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Le guerrier écarlate

Une fiction écrite par LunarEmpire.

Chap 2

La nuit fut calme, je me dirigeai vers la salle de la veille, la sorte de « salle d'attente » si on peut appeler ça comme ça. Je demandai ce qui adviendrait des participants qui avaient gagné la première phase des combats, le vieux poney qui se chargeait des consignes me répondit qu'une fois son combat gagné, on était libre de faire ce que l'on souhaitait dans le campement ou dans les gradins. Dwiin et le griffon allaient sans doute en profiter pour prendre du repos jusqu'à la finale. Je partis donc attendre comme les autres, mais quelque chose attira mon attention, le griffon, il était là, mais pourquoi ?

 

« Hey, tu sais ceux qui ont gagné ne sont pas obligé de rester à attendre avec les autres, pourquoi es-tu ici ?

- Je suis ici pour demander si ce n'est pas possible de combattre plusieurs fois, ça pourrait faire avancer les choses plus vite. Tous ces bras cassés ne savent probablement pas se battre donc autant qu'on ne soit pas trop nombreux lors de la grande finale, non ? »

 

Quelle prétention, pensai-je.

« Oui, c'est une façon de voir, mais ce serait injuste de ne pas laisser sa chance à chacun, non ?

- Ah ah ah ! Ne me fais pas rire l'ami ! Vous êtes tous trop ridiculement faibles pour arriver à me tuer ! C'est pour ça que je préfère ne pas perdre de temps inutile avant de rentrer chez moi !

- Ah ! Quel égo surdimensionné tu as là ! Ça m'étonnerait que personne n'arrive à te défaire !

- Et pourquoi cela, je te prie ? Tu vois quelqu'un dans cette salle capable d'arriver au niveau de ce que tu m'as vu faire hier dans l'arène ? Je te le demande.

- Oui et il se trouve face à toi l'ami. Face à moi tu n'as aucune chance !

- Toi ?! Oh, pitié ! Comment toi, Kendov Sahqon, pourrais-tu venir à bout de moi ? Je te le demande, me répondit-il en me regardant fixement.

- On n’a pas été présentés, comment connais-tu mon nom ?

- Oh ! Il y a bien des choses que je sais mon ami, ne t'en fais pas.

- Dis-moi où as-tu entendu mon nom, charogne ! Ou je peux te promettre qu'il y aura effectivement un participant de moins lors de la finale ! hurlai-je en le plaquant contre un mur.

- Pas d'empressement mon ami, à quoi cela t'avancerait de savoir d'où je te connais ? J'ai très bien pu surprendre une conversation, ou bien voir ton nom sur la liste des inscrits. Les possibilités sont infinies alors pourquoi s'énerver, juste pour un nom ? Je te le demande.

- Ce nom signifie plus de choses que tu ne peux l'imaginer 'mon ami' alors ne t'avises pas de l'utiliser à la légère ! Et tu as intérêt à me dire où tu l'as entendu !

- Oh oh ! Monsieur le poney n'est pas très patient on dirait ? Je te propose quelque chose, sort vivant des phases éliminatoires, et ensuite peut-être que je te dévoilerai ce que tu veux entendre. Qu'en dis-tu ?

- J'en dis qu'il ne te reste plus qu'à prier ton Dieu quel qu’il soit pour que je ne passe pas ces phases, sans quoi tu te verrais perdre quelques centimètres de manière définitive et irréversible.

- Eh bien, qu'il en soit ainsi dans ce cas, rendez-vous dans l'arène, ou en enfer si on ne se retrouve pas avant.

- Notre combat résumera très bien l'image que tu te fais des enfers ! Tâche d'être préparé, je ne voudrais pas te tuer trop rapidement !

- L'enfer a été créé avec mes griffes mon petit poney, tu as pu avoir un avant-goût hier ce n'est pas vos petites armes qui me font peur !

- Permets-moi au moins de te demander ton nom, 'mon ami' si déjà tu connais le mien, mettons-nous sur un pied d'égalité.

- Il n'y aura jamais d'égalité entre nous, mais si ça peut te faire plaisir, mon nom est Sisargh.

- Très bien Sisargh, ce sera donc ça que j'écrirai sur ta tombe si je daigne t'en accorder une !

- L'humour ne te sauvera pas dans l'arène, allez, retourne à ta place on va bientôt appeler les concurrents suivants. »

 

Déjà lors de son combat il ne m'avait pas inspiré confiance, mais là, il n'avait vraiment rien fait pour s'accorder ma sympathie. Le fait qu'il me connaisse me perturbait encore... Je détestais ne pas connaître ceux qui savaient qui j’étais. Il avait un esprit plutôt joueur et hautain mais il ne plaisantait pas quand il avait dit qu'il était doué dans l'arène. Je devais garder à l'esprit que j’étais face à un griffon qui avait exécuté de sang froid la quasi-totalité de ses adversaires, sans armes qui plus est. Je devais rester sur mes gardes, il ne faisait pas dans les sentiments lui, il tuait sans hésiter pour sa liberté… Et j'allais devoir faire de même. Mais pour l'heure il fallait rejoindre la salle d'attente afin de savoir qui allait se battre ce matin.

 

Une fois de plus mon nom ne sortit pas lors de l'appel. Même si ce n'était que le deuxième jour, je commençais à m'impatienter. En allant dans les gradins je me rendis compte qu'un certain zèbre me suivait à la trace :

« Tu sais Dwiin pas la peine de marcher dans mon ombre, l’interpelai-je.

- Désolé, l'habitude.

- Mmh, tu viens regarder le combat de ce matin avec moi ?

- Pourquoi pas. »

 

Nous nous étions alors assis et avions commencé à observer les combattants de la matinée. Nous avions devant nous un grand terrestre barbu avec une hache, quatre pégases avec des dagues, deux griffons avec des lances et trois licornes avec des épées. Cependant une licorne attira mon attention, elle tremblait comme une feuille, transpirant, il tenait mal sur ses sabots et son armure était mal mise.

 

« Il lui arrive quoi à celui-là ? demandai-je en pointant la licorne du sabot.

- Aucune idée, malade peut-être ? me répondit Dwiin en haussant les épaules.

- M’ouais... On verra bien. »

 

Le combat commença au signal des princesses.

 

Les deux griffons ouvrirent le bal en visant deux pégases avec leurs lances, les touchant en plein cœur. Les deux pégases tombèrent au sol.

 

« Imbéciles... marmonna Dwiin.

- Pourquoi tu dis ça ? »

- Dis-moi avec quoi ils vont se battre, maintenant que leurs armes sont plantées dans les cœurs des pégases ? »

 

Il marquait un point, ce n'était vraiment pas malin de jeter son arme de la sorte en plein combat. Leur erreur ne tarda pas à se faire punir, les deux pégases restant plantèrent leurs dagues dans les gorges des griffons. Pendant ce temps la licorne tremblotante n'avait toujours pas bougé. Les deux pégases tentèrent de continuer vers le terrestre, qui se fit un plaisir de les accueillir avec sa double hache, une lame pour chaque gorge. Deux licornes avaient tenté de profiter de la diversion pour tenter de le frapper dans son dos, mais le temps de se retourner et c'en était fini d'elles. Ne restait donc plus que le terrestre et la licorne tremblante, ses tremblements s'étaient d’ailleurs intensifiés à la vue du bain de sang engendré par le combat. Je venais de comprendre ce que ressentait ce poney, il avait peur. Le terrestre s'approchait lentement de la licorne, cette dernière reculant cherchant une issue du regard, en sachant qu'il n'y en avait pas. Le barbare jeta un dernier regard aux princesses avant de décapiter la licorne. Je restai sans voix face à un tel spectacle. Malgré les monstres qu'il y avait dans ce tournoi, certains étaient venus sans savoir se battre ni manier une arme… Qu'est ce qu'il imaginait ? Il voulait sans doute tenter de se battre pour éviter de passer directement à la potence, mais à quoi bon ? Quand on voit le résultat on se le demande...

 

Dwiin se leva quelques instants plus tard.

 

« Tsss, encore un faible, siffla-t-il.

Ses paroles eurent sur moi le même effet qu'une douche glacée.

- Pourquoi dis-tu cela ?

- Ce monde n'accepte pas les faibles, la preuve, dit-il, en pointant du sabot le centre de l'arène.

- Oui mais tous les faibles méritent-ils une mort si horrible ?

- C'est pas en faisant des sentiments que tu sortiras vivant de l'arène, Ken', sache-le.

- Tu as sûrement raison... »

Même si au fond je ne l'espérais pas...

 

Après le combat du matin venait l'heure du déjeuner, toujours la même bouillie infecte et dépourvue de goût, mais tous les concurrents avalaient leurs mixtures sans broncher. On a pas l'habitude de se plaindre quand on est esclave, encore moins lorsqu'il s'agit de nourriture. J'étais personnellement déjà content d'être nourri ce n'était pas pour râler sur la qualité de la nourriture et puis des calories supplémentaires ne sont jamais de refus lorsqu'on se bat pour rester en vie. Les repas étaient silencieux, c'en était pesant, rien pour briser le silence de la mort, la mort qui plane sur chacun de nous. La mort, le seul destin commun à tous, la seul chose qui nous rassemble à la fin du chemin car qu'importe celui que l'on empreinte c'est là que l'on finit, c'est la dure fatalité de la vie. Alors autant s'y rendre le plus tard possible, c'est ce que je m'étais dis en tout cas. Quoi que les autres se disent je ne suis sûrement pas le seul à ne pas être décider à mourir ici, les regards noirs que se jettent les concurrents ne trompent pas, nous sommes déterminés à changer de vie. Manque de chance, seul un des 120 participants obtiendra ce qu'il désire le plus, le reste ira nourrir les asticots. Si ça ne tenait qu'à moi je ferais en sorte que nous soyons tous libérés, avec la vie que nous avons eue nous méritons notre chance. Mais hélas ce n'est pas possible, et Dwiin avait raison en disant que ce n'est pas avec des sentiments que je m'en sortirai dans l'arène ; la joie, la peur, la tristesse, tout ça c'est seulement si on gagne ou que l'on perd, pendant que l'on combat on a pas le temps de penser à tout ça. D'ailleurs il fallait que je me dépêche ce qui me servait de repas avant que l'on appelle les combattants de l'après-midi. J'ai commencé à prendre l'habitude de ne pas entendre mon nom durant l'appel des matchs. Et ça commençait à m'ennuyer, Dwiin lui pouvait passer le reste du tournoi dans les gradins sans problème alors que moi je dois toujours être présent lors des appels, pour au final retourner sur le banc des spectateurs. Certes il n'y a pas que des mauvais côtés mais j'aimerais assurer ma place en finale assez rapidement.

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