Prologue

Je ne sais pas pourquoi je suis dans cette charrette aujourd'hui. Ah si, j'y suis car je suis gladiateur, mais depuis quand et pourquoi je suis gladiateur ? Ah oui, je suis gladiateur depuis que je ne suis plus esclave et parce que c'était soit ça, soit la pendaison. Pourquoi je n'ai pas choisi la pendaison déjà ? Uniquement parce que je suis né pour me battre, et que c'est en me battant que je suis devenu un esclave, j'avais perdu évidemment... Mais c'est en me battant que je regagnerai ma liberté. Oui, c'est pour ça que je suis ici dans cette charrette aujourd'hui, autour de ces poneys que je ne connais pas, qui me dévisagent, qui voudraient me tuer avant même d'arriver dans l'arène. Zèbre, pégase, griffon, licorne, nous nous battrons tous pour la même chose durant la semaine à venir, nous sommes plus d'une centaine pour un seul ticket gagnant, un ticket pour la liberté.

Les souveraines avaient constaté une hausse plutôt importante du nombre d'esclaves, et en avaient apparemment assez que le pays montre un tel progrès, donc plutôt que de nous offrir à tous la liberté elles avaient envoyé dans toutes les bâtisses contenant des esclaves, des inspecteurs afin de nous laisser le choix entre une mort certaine et une infime chance de survie, mais de survivre libre. Il faut croire que ces equestriens ne sont pas très braves, ou courageux, puisque tous ceux qui vont tenter leur chance seront ici cette semaine et que nous sommes uniquement une centaine. Enfin je ne vois pas de quoi je me plains, ça fera plus de chances de devenir libre, bien que je ne compte plus sur la chance depuis longtemps. Je sens qu'on arrive, les cris de la foule impatiente de voir des êtres vivants s’entre-tuer, le sol poussiéreux et poisseux, et surtout le conducteur de la charrette qui beuglait : « Ok les moins que rien ! C'est ici que vous allez essayer de racheter vos pitoyables vies ! » Il pointait l'arène du sabot, grande et majestueuse, un frisson me parcourut le corps, « Oui c'est là que je me battrai et que je triompherai ! » me disais-je. Nous arrivions devant le guichet pour l'inscription au 'petit tournoi' organisé par ces majestés, ou plutôt pour l'inscription à la morgue pour 90% d'entre nous. J'étais le dernier et sur la liste étaient inscrit 119 'candidats' j'étais donc le 120eme. « Votre nom ? » me demanda le poney chargé de la liste. « Kendov Sahqon » lui répondis-je, c'est ainsi que je me nomme, depuis ce fameux jour, cela signifie 'guerrier écarlate' dans ma langue natale, et puis ça collait bien avec ma fourrure rouge.

Nous étions tous regroupés dans une petite salle attendant la suite des événements, après une longue attente un poney gris et vieux s'avança et réclama l'attention de tous :

« Chers brutes, chers barbares, écoutez-moi je vous prie, vous êtes 120 participants à tenter votre chance pour rendre votre vie meilleure, les dirigeantes ont donc décidé que vous alliez vous battre dans un match à mort par groupes de 10. Un groupe le matin, un groupe l'après-midi, un survivant par groupe, et ce durant 6 jours. Le septième sera la finale qui opposera tous les gagnants de la semaine et le dernier survivant aura gagné sa liberté. Le premier groupe va être appelé sous peu, vous choisirez votre arme avant d'entrer dans l'arène. Des questions ? »

Le silence fut sa seule réponse. Je ne fus pas appelé pour le premier groupe, je me suis donc installé dans les gradins afin d'observer mes adversaires potentiels.