Chapitre 9: Rêves et souhaits

Ce jour-là, lorsqu’elle avait dit à Mac qu’elle l’avait entendu, Luna n’était pas poétique ou parlait de façon romantique. Elle l’avait ENTENDU, aussi clairement que le peut un poney qui se trouvait dans la même pièce qu’elle.

Elle avait tout entendu, chaque nuit. Chaque prière, chaque souhait, chaque secret, murmuré au fond de son esprit lors de ses prières de minuit qui l’avait attirée.

Ce soir, toutefois, il était temps de voir les besoins de ses autres sujets. Elle doutait que Mac avait envie de lui parler ce soir et elle ne voulait pas s’immiscer dans les rêves suivant leur rendez-vous. Elle leva un sabot vers ses lèvres, souriant en se rappelant du baiser, les applaudissements, le regard surpris et la joie sur son visage en s’avançant pour l’embrasser à nouveau.

Elle soupirait de satisfaction en lévitant la tasse de porcelaine à ses lèvres pour siroter son café. Il y aurait assez de temps pour se perdre dans les souvenirs une fois son travail nocturne terminé, mais pour le moment, elle entendait le bruit distinct au fond de son esprit qui lui faisait savoir qu’il y avait des poneys qui regardaient ses étoiles et leur adresait des souhaits.

En réalité, elle ne pouvait en faire que peu pour beaucoup d’entre eux. Elle et sa sœur étaient beaucoup de choses, mais n’avait pas le pouvoir de tout résoudre. Mais ça ne faisait pas de mal de laisser croire à son ennemi que l’on n’en avait plus, après tout. Il y avait des moments où Luna souhaitait avoir vraiment le pouvoir de bannir sur la Lune des poneys aussi facilement que de frapper ses sabots ensemble.

Mais ce n’était pas le moment de penser à cela. Pour le moment, elle ferma ses yeux et se connecta avec ses sens, ses oreilles se levant tandis que sa corne se mettait à briller. Des années de pratique lui avaient apprises qu’il ne suffisait pas de mettre ses sabots ensemble pour entendre clairement les prières et souhaits. Non, chaque jour était un peu différent et parfois, il lui fallait plus de temps pour mettre en route son oreille intérieure. Aujourd’hui, toutefois, les voix venaient toutes seules à elles. Elle sirota à nouveau sa tasse, sa corne brillait de plus en plus et elle fit léviter un parchemin et une plume pour écrire des notes.

« S’il vous plaît, faites qu’il revienne sain et sauf. »

Ah. L’une des prières les plus prononcées et, malheureusement, du genre qu’elle ne pouvait d’aucune façon réaliser. En l’écoutant, elle devina que celle-ci était un cas spécial. Elle se concentra sur la voix et sur les pensées et sentiments cachés derrière, la brillance de sa corne devenant de plus en plus alors que les détails venaient à elle. Une jeune pouliche de Canterlot, qui attendait son premier enfant, le père faisant partie d’une mission diplomatique assignée à négocier avec les griffons sur des droits miniers au nord d’Equestria.

L’étalon ne savait pas qu’il allait devenir père. Les yeux toujours fermés, la plume était déposé dans un pot d’encre et elle écrivit une note sur le parchemin, un rappel pour elle-même de demander qu’il soit renvoyé à la maison dès qu’un remplaçant était disponible. Elle sourit en mettant le point final à sa note, heureuse de commencer la nuit avec quelque chose où elle pouvait user de son influence dans le bon sens.

« S’il vous plaît, ramenez-le à moi. »

Oh, il y en avait tant comme ça. Pas comme le premier, mais c’était des suppliques d’amoureux pris par le temps, l’infortune, partis là où le pouvoir d’aucun poney ne pouvait les atteindre. Il n’y avait rien qu’elle puisse faire pour ces pauvres âmes tourmentées, peu importe le nombre de prières ou souhaits pour que les choses ne soient pas faites ainsi. Quand elle avait commencée, une nuit à entendre ces âmes perdues avait failli la détruire ; elle avait volé en larmes jusqu’à la chambre de Celestia à la fin de chaque nuit, trouvant du réconfort dans l’étreinte de sa sœur et dans ses murmures de réconfort, trouvant la force de se lever et de le refaire les nuits suivantes.

Maintenant qu’elle avait accepté cela, même pour une alicorne, il y avait des choses qui ne pouvaient être évitées, seulement endurées, et la mort était le plus grand fardeau possible. Tout ce qu’elle pouvait faire pour ces poneys perdus et blessés par le deuil était de leur envoyer des rêves composés de lendemains meilleurs et donner du repos à ces esprits rongés par le chagrin.

« Princesse Luna ? »

Elle mit un moment pour comprendre que la douce voix n’était pas dans sa tête mais derrière elle, ce qui pouvait seulement être l’un de ses gardes nocturnes. Personne n’oserait entrer dans sa chambre sans s’annoncer au préalable, pas même un des gardes de Celestia. Elle leva un sabot pour éviter d’autres commentaires et tourna légèrement sa tête pour attraper la voix suivante, une habitude prise depuis des siècles même si cela n’avait pas vraiment d’effet.

« Chère Luna, Celestia, s’il vous plaît. Je dois réussir demain. Ma famille serait détruite si je ne réussis pas l’examen d’entrée pour être un garde royal. »

Eh bien, il ne mettait pas tous les atouts de son côté en restant éveillé à une heure pareille ! Avec une petite poussée de ses pouvoirs, elle pressa l’étalon de se reposer, lui offrant un sommeil réparateur qui le ferait se réveiller prêt et disponible pour ce qui l’attendait.

« Oui, qu’y a-t-il ? » demanda-t-elle sans ouvrir les yeux, toujours concentrée sur les voix.

« Vous avez de la visite, Maîtresse. Il a été assez insistant. »

Luna ouvrit finalement les yeux, soupirant doucement pour tourner la tête et tomber sur un de ses batponeys la tête baissée devant elle, presque contre le sol.

« Emberfire », sa voix prit un ton réprobateur. « Tu es notre gardienne depuis assez longtemps pour savoir que nous ne souhaitons pas être dérangées durant ces heures. Cela doit être quelque chose de très important pour toi pour… » Luna s’interrompit en regardant vers la porte pour tomber sur un museau rose familier qui s’échappait de l’entrebâillement. Elle se pinça les lèvres et fronça un peu les yeux en laissant échapper un petit cri de surprise. Au nom d’Equestria, comment avait-elle fait pour venir ici aussi rapidement ?

« Merci, Emberfire. Tu es pardonnée », dit-elle alors que le batponey se leva et s’en alla, ajoutant, « et tu as nos excuses pour avoir été si sec envers toi. Tu as agi correctement, comme toujours. »

Emberfire s’arrêta assez longtemps pour voir le sourire de sa Maîtresse avant de trotter rapidement vers la porte, « Sa majesté la Princesse Mi Amore Cadenza, souveraine de l’Empire de Cristal. »

« Oh, Cadance ça suffit, Ember », gloussa la Princesse de l’Amour en entrant dans les appartements de Luna. « Bonsoir Luna. Désolée de t’avoir dérangée en pleine activité mais ça ne pouvait pas attendre demain. Tu as un moment pour discuter ? »

Luna hocha la tête et fit signe au garde de les laisser seules. « J’ai toujours un moment pour toi, Cadance. »

Après que la porte se soit refermée, Cadance bondit vers Luna, à quelques centimètres de son visage. « Qui est-ce ? » demanda impatiemment Cadance.

« Qui est…quoi ? » Luna était si surpris que pendant un moment, elle avait complètement oubliée pourquoi elle avait demandée l’aide de cette jument en particulier.

« Ta lettre ! » Cadance secoua les épaules de Luna. « Tu as un amoureux ! C’est- » Elle s’arrêta et jeta un œil suspicieux vers la crinière étoilée. « Tu as fait quelque chose à ta crinière ? »

Luna se tortilla sur place. « Nous ne savons pas de quoi tu parles », marmonna-t-elle, tournant sa tête pour cacher l’ibiscus rouge toujours attaché derrière son oreille mais Cadance était trop rapide pour elle, s’approchant plus près pour découvrir cette couleur inhabituelle.

« Attends, est-ce que-Ooooh ! C’est un Baiser Nocturne ! Je ne pensais pas que quelqu’un connaisse encore ça ! Tu dois courtiser un savant, c’est un scientifique ? Ce n’est pas Twilight, hein ? Je ne sais pas ce qu’en penserait Celestia….euh, peu importe. Ce n’est pas violet, alors ça ne peut pas être elle. Qui c’est ? Qui ? » Cadance avançait de plus en plus à chaque mot jusqu’à ce que Luna se retrouve collée contre le mur sous le barrage de questions.

« Assez, ma nièce ! » grogna Luna. « Je te dirais tout si tu nous laisses un moment pour parler ! » Elle soupira et recoiffa un peu sa crinière pendant que Cadance avait du mal à empêcher son sabot de frapper le sol.

« Macintosh Apple », admit finalement Luna et Cadance cligna des yeux, la tête penchant d’un côté en ouvrant grands les yeux.

« Macintosh Apple. Le fermier de Poneyville ? Le frère d’Applejack ? » Cadance avait l’air sceptique et Luna soupira, se préparant au flot de questions. Au lieu de ça, elle se retrouva entre les sabots de l’alicorne rose qui criait comme une petite fille.

« HIIIIIIIIII ! » éclata Cadance, câlinant fermement Luna contre elle. « Félicitations ! C’est une belle prise ! Applejack m’a parlé de lui la dernière fois que je l’aie vue, et elle m’a montré une photo de sa famille. Je ne savais pas que tu les aimais si…musclés ! » Cadance y ajouta un battement des paupières et Luna roula des yeux. « J’ai toujours pensé que tu préférais les pégases. Je te voyais carrément avec Rainbow Dash. Hé, peut-être que Mac laisserait Dash se joindre à son troupeau. Je ne pense pas qu’elle voit quelqu’un. »

« Cadance ! C’est assez ! » Luna s’échappa de l’étreinte de la jument. « Nous n’avons eu qu’un seul rendez-vous jusqu’ici, et il est trop tôt pour dire qui Mac pourrait inviter dans son troupeau. Tu ne sais pas, il pourrait peut-être être satisfait avec seulement moi. »

« Eh bien, trois étalons ne te suffiraient pas… » dit Cadance d’une voix traînante, « à ce qu’on dit. »

« Mensonges ! » rugit Luna, les ailes s’ouvrant en grand pendant que sa voix se remplit de colère. « C’était deux étalons et une jument et…je ne devrais pas te parler de ça. »

Cadance fit de son mieux pour sembler confuse mais son sourire mesquin refusait de rester caché malgré tous ses efforts, même devant la colère de la Princesse de la Nuit.

Luna se frappa la tête avec le sabot de désespoir et prit une grande inspiration pour calmer une fois de plus ses nerfs. C’était de sa faute après tout, elle avait amené Cadance dans cette histoire, alors autant que tout se passe bien. « Concentrons-nous sur maintenant, oui ? Il y a seulement Mac et moi. Nous n’avons eu qu’un seul rendez-vous et nous sommes loin de parler de troupeaux, seconde jument ou rien d’autre à part une promesse de nous revoir. »

« Et c’est pour ça que je suis là. Je suis là pour m’assurer qu’il y aura un deuxième rencard, un troisième, une demande en mariage, des enfants et ils finirent heureux pour toujours ! » Cadance gloussa d’enthousiasme et frappait ses sabots ensemble. « Mais tu dois d’abord me dire ce qui s’est passé à ton rencard. Est-ce que c’était romantique ? S’il te plaît, dis-moi que tu ne l’a pas emmené dans un endroit noir, sombre et glauque. »

« Eh bien, il faisait noir… » commença Luna, Cadance grognant déjà de désespoir. « Mais ce n’était pas glauque comme tu dis. Nous sommes allés danser dans un endroit de Poneyville. Un truc à la Discord, une pièce pleine de poneys qui obéissaient à une licorne avec des lunettes de soleil et une crinière bleu électrique. Nous n’avons jamais rien vécus de pareil. »

« Attends, tu as emmené Mac à un show de DJ PON-3 ? Et tu utilises le ‘nous’ royal ou Mac était aussi surpris que toi ? »

« Mac semblait surpris au début en effet, mais il a plongé sur la piste de danse comme si il s’engageait dans une bataille », dit Luna en souriant tout en se rappelant à quel point Mac était tendu au départ, comparé à la façon dont ils bougeaient ensemble en harmonie à la fin de la nuit. « Ça a pris du temps mais je crois qu’il a commencé à se perdre dans la musique. »

Cadance résista à l’envie de couiner de plus belle et se contenta d’acquiesçer. « Alors vous avez dansés ensemble. Vous avez parlé ? Bus ? Il t’a embrassée ? Je ne sais pas si beaucoup d’étalons auraient le courage d’embrasser une Princesse lors du premier soir. »

« Je l’avais déjà embrassé plus tôt dans la soirée », admit Luna.

« Honnêtement, je ne pensais pas entendre ça. Je croyais que je devrais te pousser à ça, ou aller rassurer Mac pour lui dire que tu ne l’enverras pas sur la Lune s’il essayait de t’embrasser. »

« En fait, il avait plus peur que Tia l’envoie sur le Soleil », clarifia Luna. « J’ai décidé qu’il était nécessaire de lui montrer qu’il était en sécurité. »

« Et qu’est-ce qu’il a fait quand tu l’as embrassé ? »

« Rien, juste pendant un instant. Je pense que je l’ai pris par surprise. En vérité, le regard sur son visage était très plaisant. »

« Il embrasse bien ? » Cadance se pencha un peu plus.

« Une dame ne parle pas de ces choses, ma nièce », ricana Luna. « Une Princesse, toutefois, peut dire catégoriquement que les juments de Poneyville peuvent être déçues de ne pas l’avoir connu plus tôt. »

« Twilight ne m’a jamais vraiment parlée des étalons à Poneyville. Je ne pense pas qu’elle en parle comme le feraient les autres filles », Cadance soupira. « Elle est toujours un peu naïve sur ça. Alors Mac n’a jamais connu beaucoup de filles ? »

« Nous-Je ne le crois pas. Il n’avait pas l’air très sûr de lui au départ. »

« Tu ne penses pas qu’il est puceau, n’est-ce pas ? Il y a cette rumeur… »

Luna soupira, exaspéré. « Vraiment ? Il y a toujours ce vieux conte de poneys ? On ne dévore pas les âmes des jeunes vierges ! »

« Non, je pense que tu préfèrerais dévorer d’autres parties d’eux », Cadance y ajouta un clignement d’œil.

L’expression de Luna s’assombrit. « Princesse Mi Amore Cadenza, tu penses trop. Nous ne sommes pas ta sœur, nous ne tolérons pas tes blagues aussi facilement qu’elle. Si tu es venue ici pour te moquer et insinuer des mensonges, alors tu peux retourner à l’empire de Cristal, tes services n’étant plus requis ici. Je suis la souveraine de la nuit, la Princesse d’Equestria et tu me traiteras avec le respect qui m’est dû. Est-ce clair ? »

« Comme du cristal », couina Cadance, tête baissée devant la colère de Luna, le museau presque au sol. « Je-je suis désolée. Je ne voulais rien suggérer concernant ta personne. »

Luna soupira en reprenant son calme. « Nous acceptons tes excuses, Cadance. C’est moi qui t’ai demandé de venir ici, et je ne devrais pas m’énerver contre toi. Nous avons bien peur que les années n’ont pas été très bénéfiques pour notre tempérament. »

« Est-ce que Mac sait que, euh, tu as un sacré caractère ? » s’aventura Cadance.

« Je pense qu’il le sait, en partie. Il était là la première fois que j’ai proclamé la fin de la Nuit du Cauchemar. »

Cadance osa lever sa tête en voyant Luna acquiescer, tremblant un peu. « De quoi as-tu besoin, exactement ? Des conseils de drague ? Des conseils pour coiffer ta crinière ? »

« Nous voulons comprendre… » Luna hésita en cherchant ses mots. « Les règles. »

Cadance cligna des yeux, penchant la tête d’un côté pour montrer sa confusion. « Les règles de… ? »

« Ça », Luna traça un cercle avec son sabot. « Tout ça. Comment gagner le cœur d’un étalon de nos jours ? Quand nous étions jeunes, il y avait des règles à suivre, un rythme pour les courtiser, comme si une liste devait être complétée avant de pouvoir officiellement être ensemble, mais maintenant ? On dirait que les poneys vont au rythme qu’ils souhaitent. Ils sortent avec un, deux ou trois à la fois, juments, étalons ou n’importe quoi entre eux. Plus de chaperons, plus de danses, plus de balades ensemble ! Comment une pouliche peut-elle savoir comment intéresser un poulain ? Comment pourrais-je savoir si je suis trop impatiente ou pas assez ? Je ne veux pas avoir l’air timide, ou lui faire peur en ayant l’air trop obsessif ! »

Luna finit par s’arrêter pour reprendre son souffle et Cadance ricana discrètement. « Oh, c’est TOUT ? » demanda-t-elle en passant devant Luna pour s’assoir sur le balcon, lévitant une tasse dans ses sabots pour le remplir de café chaud. Luna hésita, puis la rejoignit, toutes deux assisses ensemble et regardant les lumières de la ville endormie. Luna hocha la tête vers deux batponeys qui la saluèrent avant de retourner à leur patrouille nocturne. Elle sirota son café, et grimaça en le trouvant froid. Un bref éclair de magie plus tard, et la tasse fût à nouveau chaude.

« En vérité, il n’y a pas de règles de nos jours », commença Cadance. « Tu peux courtiser un étalon comme tu le souhaites. Certains prennent même l’initiative et courtisent les juments alors que la tradition veut qu’elles fassent le premier pas. J’ai même entendu dire que des poneys oublient la notion de troupeau et garde le même amant pour la vie. Juments et juments, étalons et étalons, juments avec deux étalons, étalons avec cinq juments, ce qui était la famille typique d’Equestria change constamment, et il y a autant de façons pour les poneys de tomber amoureux que d’étoiles dans ton ciel. »

« Mais comment savoir si ce que l’on fait est juste ? »

« Tu ne le sais pas. La réponse est qu’il n’y a jamais de BONNE chose à faire, il n’y pas de règles à suivre, ce n’est pas une partie de hoofball. La seule vraie règle est de faire ce qui te semble juste et ce qui te semble bien tant que vous le voulez tous les deux. Tant que Mac et toi vous vous amusez et que vous ne faites de mal à personne, qui suis-je pour te dire que ce que tu fais n’est pas juste ? »

Luna joua avec sa tasse, la roulant entre ses sabots tout en observant le liquide, regarder le reflet de ses étoiles sur la surface. « Et si je lui faisais peur ? » murmura-t-elle. « Tu les as vus. Combien certains me regardent comme quelqu’un à craindre, à approcher prudemment. »

« Bien sûr si tu parles des nobles de Canterlot », la voix de Cadance était plate et sans émotion. « Tu sais pourquoi ils continuent à dire ça de toi ? » Elle s’arrêta assez longtemps pour que Luna secoue la tête. « Parce que tu ne joues pas selon leurs règles. Celestia, malgré toute sa sagesse, sait que parfois elle doit s’adapter aux complots des nobles, mais toi ? Tu es celle que les poneys vont voir quand ils ont besoin de quelqu’un qui n’influencera pas leur décision. La cour de Celestia, comme tu l’as remarquée, est pleine de nobles, qui essaient de profiter du pouvoir. La moitié des requêtes et pétitions que doit gérer Celestia est faite pour augmenter leur puissance. Mais ta cour ? Tu as les gens normaux, ceux qui savent qu’ils auront la justice, qui savent que tu ne seras pas du genre à plier sous les intérêts de quelqu’un pour garder la paix. »

« Tu me fais passer pour une naïve », grommela Luna.

« Les principes », répliqua fermement Cadance. « C’est ce dont ont besoin les poneys normaux. Quelqu’un qui est prêt à ne pas bafouer leurs principes, sans se soucier des conséquences potentielles et c’est pour ça que les nobles ont peur de toi. Ils savent quelques choses sur toi, Luna, et ces choses les terrifient. Ils savent que tu ne toléreras pas leurs postures et, que ce soit vrai ou pas, ils savent que si tu le veux, tu peux aller dans leurs rêves, révéler leurs secrets les mieux cachés et utiliser ce savoir pour les ruiner. C’est plus sûr pour eux de traiter avec Celestia qu’avec toi. »

« Bien dit, nièce. Peut-être un peu moins développé que je ne l’aurais dit, mais tout à fait vrai. »

Les deux alicornes levèrent les yeux, surprises de voir qu’une troisième voix s’était ajoutée à leur conversation. Celestia descendait vers le balcon avec grâce et atterrit avec un doux bruit de sabots. « Mes gardes m’ont informés de ton arrivée, Princesse Cadance. Ce n’est pas difficile de deviner ce qui t’a amené ici. »

Luna laissa échapper un grognement ; ne pouvait-elle pas garder ses secrets ? « Ça ne te concerne pas, ma sœur. C’est une affaire privée entre Cadance et moi. »

« Oh mais si, Lulu. Toute cette situation me concerne que tu le veuilles ou non. Ton premier rendez-vous s’est passé sans problème, mais je peux assumer qu’il y en aura un deuxième, et un troisième et plus cela durera, plus le risque de te faire démasquer sera grand. Enfin, tu devras peut-être te montrer en public avec ton amant, ou les informations fuiteront et tout sera rendu aussi public. Je ne souhaite pas m’immiscer dans ta vie amoureuse, mais tu ne peux pas rester aveugle devant ce que tu crées. »

« Assez, Tia. Tu as exprimée clairement tes sentiments en tant que souveraine d’Equestria. Si tu es venue ici pour me faire la leçon et me prévenir concernant les indiscrétions, alors considère la leçon apprise et tu pourras nous laisser en paix. »

Celestia leva un sabot et Luna se stoppa. « Calme-toi, Lulu. Je ne suis là que comme ta sœur, et je ne viens pas pour me disputer avec toi », elle ricana doucement, « je n’ai même pas amenée ma couronne avec moi. » Et Luna remarqua qu’en effet, l’alicorne blanche était dépourvue de ses attributs royaux et se sentit un peu honteuse de lui avoir criée dessus avant de laisser une chance à Celestia de dire ce qui l’avait amenée ici.

« Comme je le disais », ajouta Cadance en brisant le silence qui s’ensuivit, « est-ce que Mac sait que tu as un sacré caractère ? »

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Un rendez-vous à Poneyville. Cela expliquait sa disparition.

Assis dans l’ombre du balcon de Luna, un simple batponey se pencha un peu, la Lune se reflétant dans ses pupilles. Il bougea lentement et étendit ses ailes avant de les rabattre contre ses flancs, ses longues oreilles tendues en écoutant chaque mot prononcé par les trois Princesses juste en-dessous de lui.

Il avait averti Luna encore et encore que ce balcon n’était pas un endroit approprié pour ce genre de discussions, qu’il était trop facile pour quelqu’un de venir les écouter mais elle n’avait jamais prêté attention à ses avertissements, le réprimandant pour être trop protecteur, trop suspicieux mais à cet instant, il était heureux de son entêtement.

Et il ne semblait pas être le seul. Un mouvement des rideaux plus bas dans les autres chambres montrait qu’il n’était pas seul à observer la Princesse. Les appartements de Blueblood, si il ne se trompait pas. Il se pencha un peu plus, le sabot glissant sur le toit pour avoir une meilleure vue.

Un autre mouvement du rideau et cette fois, son regard rencontra deux grands yeux bleus et il se maudit, réalisant trop tard qu’il avait bougé et s’exposait à la lumière de la Lune. Il se remit dans l’ombre, jurant de faire plus attention la prochaine fois. C’était déjà assez dur pour lui que Luna persistait dans cette relation mais il semblait que son intérêt avait été remarqué.

Il devrait faire très attention dans le futur. Il y avait tant à faire en si peu de temps. Il glissa de l’autre côté de la tour et décolla pour finir sa patrouille, il s’arrêta un moment pour regarder la maison de sa Maîtresse, sans expression lisible sur son visage.

Elle le détesterait, il en était sûr, mais il n’avait que des bonnes intentions. Il espérait qu’en temps voulu, elle comprendrait, même si elle ne le lui pardonnerait jamais pour ce qu’il s’apprêterait à faire.