoi, avec toutes ces précautions, ils n'avaient pas évacué les civils.

-*Clé de Sol en position.*

-*Ici Traqueur. Blanche-Neige, tu ouvres le bal.*

-Comme tu veux, patron.

Flesh se posta à la fenêtre. En contrebas, des poneys patrouillaient, gardaient les maisons. Certains étaient postés sur les toits. D'autres discutaient entre eux, se partageant un thermos de café. Flesh fit un signe à ses tireurs, leur montrant les gardes sur les toits, et les commandos mirent l'œil à leur viseur. Il prit sa radio.

-Rez-de-chaussée, vous êtes prêts ?

-*Prêts, Flesh.*

-A mon commandement...

Il prit sa mitrailleuse, et visa un groupe de trois poneys dans la rue.

-Feu à volonté ! Pour Luna !

Une dizaine de « Pour Luna ! » retentirent dans la maison, tandis que les commandos ouvraient le feu. Une vingtaine de poneys solaires s'effondrèrent. Des gardes tombèrent de leurs toits pour s'écraser au sol. Dans d'autres maisons du quartier, des tirs fusaient, fauchant des Solaires surpris, incapables de réagir. Les rebelles maintinrent un feu nourris pendant quelques minutes.

-*Stalker à tous. Cessez le tir.*

Un a un, les commandos lâchèrent leur gâchette. Il n'y avait plus un soldat solaire vivant dans leur champ de vision.

Puis le gémissement de l'alarme monta depuis quelque part au centre de la ville, et des poneys en arme accoururent de partout.

-Ladys et Gentlecolts, dit Flesh à la radio avec un accent bourgeois très prononcé, ce fut un plaisir de travailler une dernière fois à vos côtés.

-*Flesh, pas de pessimisme* fit la voix de Windvision.

-*Pour ma part* fit la voix d'Octavia, *Je me serais bien passée de vous avoir à mes côté, Flesh.*

-*Tiens, puisque t'as l'air d'avoir envie de crever, tu nous dis ton vrai nom ?* dit un autre Night-Ops.

Flesh souffla.

-On peut vraiment pas déconner avec vous, les mecs.

-*C'est plus l'heure de déconner.* fit la voix de Stalker. *Les renforts sont arrivés. Allez les enfants, on fait un maximum de bruit pour dégager la voie à Soarin.*

Des tirs venaient de la rue. Les impériaux ripostaient cette fois. Les lunaires se remirent à tirer sur les nouveaux arrivants. Les tirs fusaient dans tous les sens. Le mur éclata à côté de Flesh, l'obligeant à se mettre à l'abri. Les appels radios partaient dans tous les sens, alors que les premiers blessés commençaient à tomber chez les commandos.

-*Slash à terre, Slash à terre !*

-*Enfoirés !*

Une balle passa près de Flesh. Il sentit son souffle passer près de lui, le sifflement du projectile, et il entendit un petit "urgh" derrière lui, suivit d'un bruit de chute. Il se retourna, et vit que Soap s'était fait touché en plein front, son corps affalé sur le bureau. Flesh se remit à la fenêtre et arrosa tout ce qui se trouvait devant ses yeux. Mais désormais, les ennemis s'étaient réveillés. Les Night-Ops avaient donné un coup de sabot dans la fourmilière, et les soldats solaires devenaient nombreux. Très nombreux. beaucoup trop nombreux.

-*Flesh, ils passent par derrière !*

-Alors allez les coincer, bordel !

La dernière chose qui devait leur arriver, c'était de se retrouver encerclés dans les bâtiments. Flesh changea le canal de sa radio.

-Shade, on va finir par se faire coincer si on reste ici.

-*Reçu. Drill, envoie ton cadeau sur les murailles. Flesh, vide-moi la rue. Les autres, on sort des bâtiments, y'a suffisamment de couvert pour jouer à l'ext... Merde ! Wind', assomme-moi cette gourde avant qu'elle se fasse buter !*

En arrière-plan, Flesh entendit une jument au timbre de voix très aigüe pousser des cris hystérique avant de s'interrompre brusquement. Lors des briefing, le plus gros problème à régler avait toujours été la gestion des civils. Depuis la Guerre des Souris, les rebelles savaient à quel point ils pouvaient être irrationnels en cas de panique.

Le pégase se mit à faire un tir de suppression sur la rue en contrebas. Une des licornes lourde de l'équipe fit de même avec sa mitrailleuse super-lourde. Drill, quant à elle, chargeait son lance-missile avec un projectile sur lequel étaient dessinés des espèces de banderoles colorées garnies de messages d'insultes, tout en rigolant comme une possédée. Elle attendait de pouvoir lancer son "cadeau" depuis longtemps, et exploser les entrepôts d'arme des avant-postes n'avait pas calmé sa soif de destruction massive.

Partout dans le quartier, les Night-Ops et les Fantômes sortirent des bâtiments en faisant feu de toutes leurs armes pour se tailler un chemin dans les rues. Certains des commandos tombaient, quelques-uns se relevaient, la plupart restaient à terre. D’autres traînaient de la patte, et sortaient une seringue pour se piquer avant de reprendre le combat. Quelque part, c'était la première fois que les Night-Ops allaient se battre en jouant le rôle de la souris plutôt que le chat. C'était leur baroud d'honneur.

-Drill ! lança Flesh.

-Une minute !

-On n’a pas une minute !

La ponette visait la muraille avec son lance-missile. Des balles perdues éclataient les murs du bureau autours d'elle, mais elle ne se déconcentrait pas. Un bout de sa langue sortait de sa bouche, comme un écolier s'appliquant à faire un collage. Sa corne se mit à briller, et elle appuya sur la détente. Le missile partit en laissant une traînée fumante derrière lui. Il parcourut toute la rue, sous les regards surpris des soldats solaires.

---

Crimson Brush vit le missile approcher. Il haussa un sourcil en se demandant à quoi cela rimait. Ce devait sûrement être un projectile perdu, car il ne pourrait apparemment rien faire aux remparts eux-mêmes. L'engin mettrait un certain temps à parcourir la distance jusqu'à la muraille, et ferait probablement peu de dégât, autant matériels que poneys, parce que la plupart des troupes avaient quitté les remparts pour contrer la menace venue de l'intérieur.

Les rebelles étaient retors. Avoir éliminé les trois avant-postes juste pour leur permettre de lancer une attaque surprise depuis l'intérieur des murailles, c'était...

Bizarre. Il ne voyait pas la logique. Et une fois la surprise passée, les ennemis infiltrés paraissaient très inférieurs en nombre.

Mais là maintenant, il avait un problème qui s'approchait assez vite.

-Tout le monde à couvert !

Les sentinelles restantes sur les murs se mirent à l'abri, et Brush lui-même recula de quelques pas.

Le missile lui lança alors une insulte au visage. Il fit un brusque écart vers le haut, et explosa. Puis des dizaines d'autres petites lumières en jaillirent, comme un feu d'artifice. Sauf qu'au lieu de s'éteindre, les petites lumières bifurquèrent, et foncèrent vers la muraille, en évitant soigneusement les couverts derrière lesquels se trouvaient les défenseurs. Crimson Brush se jeta à terre tandis que les projectiles frappaient les remparts dans un ensemble quasi-parfait. Peu d'endroits furent épargnés par le tir et par miracle celui où s’était réfugié Brush en faisait partie. Il sentit la chaleur étouffante de la déflagration, des débris lui retombèrent sur le dos, et l'air se dilater en lui bouchant les oreilles.

Il resta quelques secondes à terre, le temps que le souffle se disperse, et se releva péniblement :

-Colonel Brush à Force de Défense *kof*. Qui reste-t-il sur les remparts ?

Il reçut quelques appels. Il ne devait pas rester plus d'une douzaine de poneys aptes au combat. Il lança un appel au QG :

-Il nous faut des renforts sur les remparts. Je répète, il nous...

Il vit une ombre au sol, regarda en l'air pour en voir l’origine et se jeta en arrière pour éviter la chose qui chutait. L'objet s'écrasa sur la pierre dans un immonde bruit de chair et d'os brisés, et une vague de sang s'en échappa, couvrant le torse de Brush. Le colonel regarda le cadavre qui était tombé du ciel, et reconnu l'un des pégases envoyés en reconnaissance. Le corps était complètement disloqué, immobile dans une position grotesque. Brush tourna une fois de plus son regard vers le ciel, pour voir une trentaine de points noirs se détacher sur le fond rouge. Il écarquilla les yeux tout en ayant un sourire satisfait. Il avait eu raison.

-PEGAAASES !

Il courut à l'un des canons anti-aérien, dont l'opérateur gisait en plusieurs morceau juste à côté, et s'y installa. Il manipula les commandes, pointant les canons vers le ciel, et appuya sur les gâchettes. Le canon se mit à cracher ses projectiles à intervalle régulier, et des explosions retentirent dans le ciel. Crimson vit avec satisfaction l’un des pégases ennemis dévisser et partir en vrille. Les autres canons de D.C.P. se mirent en marche un par un, et le chemin emprunté par les volants ennemis se couvrit de nuages de fumée.

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Soarin effectuait de nombreuses manœuvres d'évitement. Les munitions anti-pégases explosaient trop près de lui à son goût.

-Aaah !

Soarin tourna la tête pour voir Cloudchaser tomber en vrille, avec derrière elle, un objet longiligne qui tournoyait. Une de ses pattes. Il détourna les yeux, et se concentra sur sa descente, son instinct ouvert à toutes les informations que lui envoyaient ses sens. La variation de la pression, le sens du vent, la température, son sang de pégase bouillonnait. Il fit un brusque écart juste à temps pour éviter l'explosion d'un autre projectile. Trente mètres. Un cri retentit derrière lui. Vingt mètres. Il fit des écarts plus brusques encore, empêchant l'ennemi de l'ajuster. Dix mètres. Juste sous lui, la canon anti-aérien qu'il visait vit son opérateur sortir précipitamment, tentant gauchement de lever son fusil pour se défendre.

Mais il était trop tard. D'un sabot, Soarin écarta son fusil tandis que l'autre s'abattait sur le crâne du malheureux avec la force d'une météorite. Tandis que le pégase percutait le sol avec force, ses jambes encaissant son atterrissage particulièrement violent, le crâne du soldat impérial explosa sans résistance. Mais Soarin se désintéressait déjà de sa victime. Autour de lui, le reste des Experts avait fondu avec la même rage sur les derniers défenseurs des remparts, et les canons étaient désormais silencieux. A quelque mètre, il pouvait voir Flitter, les larmes aux yeux, s'acharner sur un des solaires, celui qui avait abattu Cloudchaser.

Puis il entendit une détonation derrière lui. Le souffle d'une balle lui caressa la joue, et il ressentit la douleur d'une entaille qui venait de s'ouvrir. Devant ses yeux, Flitter rejeta la tête en arrière sous l'impact, un nuage carmin éclatant derrière son crâne. Son corps tomba au sol, sans vie. Soarin se retourna. Il vit un poney à l'air mauvais se débarrasser du cadavre d'un autre Expert, et épousseter son uniforme sur lequel le pégase reconnu les insigne d'un officier haut placé. Celui-ci jeta son arme désormais vide, et chargea Soarin.

Le pégase tenta de lever son fusil, mais l'autre l'avait rejoint trop rapidement et dégagea son arme d'un mouvement avant de lui frapper le museau d'une puissante droite. Soarin tituba, et son adversaire en profita pour sortir un couteau, avec lequel il plongea sur l'ancien Wonderbolt. Celui-ci tenta de bloquer l'attaque, mais ne put que dévier la lame qui se planta dans son épaule. Cependant, Soarin, surmontant sa douleur, attrapa le col de l'autre combattant, et lui bloqua la patte en place.

L'autre tenta de dégager sa lame, mais le pégase tenait bon, et déplaçait son sabot afin d'appuyer sur la gorge du solaire enragé. Ce dernier ne se laissa pas faire, et tourna son couteau dans la plaie de Soarin, lui arrachant un hurlement de douleur. Puis il le frappa une nouvelle fois dans le museau, et encore une fois, envoyant la tête de l'Expert en arrière. La prise du poney ailé se relâcha légèrement, et finalement il tomba au sol. L'impérial, souriant, fit tourner son couteau dans son sabot afin d'achever le pégase, mais le visage de sa victime le fit douter.

Soarin souriait.

Brush leva les yeux, pour voir quatre autres rebelles, armes au sabots, prêts à tirer.

-Enculés...

Au moment où les Experts ouvraient le feu, le colonel solaire se jeta sur le côté, dans le vide, préférant tenter sa chance avec la gravité plutôt qu'avec une volée de balle. Son pari fonctionna mieux qu'il ne l'espérait, et il eut le bonheur de voir un drapeau de l'Empire pendre à l'endroit de sa chute. Il l'agrippa du mieux qu'il le pouvait, et se brûla les pattes en glissant jusqu'au bout de l'étendard, avant de retomber sur quelques mètres. Le choc fut dur, mais le colonel encaissa, et se traîna hors de vue des pégases.

Soarin se releva, aidé par ses acolytes, et commença à se diriger vers le bord du chemin de ronde pour confirmer la mort de son adversaire, mais ce qu'il vit changea ses priorités. Les impériaux commençait à se rassembler en masse pour reprendre les murailles. La vingtaine de pégases restante ne suffirait pas à les combattre. D'autant que les renforts commençaient à tarder. L'armée était toujours hors de vue.

-Il faut les retenir, lança-t-il dans sa radio. Il faut ouvrir les portes et tenir le poste de commande.

-*Reçu*

Les pégases se mirent en postions en hauts des escaliers des murailles, et commencèrent à tirer sur les soldats qui montaient. Soarin, lui, se dirigea vers la cabine de contrôle, à une trentaine de mètres de là. Il boitait, et se frottait le museau. L'enfoiré lui avait ruiné les narines et il avait sûrement perdu quelques dents, sans parler qu'il avait du mal à respirer.

Il atteignit enfin la cabine, et ouvrit la porte. A l'intérieur, il trouva la console, un ramassis de boutons et de manettes. Il trouva celle qu'il cherchait, sous la forme d'une manette avec sobrement écrit « ouverture porte » dessus. Il posa le sabot dessus, mais à ce moment, un appel retentit à la radio :

-*Soarin, dégage de là !*

-Stalker ?

Curieux, le pégase se retourna, pour observer la rue principale. Plus loin, il voyait des combats. Les Night-Ops continuaient leur lutte perdue d'avance.

-Qu'est...

-*Faucons en approche ! Dash fait une sortie ! Bordel, ouvre ces foutues portes et tire-toi !*

Plus loin sur la route, il pouvait voir le château. Et de ses tours, une myriade de points noirs s'envolaient vers le ciel, et grossissaient à vu d'oeil. Il reconnaissait même les virages énergiques de certains d'entre eux. Ses anciens coéquipiers.

Le pégase eut un sourire. Se tirer ? Maintenant ?

-Pourquoi on demanderait pas l'avis aux Experts en la matière, Stalker ?

-*Quoi ?*

Soarin sorti du poste de contrôle, et lança à ses pégases, tout en gardant le sabot appuyé sur sa radio :

-Hé les gars. Y'a Dash qui arrive avec ses branleurs, et je viens de recevoir l'ordre de nos amis les Nopes de se tirer. On fait quoi ?

Les poneys ailés se regardèrent à tour de rôle, et un à un, ils se mirent tous à arborer un sourire narquois :

-Qu'ils aillent se faire foutre !

-On est des pégases !

-On va lui tanner le cul à la Dash !

Soarin approcha la radio de sa bouche, et murmura :

-Tu présenteras mes excuses à Luna, Shadow. Mais les plus grandes batailles...

Puis il jeta violemment l'appareil au sol, celui-ci éclatant à l'impact.

-...commencent toujours par une pluie de pégases.

Il s'avança jusqu'au bord du chemin de ronde, et hurla :

-NOUS SOMMES DES PEGASES ! LA RACE DES GUERRIERS ! LES DESCENDANTS DU COMMANDEUR HURRICANE !

Il se tourna vers les Experts qui l'entouraient :

-PRÊTS A LAVER L'HONNEUR DE NOTRE RACE ?

Un rugissement monta de ses soldats. Ils n'allaient pas fuir devant Dash et ses chasseurs. Leur sang bouillait littéralement, et tous sortirent leurs armes de corps à corps, les seules à pouvoir blesser un de leur frère de race. Puis ils déployèrent leurs ailes, et dans un ensemble parfait, ils s'envolèrent.

Et la porte de la salle de contrôle restait ouverte, la manette de contrôle, toujours en place.

---

Les Faucons s'approchaient rapidement. Ils étaient nombreux. Trop nombreux pour les Experts. Stalker lança un regard vers les murailles. Les pégases rebelles s'étaient envolés, mais restaient sur place. Le sac de sable devant lui projeta des éclats, et il se remit à couvert. Flesh se releva à côté de lui, et lança une nouvelle rafale, puis se rebaissa.

-Jamais sous-estimer la fierté d'un pégase, Shade.

La plupart des Night-Ops avaient fait jonction afin de bloquer l'avance des renforts ennemis vers les remparts, mais même en l'état, ils restaient atrocement peu nombreux. Et ils n'arrivaient pas à établir la liaison avec le reste de l'armée, cependant il ne fallait pas être une lumière pour deviner qu'elle était en retard.

-Bordel de merde.

-T'es bien vulgaire aujourd'hui, Shade.

-Je me suis jamais fait autant allumé qu'aujourd'hui, Flesh.

Le commandant changea le canal de sa radio, et lança un appel à ses troupes :

-Butez-moi un maximum de ces emplumés. Tir de suppression sur les unités au sol pour nous ménager une fenêtre de tir, et que ça saute !

-*J'ai bien entendu ?* fit la voix guillerette de Polished Drill.

Stalker ne répondit pas, et se contenta de troquer son fusil d'assaut pour son arme fétiche qu'il gardait dans son dos. Il s'allongea ensuite au sol, et visa vers le ciel, les silhouettes décidément trop rapide des Faucons. Flesh, lui, sorti de son couvert et maintint un feu nourri en direction des soldats terrestres qui se firent faucher dans leur course.

Tous les tireurs d'élite avaient levé leurs canons vers la lueur rouge qui les dominaient, tandis que leur camarades moins précis les couvraient en vidant chargeurs sur chargeurs. Les balles fusaient vers le firmament, mais les pégases faisaient de brusques embardées, et trop peu d'entre eux tombaient en vrille, mortellement touchés.

Plus loin, Night Shine rechargea son fusil, et visa. Ils pouvaient désormais distinguer les couleurs des pégases. Il visa un poney blanc à la crinière jaune.

-Tu as voulu t'envoler...

Simple pression sur la gâchette. La balle traversa l'espace, et toucha le pégase à l'aile. Le poney tomba et leur passa au-dessus, pour se crasher derrière les commandos. Le reste des Faucons passèrent sans leur prêter plus d'attention. Night Shine pouvait même distinguer la légendaire Rainbow Dash, sa crinière et sa queue arc-en-ciel flottants au vent, à leur tête.

Être si près de légendes telles qu'elle. Combattre à leur côté, ou contre elles. Il y avait un quelque chose d'à la fois épique et apocalyptique dans cette bataille. Son regard se posa sur le corps du pégase qu'il avait abattu.

-... Je t'ai remis les sabots sur terre.

Le corps bougea. Surprise se releva difficilement. Night Shine la visa, mais soudainement la ponette se remit sur ses pattes, et hurla de rage. Puis elle partit comme un boulet de canon, dans la direction des Night-Ops. Night Shine tira précipitamment, mais d'un simple mouvement de tête la Faucon enragée esquiva le projectile. Alors que la furie était toute proche, il sentit une soudaine montée de chaleur, et une traînée de fumée le dépassa. Un missile se dirigea vers la pégase, et les deux se rencontrèrent dans une explosion. Les flammes avalèrent la rue jusqu'à Night Shine, mais le contournèrent, déviées par un bouclier de force. Le poney se retourna pour voir Polished Drill, l'arme encore fumante, dont la corne brillait, et qui affichait un sourire très dérangeant.

-Et que ça saute ! Ahahahah !

Night Shine lui fit un signe de tête inquiet pour la remercier, et recommença à tirer sur les soldats qui apparaissaient dans la rue, encerclant les maigres forces des forces spéciales.

La carcasse du pégase atterrit près de Flesh. Celui-ci pu sentir les effluves de chair, de poils et de plumes brûlées. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

-J'aime l'odeur du pégase brûlé au petit matin.

-On n’a pas vu de matins depuis treize ans, Flesh, lui dit Windvision.

-Il est très tôt.

-Qu'est-ce que tu en sais ?

-J'ai encore trois chargeurs pleins et j'ai pas faim.

Sur ce, il se releva, et continua son tir ininterrompu. Stalker secoua la tête.

-On n’en a pas éliminé assez. Soarin ne va pas y arriver seul.

Il prit sa radio.

-On recule ! Il faut qu'on donne un coup de sabot aux Experts. Reculez jusqu'au murailles !

-Shadow...

Windvision lui prit l'épaule, regardant quelque chose par-delà la poussière dégagée par les combats qui la rendait visiblement inquiète.

-On a un gros problème.

-Quoi ?

-Les L.d.S. sont arrivées.

Stalker vit une lueur à travers la poussière, et un rayon d'énergie frappa les sacs de sable, faisant voler les barricades en éclats. Les hurlements des blessés se firent entendre, alors que les tirs des Night-Ops redoublaient vers l'origine du rayon. D'autres traits jaillirent encore du nuage de poussière, frappant de toutes parts la ligne tenue par les forces spéciales. Stalker jeta un rapide coup d'œil à ses soldats. Ils étaient trop peu nombreux pour faire face aux licornes de Twilight, et Soarin n'avait pas ouvert les portes. Il lança un nouvel appel :

-Changement de plan. Jack, tu fonces en arrière et tu m'ouvres ces foutues portes. Le Night-Ops, on tient la ligne jusqu'à l'arrivée de l'armée. Armes lourdes au sol, videz-moi cette rue. Octavia, tu prends les tireurs, postez-vous sur les toits et éliminez-moi ces salopes à corne !

-*Shadow* fit la voix de Jack. *Si on se disperse vous allez vous faire massacrer. Laissez-nous gérer les Licornes.*

-Jack...

-*Les Night-Ops...*

-VA OUVRIR CETTE PUTAIN DE PORTE ! 

Le silence se fit sur la ligne. Les balles continuaient de siffler au-dessus d'eux, mais Flesh et Windvision ne pouvaient détacher leur regard des yeux de leur leader.

La position était foutue. Fantômes ou pas, il ne resterait de toute façon pas grand monde quand le reste des forces lunaires viendrait les renforcer. Et pour qu'elles puissent venir, il fallait que les portes soient ouvertes.

Et à choisir qui devait s'en sortir, les Night-Ops n'étaient pas une option.

-*Reçu.*

Petit à petit, sous les tirs ennemis, les Fantômes reculèrent, jusqu'à être en-dehors de la zone de combat, puis ils s'échappèrent en galopant. Les Night-Ops continuaient d'ouvrir le feu sur les Licornes qui se détachaient de la fumée, entourées d'une centaine de soldats solaires.

Octavia s'était éclipsée par une ruelle transversale, suivie de trois poneys armés de fusils de précision. Elle monta à une échelle, et atteignit les toits. Elle se dirigea vers le bord, et les poneys se mirent en position de tir. De l'autre côté de la rue, elle put voir Night Shine et deux autres poneys faire de même. En bas, les combats faisaient rage, mais les impériaux avaient clairement l'avantage. Elle prit son fusil, mit l'œil à la lunette, et visa une licorne. Un détail attira son attention.

Aucune licorne ne semblait être blessée, ou même touchée. Elle décala sa visée.

Un bouclier. Les licornes avaient mis en place un bouclier. Tout ce que les Night-Ops leur envoyaient ne servait à rien. Elle repassa aux licornes, pour trouver une faille dans leur défense

La licorne qu'elle visait la regardait.

Sa corne brilla, menaçant la terrestre. Octavia ouvrit le feu rapidement, mais elle ne put que voir la balle s'arrêter devant le visage du poney magicien. Puis un rayon d'énergie partit de la corne du poney, et sortit de l’angle de vue de la lunette.

Un choc dans sa poitrine, et les sons furent coupés. Juste un long et lancinant sifflement qui lui vrillait les oreilles. Une étrange chaleur envahi son torse. Octavia baissa les yeux. Elle s’était mise debout sur ses pattes arrières. Du sang coulait en cascade sur son bassin, et continuait le long de ses pattes pour former une flaque au sol. Elle continua de baisser la tête pour voir sa poitrine. Il n'y avait plus rien. Rien qu'un gigantesque trou fumant. Ses lèvres tremblaient. Elle tomba à genoux.

Une étrange mélodie commença à sonner à ses oreilles, comme jouée par un fantôme lointain. Une belle musique, lui rappelant sa jeunesse...

Windvision vit le corps d'Octavia chuter du toit et s'écraser la tête la première contre les pavés de la rue. Elle détourna les yeux. Les radios des Night-Ops délivrèrent le même message à ce moment précis :

-*Ils ont des boucliers ! Je répète, ils ont des boucliers !*

-Et merde !

-J'EN AI MAAAAARREEEEEUUUUUUU !

La voix de Drill tonna au-dessus des tirs. Windvision tourna des yeux ronds vers elle. La corne de la ponette brillait intensément, tandis que les missiles gravitaient autour d'elle et partaient en chaîne dans son arme avant d'être tirés sur les licornes, dont le bouclier les protégeait des explosions. Les yeux de la ponette commençaient à briller.

-MAIS RAAAAAAH !

Elle visa au sol, et tira. Au lieu d'exploser, le missile disparu sous terre. Il y eut un temps de latence, seulement entrecoupé des tirs que s'échangeaient les deux partis.

Puis ce fut l'apocalypse. Le sol sous les Licornes explosa, et les cris des solaires paniqués eurent peine à couvrir le bruit du tremblement de terre. Certaines magiciennes utilisèrent leur magie pour ralentir leur chute, mais beaucoup des corps qui volaient étaient désormais sans vie et tombèrent dans un bruit sourd. Windvision se tourna vers Drill, qui vacillait, puis s'effondra à terre, inconsciente. Les Night-Ops poussèrent un cri de triomphe, et les tirs redoublèrent, fauchant les poneys désormais sans protections.

Windvision vit une licorne préparer une attaque, épaula son fusil et tira une volée. Les projectiles pénétrèrent son torse et le poney tomba au sol. L'énergie emmagasinée dans la corne se relâcha, et une explosion souffla les quelques soldats qui se trouvaient à côté. Windvision parcouru les ennemis du regard. Elle ne voyait Sparkle nulle part.

Elle nous pense sans intérêt.

Les Night-Ops allaient lui montrer qu'il ne fallait pas prendre les partisans de Luna à la légère.

Soudain, elle sentit quelque chose d'électrique dans l'atmosphère. Elle avait suffisamment eu cette sensation par le passé pour réagir d’instinct.

-A TERRE !

Les Night-Ops se jetèrent au sol, tandis qu'une gigantesque explosion colorée eu lieu au milieu de leur ligne. Windvision vit le corps disloqué de Roads voler et tomber devant elle. Elle se releva, et regarda vers les impériaux. Au loin, un cercle de Licornes était en pleine concentration. Leurs cornes brillaient, l'intensité lumineuse augmentant de seconde en seconde. Elle hurla dans sa radio.

-Night Shine ! Licornes à l'arrière ! Attaque groupée !

-*J'ai vu.*

Il y eu un temps, puis Windvision entendit :

-*Tu avais la puissance d'un Dieu...*

Elle entendit une rafale, et deux licornes s'affaissèrent. Les autres déclenchèrent leurs boucliers pour se protéger, brisant leur concentration de groupe.

-*… mais tu n'étais qu'un mortel.*

Windvision se retourna vers les remparts. Les Fantômes combattaient les soldats qui étaient venus défendre les murailles, mais le plus impressionnant était le combat aérien qui se déroulait dans le ciel. Des pégases tombaient, telle une pluie de chair, de poils et de sang.

La pluie de pégases des légendes.

---

Swift Wings avait les sabots pleins de sang. Elle en était à six. Six Faucons. Qui était la proie, qui était le prédateur à présent ? Chaque pégase qui se présentait devant elle lui rappelait cette bataille qui lui avait couté sa vie et ses rêves. Ses rêves de voler. Ses rêves de vivre en pégase libre. Ses rêves d'une vie passée en compagnie de Middlecup. Sa vie avait été ruinée ce jour-là. Par une unique jument. Et Swift Wings la cherchait activement des yeux, tuant tout ceux qui se mettaient sur son chemin.

Les pégases volaient à des vitesses effrayantes, enchaînant les acrobaties les plus périlleuses pour éviter de se faire tuer, pris par surprise un ennemi pendant un moment d'inattention. Les poneys volants étaient concentrés, sur leur vol, donnant le meilleur d'eux-mêmes tout en tentant de se ménager pour l'avenir de la bataille, sur leurs ennemis, qu'ils ne quittaient des yeux que pour vérifier que personne ne les avait pris en chasse à leur tour. Concentrés sur la manière de tuer leur victime de façon rapide et efficace, pour ne pas perdre de temps en restant immobile. Les combats se réglaient essentiellement au corps-à-corps, car toute tentative de tir se soldait par une esquive et un risque de tir allié. Leurs fusils en bandoulière, quand ils ne les avaient pas tout bonnement lâchés, ils avaient sorti couteaux et lames. Les coups de machettes, d'épées, de couteaux ou de sabres pleuvaient, ripant sur les protections aux jambes, ou tranchant des membres aussi facilement qu'un fil tranche le beurre. Le pire était quand c'était l'aile qui était visée. Les pégases tombaient, hurlant, incapables de freiner leur chute vers leur funeste destin.

Cependant, la bataille se déroulait essentiellement à basse altitude. Les Experts, inférieurs en nombre, avaient opté pour un combat donnant l'avantage à l'agilité plus qu'à la force, zigzagants dans les ruelles, profitant de l'aspect tentaculaire et labyrinthique de la capitale, mettant en œuvre des trésors d'ingéniosité et de pilotage pour échapper à l’ennemi, le surprendre et l'achever avant de passer à une autre cible. Ils se battaient à un contre trois ou quatre, mais ils se débrouillaient pour toujours en emporter au moins deux dans leur tombe.

Swift Wings repéra un pégase qui la prenait en chasse, et fonça vers le sol. Elle prit une rue transversale, et suivit le chemin, le pégase sur les ergots. La route décrivait une courbe, et elle continua de prendre un maximum de vitesse. Une ombre passa au-dessus d'elle, et elle vit un autre Faucon se poster devant elle, un sabre au sabot. Elle déploya ses ailes, et fit un virage brusque à 90 degré pour s'engager dans une étroite ruelle. Mais les deux pégases la suivaient à la trace, sans laisser un fer de terrain.

Elle employait toute son agilité pour esquiver les divers obstacles qui entravaient sa route, enchaînant tonneaux, vrilles, rasant le sol et remontant en chandelle. Mais les deux autres ne lui laissaient aucune marge d’erreur. Elle mit le sabot à sa ceinture, en décrocha une grenade, puis jeta un coup d'œil furtif vers l'arrière. Les pégases se rapprochaient, et ils commençaient à profiter de l'aspiration fournie par la rebelle. Elle dégoupilla la grenade et la garda sur son cœur.

Les murs défilaient sur ses côtés, à peine assez éloignés pour lui permettre de déployer ses ailes. Elle plongea vers le sol, rasant les poubelles et obstacles de cette sinueuse ruelle. Ses yeux enregistraient des centaines d'informations, et ses autres sens de pégase lui indiquaient ce qu'elle ne pouvait pas voir.

Et pendant ce temps, dans sa tête défilaient les chiffres. Six, sept, huit. A neuf, elle lâcha la grenade, et fit une nouvelle accélération, sous les protestations de ses ailes qui commençaient à la faire souffrir. Les pégases furent surprit de cette prise de vitesse, et redoublèrent d'efforts pour la rattraper.

Ils passèrent au-dessus de la grenade au moment où Swift comptait "Dix".

L'engin explosa sous le ventre d'un des poursuivants, et il fut rejeté en l'air sous le choc, le thorax déchiré et brûlé. L'autre fut propulsé contre un mur, rebondit et s'écrasa sur le mur opposé, puis tomba en vrille et s'écrasa dans les poubelles. Swift ralentit, puis fit un looping pour se retourner et voir ce qui restait de ses poursuivants. Le corps de celui qui restait fumait. Cependant, il y eut un raclement, et l'impérial essaya de se redresser. Ses pattes avant flageolèrent et il s'écroula de nouveau. Swift Wings se rapprocha de lui. Il était en mauvais état. Son poil, bleu à l'origine, était plus sombre, roussi, et certaines touffes avaient été brûlées jusqu'à la peau. Une de ses pattes arrière formait un angle étrange, et son aile droite était réduite en miette.

Le pégase leva les yeux vers elle, puis détourna son regard et fixa droit devant lui, attendant son destin avec dignité. Swift Wings sortit son pistolet de son holster, et lui tira une balle dans la tête. Le corps retomba lourdement.

Elle en était à huit. Un score honorable, qui pourrait influer sur l'issue incertaine du combat. Soudain, elle entendit un hurlement au-dessus d'elle, puis un corps tomba, percutant le toit et valdingua en chutant dans la ruelle. Il s'écrasa au sol dans un bruit de chair assez atroce. Rumble, un de ses camarades. Le jeune pégase qui avait refusé de suivre son frère Thunderlane dans l'armée de l'air imépriale. Swift Wings leva les yeux.

Elle.

Les yeux de Swift Wings s'écarquillèrent. Puis elle sentit un feu naitre dans ses entrailles. Ses membres commencèrent à trembler, et sa mâchoire se contracta. La haine fit le tour de son corps, tandis qu'elle détaillait la robe bleue cyan, la crinière débraillée multicolore, tout comme la queue. Tout en elle déchainait la fureur de Swift. Elle la haïssait. Elle revit le corps chutant de Middlecup, le regard de la pégase quand elle l'avait visé, sa posture fière quand elle avait dévasté leur base d'un unique Rainnuke.

Puis Rainbow Dash baissa les yeux vers elle. Des yeux roses, qui détaillait d'un air blasé le poney qui se trouvait sous elle. Elle parut légèrement intriguée, comme si elle était surprise de l'attitude de la ponette. Elle ne fuyait pas, et pointait sur le leader des Faucons un regard non pas empreint de crainte, mais de fureur et de haine pure.

Rainbow Dash eut un sourire en coin. Puis elle s'éloigna. Swift Wings déploya ses ailes, et décolla, traversant en un instant l'espace entre le sol et les toits. Elle se retrouva à l'air libre, et chercha dans la direction qu'avait prise l'héroïne. Celle-ci volait à vitesse soutenue, mais la rebelle sentait qu'elle ne se pressait pas.

Rainbow Dash se retourna, et vit que non seulement la pégase au regard enflammé l'avait suivi, mais qu'elle fonçait droit sur elle. Elle fit rouler ses épaules, et détendit ses muscles avant de fermer les yeux un court instant.

Puis elle les rouvrit, et fonça sur cette jument. Les deux poneys volants se rapprochaient à une vitesse qui pourrait les tuer à l'impact, mais aucune des deux ne trahissait la moindre hésitation dans son regard. Elles fonçaient droit devant elles, déterminées à ne pas dévier la première.

Puis le moment fatidique arriva, et les deux pégases s’esquivèrent, chacune d'entre elle se mettant sur le flanc pour éviter l'impact. Les deux combattantes tentèrent de lancer leur patte armée l’une vers l'autre, dans l'espoir de toucher leur ennemi. Swift Wings continua son tonneau, et sentit la lame de Rainbow Dash lui raser le ventre, tranchant même quelques poils. Par contre, elle-même, avec son couteau, n'avait pas assez d'allonge pour ne serait-ce qu’inquiéter son adversaire.

Les deux pégases se dépassèrent, et montèrent en chandelle, tournant l’une autour de l'autre pour se jauger, trouver des faiblesses dans la garde de l'autre. Rainbow Dash était une experte dans le combat contre les pégases, mais en attestait les membres antérieurs rougeâtres jurant avec la robe de la pégase qui lui faisait face, elle non plus n'était pas en reste sur ce plan. Et ses yeux... Des yeux dans lesquelles dansaient des flammes de haine. Rainbow Dash n'avait aucune idée de ce qui se passait dans la cervelle de son adversaire, mais sûr, elle lui en voulait. Et c'était plus profond qu'un simple sentiment de revanche contre celle qui était considérée comme une traîtresse à sa race. Elle avait dû lui faire du mal personnellement.

Swift Wings décrocha, et fonça sur la Faucon. Le pégase cyan avait eu un moment de relâchement, et Swift Wings devait profiter de cette chance. Rainbow fut à peine surprise, et se mit en garde avec sa lame. Rainbow Dash avait un fauchon, une lame à un tranchant assez court et très maniable. Swift, quant à elle, avait un simple couteau, plus gros que la moyenne, certes. Elle atteignit l'héroïne, dégagea sa lame d'un coup de patte sur laquelle se trouvait les brassards métalliques, partie indispensable de la tenue de combat des pégases, et plongea sa patte armée vers le torse de son adversaire.

Mais Rainbow fit un mouvement tournant de son sabot libre pour dévier son coup, puis se roula en boule et se rejeta en arrière. Une fois à l'horizontale, elle détendit ses sabots arrière et envoya une ruade dans le visage de Swift Wings. Celle-ci eut à peine le temps de faire un semblant de garde, et se prit ses propres pattes dans les naseaux. Elle fut légèrement sonnée et tomba dans le vide. Elle vit dans son champ de vision troublé la forme bleutée de son ennemie plonger sur elle. Elle déploya ses ailes, et augmenta sa vitesse de chute. Mais Rainbow Dash était bien connue pour être la plus rapide des pégases, et la rattrapait très vite.

Il ne restait que quelques dizaines de mètres avant le sol.

Swift Wings fit un tonneau de rétablissement et reparti à l'horizontale à travers les rues de Canterlot, Rainbow Dash toujours sur ses ergots. Elles entamèrent une course-poursuite à travers la ville, sous le regard surprit des gardes qui affluaient de partout pour se rendre dans la zone de combat. Swift Wings réfléchit à toute vitesse, se demandant comment renverser la situation. Soudain, elle vit son salut. Une banderole était pendue en travers de la route. Elle tendit les pattes avant, et attrapa au vol la corde de soutient de la banderole. Celle-ci se tendit tel un élastique, et Swift Wings fit une pirouette autours et s'aida de cela pour faire un brusque demi-tour, dans le but de surprendre l'héroïne.

Mais lorsqu'elle fut retournée, elle ne vit personne. La pégase cyan avait disparu. Swift Wings regarda rapidement aux alentours, vers le ciel, mais ne la voyait nulle part.

Puis elle ressentit une affreuse morsure dans le dos, qui se prolongeait jusqu'au thorax. Elle baissa les yeux. Une lame ensanglantée surgissait de l'endroit où se trouvait son cœur. Ses ailes ne parvinrent plus à la supporter, et elle commença à chuter, mais elle fut immédiatement rattrapée par la Faucon, qui la maintint tout contre elle.

Et Rainbow Dash lui chuchota à l'oreille, d'une voix dénuée de toute animosité :

-Aucune chance. Je connais cette ville sur le bout des fers.

Swift Wings aurait voulu répondre, mais elle se contenta de cracher du sang. Rainbow Dash raffermit sa prise pour lui éviter de tomber :

-Tu t'es bien battue. Probablement la meilleure adversaire que j'ai affrontée depuis des lustres.

-Pas... Assez...

Swift continuait à glisser, et Rainbow avait du mal à la maintenir en vol sans bouger sa lame. Et elle tenait à ne pas lui infliger plus de souffrance que nécessaire.

-Vous êtes des pégases très courageux et complètements cinglés. Mais toi, t'es différente. C'est personnel. Pourquoi ?

Swift Wings tourna lentement la tête, et croisa les yeux roses de l'élément de la Loyauté.

-Tu... l'as tué...

Rainbow Dash soupira.

-J'ai tué beaucoup de monde. Et beaucoup d'entre eux réclamaient vengeance.

-Peut-être... Mais...

Swift Wings sourit faiblement.

-Je suis... une pégase...

Puis Swift Wings leva brusquement son sabot tenant encore son couteau vers le visage de Rainbow Dash. Celle-ci se jeta en arrière pour éviter l'arme, retirant par là son sabre du corps de la ponette. Swift mourut immédiatement, et chuta vers le sol, sur lequel elle s'écrasa lourdement.

Rainbow Dash regarda le corps disloqué à terre. Elle avait mal au museau. Elle mit son sabot sur celui-ci, et constata qu'il saignait. Ce dernier coup lui avait entaillé le bout du visage.

Elle sourit. En treize ans de guerre, c'était la première fois qu'elle était blessée durant un corps-à-corps.

---

Soarin observait la bataille aérienne. Il ne restait plus beaucoup d'Experts en vie. Il pencha sa tête vers le cadavre qu'il tenait dans son sabot. Son visage était tourné dans le mauvais sens. Une de ses anciennes équipières, Fleetfoot. Les Wonderbolts avaient tous succombé aux appels de sirène de leur leader, Spitfire. Mais pas lui. Et aujourd'hui, il rendait son honneur à son ancienne équipe. Même s'il fallait en passer par une purge totale. Il laissa tomber le corps qui, comme tous les autres, s'écrasa au sol. Il ne devait pas rester plus d'une demi-douzaine de pégases rebelles, mais le tribut prélevé chez l'élite des forces aériennes impériales était plus que conséquent. Peu importait qu'ils meurent tous aujourd'hui. Ils avaient vaincu.

Le rêve de Soarin. Mettre fin à cette prétendue suprématie de l'Empire sur le ciel. Montrer que les partisans pouvaient voler de la même manière. Prouver que le ciel était un endroit libre, sans frontière. Il respira. L'air était vicié du sang et de la fumée, mais il n'en avait rien à foutre. Il était libre.

Les Night-Ops luttaient contre des troupes qui arrivaient de partout, des rayons d'énergie frappaient leur ligne sans relâche. Un groupe de poneys progressait difficilement dans la direction des murailles, sans cesse stoppé par des vagues de gardes et de soldats ennemis.

Soarin regarda derrière lui. L'armée rebelle n'étaient toujours pas là. Il battit des ailes plus rapidement, et commença à prendre de la hauteur. De là-haut, il parviendrait peut-être à...

Levant les yeux, il aperçut une boule de flamme lui tomber dessus. Il opéra un rapide changement de cap, évitant de justesse le projectile tombant sur lui.

Non, ce n'était pas un projectile. La boule orangée décrit un arc, et s'arrêta à son niveau.

-Alors, Soarin, on rêvasse ?

-Spitfire, cracha-t-il avec un dégoût manifeste.

-Allez, dit-elle sur un ton joueur. Les deux Wonderbolts restant. On se la fait sabot-à-sabot, comme des grands ?

La pégase fonça sur lui, et il fit de même. Les deux pégases se regardaient droit dans les yeux. Spitfire prit son couteau, Soarin ajusta ses renforts aux sabots. Il y avait peu de distance entre eux deux, mais chaque millième de seconde leur apportait son lot d'informations sur l'ennemi, sa posture, la façon dont il allait se battre, les intentions qui transparaissaient dans leurs yeux, mais aussi sur l'air, la façon dont ils pourraient utiliser les variances de pression pour se battre.

Ce fut le choc. D'un geste, Soarin para l'arme de son ennemie, mais celle-ci utilisa son sabot libre pour écarter les ceux tendus de l’étalon, et lui envoya sa tête dans le thorax. Il entendit un craquement, mais ne sentit rien. Plus tôt, il s'était injecté une dose de Booster, et celui-ci faisait encore effet. Cependant, ses yeux floutèrent un court instant, dont profita la pégase de feu pour lui envoyer une ruade de plus dans le ventre. Soarin eut le souffle coupé. Spitfire ne lui laissa pas une seconde de libre, se jetant une fois de plus sur lui. Soarin se laissa alors tomber en chute libre, mais au moment où la pégase l'atteignit, il déploya brusquement ses ailes, faisant un mouvement pivotant qui lui permit d'esquiver le coup de son ancienne partenaire, et lui donna un coup de fer dans le visage. Le museau de la pégase craqua, et elle se jeta en arrière, évitant un deuxième coup de l'étalon.

Les deux pégases se jaugèrent à bonne distance. Soarin osa un rapide coup d'œil à son état. Il était couvert de sang, et beaucoup lui appartenait. Il avait du mal à bouger certains membres avec fluidité, ce qui entrait en conflit avec son manque de douleur. Il avait toujours détesté cet effet du Booster.

Spitfire était en meilleur état, mais de peu. Elle s'était battue avant de défier Soarin, cela se voyait. Elle arborait quelques blessures, mais au contraire de l'étalon, la majorité du sang couvrant son corps n'était pas le sien. Autour d'eux, la bataille aérienne s'achevait. Les derniers Experts chutaient.

Soarin eut un sourire. Spitfire prit une expression étonnée, et l'étalon fonça vers elle.

Choc.

Soarin ne parvenait plus à respirer. La pégase l'avait attrapée au cou, et l'étranglait. Soarin sentait qu'ils montaient, mais le manque d'oxygène, le sang qui le quittait et les blessures l'empêchaient de réfléchir correctement. Il ne pouvait même plus bouger.

-Soarin, Soarin... Mon pauvre Soarin...

Spitfire descendit la tête du pégase au niveau de la sienne, et planta son regard dans le sien. Elle rapprocha son visage, et mit son museau à son oreille.

-Tu as toujours été...

Soarin ressentit un choc dans son ventre. Puis une étrange chaleur, qui s'écoulait le long de son corps.

-Faible.

Nouveau choc.

-Misérablement faible.

Nouveau choc.

-Faible, faible, faible, FAIBLE, FAIBLE, FAIBLE, FAIBLE !

Chacune de ses injonctions était plus hurlée, et ponctuée d'un nouveau coup de couteau dans la chair tendre du pégase. Sa vue se brouillait, des tâches noires apparaissaient par intermittence. Mais aucune douleur.

Spitfire continua de s'énerver sur le pégase, lui hurlant dessus pendant une trentaine de seconde, puis elle l'écarta d'elle, et le lâcha. Il se sentit tomber, mais il n'y accordait aucune importance. Il était mort en volant, dans une superbe chute. Il écarta légèrement l'aile avec les dernières forces qu'il lui restait, et entama une vrille vertigineuse. Son champ de vision s'obscurcit. Dans un dernier sursaut de vision, il vit le sol se rapprocher. Il se rappela des paroles que lui avait enseignées son maître à l'école de pilotage.

Si tu tombes, il y aura toujours quelque chose pour te rattraper.

Ne serait-ce que le sol.

---

Scamper vit le corps de Soarin s'écraser à terre. Il tourna la tête vers la pégase qu'il tenait encore dans sa patte. Il retira sa lame de son œil, et la laissa tomber sur le toit où il était posé. Il promena son regard sur la bataille qui avait lieu dans l'enceinte des murs. Un groupe de poneys tentait une percée jusqu'aux portes. Ils avançaient rapidement, mais payaient cher leur avance. Plus loin le long de la route, un autre groupe combattait, résistant vague après vague aux troupes que l'armée de Celestia leur envoyait. Mais leur groupe s’était bien amoindri, depuis le moment où les Faucons étaient passés au-dessus d'eux. Scamper était par contre effaré du nombre de pégases qui étaient tombés. Sur les cinquante originaux, il n'en restait peut-être qu'une vingtaine au maximum.

Ils avaient été clairement surclassés par les rebelles.

Scamper chercha Surprise du regard. Il avait perdu la pégase du regard lors de l'assaut, et désormais, il cherchait une scène de destruction massive pour localiser sa partenaire. Mais il n'y avait que deux zones de combats, et aucune d'entre elles n'était dans un chaos total. Scamper s'envola, prenant de la hauteur. Il dominait le champ de bataille. Il pouvait voir l'immensité de la capitale. Puis il entendit des froissements d'ailes à côté de lui. Rainbow Dash se tenait là, à la même hauteur. Quelque chose choqua immédiatement Scamper, l'entaille qui ornait son museau. C'était si rare de voir leur chef être blessée.

Mais Rainbow Dash ne se souciait pas de sa blessure. Elle regardait, l'air inquiet, un point à l'horizon derrière Scamper. Celui-ci tourna son regard, et comprit l'objet de l'inquiétude de la pégase.

Au-delà des remparts, une masse noire grandissait. Il pouvait sentir des vibrations dans l'air, et percevoir le mouvement des chenilles. Il voyait des poneys en marche. Il voyait une armée, à quelques centaines de mètres des remparts. Il se tourna vers Rainbow Dash.

-Qu'est-ce qu'on fait ?

La pégase secoua la tête.

-Tant que les portes ne sont pas ouvertes, ils ne peuvent rien faire. Nous allons faire en sorte qu'elles le restent. Toi, fit-elle en pointant Scamper, va prévenir Twilight et Celestia. L'ennemi est à nos portes.

Il salua.

-Bien comprit.

Rainbow se mit à marmonner des ordres dans sa radio, tandis que Scamper se dirigeait vers le château. Il jeta un coup d'œil en bas, vers les combats qui se déroulaient entre les Licornes du Soleil et les soldats hérétiques.

Et il la vit. Ou plutôt, il identifia les restes de sa carcasse. Les quelques poils non brûlés blancs, le reste de crinière jaune frisée.

Surprise.

Il s'arrêta. Qui avait fait ça ? Qui avait réussi à la toucher ? Elle était indestructible ! Qui avait osé ? Surprise était la seule à l'apprécier, bravant par-là la règle tacite que Spitfire avait mis en place de traîner le pégase paranoïaque dans la boue.

Elle avait été tuée, et il n’avait pas été là pour la couvrir.

Son corps était en miette. Comme détruit par un missile. Il chercha parmi les survivants des Lunaires, et vit une licorne qui se relevait difficilement, en tirant des projectiles avec son bazooka.

Faisant fi des ordres qu'il avait reçus, il plongea vers les lunaires retranchés.

---

Sterling Vision vit un Faucon plonger en plein milieu des lignes lunaires. Profitant de la confusion engendrée, le pégase se jeta, dague au sabot, sur la foutrediacre de licorne qui les malmenait depuis quelques temps. Profitant de cette occasion, il s'adressa aux soldats qui l'entouraient.

-Soldats ! CHARGEZ !

Les soldats hésitèrent, les balles fusant toujours sur leurs positions. Le poney à la robe brûlée sortit son pistolet et tira dans le crâne du soldat impérial le plus proche, qui tomba, l’air toujours inquiet inscrit sur son visage.

-J'ai dit : CHARGEZ !

Les soldats empoignèrent leurs fusils, et galopèrent à travers le terrain découvert, Sterling Vision sur leurs talons. D'autres Licornes se joignirent à eux, apportant la protection que le poney quasi-aveugle ne pouvait pas leur apporter. Toute ses capacités magiques étaient concentrées à améliorer son champs de vision, et lui fournir une mince protection personnelle.

Les balles s'écrasaient sur les boucliers magiques des licornes, tandis que les projectiles impériaux les traversaient sans peine. Toutefois, les Licornes trahissaient des signes d'épuisement. Un missile s'écrasa sur les protections, et une d'entre elle s'effondra, une bave écumeuse aux lèvres, parcourue de tremblements. Les boucliers perdaient de leur couleur à chaque pas. Puis ce qui devait arriver arriva, et une balle traversa le champ de force, frappant un soldat dans une patte. Il se fracassa le crâne en tombant par terre, tandis qu'une autre Licorne pliait les genoux, incapable d'avancer plus loin.

Ils étaient assez proches. Sterling Vision dégoupilla une grenade, et la lança au milieu des troupes ennemies. L'engin explosa, projetant quelques corps dans les airs, et obligeant les autres à se mettre à couvert. Les impériaux profitèrent de ce répit pour se protéger derrière les barricades.

Ils y étaient. Grâce à ce pégase fou.

---

Scamper ne s'arrêtait pas une seconde. Il mettait à profit toute son agilité de pégase pour éviter les blessures, mais cela ne l'avait pas empêché de récolter une volée de balles dans la cuisse.

Il l'avait manqué. Cette licorne avec son lance-missile était une vraie furie, et s'était battu avec acharnement. Quand il avait fondu sur elle, elle avait esquivé au dernier moment, non sans récolter une méchante blessure sur le flanc. Mais elle avait répliqué avec tout son arsenal de magie, sans compter les autres hérétiques qui s'étaient jetés sur lui, lame au sabot. Et ce n'était pas des guerriers ordinaires, Scamper en était sûr. Il avait eu un mal de chien à les éviter, tout en essayant de leur porter des coups, mais le fait était là : il avait joué au con. Seul, il n'avait aucune chance.

Soudain, un rayon d'énergie frappa un soldat rebelle proche de lui, désintégrant la moitié de son visage. Il tourna sa tête vers la provenance du tir, et aperçu avec soulagement qu'un contingent impérial avait avancé pour lui prêter assistance. Il plongea derrière un couvert, et s'accorda quelques secondes de répit.

Il avait mis le sabot dans un truc bizarre. Il baissa les yeux, et faillit vomir.

Surprise. Ou ce qu'il en restait. Ses membres tremblèrent. Il avisa le corps d'un ennemi non loin, et prit son arme, qu'il rechargea. Son regard fut attiré par des seringues dans l'équipement du cadavre. Du Booster ? Parfait. Il prit une seringue, et se piqua dans la cuisse. Puis il se releva et fit feu. Les rebelles se mirent à couvert

Sauf une, cette salope de licorne, qui visait une cible quelconque avec son lance-missile. Scamper plaça sa tête dans sa ligne de mire.

Un choc au crâne le fit tomber à terre. Il ne voyait plus que le sol et un sac de sable. Sur le sol, une grande tâche rouge se répandait. Il avait été touché. Son corps ne répondait plus. Des étoiles dansaient devant ses yeux.

Le plus étrange, c'était qu'il avait apparemment été touché à la tête. Mais qu'il n'était pas mort. Non. Il était juste là, incapable de bouger. Il n'entendait même plus ce qui se passait. Le silence.

Et juste cette vision immuable d'une tâche rouge qui s'élargissait.

---

Sterling Vision avait vu le pégase se faire toucher par un tir d'un sniper sur les toits. Dommage. En même temps, ce crétin avait débarqué seul en plein milieu des lignes ennemies. Peu de poneys pouvaient se féliciter d'en ressortir vivant. En fait, Vision n'en connaissait aucun. Et il n'y en avait probablement pas plus. Mais au moins, son acte idiotement héroïque leur avait accordé une percée. S'ils s'en sortaient, il aurait une médaille posthume.

Les combats continuaient autours de lui. Il sortait régulièrement la tête pour tirer quelques coups de feu de son pistolet, puis il se remettait à couvert. Il rechargea son arme, et son regard se porta sur le poney à côté de lui. Il était accroupit, le sabot au fusil, mais ne se levait pas. Maintenant qu'il y pensait, Sterling ne se souvenait pas de l'avoir vu sortir de son couvert.

Le poney leva les yeux, et vit que la Licorne le regardait. Leurs yeux restèrent ainsi quelques instants, puis le soldat se déplia, prêt à bondir, et se leva brusquement pour se mettre à tirer. Immédiatement, une balle l'atteignit à l'épaule, et il s'effondra en arrière, gémissant de douleur. Puis une rafale partit d'un des toits, et frappa le corps, duquel gicla des petits geysers de sang. Le corps fut pris d'un spasme, et ne bougea plus.

Cependant, les impériaux se rapprochaient, profitant de la percée opérée par Sterling et ses suivants. Les rebelles étaient débordés. Du peu qu'il en voyait, il devait en rester une dizaine au sol, et encore moins sur les toits. Mais leur défense était acharnée. Et quand bien même ce pégase était intervenu, cette maudite licorne était encore là, à tirer ses roquettes, qui d'ailleurs étaient désormais purement magiques. Cette traitresse à sa race allait bientôt mourir d'épuisement. Le plus vite serait le mieux.

Les Forces de Défenses étaient encore nombreuses. Très nombreuses. Elles étaient peut-être l'armée la moins active des forces de l'Empire, mais il fallait reconnaître que sous ses airs de paranoïa, la venue du Colonel Brush avait évité un sacré désastre. Et aussi le fait que les rebelle aient attaqué un crin trop tôt. Une heure plus tard, les Faucons seraient partis vers une nouvelle affectation, et rien n’aurait empêché les portes d’être grandes ouvertes. Sans compter qu'il aurait fallu compter avec des pégases dans le camp ennemi, quelque chose à laquelle l'Empire n'était pas habitué.

Sterling sortit de son couvert, visa un des soldats ennemi et tira à plusieurs reprise. Les sacs de sables explosèrent à côté du lunaire, et une balle le toucha à l'épaule, le faisant reculer. Mais il se reprit, et tira une rafale dans la direction de la Licorne. Une balle atteignit Sterling en pleine poitrine, arrêtée par son bouclier magique personnel, et la licorne se baissa. Sterling secoua la tête. Ses réserves de magie s'épuisaient, et sa vue se troublait de nouveau.

Maudit incendie. Maudits lunaires. Maudit attentat qui l'avait laissé brûlé, aveugle, et où il avait perdu un morceau de sa corne. Celestia sois louée, elle l'avait sauvé, et depuis, ses talents la servait comme jamais. Mais dans le cas présent, il aurait bien voulu que lesdits talents soient plus nombreux. Il pencha la tête, de façon à voir les rebelles sur les toits. L'un d'entre eux tomba, touché, et l'étalon vit un autre sniper prendre sa place. Il visa avec son pistolet, concentrant ses pouvoirs pour améliorer sa vision au détriment de sa protection. Puis il appuya sur la gâchette. Le poney rejeta la tête en arrière, et s'effondra, les pattes avant et la tête pendant mollement sur le bord du toit.

Sterling Vision nota que les tirs se faisaient moins entendre, et que moins de soldats impériaux tombaient. Ils étaient en train de gagner.

Un étrange sifflement fit dresser les oreilles de Sterling Vision. Comme un sifflement d'...

La terre se souleva sous les soldats impériaux, et une explosion retentit. Puis d'autres cratères se formèrent, pulvérisant les pavés, la terre, la chair et les os. Le bombardement continua, prélevant à chaque projectile son lot de fidèles. Les protections des Licornes étaient impuissantes face à cette mort venue du ciel, et celles qui tentaient de résister finissaient à terre, la bave aux lèvres, pour finir par mourir quand même fauchées par les snipers. Sterling entendait des cris d’encouragement venir des rebelles retranchés, et les tirs redoublèrent, fauchant les soldats qui fuyaient pour trouver un abri aux obus. Ce qui impressionnait Sterling, c'était la précision de l’artillerie. Ils atteignaient tous la route, sans frapper les maisons aux alentours, ou en tout cas, pas directement.

Sterling avisa une ruelle transversale. Ils étaient en sécurité tant qu'ils restaient proches de l'ennemi, mais cela tant que le bombardement continuait. Il fallait battre en retraite pour le moment.

-Soldat, avec moi !

-Non, fit l'un d'eux. Je veux pas mou...

Une balle dans le crâne mis fin à ses plaintes.

-Avec moi ! répéta Vision.

Les soldats lui emboîtèrent le pas sans plus de discussion, et le groupe galopa le plus vite possible avers la ruelle, sous les tirs des snipers et des rebelles retranchés. Des impériaux morts attestaient du chemin qu'ils avaient suivi, mais Sterling Vision arriva à s'en sortir avec une demi-douzaine de poneys.

Ce bombardement... D'où venait-il ?

Quand même pas de l'autre côté des murailles ?

---

Iron Gear recalibra la visée du canon. Il surveillait les écrans du canon d'artillerie mobile, le général lui ayant ordonné de superviser le bombardement. Aucune erreur ne devait être commise, pour éviter le tir ami, ou pire, de tirer sur des civils. Les pégases volants au-dessus d'eux regardaient dans leurs instruments, notant précisément les coordonnées des cibles, calculant les variations du vent en utilisant la technologie et leurs sens. Iron Gear, lui, comme tous les ingénieurs qui étaient présents, faisaient en sorte d'assurer un tir aussi précis que possible. Autant dire des tirs parfaits ou rien.

Les lignes rebelles faisaient face aux murailles, tel un siège, car les portes étaient closes. Un problème, et pas un petit, mais un court appel radio leur avait signalé qu'une équipe était en chemin pour ouvrir les portes. Apparemment, les Experts avaient échoué.

-Merde, fit une voix à côté de lui.

Iron Gear quitta un instant des yeux ses instruments pour regarder le poney près de son engin. Un sniper de l'armée régulière. Un poney plus massif se posta à côté de lui.

-Qu'est-qu'y a, Four Eyes? fit le costaud.

-L'uniforme des pégases, là-haut. C'est des Faucons.

-Hein ?

Iron Gear fut aussi surprit que le deuxième soldat. Les Faucons n'étaient pas censés être là. Si ça se trouvait, l'échec des Experts était dû à la présence des troupes d'élites aériennes.

Il secoua la tête. Il tentait de sauver des vies. Il était trop tard pour les Experts, mais les Night-Ops et les Fantômes restaient en difficulté. Luna avait ordonné un bombardement chirurgical sur les troupes qui les assaillaient pour leur permettre de reculer et d'ouvrir la voie pour le reste de l'armée. Iron Gear vit les coordonnées défiler devant ses yeux, entra des données de compensation, fit quelques rapides calculs. S'il n'était pas l'artilleur le plus talentueux au monde, les bébés dont il prenait soin chaque jour n'avaient aucun secret pour lui. Il entra une nouvelle donnée, le canon fit un très léger mouvement, arrachant quelques grincements aux engrenages, et un clignotement lui indiqua que le tir était prêt.

-Attention ! hurla-t-il, et les poneys proches se bouchèrent les oreilles

Puis il appuya sur un bouton, et le tir partit, dans un sifflement qui s'éloignait. Au bout de quelques secondes, il entendit par-dessus la clameur des combats, un « boum ». Sa radio grésilla.

-*Joli coup, tête d'œuf. En plein dans le mille. Prochaine cible : coordonnées 7- 22-...*

Iron Gear se remit à entrer des coordonnées. Soudain, une explosion se fit entendre depuis les murailles, et la terre explosa devant les lignes républicaines.

-ARTILLERIE SUR LES REMPARTS !

Iron Gear vit qu'effectivement, les défenses des murailles s'étaient mises en route. Par chance, les artilleurs ennemis n'en étaient qu'a l'ajustement, et leurs tirs étaient trop courts. Cependant, il faudrait peu de temps avant qu'ils n'ajustent leur visée.

-*A tous les artilleurs. Ordre de faire feu sur les remparts. Détruisez leur artillerie.*

D'un léger coup d'œil, il vit le sniper à côté de lui avec la patte sur l'oreille, recevant certainement un ordre lui aussi. Il acquiesça, et épaula son fusil. Il se concentra quelques instants, et tira, rechargea, et se remit à viser.

-*Hé, tête d'œuf, te déconcentre pas ! Coordonnées 3-10-...*

-Je peux tirer en direct, merci.

-* Hein ? *

Iron Gear regarda par l'écran de visée de son engin, et commença à manipuler les commandes. Il voyait un des canons ennemis. Celui-ci cracha du feu et de la fumée, et Iron Gear entendit le sifflement lui passer au-dessus de la tête, et une explosion avoir lieu derrière lui. Il entendit les cris de souffrance des soldats. Il manipula une dernière fois les commandes.

-Attention !

Il appuya sur la commande, et le tir partit. Une seconde plus tard, le canon ennemi disparu dans un nuage de fumée. Iron Gear vit une silhouette tomber, et s'écraser devant les remparts. Quand la fumée retomba, le canon ennemi était tordu, inutilisable. Un sourire passa sur les lèvres d'Iron Gear, et il se mit en quête de sa prochaine cible. Mais il fallait que ces satanées portes s'ouvrent.

---

Black Jack n'en pouvait plus. C'était interminable. Ils progressaient, mais combien des leurs étaient morts ? Il avait bien tenté de passer par des routes transversales, mais toute cette partie de la ville était remplie de soldats impériaux. Une autre escouade ennemie leur barra la route, et les Fantômes pointèrent leurs armes et ouvrirent le feu. Quelques soldats furent fauchés, mais les autres brandirent leurs fusils et répondirent à leur tirs.

Puis il y eu un tremblement, suivit d'un nuage de fumée dépassant les toits. Les soldats solaires surpris se retournèrent. Profitant de cet instant, les Fantômes les tuèrent jusqu'au dernier, puis continuèrent à avancer, tirant sporadiquement sur les soldats qui apparaissaient autours d'eux. Quand il passa au-dessus des cadavres, Black Jack ne put s'empêcher de ressentir de la pitié. Eux ne se battaient pas pour une idéologie. Ils se battaient parce que leur maison, leur famille était en danger. Peu leur importait qui était dans le droit ou non. Ils se battaient pour protéger.

Ce n'était pas une bataille République Lunaire contre Empire Solaire qui se déroulait aujourd'hui. C'était un affrontement entre des envahisseurs et des gens qui protégeaient les leurs. Et la licorne se sentait mal d'appartenir au premier camp.

Mais c'était nécessaire, et il s'était promis, rien qu'aujourd'hui, de faire le nécessaire.

Par-dessus les toits, il vit les remparts. Ils étaient enfin arrivés. Il regarda ses soldats. Ils étaient une vingtaine encore debout. Black Jack leva à nouveau les yeux. Les murailles devaient être bien gardées. Comment passer pour atteindre la console de commande ?

Black Jack pouvait voir le centre de commande, là-haut, la porte grande ouverte. C'était désespérant.

La porte ouverte ?

La licorne eut un sourire. Pendant longtemps, il avait été un expert dans le domaine de la pyromancie, mais sa petite expérience avec les Fantômes l'avait poussé à s'entraîner dans un autre domaine. Un as dans la manche qu'il avait poli au fil du temps et qui était désormais prêt à l'usage.

Il ferma les yeux, et se concentra sur l'image de l'intérieur du poste de commande. Sa corne se chargea en magie, jusqu'à sa limite, et il relâcha l'énergie d'un coup.

Une tâche dorée de la taille d'un poney apparut sur une des cloisons de la pièce. D'un coup de tête, Black Jack balança le reste de l'énergie sur un mur non loin, et la même forme se forma. A cet instant, les deux endroit se connectèrent, et ce qui était auparavant des tâches s'ouvrirent.

Les Fantômes, intrigués, voyaient à présent l'intérieur du poste de contrôle à travers le cercle formé près d'eux. Frostbite ne put se retenir :

-Putain, je pensais que tu déconnais avec cette histoire.

-Je déconne jamais avec la magie.

-Alors, on peut traverser ? demanda Painless.

-C'est fait pour. Mais par précaution je vais passer en premier.

Peu rassuré, mais pressé par les combats qui continuaient autour de lui, Black Jack passa la tête par l'ouverture, et jeta un coup d'oeil dans la pièce d'arrivé. Déjà, il n'était pas décapité, c'était une première bonne nouvelle. La deuxième, c'est qu'apparemment, son petit tour de passe-passe était passé inaperçu.

Pour une première utilisation d'un sort de portail en situation de combat, c'était une réussite plutôt prometteuse. Il finit de traverser et se dirigea vers le panneau de contrôle, sous les yeux de Coffee Crime qui était restée dans la rue. Il parcourut les cadrans du regard, mais fut interrompu dans son inspection par le déclic caractéristique d'un pistolet qu'on rechargeait.

Il se jeta sur le côté avant que Crimson Brush n'ouvre le feu, provoquant des étincelles dans l'électromagie du panneau de contrôle. Coffee Crime traversa le portail en hurlant, et tira une rafale en direction de l'impérial qui battu en retraite, hurlant à ses soldats de se retourner pour affronter la nouvelle menace. Le reste des Fantômes suivit rapidement, et un assaut surprise fut lancer sur les troupes solaires mal préparées.

Coffee Crime s'approcha de Black Jack, et l'aida à se relever.

-Ouvre les portes. On a une guerre à gagner.

Sur ces paroles, elle s'élança vers la sortie, suivie de plusieurs autres Fantômes.

Black Jack se retourna vers le panneau de commande, se demandant laquelle pouvait bien ouvrir l'accès à la ville.

Il se rendit rapidement compte que c'était assez évident.

---

Crimson Brush combattait ces ennemis venus de nulle part. Il ne parvenait pas à croire à sa malchance. Ils étaient apparus dans la cabine de contrôle. Mais qu’est-ce que ces putains d'hérétiques avaient encore comme atouts cachés ? Un tank dépliable, un pégase mécanique géant ? Soudain, il sentit un grincement sous ses sabots. Le pire venait d'arriver.

Les portes s'ouvraient.

Il vit une licorne noire sortir de la cabine de contrôle pour aider ses coéquipiers. Crimson le visa, mais un coup dans la patte lui fit lâcher son arme. Une ponette le toisa, une flamme de haine dans les yeux.

-Commandant Brush...

-C'est colonel, maintenant, lui répondit-il sur un air narquois. Je vous connais ?

Il sortit son couteau et se jeta sur la ponette. Celle-ci esquiva le coup, et lui envoya sa patte vers le visage du colonel, qui se prit le coup de plein fouet. Il tomba à terre.

-J'étais sous vos ordres, auparavant, continua la ponette. C'est ce qui m'a donné envie de changer de camp, d’ailleurs.

Crimson Brush était par terre. Sous lui, il sentait un petit objet. Un petit sourire naquit sur ses lèvres.

-Oh ! Une déserteuse ! Magnifique ! Savez-vous le châtiment réservé aux déserteurs ?

Il se retourna sur le sol, dévoilant son pistolet qu'il avait récupéré.

-La mort.

Il tira trois balles, qui atteignirent toutes Frostbite dans le crâne. La ponette vacilla, et s'effondra au sol. Qui tremblait, par ailleurs, nota Brush. Il étira le cou, et jeta un oeil en bas des remparts. Des chars traversaient l'accès, escortés par une myriade de poneys, qui tiraient sur les soldats impériaux dépassés. Certains des ennemis montaient sur les murailles pour aider leurs camarades. Brush se releva, et galopa le long du chemin de ronde, vers un escalier plus éloigné. Pendant qu'il courait, il lança un appel :

-Colonel Brush aux Forces de Défense. La porte est tombée. Je répète, on a perdu les remparts.

Il déglutit. La prochaine phrase avait du mal à passer.

-Repli immédiat. Je répète, repli immédiat. Regroupement sur la ligne de défense Béta.

Il jeta un dernier coup d'œil aux combats qui se déroulaient dans la rue principale. Les canons des chars rebelles venaient en aides aux unités qui s'étaient infiltrés.

Il jura. Canterlot était envahie.

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ironponymaiden
ironponymaiden : #39536
mégabuilder04 juin 2016 - #39442
tirer sur la porte avec les canons des chars ça aurait pas été plus simple
... méheu.
On va dire qu'elles sont trop solides.
Il y a 2 ans · Répondre
mégabuilder
mégabuilder : #39442
tirer sur la porte avec les canons des chars ça aurait pas été plus simple
Il y a 2 ans · Répondre
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Trickster
Trickster : #27860
Nopony Breaks A Pinkie Promise !
Il y a 2 ans · Répondre
Moonrise
Moonrise : #26268
tu nous laisse à peine le temps de respirer! Je salut cette perfomance, c'est tout bonnement incroyable: j'ai hate que tu sorte les prochaine phase.
Il y a 3 ans · Répondre

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