Épilogue
On va leur coller un mors dans la gueule.
Propos de Georges Clémenceau, chef de la délégation française, le 18 juin 1917, à l'ouverture de la Conférence de Paris, à propos des sanctions imposées à l'Empire d'Equestria.
La gare centrale de Canterlot bruissait d'activité. Des poneys passaient dans tous les sens, certains boitant, d'autres enlaçant leurs familles à la descente du train. En tout cas, nota Fluttershy, personne ne fait la tête.
C'était vrai. En grande partie du moins. Bien sûr, tous les poneys étaient amers qu'Equestria ait fini par perdre la Grande Guerre mais au moins, c'était terminé. Les blessés revenaient chez eux, les prisonniers étaient renvoyés dans leur pays, les familles se recomposaient, les amoureux faisaient tourner l'être aimé dans leurs pattes avant de l'embrasser.
Fluttershy donnait la patte à un humain, un allemand, assez grand aux cheveux noirs avec une belle moustache qui avançait avec difficulté. Il avait fait partie du 16° R.I bavaroise et avait été blessé lors du grand bombardement des Flandres. Il avait manqué de perdre la vue et aurait sûrement été aveugle si Fluttershy n'avait pas sauvé ses yeux d'abord en urgence dans la cour de la ferme du PegasusKorps, puis, par ses soins réguliers, à bord du Sabot Volant ou ici, en Equestria.
Aujourd'hui, le caporal était prêt à repartir chez lui en Allemagne et Fluttershy l'accompagnait jusqu'à son train. Le soldat ne parlait pas beaucoup, était plutôt taciturne. Pour la timide pégase qu'était Fluttershy, ça lui allait tout à fait.
Le couple s'arrêta devant le wagon du train à destination de Vienne que devait emprunter l'allemand. Alors que le caporal était sur le marchepied et remerciait Fluttershy de l'avoir aidé, la pégase eut un éclair de lucidité et lui tendit un paquet de livres.
_Tenez, lui dit-elle alors qu'il se saisissait des ouvrages. Je sais que le voyage peut-être long jusqu'à chez vous en Allemagne alors je me suis dis que vous seriez peut-être content d'avoir de quoi lire, dans le train et là-bas. Et aussi heu... sans vouloir vous manquer de respect, j'ai cru comprendre que heu... vous n'aviez pas beaucoup d'argent. Vous pourrez vendre les livres à quelqu'un après les avoir lus. Si c'est ok pour vous, je veux dire. Y a aussi un carnet de notes militaires. Je sais que vous aimez bien ça alors je l'ai heu... ajouté.
_Merci mademoiselle Fluttershy, dit le caporal allemand en coinçant les livres sous son bras. Vous me sauvez la vue et en plus, vous me permettez d'en profiter. Vous êtes exceptionnelle...
La pégase couleur soleil rougit du compliment.
_Je ne vais pas vous retenir plus longtemps mademoiselle Fluttershy. Je sais que vos amies vous attendent et ça serait impoli de ma part de vous garder auprès de moi. En tout cas mademoiselle Fluttershy, je voulais vous dire, quoi qu'il arrive dans le futur, pour Equestria, pour l'Allemagne, pour l'Europe, j'aurais toujours les poneys à un endroit particulier de mon cœur.
Fluttershy rougit encore plus, discuta encore un peu avec le soldat avant de s'éloigner. Si tous les humains avaient été aussi gentils que lui, le monde aurait tourné plus rond. Elle retrouva Twilight qui l'attendait juste à la sortie de la gare.
_Il a aimé mes livres ? demanda la licorne.
_Heu... oui. Je crois. Tu es sûre que ça ne te dérange pas de les lui donner hein ?
_Oh non non non non non, affirma Twilight avec un grand sourire, Gobineau et Chamberlain, j'en ai assez soupé. Maintenant que vous êtes toutes là avec moi, j'ai plus aucune raison de m'enfermer avec ces bouquins déprimants.
Fluttershy n'ajouta rien se bornant à suivre son amie jusqu'aux jardins royaux de Canterlot où le reste de leurs camarades les attendaient. Elles dépassèrent le mémorial orné du nom de Steelsmarts, qui avait empêché une catastrophe absolue par son sacrifice. Originellement le nom des frères FlimFlam avait aussi été ajouté mais quelqu'un avait gratté le marbre, jusqu'à en effacer l'inscription.
Pinkie, Rarity, Applejack et Rainbow Dash discutaient autour de la tombe de la Princesse Celestia, des fleurs au sabot. Elles attendirent que Twilight vienne déposer la première quelque chose au pied de la statue, un parchemin enroulé, pour jeter les fleurs à leur tour. Elles entourèrent Twilight quand cette dernière finit par pleurer de tout son saoul devant la tombe de l'alicorne.
Les six amies partagèrent ensuite un blanc, comme si elles ne savaient plus quoi vraiment dire maintenant qu'elles étaient toutes réunies, comme auparavant.
_Alors ça y est ? demanda Rainbow Dash, grattant machinalement le pansement qui couvrait la greffe neuve de sa patte avant. C'est fini. Comme ça.
_Eyeup, répondit Applejack.
_Ça fait bizarre, poursuivit Rainbow. Je veux dire trente mois à se battre, à lutter, notre groupe qui se sépare presque et puis on perd. Et la vie continue.
_Je crois que c'est ça l'important, déclara Fluttershy. Equestria a perdu la guerre mais nous, nous en sommes sorties. Rien que pour ça je suis contente. J'appelle ça gagner.
_Moi je suis contente que Cadence ait accepté l'offre de Fancypants de partager le trône avec Blueblood, dit Rarity. Le jour et la nuit, c'était trop de pouvoir pour un seul poney, même quelqu'un d'aussi puissant que Luna.
_On a des nouvelles d'elle d'ailleurs ? s'interrogea Fluttershy.
_Toujours disparue après avoir abdiqué en faveur de son neveu, déclara la licorne en haussant les épaules. Je pense qu'elle reviendra un jour. Quand elle se sera pardonnée à elle-même.
Elle marqua une pause.
_Je suis sûre que maintenant que cette horrible guerre est finie, les gens vont comprendre que nous avons fait une terrible erreur en nous y engageant. Ça servira de leçon pour les générations futures. Il n'y aura plus de guerre, je vous le promets. Les français ont déjà renommé la Grande Guerre la Der des Ders. La dernière des dernières.
_Je maintiens que ça fait zarb que tout se finisse comme ça, martela Rainbow Dash. Hey Twi ! Qu'est-ce que t'as déposé sur la tombe de la Princesse ?
_Mon dernier rapport sur l'amitié. Celui que je lui écrivais quand elle a été assassinée. Je l'ai laissé en plan tout ce temps et je l'ai fini ce matin. Je lui ai simplement écrit que l'amitié, la vraie amitié, pouvait survivre à n'importe quoi. Et même passer par-dessus une guerre.
Les ponettes partagèrent un soupir à la fois triste et à la fois enjoué. Le silence ne dura pas, vite coupé par la voix de Pinkie Pie qui se mit à chantonner.
_Bonjour Gummy, bonjour l'amour, bonjour tous les poneys,
Et cette fois-ci, c'est bien fini, de cette guerre pas gaie,
C'était dans les Flandres, loin des plateaux,
Qu'on devait laisser nos sabots,
Nous étions tous condamnés,
Mais on s'est pas sacrifiés.
D'instinct, les cinq autres ponettes se mirent à reprendre la chanson de leur amie rose en chœur, comme mues par une seule voix.
_Bonjour Gummy, bonjour l'amour, bonjour tous les poneys,
Et cette fois-ci, c'est bien fini, de cette guerre pas gaie,
C'était dans les Flandres, loin des plateaux,
Qu'on devait laisser nos sabots,
Nous étions tous condamnés,
Mais on s'est pas sacrifiés.
Elles chantèrent jusqu'à ce que la Princesse Cadence lève le soleil.
Un cahot tira le caporal allemand de son demi-sommeil. Impossible de dormir effectivement. Autant lire un peu les livres que mademoiselle Fluttershy lui avait si gentiment offerts. Il tâtonna et s'empara des premiers livres de la pile. De l'origine des espèces. Bof. Genèse du XIX° siècle. Pas mieux. Finalement, son choix se porta sur un petit cahier recouvert d'une écriture soignée. La page de garde indiquait être le deuxième carnet d'un certain Steelsmarts, ingénieur equestrien.
Le soldat tourna quelques pages au hasard avant de s'arrêter sur une théorie détaillée de stratégie militaire, s'appuyant sur l'utilisation des avions et de cette nouvelle arme anglaise, les chars de combat.
Intrigué, Adolf Hitler se cala contre la banquette défoncée et se mit à lire.
Vous avez aimé ?
Coup de cœur
S'abonner à l'auteur
N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.
Les créations et histoires appartiennent à leurs auteurs respectifs, toute reproduction et/ou diffusion sans l'accord explicite de MLPFictions ou de l'auteur est interdite. Ce site n'est ni affilié à Hasbro ni à ses marques déposées. Les images sont la propriété exclusive d'Hasbro "©2017 Hasbro. Tous droits réservés." ©2017 MLPFictions, version 1.2.7. Création et code par Shining Paradox, maintien par Sevenn.
Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.
Avec la hâte de recroisé ta plume, bonne continuation.
Avec cette phrase de fin : "Intrigué, Adolf Hitler se cala contre la banquette défoncée et se mit à lire."
Peut-on juste imaginer une suite des plus palpitante? Bien sûr, comparer à la Grande Guerre, celle-ci contient une trame bien plus sombre et même horrible de notre histoire, mais pourquoi ne pas tenter un écrit la dessus?
(Dommage d'ailleurs que certaines de nos héroines soit à l'origine de la folie de ce personnage...)
"Ce postface n'a pas pour but de donner une quelconque leçon d'histoire, ou de réflexion"
Je pense au contraire que cela fait réfléchir, d'ailleurs la fiction en elle-même fait réfléchir; vous décrivez bien des scénes de batailles et de souffrances, ainsi que les ressentis des personnages, leur doutes, leur peurs mais aussi l'espoir que cela cesse.
Personnellement aprés lecture, je ne peux que repenser au cauchemars qu'ont vécu ces soldats.
Surtout qu'en ce moment, avec les cent ans de cette boucherie on ne peux qui réfléchir...
Aprés chacun sont ressenti et ces pensées, mais je pense que cette fiction est un bon exemple de réflexion sur cette guerre.
Pour ceux qui et de "creuser sur le sujet", sachez que pour moi le travail est déja fait, mais malheureusement, on dirait que tous ces exemples de barbarie n'ont pas fait changer les choses, l'humanité ne s'arrétera surement pas sur des débats politiques et des belles paroles, il n'y a qu'à voir ce qui ce passe dans le monde en ce moment...
Enfin, j'espère me tromper, seuls l'avenir nous le dira.