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Sensation

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Chapitre 4

« Oh… oh, bébé. Mmm… ouais… » Mes lèvres frémissaient. Mon échine piquait. Je me sentais étourdi, mes genoux tremblaient, et un peu de salive sortait des coins de ma bouche. Je ne pouvais pas me rappeler de la dernière fois que j’avais pris autant de plaisir. « Oh, mec. C’est incroyable. »

Braeburn gloussait timidement. « Ben », il roucoulait, en souriant, « content de voir que j’ai pas perdu ma technique. Tu veux que j’continue ? »

J’avais du mal à respirer et je ne faisais qu’incliner ma tête pour voir l’étalon qui savait comment me faire plaisir, plus qu’aucun poney que j’avais rencontré jusque-là. Ma bouche a pris un sourire diabolique. « Braeburn, ne pense même pas à t’arrêter. » Je commençais juste à y arriver.

« Oui, m’sieur ! » Les sabots de Braeburn bougeaient de haut en bas encore plus vite, et je ne pensais pas pouvoir tenir encore longtemps. « Je pense pas que j’ai rencontré un étalon aussi excité que toi de toute ma vie. »

Je prenais de grandes inspirations. « Tu rigoles ? » J’essuyais la bave. « C’est la meilleure que j’aie jamais eue ! »

« Aw, si tu trouves que ça c’est doux, tu n’as encore rien vu. J’appelle ce petit numéro, le Tourbillon des Deux-Pommes. » Je geignais, et je pensais éclater à ce moment-là. « C’est fait avec des Red et Green Delicious ! » Il continuait à faire refroidir les tartes sur le rebord de la fenêtre, et l’odeur flottait vers mon nez. Cela me faisait tourner la tête. « Ça devrait être assez froid, j’espère. Ho, mes fanons sont fatigués. »

J’ai frappé du sabot sur la table en bois, prêt pour une autre part. La première tarte avait été le truc le plus savoureux que j’avais jamais eu, même si elle avait quelques jours et que Braeburn avait insisté en disant qu’elle n’était presque plus bonne. Une fois que j’avais pris la première bouchée, j’avais dévoré le reste, essayant d’avoir autant que je le pouvais de cette saveur acidulée de pomme cannelle dans ma bouche. Rien de comparable. Je commençais à sucer bruyamment mes dents pour en avoir les derniers restes sur ma langue en regardant tout autour de la confortable cuisine.

Du jaune et du rouge délavé occupaient la majeure partie de la palette des couleurs. Tout de l’horloge ancienne aux rideaux de la porte à une charmante teinte de pomme, tout cela rendant l’endroit chaud et hospitalier. La plupart des trucs étaient faits de bois, ce qui met du temps à s’habituer à mes yeux. Le bois est un luxe dans les villes pégases, mais j’imagine qu’ils en ont plein au sol. Des crochets sont à la porte, retenant mes lunettes et le chapeau usé de Braeburn. Des casseroles et des poêles pendant près d’un vieux poêle à bois, prêts à être attrapés, et pleins de trucs kitsch me fixent depuis les étagères les plus hautes. Une image brodée pendait au mur de la porte qui mène dehors, un pommier avec des lettres vertes. « Éclos là où tu as été planté. » Je ricanais en la voyant. Ouais, c’était un beau truc, mais sérieux. Pas d’ambition, accepte juste d’être là où on t’a mis ? Non merci.

Braeburn a dû m’entendre. Il a tourné sa tête et m’a souri chaleureusement en étirant ses jointures, et sa crinière tombait sur son front et le long de ses épaules. « Quelque chose ne va pas ? » La douce lumière tombait sur le côté de son visage, allumant ses yeux comme des pierres précieuses vertes en feu. Il était si joli, et il était absolument en train de flirter avec moi. Si j’avais un doute qu’il ne soit pas branché étalons, il s’était évaporé à cet instant.

J’ai croisé les jambes en réalisant qu’il me fixait. « Oh, euh rien. » J’ai fait signe du sabot autour de la cuisine. « C’est un bel endroit que t’as ici. »

« Oh, merci beaucoup, mais j’occupe juste l’endroit pendant que ma tante voyage. En fait, je suis… » La voix de Braeburn baissait et devenait plate. « … de l’ouest. » Il a attrapé un couteau et a coupé rapidement une part de tarte, la posant sur une assiette propre alors que sa gaieté revenait. « Voilà, ça devrait l’faire. Dis-moi ce que t’en penses ! »

Braeburn m’a amené la tarte, mais il ne l’avait même pas posé sur la table avant que je la prenne. Je pensais que la première était superbe, mais celle-là m’a coupé le souffle ! La croute était molle, la garniture était gluante et douce et réconfortante, comme avoir un câlin à l’intérieur de son ventre, et je m’en fichais de m’être juste brûlé la langue. Mes lèvres se sont pincées en la gobant, et j’ai remarqué que Braeburn me fixait alors que je léchais l’assiette.

« Alors, t’as aimé ? » Il a croisé un sabot sur l’autre et a incliné sa tête. Est-ce qu’il essayait d’être mignon ? Ça marchait, mais il avait cet air hésitant autour de lui qui me disait que quelque chose n’était pas conforme aux apparences.

J’ai toujours été bon pour lire les signes. Quand tu as été avec autant de poneys que moi, ça vient naturellement. Il y a la façon qu’ils ont de marcher, la façon qu’ils ont de te présenter quelque chose en essayant de ne pas être trop vendre la mèche. Les timides penchent toujours la tête et parlent d’une certaine façon, et j’avais carrément cette vibration venant de lui. Il était surtout pudique, et je pensais, ‘Hé, il joue avec finesse. Il doit sûrement être encore dans le placard. Je dois lui donner un coup de sabot.’

« J’ai adoré ! T’as quelque chose pour faire passer ? » Un petit placard à liqueurs se trouvait au sol près du poêle, et naturellement, j’ai vu des bouteilles de schnapps à la pomme et de whisky à la pomme à travers la vitre. J’ai pointé un sabot vers ça. « Un de ces trucs ? »

Braeburn m’a regardé bizarrement, puis a tourné sa tête et s’est arrêté. Il étudiait le placard comme s’il n’avait jamais rien vu de tel jusque-là. « Euh, je pense… pas qu’on devrait. » J’attendais qu’il continue. « C’est à ma tante Honeycrisp. Je voudrais pas déranger. »

Je crachais de l’air hors de mes lèvres. « Pff, elle s’en fichera. La famille, pas vrai ? » Je me suis levé de la table et je me suis dirigé vers le placard.

« J-Je préférerais pas. » Il y avait quelque chose dans la façon qu’il avait de me regarder, quelque chose qui suppliait, quelque chose de désespéré qui m’arrêta net. Ça faisait… mal. Un peu. « … S’il te plaît. »

Gardez à l’esprit que je m’étais souvent amusé avec les ‘Bolts. L’alcool est comme de l’eau pour moi, et d’habitude, je laisse pas les poneys me dire comment vivre ma vie. Mais j’ai pensé, ‘Ce type à les jetons. Pourquoi les mignons sont toujours si sensibles ? Ça vaut pas le coup de pousser si je veux avoir un peu d’action.’ Pourtant, il n’allait pas me laisser avoir mon verre, et je n’allais pas laisser ça passer. Je prenais mon meilleur accent. « Aww, on t’a pas appris à l’ver ton verre dans l’ouest, p’tit ? »

Il a grogné et s’est mis à rire. Ça me chatouillait. « Aw, crétin, t’es dingue ! »

« Quooooi ? » Je gémissais, en faisant semblant d’être blessé. « Je pensais que j’étais assez bon ! »

« Nan, t’as l’air d’un bouseux. On sonne peut-être un peu différemment, mais tu ferais mieux de pas te moquer des colons. » Son ton a des bords un peu plus secs. « N’oublie pas qui fait pousser la nourriture et fait les tartes. » Il a déposé les assiettes sales dans l’évier, à côté d’un sac de glaçon à moitié fondu qu’il m’avait donné plus tôt, et la tension pendait en l’air comme une brume épaisse. Je savais que ça allait arriver, et mon cœur bondissait un peu. « Tu peux… rester un moment ? »

J’ai pensé à Spitfire qui serait furieuse quand elle comprendrait que j’avais zappé l’entraînement. Mais je m’en foutais. Elle finissait par tout savoir à la fin. Elle était probablement déjà en train de penser à des façons de rendre mon entraînement encore plus dur demain. Qu’elle aille se faire foutre. Je passais une bonne journée, la première depuis longtemps. Je restais.

« Sûr ! » Mes ailes se sont déployées, et j’ai répondu avec beaucoup d’enthousiasme. Je suis rarement gêné, mais je sentais que je reculais et me dérobais un peu en lui souriant. « Je veux dire, je voudrais pas voler jusqu’à ce qu’on soit sûrs que je vais bien, pas vrai ? »

« Super ! J’m’occuperai de la vaisselle plus tard. » Il s’est tourné vers moi. « T’es sûr que tu veux pas d’une autre poche de glace ? »

J’ai secoué ma tête quelques fois. J’avais un drôle de mal de crâne, mais rien de trop extrême. « Nan, ça ira. Merci quand même. »

« Bon, okay, mais dis-moi si tu as la nausée. » Il a marché vers une porte et dans une autre pièce, et je l’ai suivi instinctivement, en jetant un autre regard vers son beau cul.

Puis les mots sont sortis juste hors de ma bouche. Je devais être distrait. « Merci pour tout. Je suis pas habitué à autant d’amour et de soin au boulot. » Ma poitrine se serrait. ‘MERDE !’ Je venais juste de sortir le mot dans un cas de placard. J’étais sûr qu’il l’avait remarqué, mais quand j’ai levé les yeux, il ne semblait même pas bouger.

Braeburn a tourné dans l’autre pièce- un bureau, vu la tête- et s’est assis sur un vieux et grand canapé. « C’est… assez triste. » Il évitait de me regarder. « T’as personne pour prendre soin de toi ? Pas de famille ? » Il tournait sa tête vers moi avec des yeux tristes, et ajoutait rapidement, « Ils t’ont pas mis dehors, pas vrai ? »

Comme une horloge, ma tête s’est relevée, je me suis cabré et j’ai pris la pose. « Je suis Soarin Windsong ! Je n’ai besoin de personne. » Réponse par défaut « Je m’éclate, je m’amuse, pas de souci. » Mes sabots avant toucher le sol avant que je regarde tout autour et que je fasse un geste vers rien. Les mots brûlaient ma langue. Chaque interview était comme ça. Je me disais que, non, c’est bon, Braeburn est cool, mais les réponses toutes faites continuaient à sortir. « Je me sens juste heureux d’avoir une carrière et des fans. » Je parlais trop vite, et mon cœur battait à toute vitesse. « Qu’est-ce que je pourrais vouloir de plus ? »

« Quelqu’un sur qui tu peux compter pourrait être bien. »

Je grognais et crachais, « Ouais, sûrement. » La tête de Braeburn frémissait et reculait, et il me donnait cette expression avec les yeux froncés qui me retournait l’estomac. « Oh, hé, désolé ! » Je marchais vers le canapé et m’asseyait à côté de lui. « Je parlais pas de toi. T’es vraiment un gars gentil, tu le sais ? »

Il a ricané. « Hé, c’est ce qu’ils disent tous. » Sa voix portait un peu de douleur. « Franchement, j’suis surpris que t’aies récupéré aussi vite. »

Ma tête me faisait toujours mal. Vraiment. « Hé, les blessures sont assez communes là où je bosse. Tu apprends à vivre avec. »

« Tu continues à parler boulot, et j’ai l’impression de t’avoir déjà vu avant. » Il se met à lever un sourcil. « T’es un des Wonderbolts ? »

J’ai bombé le torse avant de le frapper deux fois du sabot. « Capitaine de l’équipe étalons, en personne. On dirait que t’as entendu parler de nous. »

« Bien sûr ! Je vais pas souvent dans les grandes villes, mais j’ai pu voir un peu du show de Santa Neigh il y a quelques temps. »

J’ai ricané. « Ouais, c’était un bon show. Le second de la tournée, en fait. J’aime les premiers shows, quand tout le monde a encore de l’énergie. La foule a toujours l’air de répondre mieux, aussi. » Il hochait la tête à chaque mot que je prononçais. « Tu veux un autographe ou quelque chose ? »

« Oh, j’ai pas b’soin d’un truc pareil. Je suis content d’écouter des histoires, c’est tout. Ça me rappelle un peu mes vieux livres d’aventure. T’as déjà lu la série des ‘Libres de Voler’ ? »

Et ainsi, on a parlé. On s’est assis sur le canapé, dans cette vieille pièce poussiéreuse avec des meubles usés et la faible lumière, parlant pendant des heures. Je peux pas vraiment de dire de quoi on a parlé, parce que je m’en rappelle pas beaucoup. J’étais juste là, dans l’instant, et tout semblait naturel et détendu. Je sais que Braeburn a parlé un peu de la culture des pommes chez lui, et j’ai sorti quelques histoires de fêtes à Cloudsdale, mais le reste est flou. Rien d’autre au monde n’importait, et ça me faisait ressentir la même chose que quand je volais, comme si je flottais, totalement libéré des ennuis qui pouvaient essayer de me faire tomber. C’était paisible. C’était bien.

Pourtant, aussi confortable que ça l’était, mes désirs ont fini par revenir dans mon esprit. Il y eut une pause dans la conversation, et j’ai pris un moment pour apprécier encore son visage. Tout était parfait dessus, si doux, si fort, si sensuel. Ça allait avec sa voix.

Il a commencé à parler de sa vieille maison ou quelque chose, mais je l’ai coupé. « J’aime vraiment te parler. T’es vraiment spécial, tu sais ? »

Braeburn me fixait, les yeux rêveurs et le sourire réconfortant. Il était doux et innocent, plein d’amour, et je voulais le baiser là tout de suite. J’ai pensé, ‘Okay. On y va, à nouveau en selle. Tu dois juste sceller l’accord. Demande-lui de parler de lui, mets-le sur son dos quand la conversation s’ouvre.’ Je me sentais un peu sale de penser des trucs pareils, et pas d’une bonne façon. J’y suis allé quand même. « Alors, ‘l’ouest’, c’est un grand endroit. Tu viens d’où ? »

Son sourire devint plat. « Oh, euh… » Il regarda autour de la pièce avant de se retourner vers moi. « J’suis d’Appleloosa. C’est une petite ville de colons, qui démarre tout juste. Tu devrais, euh, venir visiter un de ces quatre. » Son ton était bas et lourd.

‘Un petit gars de la province. Très bien.’ Je hochais la tête, regardant son corps de bas en haut. « Ben, j’aime bien ce que j’en ai vu d’ici là. Est-ce qu’Appleloosa est plein de forts et sexy poneys, ou est-ce que t’es le seul ? »

Braeburn a rougi, et ses yeux se déplaçaient sur le côté. Sa respiration se faisait plus lourde, et il a complètement ignoré le compliment. « Euh, j’en sais rien. »

Je ricanais. « Hé, sûr que tu le sais pas. » Sa respiration restait en rythme, mais son sourire avait disparu. Je pensais qu’il avait besoin qu’on l’aide un peu. Les poneys qui restent dans le placard en ont souvent besoin. « Je parie que tous les étalons en ont après toi à la maison. » Je me suis approché plus près et je me suis penché, en écartant mes ailes. « Tu dois sûrement les repousser toute la journée. »

Il reculait. Après un moment de silence, il a répliqué avec tristesse, « Tu ne devrais pas te moquer. » Il s’affaissait, et regardait le sol. « C’est… c’est pas bien. »

Je me suis senti soudain très, très petit, comme si je foutais en l’air quelque chose de parfaitement merveilleux juste pour tirer un coup, alors je me suis penché en arrière et j’ai détourné le regard. « Désolé. » Il y eut du calme, et je le regardais à nouveau. « Je ne me moquais pas. T’as vraiment un- » Mes yeux tombaient sur une marque jaune et pourpre sur son flanc, juste sur sa marque de beauté. Comment j’avais pu ne pas voir ça avant ? « Tu, euh, t’as l’air de t’être fait mal à la pomme ici. » J’ai pointé le sabot vers sa blessure.

Sa tête se levait, et il regardait là où je pointais. Après avoir fixé un moment, ses yeux se sont écarquillés, et il s’est tortillé avec une gêne visible. « Aw, c’est rien. » Je le croyais pas. « J’ai eu pire. »

« Pas trop pire, j’espère. » Quelque chose en moi me poussait en avant, et je reposais un sabot sur sa jambe. Une voix qui ne sonnait pas comme la mienne est sortie de ma bouche. « Je ne veux pas que tu aies mal. »

Braeburn a soupiré et s’est relevé, en gardant ses yeux sur mon sabot. Silence. J’avais l’habitude d’être au centre de l’attention, mais j’étais énervé par la façon dont il me regardait. Je sentais ses yeux traîner sur mon corps en relevant lentement ses yeux, s’arrêtant un moment pour reluquer ma taille. Si j’avais été dans mon état normal à cet instant, j’aurais dit un truc stupide. ‘T’aimes ce que tu vois, bébé ? Y’a plein de trucs à faire ici.’ Mais je n’étais pas moi-même. Je me sentais… nu. Ouais, je sais, je portais rien, mais c’était différent. Mon cœur battait plus vite, et je pouvais pas enlever mes yeux de lui. Braeburn m’examinait, et pour la première fois depuis longtemps, je me sentais vulnérable, exposé.

Ça ne m’arrivait jamais durant les shows, même quand je commençais. Bien sûr, y’a plein de poneys qui me regardent en retenant leur souffle, qui attendent juste que je fasse une super cascade ou une chute spectaculaire. Ils s’en fichent –c’est un show, et ils veulent de l’action. Ça ne me dérange pas. Je suis dehors, je les survole, dans ma zone et à peine conscient de leur existence à moins que je veuille me nourrir de leur énergie. Je me sens invincible. Mais avec Braeburn, c’est le contraire. Tout en moi me pique, comme si j’étais dans un musée et que tout le monde me regardait. J’avais peur, mais je ne voulais rien lui cacher.

Je sentais chaque palpitation de sa jambe douce, saisissait chaque mouvement de ses oreilles ou de sa superbe queue. Son regard traversait ma poitrine, faisant un peu bondir mon cœur, et il regardait longuement ma crinière. Quand ses yeux ont rencontré les miens, j’ai vu quelque chose. J’ai tout vu- peur, désir, joie, envie, tristesse, calme. C’était si… honnête. On a tous deux pris une courte inspiration, les yeux verrouillés sur ceux de l’autre. Mon esprit s’est vidé, totalement clair à part pour une pensée, l’idée que j’avais eue des centaines de fois avec d’autres poneys. Mais cette fois, ça me laissait complètement paralysé.

‘Il va m’embrasser.’

Et j’avais raison ! Braeburn a fermé ses yeux et s’est pratiquement jeté en avant, me taclant sur le canapé. Ses lèvres broyaient les miennes, et j’ai entendu un gémissement de frisson s’échapper de sa gorge. Ses sabots se sont enroulés autour de moi, ils s’enfonçaient dans mon dos tandis qu’on s’affaissait dans le canapé. Cela faisait longtemps que quelqu’un ne s’était pas jeté comme ça sur moi. Pendant que je reprenais mes esprits, il commençait à sucer ma lèvre inférieure, la mordillant juste un peu. Il était teeeeeeeellement dedans.

Hé, je l’étais aussi. Il y avait ce magnifique étalon, juste le bon mélange de rugosité et de délicatesse, sur tout mon corps. Je commençais à l’embrasser en retour, passant un sabot sur son coté. Ce qui le fit frissonner un peu, mais pas autant qu’un moment plus tard quand j’ai commencé à masser son cul. Je forçais ma langue dans sa bouche, tourbillonnant autour alors que mon sabot libre passait dans sa douce et céleste crinière.

Il commençait à écraser tout son corps contre le mien. Ses hanches bougeaient avec grâce, avec invitation, se frottant contre moi et envoyant des vagues de plaisir dans mon échine. Je le tenais de près, le serrant fermement et prenant la tête. On a presque roulé hors du canapé quelques fois, mais j’étais toujours là pour nous rattraper avec ma jambe. Oh, la façon dont ses jambes frottaient contre les miennes… Elles étaient si puissantes. Je croyais que j’étais le meilleur athlète, mais je ne pouvais pas rivaliser avec ces jambes- si fortes, mais ses mouvements étaient si tendres.

J’ai brisé le baiser, en l’agrippant fermement autour de la poitrine. Braeburn a fondu dans mes bras. Mon visage caressait le sien, et son odeur m’a durement frappé, un mélange de sueur, pommes, et de désir qui me donnait le tournis. Je lui ai léché une fois le visage avant de l’embrasser sur la joue et le long de son cou. J’ai vu que ses lèvres tremblaient alors que je travaillais son cou avec ma bouche, en le suçant et le mordant légèrement à l’épaule. Il gémissait à haute voix, et ses muscles se tendaient tandis que je me perdais dans son corps musclé.

Sa respiration se faisait plus lourde, et son corps se raidissait. Je continuais à le broyer. Son corps s’est levé une fois. J’ai pensé, ‘Peut-être qu’il veut que je sois un peu plus dur ?’ et je l’ai serré plus fort.

La façon dont il glapissait a failli me briser le cœur. Je me suis arrêté. J’ai lutté pour garder mes hanches en place, ainsi que mon corps, parce que j’avais peur de lui avoir fait mal. Il a plané sur moi, et pour la seconde fois de la journée, j’ai senti quelque chose d’humide sur mon front. Quand avait-il commencé à pleurer ? J’ai regardé dans ses magnifiques yeux verts, mais tout ce que j’ai vu était de la peur. Il avait l’air si fragile, et mon cœur se serrait en pensant que je lui avais fait quelque chose.

On s’est regardés pendant quelques secondes avant qu’il parvienne enfin à bégayer quelques mots d’une voix brisée. « Euh… désolé. Je pense que je dois- » Il reniflait et arrêtait de me regarder directement. « J’dois. Je veux pas… Tu devrais y aller. »

J’ai cligné une fois ou deux des yeux, stupéfait. Il ne s’est pas enlevé de moi, alors je pensais que son cœur ne voulait pas vraiment me repousser. ‘Okay’, j’ai pensé, ‘Alors il a des problèmes. Pas de souci. Il vaut quand même le coup.’ Au lieu de me lever du canapé, j’ai enroulé un sabot derrière ma tête et caressé ma poitrine avec l’autre, lui donnant le regard le plus aguicheur possible et en parlant d’une voix basse et douce. « Aw, allez bébé. On arrive juste au bon moment. » J’ai rué mes hanches contre les siennes, en ajoutant, « Ne me dis pas que tu ne veux pas plus de ça. » J’ai enlevé le sabot de ma poitrine et… l’ait fait courir sur sa jambe, et…

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Soarin s’arrête. Son visage et son aile s’affaissent tandis qu’il dessine négligemment des cercles sur l’accoudoir à côté de lui.

Je parle d’abord, doucement. « Oui ? » Je sens une pointe de culpabilité dans sa poitrine. Je sais que l’histoire que je cherche n’est pas faite que de soleils et d’arcs-en-ciel, mais voir Soarin là, en sachant que je le force à sortir quelque chose de douloureux, ça me fait poser des questions sur mes convictions.

Il soupire. « Tu dois comprendre, normalement, je ne suis pas quelqu’un de colérique. J’étais stressé. C’était bizarre. » Une autre pause, et je me demande à quel point je dois le presser. « Mon père voulait que je fasse de l’air-ball au lieu du vol à grande vitesse, tu sais. Quand j’étais jeune. J’aimais au début, surtout vu que j’ai été pubère très tôt. Je dominais, et mon coach avait l’habitude de me dire que j’avais un vrai instinct de tueur. J’aimais l’anneau, et quelques saisons plus tard, je commençais à mettre tout mon poids là-dedans. »

Une partie de moi veut revenir à Braeburn , mais je ne devrais pas l’interrompre.

« Il y a eu cette partie, Cloudsdale contre Stratus City, dernière période, score serré. J’ai eu la balle et j’ai foncé vers la zone de fin quand cette mauviette a volé droit en face de moi. Le gamin était une crevette, mais il avait des tripes. Tout ce à quoi j’ai pensé, c’est à quel point il allait regretter de s’être mis en travers de mon chemin. Il s’attendait à ce que je l’esquive, là où il pourrait m’amener hors des limites, mais j’ai vu clair dans son jeu.

« Je lui ai foncé dessus. Sans vérifier ma vitesse, juste à fond, en le percutant illégalement, sabot en avant. Le gamin est tombé en miettes, et un coup bien placé a envoyé la balle dans le but. C’était incroyable. Personne n’allait m’empêcher d’avoir ce que je veux.

« Mais, quand j’ai regardé tout autour, personne n’applaudissait. J’ai baissé les yeux et j’ai vu le gamin se tortiller au sol, la soumission et la peur sur son visage à chaque fois qu’il me regardait. C’est le premier jour où je me souviens m’être détesté. J’ai enterré cet ‘instinct de tueur’ après ça, et je n’étais plus un joueur star. J’ai abandonné à la fin de la saison, et je me suis promis que ça n’arriverait plus jamais. Je ne me mettrai plus jamais autant en colère, tellement obsédé à avoir ce que je veux que ça en blesserait un autre. »

Soarin me regarde, les yeux pleins de supplique et la tête basse. Je mâchonne ma lèvre pendant une seconde et demande, « Qu’est-ce qui s’est passé avec Braeburn ? »

C’est calme.

************************************************************************************

Je passais le sabot sur sa jambe, mais il l’a repoussé. J’ai perdu, « OUCH ! Hé ! Pourquoi t’as fait ça ? » Je n’avais pas été laissé avec les couilles pleines depuis looooongtemps, et avec tout le reste en tête, eh ben…

« T’es con ou quoi ? » Il a crié entre deux sanglots. « Je t’ai dit de t’en aller ! » Il n’a pas semblé remarquer qu’il me clouait toujours sur le canapé.

Je voulais le frapper. Douce Celestia, je voulais le frapper. En regardant Braeburn toute ma fourrure est revenue- la colère contre mes coéquipiers si compétitifs, contre Saphh qui jouait avec moi, contre moi pour avoir été aussi con, et tout ça dirigé droit vers ce poney doré qui baissait les yeux sur moi. Mes joues rougirent et je lui ai grogné dessus. « Très bien ! » Je l’ai repoussé de moi – durement- et fit le show en me levant et m’en allant lentement. Mes ailes se sont repliées en entrant dans la cuisine, et je lui ai crié sans même tourner la tête, « Amuse-toi bien dans ton placard, taré ! » J’ai presque frappé la porte derrière moi. « Dis ‘bonjour’ à tes robes de ma part. »

« Je… » Il a marmonné quelque chose. J’aurais souhaité savoir ce que c’était. Peut-être que je me serais arrêté. Peut-être que je me serais retourné là, que je serais revenu vers lui et que tout aurait été mieux. Et peut-être que la douleur aurait cessé.

Mais je ne suis pas revenu en arrière. Je me suis simplement envolé.

Sans y penser, j’ai déchiré le ciel, la rage ravitaillant mon vol alors que le sang pompait rapidement à travers mes veines, en faisant bourdonner ma tête. Mes muscles étaient tendus, et je serrais les dents, et j’insultais l’oiseau qui chantait pas loin. L’air remplissait mes poumons avant que je grogne pour le faire sortir, et le soleil chaud de soirée était vraiment bien et les arbres étaient très jolis et mes ailes commençaient à se détendre un peu et…

Et je ne suis pas resté en colère longtemps. Au moment où j’étais à une centaine de mètre au-dessus de la ferme, la culpabilité avait gagné. Je continuais à penser, ‘Braeburn est un super gars, et il est le seul poney avec qui j’ai été capable d’avoir une vraie conversation depuis je sais pas quand. Et je suis devenu dingue après que j’ai été celui qui l’a poussé trop loin. En quoi c’est juste ? »

Le soleil se couchait. Je savais que je voulais revenir chez Braeburn, même s'il ne voulait pas de moi ici. Je voulais m’excuser. Mais ma fierté a continué à me percer de l’intérieur. Mais j’avais fait du mal à quelqu’un qui ne le méritait pas. Et je le laissais, tout simplement. Mais je ne voulais pas me morfondre sur lui, je ne voulais pas tout gâcher à cause d’un gars avec qui j’avais passé quelques heures. Je ne savais pas quoi faire, alors je me suis simplement envolé.

Je me suis simplement envolé.

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Note de l'auteur

Fin de l'histoire !
Ah bah non, ça n'est que le début ! La quête de Soarin ne fait que commencer...

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justabrony
justabrony : #33850
c'est si beau,si merveilleux je te dis merci pour cette magnifique histoire
Il y a 2 ans · Répondre
NightMare
NightMare : #17216
Vivement la suite.
Il y a 3 ans · Répondre

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