Dans le sang et sur la chair

Le lendemain des événements, une foule monstrueuse était réunie près de l'estrade afin de voir si les revendications du Révérend allaient s'appliquer pour les "criminels" ou plutôt les poneys choisis car pour eux la tension était énorme. Les vingt criminels passeraient à tour de rôle devant une foule les huant de tous leurs poumons visiblement inspirés par des paroles bien choisies, comme par hasard. Braeburn sur l'estrade était très mal à l'aise à l'idée de juger encore une fois ces poneys qui d'ailleurs pour la plupart essayaient de crier leur véritable innocence, malheureusement le bruit ambiant suffisait pour couvrir leurs cris. Le premier criminel approcha d'un pas chancelant sur les lattes de bois froides du plateau surélevé, la foule maintenant se tut car le Révérend d'une patte levée avait imposé un signal de mutisme auprès d'eux qu'il respectèrent tous étrangement presque fascinés par ce qui allait suivre.

Le révérend toujours se tenant au-dessus de sa pauvre victime dans cette situation se saisit d'elle par sa crinière et la regarda droit dans ses yeux, la pégase bleutée ne put contenir ses larmes au vu du traitement infligé. Le Révérend prit ensuite la parole sur un ton violent et puissant afin que chaque personne de la foule puisse entendre ce qu'il avait à dire :

- Pauvre pécheresse, acceptes-tu la vérité ? Ferras-tu don de ton corps et de ton esprit afin d’aider cette communauté ?

Le Révérend avait sur son visage un sourire sadique à peine contenu, il désirait intérieurement qu'elle réponde un non franc et décidé mais sa réponse fut tout autre :

- O... o... oui, dit-elle hésitante.

Le Révérend abandonna son sourire comprenant qu'elle était trop gentille et bien trop bienveillante pour être désintéressée par un rachat de peine. Dans son esprit on pouvait lire les pensées suivantes : Eh merde ! En espérant qu'ils ne soient pas tous pareils. Il prononça ensuite une forme d'absolution en lui imposant de travailler pour la construction du futur orphelinat et d'une contribution financière à payer par mois sur ses économies personnelles bien évidemment. Lorsque l'ancienne prisonnière posa ses quatre fers au sol poussiéreux d'Applehoosans, une ovation lui fut accordée et une partie de la foule composée d'amis et de sa famille se réunirent afin de l'encourager et la soutenir dans la joie de revoir une des leurs revenir sur le droit chemin.

Révérend fut écœuré de voir se spectacle affligeant, il espérait au moins qu'il la rejetterait pour ce qu'elle avait commis mais il dut se résigner à voir la pégase partir faire de bon cœur son travail d'aide à la communauté. Pour lui maintenant la réponse était claire : la bonté de tous ces habitants serait un vrai frein à une partie de son plan et il espérait maintenant face à la vérité que cette journée se finisse vite, aussi il força la cadence de passage des criminels afin d'en finir au plus vite. Vers la fin il ne resta plus qu'un seul prisonnier et la frustration du Révérend était grande car tous les anciens criminels désiraient sincèrement se racheter du terrestre le plus bourru jusqu'à la licorne la plus raffinée de plus tous furent accueillis comme des amis car aucune personne dans la foule ne manifestait un mécontentement. Cependant un retournement de situation digne d'un coup de théâtre concernant le dernier prisonnier arriva bien plus rapidement que ce à quoi le commun des poneys aurait pu s'attendre. En effet il n'attendit pas que le Révérend lui pose ses sabots sur sa crinière et lui cracha au visage plein de rage envers ce poney l'ayant fait accuser à tort. Le Révérend prit cependant cela d'un point de vue très positif et profita enfin de cet événement tant attendu qui allait contribuer d'une étrange façon à son plan.

Il regarda le shérif qui comprit immédiatement la marche à suivre, il fit coucher le prisonnier de force étant aidé bien sûr par des poneys volontaires choisis sur le volet, le Révérend allant chercher la pièce de métal porté au rouge afin de "juger" ce poney. Le prisonnier voulut bien sûr protester à tout cela implorant ceux le retenant de lui faire grâce, mais pour tout le monde présent le seul méchant de l'histoire fut lui-même. Le Révérend tenant la pièce de métal dans les sabots l'apporta précisément et en visant le flanc de l'individu lui apposa sans aucune forme de pitié. La douleur fut telle que le prisonnier poussa un cri fendant l'air et les environs, le visage noyé sous les larmes et le stigmate infligé. Le symbole apposé était très curieux car il n'était pas simpliste dans la forme ou la méthode employée pour sa conception ce n'était par exemple pas un simple trait ou une forme géométrique, mais plutôt un assemblage archaïque de symboles mortuaires comprenant en son centre une tombe surmontée d'une croix cerclée par deux cercueils de part et d'autre. Tout était stylisé dans sa conception car des petits symboles tels des poinçons ornaient l'ensemble à l'intérieur comme à l'extérieur du symbole même, la cutie mark en forme de chariot en-dessous bien évidemment avait terni sous l'effet de la chaleur dégagée par le métal chauffé.

L'ancien prisonnier fut ensuite accompagné à redescendre de la maudite estrade, la foule en l'attendant en bas ne prit pas la même réaction que les autres "prisonniers" celui-ci était détesté, rejeté et repoussé violemment comme si le fait de posséder la trace changeait le regard que possédaient les personnes envers eux. Le prisonnier du nom de Wagon Wood fut désemparé de leur réaction car même ses amis et sa famille réagissaient de la sorte, recherchant une échappatoire qui ne viendrait jamais il se recroquevilla en boule encaissant les coups et le déni d'une foule hystérique. Le Révérend ayant vu assez décida qu'il était temps d'intervenir, il s'approcha de ce poney et le protégea dans le silence ce qui provoqua en réponse la formation d'un cercle de poneys et de bisons entourant ces deux êtres. Le Révérend prit la parole en se relevant tout en tournant le regard afin que chaque personne présente soit concernée :

- Mes frères, sœurs ! Je vous ai appris comment juger les êtres mauvais mais je vous ai appris aussi à pardonner ! En créant la "trace" je pensais que vous comprendriez son véritable message, vous tous n'avez-vous jamais été dans l'erreur ? Répondez-moi franchement, méritait-il un tel traitement au vu de ses actes ?

La foule perplexe sur la réponse à formuler se sentit mal à l'aise car leur réaction étaient assez disproportionnée au vu du crime à savoir le vol d'un bijou quelconque, une babiole en somme. Mais la loi en vigueur stipulait que tout vol était considéré comme crime grave et ce avant l'arrivée du Révérend, le fait que ce personnage remettait en question une fois de plus une loi ancienne du code civil de la ville ne faisait que provoquer stupeur et incompréhension. Pourtant le Révérend s'adressa encore une fois à la foule environnante la voix remplie d'un ton rauque et sévère :

- Ce que je voulais faire était de créer une ville plus juste, remplaçant sa loi vieillissante par une plus représentative de notre jeunesse, shérif ?

Le shérif surpris qu'il consulte son avis répondit :

- Oui ? Que voulez-vous ?

- Je veux savoir étant vous-même jeune, ne désirez-vous pas vous aussi voir tout cela changer ?

Braeburn sentait que quelque chose clochait, il ne trouvait pas ça normal que le même personnage impose un traitement violent en guise de "rédemption" et revenait sur sa décision le lendemain même. À quoi jouait-il ? Car d'une quelconque façon en tant que shérif, Braeburn avait participé à cette peine et ce traitement, s'il donnait une réponse négative au choix du Révérend la foule serait dans l'incompréhension et beaucoup de personnes étaient présentes au même endroit. Cela signifiait qu'au moindre faux pas l'admiration qu'éprouvaient les habitants de la ville à son égard pourrait se retourner contre lui. Ne voulant pas provoquer un quelconque problème il dut se résoudre à :

- Bien allez-y. Dites-nous ce que vous pensez juste à appliquer. Le disant sur un air abattu.

- Je vais y venir, mon ami ? Oh je vous parle ! Relevez-vous ! Et faites-moi face !

Wagon Wood se releva en tremblant de peur que la foule recommence à le rouer de coup. Mais il fut accueilli tout autrement le Révérend le relevant à son niveau le serrant fort dans ses pattes avant. Et tout comme un protecteur relâcha son étreinte et le tint juste à la pointe de ses sabots avant. Wagon était dans l'incompréhension car il ne savait plus où se placer au vu de ce qu'il avait subi, le Révérend lui parla ensuite plus calmement :

- Je dois dire que je suis dans un dilemme, dois-je encore croire en toi alors que dix minutes à peine tu me crachais au visage ? Ou bien dois-je te laisser vivre un véritable enfer dès à présent ?

Wagon fit la part du pour et du contre, et même s'il savait que son crime n'était pas de lui le simple fait de posséder maintenant la trace ferait de lui un paria et un manant au vu des autres. Il acquiesça à regret tandis que Révérend hurla à la foule :

- Regardez ! Il a compris son geste futile et il est prêt lui aussi à se racheter ! Prends ceci maintenant mon ami car aujourd'hui je te pardonne de tes actes !

Il lui donna un drap blanc représentant sur son motif un soleil représentant trait pour trait la cutie mark de Célestia. Le Révérend reprit ensuite :

À vous tous qu'aujourd'hui vous serve de leçon ! Le crime ne restera plus jamais impuni dans cette ville et ce grâce à notre sauveur : le shérif Braeburn !

La foule aussitôt hurla une immense acclamation envers le shérif qui vit cette même foule se saisir de lui et le jeter en l'air tout en l'attrapant, le galvanisant comme le "sauveur" de cette ville. Révérend n'était pas en reste et subit le même sort se faisant attraper au passage, ceci dura environ une dizaine de minutes se finissant par une dissipation des individus revenant à leurs activités quotidiennes. Le shérif était étrangement heureux et bloqué encore sur cette idée fixe que rien ne tournait rond ici, mais il dut admettre que les citoyens étaient heureux eux aussi comme jamais auparavant et tout ça grâce au poney se trouvant lui aussi à côté de lui. Braeburn s'approcha du Révérend se tenant maintenant en position sur ses quatre fers et le sourire aux lèvres s'exprima :

- Écoutez, je vous ai mal jugé je crois. Je vois que la ville change en bien et ce grâce à vous, comment vous remercier ?

- Je ne demande rien, je ne fais que donner mon fils. Une poignée de main amicale me suffira amplement.

- Mais bien sûr ! Voilà... Mais attendez vous avez vu comment vous êtes sale à présent ?

Le Révérend se vit avec stupeur recouvert à divers endroits de taches grisées sur ses pattes avant. Ces taches étaient marrantes car elles dessinaient presque par endroits des lignes presque jointes. Il fut pris de terreur en voyant cela et appréhendait avec peur la réaction du shérif, mais celui-ci ne fit que se marrer et lui conseilla d'aller se laver maintenant. Le Révérend alla à toute allure chez lui et se regarda dans une glace stylisée dans un style mortuaire. Enlevant son manteau et son chapeau il vit que son maquillage sur ses pattes avait effectivement faibli par rapport à son corps qui lui montrait des rayures bien plus définies dessinant un motif semblable à un tigre. Le zèbre qu'il était avait peur car la prochaine fois il ne pourrait pas se cacher chez lui si cela se reproduisait par exemple dans une fête, pour l'heure il devait accueillir son ami qui arriverait dans les prochaines minutes. S'empressant de revêtir ses vêtements et de recouvrir par une étrange poudre les parties visibles de son corps il se tint près pour le recevoir. L'attente ne fut pas longue car la sonnerie de sa maison retentit bien assez vite, ouvrant sa porte il constata que son "ami" était bel et bien arrivé. Massif et musclé, la tête d'un taureau bien vissée, Iron Will était bel et bien arrivé et ce duo bien qu'improbable passerait un long moment ensemble aujourd'hui mais ça c'est une autre histoire...