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Melting Snow

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Chapitre 9: Petits pas

La buée de chaleur qui émanait de la petite tasse devant les yeux de l’étalon rouge semblait presque créer un petit nuage juste au-dessus de la tasse de café, un qui semblait dégager de la chaleur qui finirait par chatouiller la fourrure sur son menton. Cependant, avant que le nuage ait un instant de vie, il sembla disparaître dans les airs. L’étalon pensa que cela semblait similaire à la façon dont son souffle chaud se mélangeait avec l’air froid et glacé de l’hiver.

Un soupir s’échappa de la gorge de Big Macintosh, un qui avait assez de force pour repousser le nuage pendant un bref instant avant qu’il ne penche sa tête sur son sabot, les yeux tournés vers la fenêtre du café et vers le monde de la neige fondue à l’extérieur.

Le poney terrestre rouge se mit à jouer calmement avec le bout de son écharpe, les bruns de rouge et de noir se tortillant l’un dans l’autre dans ses sabots nus en tirant et poussant, les yeux fixés dans la direction du soleil levant. Il était encore tôt, trop tôt pour qu’Apple Bloom soit levée, commençant seulement à se réveiller de son jour de liberté en dehors de l’école.

Le visage de l’étalon s’assombrit en commençant à se demander si elle était vraiment en train de dormir dans son lit, et pas réveillée par les cris de sa sœur devant son moment passé avec Caramel. Les muscles de ses jambes se tendirent, sentant une culpabilité qu’il n’était pas parvenu à exprimer au moment de leur dispute.

Big Macintosh commença à secouer sa tête, grognant brièvement en essayant de se changer les idées, se demandant de quoi il pouvait bien se sentir coupable.

L’étalon bondit soudainement quand le son d’une cloche le brisa dans sa rêverie, perdant pour toujours l’emprise sur sa colère. Il regarda en direction du bruit, remarquant que la petite cloche au-dessus de la porte tintait toujours à cause des vibrations, signalant l’arrivée d’un nouveau visiteur dans le pittoresque petit commerce.

Big Macintosh sentit son ventre se serrer en baissant les yeux. Le contrôle qu’il avait sur des émotions aussi simples que la colère et la joie semblait lui manquer aujourd’hui, parce qu’il était incapable de reprendre son expression si impassible et faire taire ses sentiments.

La fumée émanant du café, qui était maintenant bien plus faible qu’avant, commença à remplir ses yeux, jusqu’au point où il était forcé de les fermer, détournant sa tête en commençant à frotter son sabot sur ses paupières.

« Vous êtes… Big Macintosh, c’est ça ? »

L’étalon rouge ouvrit l’un de ses yeux, tournant lentement sa tête en direction de la voix, sa vue n’ayant besoin que d’aller en face de lui, le faisant presque bondir à nouveau. Avait-il été vraiment aussi perdu dans ses pensées qu’il n’avait même pas remarqué le poney qui se tenait en face de lui ?

« Euh… O-Ouais… » L’étalon se leva, réalisant qu’il était bien plus grand que l’autre, même en s’asseyant sur la petite chaise. Cependant, son expression montra de la confusion pendant un bref instant en regardant le poney en face de lui, ce poney semblait assez… familier.

« Cara… non. » L’étalon cligna des yeux, réalisant que cela n’avait aucun sens et que l’étalon à la fourrure ocre et crinière brune ne pouvait pas être Caramel. Le poney devant lui avait non seulement une corne sur sa tête, mais aussi une épaisse paire de lunettes reposant au bout de son museau.

« Sage… » souffla l’étalon.

« Héhé, vous avez déjà fait cette erreur », dit la licorne, un sourire collé sur son visage en riant. « En effet, nous sommes jumeaux… c’est facile de nous confondre au premier regard… » L’étalon s’interrompit brièvement, baissant les yeux. « Caramel a dit que vous vouliez venir plus tôt… mais le soleil vient à peine de se lever. »

« Je… je n’allais pas y aller tout de suite », marmonna l’étalon. « J’allais m’asseoir là pendant un moment et… réfléchir… »

Sage acquiesça lentement, baissant les yeux vers la tasse de café dans son propre sabot. Le liquide était plus marron que noir, de toute évidence rempli de crème. Il leva les yeux vers Sage, une pointe de confusion sur son visage.

« Oh, je viens ici presque tous les matins », dit Sage, répondant au regard confus que semblait avoir l’autre étalon. « Caramel vient aussi ici parfois… mais aujourd’hui, je ne l’ai pas laissé, il devait aller à la pharmacie pour acheter ses pilules, et il déteste quand je viens avec lui… alors j’imagine que c’est une bonne chose que vous ne soyez pas passé chez nous… personne n’y sera pendant un moment. »

« Je vois… » murmura doucement Big Macintosh, ne sachant pas vraiment ce qu’il était censé faire dans une situation pareille.

« Est-ce que… cette place est prise ? » demanda Sage, désignant de la tête la chaise en face de celle de l’étalon rouge. En réponse, Big Macintosh secoua sa tête, regardant Sage s’asseoir rapidement et siroter son café. Il fixa Sage, regardant de près ses mouvements.

« Écoutez… » commença Big Macintosh, « je veux pas que vous ayez une mauvaise impression mais… pourquoi vous vous êtes assis avec moi ? » demanda-t-il, levant un sourcil d’un air interrogateur vers la licorne en face de lui.

Sage perdit son froncement de sourcils pendant un bref instant, c’était bref mais un signe indiquant que son déguisement était loin de l’insouciance de son frère. Il baissa les yeux vers son café avant que Big Macintosh ne prenne une gorgée du sien. Il avait refroidi, ayant un goût encore plus amer que d’habitude.

« Pour être honnête… j’ai mes raisons. » Sage soupira, envoyant de la fumée en direction de l’étalon. « Et pour être encore plus honnête… il n’y en a pas une qui ne me fait pas passer pour un idiot complet. »

Big Macintosh resta silencieux, regardant les yeux bleus de Sage rencontrer brièvement les siens. Ils étaient bien plus froids que ceux de Caramel, bien plus stricts et dépourvus d’émotions. Il n’était pas tout à fait à la hauteur du regard impassible de Mac, mais il ne trahissait pas facilement ses émotions. Il leva un sabot pour ajuster rapidement ses lunettes, une longue expiration s’échappant de sa gorge en secouant lentement sa tête.

« Je me suis un peu forcé pour venir m’asseoir ici quand je suis entré… » dit-il. « Honnêtement, je voulais avoir une conversation avec juste vous deux plus tard… peut-être quand j’aurai la possibilité de digérer un peu plus ça… mais l’idiot que je suis n’a pu s’empêcher de vous voir en entrant, et je n’ai pas laissé passer cette chance. » Sage se mit à passer un sabot dans sa crinière. « Qui sait quand nous aurons un autre moment seuls tous les deux… Caramel ne voudra pas vous laisser seul pendant une seconde maintenant… savez-vous qu’il a eu beaucoup de mal à dormir hier soir ? »

« Cara… n’est pas malade au moins ? » demanda Big Macintosh, une pointe d’inquiétude dans sa voix en parlant. « Je veux dire… plus qu’il ne l’est d’habitude. »

Sage secoua lentement sa tête. « Non, juste un peu fatigué, c’est tout… Il est allé se coucher tard et s’est levé tôt aujourd’hui. » L’étalon ocre se remit à son café, et en le rabaissant, il reposa ses yeux sur Mac. « Écoutez… Caramel m’a dit ce qui est arrivé hier soir. »

Sage avait dû remarquer la façon qu’avait Big Mac de serrer ses muscles en signe de défense face à son commentaire, parce que la licorne leva un sabot et le secoua devant son visage. « Non, non, je ne suis pas en colère contre vous… C’est facile d’être moins choqué quand votre frère vous dit qu’il aime les étalons dès le collège. »

« Caramel… vous le savez depuis tout ce temps ? » demanda Big Macintosh, inclinant légèrement sa tête, un peu confus. « Il… n’en a jamais parlé. »

Sage soupira une fois de plus, secouant sa tête. « Non, il ne le ferait pas… Hé, il ne dirait même pas qu’il est homo si quelqu’un le lui demanderait… mais pour une certaine raison, il a choisi de s’ouvrir à vous… »

Sage baissa le regard vers son café, qui était maintenant à moitié vide. « Il est bien plus… joyeux », marmonna la licorne. « Il avait l’habitude de rester au lit toute la journée, à colorier ses livres… la seule fois où il a montré de l’émotion, c’est quand il a eu une crise de panique ou quelque chose du genre à cause de ses injections bisannuelles… » La licorne amena son sabot vers son front, se mettant à frotter ses tempes en cercles. « Mais quand vous avez commencé à lui parler, être là juste en tant qu’ami… il pourrait parler de vous pendant des heures. »

Big Macintosh regarda l’autre d’un air interrogateur. Caramel semblait toujours assez… joyeux avec lui, pas vraiment exubérant, mais heureux d’être son ami. Il ne pouvait imaginer le poney que Sage décrivait comme le poney qui l’avait fait se sentir ainsi la nuit dernière.

« C’était… vraiment évident de voir qu’il vous aimait… » rit Sage, riant un peu plus fort que nécessaire. « La nuit dernière, il a passé une heure à se coiffer la crinière, et encore plus longtemps dans la douche… c’est une chose pour laquelle je dois vous remercier, il a enfin une raison pour prendre des douches maintenant. »

Big Macintosh sourit, assez heureux de savoir que Caramel avait passé autant de temps à se préparer pour lui. Cependant, son sourire se dissipa rapidement quand l’expression de Sage changea, plongeant son regard dans les yeux de l’étalon. « Mais… je sais aussi que c’est la première fois que Caramel a un faible pour quelqu’un… et maintenant, c’est encore plus important pour moi de vous parler maintenant que vous… lui avez fait ça. »

La licorne baissa les yeux, jouant avec ses sabots. « Techniquement, il est mon grand frère… mais je me suis toujours vu comme quelqu’un de plus âgé que lui. Il était assez faible à l’école, bien plus faible que ne devrait l’être un poney terrestre… J’imagine que c’était lié à son immunodéficience et tout… » Sage s’arrêta, tirant sur la fourrure de son sabot. « Mais… ceci étant dit… depuis que je sais qu’il aime les étalons… je suis capable de dire quelle partie il jouera dans la relation qu’il aura avec quelqu’un. »

« Il est… féminin », dit Sage dans un murmure. « Pas assez à l’extrême pour utiliser ce mot avec force… mais assez pour que je sache qu’il n’est pas le genre de poney capable de prendre en charge une relation… vu qu’il est tombé amoureux d’un grand gars comme vous, pas besoin de demander conseil à Celestia pour dire qui va faire quoi dans cette relation. »

« C’est pas… » Big Mac essaya de se défendre, ne sachant s’il voulait ou pas terminer sa phrase. Une relation était un mot assez fort pour décrire ce qu’était les deux à ce moment-là.

« Laissez-moi finir », le coupa Sage, gardant toutefois sa voix calme et sous contrôle. « Je ne peux pas empêcher Caramel de vous aimer, mais vous pouvez être sûr que je ne vais pas le laisser se faire du mal juste parce qu’il est plus faible que la plupart des étalons, je ne vais pas le laisser se faire abuser ou quoi que ce soit… » Sage se mordit l’intérieur de sa lèvre. « C’est mon frère… J’en ai pris soin toute ma vie et je suis sûr que ça ne s’arrêtera pas maintenant. »

« Sage… » dit Big Macintosh, poussant l’autre à le regarder, trahissant son inquiétude. « Caramel… est mon meilleur ami », dit-il, regardant son café froid. « Il est le premier vrai ami que j’ai eu depuis que je suis petit… quand je l’ai embrassé, ce n’était pas juste parce que je voulais coucher avec lui, ou parce que j’ai été forcé… Je voulais juste le faire, plus que tout. » Il sourit tendrement, mettant un sabot sur son visage pour le cacher. « Il est juste… important pour moi. »

Sage sembla avoir les muscles tendus. « Je ne veux pas faire le méchant ici… Je ne le veux vraiment, vraiment pas… » grommela-t-il. « Je sais que je me fais des mauvaises idées, on ne s’est rencontrés qu’une fois après tout… hé, je n’étais même pas sûr que c’était vous quand je suis entré. »

La corne de la licorne se mit soudain à briller quand il enleva ses lunettes, plaçant son sabot sur ses yeux et commençant à frotter en cercle. « Je veux vous faire confiance pour prendre soin de lui… et je veux avoir confiance en Caramel pour qu’il fasse le bon choix… j’ai quand même l’impression de tirer les ficelles ici. »

Big Macintosh fronça les yeux, mâchouillant brièvement sa lèvre. « Je sais que je ne montre pas vraiment ce que je ressens… je dois vraiment avoir l’air d’un gros rocher que votre frère aime. » Il rit. « Mais… quand c’est juste moi et Caramel, je me sens plus heureux… bien plus vivant. Le temps passe beaucoup plus vite… j’aime ça. »

La licorne ocre inspira profondément. « Écoutez… je ne vais même pas commencer à comprendre ce que vous ressentez pour Caramel ou ce qu’il ressent pour vous… même si ça ne va nulle part et que vous restez juste amis. » Sage remit ses lunettes sur ses yeux. « Je… je voulais juste enlever ce poids… mais maintenant, j’ai l’impression d’être le père qui parle au petit ami de sa fille en aiguisant ses couteaux ou quelque chose. »

Sage secoua sa tête. « Écoutez, je n’ai aucun droit pour agir ainsi… Et si vous rentriez à la maison avec moi, ça prendra encore une demi-heure à Caramel pour qu’il se recharge en pilules, ça sera une belle surprise pour lui quand il rentrera à la maison… Je ne me sentirais plus comme un criminel après coup. »

La licorne regarda les dessins au sol, son extérieur froid se dissipant lentement pour révéler son inquiétude, à la fois pour son frère et sur le fait qu’il avait peut-être fait peur à son premier amour.

Big Macintosh sourit et hocha lentement la tête pour l’assurer qu’il avait accepté l’offre. C’était drôle pour lui de constater que son esprit venait d’oublier sa sœur maintenant qu’il avait eu un avertissement pour être un bon homosexuel.

« B-Bien… alors, allons-y », dit Sage, semblant soulagé, ses actions lui rappelant Caramel pendant un bref instant.

« Ça m’a l’air d’un bon plan, part’naire. »

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Le petit étalon ocre ne put s’empêcher de grimacer quand une rafale de vent commença à lui frapper la fourrure et la crinière, le forçant à rapidement refermer ses paupières en tenant le sac contre sa poitrine, attendant qu’il passe.

Il ne put s’empêcher de se sentir un peu idiot quand le vent s’était calmé, détendant ses muscles et baissant les yeux quand ses sabots agrippaient désespérément le sac de selle, se demandant s’il était le seul qui avait eu aussi peur de se faire emporter par le vent.

Caramel gémit doucement en se tortillant le dos de façon inconfortable contre les pierres froides de la fontaine derrière lui qu’il utilisait comme un mur. Sa respiration était lourde quand il expirait, resserrant son emprise sur le sac de selle en toussant de manière rugueuse, que son corps entier était forcé de laisser sortir.

Ses yeux s’embuèrent quand il se mit à les essuyer, grommelant en silence en resserrant son écharpe. Il était en colère contre lui-même alors que sa respiration continuait à venir en halètements rapides, son corps nécessitant une pause pour ne pas qu’il s’effondre à mi-chemin de la maison.

Le poney terrestre soupira, mettant un de ses sabots dans la neige fondue qui s’était empilée contre le mur de la fontaine. Il se demanda brièvement si c’était simplement un effet secondaire du ciel clair de la nuit dernière, ou si Cloudsdale était vraiment en pleins préparatifs de la Fête de la Fin de l’Hiver.

Caramel leva les yeux au ciel, levant un sabot pour bloquer les rayons du soleil et les empêcher de frapper ses yeux bleus. En effet, il lui donnait de la chaleur… en tout cas, comparé aux deux derniers mois.

L’étalon ocre baissa les yeux, son sabot jouant avec la ceinture de son sac de selle, l’esprit s’évadant. Il semblait que la seule chose à laquelle il pouvait penser était évidente, Big Macintosh.

Il resserra son emprise sur le sac, très légèrement en pensant à l’étalon, incapable de retenir un sourire s’échappant de ses lèvres. C’était similaire à la sensation prodiguée par son corps quand l’étalon était venu le voir sans prévenir, heureux, nerveux, et un peu apeuré.

Caramel se mordit la lèvre, le son de l’eau coulant derrière lui remplissant l’esprit. Il était heureux d’avoir réussi à rester en bonne santé ; il ne voulait pas que Big Macintosh le voit si fragile ou pâle à nouveau.

Les oreilles de l’étalon se dressèrent soudainement de leur propre chef, en remarquant le son de sabots s’approchant de lui avant même que son cerveau n’enregistre le son. Avant qu’il puisse avoir la chance de lever les yeux vers le propriétaire de ces sabots, il put entendre le son de sa voix.

« Caramel ! »

Caramel ne put s’empêcher de bondir devant son propre nom quand sa tête se leva d’un coup, regardant une Applejack haletante devant ses yeux. Sa crinière était en pagaille ; même son chapeau n’était pas sur sa tête, comme si elle n’avait pas retrouvé ses esprits avant de partir en courant hors de la maison. Elle semblait aussi exténuée.

« A-AJ… euh… est-ce que tu vas bien ? »

« Je… je, euh… » La jument orange avait l’air de vouloir détourner le regard de l’étalon, restant silencieuse pendant quelques instants, grimaçant un moment en réfléchissant à la façon de finir sa phrase.

« Je m’demandais… t’as vu mon frère aujourd’hui… pas vrai ? »

« Il… il a déjà… ? » Caramel se tut, les yeux baissés vers son sac en secouant lentement sa tête, son sabot tirant et poussant sur la ceinture de métal froide sur son sac de selle. « Je ne l’ai pas vu depuis hier. »

Applejack poussa un soupir, un dont Caramel ne pouvait dire s’il était pour montrer son agacement ou son soulagement. Avant qu’il ait le temps de décider lequel des deux était le bon choix, il regarda la jument s’asseoir à côté de lui sans même demander, semblant vouloir au départ reculer son corps de quelques centimètres jusqu’à ce qu’elle soit assisse à au moins un mètre de lui.

« J’suis soulagée… » murmura-t-elle, en commençant à se frotter la nuque.

Caramel put sentir ses propres mots se coincer dans sa gorge en la regardant, la voyant le fixer pendant quelques instants avec la même manière. Elle posa un sabot sur sa jambe, baissant les yeux vers la petite pile de neige près de ses deux jambes.

« Caramel… » débuta la jument orange, le ton lui indiquant presque qu’elle avait déjà perdu patience avec lui. « Je veux que tu répondes à une question… qu’est-ce que t’as fait à Big Mac ? »

L’étalon sentit son ventre se nouer sans prévenir en l’écoutant. Sa personnalité, celle qu’il avait vue il n’y a pas si longtemps, semblait avoir changé envers lui. Elle n’était plus souriante, ni celle qui illuminait la pièce. Elle était devenue froide.

« Quoi ? » demanda Caramel, son esprit ne comprenant pas tout de suite quand il détourna le regard des yeux perçants de la jument. « D-De quoi tu… parles ? »

« Tu sais très bien de quoi j’parle ! » cria Applejack, forçant Caramel à sauter, inquiet. « P-Parce que quoi que tu lui aies fait, Granny a hurlé tout c’matin et Apple Bloom pense que je l’ai fait partir en criant encore plus fort ! Je ne peux plus supporter de les voir comme ça ! »

Caramel serra fermement son sac de selle, se mordant la lèvre en baissant les yeux, fermant un bref instant ses paupières pour reprendre le contrôle de son esprit. En les rouvrant, il constata qu’il bégayait, les mots presque méconnaissables en essayant de parler.

« Je… c’est juste… B-Big… M-Mac, il a… »

Applejack sembla pousser un long soupir. « C’était pas comme ça avant que t’arrives… il sortait avec des juments, pas aussi souvent que je l’voulais, mais il sortait avec… il n’avait jamais regardé un étalon comme ça avant que tu viennes. » La jument amena un sabot vers son front. « Q-Qu’est-ce qui s’est passé hier soir ? »

La jument orange tourna lentement les yeux vers l’étalon, le regardant essayer de parler, l’air de plus en plus mal à l’aise à chaque seconde qui passait.

« J-Je suis… d-désolé… » Caramel continua à regarder le sol, comme s’il contenait le sens de la vie.

« Dis-moi juste ce qui s’est passé ! » persifla une fois de plus Applejack, faisant de son mieux pour ne pas diriger entièrement sa colère contre l’étalon déjà contrarié. Elle savait au moins qu’elle ne devait pas le pousser à bout pour avoir des réponses.

« B-Big Mac… Il a juste… » Les oreilles de Caramel se plaquèrent sur sa tête, comme s’il était forcé de réciter un passage de son journal intime… s’il en avait un. « La nuit dernière, juste avant qu’il me ramène à la maison… il m’a embrassé. »

« C’est tout ? » demanda Applejack, de plus en plus irritée. « Vous deux avez pas… vous savez… et c’est pour ça qu’il est rentré si tard hier soir ? »

Caramel secoua rapidement sa tête. « N-Non, M-Mac et moi, on n’a pas… » Il s‘interrompit, sentant ses yeux s’embuer jusqu’au point où il dut les refermer. « É-Écoute, c’est sans doute de ma faute, j’j-ai essayé de lui dire ce que je ressentais et je ne pouvais rien dire, il essayait juste d-de me faire sentir mieux ! »

L’étalon ocre fut reconnaissant du silence qui s’ensuivit pendant quelques instants après l’interrogatoire que lui avait fait subir la jument ; cela lui permit de reprendre le contrôle sur ses émotions, même si c’était seulement au point de ne pas commencer à pleurer comme un bébé.

Applejack le regarda, le corps tremblant de l’étalon semblant lui faire subir de la culpabilité, même si elle serra le sabot pour éviter de grimacer à nouveau.

« Big Mac… » dit-elle, voyant Caramel se tournant lentement vers elle. « Il semblait heureux… a-avant que je commence à lui hurler dessus. » Sa voix était maintenant douce, presque comme si elle ne voulait pas admettre la vérité.

« V-Vraiment ? » demanda Caramel, le moral relevé pendant un instant avant qu’il ne se force à ce taire, réalisant que son bonheur mettrait à nouveau en colère la jument.

La jument hocha lentement la tête. « Toi et lui, vous passez beaucoup de temps ensemble… si j’avais fait plus attention à comment il était au dîner, j’aurais même pu le deviner… mais j’ai tout ignoré parce que rien n’était logique. »

Applejack secoua lentement sa tête, mettant un sabot sur sa tempe avant de commencer à la masser. « Rien de tout ça n’est logique. Je peux pas imaginer mon frère avec un autre étalon, même si je me force… Il a toujours été le plus fort de la famille. » La jument fronça en se rappelant, fermant brièvement ses yeux en parlant. « Quand maman est morte, il n’a pas parlé pendant un mois… Il n’a pas pleuré comme moi, tout ce qu’il a fait, c’était s’assurer qu’on prenait bien soin d’Apple Bloom… Papa est mort moins d’un an plus tard, e-et il a quasiment arrêté de parler pour toujours… ça nous a pris encore plus de temps pour qu’il nous parle. »

Caramel regarda la jument orange parler, son inquiétude se dissipant pour le moment tandis qu’elle continuait de parler.

« Je ne l’avais jamais vu autrement que comme mon grand frère… Mais je pense qu’Apple Bloom le voit comme un père, même si elle dit rien. » Applejack rit, ne montrant toutefois aucune émotion dans le ton de sa voix. « Il a toujours été notre roc, j’imagine… L’imaginer avec un autre étalon est aussi bizarre que de m’imaginer avec une jument… » Elle soupira, un nuage blanc s’échappant de sa gorge. Elle se tortilla sur le mur de la fontaine, se mordant la lèvre. « J’ai toujours pensé qu’il finirait avec une jument qu’il aimerait et serait aussi son roc… Quand je pense que tu pourrais prendre la place de la jument… ça n’a pas l’air bien… »

L’étalon ocre relâcha son emprise sur son sac, mais sans avoir assez de courage pour encore le reposer. Il soupira lui aussi, reprenant un peu de maîtrise de lui-même. « Big Mac est comme un roc… » se murmura-t-il, regardant l’autre tout en parlant. « E-Est-ce que tu sais que je… » Sa voix reprenait du poids en adressant directement son speech vers la jument. « T-Tombe souvent malade ? »

« Hmm ? » demanda Applejack, levant un sourcil. « Malade… qu’est-ce que l’fait d’être malade a à voir avec tout ça ? »

« G-Grâce à Big Macintosh… je ne reste plus allongé dans ma chambre toute la journée en attendant de mourir… je ne me sens plus inutile, m-même avant-hier soir… » Caramel sentit ses joues se rosir d’une teinte qui aurait mis en colère la jument il y a quelques instants, mais qui resta silencieuse cette fois. « Je commence à vouloir rester en bonne santé, et avoir l’air bien, et m-m’assurer que je ne grossis pas trop à cause de lui… Je n’ai jamais pensé à le décrire comme mon roc jusqu’à maintenant… mais il l’est vraiment. »

Applejack expira longuement en entendant les mots de Caramel. « Mon frère est bon pour ce genre de trucs… Il tient beaucoup trop aux poneys qu’il aime… est-ce qu’il t’appelle sucre d’orge ? »

Caramel acquiesça lentement, ne sachant pas si c’était intelligent de sa part de répondre honnêtement.

« Le premier poney qu’il a appelé sucre d’orge depuis que papa est mort n’est pas du tout une petite amie… » marmonna Applejack. Elle s’arrêta un long moment, regardant derrière elle en direction de la musique jouée par la fontaine en laissant l’eau couler.

« J’ai beaucoup crié aujourd’hui », la jument riait jaune. « J’étais en colère contre lui, je l’suis toujours… mais j’crois que parler avec toi m’a aidé à me calmer… J’peux pas croire que je sois parti d’la maison sans prendre mon chapeau. Je suis vraiment idiote aujourd’hui. »

L’étalon resta silencieux, balançant délicatement sa queue de gauche à droite derrière lui. Il commença à jouer avec son écharpe, la triturant doucement en fixant la jument à ses côtés.

« Est-ce que… ta famille sait que t’aimes… les étalons ? » s’enquit Applejack, passant un sabot dans sa crinière ébouriffée.

« O-Ouais… » murmura Caramel. « Je n’ai pas l’habitude de dire que je les aime… Big Mac est le premier poney à qui je… » Il s’interrompit, incapable de compléter sa phrase sans se remettre à rougir comme un imbécile.

La jument grimaça pendant que l’autre se tut, capable de remplir par elle-même le reste de sa phrase. Cependant, sa grimace disparut quand elle commença à parler, « E-Et comment ils ont réagi ? Q-Que tu sois homo et tout… est-ce qu’ils ont été comme moi ? » rit Applejack, montrant une vraie émotion dans sa voix, même si elle était faible.

« R-Réagi ? » demanda Caramel. « I-Ils ont… » Il se mordit la lèvre, ses muscles se tendant. « lls ont… » Son ventre se nouait encore plus.

« Sage… il… il a en quelque sorte… » Caramel se tut encore avant de prendre une grande inspiration, regardant en direction du soleil levant.

« Sage… s’est mis en colère contre moi… »

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La longue route en face d’eux semblait étrangement sèche au vu de l’heure matinale. Quand Sage regarda tout autour de lui, il se demanda brièvement pourquoi tous les juments et étalons n’avaient pas encore quitté leurs maisons pour aller au travail, quand ils partaient pour le travail et l’école.

La licorne soupira, réalisant parce que hier se déroulait la St-Galopin, la seule pour laquelle il travaillait plus tard aujourd’hui était parce que l’hôpital ne pouvait tout simplement pas fermer.

Sage cligna lentement ses yeux bleus, sentant une nature inconnue sous ses sabots. C’est seulement quand il baissa les yeux qu’il réalisa que le son familier du craquement de la neige auquel il s’était tant habitué avait étrangement disparu au fil des jours. Il grimaça en posant le sabot, sentant la neige froide fondre à travers ses sabots fourrés jusqu’à l’os, faisant passer un frisson dans son corps en se concentrant pendant un moment sur la sensation.

« Y’a quelque chose qui va pas ? » s’enquit Big Macintosh, ses propres sabots s’arrêtant. Quand Sage tourna la tête en arrière, il vit l’autre l’incliner légèrement sur le côté.

Sage secoua sa tête, levant son sabot avant et le secouant pour enlever les quelques gouttes qui ne l’avaient pas encore trempé. « Je déteste quand la neige se met à fondre… partout, j’ai l’impression de marcher dans des flaques froides. »

Big Macintosh leva son propre sabot, l’examinant pendant un bref instant avant de hausser les épaules. « J’imagine que j’suis trop habitué à travailler par tous les temps », se murmura-t-il.

« Vous avez dû travailler sur toutes les parties de votre corps… » dit Sage, hochant la tête vers les sabots nus de l’étalon. « Au moins, l’eau ne reste pas coincé sur les vôtres. »

L’étalon haussa à nouveau les épaules, semblant avoir peu d’intérêt dans ce que disait l’autre. Sage soupira, balayant sa queue en signe de frustration. « Allons-y… » marmonna-t-il.

« Oh, euh… » dit Big Macintosh, la voix sortant de sa rêverie en se mettant à suivre l’autre, marchant de toute évidence bien plus lentement que son rythme habituel, ses jambes étant bien plus longues que celles de la licorne. « À propos… ce que vous avez dit au café… » L’étalon s’arrêta un moment, amenant un sabot vers sa nuque et frottant, détournant les yeux en pensant brièvement au sujet. « À propos des trucs sur moi qui seraient… méchants avec Cara… Je veux redire que je ne ferais jamais ça, malgré ce que vous pensez de moi… E-Et si Caramel a donné l’impression que j’ai été trop fort hier soir… J’suis désolé. »

Sage laissa un soupir s’échapper, sa corne s’allumant rapidement en ajustant ses lunettes. « Doit-on vraiment en reparler… » murmura-t-il, fronçant les yeux en les abaissant à nouveau vers la neige. « Écoutez, Big Macintosh… rien de tout ça n’a eu lieu parce que vous avez fait quelque chose, ou parce que Caramel a dit quelque chose de négatif sur vous… » La licorne semblait se mordre l’intérieur de sa lèvre, parce que ses mots se retrouvèrent légèrement étouffés. « Pensez-y comme… une assurance… je choisis d’investir mes avertissements avant que quelque chose ne soit trop extrême et qu’il soit trop tard. »

Big Macintosh avait l’air de vouloir dire quelque chose, parce que sa bouche s’ouvrit avant de se refermer tout aussi vite. L’étalon choisit de passer un sabot dans sa crinière orange, inspirant et expirant lentement.

« En d’autres mots… si Caramel choisit de s’attacher à un autre étalon à cause de ce qui s’est passé hier soir et que ça devient autre chose… » dit Sage, tournant sa tête vers l’autre en le regardant dans les yeux. « Je donnerai à cet étalon le même avertissement qu’à vous. »

Sage tourna sa tête, espérant que l’autre prenne un visage agacé ou même en colère.

« Vous êtes un bon frère », dit Mac.

L’étalon ocre cligna des yeux, le sourcil levé en signe de confusion en se tournant vers l’autre, le regardant acquiescer avec les yeux fermés en signe de satisfaction.

« Vraiment ? » demanda Sage, l’air à moitié intéressé par la réaction de l’autre. « Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? »

Big Mac ouvrit ses yeux, mettant un sabot sur son menton en réfléchissant pendant un bref instant. « J’imagine que j’ai dû faire la même chose pour Applejack une ou deux fois… la plupart du temps quand l’étalon qu’elle draguait était plus grand et bourru que la plupart des autres. » L’étalon se mit à rire.

« Applejack est… votre jeune sœur, n’est-ce pas ? » demanda Sage, faisant un pas de côté pour mieux voir l’autre. « Caramel a parlé d’elle, le matin après le dîner avec votre famille… elle a votre âge, non ? »

« AJ et moi, on a cinq ans de différence… alors j’imagine que oui », dit calmement l’étalon, semblant réfléchir.

Sage sourit tendrement, un sourire sincère cette fois. « Alors, vous devez comprendre ce sentiment de protection que l’on ressent quand on aime sa famille… » Son sourire se retourna. « J’ai l’impression que je vous aimerais plus si vous n’étiez pas aussi… proche de Caramel. »

« Alors, vous admettez que vous ne m’aimez pas ? » demanda Big Macintosh, son expression impassible refusant une fois de plus de trahir son ressenti à propos des mots qu’il prononçait.

« Eh bien… je pourrais parler du fait que j’ai eu deux conversations avec vous, ou même sur le fait que je suis juste grincheux… » rit Sage, ajustant ses lunettes avant de passer son sabot au-dessus de l’autre. « Mais… non… pas vraiment sur le moment. »

Il y eut un long silence entre les deux, un qui était à la fois étrange et déplaisant. Sage toussa pour s’éclaircir la gorge, cassant le bref silence avec ses mots.

« Qu’est-ce que vous a dit Caramel sur… sur sa famille ? »

Big Macintosh semblait confus. « Pas beaucoup à part vous… j’ai juste pensé qu’il était en mauvais termes ou qu’il n’aimait pas en parler, j’suis pas du genre à fouiner. »

Sage baissa les yeux, souriant sans montrer d’émotion. « En mauvais termes, hein… ? » soupira-t-il, mordant sa lèvre. Il leva les yeux vers Mac et les détourna rapidement, regardant en direction du soleil levant.

La licorne se retourna, commençant à reprendre un rythme de marche, l’étalon suivant l’autre, gardant la bouche fermée en regardant l’arrière de la tête de Sage pendant une bonne vingtaine de secondes. Il s’arrêta soudainement, regardant autour de lui pour s’assurer que personne ne pouvait les entendre.

« Caramel a toujours été… bien plus faible que beaucoup d’étalons… hé, même des juments… comparé à vous, c’est une brindille », murmura l’étalon, les oreilles soudainement plaquées contre sa tête.

« Ouaip », dit Big Macintosh.

Sage resta silencieux quelques instants, semblant penser s’il devait continuer à se taire ou continuer à parler. Il frotta sa jambe, sentant la fourrure se dresser et se retourner à chaque fois qu’il passait son sabot de haut en bas.

« Quand on était petits », dit Sage, la voix douce et remplie d’incertitude en parlant. « Notre mère était… » L’étalon hésita, fermant ses yeux pour reprendre ses esprits pendant quelques instants. Il rouvrit lentement ses yeux, se tournant pour faire face à l’autre. « Quand moi et Caramel étions petits, notre père nous a abandonnés… » dit-il calmement, en se méfiant des passants.

« Abandonnés ? » demanda l’étalon, son ton montrant de la confusion sur le vrai sens du mot.

Sage expira lentement. « C’est comme ça qu’on nous l’a dit… je ne me souviens pas très bien de lui, mais je me rappelle qu’il est parti quand nous étions très jeunes… nous n’avons pas eu beaucoup de contacts avec lui après ça. »

Sage baissa les yeux, portant un sourire triste, « j’ai toujours détesté cet étalon… » grommela-t-il, secouant sa tête. « On ne l’a pas vu après… » La licorne s’interrompit, parlant doucement.

Big Macintosh ne dit rien en regardant l’autre parler, examinant le langage du corps de l’étalon. Il avait l’air d’être sur la défensive, comme s’il ne voulait pas continuer.

« Mais notre mère… » murmura Sage, poussant son sabot dans la neige, les dents serrées. « Je ne pense pas qu’elle voulait d’un enfant, encore moins de deux… Je suis presque sûre qu’elle est celle qui a poussé notre père à aller à l’hôpital psychiatrique, en tout cas une fois qu’il était devenu trop fou pour prendre soin de nous et quand il était un fardeau. »

Big Macintosh plongea son regard dans les yeux de Sage, qui lui rappelaient tant Caramel à cet instant. Avant, ils semblaient froids et amers, mais à cet instant, ils semblaient sans défense. Il ouvrit sa bouche pour parler, mais la referma en moins d’une seconde, ne voulant pas interrompre l’autre.

« Elle était une méchante jument… » cracha Sage, ses muscles tendus. « Je ne me souviens pas d’elle comme d’une bonne mère. » Sage s’arrêta brièvement, repoussant sa frange en évitant le regard de l’autre. « Je me souviens qu’elle criait beaucoup… à propos de choses sans importance, oubliant une tâche quand on nettoyait la vaisselle, parce que ne s’endormait pas assez vite… »

Sage serra les dents pour la seconde fois, essayant de contrôler sa colère en tournant les yeux vers l’étalon en face de lui. Il écoutait toujours aveuglément, ne voulant pas interrompre la licorne. Il regarda son sabot avant, tirant dessus en fronçant les yeux.

« Elle disait qu’on était inutiles… » Sage s’interrompit, forçant l’air à sortir de ses poumons en fermant les yeux. « Ça ne m’a pas autant atteint… mais ça a beaucoup joué sur l’estime personnelle de Caramel… Je pense que c’est pour ça que ça lui a pris autant de temps pour trouver son talent spécial… »

Big Macintosh creusa lentement le sol du sabot en l’entendant, refusant toujours de trahir une émotion sur son visage. « Inutile… hein ? » murmura-t-il.

« Ouais », grommela Sage, « Caramel en a plus souffert que moi une fois qu’elle a compris que je m’en fichais… » L’étalon resserra son étreinte sur sa jambe. « Je n’ai pas pu être là tout le temps pour le protéger… il était trop malade pour aller à l’école la moitié du temps, même quand il se forçait… »

La licorne leva les yeux au ciel. « Elle avait l’habitude de nous tirer les cheveux… J’ai fini par devenir assez fort pour me rebeller, mais Caramel avait souvent besoin de mon aide pour l’arrêter quand elle se mettait vraiment en colère… Mais quand elle le faisait contre moi, elle me jetait au sol… J’imagine qu’elle a fait pareil pour lui. » Il baissa les yeux, la tête tournée vers quelques maisons. « Elle ne nous aurait jamais frappés pourtant… Je pense qu’elle croyait qu’elle pouvait nous mettre assez en colère pour que nous la frappions en retour… »

Sage baissa les yeux, fixant la neige. « Quand j’ai eu ma marque de beauté… tout ce que j’ai pensé, c’est de m’en aller aussi vite que possible… » rit-il, fermant ses yeux. « C’était quelque chose qui prouvait que je n’étais pas inutile, rien de ce qu’elle pouvait dire n’était vrai si j’avais une marque de beauté, encore moins si je devenais un docteur. »

« Et Caramel ? » demanda Big Macintosh, demandant plus qu’interrogeant pour savoir pour le frère de la licorne.

« Eh bien », marmonna Sage. « Avant que j’aie ma marque de beauté, lui et moi étions toujours ensemble… les autres enfants à l’école disaient qu’on pouvait lire dans la tête de l’autre. Il savait quand j’étais contrarié et savait que je cachais quelque chose. »

« Pourquoi vous me dites tout ça ? » demanda Big Macintosh. « Si Cara veut que je le sache, il me l’aurait dit… »

Sage tourna la tête vers le poney rouge, tenant son regard pendant un bref instant. « Caramel ne parlerait jamais de ça, même si vous le demandiez, il veut ne plus y penser et avancer… mais je ne peux pas, pas quand quelqu’un qui fait deux fois sa taille et trois fois sa puissance devient si proche de lui… » grogna-t-il. « Je ne peux pas oublier comment il était, et je ne veux pas qu’il y retourne… »

Big Macintosh poussa un soupir frustré, gardant sa bouche fermée et le contact visuel tandis que l’autre détournait le sien, baissant les yeux vers ses sabots.

« Je… j’ai baissé la garde quand j’ai eu ma marque de beauté… » dit Sage, frappant doucement du sabot contre le sol. « J’ai étudié chaque jour, étudié tard après l’école jusqu’à rester éveillé tard le soir… Ce n’était pas tout en une fois, mais au fur et à mesure, Caramel et moi avons commencé à nous éloigner l’un de l’autre. »

Sage avala lourdement, refermant à nouveau ses yeux. « J’étais égoïste, je voulais tellement quitter cet endroit… Je voulais lui prouver que je n’étais pas inutile… » Il tremblait. « A-Après cinq années à prendre des notes et à avoir des scores parfaits à chaque test, m-moi et Caramel nous parlions à peine en dehors de la maison… »

Sage tremblait encore légèrement, gardant une respiration constante en se grommelant des mots que Big Macintosh ne pouvait pas entendre.

« On a partagé une chambre, on pouvait pratiquement lire dans l’esprit de l’autre… mais je l’ai laissé s’éloigner de moi », dit Sage. « Je… je lui ai laissé croire que son existence était dénuée de sens parce que je n’étais pas là pour lui. »

Sage leva les yeux vers Mac, le fixant, les yeux maintenant embués. « E-Est-ce que vous savez comment il se s-sentait quand il m’a dit… c-ce qu’il ressentait pour les étalons ? » demanda Sage, faisant un pas vers Big Macintosh, l’étalon pensant brièvement à reculer. « I-Il était terrifié et seul et prêt à pleurer… » Sage se mordit fermement la lèvre, abaissant à nouveau les yeux pour que l’autre ne voit pas sa faiblesse. « E-Et je n’ai pas pu l’aider avant, j’étais tellement choqué par ça… J’ai fini par lui crier dessus… »

Sage avait toujours le souffle court. « Je lui ai crié dessus parce que j’étais perdu et que je ne comprenais pas ce que ça voulait dire… Je sonnais comme notre mère, je savais que je le faisais. » Sage secoua sa tête, essayant de reprendre le fil de ses pensées. « Il s’est beaucoup excusé… Je m’en souviens… » murmura Sage, essayant de reprendre le contrôle de ses émotions.

« Sage… je ne savais pas que… » Big Macintosh s’interrompit, ne trouvant aucune façon de bien finir la phrase. Il soupira lourdement, remarquant que ses sabots s’étaient bien enfoncés dans la neige.

« Je… je ne veux pas qu’il ressente à nouveau ça… » l’interrompit Sage, levant ses yeux vers ceux de Mac. « Je ne veux plus qu’il soit seul et se sente inutile, j-j’ai passé les quatre dernières années à essayer de réparer ce que j’ai raté, je l’ai fait partir de là-bas aussi vite que j’ai pu, et maintenant, c’est moi qui le soutient… Je… je ne veux plus qu’il ait peur que je redise des choses pareilles… Je ne veux plus qu’il pense que je vais crier ou me mettre en colère juste parce que c’est quelque chose de différent… » Sage frappa dans la flaque de neige, trempant son sabot.

« C’est pour ça que j’avais besoin de vous voir seul pour vous avertir… Je ne veux plus qu’on lui fasse du mal », déclara Sage, crachant son air.

Big Macintosh hocha lentement la tête. « Je comprends… » dit-il, baissant encore les yeux vers Sage, qui essayait de cacher ses peurs. « J’peux vous dire que Caramel est mon meilleur ami et que je ne lui ferai jamais de mal… mais vous l’savez. » L’étalon soupira, se détournant du regard plein de douleur que l’autre essayait tant bien que mal de cacher.

« O-Oui… » La voix de Sage était chancelante. « Je voulais juste vous avertir… »

« Vous l’avez déjà dit… » marmonna Big Macintosh. « Plus tôt en fait, et je n’ai pas besoin de le réentendre. »

« O-Oh oui, c’est vrai… » Sage se détourna de l’autre. Il semblait assez exténué de la conversation, essayant toujours de reprendre son souffle. Il fronça les yeux, amenant brièvement son sabot vers sa poitrine.

« Je veux vous faire confiance… » dit Sage, regardant derrière lui. « Mais j’ai aussi besoin que vous sachiez dans quoi vous allez, pas seulement avec Caramel, mais aussi avec moi. » Il baissa les yeux. « Et Caramel aussi… vous n’êtes pas quelqu’un qu’il aime et qu’il ne peut pas avoir comme dans le passé… »

« Je… » Big Macintosh referma sa bouche, grommelant contre lui parce que les mots qu’il voulait dire ne s’échappaient pas de sa gorge.

« Vous êtes… celui qui pourra empêcher Caramel de se sentir inutile, qu’il le sache ou pas. »

Big Macintosh regarda Sage, l’étalon étirant ses jambes ainsi que son cou. Il ne semblait plus vouloir ressasser le passé, en tout cas pas après avoir confié ses peurs.

« Merci… » dit Big Macintosh en fermant ses yeux. « Pour m’avoir au moins donné une chance. »

Sage resta silencieux, baissant brièvement la tête pour se reprendre.

« Continuons à marcher… Caramel a dû sortir de la pharmacie depuis le temps. »

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Caramel évita le regard d’Applejack en se mettant désespérément à baisser les yeux, creusant un de ses sabots sous le sol cimenté en-dessous. Il ne le réalisa pas au départ, mais il était en effet en train de retenir sa respiration. Il n’était pas difficile de voir que le souvenir était encore douloureux pour lui.

« Alors, euh… c’est quoi son nom… ? » murmura doucement Applejack, secouant sa tête. Elle leva les yeux, ceux-ci s’allumant brièvement en continuant à parler. « Sage… Sage et toi, vous êtes à nouveau en bons termes ? »

Caramel relâcha sa respiration, rougissant légèrement en prenant quelques instants pour rassembler ses pensées. Il hocha rapidement la tête durant ce procédé, continuant à inspirer lentement.

« Sage s’est beaucoup excusé après qu’on s’est réconciliés… » dit Caramel, frottant sa joue en continuant à resserrer son sac. « Il a fallu quelques jours pour que je l’évite et qu’il m’évite avant qu’on comprenne… »

« Pourquoi tu lui as dit ça ? » le questionna Applejack, s’approchant un peu plus près de l’autre. « T’aurais pas pu… je sais pas, garder ça secret ? »

Caramel secoua sa tête, expirant avec difficulté. « Ça ne marche pas comme ça quand on a un secret pareil… » murmura l’étalon. « Si tu ne peux pas le dire à quelqu’un… tu te sens misérable… si tu as un faible pour quelqu’un ou qu’on te demande de sortir… tu as bien trop peur de faire quoi que ce soit… »

« Et tes parents… comment ils l’ont pris ? » demanda Applejack, presque nerveuse de poser la question.

« Ils… Ils n’ont jamais su… »

Le petit étalon tourna les yeux vers la jument en parlant ; elle détournait le regard, vers ses sabots. L’étalon s’abaissa, utilisant son sac de selle comme un oreiller, ses médicaments faisant du bruit dans leurs bouteilles. « Big Mac est… » Il s’interrompit, pressant son museau contre son sac, sentant les médicaments avec l’odeur de cire des crayons. « Il est le premier avec qui je me suis senti… normal. »

« Normal ? » le questionna Applejack, une expression confuse sur son visage en se tournant vers Caramel. « Qu’est-ce qui te fait dire ça ? »

Caramel rougit doucement en continuant à la regarder. « Je ne m’inquiète plus des petites choses… » rit-il, repoussant sa mèche avec un sabot. « Ça ne me ronge plus durant la journée… »

Applejack resta silencieuse quelques instants, soupirant à haute voix en secouant sa tête. « Je sais pas quoi faire… » admit-elle, tête basse. « Je… je me sens pas mieux par rapport à… son homosexualité… Si j’essaie de me réconcilier avec lui maintenant… Je pourrais le mettre encore plus en colère… » dit-elle, commençant à caresser sa crinière blonde avec ses sabots.

Caramel haussa lentement les épaules, sa voix pleine d’incertitude, « Big Mac est très différent de moi… Il est… plus fort… » murmura Caramel. « Il sait toujours quoi dire… »

« Il a toujours été trop gentil », rit Applejack, souriant tendrement. « Il le nierait s’il était là, mais il n’est rien d’autre qu’un grand bébé parfois… Il a cette poupée qu’il a eue d’une amie à moi, je pense pas qu’il ait dormi sans depuis. »

« Je pense qu’il me l’a dit… » sourit Caramel. « I-Il est plus différent quand il s’ouvre à moi… Mais… j’aime ç- » Caramel se tut, les joues rouges en baissant les yeux. « D-Désolé… tu ne veux pas entendre des choses pareilles… »

Applejack pressa ses oreilles contre sa crinière avant de les relever. « Désolé… je dois sûrement être en train de digérer tout ça en ce moment… » Elle expira, ses poumons crachant un nuage de fumée.

Caramel haussa les épaules, cependant, il le fit avec réticence. « Je… j’imagine… »

La jument prit une grande inspiration, se penchant en arrière et levant les yeux au ciel, utilisant son sabot pour bloquer le soleil. « Granny va faire une crise quand il rentrera à la maison… » marmonna-t-elle à voix basse, avant de tourner les yeux vers Caramel. « Si tu… viens, elle en fera une troisième. »

L’étalon ocre acquiesça. « Je m’y attendais… beaucoup de poneys pensent comme ça… je suis un peu surpris que Mac ne l’ait pas fait… » murmura Caramel. « Je suis toujours un peu choqué après… hier soir. »

« Mac n’est pas du genre à juger quelqu’un ou quelque chose », dit la jument orange, le son de la fontaine se mélangeant à sa voix derrière elle quand elle la regarda. « Même si c’est… comme ça. »

Caramel détourna encore les yeux, avalant avec difficulté. « Je suis désolé… » marmonna-t-il. « Toi et ta Granny n’auriez pas dû être autant en colère contre lui si… si je ne lui avais pas demandé de le revoir… »

Applejack soupira, les yeux ailleurs en se mettant à jouer avec ses sabots, incapable d’argumenter contre l’autre, parce qu’au plus profond d’elle, elle n’était pas encore capable de lui pardonner.

« Je pense que tu devrais rentrer chez toi… Mac doit sûrement t’attendre », dit la jument, caressant encore sa crinière en tirant sur ses extrémités. « P-Peut-être que tu pourrais parler de ce que vous allez faire… »

« V-Vraiment ? » demanda Caramel, ses yeux s’illuminant un bref instant avant qu’il ne soit forcé à les éteindre.

« O-Ouais… vraiment… » acquiesça Applejack, se mordant la lèvre pendant une seconde. « J’suis pas prêt à lui parler pour le moment… Granny non plus… » La jument resserra son emprise sur sa crinière. « P-Peut-être que vous deux, vous pouvez parler un moment… on vous a tous les deux crié dessus, c’est le moins que je puisse permettre… »

Caramel se sentit un peu mal à l’aise devant la façon qu’elle eut de prononcer le mot ‘permettre’, comme s’il avait besoin de sa permission pour voir Big Mac cette fois par rapport aux dizaines précédentes. Cependant, il hocha simplement la tête.

« Ton… frère est chez toi aujourd’hui, pas vrai ? » demanda-t-elle.

« Il travaille de nuit… mais il devrait être à la maison toute la journée », répondit Caramel, réalisant qu’elle avait toujours du mal à laisser les deux seuls.

« Très bien », déclara Applejack, confirmant ses pensées avec un hochement de tête. « Pourquoi vous allez pas discuter, Mac pourra rentrer plus tard si je réussis à calmer Granny… Peut-être qu’on pourra parler de ce qu’on peut faire… »

« C’est… bien », répondit Caramel, mal à l’aise. « M-Mais… je ne pense pas que Mac le voudra aussi… » Il s’interrompit, comprenant que l’autre ne l’écoutait plus attentivement.

Applejack descendit de la fontaine, l’air un peu plus soulagée maintenant qu’elle avait un plan en tête. Elle le regarda dans les yeux, son feu habituel maintenant de retour dans ses yeux.

Caramel soupira, descendant aussi de la fontaine, prenant un moment pour étirer ses sabots avant de remettre son sac de selle sur son dos. Il choisit de ne pas regarder l’autre, parce qu’il se sentait toujours un peu gêné après son quasi-interrogatoire.

« Tu devrais y aller », dit Applejack, son ton semblant forcer à encourager le poney terrestre de revoir son frère. « T’es sûre que vous deux s’rez pas seuls chez toi, pas vrai ? »

« Ouais… » répondit l’étalon ocre, sautant légèrement en ajustant son sac. « On veut juste parler… Je ne pense pas qu’il soit vraiment sûr de ce qu’il voulait qu’on fasse de toute façon… »

« Très bien dans ce cas », dit Applejack en commençant à s’éloigner. « J’imagine qu’on s’reverra plus tard. » Elle se mit à marcher lentement. « Oh, et a-assure-toi qu’il rentre à la maison avant que ton frère s’en aille… »

« O-Okay… » dit Caramel, se sentant comme un jeune poulain qui venait de recevoir un ordre d’un adulte autoritaire. Il mit son sabot autour de son genou en soupirant, détournant les yeux de la jument qui s’en allait rapidement.

Caramel se demanda brièvement ce que Big Macintosh allait lui dire quand ils se parleraient enfin. Il regarda la neige fondue, frissonnant alors que l’eau lui trempait les sabots.

Sa poitrine se serra en se mordant la lèvre, refermant ses yeux pendant un instant. Il pensa au baiser de Big Macintosh, la chaleur qu’il avait ressentie malgré les températures frissonnantes. C’était un bon souvenir…

Il rouvrit ses yeux, réalisant que c’était désormais inutile de le nier plus longtemps. Pour autant qu’il voulait une belle conversation avec une fin heureuse, il commença à se demander comment cela serait possible à cet instant.

L’étalon ocre fit un pas en direction de sa maison, faisant de son mieux pour fixer son esprit sur la façon dont Big Mac lui avait souri après le baiser, à quel point il semblait heureux de ne voir aucun signe de rejet de la part de son ami.

Caramel laissa un petit sourire se dessiner sur son visage, commençant à ressentir de l’espoir pour un happy end qu’il avait si longtemps imaginé.

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