A la longue, les deux crinières transpirantes de sueur (bon, la sienne au moins. Celle étoilée de Luna étant parfaitement arrangée) eurent raison d’eux et les poussèrent à accepter l’offre de Berry pour avoir un coin où récupérer.
Leur coin privé était juste derrière la piste de danse, séparé par un rideau pour aider à réduire le son de la musique. Mac le tint pendant que Luna s’y glissait et s’allongea sur l’un des longs canapés, le pelage luisant de sueur, les ailes toujours à moitié ouvertes et s’agitant d’excitation.
« Nous ne nous étions pas autant amusés depuis des années ! » déclara Luna. « Ces basses sont vraiment incroyables. Nous devons remercier Pinkie pour sa suggestion la prochaine fois que nous la rencontrerons. »
« Pinkie, hein ? » sourit Mac en s’asseyant de l’autre côté de la table de la Princesse haletante. « Ça explique beaucoup de choses. Je me demande comment tu as accepté. »
« Nous n’étions….pas entièrement convaincus que tout cela serait une bonne idée, mais on dirait que ton amie est une très bonne voyante. » Luna regarda autour d’elle un moment, laissant ses yeux glisser sur les photos aux murs d’artistes et musiciens venus au bar, remarquant les graffitis à quelques endroits.
« Gilda prend tout dans- » Luna cligna en voyant le reste de cette inscription rageuse. Elle ne savait pas vraiment qui était cette Gilda, mais elle doutait que cela serait le cas. Elle était quasi-certaine que cet acte aussi crûment décrit était impossible anatomiquement sans l’utilisation de magie et un minimum de trois partenaires.
Son regard continua à parcourir les murs avant de retomber sur son partenaire de danse qui la regardait curieusement. « Qu’en penses-tu, Mac ? »
« Hein ? Quoi ? » répondit Mac, semblant pris par surprise par la question en frottant son sabot contre sa crinière et baissant un peu la tête pour cacher la rougeur qui commençait à s’étaler sur son museau.
« Qu’en penses-tu, Mac ? Tu sembles être en pleine réflexion. » Luna posa ses pattes avant sur la table et s’avança pour regarder l’étalon devant elle.
« J’imagine que je me…demande comment papoter avec une Princesse », finit-il par dire. « Je ne parle pas à beaucoup de juments. A part AJ, mais ça ne compte pas. »
Le silence suivit son aveu pendant un moment interminable. Puis un autre. Luna sourit et finit par sortir l’étalon de son désespoir. « Respire, Mac. Si j’étais intéressé par un étalon qui peut remplir l’air de ses discussions ennuyeuses, j’en trouverais des dizaines à Canterlot. Il n’y a rien de mal à apprécier la compagnie en silence. » Elle fit une pause, pendant que le son des basses continuaient à se faire entendre. « Le silence est une notion bien relative en ce moment. »
Mac semblait soulagé et essuya la sueur qui coulait sur son front. « Je ne savais pas quoi faire quand ce moment arriverait », admit-il, dos au canapé pour se mettre plus à l’aise. « Quand c’est juste nous deux. Peu importe combien de fois j’ai pensé à ça dans ma tête, ça se finit toujours avec le silence entre nous deux. »
Luna ne pouvait pas résister à cette ouverture et s’avança un peu, battant des cils avant que son expression prit un air intéressé, quelque chose qu’elle avait appris à maîtriser pendant ses audiences nocturnes en écoutant pétition après pétition.
« Mince, Luna ! C’est pas juste », protesta Mac avec un rire, agitant un sabot vers elle jusqu’à ce qu’elle cède et lui tire la langue.
Elle se rassit avec un sourire satisfait. Il l’avait appelé Luna sans même y penser ! Un petit pas, mais c’était un début. « Mais ça t’a aidé à te détendre, n’est-ce pas ? »
« Oui. Si on allait prendre à boire ? Je crois que j’ai laissée des bouteilles au bar... »
« Tout est arrangé. Je t’ai promis de la nourriture fine et du vin, n’est-ce pas ? » Luna leva son sabot pour le faire rassoir, juste à temps pour que Berry Punch entre avec un plateau de nourriture qui semblait un cran au-dessus de ce que servait le bar. Mac renifla et était certain de pouvoir deviner les fragrances du café à quelques pas du bar.
Il résista à l’envie de dire quelque chose à Berry lorsqu’elle lui fit un clin d’œil et déposa deux bouteilles de la réserve de la Ferme de la Douce Pomme, hocha la tête vers la Princesse et les laissa à nouveau seuls. Il dirigea ses yeux vers la nourriture avant de voir que Luna le regardait comme un enfant qui attendait l’approbation, les yeux écarquillés et plein d’espoir en attendant son opinion sur la nourriture.
« ‘Du vin’, hein ? » Mac ne pouvait résister et sourit en prenant une des bouteilles pour la lui offrir. « A quoi devons-nous porter un toast ? Normalement, on, euh, se souhaite une bonne santé. Ça semble un peu bizarre de le faire avec vous ici et tout. »
Luna hocha la tête pour exprimer son accord, et réfléchit. Il y avait beaucoup de toasts historiques, beaucoup concernait sa sœur et elle, en vérité. Il y en avait entre clans, bien avant le temps de l’équilibre, et d’autres plus….secrets. Elle frappa la bouteille glacée avec un sabot, puis sourit lorsqu’une idée jaillit dans son esprit. Bien sûr, c’était parfait.
« Alors, buvons à ce qui t’as amené à moi, Mac. Buvons aux murmures de la nuit », et elle leva sa bouteille pour le saluer.
« Ça marche, Prin-Luna », s’accorda-t-il, frappant sa bouteille avec la sienne avec un gros clink avant de les boire.
« Et maintenant que les formalités sont faites », continua Lina, « mangeons ! »
Les minutes suivantes étaient, pour le dire franchement, un moment d’éducation pour Big Mac. Il ignorait comment une pouliche si fine pouvait manger autant en si peu de temps sans souffrir. Les piles de nourriture disparurent à toute vitesse avant qu’il le sache et il passa plus de temps à regarder ce spectacle qu’à véritablement manger.
Luna fit une pause, la bouche remplie de frites de foin, et regarda curieusement Mac avant de marmonner quelque chose qu’il traduisit comme « Tu n’as pas faim ? ». Il comprit rapidement qu’il était assis là, la bouche grande ouverte et retourna son attention vers sa nourriture.
« Vitesse impressionnante », dit-il en plongeant dans son assiette de frites de foin, mâchonnant le mets croustillant alors que le sel et la graisse remplissait sa bouche à chaque bouchée. « J’imagine que ce n’est pas le genre de choses que tu manges au château ? »
« En effet, non », dit Luna en s’essuyant les rebords de sa bouche avec une serviette. « Pendant quelques temps après notre retour, nous avons dû tolérer que les chefs nous servent des mets du passé d’Equestria. »
« Tu en as parlé avec eux ? »
« Oui. Je les ai informés que même si c’était très gentil de leur part, je préférais m’acclimater à ma nouvelle situation. Nous nous sommes accordés sur ce point une fois qu’ils ont arrêtés de ramper au sol en suppliant de ne pas être bannis sur la Lune. Nous y avons brièvement pensés mais leur cuisine n’était vraiment pas aussi mauvaise. »
Elle fit une pause et Mac la regardait curieusement, pas sûre de savoir si elle blaguait ou pas…..Son regard stoïque ne l’aidait pas. « Bien sûr », poursuivit-elle, « maintenant nous mangeons de la nourriture de nobles car nous mangeons rarement dans nos quartiers privés. Je te jure que j’ai compris que la complexité des plats s’est accentuée d’une façon inversement proportionnelle à leur taille. »
« Plus dur à faire et moins à manger, hein ? » résuma Mac et elle acquiesça. « Ça m’a l’air bien pour ces types prétentieux. Applejack m’a parlé des hors d’œuvres qu’elles avaient eu au Grand Gala Equestre », il fit une pause. « J’ai presque l’impression que je devrais m’excuser pour ce qu’à fait ma sœur là-bas. Cette petite cherche toujours à gagner de l’argent, que ça soit approprié ou non. »
« Un sentiment admirable, mais peut-être pas l’une des vertus les plus appropriés », convint Luna en prenant ce qui semblait un burger aux légumes. « J’ai hâte que l’opportunité de goûter à la cuisine d’Applejack se présente. »
Mac s’arrêta avec un burger à moitié avalé dans sa bouche, en imaginant Luna dans la cuisine avec des enfants courant entre ses sabots, ou peut-être dans le rocking-chair de Granny Smith, sirotant du thé et mangeant un beignet aux pommes. C’était une image tellement incongrue qu’il ne put retenir le sourire qui s’échappa de ses lèvres.
« Y a-t-il quelque chose d’amusant, mac ? »
« Noon. Euh…ouaip. Je crois, oui. Toi et moi, ici, faisant ça. Je veux dire, jusqu’où irons-nous si on choisit d’aller plus loin ? J’essaie de t’imaginer dans ma cuisine et….c’est bizarre à imaginer. C’est juste que ça semble…si loin de toi. »
« Ne laisse jamais quelqu’un dire qu’une vie simple est une vie moins importante, Mac », répliqua fermement Luna, en posant son burger sur la table alors que le ton de sa voix se fit plus pensif. « Les nobles de Canterlot se nourrissent de ce mensonge tous les jours de leurs vies. Souviens-toi, je n’ai pas toujours été une Princesse. Celestia et moi savons depuis longtemps que nous avons eu des journées où nous essayions d’échapper aux pièges de ces vies », elle fit une pause pour prendre sa boisson, et en prit une longue gorgée. « Mais au même moment, c’est là où nos vies nous ont menées. Nous avons choisi ce chemin en toute conscience, mais aucune d’entre nous n’a oublié ses racines. »
Luna reprit le burger avec sa magie, en y mordant un coup. « Mais ce sont des sujets pour plus tard. Est-ce cela dont parlent les couples lors de leur premier rendez-vous, Mac ? Cela semble être un sujet terriblement lourd dans une relation si jeune. »
Mac résista à l’envie de rétorquer, « Mais tout le monde ne sort pas avec une Princesse ! » mais au lieu de ça, s’assit pendant un instant, mâchant lentement en réfléchissant à sa réponse. « J’imagine qu’ils prennent le temps de se connaître. Ce qu’ils aiment faire, ce qu’ils font pour vivre, tous les petits détails qui font la personnalité d’un poney au-delà d’une belle apparence », il grimaça, « et tu le fais parfaitement. »
Il ne savait pas quoi attendre de cela, espérant un rire ou peut-être une serviette jetée en pleine tête ; mais il fut surpris de constater qu’elle avait baissé la tête pour se la cacher derrière la crinière avant de marmonner quelque chose d’incohérent, les joues rouges écarlates. « Nous ne sommes pas habitués à ce genre de compliments. »
Mac cligna des yeux. « Oh allez. Je sais qu’il y a des poèmes et des chansons faisant l’éloge de toi et Cele…Princesse Celestia. J’imagine que ces types à la cour n’ont pas peur de te flatter s’ils pensent que ça peut les aider. »
« Mais c’est la différence entre toi et eux. Tu m’as offert ce compliment sans y réfléchir, sans rien vouloir d’autre que d’observer ma réaction. C’était offert sans restriction ou motivation à part s’amuser un peu. Ces choses sont rares envers une Princesse », elle leva sa tête pour lui donner un sourire timide qui la faisait rajeunir et Mac ne pouvait s’empêcher de faire de même. « Merci, Macintosh. »
« Quand tu veux, Luna », la rassura-t-il. « Alors, maintenant qu’on sait de quoi parler, est-ce que tu veux commencer ? Qu’est-ce que tu aimerais savoir de moi ? Si tu as parlé à Pinkie, tu dois en savoir un peu plus. Cette fille sait tout sur tout le monde. Ça me dépasse qu’elle garde un esprit sain. »
Luna hésita, incertaine de savoir qu’elle serait sa première question. « Pinkie m’a aidé oui mais toi, Macintosh Apple, tu sembles êtres une énigme même pour celle qui sait tout à Poneyville. Elle m’a dit que tu restes discret, qu’elle en sait peu sur toi. Je dois admettre que je suis surprise que j’ai entendu dire que tu aimes pêcher. Je pensais que seuls les pégases aimaient ça. »
Mac hocha la tête et sirota son cidre. « Fluttershy sait ce qu’il y a à faire, mais la pauvre est trop gentille pour faire ça elle-même. Elle ne pose pas de questions, je ne lui mens pas. Je lui donne juste ce qu’elle a besoin pour les animaux- »
« Et elle te donne ce dont tu as besoin pour soutenir ta famille. »
Mac grimaça, regardant de gauche à droite comme si Applejack allait les entendre. « J’apprécierais que tu gardes ça bien caché sous ta couronne. AJ n’en sait rien. Je fais les comptes à la ferme alors c’est facile de cacher les pièces en plus. »
Luna baissa la tête. « Accepte nos excuses, Mac. Nous ne voulions pas mentionner cela ainsi. Pinkie nous avait prévenus que ce pourrait être un sujet délicat. »
L’étalon acquiesça. « AJ est beaucoup de choses. Elle est loyale, honnête, elle travaille dur mais elle aussi têtue qu’une mule. Si elle entend que j’ai fait ça pour l’aider, elle le prendrait un peu trop personnellement. »
« Mais pourquoi ? Ce n’est pas comme si tu étais malhonnête ou faisait des choses illégales ? Tu travailles pour le bien-être de ta famille. Applejack devrait te soutenir dans cette démarche ? »
« La fierté », lâcha Mac. « C’est ce qui la fait travailler jusqu’à épuisement en essayant de faire la saison de la pomme au panier seule. La même chose qui fait qu’elle et Rainbow essaie de voir qui est la plus coriace. Si ma sœur a une faiblesse, c’est sa fierté. »
« Ah », fût tout ce que Luna put dire. « Nous connaissons ce vice mieux que beaucoup de monde. »
C’était maintenant au tour de Mac de sembler confus. « Désolé si je fais remonter de mauvais souvenirs. »
« Il n’y a pas de mal, Mac », le rassura Luna. « Maintenant, il est juste de penser que c’est à toi de me poser une question en retour. »
« Euh, eh bien oui et non. Je n’ai pas vraiment répondu à ta question. Tu sais que je pêche, et j’imagine que ce que tu voulais vraiment savoir était ce que je faisais d’autre, hein ? Hum…voyons. Je chante bien, mais tu ne me verras pas mon nom en pleine lumière comme Octavia Philarmonica, mais j’aime penser que je sonne mieux que des clous sur un tableau noir. »
« J’aimerais t’entendre chanter un jour », répondit honnêtement Luna. « J’ai de très bons souvenirs de ma première danse avec un poney terrestre. »
« Des souvenirs ? Quoi, tu t’en rappelles ? J’imagine que ça veut bien dire que les poneys terrestres savent faire la fête. Bon à mon tour maintenant. » Il fit une pause en pensant à sa question. « Je sais que c’est mal de demander ça au premier rencard mais tu n’es pas comme les autres filles. J’imagine que tu n’as pas fait ça depuis ton, euh, retour ? »
Luna fit une pause avant de répondre, s’autorisant à sourire alors que la question lui ramenait des souvenirs d’autres étalons. Mais elle doutait qu’il voulait entendre cela maintenant, ou peut-être jamais ! « Non, tu as raison sur ce point », dit-elle en mangeant les restes du burger. « Cela fait bien longtemps que nous ne sommes pas…sortis », soupira-t-elle. « Nous avons eu des soupirants, il y a bien longtemps. Le dernier est parti peu avant mon exil. Son nom était Swift Spark. »
« J’imagine que c’était un pégase ou une licorne avec un nom comme ça ? Ça n’a pas l’air d’être un nom de type poney terrestre ? »
« C’est correct. C’était une licorne, en fait, d’un des villages au sud de la forêt Everfree. Il était venu à la cour demander de l’aide pour chasser une hydre qui s’était installée dans leur rivière. Certains des gardes avaient essayé de l’empêcher d’entrer, en lui disant qu’il n’avait pas pris le temps de se présenter. Il pensait aussi que son apparence rachitique n’était pas faite pour se tenir devant une Princesse. »
« Et qu’à-t-il fait ? »
Luna finit sa boisson avant de répliquer. « Ils les a transformés en plantes. » Elle sourit et gloussait en espérant ne pas recracher sa boisson. « Trois bégonias et un charmant lis si je me souviens bien. Il était très doué en magie, pas du même calibre que l’élève de ma sœur, bien sûr, mais personne n’est comme elle. Il entra avec fracas dans la salle de trône, se prosterna devant nous et nous supplia de l’aider. Au lieu d’envoyer un garde pour ça, j’ai pris moi-même soin de son cas. »
« Juste comme ça ? »
« Juste comme ça », confirma-t-elle. « Il a plaidé de façon très convaincante. Il avait aussi un très joli fessier qui était bien visible lorsqu’il se prosterna devant nous. J’étais assez jeune pour penser qu’un joli fessier était très motivant. »
Mac avait de la chance de ne rien avoir en bouche à cet instant, même s’il lança un regard en direction de Luna, pour le plus grand amusement de la Princesse. « Jeune ? Quel âge avais-tu à l’époque ? »
« Mac ! On ne demanda pas son âge à une jeune fille ! C’est normalement une question impertinente, mais nous nous sentons généreuse ce soir et nous allons laisser passer cette indiscrétion. J’avais… » Luna s’interrompit en réfléchissant. « Sais-tu que je ne peux pas exactement m’en rappeler ? ‘Tia doit le savoir, elle s’en sort mieux avec les dates que moi. La vérité était que nous étions déjà assez vieilles, mais c’était avant les temps sombres, avant Elle. »
Mac vacilla un peu, « Désolé de parler de ça. J’imagine que c’est déjà assez dur avec tous ceux qui croient que tu es encore Elle. »
« Certains ont du mal à croire en ma rédemption, oui, même trois ans plus tard. Ils semblent croire que j’attends que ma sœur baisse la garde pour replonger le monde dans les ténèbres. Tu ne m’as pas offensée, Mac. Il est difficile de ne pas parler d’Elle. Elle est, comment dire, l’ursa minor dans la pièce ? »
« Peut-être, mais ça ne veut pas dire qu’on doit parler d’Elle, surtout pas maintenant. Je sais que tu n’es plus comme ça. Si je le pensais, je ne serais pas ici ! Twilight s’est assuré que tout le monde le sache après ta visite lors de la Nuit du cauchemar la première année, et tu t’es assuré que tout le monde à Poneyville voit la Princesse et pas un croque-mitaine qui se cache dans l’ombre pour faire peur aux petits. »
« Twilight fût la première amie que nous nous sommes faites après notre retour, c’est vrai. Elle n’avait pas peur de nous, et a fait de son mieux pour nous réconforter et nous conseiller après que notre première approche ne se soit pas bien passée. »
« Tu avais été un peu dur », dit Mac en reposant son verre avant de regarder une nouvelle fois la Princesse. « Mais on change de sujet. Tu me parlais de Swift Spark. J’imagine que tout a commencé après l’hydre ? »
« En effet », Luna se pencha pour reposer ses sabots sur la table, assez près pour qu’elle puisse brosser son sabot contre le sien si il le voulait. « Les villageois étaient reconnaissants de mon aide ; ils ont insistés pour que je passe la nuit avec eux car ils allaient organiser une fête en mon honneur. C’était avant les temps sombres, avant que les petits poneys ne me craignent, moi et ma nuit. J’ai accepté chaleureusement, pour les remercier de leur bonté, et aussi pour être avec lui un peu plus longtemps et pour apprendre à le connaître. On a passé beaucoup de temps ensemble à la fête et juste avant que nous nous quittions à l’aube, nous nous sommes promis de nous revoir à Canterlot quelque jours plus tard. »
« Comment était-il ? » Mac se pencha un peu plus, et cette fois son sabot brossa le sien. Il hésita, recula le sien mais celui de Luna retourna contre le sien pour l’assurer que cette caresse était bienvenue.
« J’ai parfois pensé qu’il était né dans la mauvaise tribu », répondit-elle simplement. « Il était plus un poney terrestre qu’une licorne, une vérité. La plupart des licornes se reposent sur leur magie, mais ils n’ont jamais pensé qu’ils pouvaient trouver le bonheur dans le travail manuel. Je pense…que tu l’aurais bien aimé. Il appréciait le travail de la terre. Il était fasciné par la géologie et passait beaucoup de temps à explorer Equestria, même à des endroits où les poneys n’osaient pas aller », sourit Luna en se remémorant ces souvenirs. « Il était souvent frustré de ne pas pouvoir s’aventurer plus loin que les cavernes au-dessus de Canterlot. »
« Celles où la Princesse Cadence était retenue prisonnière par les changelins, tu veux dire ? » se demanda Mac. « J’en ai entendu parler quand les filles sont revenues à Poneyville. »
« Tu es très bien informé, Mac, oui, ce sont celles-là. Mais à ce moment-là, les raisons étaient différentes. Les cristaux avaient des propriétés magiques, car ils résistaient à la magie équestrienne. Il y avait eu des tentatives pour les exploiter mais à la fin, ce fût inutile car elles étaient trop dangereuses pour des mineurs. Et les propriétés magiques des cristaux empêcheraient toute tentative de sauvetage si cela était nécessaire. » Luna cligna des yeux et s’éclaircit la voix. « Mes excuses. Je pense parfois que je passe trop de temps avec les savants de Canterlot, tu n’as pas besoin d’une leçon d’histoire. »
« Non, mais ça me donne des indices sur qui il était. Même si il savait que les cavernes étaient dangereuses, et que la magie ne pourrait pas le sauver, il voulait les explorer et je peux respecter ça. Alors c’est une des choses qui t’a amené à moi ? Son amour de la terre, la partie de lui qui n’était pas entièrement licornienne ? »
« D’une certaine façon », Luna prit une gorgée de cidre, l’air pensif. « Des gens comme toi sont plus terre-à-terre, bien malgré vous, moins inquiets que les licornes, qui s’inquiète sur ce qui pourrait être, pas sur ce qui est. Les pégases peuvent aussi être protecteurs et arrogants, hédonistes aussi mais ils manquent parfois de compassion », elle bougea son sabot en parlant, laissant l’autre reposer contre celui de Mac. « J’ai une théorie personnelle », confia-t-elle, en regardant de gauche à droite avant de se pencher vers lui comme si elle avait lui révéler une information d’extrême importance. « Je pense parfois que leurs cerveaux marchent plus vite que celui des poneys terrestres et licorne, car ils sont sans cesse en mouvement. Je suis sûre que Twilight aimerait mener des études sur eux même si je pense parfois que la loyale Rainbow Dash ne serait pas d’accord pour être étudiée ainsi. » Devant le regard vide de Mac, elle ajouta, « ça veut dire non. »
Mac avait l’air amusé toutefois. « Ça doit être plus que ça, quand même. Surtout pour les poneys terrestres. »
« C’est vrai », et cette fois son sabot glissa sur le sien, le tenant légèrement en pensant consciencieusement à ses prochains mots. « Mais peu partagent ton amour de la nuit. Tu sors de l’ordinaire. Ton esprit est calme, et quand je touche tes rêves, c’est comme entrer dans une pièce pleine de poneys qui se taisent. Je trouve ta présence….apaisante », elle s’interrompit en voyant le regard de Mac et s’éclaircit légèrement la voix. « Ça ne veut pas dire que j’ai passé toutes les nuits à regarder tes rêves, c’est un de mes devoirs en tant que Princesse de la Nuit. J’ai regardé les rêves de nombreux poneys. Je…voulais juste dire que quand il était temps de voir de ton côté, ce n’était pas la même corvée qu’avec d’autres. »
« Je ne me souviens jamais de mes rêves », admit-il en pensant à ce qu’elle venait de dire. « ça semble être un fardeau pour toi. »
Luna cligna des yeux, penchant la tête d’un côté. « Un fardeau ? C’est un choix de mots intéressant, ou amusant, ou peut-être même embarrassant de voir les rêves de tant de poneys. Pourquoi penserais-tu que cela est un fardeau ? »
« Il y a plein de secrets dans les rêves, des choses qu’un poney ne dirait ou ne ferait jamais à la lumière du jour, des choses qu’il n’oserait pas admettre lui-même. Et il y a le rêve lui-même, qui doit être une version à la Discord de la réalité. Ça doit être assez dur de trouver les bons, encore plus de faire admettre aux gens ce qui leur fait peur dans les cauchemars. » Il tourna un peu son sabot pour mieux tenir celui de Luna. « Tous les espoirs et joie et peurs et colère mélangés, sans filtre et non censuré. Tu vois les gens comme personne d’autre ne le peut, tous leurs secrets, bons et mauvais, et tu les vois chaque nuit. Le poids de tout ça doit être pénible, toutes ces choses que tu sais sur les poneys qui t’entourent toi et la Princesse Celestia. »
Luna ne dit rien pendant un moment, mais le sabot qui serra le sien le serra un peu plus. « Et c’est pour ça que je suis ici, Mac. Tu comprends, tout comme il le faisait. Tu as vu que la couronne est autant un fardeau qu’un don. »
Sentant que la conversation pourrait prendre un tour sentimental, Mac leva le sabot de Luna de la table et l’embrassa tendrement. « Eh bien, il y aura beaucoup de temps pour qu’on apprenne à se connaître. Pour le moment, la nuit ne fait que commencer et je suis prêt pour retourner danser. Je pense qu’il y a quelques poneys là-dedans qui ne m’ont pas vu danser comme si j’avais des paratristes sous ma queue. Si on allait s’assurer qu’ils ne ratent rien du spectacle ? »
Luna sourit et ouvrit le rideau, emmenant Mac vers la piste de danse. Le son de la musique remonta pleinement dans leurs oreilles, les brillantes lumières aveuglant momentanément l’étalon en y remettant les sabots. Luna le suivit de près, se balançant un peu en pressant son flanc contre le sien tout en ouvrant son aile sur lui. Ce cidre était vraiment puissant, pensa-t-elle. Elle ne se rappelait pas de la dernière fois qu’elle avait bue autant pour ressentir un doux bourdonnement comme celui qu’elle avait maintenant.
Mac était surpris au départ mais il n’allait pas dire à une Princesse de ne pas le toucher et franchement, il ne voulait pas qu’elle arrête. Ça faisait longtemps depuis….En vérité, ça faisait longtemps depuis Cheerilee et le poison d’amour. En y repensant, il sentait toujours un peu de honte par rapport aux choses qu’il avait faites et dites, mais ça ? C’était bon. Il tourna sa tête pour câliner son cou, profitant de cette odeur désormais familière de lavande qui se mélangeait avec la sueur.
« Danse avec moi, Mac », implora-t-elle en revenant vers la piste de danse, un de ses sabots serré dans le sien, ses yeux bleus brillants. Comment pouvait-il dire non ?
Il y avait encore plus de poneys qui dansaient, l’alcool libérant leurs inhibitions alors que la nuit avançait et la piste de danse débordait de poneys serrés l’un contre l’autre, sabots levés en l’air pour saluer la licorne blanche qui menait la danse.
Vinyl Scratch était toujours à ses platines mais elle fut rejointe par une ponette rose à la crinière frisée. La tête de Vinyl pencha d’un côté, enlevant un de ses écouteurs pour entendre ce que Pinkie lui disait, un sourire taquin parcourant son visage alors que la fêtarde gesticulait sauvagement autour d’elle pour illustrer ce qu’elle disait.
Pour la seconde fois cette nuit, Mac prit possession de la piste en se laissant envahir par la musique, bloquant tout à part la jument contre lui, ses flancs et ses fesses glissant contre le sien comme si ils bougeaient en ne faisant qu’un. Les museaux se touchaient, les nuques étaient pressées l’une contre l’autre, les queues bougeaient en rythmes, se tortillant ensemble, les inhibitions disparaissant, tous les doutes disparaissant dans l’intensité du moment, noyés sous la simple joie d’une jument et d’un étalon qui jouaient ensemble.
Il n’y avait pas pensé, ne l’avait pas planifié, mais tandis que la chanson venait à sa fin, alors que la musique montait dans un crescendo qui faisait lever sur deux pattes les poneys, les sabots jetés en l’air, ses sabots trouvèrent les siens et ses lèvres le suivirent une seconde plus tard en pressant sa bouche contre la sienne. Luna gémit doucement dans sa bouche alors que leurs lèvres se rencontraient, les langues se rencontrant timidement avant de glisser l’une contre l’autre en approfondissant le baiser.
La musique disparaissait et les lumières reprenaient vie, et tout le monde dans la pièce put voir Luna et Mac s’embrasser passionnément au milieu de la piste de danse, les ailes de l’alicorne grande ouvertes, les deux perdus l’un dans l’autre….Jusqu’à ce que les acclamations démarrent.
Le sol trembla alors que les sabots frappaient d’approbation, l’air rempli de cris et sifflements. Les deux se séparèrent, rougirent, les yeux écarquillés en revenant dans la réalité.
Incapable de penser à quoi faire, résigné en comprenant qu’ils ne pouvaient plus se cacher, Mac se tourna vers Luna avec un sourire chaleureux sur ses lèvres et haussa les épaules avant de mordiller une de ses ailes pour que le couple se cache, afin de s’embrasser une fois de plus.
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