« San Flankcisco ? »
« Je croyais que c’était San Franciscolt ? »
« J’ai toujours cru que c’était San Flankcisco. »
« Non, non, j’ai une cousine là-bas, c’est San Franciscolt. »
Golden Sun et White Spear débattaient sur le nom de la ville où il allait aujourd’hui se rendre en mission avec Celestia. Le départ était prévu au matin et le retour le lendemain après-midi, toujours en train.
« Mais pourquoi on se dispute sur les noms ? » s’interrogea Golden en tendant le bout de papier indiquant le programme. « Regarde, il y a Luna qui accompagne Celestia, ça veut dire que sa garde aussi, et donc Midnight ! » s’émerveilla Golden. S’il ne se trouvait pas dans le hall d’accueil de l’école des gardes royaux, il en aurait dansé de joie.
White Spear le calma très vite. « Content pour toi, Coltsanova, mais tu vas devoir la jouer discret si tu veux pas te faire pincer. Et c’est pas comme ça que tu passeras inaperçu », expliqua White. Golden leva un sourcil, posant une question non verbale. « Je veux dire, regarde-toi, on dirait que tu pars pour le pays des arc-en-ciel et des sucreries ! L’attitude, mec, l’attitude. »
Golden se reprit et se remit en position dans son armure étincelante. « Ouais, t’as raison. Mais j’ai un plan. Quand on sera dans le train, ça sera comme la dernière fois à Poneyville, on va se retrouver face-à-face, ça va être super bizarre et tout, alors il faudrait créer une diversion à un moment pour que Starry fiche le camp et laisse Midnight seule », détailla Golden.
« Une diversion ? T’inquiète, je gère. Tu as un pro devant toi », se vanta White en bombant le torse. « Et ensuite ? »
Golden poursuivit. « Ensuite, je lui demande si elle veut bien sortir avec moi le soir, quand on sera relayés par l’équipe de nuit. Et le soir, tu me couvres et j’espère qu’elle s’occupera de Starry », songea le pégase.
« Et si la soirée se passe bien, faudra aussi que je me casse de la chambre qu’on partage ? » sourit White, en ajoutant son traditionnel clin d’œil. Golden semblait offensé.
« Pas le premier soir quand même, je suis pas ce genre d’étalons. En plus, je pense pas que… Hé… mais de quoi tu me parles ?!! » Golden écarquilla les yeux. « On verra déjà si elle veut passer la soirée avec moi. Si c’est oui, on s’amusera, on discutera, et ensuite, ben… » Il rougit un peu et hésita. White vola à son secours.
« Okay, okay, j’arrête. T’inquiète, ça va marcher. Elle va complètement craquer. » Golden baissa un peu la tête, priant sa patronne pour que le plan se déroule comme prévu.
« J’aimerais être aussi confiant que toi. » Il poussa un soupir, avant de reprendre son attitude conquérante. « Bon, en route, la Princesse nous attend. »
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La délégation royale se rendant à Canterlot était composée des Princesses, de quelques assistants, et de huit gardes, quatre pour l’équipe de jour et quatre pour l’équipe de nuit, répartis selon leur affectation dans le train. Midnight et Starry se retrouvèrent en face de Golden et White en tant qu’équipe de jour, comme à Poneyville, mais ni Midnight ni Golden ne trahirent quelque chose sur leurs visages, en restant impassibles derrière leurs casques.
Le voyage s’annonçait long, cinq à six heures, et vers la moitié du trajet, dans le wagon composé des gardes et du reste de la délégation, attenant à celui des Princesses, White et Golden mirent leur plan en action. White se leva et se dirigea vers là où se trouvait Celestia, séparé de seulement une porte d’un wagon à l’autre. Il revint quelques minutes plus tard et se tourna vers Starry.
« Lieutenant Starry Eyes, Luna demanda votre présence immédiatement », annonça-t-il de la façon la plus crédible possible. Le batponey leva un sourcil, confus, et fronça les yeux, n’ayant pas oublié l’incident de Poneyville.
« Et pourquoi je te croirais, pégase ? » cracha-t-il. « N’est-ce pas une ruse de ta part ? Et pourquoi je devrais y aller seul ? »
« Je ne fais que transmettre les ordres, Lieutenant. Et je ne voudrais pas déclencher la colère de la Princesse en n’obéissant pas aux ordres », il s’avança un peu plus du batponey et fronça le regard, « n’est-ce pas ? »
Starry écarquilla les yeux, grommela quelque chose et se leva, laissant Midnight seule avec Golden, tandis que White restait devant la porte à faire le guet en prévision du retour de Starry. Le silence s’installa pendant quelques secondes, avant que Midnight ne parle en premier.
« C’est tout ce que vous avez trouvé pour qu’on se reparle ? » ricana-t-elle. Golden baissa un peu la tête, l’air peiné. Midnight le remarqua et se reprit. « Bon, je t’écoute, tu veux qu’on se revoie, c’est ça ? »
Golden releva la tête et marmonna un petit « Oui », ce qui fit rire Midnight.
« Tu veux sortir avec moi dans les rues de San Flankcisco ce soir ? »
« San Franciscolt », corrigea Golden.
« Peu importe, si c’est ça ta question, alors c’est oui. J’ai réfléchi et j’ai aussi envie de te revoir, et pas dans une cave dégueu au fond d’un trou perdu. Rendez-vous à huit heures ce soir dans le hall de l’hôtel. »
« Et pour- » commença Golden.
« Je m’occupe de Starry, ouais. Sois là à l’heure, l’emplumé », sourit-elle en faisant un clin d’œil. Golden renvoya le sourire et le clin d’œil, peu avant que White ne revienne suivi de près par Starry, qui semblait furieux.
« Luna ne m’a jamais demandé de venir, pégase ! » vociféra-t-il en s’arrêtant devant White, qui garda son sérieux.
« Ah ? J’ai dû me tromper. Y’a pas d’mal, lieutenant », répliqua-t-il. Starry garda ses yeux froncés et se rassit lentement à sa place, sans quitter des yeux le pégase.
« Je sais pas ce que tu fiches, mais sois sûr que je le découvrirai tôt ou tard, emplumé. » Midnight et Golden ne purent s’empêcher de retenir un petit rire qui s’échappa du bout de leurs lèvres. Starry se tourna immédiatement vers la batponey, qui se remit droite et garda un visage strict pendant le reste du voyage, tout comme les deux autres gardes. Starry garda les sourcils froncés jusqu’à San Franciscolt, prêt à exploser si la moindre bizarrerie passait devant ses yeux. Le concours de ‘celui qui cligne le premier a perdu’ connut sa seconde manche dans le train.
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La journée se passa normalement, sans incident impliquant des changelins, et les Princesses se retirèrent au Colton de la ville, dans des chambres surveillées de près par l’équipe de nuit des gardes royaux et batponeys. Midnight/Starry ainsi que White/Golden se retrouvaient dans des étages séparés, et dans des chambres pour deux, juste au cas où une intervention serait nécessaire. Et les discussions allaient bon train dans la chambre des pégases.
« Alors, c’est quoi le plan pour ce soir ? » demanda White, en finissant de lustrer son armure après une journée de travail. Golden semblait un peu tendu, ce que remarqua immédiatement son ami en n’entendant aucune réponse de sa part. « Hé, Golden, ça va ? » demanda-t-il.
« Hein ? Oh, ouais, juste… » Le pégase releva la tête et rencontra les yeux de son ami, « J’espère juste que tout se passera bien. Ça fait longtemps que je suis pas sorti avec une jument et… elle me plaît vraiment et je veux pas… » bredouilla-t-il en abaissant à nouveau les yeux. White baissa un peu la tête et releva celle de son ami avec son sabot.
« Hé, crois pas que j’ai rien vu dans le train. Comment tu la regardais, comment elle te regardait, les coups de sabot sous la table... » Les yeux de Golden s’écarquillèrent.
« Quoi ? T’as remarqué ça ? » s’exclama-t-il.
« Mec, je suis garde royal, j’ai l’œil pour ce genre de détails », il fit une brève pause. « Heureusement que Starry n’est pas aussi doué que ça pour voir ce qui se passe devant ses yeux. » Le silence se fit pendant quelques instants avant que White ne poursuive. « Ce que je veux dire, c’est que ça marchera que si t’y crois. Est-ce que tu y crois ? »
Du bout des lèvres, Golden lâcha un petit : « Oui. »
« Quoi ? » White tendit l’oreille. « J’ai rien entendu. T’es sûr qu’elle te plaît cette jument ? Parce que j’en ai pas l’impression ! Ce soir, tu vas jouer au capitaine super-musclé et cool de l’équipe de hoofball ou est-ce que tu vas être l’étudiante qui sait plus mettre un pied devant l’autre tellement elle est sous le charme ? » Pour les discours de motivation, White était passé maître, et la réponse vint dans un grand sourire qui se dessina sur le visage de Golden.
« Ouais ! Ouais ! C’est moi le capitaine, et aucune jument ne me résiste ! » dit-il en grimpant sur le lit. Lui et son ami éclatèrent de rire, avant de se faire un bro-hoof pendant que Golden s’avançait vers la porte, en donnant sa dernière consigne.
« À plus, White ! Éclate-toi bien à t’astiquer l’armure ! »
White se saisit de l’oreiller à proximité et le lança en direction de Golden, juste avant qu’il ne referme la porte.
« Si je te connaissais pas mieux, je croirais que t’insinues des choses ! » parvint-il à dire en manquant la cible. Golden déambula les couloirs avec l’esprit plus déterminé que jamais.
Mode capitaine activé.
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Vingt heures. Hall de l’hôtel Colton de San Franciscolt. Dans l’ascenseur qui menait au bas de bâtiment, Golden prit des poses dans le miroir, faisant briller ses dents et se motivant à coups de petites phrases, telles que « Yeah ! », « Ce soir, tu déchires ! » ou « Midnight, j’arrive ! »
Quand les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, il était toujours occupé à s’admirer dans la glace, et le reflet lui renvoya son image et celle de...
Midnight ?
L’ascenseur de la batponey venait de s’ouvrir quelques secondes avant, et à peine avait-elle fait un pas que celui de Golden s’ouvrait aussi. Le pégase se retourna rapidement et sourit bizarrement, avant de bredouiller. « Oh… M-Midnight, d-déjà là… je… » Il manqua de trébucher en sortant et s’avança pour s’arrêter devant Midnight, qui souriait malicieusement.
« Ouais, je suis déjà là. J’espère que t’as plus envie de passer la soirée avec moi plutôt que ton reflet », rit-elle. « Allez, en route, Golden », ajouta-t-elle en passant devant lui, tout en brossant sa queue sous son menton. Les pattes musclées du capitaine de l’équipe de hoofball venaient de se transformer en celles flageolantes de l’étudiante sous le charme.
Après quelques secondes de rêve éveillé, Golden secoua sa tête, reprit ses esprits et suivit Midnight vers l’entrée de l’hôtel, en lui posant la question qui lui brûlait les lèvres (et l’inquiétait un peu). « Midnight, tu t’es occupée de Starry ? »
« Ouais, t’inquiète, il va faire un groooooos dodo », expliqua Midnight en faisant traîner le mot. « Je lui ai donné un somnifère qui lui fera faire des heures sup’ chez Luna. Et ton pote pégase ? »
Golden pensa rapidement à son ami, qui n’était heureusement pas aussi tatillon que Starry sur les règles de séparation strictes entre gardes. « Il sait pour nous deux, il me couvre. Faudrait vraiment que je te le présente, c’est un sacré numéro, un vrai pote… » sourit Golden. Midnight baissa un peu la tête.
« Ouais, des amis… ça court pas les rues chez nous. C’est boulot, boulot, boulot, tu vois le genre ? » demanda Midnight, sans attendre de réponse. « C’est difficile de se faire des potes quand t’es batponey. Tu fais peur aux gens, ils croient que tu vas leur sucer le sang ou des conneries du genre. Ouais, franchement, je te fais peur comme ça ? » questionna-t-elle en sortant les crocs et en faisant briller ses yeux dorés.
‘Tu es magnifique’, manqua de dire le pégase en la regardant. Au lieu de ça, il remit sa tête vers l’avant et répondit simplement, « Non. Quand on est garde royal, on voit des trucs plus effrayants. Tiens, une fois, je… » Le pégase tourna la tête sur sa droite et remarqua que Midnight n’était plus là. Ils avaient pourtant à peine passé les portes de l’hôtel. « Midnight ? » L’étalon commença un peu à paniquer. Il regarda tout autour de lui, en essayant de distinguer les yeux jaunes de la batponey dans la pénombre qui commençait à tomber.
Quelques secondes plus tard, un bruit de battement d’ailes lui fit tendre l’oreille. Il leva les yeux, et…
« BOUH ! » Golden recula d’un coup, et trébucha, en poussant un cri indigne d’un garde royal, qui le renforçait dans l’idée que jouer le capitane de l’équipe de hoofball n’était vraiment pas dans ses cordes ce soir. Midnight éclata de rire et descendit doucement au sol, en n’essayant de ne pas trop se moquer.
« Sans peur, hein ? » parvint-elle à dire entre deux rires et en tendant le sabot pour l’aider à se relever. Golden accepta gracieusement le sabot et s’épousseta pour retirer la saleté sur sa fourrure. « Bon, c’est quoi le programme ce soir ? Et pas de trucs romantiques, c’est pas mon genre », ajouta-t-elle.
Golden reprit confiance et prit son sourire le plus taquin. « Tu sais voler, mais est-ce que tu sais danser ? »
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« Back in the Saddle ? » demanda Midnight en plissant les yeux pour lire les lettres écrites en néons qui formaient l’enseigne du night-club.
« Quoi ? Vous sortez jamais chez les batponeys ? » demanda naïvement Golden. « Après tout, vous vivez la nuit. »
« Tu sais, on n’est pas vraiment connus pour ça, mais bon, je te fais confiance », répondit-elle en entrant dans la discothèque, suivant de près Golden qui se dirigeait droit vers la piste de danse. De l’extérieur, les basses fréquences donnaient déjà une idée du bruit assourdissant qui devait se trouver à l’intérieur, et ils ne furent pas déçus.
Sur la piste de danse, des poneys de tous types dansaient, les lumières stroboscopiques illuminant chaque centimètre de la discothèque, les boules à facettes et lasers agitant tous les sens des danseurs, et faisant entrer dans un état second tous ceux qui venaient poser les sabots près des enceintes où les rythmes se martelaient dans les oreilles. Pour une batponey à l’ouïe aussi sensible que Midnight, comme tous ses semblables, il lui fallut un moment d’ajustement pour s’habituer à ce spectacle qu’elle n’avait jamais vu avant. Golden l’amena jusqu’au milieu de la piste, en la prenant par le sabot, avant de se mettre frénétiquement à dandiner de la croupe.
« Allez, lâche-toi ! Danse ! Ça va te changer de tes nuits à poireauter devant une porte ! » lui hurla Golden dans l’oreille pour l’encourager, tandis que le dernier succès des Galloping Stones résonnaient dans les enceintes. « Wouh, Undercover of the Neigh !! »
D’abord un peu inquiète à l’idée de se faire remarquer, elle constata très vite que personne ne se souciait de son apparence de batponey. Ils étaient très rarement vus en dehors de Canterlot, et leur réputation n’avait pas encore atteint certaines villes. Et le monde de la nuit était plus tolérant que d’autres.
Midnight leva les yeux au ciel, sourit, et se calqua sur le rythme de Golden, passé maître dans l’art d’utiliser ses quatre sabots, que ce soit au combat contre des changelins ou sur la piste de danse.
Pendant de longues minutes, le rythme prit possession d’eux et ils se mirent à danser sans se soucier des autres. Golden pouvait admirer le corps de Midnight qui dansait avec grâce, et Midnight pouvait admirer la crinière de Golden qui flottait à chaque mouvement de sa tête. Pour une jument qui détestait les clichés romantiques, Midnight était servie, et se surprenait à fixer longuement le pégase tout en dansant.
À la faveur d’une pause dans les morceaux, Golden fit un signe de tête vers le bar et Midnight acquiesça, avant de le suivre. Ils s’installèrent à deux tabourets sur le côté du bar, et attendirent l’arrivée du barmen, qui fit un petit stop devant Midnight, avant de parler.
« B’soir, qu’est-ce que vous prendrez ? » demanda-t-il en finissant de remplir un autre verre.
« Je vais prendre une bière », répondit Golden.
« Pareil », répondit Midnight en posant les sabots sur le comptoir.
« Deux bières, ça vient tout de suite », dit le barmen avant de s’éloigner pour satisfaire les commandes. Midnight tourna la tête vers Golden.
« J’espère que tu tiens bien l’alcool, Golden », ricana-t-elle. « Ou sinon la Princesse aura un garde qui finira sous la table ce soir. »
Golden soupira d’un air moqueur. « Hé, je suis pas en service là. Et je connais mon job, je me contenterai d’un verre ce soir. Faudrait pas qu’on se doute de quelque chose en haut lieu. »
« En parlant de ça… » commença Midnight, en jetant un œil à gauche et à droite, au cas où quelqu’un les écouterait. « T’en penses quoi de ce truc, tu sais… la séparation entre batponeys et gardes royaux ? Enfin, je veux dire… ces histoires de guerres et tout… » finit-elle en levant ses yeux pour les plonger dans ceux de Golden.
Le pégase répondit sans hésiter. « Franchement ? C’est des conneries. Ces histoires, ça fait des années qu’on me les rabâche. Merci », dit-il en tournant la tête vers le barman qui venait d’apporter les bières. « Je veux dire, je sais que c’est tendu, mais j’ai jamais eu de souci avec un batponey jusque-là. Y’a plus dangereux que vous comme menace pour Equestria et la Princesse, tu vois ? » Il prit une gorgée de son verre pour soulager sa gorge asséchée.
Midnight hocha la tête en prenant son verre des deux sabots. « Ouais, je vois le truc. À l’école, on nous dit que les gardes royaux sont des ennemis mortels, qu’il faut pas leur faire confiance, et bla-bla-bla… » Elle but une gorgée. « J’pense aussi que c’est des conneries tout ça. En tout cas, je te trouve sympa, cool et… »
« Séduisant ? » tenta Golden, encouragé par la soirée qui se passait bien jusque-là.
« N’en profite pas trop, pégase. Mais… ouais, ça vaut le coup de prendre quelques risques pour passer une soirée à s’exploser les oreilles et à finir torché avec toi. » Elle reposa le verre et tapota son épaule contre la sienne dans un geste amical. Golden sourit comme un idiot et fit de même, en évitant tout de même de renverser sa bière, qu’il reposa rapidement.
« Et tu risques quoi à passer la soirée ici avec un garde de Celestia ? » demanda plus sérieusement l’étalon. Midnight amena son sabot sous le menton, tout en laissant l’autre reposer sur le comptoir.
« Ben, déjà », commença-t-elle. « De me faire mettre aux arrêts. Puis de me faire exclure de l’armée, et puis… C’est pas très clair, c’est jamais arrivé avant. J’veux dire, t’es le premier à faire un truc pareil. C’est hyper dangereux… » Pendant l’explication de Midnight, Golden avait discrètement rapproché son sabot du sien, et elle le remarqua à cet instant précis. Elle se tut pendant quelques instants, regarda longuement le sabot posé à côté du sien, avant de le poser délicatement dessus, en le caressant un peu. « … Et j’adore ça », finit-elle par lui murmurer à l’oreille.
Golden avait l’impression d’avoir marqué le touchdown qui donnait la victoire à son équipe, et sa tête bourdonnait comme si une foule entière l’applaudissait. Où était-ce à cause de la bière ?
Le silence s’installa pendant quelques minutes, avant que Midnight ne retire son sabot et finisse son verre, sans que Golden ne détourne les yeux d’elle. « Bon, et toi, qu’est-ce que tu risques à passer une soirée avec l’ennemi ? » finit-elle par demander.
« Hein ? Oh… » Golden reprit conscience, perdu dans ses pensées. « Ben… Dans l’histoire, c’est nous les méchants avec ces histoires de massacre, d’exil, alors… Disons qu’il faudrait trouver un nouveau garde si ça s’apprend », répondit-il.
« Ha, on est carrément des hors-la-loi. T’imagines les titres », elle leva son sabot et fit signe en le passant de gauche à droite. « Panique à Equestria : Une batponey et un garde royal deviennent… on est amis, hein ? » demanda-t-elle comme pour se rassurer.
Golden leva son verre et le tendit vers la batponey. « On est déjà potes de bar, on a passé une soirée ensemble dans une cave, alors ouais, on peut dire qu’on est amis si tu veux », déclara solennellement le pégase, heureux de constater que la soirée se passait mieux qu’il ne l’avait prévu. « Tchin », il fit tinter son verre avec celui de Midnight, qui fit de même avant de finir d’un coup son verre. Après l’avoir bu, elle s’essuya la bouche avec son sabot et ne put retenir un bâillement, que ne manqua pas de remarquer Golden.
« Déjà fatigué ? » demanda-t-il. « Je croyais que t’étais un animal nocturne. » Il en profita pour jeter un œil vers l’horloge au bar. Déjà vingt-trois heures ?
« Ouaip, mais je n’ai pas dormi depuis presque deux jours, et là… » Un autre bâillement, « je commence à accuser le coup. Désolé si… » commença à s’excuser la batponey.
« Non, non, ça va. De toute façon, autant ne pas prendre trop de risques. On sait jamais… » reprit Golden. « En plus, on doit se lever tôt demain, alors on doit donner le change. » Il descendit du tabouret et tendit son sabot pour aider Midnight à descendre. Elle leva les yeux au ciel et sauta d’elle-même au sol en le regardant avec un sourire taquin.
« Pour qui tu me prends ? J’suis pas ce genre de filles », elle ricana. « Allez, beau blond, ramène-moi chez maman. »
Golden resta planté là pendant quelques secondes, un peu surpris, mais pas de façon désagréable. Elle n’était pas du genre à faire la jument fragile qui attendait que son chevalier tende ses sabots pour tomber dedans. Elle aimait prendre des risques. Elle aimait jouer les dures. Elle…
Cette jument était vraiment unique.
Le retour vers l’hôtel se fit en silence, même si le bruit des rues animées pouvait difficilement être qualifié de silence. Midnight et Golden se regardaient de temps à autre, enfin surtout le second, qui avait du mal à décoller les yeux de la batponey. Finalement, la question qui lui brûlait les lèvres se fit trop pressante, et il parla quand le Colton se fit voir.
« Midnight, ce soir, c’était vraiment… cool. Tu… » Les mots lui manquaient, et Midnight s’arrêta à sa hauteur. « Tu… voudrais qu’on refasse ça un de ces quatre ? Enfin, pas à Canterlot, c’est trop risqué, mais ailleurs, tu sais comme ici quand on est en déplacement et- »
« Ouais. Sûr », répondit Midnight. « C’était… sympa. J’aimerais te revoir… T’es… cool… » Pour la première fois de la soirée, Golden la vit rougir, et l’image lui donna une confiance supplémentaire, ainsi qu’une sensation de chaleur dans sa poitrine, malgré le climat frisquet. « En dehors du boulot, hein, parce que c’est pas comme si on se croisait pas tous les jours, hahaha. » Elle semblait un peu gênée. Golden vola à son secours et tendit le sabot.
« Promis ? »
Pour un peu, il aurait eu l’impression d’être en face de White Spear. Midnight comprit le message et tendit aussi son sabot.
« Promis », répondit la batponey. Un hoof-bump scella l’accord. Ils reprirent leur route, et arrivèrent dans l’hôtel quasi-désert, avec seulement un réceptionniste venant accueillir les clients nocturnes. Ils se séparèrent au niveau des ascenseurs, pas sans que Golden ne tente une dernière approche pour conclure la soirée.
« Bonne nuit, Midnight », dit-il en se tenant devant la batponey dont l’ascenseur arrivait.
« Bonne nuit, Golden. » À ce moment, le pégase se pencha et tendit les lèvres, en espérant que son espoir devienne réalité. Il ferma les yeux et sentit un corps s’approcher. Mais au lieu de sentir un contact sur ses lèvres, il sentit quelqu’un lui murmurer à l’oreille.
« Bien essayé. Mais je te l’ai dit, je suis pas ce genre de juments », rit-elle. « En tout cas, pas au premier rencard », ajouta-t-elle en entrant dans l’ascenseur, faisant un dernier clin d’œil au moment où les portes se refermèrent, sous les yeux d’un Golden qui hésitait entre la déception et la joie. Il se contenta de sourire.
Il mit quelques minutes à s’en remettre avant de remonter dans sa chambre. Mais dès que la porte fut passée, White l’attendait, et ne perdit pas son temps pour le bombarder de questions.
« Alors, le capitaine ou la fi-fille ? » demanda-t-il depuis son lit, où il s’était allongé en attendant le retour de son ami.
Golden avait toujours ce sourire béat qui ne l’avait pas quitté depuis le départ de Midnight. « Le capitaine », dit-il en s’effondrant sur son lit. « Carrément le capitaine. »
« Mmm, dois-je comprendre que mon ami Golden Sun vient de se trouver la jument de ses rêves et qu’elle a envie de le revoir, et que lui aussi a envie de la revoir et qu’il n’est qu’au début de ses ennuis ? » rit-il, sans perdre son humour malgré l’heure tardive.
Golden tourna la tête vers White. « On a promis de se revoir, et ça me va parfaitement. »
« Quoi ?! » s’exclama le pégase. « Pas de bisous, pas de trucs super romantiques, pas de déclarations d’amour enfiévrées du style ‘Oh, mon amour, je ne peux pas vivre sans toi. Fichons le camp d’ici et allons vivre notre amour loin de ce monde injuste’ ? », dit-il en passant un sabot sur sa tête pour prendre une pose dramatique. Il tourna la tête vers Golden. « Allez, raconte-moi tout. »
Golden inspira profondément et raconta la soirée point par point, jusqu’à l’épisode de l’ascenseur. Après qu’il en eut fini, White siffla et déclara. « Celle-là, tu ne la lâches pas. Batponey ou pas, elle est faite pour toi. »
« Merci, White. Du coup, faudra encore que tu me couvres la prochaine fois », Golden tendit le sabot et White le lui frappa.
« Quand tu veux, Golden. Quand tu veux », dit-il avant de bâiller longuement. « Au moins, ta soirée a été plus sympa que la mienne. » Golden sauta sur l’occasion.
« Quoi ? Tu t’es pas astiqué l’armure toute la nuit ? » White visa juste, et cette fois, l’oreiller atteint sa cible. « Hé ! »
« Ça, c’est pour tout à l’heure. Tu l’as pas volé », se défendit White, avant de rire et de s’affaisser dans le lit. « Bon, extinction des feux. On a du boulot demain » Et sur ce, il éteignit la lumière, laissant Golden seul avec ses pensées. Le sommeil ne lui vint pas rapidement et il repensa longtemps à sa soirée, s’accrochant à la promesse faite par Midnight de se revoir. Quand ? Où ? Comment ? Les questions trouveraient leurs réponses plus tard. L’important était qu’elle était d’accord pour repasser une soirée avec lui. Et ça ne pouvait dire qu’une chose : mission accomplie.
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Ce serait bien aussi de décrire ce qui se passe pour White lorsqu'il donne le change pour son copain (non, j'ai pas envie de savoir comment est-ce qu'il 's'astique l'armure' ^^). Alors, cette fois-ci il n'avait pas grand chose à faire, mais dans l'avenir peut être (mais tu y penses sûrement)
Enfin bref, un chapitre plaisant.Vivement la suite !