Et le changement

Le réveil de Révérend lors de cette matinée fut plus que mouvementé, en effet depuis qu'il s'était imposé prof hier, tout allait pour le mieux pour son plan. Mais sa porte tremblait sur les impacts répétés des poneys se trouvant à l'extérieur. Oui car une assemblée d'au moins une dizaine de poneys se trouvait sur le palier et il était plus ou moins tumultueux, il n'eut le temps que d'enfiler son manteau et son chapeau et de descendre en vitesse pour les réceptionner mais que lui voulaient-ils à la fin ? Et il comprit aussitôt que tout ce tumulte avait été causé par le "cours" d'hier, est-ce que les parents avaient compris son intention ? C'est sur cette optique qu'il ouvrit la porte hésitant sur la réaction dont feraient preuve les personnes se trouvant à l'extérieur, mais essaya de rester détendu et décontracté même s'il était encore sous l'emprise du sommeil latent :

- Mes amis, calmez-vous enfin je vais vous expliquer en fait...

Une jument terrestre rose bonbon, et à la crinière verte l'interrompit sur un ton sec :

- Il n'y a rien à expliquer monsieur Révérend, nous sommes consternés tous autant que nous sommes.

- Pensée du Révérend (inclus toute les écritures en italique qui suivront) : " Merde, J'ai perdu il sont bien plus intelligents que ce que je croy...

- Nous sommes heureux au possible ! Vous ne pouvez pas l'imaginer !

- De quoi ? Mais ils me veulent quoi alors ?

La parole est reprise par un terrestre bleu à la crinière rouge :

- C'est bien vrai, je n'ai jamais vu mon fil aussi gentil et concilient de ma vie. Il nous a aidés à mettre la table et à réviser ses leçons sans protester, comme je ne trouvais pas ça "normal" je lui ai demandé pourquoi il réagissait comme cela et vous savez ce qu'il m’a dit ?

- Non ? Continue tu m'intéresses sur ce coup-là.

- Il m'a répondu que Célestia le surveillait en permanence et donc il essayait de lui faire forte impression ! Il m'a dit ensuite que c'était vous qui lui avez enseigné cela donc bravo à vous pour cette idée géniale, je n’y avais jamais pensé.

Une autre terrestre s'exprima elle aussi se sentant concernée par ce qu'il disait :

- Vous savez les bons profs se font rares de nos jours et l'absence forcée du nôtre est une perte conséquente, la ville s'est réunie et nous vous proposons maintenant le poste, alors qu'en pensez-vous ? Cela vous intéresserait ?

Révérend avait le sourire parfait à ce moment-là, toujours en position de bipédie et les deux pattes avant jointes par les sabots :

- Mais bien sûr voyons, l'éducation de nos enfants est une priorité dont je m'acquitterais avec grand intérêt. Mais quel bande de c***, sérieusement ? Pas le moindre soupçon à mon égard ? Je crois que je vais bien m’amuser désormais.

Toute la foule était en joie à sa réponse et il alla de ce pas "fêter" dignement cela en allant vers sa classe désormais sienne et il allait de plus passer à la vitesse supérieure. Il voyait tous ses mignons petits bambins les yeux pleins de curiosité et d'envie d'apprendre, il voyait toutes ces têtes vides à remplir de ses obscures paroles. Il commença doucement en plaçant des suggestions de gestion de la vie quotidienne : bien se comporter, bien aider son prochain, en fait rien de bien méchant. Il fit ensuite encore quelques enseignements mielleux sur les comportements à aborder toujours en mettant en garde que la bienveillante Célestia surveillait leurs moindres faits et gestes. Tous suivaient ses paroles n'apportant que de bonnes choses, mais dans la masse des élèves une licorne souleva une question peu anodine :

- Révérend ? J'ai une question s'il vous plaît !

Révérend quelque peu surpris, lui répondit :

- Bien sûr mon enfant, dis-moi tout. Vas-y apporte ta noble contribution, même si je me doute quelle sera ta question.

- Voilà, hier vous vouliez parler de la princesse Luna et vous n'aviez pas l'air heureux d'aborder le sujet, pourquoi ?

- Et voilà le poisson mordant à l'hameçon. Les enfants, ce que je vais vous dire vous paraîtra surprenant, mais... je n'apprécie pas vraiment la princesse Luna.

Toute la classe parut surprise au vu de cette confession, et beaucoup d'élèves voulaient une réponse sur le pourquoi du comment, ce qu'il apporta comme réponse plantera les graines de la corruption au sein de beaucoup d'esprits, et il commença :

- Je vais vous expliquer, quand vous faites une bêtise et que vos parents vous attrapent sur le fait, comment réagissent-ils ?

La classe répondit de diverses manières, certains se faisaient gronder, d'autre recevaient des corrections multiples, mais pour l'ensemble la réponse était simple ils se faisaient punir, ce qui amena le Révérend de plus en plus sur ses intentions :

- Vous voyez ou je veux en venir ? Chaqu'un de vous reçoit une punition appropriée quand vous commettez une bêtise, non ? Qui sait ce qu'a commis la princesse Luna par le passé ?

La même licorne répondit dans le seconde qui suit :

- Facile ! Elle est devenue Nightmare Moon il y a mille ans afin de prendre le pouvoir et répandre la nuit éternelle.

Révérend le sourire aux lèvres comprit qu'il fallait passer à l'action maintenant :

- Bien, tout est prêt. Et vous trouvez donc cela normal qu’elle puisse se promener en liberté, impunie et blanchie de ses erreurs passées ? Car il faut préciser qu'elle s'est elle-même libérée, je ne critique pas le jugement de la déesse Célestia loin s'en faut, je ne dénigre pas non plus Luna mais seulement le traitement et le jugement "léger" qu'elle a reçu au vu de ses actions alors que certains "méchants" ayant commis moins pire restaient dans leurs prisons jusqu'à la fin de leur peine. Ne pensez-vous pas qu'il y a une part de vérité dans ce que je dis ? Ce que je veux dire c'est que si un historien intelligent n'avais pas eu la présence d'esprit de consigner cela voilà bien longtemps auriez-vous su ce qu’elle avait commis par le passé ? Car mon don pour percevoir les crimes n'est pas universel et j'aimerais que personne ne doute de son prochain.

Une pouliche intéressée visiblement voulut en savoir plus :

- Et comment ferons-nous alors, vous avez une suggestion à nous proposer ?

- Si mignon et innocent. Je vais aujourd'hui proposer quelque chose de nouveau à la ville et au shérif bien sûr, parlez-en à vos parents je fais une réunion sous la halle du village à dix-huit heures, si bien sûr vous voulez.

Toute la classe heureuse de cette information sortit du cours et alla s'empresser de parler à leurs parents, fiers de ce que ce poney apporterait à la communauté même s'ils ne pouvaient pas comprendre les subtilités mises en jeu. Et effectivement une poignée de poneys et de bisons curieux se réunirent au sein de l'endroit avec bien sûr la présence du shérif. Le révérend sur l'estrade se tenant bien droit commença :

- Mes frères, sœurs bonsoir. Je vous ai réunis afin de vous suggérer éventuellement et avec votre accord quelque chose de nouveau. Vous proposant mon projet humblement bien sûr.

- Allez-y Révérend, nous attendons.

Le shérif était visiblement impatient que tout cela se finisse au plus vite, ceci ne perturba pas Révérend et il continua comme si de rien n'était :

- J'ai constaté avec dédain une grande proportion de petits crimes ou à mon arrivée carrément des grand fauteurs de troubles. Cela m'attriste personnellement, j'imagine Célestia levant son soleil divin chaque jour et voyant encore et toujours la présence de mauvais individus voulant détruire son règne et je pense ne pas exagérer en vous le disant au vu des événements de ces dernières années. Ce que je vous propose est de former une institution reposant uniquement sur la bienveillance et la sauvegarde des bonnes valeurs.

- Et comment allons-nous faire ? Nous ne sommes pas très riches vous savez.

- Shérif, voyons je n'ai jamais dit que nous aurions besoin d'argent.

- Alors comment ?

La foule réagissait de la même manière, par quel moyen pourrait-on faire une si grande chose ? Le révérend passa à l'attaque :

- Très simplement, Shérif ? Combien de détenus se trouvent en prison actuellement ?

- Avec votre arrivée ils représentent une vingtaine, pourquoi ?

- Je vais y venir, Pourquoi seraient-ils enfermés dans une prison toute la journée, faisant payer les contribuables de leurs méfaits alors qu'ils pourraient servir une cause plus juste comme travailleurs forcés par exemple, de plus l'argent servant habituellement à leur détention plus celui payé pour leur caution pourrait servir à la création de bâtiments publics comme des orphelinats ou des pensionnats pour les plus démunis. Mais avant que vous vous posiez la question, si ces  criminels refusent d'aider ou de contribuer de quelque façon qui soit à leur création alors nous aurons la preuve qu’ils ne veulent pas se racheter au sein de la communauté et nous devrons appliquer une sentence grave et irréversible.

La foule ayant grandi par le nombre de passants, curieux de voir ou tout cela mènera virent le shérif s'offusquer devant les propos du révérend :

- Vous suggérez la peine de mort ? Vous n'êtes pas sérieux tout de même ? Je veux dire, c'est curieux pour quelqu'un qui propose la paix et le bonne conduite.

- Bravo mon chéri t’es tombé droit dedans ! Mais qui a parler de peine de mort ? Moi ? Certainement pas et que l'idée vous vienne à l'esprit me surprend vraiment et pas que moi à mon humble avis.

Tout le monde avait le regard tourné vers leur shérif, qui n'était maintenant plus aussi apprécié par les citoyens qui se posaient des questions à son égard, le Révérend continua avant que la foule ne pousse sa réflexion trop loin :

- Ce que je voulais proposer est plus juste, pour ceux ayant commis des crimes trop graves pour la prison ou ceux ne voulant plus s'intégrer à notre société seront jugés pour se racheter par une peine indélébile et définitive, pas la mort comme certains suggèrent (le Révérend tourna son regard sévère vers le pauvre shérif mal à l'aise). Ce que je propose s'appelle la "trace" c'est une marque ou symbole apposée sur le flanc de l'individu au fer rouge, rayant leur cutie mark. Je sais que cela peut paraître surprenant mais auriez-vous pu repérer du premier coup d'œil le malfrat dont je me suis occupé ? Allez répondez-moi, auriez-vous pu ?

Quelques poneys et bisons répondirent un non, mais presque étouffé :

- Plus fort ! Montrez votre désir de changement ! Criez bon sang !

La foule cria un non plus unanime, mais pas très fort cependant :

- Voulez-vous encore voir notre jeunesse, se voir corrompre par l'infamie ?

La foule répondit avec vigueur : NON !

- Voulez-vous avoir la peur de côtoyer encore et toujours des criminels impunis ?

- NON !!

- Avez-vous l'envie que cela change ?

- OUI !!!

Le Révérend avait presque fini et il galvanisa encore la foule par des paroles inspirées :

- Voulez-vous que je réalise ça pour vous mes frères ? Avez-vous la foi que cela se réalise ?

- OUUUI !!!

- Regardez mes frères ! Le shérif approuve ce que je dis ! Approchez, approchez mon fils !

Le shérif Braeburn ne savait pas du tout ou se placer, car il sentait que quelque chose ne tournait pas rond. Il ne savait même pas s'il devait soutenir ou cautionner tout ça mais il savait aussi que dénigrer les paroles du Révérend reviendrait à avoir la foule entière contre lui, et il voulait absolument éviter tout débordement. C'est à contrecœur qu'il monta sur l'estrade et s'approcha du Révérend toujours en position de bipédie, Pourtant le Révérend tendit son sabot avant droit vers Braeburn et prononça fortement afin que tout le monde l'entende :

- Serrerez-vous le sabot du changement, accepterez-vous La vérité ?

Et en fermant ses yeux il sera le sabot du Révérend scellant le destin d'Appleoosans, car le Révérend à ce moment-là hurla :

- Il accepte ! Vous tous qui avez vu, allez répandre la nouvelle ! Que chaque maison de cette ville soit au courant, que demain annoncera le changement !

Toute la foule se dispersa transmettant les paroles du Révérend à toute la ville, tandis que le Révérend claquait ses sabot avant applaudissant leur naïveté. Seul le shérif ne bougeait pas et se contentait d'observer ce poney le regardant désormais très bizarrement presque d'un ton sadique avec ce sourire malsain, ce qui ne manqua pas de faire interagir le shérif :

- Mais à quoi jouez-vous ?

- Je ne joue jamais monsieur le "shérif", je suis un adulte tout de même.

- J'aurais dû vous arrêter lorsque j'en avais l'occasion.

Le principal intéressé approcha son museau d'une des oreilles de Braeburn et lui parla d'un ton faible et sec :

- Désormais faites très attention, je risquerais de reconsidérer votre position si vous continuez à me chercher des crosses.

- Pourquoi reconsidérer ? Vous aviez prévu des choses me concernant ?

Le Révérend recula et d'un sourire reprit tout en posant ses sabots avant froids sur le corps du shérif :

- Vous êtes jeune, dynamique et vous ne serez pas de trop pour m'aider dans cette noble tâche, la ville a l'air de vous apprécier et je n'aimerais pas gaspiller un si précieux élément de cette ville. De plus ai-je l'air si mauvais ? Ai-je de si mauvaises intentions ?

- N... N... Non, pas vraiment, dit-il hésitant.

- Allez reposez-vous. Vous l'avez bien mérité, la tension sera redescendue entre nous et nous pourrons faire enfin de grandes choses ensemble, vous verrez la nuit porte conseil.

Braeburn quitta l'estrade laissant ce drôle d'individu pensant qu'il s'était un peu emporté au vu des événements, il avait peut-être raison après tout son projet tenait la route alors pourquoi pas ? Mais au loin le Révérend désormais seul, retourna chez lui et il jubila et sauta au plafond tellement il était heureux, plus que quelques manipulations et son plan serait réalité, mais pour l'heure il dormit profondément rêvant de ce qui allait se passer bientôt.