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Sensation

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Chapitre 3

« Buck yeah ! » L’air froid fouettait mon corps pendant que je chutais vers le bas et atteignait ma vitesse terminale. L’adrénaline pompait à travers mes veines, et mes pensées avaient enfin l’air d’être logiques. ‘Tout ce dont j’avais besoin, c’est d’un bon vol pour en sortir, puis je redeviendrais moi-même, retour au top.’ Je continuais à me dire ça depuis des semaines, mais à cet instant, c’était seulement moi et le ciel.

Le visage vers le sol, je remettais mes ailes en place, en me rattrapant sur le vent et en tournant mon corps dans un demi-tour qui m’a fait me prendre la gravité en pleine tête. Ma tête s’éclaircissait, et je ne pensais à rien. En utilisant mon élan, j'ai regrimpé dans le ciel, de plus en plus haut, toujours en conservant une vitesse géniale. Je ne pouvais rien entendre à part l’air qui hurlait, et les nuages tomber comme des pierres en fonçant vers le soleil de midi. J’allais aussi vite que je le pouvais, le moment était le bon, et je repliais rapidement mes ailes sur le côté, prêt à laisser la gravité avoir sa revanche.

C’est la sensation que tu as quand tu arrêtes de voler, juste après que tu as tout lâché. Tu vas dans le néant plus vite que tu ne peux l’imaginer, et puis tout se ralentit. Tu commences à tourner, tu laisses ton corps aller où il veut, totalement hors de contrôle. L’air est un peu froid, mais le soleil réchauffe ton corps et ton ventre, et tu tombes de plus en plus, jusqu’à ce que tu ne sois plus sûr d’encore exister. Tout s’arrête, même ton cœur. J’étais là, à cet instant, et tout était parfait.

Eeeeeet c’est là que mon estomac s’est mis à grogner. « Fais chier ! » C’était comme un coup en plein ventre. Je m’amusais ! Stupide faim. Une fois que tu reviens à la réalité, tu ne peux plus retrouver ce moment. J’ai essayé, et ça ne faisait que s’aggraver. Mais, ouais, j’avais faim.

J'ai grommelé un truc, étiré mes ailes et ciblé l’horizon. Il y avait un verger de pommes pas loin de l’académie, et une pomme ou deux ne leur manqueraient pas, pas vrai ? Je m’assurais de revenir plus tard et payer. Je suis un bon gars.

C’est la bonne chose à propos de Cloudsdale- tu as Manehattan à un jet de pierre, mais va dans la direction opposée, et tu as des tonnes d’espaces. C’est un bel endroit rural avec des fermes et des chemins de terre et de l’air propre, le genre d’endroit où tu trouves plein de poneys terrestres. Ça prend quelques minutes de vol, mais je finis par repérer un lac que je reconnais et je fonce droit dessus.

Si tu tombes vers un lac lisse, voilà un conseil : ne remonte pas jusqu’à ce que tu voies juste ton reflet. Mec, ça a l’air super cool. Mais… n’attends pas plus que ça.

« Salut, beauté. » Je voyais mon robuste et magnifique visage dans le miroir mouillé et remonte mes ailes, m’inclinant en avant, courant parallèlement à l’eau. Mes sabots frôlaient la surface, laissant une queue de coq de dix mètres de long derrière moi. Je tournais la tête et voyais un arc-en-ciel se former sur les embruns. Comme je l’ai dit, super cool.

Mon estomac grognait à nouveau, et ma tête se relevait. Je survolais la plage (là où, bien sûr, une jument et son poulain m’encourageaient) et vers un chemin un terre. Le verger se faisait voir alors que j’atterrissais sur une petite colline, et cette incroyable odeur me prend par le nez. J'ai commencé à saliver - j’avais déjà mangé plein de pommes, mais je voulais ce fruit plus que ce que j’avais toujours voulu avoir avant.

Quelque chose de violet a attiré mon attention. « Merde », j'ai marmonné entre mes dents serrées, remarquant un poney de ferme marchant hors du verger un peu bizarrement. Je n’avais pas de pièces sur moi, et les poneys de ferme ne sont pas connus pour souhaiter la bienvenue aux voleurs. Mais elle ne m’a pas vu. Son chariot avait quelques valises dedans, elle s’en allait pour un long voyage.

J’ai pensé, ‘Je ferais mieux de faire ça vite fait. Elle doit sans doute avoir des gardes qui travaillent ici. Entre, prends ton snack, et dégage. Facile.’ J’accélérai le rythme, en me cachant sous un bosquet, en passant dans les arbres au bord du verger. Personne à signaler.

À quelques centaines de mètres en avant, une branche pendante avec une pomme mûre. Elle semblait parfaite - je n’aurais pas à atterrir, je n’aurais pas à ralentir. J'ai gardé ma vitesse, tourné comme dans une petite manœuvre en spirale, tendu le sabot pour la pomme… et je me suis planté. Je n’étais pas loin, quand même. Je grognais et fonçais, en sautillant dans et hors des arbres jusqu’à ce que je trouve une autre cible. Oh, celle-là avait l’air encore plus juteuse. Je tournais et ratais encore. J'ai encore marmonné, « Imbécile. Sûrement même pas mûre. »

Quatre arbres plus loin, j’en voyais une autre. Celle-là ne m’échapperait pas. J’ai gardé mes yeux sur le fruit rouge qui pendait à peine sur la branche. Ma bouche salivait. Je tournais, en flottant sur mon dos en me penchant pour l’atteindre. La pomme a brossé contre mon sabot droit, mais je l’ai attrapé avec le gauche avec un « Je te tiens ! » quand-

« Whoa, hé ! »

Là, je bondis sur la gauche. Mes yeux se sont écarquillés en grand en sortant de ma spirale, en cherchant la source du bruit, mais je parvenais seulement à voir un aperçu d’un chariot à pommes plein. Je ne pouvais pas deviner pourquoi il devenait plus grand, et puis j’ai compris. J’ai essayé de crier quelque chose de cohérent, mais je n’ai réussi à dire qu’un « HWUAH ! »

C’est devenu… assez vague après ça.

Un gros coup sur ma tête. Mes ailes ne m’écoutaient plus. Mon estomac me donnait des haut-le-cœur. Quelque chose qui grattait mon visage. C’était comme si je tombais sur le côté. Il y a eu un gros crack, et j’ai pensé, ‘Pitié, non. Est-ce que c’était mon aile ?’

Et puis, le noir.

Je ne sais pas combien de temps je suis resté comme ça. C’est ça qui est emmerdant quand tu t’évanouis : tu n’es pas assez réveillé pour te rappeler quelque chose, et tu n’es pas prêt pour que ça commence ou s’arrête. Il y a juste… de la peur. C’est comme si tu essayais de t’enfuir du truc le plus terrifiant que tu aies jamais vu, mais tu ne peux même pas le voir, et tes jambes sont attachées au sol et tu as l’impression que tu vas mourir.

Et puis quelqu’un te frappe avec un poisson. Je veux dire, c’était pas vraiment un poisson, mais j’y ai pensé à cet instant. J’essayais de lever mes paupières, mais elles ne bougeaient pas. Mon visage était comme trempé, et il y avait quelque chose qui frappait en rythme sur ma joue. La première chose à laquelle j’ai pensé, c’était ‘Je suis presque sûr que quelqu’un me frappe avec un poisson.’

Le tintement s’arrêtait, mais il y avait un autre son pour le remplacer. C’était bien, mais je ne pouvais pas deviner ce que c’était. C’était quelque chose que j’aurais dû reconnaître, mais mon cerveau souffrait et refusait de coopérer pendant quelques instants. Puis, ça m’est revenu. ‘Oh. Ce sont des mots.’

« … tes yeux. Allez, ça ira. » Mon corps entier s’est détendu. Cette voix était certainement celle d’un étalon, mais elle sonnait un peu plus que simplement féminine. Ça me rappelait un poulain qui essayait d’avoir un dessert en plus - mignon et un peu désespéré, et il avait un bel accent de la campagne. Mais je m’en fichais. C’était doux et relaxant, et ça me réveillait, et c’était tout ce qui importait.

Le frappement sur ma joue s’est arrêté, et un sabot a levé mon menton pendant qu’une giclée d’eau fraîche me frappait le front. La voix continuait. « Tu dois être dingue, d’faire ces acrobaties d’malade avec tous ces arbres dans le coin. » Je poussais un lourd soupir, fondant au son de cette voix. J’ai essayé de sourire, et j'ai échoué. « Bon, je peux t’aider, mais tu dois rester avec moi. »

‘Ok. Ce que tu veux’, j'ai pensé. Avec beaucoup d’effort, j’ai réussi à ouvrir à moitié mes yeux. Tout avait l’air flou, mais je réussissais quand même à deviner la forme d’un visage, de couleur jaune. Toutefois, je n’en ai qu’un aperçu. Le soleil passait à travers les feuilles vertes, et d’un coup, j’ai un énorme mal de crâne. Je pense que j’ai grogné, et mes yeux se sont fermés.

« Un peu trop clair pour toi ? » L’étalon l’a deviné assez vite. Je le sens mettre quelque chose sur ma tête, et le dur soleil cesse de me faire mal. La voix revient. « Eh voilà. Hoo-ouais ! Tu m’as fait vachement peur. Tu peux t’mettre debout ? »

Ma mâchoire pendait, et je roulais sur mon ventre. Tout en tremblant, je commençais avec les sabots, puis je parvenais à me relever. Mon corps entier frissonnait, et je pensais que j’allais vomir. Tout ce que je pouvais dire, c’était « Ugh… » Mon estomac essayait de sortir de ma gorge, et pendant un moment, j’étais content de n’avoir rien avalé.

J’avais la tête basse, et je me suis souvenu de mes ailes. J’ai hésité quelques fois, mais je les étirais lentement. Il y avait une douleur sourde, mais rien ne semblait cassé. Après quelques lourds soupirs, je parvenais à dire « Merci ».

« C’est bon. J’vais te mettre dans le chariot », a dit l’autre poney avec un peu plus de joie que je suis capable d’endurer. « J’vais te ramener à la ferme et te r’mettre sur pieds. Continue juste à me parler, okay ? »

« Ouais, ça me va. » Je prenais quelques grandes inspirations, mais je n'ai pas bougé jusqu’à ce que sente un tapotement sur mon flanc. J'ai tourné la tête vers l’autre poney pour mieux voir, mais tout a l’air d’être comme une peinture d’enfant, et le soleil a l’air de percer un trou dans ma tête.

Un autre coup, et je marchais en avant, gardant les yeux fermés et me sentant avancer vers la grande boîte avec des roues. Je me suis écroulé au-dessus de quelques pommes écrasées, ce qui a rempli l’air d’une intense odeur douce qui me retournait encore l’estomac. Je ramenai le chapeau plus loin sur mes yeux. Au moins, le soleil est bien sur mon dos.

Un moment plus tard, le chariot se mettait à avancer, et la douce voix flottait à nouveau vers moi. Ma tête ne faisait plus mal quand je l’écoutais. « On sera à la maison dans quelques minutes. Ne me quitte pas, et ça ira bien. Ça te va, monsieur… Aw, hé, où sont mes manières ? » Je pouvais pas comprendre l’énergie qu’avait ce gars. « On s’est même pas présentés ! J’m’appelle Braeburn. »

« Je suis Soarin. » J’essayais d’être optimiste comme lui, et je pense que j’ai fait du bon boulot, tout bien considéré.

« Un plaisir de te rencontrer, Soarin. Désolé que ça soit pas sous de meilleurs auspices. Bon, peut-être que t’aurais dû regarder où t’allais pour t’éviter des ennuis. La tête dans les nuages, j’parie. Oh, euh, sans vouloir t’offenser. J’espère. » Il avait l’air gêné, et c’était adorable. « Bon, qu’est-ce que tu fais dans le coin ? »

Je me pétrifiais sur place, les yeux écarquillés sous le chapeau. ‘Voler’ Je riais nerveusement, essayant de trouver un mensonge plausible. Je parlais à voix haute pour maquer ma peur. « Euh, je… volais. » Bingo.

« Qui peut te blâmer ? » m’interrompit Braeburn. « Si j’étais un pégase, j’adorerais passer la journée à voler dans ces vergers. C’est mes seconds arbres préférés dans tout Equestria, Mes préférés sont chez moi, à Aaa… » Il s’interrompt un moment, et tout devient calme. « … à la maison. » Pendant un moment, tout ce que j’ai entendu, c’était les roues qui tournent et ses sabots sur la route. « D’où tu viens ? » C’est sorti d’un coup, pas du tout enjoué.

J’aurais aimé lui demander ce qui n’allait pas. Au lieu de ça, j’ai pensé, ‘Douce Celestia, ce gars peut divaguer. Au moins, il ne m’a trop pressé pour me demander ce que je faisais là. »

« Ça va ? J’veux pas que tu tombes à nouveau dans les pommes. »

« Euh, ouais… » Il y avait de la vraie sincérité dans la voix de Braeburn, et mon cœur bondit un peu. Il ne forçait pas à rester éveillé, ne me forçait pas à être plus compétitif. Il était juste… en train de me parler. Il était gentil. Mes conquêtes nocturnes finissaient toujours par être des vantards hypocrites, et même mes coéquipiers avaient toujours un air de compétition autour d’eux, comme s’ils allaient me tuer si ça les faisait devenir co-capitaine, mais là où j’étais, je discutais simplement. J'ai secoué ma tête. « Je suis de Cloudsda- »

« Cloudsdale ! J’aurais dû d’viner avec les ailes et tout, mais je voulais pas me faire de mauvaises idées. J’adorerais y aller un jour, mais j’imagine qu’y a pas beaucoup de terrestres qui ont c’privilège. » Braeburn s’est arrêté, sa voix redevenant dure. « Faut être content de ce qu’on a. M… même si on aimerait qu’ça change. »

Quelques instants de silence ont passé. Ça s’est fini par le chariot qui a touché un rocher. Le chariot a cogné durement, et j’ai poussé un cri acéré en sentant une douleur rentrer dans mon crâne. Toujours caché sous le chapeau, je commençais à me masser les tempes.

Braeburn s’est arrêté immédiatement, et le chariot s’arrêtait doucement. Le harnais craquait en se détachant de son dos, et très vite, il se tient juste derrière le chariot. « Désolé ! Je regardais pas bien, j’imagine. T’es toujours avec moi ? »

Je me suis assis, en reposant mes sabots sur le mur du chariot et en faisant face au poney jaune devant moi. « Ouais. Je… » Ma vision s’éclaircissait enfin, et je me retrouvais à regarder l’étalon en face de moi, le souffle coupé.

Le pelage de Braeburn brillait d’un jaune riche dans le soleil de midi, doux et soyeux. La sueur coulait sur sa douce fourrure, décrivant magnifiquement ses muscles bien définis, tendus après des années de travail dans les champs. Il portait une veste brune, et tout de suite, je voulais l’enlever pour regarder le reste de ses muscles. Il était petit pour un poney de ferme, mais ça ne faisait que le rendre encore plus mignon. Une brise fraîche passait, faisant voler sa crinière dorée qui était entrelacée avec des teintes de marron. Ses cheveux tombaient librement sur sa nuque et son front, s’arrêtant tout près des deux plus beaux yeux d’émeraude que je n’avais jamais vu. Son visage parfait me regardait, masculin dans ses traits mais féminin dans son expression.

« … Miam. » Mes yeux se refermaient à moitié, et je ne pouvais pas m’empêcher de sourire. Mes ailes commençaient à se déplier d’elles-mêmes, et j’ai eu besoin de toute ma concentration pour les garder baissées. Les ailes, j’ai bon ?

« T’es… miam ? » Braeburn a levé un sourcil et a tourné sa tête de quelques degrés, avec les lèvres légèrement ouvertes.

J’avais chaud. Mes sabots frappaient contre le chariot avant que je bégaye, « Euh, ouais ! Tu sais, bon ! » Je n’avais pas eu autant de mal à parler à un gars depuis longtemps. « Bon comme une tarte ! »

« Euh… » Braeburn a plissé un peu les yeux, avant de retourner vers la route et de s’harnacher à nouveau. Le chariot avançait, et il continuait à parler. « Ben, si tu veux de la tarte, tu peux en avoir à la maison. C’est sur cette colline. »

« Mmm… » j'ai gémi, en me penchant sur un sabot et zieutant la croupe de Braeburn qui se balançait de gauche à droite. « J’ai hâte. »

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Note de l'auteur

Here comes Braeburn ! Le prochain chapitre sera plein de surprises…

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