Un long bâillement très pesant semblait soudain forcer sa voie hors des poumons de Caramel en baissant sa tête, fermant ses yeux pendant un bref instant en essayant de regagner l’énergie qu’il avait cru sentir quelques minutes avant. Il lécha rapidement ses lèvres, regrettant presque de l’avoir fait lorsque les vents froids frappaient son visage. Il grommela à haute voix en enfonçant son museau dans la chaleur de son écharpe, ouvrant ses yeux pour continuer à marcher le long de la rue noire devant lui.
« Tu te sens bien, sucre d’orge ? » s’enquit Big Macintosh, brisant un silence qui avait duré depuis un petit moment. Sa voix grave commença à montrer de l’inquiétude pour son ami en baissant la tête, ses yeux émeraude se mettant à scintiller dans l’obscurité. « Tu te sens malade ou un truc du genre ? »
Caramel sentit le grand poney terrestre rouge rebondir de son côté, sa fourrure donnant l’impression d’un mur chaud en se caressant contre le sien. Cela fit sourire le plus petit des deux, sa poitrine brûlant brièvement comme la flamme d’une bougie.
« Je suis juste… fatigué, c’est tout », répliqua l’étalon ocre, devant frapper sa patte arrière pour s’assurer que le lion en peluche restait fermement sur son dos. Son sourire et la flamme disparurent très vite quand son regard se fit plus triste, levant les yeux au ciel vers la Lune brillante de Luna. « Vu la chance que j’ai, j’imagine que je serai malade demain… je pense que ma poitrine me fait déjà mal. »
« Ben, on est presque chez toi », répliqua l’autre, faisant signe de la tête vers la rue couverte de neige. Il regarda brièvement tout autour en parlant, fixant les maisons qui étaient peintes de différentes teintes de bleu et rose, qui auraient été méconnaissables sans les couleurs distinctes sur chacune d’entre elles.
L’étalon choisit de ne pas répondre à ces mots, il tamponna à nouveau l’autre, restant cette fois un peu plus longtemps en marchant calmement côte à côte, leurs corps pressés l’un contre l’autre.
C’était facile de se perdre dans ces instants, qui étaient, pour le dire simplement, plaisants. Le moment n’était ni trop agréable ou inconfortable, un doux changement de ceux d’il y a quelques minutes. Caramel était tenté de rester ainsi pendant le reste du trajet, de laisser le craquement et les chutes de neige rester un souvenir flou et laisser son ami le guider sur le chemin de sa maison.
Caramel ouvrit ses yeux, les lèvres s’abaissant en repoussant lentement son corps de celui de l’étalon, la neige cessant de s’aplatir sous ses sabots en ralentissant avant de cesser complètement quand ses sabots n’avancèrent plus. Ses yeux se levèrent en regardant Big Macintosh s’arrêter aussi, pas avant d’avoir marché quelques mètres en amont.
« Sucre d’orge ? Ta maison est toujours en bas de cette rue… pas vrai ? »
L’étalon ocre sentit son ventre se serrer quand son ami le désigna ainsi ; ils le poussèrent à se relever d’un coup, comme s’il voulait soudain avoir l’air présentable. Il resta silencieux tandis que son ami se retournait, le regardant d’un air confus avant de commencer à ouvrir sa bouche.
« Cara… ? »
« Je… » dit Caramel, semblant confus par ses propres mots. « Je sais… je dois avoir l’air d’une stupide pouliche maintenant… mais ça me torture l’esprit… » Il s’arrêta un long moment après avoir parlé, assez longtemps pour que Big Macintosh s’approche de lui, le grand étalon marchant comme s’il essayait de capturer un animal apeuré.
« J-Je voulais savoir… si je… euh… » Il baissa les yeux, frappant le sol du sabot, se demandant s’il s’était déjà senti autant… complexé autour de Big Macintosh. « T-Tu m’as embrassé… E-Et je me suis senti… euh… b-bien. »
« Ouais… » murmura Big Macintosh, « c’est… bien… non ? »
Caramel se mordit la lèvre, creusant la neige avec son sabot tandis que ses joues commençaient à prendre une teinte de rose. Comment Big Macintosh était-il capable de cacher aussi bien ses émotions ? Il releva les yeux, son ventre se desserrant légèrement en voyant une fêlure dans le masque de l’autre… de la tristesse. Ce n’était ni de la colère, ni de l’agacement, cela semblait être de l’inquiétude pour son ami.
« E-Est-ce que c’est bête de dire que j-je pensais que ça allait arriver depuis longtemps ? » demanda-t-il, commençant à reprendre le contrôle de sa voix quand son sourire changea lentement de sens.
« Non », dit Big Macintosh en secouant sa tête. La façon dont il le faisait était presque nerveuse en levant son sabot, tapotant doucement la crinière de Caramel. « J’peux pas dire que j’y ai beaucoup pensé mais… ça m’a semblé bien de le faire. »
« Je suis heureux que tu l’aies fait », admit Caramel, son sourire devenant plus grand tandis que sa crinière était caressée. « T-Tu es le premier poney à… euh, le faire. »
« À t’embrasser ? » demanda Big Macintosh. « L-Le premier… » Il avait soudain l’air nerveux, c’était juste bref, mais le ton y était. « C-ce n’était pas… mal, pas vrai ? »
« B-Bien sûr que non ! » répondit Caramel. « C-C’était… » Il s’interrompit, réalisant qu’il allait dire quelque chose du même acabit que ‘incroyable’. « C’était… bien… »
« Oh… okay… » Big Mac hocha la tête de haut en bas comme pour confirmer qu’il avait bien fait.
« C’est… » entama Caramel, parvenant à regarder dans les yeux de son ami en parlant. « C-Ce n’était pas quelque chose d’unique… hein ? » demanda-t-il nerveusement, brisant le contact visuel dès qu’il le put.
« Je sais pas vraiment », déclara l’étalon, l’expression reprenant son air impassible. « J’ai pas vraiment… beaucoup pensé à ça non plus. »
« O-Oh… oui… t-tu ne penserais pas à des trucs comme ça normalement. » Caramel poussa un long soupir en finissant de parler, se mordant l’intérieur de sa joue. « C’est juste… j’ai l’impression que ma vie a toujours été quelque chose de fermé… je ne sors jamais dehors sans une bonne raison… encore moins en plein milieu de l’hiver. Je ne sors pas pour prendre le thé ou le café, je ne visite jamais un ami, et j’ai du mal à parler avec d’autres poneys que Sage. » Il se mit à rire, amenant un sabot vers ses lèvres froides. « La romance, ce n’est pas trop mon truc… »
« Alors, qu’est-ce que c’est ? » marmonna Big Macintosh, inclinant sa tête. « Une romance ? »
« J-Je ne sais pas… » dit Caramel, crachant involontairement au sol en parlant si vite. Il prit un moment pour se calmer avant de continuer. « J-Je veux dire… je ne sais pas vraiment ce que serait une romance… » Il acquiesça, décidant que c’était la façon dont il voulait le dire.
« Les juments sont plutôt mon truc », rit Big Macintosh, trouvant la situation presque drôle. « Je n’ai jamais pensé à un étalon de cette façon… j-je n’ai jamais imaginé embrasser ou sortir ou aucune autre chose avec eux. »
Caramel haussa les épaules en faisant un pas en arrière, se laissant respirer en regardant la neige tomber. « Je l’ai toujours su… Je me souviens que quand on était petits, Sage a ramené à la maison ces sales magazines pour adultes… Je pense qu’il les a trouvés à la poubelle ou quelque chose comme ça, je ne me souviens pas… » L’étalon se mit à rougir en mettant un sabot derrière sa tête, frottant sa nuque. « O-On les a regardés ensemble… Je peux te dire que ça lui a fait un effet différent du mien. » Il baissa les yeux vers ses sabots. « Je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser des semaines après… J-J’avais trop peur d’en parler à quelqu’un, pendant très longtemps même. »
L’étalon ocre releva sa tête. « J-Je suis désolé, t-tu dois toujours te sentir un peu… bizarre sur tout ça, t-tu n’as pas l’air d’y avoir beaucoup pensé avant ça… J-Je vais arrêter de parler maintenant. »
Big Macintosh le regarda avec une expression vide en secouant sa tête. « Non, ça va… j’aime bien quand tu parles de toi. »
« Merci… » murmura Caramel, souriant en signe de reconnaissance avant de retourner son expression. « Les semaines passées avec toi ont été si différentes… c’est tout ce que j’essaie de dire. » Il regarda Big Macintosh, se forçant à sourire. « J-J’avais peur… aussi stupide que ça en a l’air… Chaque fois que tu es avec moi, j’essaie de décider si tu aimes les étalons ou pas. Quand je suis seul avec toi, tu es toujours très gentil avec moi, plus gentil que le sont les autres étalons… mais à chaque que je te vois avec ta sœur… j’essaie de deviner à nouveau… »
« J’pensais que j’étais juste un bon ami… » murmura l’étalon, les roues se mettant à tourner dans sa tête. « J’suis pas le genre à chercher à ressentir ça… j’suis souvent plus concentré sur le travail. »
« J’ai remarqué », dit l’étalon ocre, sans ambages. « Tu es toujours mon meilleur ami, peu importe ce qui s’est passé, c-c’est juste que… je ne pense pas que je dormirais bien ce soir en y repensant… Je veux juste en parler un petit peu. » L’étalon baissa les yeux, les oreilles plaquées contre sa tête. « C’est bon si tu… tu sais… si tu veux oublier. »
L’étalon acquiesça. « É-Écoute Caramel. » Il fit un pas en avant, plongeant ses yeux dans ceux de Caramel. « Je ne pense pas que j’veux oublier ce qui est arrivé… ou juste l’accepter et avancer… » Il rit avec son habituelle voix grave. « Je parle plus avec toi et partage plus de choses avec toi que n’importe qui d’autre… » Il tendit un sabot, le plaçant contre la joue de Caramel. « Je tiens à toi, je disais la vérité quand je t’ai dit que j’étais heureux que tu ne sois pas en colère. Tu dois arrêter de t’inquiéter autant. Tu es bien plus mignon quand tu as un sourire sur ton visage. »
Caramel allait parler, cependant, ses mots refusaient de sortir quand l’autre se pencha, ne l’embrassant pas au même endroit qu’avant, mais pressant ses lèvres très rapidement contre la joue du plus jeune poney. C’était chaleureux, mais pas comme la chaleur qui s’était auparavant emparée de tout son corps. Cette fois, cela réchauffait seulement son visage et ses oreilles.
Quand le plus grand étalon recula, Caramel put deviner, même sous le clair de Lune, qu’il rougissait. C’était la seconde fois de la soirée que Caramel avait des papillons dans l’estomac à cause de l’étalon rouge.
« J-je te verrai demain… d’accord ? » demanda le poney terrestre, sans même y réfléchir quand son sabot quitta sa joue.
« Ouaip », répliqua Big Macintosh avec un sourire impatient, un qui semblait plus sincère que celui d’il y a quelques minutes. « Juste après le petit-déjeuner. On pourra passer la journée ensemble… mais pour le moment, on doit rentrer à la maison, je gèle. »
Caramel acquiesça pour montrer son approbation, sachant très bien qu’il serait incapable de dormir cette nuit, jusqu’à ce que Sage rentre à la maison, avec autant d’émotions qui lui traversaient la tête.
« Merci… Big Mac. »
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La vapeur qui sortait de sa bouche et de ses poumons avait l’air étrangement lourde quand la licorne aux cheveux bruns frotta sa nuque, un gémissement au bord de sa voix en étirant ses jambes, réalisant à quel point il s’était assoupi durant sa garde de nuit, comme d’habitude.
En étirant ses muscles, il se mit à lever les yeux, les toits en foin couverts de paille prenant des couleurs blanches, des tessons de glace pendants du bord des toits.
Il soupira doucement, sa corne s’illuminant brièvement en enlevant une des stalactites, en faisant tomber une bonne partie devant la porte, décidant qu’il valait mieux prendre les devants.
« Je déteste la garde de nuit… » marmonna Sage, pensant à quel point c’était peu naturel et cruel d’aller contre la fonction de sommeil normale d’un poney pour que seuls quelques poneys n’attrapent pas de rhume. Cependant, il parvint à dissiper très vite ses mauvaises pensées en avançant le sabot, attrapant la froide poignée de porte dans son sabot avant de la tourner, se rappelant de frapper ses sabots au sol avant d’entrer dans la maison.
« Home sweet ho- »
La licorne referma rapidement sa bouche en entrant dans la maison, en jetant un œil tout autour. Quelque chose n’allait pas, quelque chose qui aurait dû être complètement normal ne l’était pas en plein milieu de la nuit. La faible lumière de la cuisine était allumée, et le feu de cheminée offrait une chaleur brûlante, comme si elle venait juste d’être allumée.
« Bienvenue à la maison… »
La licorne cligna ses yeux bleus avant de tourner sa tête vers l’endroit où il avait entendu cette voix, son frère calmement assis dans le coin pour le petit-déjeuner séparant la cuisine de l’entrée, son corps penché en avant, et sa tête reposant sur son sabot. Quand la licorne s’approcha ; il vit un verre à moitié vide rempli de lait, devinant qu’il devait être chaud vu le temps.
« Caramel… par Celestia, qu’est-ce que tu fais encore debout ? » dit Sage, laissant sa voix montrer son agacement. « Il doit être une heure du matin ! »
Caramel haussa les épaules devant la question de son frère, touchant le verre du sabot, sans toutefois l’amener vers sa bouche. « Je pouvais pas dormir, je suppose… »
L’étalon vit un drôle d’animal en peluche à côté de son frère, avec une crinière duveteuse et une fourrure rouge qui enveloppait son corps.
« C’est quoi ? »
« Un lion. »
« Je sais ce que c’est, je veux dire… » Sage laissa s’échapper son souffle fragile en se taisant, tirant sur son écharpe en fermant la porte d’un coup de sabot. Il ferma ses yeux pendant cinq secondes, ajustant ses lunettes avant d’ouvrir ses yeux, fixant une fois de plus son frère avec un regard inhabituel. Il remarqua que Caramel faisait de même, mais il semblait se ficher de savoir que son frère commençait à être agacé. C’était une réaction jamais vue.
« Est-ce que tu viens juste de rentrer à la maison ? » grommela Sage, fermant la porte avec sa magie en lançant un regard noir vers son frère quand il déposa son sac noir sur la table.
Caramel secoua sa tête avant de prendre une gorgée de lait, le reposant en utilisant son sabot pour s’essuyer la bouche. « Non… ça doit faire une heure ou deux maintenant… »
Sage relâcha lentement les muscles de son visage en entendant les mots de son frère ; se sentant moins agacé maintenant qu’il savait que son frère était au moins rentré à la maison à une heure un peu plus raisonnable. Il se leva sur ses deux pattes arrière, utilisant la table du petit-déjeuner pour soutenir le haut de son corps en tendant le sabot, le plaçant contre le front de Caramel.
Il pouvait sentir que Caramel s’agitait en signe d’agacement, essayant de le convaincre qu’il allait bien sans utiliser de mots.
« Tais-toi », dit Sage, lui frappant doucement le front avec son sabot pour que l’autre se tienne droit, ce qu’il fit avec peu de protestation. La licorne fronça les yeux en scrutant son visage, réalisant que les joues et oreilles de son frère étaient d’un rose terne sous sa fourrure ocre.
« Tu te sens bien ? » demanda Sage. « Tu es chaud. »
« Je… je… euh… » hésita Caramel, semblant avoir l’air à nouveau distant en jetant un coup d’œil vers son lait. « M-Mon ventre est vraiment tout d-drôle… et je me sens léger… »
Sage plissa les yeux, se remettant rapidement sur ses quatre pattes et trottant autour de la table vers le tabouret où son frère était assis. Il plaça un sabot sur le ventre de son frère, le frottant doucement en observant la réaction de son frère. « Tout drôle ? Est-ce que ça te fait mal ? »
Caramel secoua sa tête, semblant mal à l’aise quand son frère toucha son ventre dodu. « J-Je ne sais pas… j’ai juste l’impression qu’il se retourne à chaque fois que j’essaie de dormir. » Il détourna les yeux, semblant éviter exprès le regard de son frère. « É-Écoute, c’est pas grave, je veux juste aller au lit maintenant… »
« Je sais que tu détestes quand je pose les sabots sur toi, mais je dois au moins te faire un petit examen, ou sinon, c’est moi qui devrais rester éveillé toute la nuit », murmura Sage. « Et si tu m’en parlais pendant que je le fais ? » demanda-t-il, sa corne s’illuminant en ouvrant son sac, sortant un stéthoscope et le plaçant dans ses oreilles.
« À-À propos de quoi ? » répliqua Caramel, ses muscles semblant se serrer nerveusement à la vue de l’instrument.
« Je ne sais pas… » marmonna Sage, plaçant le cercle froid contre la poitrine de Caramel, sentant son frère bondir au contact du métal froid. Ses battements de cœur étaient doux et réguliers en pompant le sang dans son corps. « Comment s’est passé la nuit ? Est-ce que tu t’es bien amusé avec Big Macintosh ? »
« J… Je pense qu’on a… »
Sage cligna des yeux, levant un sourcil quand les battements dans ses oreilles s’accélérèrent soudainement. Caramel se tortilla de façon inconfortable et assez soudainement quand les yeux de Sage s’écarquillèrent. En levant les yeux, il vit le visage de son frère rougir bien plus fort qu’avant, ses oreilles plaquées contre sa tête en avalant lourdement, se mettant à jouer nerveusement avec ses sabots.
« Je… je ne me sens pas bien… » bredouilla-t-il, descendant très vite du tabouret pour courir en direction de la salle de bains. Sage leva son sabot, mais il toucha seulement le flanc de son frère avant qu’il n’ait une chance de le stopper. Il vit la lumière venue du bout du couloir s’allumer et entendit le son d’eau coulant du robinet, mais il ne vit pas la porte se refermer.
Ses propres sabots se mirent à bouger, et même s’il ne courait pas avec la même urgence que son frère, il se déplaçait plus rapidement qu’à la normale.
En atteignant la salle de bains, il regarda le miroir, voyant Caramel se jeter de l’eau fraîche sur le visage. Il se pencha dans le cadre de la porte, restant silencieux pendant une bonne dizaine de secondes avant de se retrouver incapable de contenir ses mots plus longtemps.
« Est-ce que quelque chose est arrivé, frérot… avec Big Mac je veux dire ? » questionna Sage, essayant de choisir avec précaution ses mots.
« J-Je ne p-peux arrêter d-de penser à lui… » gémit Caramel, la voix vraiment inquiète. « J-Je veux dire, je pensais beaucoup à lui avant ce s-soir… mais jamais au point de ne pas pouvoir dormir… »
« Cara… qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Sage, se sentant un peu stupide quelques secondes plus tard, parce que la réponse semblait vraiment évidente. Cependant, son frère continua à parler avant qu’il ait une chance d’intervenir.
« À chaque fois que je pense à lui maintenant… j’ai… peur, je suis excité, inquiet, heureux, e-et je continue à penser à… lui… » Il s’arrêta un long moment, un sourire grandissant sur son visage en mettant un sabot sur ses lèvres, regardant dans le miroir pour voir si Sage avait compris le message, ce à quoi son frère répondit avec un hochement de tête. « J-Je ne sais pas pourquoi j’aime ça… ça tourne beaucoup… j’ai l’impression d’être une pouliche complètement gaga… m-mais il y a des fois où je suis tellement heureux en y pensant que mon cœur se met à battre très fort. »
« J-J’imagine que c’est ce que ça fait quand… quand on aime quelqu’un », marmonna Sage. « Il… t’a embrassé ? »
Sage commença à se sentir à la fois mal à l’aise et nerveux en parlant. Il voulait se frapper lui-même pour se sentir ainsi, parce qu’il ne savait pas quoi dire à son frère. Il pensait qu’il devait dire quelque chose d’encourageant, quelque chose pour lui remonter le moral. Cependant, une seule question semblait se coincer dans sa tête.
Pourquoi Big Macintosh ?
« C’est stupide… » dit soudain Caramel, sortant Sage de sa rêverie en regardant dans le miroir. « T-Tu sais déjà que j’aime les étalons… m-mais j’ai toujours l’impression de faire mon coming-out… »
« Normalement, tu n’essaies pas de draguer comme le font les autres poneys ; c’est normal que tu sois nerveux », murmura doucement Sage, son esprit payant à moitié attention en luttant pour trouver les bons mots.
L’étalon ocre gloussa, Sage se demandant brièvement si c’était à cause de ce qu’il venait de dire.
« J-Je viens juste de m’en rappeler », Caramel semblait avoir à nouveau de la joie en lui, une qu’il ne pouvait retenir. « I-Il a dit que j’étais mignon… » Le poney terrestre se pencha contre le lavabo, incapable de cacher son sourire plus longtemps. « E-Et il voulait vraiment le dire… j-je voyais qu’il ne mentait pas… »
« Oh mince… » soupira Sage, regardant Caramel se retourna avec un air interrogateur, ses yeux semblait soudain inquiets. Cependant, son frère ne fit que rire, levant son sabot pour ébouriffer la crinière de son frère. « Tu l’as vraiment en toi… Tu ne vas pas aimer l’amour, Cara. »
« L’a-amour ? » Caramel semblait devenir inquiet avant de reposer les yeux dans la lavabo, le son de l’eau en train de couler semblant battre dans ses oreilles. « C-C’est de l’amour ? »
De façon assez amusante, le mot amour semblait lui avoir traversé l’esprit en pensant à Big Macintosh ; il était souvent rempli de mots qui servaient seulement à décrire l’étalon rouge. Le mot amour amenait dans sa tête des images de lui et Mac ensemble. Une partie de lui n’aimait pas s’imaginer ça, presque comme s’il voulait que l’autre soit meilleure que lui… Mais son esprit était rempli de désir devant cette image.
« Il a dit qu’il viendrait me voir dès demain matin… » sourit Caramel, tendant un sabot tremblant pour faire cesser l’écoulement de l’eau. « J-J’essayais de dormir… q-quand j’ai pensé à c-ce qu’on pourrait faire ou quoi parler… J-Je continue à m’inquiéter, j’ai peur qu’il change d’avis… m-mais il y a d’autres fois où je me demande si… il le refera… »
Il était plus que mal à l’aise à l’idée d’utiliser le mot ‘embrasser’ en face de son frère.
L’étalon ocre grimaça soudainement quand un poids lui tomba sur ses épaules, un poids qui l’aurait mis à terre s’il ne l’avait pas soudain tiré en arrière. Il pouvait sentir le souffle de son frère sur son épaule quand il fut forcé dans un câlin. Ce n’était pas étrange pour Sage de lui faire un câlin, juste étrange que cela arrive sans aucun avertissement.
« Tu n’es pas en colère ? » demanda Caramel, presque choqué.
Sage resta silencieux quand il lui posa la question. Il sentit les muscles de sa poitrine se resserrer pendant un court instant à l’idée que son frère avait peur de lui dire qu’il était amoureux.
« On a déjà vécu ça avant… à part que tu n’étais pas amoureux la dernière fois que tu m’as demandé ça, pas vrai ? » rit Sage. Il resserra son câlin sur Caramel avant que l’autre ne lutte pour s’échapper de son emprise.
« Je sais… c’est juste que… » Caramel baissa les yeux vers ses sabots, sans avoir l’air d’avoir une réponse à apporter contre ses peurs.
« Je ne t’ai jamais aussi heureux ou apeuré ou inquiet en des années que par rapport à ces derniers mois, Big Mac est sans doute la meilleure chose qui te sois arrivé, si tu veux mon avis… et lui qui t’embrasse me dit que tu es assez bon pour lui aussi. » Sage caressa à nouveau la crinière de Caramel, riant calmement. « Je serai toujours ton ‘petit’ frère et je t’aimerai toujours… tu veux en parler ? »
« Tu n’as pas à essayer aussi fort… » dit Caramel, grimaçant en prononçant ces mots. « Je ne suis pas prêt de te raconter ma vie privée à quelqu’un qui n’aime même pas les étalons. »
Sage rit, serrant son frère sans qu’il ait une chance de s’en échapper, similaire à précédemment, cependant, au lieu de le chatouiller, il se remit à frotter sa crinière jusqu’à ce qu’elle ait l’air hideuse, tout signe des heures passées à la brosser ayant maintenant disparu. Caramel leva simplement les yeux au ciel, se tortillant avec une pointe d’agacement dans l’étreinte de son frère, incapable de s’échapper cette fois.
« Allez, on ferait mieux d’aller au lit. Et tu dois te reposer pour ton rencard avec ton petit ami demain. »
Caramel fronça les yeux, mais ne corrigea pas son frère en lui disant que Big Macintosh n’était pas son ‘petit ami’ pour le moment. Cependant, il n’était pas non plus prêt à admettre qu’il aimait vraiment la façon dont cela sonnait.
Sage le relâcha, essayant de garder son sourire gravé sur son visage, faisant de son mieux pour lui assurer que tout ira bien.
Caramel ne put s’empêcher de sourire aussi… en sentant qu’un poids avait été retiré de son lourd estomac. Sage savait que ses sentiments étaient une bonne chose à ses yeux, quelque chose qu’il n’avait plus besoin de cacher maintenant qu’ils avaient une chance de marcher.
« Merci pour tout, Sage… »
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Big Mac se sentit tirer hors de sa rêverie quand ses paupières se retrouvèrent brièvement aveuglées par le soleil levant qui tirait ses rayons mortels dans ses yeux. Il grommela à haute voix en levant son sabot droit pour bloquer la lumière en trottant, abaissant rapidement l’ombre de quelques centimètres avec un mouvement du sabot.
Quand l’étalon commença à frotter son œil blessé, se demandant s’il était soulagé ou inquiet que le soleil soit déjà si haut, un bâillement s’échappa de sa gorge.
Malgré le bâillement, il parvint à capter la senteur âcre qui s’étalait lentement dans les airs. Il cligna rapidement des yeux, reposant les yeux vers la cafetière pendant que son breuvage matinal coulait à vitesse constante dans la tasse à moitié remplie de liquide noir.
Le poney terrestre rouge jeta un œil vers la fenêtre, la hauteur du soleil lui disant qu’il était environ huit heures trente. La raison pour laquelle il avait réussi à dormir avec tant de pensées courant dans son esprit le dépassait, mais il parvint tout de même à le faire sans trop de problèmes. Peut-être que son corps était simplement fatigué et refusait d’écouter son cerveau bourdonnant.
Big Macintosh amena un sabot sur ses lèvres, son expression impassible se brisant quand ses lèvres se transformèrent en petit sourire qu’il ne parvenait pas à contrôler. Sa poitrine semblait se resserrer en pensant aux lèvres de Caramel contre les siennes, le bonheur qu’il avait ressenti quand Caramel n’avait rejeté aucun de ses signes d’affection, la chaleur de l’autre dans ses bras quand il le câlinait fermement.
L’étalon ferma ses yeux, reprenant rapidement une expression vide quand la cloche sonna, signifiant que son breuvage était prêt.
Comment Caramel avait dit qu’il se sentait ? Une pouliche complètement gaga ?
C’était en effet un sentiment étrange pour un étalon qui n’avait vécu qu’un simple baiser et câlin, mais il se sentait en effet comme une pouliche faisant face à l’amour pour la première fois. Que ce sentiment soit bon ou pas était toujours une question en débat sur le moment.
La tête de l’étalon se dirigea soudain en direction de l’escalier quand le son familier d’un léger grincement se rapprochait en descendant les marches. L’étalon rouge garda une expression neutre en regardant sa sœur à la fourrure orange tourner au coin, la crinière toujours pas coiffée et ses yeux las à cause de la fatigue.
Elle n’était pas vraiment un poney du matin.
« Mince frérot, tu sais pas quand te lever un peu plus tard pour changer ? » gémit-elle, pas à cause de la colère, mais devant la façon qu’avait son frère d’être si bien réveillé aussi tôt dans la journée.
Big Macintosh haussa les épaules, regardant sa petite sœur prendre une pomme d’un panier et mordre dedans avec force, baissant les yeux en mâchonnant. Elle avait l’air de vouloir retourner se coucher à tout moment.
« J’ai pas bien dormi si ça peut te consoler », murmura-t-il, vérifiant à nouveau d’avoir une expression impassible.
« Oh, vraiment ? » demanda Applejack, étirant ses jambes et sabots avant de prendre son chapeau de cowpony et de le mettre sur sa tête. « Tu penses que t’as attrapé quelque chose la nuit dernière ? » demanda-t-elle, une pointe d’inquiétude dans sa voix. « T’es jamais capable de dormir quand t’attrapes froid. »
« C’est pas ça… » murmura Big Mac. « J’pense juste que j’étais trop fatigué pour dormir… si t’y comprends quelque chose. »
Applejack grogna devant son commentaire, donnant du mal à son frère pour l’empêcher de ne pas sourire tendrement. « T’es tellement bizarre, Big Mac », dit-elle, semblant perdre son attitude ronchonne et reprenant son attitude enjouée. « Alors, dis-moi, comment ça s’est passé hier soir ? T’es rentré tard parce que tu t’es trouvé une belle jument ? »
Le ton utilisé par sa sœur fit comprendre à l’étalon qu’elle était en train de le taquiner, pas en train de poser une question sérieuse. Néanmoins, il pouvait sentir sa poitrine se serrer devant la question en attrapant la cafetière du sabot, commençant à verser le contenu dans son mug.
« Euh… pas exactement », dit-il, ne réalisant pas que ses mots étaient peu audibles quand il les marmonna. « Cara et moi, on a surtout beaucoup marché en ville et parlé… mes jambes sont un peu engourdies à cause de ça. »
« L’hiver fait ça à tout le monde, tu deviens un peu plus relâché au ventre et un peu plus faible aux jambes », soupira Applejack, secouant sa tête de gauche à droite en commençant à marcher en direction du salon, suivie rapidement par son frère et sa tasse chaude de café noir.
« Tu sais que moi et Apple Bloom, on s’est bien amusés quand on y est allés plus tôt, j’ai même tapé dans l’œil de quelques étalons là-bas », dit Applejack, prenant une grande bouchée de sa pomme verte. Elle s’assit sur une chaise tandis que Big Mac choisit de s’asseoir en plein milieu du canapé.
« J’ai pas b’soin de t’entendre parler de tous les étalons que t’as essayé de draguer », déclara Big Macintosh, essayant de ne pas en dire plus.
« C’est pas ce que j’dis ! » cracha sa sœur, l’air agacée. « Tout ce que j’dis, c’est que dans des trucs comme les foires, surtout pendant les vacances, c’est là où on peut s’amuser. J’y retournerai peut-être avec les filles, mais ça ne veut pas dire qu’on peut pas flirter avec des poneys. »
« Pour t’dire la vérité, AJ… » Big Macintosh s’arrêta brièvement, l’œil plongé dans le reste de sa boisson en essayant de mettre en ordre les mots dans sa tête. « Je… suis pas vraiment intéressé dans les juments en ce moment. E-Et je pense pas que je le s’rai… »
Garder ses mots constants était un peu plus que difficile. Il reposa la tasse de café sur la petite table en face du canapé avant qu’il ne montre que ses sabots tremblaient. Il se demanda laconiquement s’il était nerveux ou simplement frustré.
« Tu commences vraiment à refaire la fouineuse », grommela l’étalon.
« J’essaie pas de l’être ! » dit Applejack pour se défendre. « J’suis juste inquiète pour toi, c’est tout, tu sors jamais avec quelqu’un ou tu ne vois jamais de jument. Je veux pas que tu finisses seul quand on sera tous vieux. » La jument fit une pause avant que ses yeux ne s’illuminent. « Pourquoi pas quelqu’un que tu connais, pas une jument au hasard… peut-être que Fluttershy aimerait bien sortir avec toi, elle est douce et calme comme toi. »
« … Je crois pas… » Big Mac hésita avant de répondre.
« Pourquoi pas ? Fluttershy est le sucre d’orge le plus doux que j’ai jamais rencontré, tu l’adorerais. Je peux lui demander ce qu’elle pense de toi et vous caser ensem- »
« Non. » Big Macintosh répondit crûment, car cela semblerait inhabituel de sa part s’il finissait le reste de son café et quittait la maison aussi vite que possible. « C’est un peu plus compliqué que ça, je peux pas juste demander à une jument d’sortir avec moi. »
« Pourquoi c’est si compliqué, je sais que t’es un peu timide quand tu rencontres quelqu’un mais t’as au moins parlé quelques fois avec elle, n’est-ce pas ? » demanda Applejack, semblant de plus en plus irritée au fur et à mesure de leur conversation.
« C’est… » l’étalon hésita, inspirant profondément, sa poitrine se resserrant. « J-J’imagine que c’est… compliqué parce que… » Il se tut pendant un long moment, prenant quelques instants pour regarder les yeux de sa sœur, des flammes de curiosité et d’agacement s’allumant à intervalles réguliers dedans. Son ventre avait l’air de vouloir se retourner quand il rouvrit sa bouche.
« Parce que hier soir… J’ai embrassé Caramel… »
Il y eut un silence étrange et horriblement long entre les deux après que Big Macintosh eut parlé. Ce n’était pas le même que les deux avaient l’habitude d’avoir durant leur routine matinale, parce que l’étalon retenait son souffle quand les roues dans la tête de sa sœur semblaient grincer l’une contre l’autre.
Il y eut de la confusion sur son visage, ses yeux verts ne regardant pas son frère, mais directement en face d’elle. Elle avait l’air de vouloir rire au départ, après avoir entendu la ‘blague’ de son frère. Cependant, la colère s’alluma pendant une seconde, puis se transforma en questionnement avant de revenir à de la simple confusion.
« Oh. » C’est tout ce qu’elle put dire, son visage semblant éberlué en amenant les sabots vers sa bouche. « T’as embrassé… cet étalon ? »
Big Macintosh sentait son cœur se serrer, le ton de voix de sa sœur voulait dire qu’elle attendait toujours le signe que tout ça était une blague qu’il n’allait jamais commencé à dire. Elle sourit, inquiète, riant bizarrement comme si le froncement de sourcils qu’il portait faisait partie de la blague pour la tromper, pour la faire réfléchir et pour la rendre folle tout comme quand ils étaient plus jeunes.
L’étalon rouge tint bon. Il secoua sa tête pour montrer sa déception devant l’attitude de sa sœur. Son ventre était noué en sentant ses sabots se resserrer sur les coussins du canapé sous son arrière-train.
« A-Allez Mac, tu peux pas m’dire que tu l’as embrassé et que t’as aimé ! » cria Applejack, ses mots presque crachés de sa bouche. « C-C’est pas bien ! »
Le poney terrestre rouge hocha la tête de haut en bas. Il s’arrêta, les yeux baissés dans sa tasse de café sur la table alors qu’un petit sourire se dessinait sur son visage.
« Par Luna, pourquoi tu souris ? » cria la jument, ne parvenant pas à être discrète malgré l’heure matinale. Sa voix était stridente quand elle parlait.
« C’était… un baiser vraiment bien… Je l’ai senti aussi heureux que quand c’est arrivé. » Il plaça un sabot sur son cou, qu’il frotta doucement, se perdant dans le souvenir pendant un bref instant. Il pouvait uniquement le décrire comme un moment de bonheur absolu. « I-Il avait un peu peur, j’peux dire que je l’ai pris par surprise… m-mais il ne m’a pas repoussé, a-alors j’ai continué à- »
« Tais-toi ! » persifla la jument orange, le visage gêné d’être dans une telle conversation. Elle mit ses sabots sur ses oreilles, presque comme un petit enfant à qui on dirait des choses qu’il ne voudrait pas entendre. « Je veux pas penser à mon frère qui embrasse mes étalons ! »
« AJ… Je ne voulais pas te… »
« Juste… j’veux dire… p-pourquoi tu… » La jeune jument avait beaucoup de mal à collecter ses pensées dans son esprit sur ce qu’elle essayait de dire, parce qu’elle continuait à regarder droit devant et à stopper ses phrases. Si elle avait eu des étoiles dans les yeux, Big Macintosh aurait pu penser qu’elle venait d’être frappée sur la tête par un énorme rocher.
« Mac… » Sa voix était soudainement plus calme. « T-Tu peux pas être heureux avec un étalon… comme moi j’peux pas avec une jument, c’est juste… mal. » La jument secoua sa tête en signe de déception à son frère. « Tu peux pas tomber amoureux d’un poney qui est exactement comme toi. »
Big Macintosh resta silencieux, ne regardant pas sa sœur, mais au-delà d’elle, faisant comme si elle n’était pas là pendant un bref instant, faisant comme s’il avait disparu de cette horrible conversation. Son cœur se brisa quand elle parla, son nœud dans son estomac se serrant, le souffle coupé.
« T’as eu des p’tites amies avant… tu aimes les juments, pas les étalons ! » cracha Applejack. « J’aurais pu jurer que t’aimais les juments quand tu sortais avec cette Roseluck quand on était à l’école ! »
L’étalon continua de se taire, se mordant l’intérieur de sa joue pendant que sa sœur continuait à divaguer.
« Hé, rien que l’an dernier, t’es sorti avec la prof d’Apple Bloom pendant quelques semaines après la St-Galopin ! » Applejack continuait à radoter, frappant l’accoudoir de sa chaise avec son sabot. « J’aurais pu jurer que j’vous ai vu vous embrasser plus d’une fois, t’aimais les juments à l’époque ! »
L’étalon donna un coup assez dur sur le canapé avec sa queue, prenant une grande inspiration pour remplir ses poumons, ne réalisant pas qu’il retenait sa respiration.
« Qu’est-ce que ce… ce pédé a fait pour que tu changes d’avis sur tout ça ? » Sa sœur semblait essayer de garder une voix basse maintenant.
Big Macintosh rouvrit ses yeux, lançant un regard noir vers sa sœur. « Tu laisses Caramel en dehors de ça, il n’a rien fait d’mal », déclara-t-il, la voix presque menaçante en direction de sa sœur, lui-même presque choqué en finissant de parler. « Tu le connais, tu sais que c’est pas un mauvais poney ! »
Quelque chose dans la façon qu’elle avait insulté Caramel lui enflamma la poitrine, un feu qu’il ne parvenait pas à contrôler, un qui n’aurait pas été aussi fort si Caramel lui-même n’aurait pas été immiscé dans la conversation. Il n’allait pas la laisser insulter son ami sans qu’il ne le défende, il était déjà au bord de perdre son tempérament d’habitude si contrôle.
Il devait partir.
Il continua à fixer la jument avant de soudain se lever du canapé, fermant ses yeux en prenant une dernière gorgée de café. Applejack se leva aussi, se tenant devant lui comme pour lui bloquer le passage.
« Alors quoi ? Tu peux pas juste aimer les étalons comme ça ! »
« Tu sais rien. » Big Macintosh secoua sa tête en finissant de parler, marchant en avant. Sa sœur se mit à le suivre sans qu’il n’ait plus besoin de l’énerver. Cependant, elle était toute proche de lui, l’air inquiète et terrifiée de son frère.
L’étalon prit son écharpe ainsi qu’une bourse pleine de pièces, attachant l’écharpe autour de son cou. Il pouvait entendre Applejack le bombarder de questions ; cependant, il choisit de cesser d’y répondre.
« Où est-ce que tu vas ? » Applejack hurlait maintenant, frustrée devant l’absence de réponse de son frère. « Est-ce que tu vas le voir ? Voir ton… ton… ton petit ami ? »
La façon dont elle le prononça était de toute évidence faite pour blesser son frère, essayant de le refaire penser à ses actions avec ce qu’elle croyait être une insulte. Elle avait l’air hors d’elle, sa crinière presque encore plus dégarnie qu’avant. Elle leva son sabot pour toucher son frère avant de le rétracter rapidement, presque effrayée en imaginant qu’il soit encore plus en colère contre elle en le touchant.
« Ouaip », dit Big Macintosh, ouvrant la poney d’un coup de sabot.
Il fut accueilli par un gros coup de vent étrangement chaud. Il regarda brièvement le ciel, le soleil brillait à pleins rayons. Il s’arrêta pendant une seconde, la neige devant lui n’était plus que de la gadoue, mouillée et en train de fondre.
« Attends, Big Ma- »
L’étalon referma la porte derrière lui, bloquant les mots de sa sœur avant qu’elle ne puisse finir. Il ferma ses yeux, sentant la boule dans sa gorge se dissoudre en prenant une grande inspiration, se demandant brièvement si sa sœur allait le suivre.
La porte resta fermée.
L’étalon cligna des yeux, le regard fixé vers le pays de la neige fondue devant lui.
Big Macintosh se mordit l’intérieur de la lèvre en faisant un pas en avant, voulant tellement aller voir Caramel, s’assurer que défendre les sentiments qu’il avait ressentis hier soir n’était pas le mauvais choix. Il voulait s’assurer que Caramel allait bien… s’assurer que son frère ne lui faisait pas subir le même traitement que sa propre famille… Il ne se le pardonnerait jamais si Sage se mettait en colère contre Caramel à cause de lui.
Et sur ce, il accéléra la cadence, en route pour voir son meilleur ami.
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