Chapitre 11: Perspectives (ou Pendant ce temps à Equestria)

Big Mac et Rainbow

Rainbow Dash s’ébroua et regarda Mac comme si il venait de lui pousser une nouvelle tête. « Tu me tires la queue, hein ? Je peux pas faire ça mon grand. »

« Je ne t’demande pas de changer tout le planning. Juste…est-ce que ça doit être exactement à ce verger ? Il n’y a rien qui pousse là ! »

« Hé, vois ça avec AJ. Elle a demandé de la pluie il y a des semaines. Je ne peux pas changer le planning juste pour que tu fasses bisou-bisou avec la Princesse. »

Mac grogna pour toute réponse mais il ne pouvait pas la contredire. Il aurait vraiment dû vérifier le planning météo de Poneyville à la mairie avant de tout mettre en place. Une grosse pluie s’abattrait ici mais il s’était tellement monté la tête en s’assurant que tout se passe bien qu’il n’y pensa que hier soir.

« Point final ? » soupira-t-il.

« Ouais. Je veux dire, tu es un ami et tout mais je ne peux pas tout changer pour toi… »

La façon dont elle laissa traîner sa phrase lui fit penser que Rainbow suggérait que son planning soit un peu plus flexible qu’elle ne voulait l’admettre. A ce jeu, ils seraient deux. Il roula des épaules et parla. « Allons droit au but, Dash. Qu’est-ce qu’il te faut pour changer le planning ? »

Dash pressa un sabot sur sa poitrine, prenant son air le plus innocent possible. « Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. Je t’ai déjà dit que je ne pouvais pas le changer ou alors, est-ce que tu insinues que tu penses donner un pot-de-vin à l’élément de la Loyauté ? »

« Un pot-de-vin ? Nan, nan, rien de tout ça. Prends ça comme….un intéressement », répliqua Mac.

« Oh ? » Une des oreilles de Dash s’agita. « Un intéressement dans…? »

« La récolte de cidre de l’an prochain. » Il pouvait en discuter toute la journée, mais ils savaient tous les deux la seule chose que ne refuserait jamais Dash, alors pourquoi perdre du temps à jouer aux devinettes ? La seule chose qui restait à déterminer était la quantité qu’elle voudrait. « Je te laisserais un mug de côté pour toi, c’est garanti, peu importe le nombre qu’en achète Pinkie. »

« Un mug ? Tu as idée du travail demandé pour changer les plannings et tu espères me faire travailler pour un mug de délicieux, succulent, parfait cidre de la Ferme de la Douce Pomme ? Il me faut au moins un tonneau. »

« Un tonneau ? Pour quoi ? Vingt secondes de travail ? En tant qu’ami, je te propose deux mugs. »

« Deux ? Désolée, est-ce que tu m’as proposé deux ridicules mugs pour toutes les connaissances et capacités et génialitude nécessaire pour nettoyer aussi vite les nuages ? C’est ça que valent mes compétences pour toi ? Je suis blessée, Big Mac ! Vraiment blessée », déclara Rainbow avant d’ajouter, « et ça ne prendra que dix seconde. Max. »

Quelqu’un avait pris des cours chez Rarity, on dirait. Tout ce qu’elle avait besoin pour terminer ce récital mélodramatique était un fauteuil pour s’évanouir. « Okay, bon », grogna-t-il. « J’ai un demi-tonneau dans mon stock privé. Tu me garantis une journée sans nuage dans cette partie du verger et en plus de t’offrir un verre maintenant, je te mettrais de côté trois mugs pour la prochaine saison. »

« Maintenant ? Genre, maintenant maintenant ? »

« Ouaip. Maintenant tout de suite. Réfléchis, Dash. Dans une minute, tu pourrais avoir ce doux cidre couler le long de ta gorge, savourer chaque saveur rapidement ou lentement, en sachant que tu en auras trois autres qui t’attendrons parce que tu m’as rendu service quand je te l’ai demandé. »

Parce que sa maman l’avait bien élevé, Mac ne prêta pas attention aux ailes de Rainbow. En finissant de parler, les pignons de la pégase étaient étendus et tremblaient d’excitation.

Dash cligna des yeux, essuya la bave sur ses lèvres et étendit son sabot. « Deal ! » lâcha-t-elle avant de réaliser ce que ses ailes faisaient, ses joues rougissants en les forçant à se rétracter. « Tu veux ça pour quand ? »

« On se voit pour déjeuner, alors tu peux t’assurer que le ciel est dégagé entre ce moment-là et le reste de la journée ? Le reste de la ferme sera mouillé mais ça ne sera pas trop boueux et on aura des couvertures pour mettre au sol s’il faut. »

« Je peux tout laisser au sec si c’est plus facile ? »

« Nan. On ne fait rien pousser là mais il y a encore beaucoup d’arbres et de plantes qui ont besoin d’eau. Je ne veux pas les assécher. »

« Oh ouais, compris », acquiesça-t-elle. « Flutters prend tout ça très à cœur. Okay, tu l’auras. Ciel bleu et brise pour le pique-nique avec la Princesse. Maintenant, où est le cidre ? »

Mac soupira, haussa les épaules et fit signe à Rainbow de la suivre à la grange, là où il gardait son stock privé.

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Luna et Emberfire

« Il n’y a pas à débattre, Emberfire. Nous n’avions rien à rapporter. Quand je dis que je ne demande pas à ma garde de venir, je parle de TOUTE la garde. Je serais parfaitement en sécurité à Poneyville. Qui oserait attaquer l’une des Princesses d’Equestria, encore plus l’attaquer là où résident les éléments d’équilibre ? »

Le batponey parvint à ne pas montrer sa frustration et continua à fixer sa Maîtresse, luttant contre l’envie de lui dire ses quatre vérités pour ne pas se retrouver à nettoyer les toilettes. Mais il avait été avec Luna depuis son retour, choisi personnellement par elle pour diriger sa garde personnelle et lui offrant une certaine marge de manœuvre. En d’autres termes, peu d’autres pouvaient parler aussi directement envers elle comme il s’apprêtait à le faire.

Maîtresse, vous et votre sœur êtes puissantes, certes, mais il suffirait d’un fou avec un couteau, un assassin venu d’une autre nation, un seul accident et je me retrouverais sur la Lune et le royaume se retrouverait avec une unique souveraine. »

« Tout ira bien. Il n’y a pas eu d’atteintes à nos vies depuis des générations. Equestria est en paux. »

« A part Discord. »

« Certes, mais- »

« Et les changelins. »

« Je- »

« Et j’imagine que Sombra n’aurait pas stoppé sa conquête au-delà de l’empire de Cristal. »

« ASSEZ ! »

Et quand elle utilisait la voix royale de Canterlot, c’était signe qu’elle avait été poussée à bout. Il s’inclina rapidement, la tête au sol. « Maîtresse…. » s’aventura-t-il, les oreilles toujours bourdonnantes. « Vous devez voir cela de mon point de vue. Notre seule inquiétude concerne votre sécurité. Nous vous devons tout, surtout moi. Vous ‘avez choisi pour ce rôle, mais vous en faites un poids difficile à porter pour moi. »

« Pas besoin de nous rappeler cela, Emberfire », la voix de Luna était froide et distante. « Nous savons pourquoi nous t’avons choisi et ton dévouement à notre sécurité n’a jamais faibli. »

Avec son visage pressé contre le sol, il ne l’entendit pas soupirer doucement, se retrouvant surpris de sentir une douce caresse contre sa joue. Il leva sa tête pour voir la Princesse de la Nuit lui souriant, avec une expression qui mélangeait la tendresse et l’exaspération.

« Et c’est grâce à ton dévouement que nous acceptons la validité de tes protestations. Tu pourras envoyer deux gardes et seulement deux. Ils resteront à distance, ne viendront que quand il leur sera fait la demande et ne feront pas remarquer leur présence auprès de Macintosh à moins d’une menace sur sa vie ou la mienne, suis-je claire ? »

Emberfire parvint à ne pas montrer sa surprise de manière trop évidente sur son visage. Avait-il…gagné ? « Bien sûr, Maîtresse. Je les choisirais moi-même. »

« Nous n’en espérions pas moins. Tu t’assureras qu’ils soient prêts à partir en temps et en heure. Oh, et Emberfire ? »

« Maîtresse ? »

« La discrétion est le mot-clé. Mes affaires à Poneyville ne doivent pas arriver aux oreilles de la cour, ou de la noblesse de Canterlot. Si l’un des gardes ne tient pas sa langue, je devrais être forcée à reconsidérer ta place à la tête de ma garde personnelle. » Son ton restait doux, même son regard se fronçait. « Nous rencontrerons notre escorte dans notre jardin privé. Tu es dispensé. »

Emerbfire avala lourdement, s’inclina une fois de plus, puis sortit de la pièce aussi discrètement que possible. Il referma la porte derrière lui, et le batponey laissa échapper un soupir, passa un sabot sur son front, au plus grand amusant des deux gardes nocturnes à la porte.

« Tu as essayé de parler à la Maîtresse ? » demanda l’un d’eux. « Et elle t’a laissé partir en un seul morceau ? Elle doit vraiment t’apprécier. »

« Oh fermez-là », grommela-t-il. « La Maîtresse n’aime pas qu’on lui dise sur ce qu’elle peut et ne peux pas faire, mais elle sait que si elle me concède ça, ça sera plus facile que d’essayer de semer les patrouilles que je lui enverrais la prochaine fois qu’elle s’échappera. »

Emberfire recula de la porte, remettant son armure en place. « Est-ce que vous savez si Shadowstep et Mourne sont revenus de leur patrouille ? »

« Chef oui chef », répondit promptement le garde. « Nous les avons vus revenir il y a quelques instants. Ils doivent être en train de manger. C’est là que je serais en tout cas. »

« C’est parce que tu penses avec ton ventre, Quills. », ajouta son compagnon, une jument qui fit un clin d’œil à Emberfire. « Mais dans ce cas, il a raison. »

« De toute façon, c’est un bon endroit pour commencer à chercher », convenu Emberfire. « Merci. Continuez à bien travailler et tout et tout », et parce qu’ils n’étaient pas aussi insouciants que les gardes de Celestia, il mit son sabot sur son torse. « Vive la Maîtresse de la Nuit. »

Les deux gardes retournèrent le salut, se tenant droits devant la porte alors qu’il se détourna d’eux et se mit à la recherche des deux poneys les plus dévoués qu’il avait eu sous ses ordres. Il ne pouvait faire confiance à personne d’autre que cette paire pour garder Luna en sécurité.

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Shining Armor et Cadance

Shining Armor était habitué à beaucoup de choses. Quand on choisit d’épouser quelqu’un de sang royal, il faut comprendre qu’ils ne sont pas comme les autres poneys. Les alicornes ont des devoirs et responsabilités, mais elles ont aussi des instincts qui les mènent parfois à faire de drôles de choses.

Sa femme, par exemple. Quand Cadance avait reçu la lettre de la Princesse Luna, elle avait failli détruire sa chambre en raison de son impatience pour partir et aller aider Luna vers la quête de son mystérieux amant. Il avait déjà vu cet enthousiasme dans ses yeux et savait qu’il n’avait aucun moyen de la dissuader, et qu’il ne pouvait que l’aider à atteindre sa destination aussi vite que possible.

Cadance était puissante, toutes les alicornes l’étaient, mais même elle n’avait pas la magie nécessaire pour se téléporter à Canterlot, en tout cas pas sans aide. Alors, il avait partagé sa magie avec elle, lui donnant le boost requis pour aller en ville sans avoir à prendre le train. Un plan simple, mais qui l’avait laissé allongé au lit, les rideaux tirés et chaque lumière éteinte en faisant face avec l’une des plus sévères migraines qu’il avait eu depuis l’invasion de Canterlot.

Il se roula sur le lit, amenant un oreiller sur sa tête souffrante et sa tendre corne, grognant alors que le simple toucher du doux tissu le faisait souffrir. Il pouvait seulement espérer que sa visite valait le coup.

Deux jours, et il pouvait à peine voir ou marcher vers la salle de bains. Quand ils avaient chassés les changelins de Canterlot, il avait pu se reposer sur sa magie pour que sa migraine ne soit pas trop forte. Mais rien n’était comparable à ce qu’il ressentait, qu’il n’avait plus connu depuis le temps où le poulain qu’il était testait ses premiers sorts.

Pendant qu’il débattait sur l’idée de plonger sa tête dans un tonneau de vin jusqu’à s’évanouir ou se noyer (à cet instant, la seconde partie semblait la meilleure), un coup à la porte de sa chambre le fit grimacer. Chaque coup de sabot sur le bois était comme un coup de marteau sur sa tête et il enfonça sa tête encore plus loin dans l’oreiller pour bloquer le bruit.

« Allez-vous en », grogna-t-il, sortant enfin le museau hors des couvertures et oreillers. « Votre Prince Consort souhaite mourir en paix. »

« Votre altesse, la Princesse Cadance est revenue de Canterlot et arrivera en ville sous peu », la voix d’un de ses gardes parvint à l’atteindre à travers la porte. « Nous pensions que vous souhaiteriez être informés. »

« Hein ? Ça fait déjà aussi longtemps ? » Cela expliquait pourquoi l’intérieur de sa bouche était aussi sec que le désert en plein été. « Nnn. Okay, okay. Puis-je avoir du thé ? Des sandwiches aussi. Je dois me…rafraîchir. »

« Bien sûr, majesté. Je m’occupe de ça. »

Shining attendit que le son des sabots disparaisse avant de se lever lentement, attendant que la pièce arrête de tourner autour de lui avant de sortir du lit. Okay, un sabot devant, encore trois. Peu à peu, il marcha vers la salle de bains, tournant le robinet de la douche et entrant dans la cabine, grimaçant en sentant les gouttelettes d’eau sur sa tête qui lui rappelaient sa douleur.

« Les princesses sont vraiment pénibles parfois », marmonna-t-il en direction de lui-même en baissant sa tête, regardant l’eau couler le long de sa corne avant de rejoindre ses sabots.

« Oh VRAIMENT ? » s’inquiéta une autre voix. « « Pénibles, hein ? »

« Mmmm », marmonna-t-il sans même se retourner. C’était une voix qu’il connaissait bien, une voix qui le réchauffait, qui rendait sa tête un peu plus légère en sachant juste qui était derrière lui. « Comment est-tu revenue aussi vite ? »

« En volant », répliqua simplement sa femme en entrant dans la douche avec lui, enroulant ses sabots autour de lui et reposant sa tête dans sa nuque alors que l’eau coulait sur eux. Son simple toucher le faisait se sentir mieux et il soupira, se détendant dans l’étreinte de sa femme.

« Comment s’est passé la visite ? » Il regarda par-dessus son épaule, retira sa crinière de son visage pour déposer un petit baiser sur ses lèvres. Il vaut mieux rester chaste en attendant de se brosser les dents, il avait à peine bougé du lit depuis qu’elle était partie.

« Oh Luna et ses soucis habituels…Mais je pense qu’on a bien progressé. Elle a beaucoup de choses à apprendre sur le monde d’aujourd’hui. La pauvre est….assez inexpérimentée dans de nombreuses choses. Je pense que Mac serait une bonne influence sur elle, pour la faire sortir de sa coquille. »

« Attends, Mac ? BIG Mac ? De Poneyville ? Le frère d’Applejack ? Ce Mac ? Comment est-ce qu’ils se sont mis ensemble ? » Shining secoua sa tête d’incrédulité et se tourna pour regarder sa femme, stoppant l’écoulement de l’eau pour lui parler plus facilement.

Il oublia un moment son état et secouer sa tête l’envoya à nouveau dans un tourbillon autour de la pièce. Cadance était là cette fois, se pressant contre lui pour le soutenir et le soulager. Il prit le temps de se détendre, de laisser sa tête reposer sur son épaule tandis qu’elle baissait sa nuque pour lui offrir une douce étreinte.

« Je te dirais tout lorsqu’on sera au lit, Shiny », le rassura-t-elle en levant sa tête. « Pour le moment, tu dois te nettoyer », elle frappa son nez du sabot en remettant l’eau en route. « Tu pues. »

« Je t’aime aussi », rit-il, et fit comme demandé.

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Blueblood et Red Tape

« Tu comprends que tout cela ne doit pas sortir de cette pièce, bien entendu ? »

« Naturellement, Prince Blueblood. Mon bureau opère dans la discrétion. Puis-je vous demander pourquoi vous m’avez fait venir ici ? » Le poney terrestre argenté avec la crinière bleu se tenait à la distance exacte requise par l’étiquette auquel se pliait Blueblood, la tête levée attentivement, les yeux et oreilles concentrés sur chacun de ses mots.

« J’ai entendu dire que tu connaissais la famille Apple de Poneyville. » Il ne le dit pas comme une question, mais prit soin de vérifier son information avant d’inviter ce poney dans ses appartements à Canterlot, loin des yeux indiscrets des gardes du palace et des autres nobles.

Pour Red Tape, le seul signe d’angoisse que lui montrait était ses lèvres légèrement resserrés et un froncement de ses yeux. « J’ai été impliqué dans leurs affaires, oui. »

« C’est un moyen poli de le dire, je comprends », dit Blueblood, tapant un de ses sabots sur le bureau qui les séparaient. « Tu as fini par te débarrasser de ces chauves-souris à la fin ? »

Rien ne pouvait cacher la flamme qui venait de s’allumer dans l’œil de Red Tape et il mit un moment ou deux pour reprendre ses esprits avant de parler. « A la fin, oui. Le problème a été résolu avec la ville et les….animaux…ont été rapatriés. » Les faire sortir de sa salle de bains lui avait pris quelques semaines toutefois. Quelque fois, il pouvait jurer encore les sentir.

« Et tout ça parce que tu as fait ton travail… C’est bien triste. Juste parce que c’est l’un des éléments d’équilibre et qu’elle et ses amies croyaient que la loi ne s’appliquait pas à eux. »

« Exactement, sire », et cette fois, l’amertume dans sa voix était palpable. « Mais puis-je vous demander pourquoi cela vous intéresse-t-il maintenant ? Cela fait presque un an depuis cet incident à la ferme des Apple. »

« Je n’ai eu vent que récemment de cette histoire et cela a confirmé mes soupçons de favoritisme qu’ils ont de la Princesse. En tant que membre de la noblesse de Canterlot, nous devons nous élever au-dessus des poneys normaux, pour montrer l’exemple sur ce qu’ils doivent faire. J’aimerais que tu m’aide à rendre cela concret. »

Pendant que l’attention de Blueblood se tournait sur l’un des tiroirs de son bureau, Red Tape regarda autour de l’opulente suite dans laquelle il se trouvait. Même son œil peu aiguisé voyait la qualité des meubles, les rideaux de soie, les moquettes venues d’Arabie Séoulite au sol, chaque centimètre de la pièce était plus luxueux que le précédent. Chaque inspiration qu’il prenait lui remplissait les narines d’épices et de senteurs importés de Japoney, et même le bureau de Blueblood devait coûter plus cher que ce que pouvait gagner un bureaucrate comme lui en un an.

Ce qui en disait le plus toutefois était les peintures au mur. Il y avait Blueblood partout. Blueblood posant triomphalement dans une armure de garde royale. Blueblood entouré de juments à chaque sabot. Chaque morceau d’art comportait Blueblood, Blueblood, Blueblood. Tout ce que faisait l’étalon était destiné à son bénéfice. Red Tape était aussi beaucoup de choses, mais il n’était pas un idiot. Il avait une vengeance personnelle envers les Apple et il serait heureux de voir ses intérêts converger avec ceux de Blueblood.

Blueblood sortit un classeur de son bureau et le poussa vers Red Tape. « Voilà l’inventaire complet des intérêts économiques et exploitations de la famille Apple. Ils ont été approuvés par les fonctionnaires du Palace, bien sûr, mais j’aimerais que tu revérifies tout ça et cherche la moindre irrégularité. Si nous devons stopper cette culture de copinage royal, il faudra trouver un exemple et les Apples, en tant que famille très connue dans la communauté économique d’Equestria, sont parfaits pour commencer. »

« Je ne pourrais être plus d’accord avec vous, Prince Blueblood », convenut Red Tape en prenant le classeur dans son sabot, fier de ne me montrer aucun signe de dédain envers son employeur. Copinage, favoritisme, Blueblood pouvait l’appeler comme il le voulait, si la moindre chance de se venger se présentait, il serait prêt à faire ce qu’il fallait. « Je commence mon enquête sur les Apples de façon immédiate », il s’arrêta un moment et se pinça les lèvres. « Mais comme vous l’avez dit, les éléments d’équilibre ont les faveurs du palais. Si je commence à fouiner dans leurs affaires, est-ce que le palace n’interviendra pas pour protéger la famille Apple ? »

« Laisse-moi m’inquiéter de ça. Tu ne reporteras rien à personne à part moi. Si on me pose des questions sur mes sources, je laisserais parler les preuves et si le palace essaie d’intervenir dans notre enquête », il sourit, « alors je rendrais tout public et ils seront forcés de reconnaître qu’ils favorisent la famille Apple grâce à leurs relations avec la couronne. Celestia n’aurait pas d’autre choix que de se rétracter pour ne pas attirer encore plus d’attention négative sur elle. »

Et au même moment, songea Red Tape, si ce plan échouait, alors Blueblood n’aurait aucun scrupule à signer son ordre d’arrestation. Mais il y aurait des façons d’échapper à cela, des initiatives à prendre pour se protéger et s’isoler d’une débandade, des choses que Blueblood lui-même ignorerait.

Les deux étalons se sourirent l’un à l’autre de chaque côté du bureau. Ils se comprenaient parfaitement.