Chapitre 2: Retour à l'anormal

Quand j'ouvre les yeux, je réalise que je suis à nouveau dans mon bureau. Je pose le plateau sur une table intacte car l'autre avait été coupée en deux par la téléportation.

Je note pour plus tard qu'il faudra essayer de mesurer le rayon de la zone téléportée. À vue de nez, environ 2m 33. Mais pas dans toutes les directions. Est-ce que le cristal s'adapte pour transporter uniquement certains objets ? Je me pose cette question car le sol semble intact et mon pot à crayons a basculé dans le trou de la table sans être coupé. Et pourquoi ai-je été touché depuis si loin ?

Quelqu'un toque à la porte et j'entends la voix d'un collègue : "David ? Tu es là ? Je peut entrer ?" Je réponds, un peu paniqué : "Oui, Stéphane ! entre" Et zut... moi qui croyais avoir un peu plus de temps devant moi.

Quand il passe la porte, il s'arrête sur place, hésite quelques secondes puis me demande : "Mais... Mais qu'est-ce que tu as foutu ?!" tout en regardant alternativement la table coupée et l'étrange diamant sur l'autre table.

"Doucement ! On se calme. Je peux tout t'expliquer. Le seul souci c'est que si les autres débarquent je ne saurai pas quoi leur répondre. Et puis je risque d'être viré pour non-respect des consignes de sécurité."

"Alors ?"

Dois-je lui dire la vérité ? Pour l'instant je prends des précautions :

"Alors... Tu sais que j'ai passé la soirée ici à bosser ? Et j’ai eu la mauvaise idée d'essayer de faire une machine à mouvement perpétuel. Tu me connais : quand j’ai une idée, je me laisse très facilement distraire. Et puis surtout, je me faisait profondément chier."

"C'est ce cube, c'est ça ?" me demande-t-il en se rapprochant du cristal.

"Oui, mais, ne le touche surtout pas ! Du moins quand il n'est pas totalement transparent."

"Il change de couleur en plus ? Je veux le même à la maison !"

"J'ai dû me planter quelque part parce que ce cube désintègre tout ce qu'il touche sauf le carbone. Il faut juste le recharger avec un courant électrique et puis il fait des trous dans les tables. Le problème, c'est que je l'ai alimenté trop longtemps alors il a fait comme une décharge et a coupé la table." C'est un mensonge par omission alors je ne culpabilise pas trop de mentir à mon meilleur ami. Il saura bien assez tôt ce qui s’est réellement passé.

"À mon avis, tu devrais éviter d'en parler au chef. Et puis trouver une boîte pour éviter les catastrophes. Tu as de la chance de ne pas avoir été touché !"

"Oui. D'ailleurs, ça ne te dérangerait pas de m'en faire une avec le prototype ? Avec une trappe et un bouton connecté à un circuit électrique pour le recharger. Le tout en carbone." je passe peut-être pour un tir-au-flanc mais j'ai autre chose à faire et je sais qu'il est bien meilleur que moi en modélisation. C’est peut-être d'ailleurs à cause de mes lacunes en modélisation sur ordinateur et à un gros coup de bol que j’ai créé ce cristal.

"Pas de problème. De toute façon les autres m'ont confirmé que l'on pouvait dès à présent imprimer un peu tout ce qui nous chante dans la mesure où on utilise pas de matériaux coûteux. Personnellement je compte faire du diamant. Histoire de... tester la précision de la machine."

"Merci ! Tu me sauves la vie parce qu'entre la table à faire disparaître, mon travail d'hier soir à finir, la réunion dans une heure à peine..." Et puis surtout réfléchir aux conséquences de mon voyage.

"À dans une heure alors ! Au fait ! Pas mal ces lentilles !" Je n'ai pas le temps de demander de quoi il parle qu'il a déjà claqué la porte. J'ai comme un mauvais pressentiment mais c’est bien la dernière de mes préoccupations pour le moment.

C’est l’heure de faire le point : personne n’a remarqué ni mon absence, ni que ma voiture est restée toute la nuit sur le parking. Personne n’est donc au courant de rien ici. Et… C'est moi ou je viens de mentir à mon meilleur ami alors que j'ai directement avoué la vérité à Twillight ? Maintenant je dois me mettre au boulot si je veux éviter que quelqu’un d’autre ne voie les dégâts de la nuit dernière.

Après avoir démonté le reste de la demi-table et l'avoir jeté dans la benne pour les déchets encombrants, je me remets à ma place habituelle où m'attend mon bloc-notes avec mes travaux de la veille. En réalité, j'avais déjà fini ma part de travail et je n'ai qu'à finir une ou deux molécules inachevées. L’air de rien, ça m’a pris 4 heures hier soir pour finir. Depuis la mise au point du prototype, le rythme avait été considérablement augmenté pour pouvoir finir les tests et continuer les recherches dans les autres domaines scientifiques avec l’aide des nouvelles technologies que nous venions de mettre au point.

J'ai maintenant encore un peu de temps pour réfléchir avec qui partager ou non ma découverte. Voyons voir :

Stephane, mon meilleur ami depuis quelques années : quand le moment sera venu pour éviter que son excès d'enthousiasme habituel me cause des ennuis. Il est parfois... impulsif...

Mes autres collègues : que s'ils me demandent précisément ce qu'il s'était passé ou bien décident de recréer un autre cristal en fouillant l’historique du prototype.

Ma famille : je ne vois pas pourquoi. On se parle si rarement que je doute qu’ils remarquent mes futures absences.

La princesse Célestia : sûrement. Elle saura me dire quoi faire.

Les autres poneys : sûrement pas à tous... je verrai bien qui est digne de confiance.

Je réalise encore une fois que je fais plus confiance aux poneys qu'aux humains. C'est un peu logique non ? Ils sont presque tous très amicaux, dignes de confiance et parfois presque naïfs. La preuve : Twillight m'a cru directement après notre rencontre alors que même Stephane que je connais depuis plus longtemps ne m’aurait pas cru... C'est étrange d'ailleurs : même si elle est souvent très amicale avec les inconnus (par exemple dans l'épisode de la première apparition de Zecora), là elle s'est montrée... Je ne sais pas... Un peu comme si elle avait déjà compris la vérité sur mon identité avant que je ne me réveille... Peut-être a-t-elle ouvert mon bloc-notes ! Elle aurait compris que j'avais menti sur mon nom et peut-être même déduit que je venais d'ailleurs. C'est pas grave après tout : moi aussi j'aurais cherché à apprendre le plus possible d'une personne avant de la rencontrer.

Il est bientôt l'heure de la réunion alors je prends mon fidèle bloc-notes avec moi et pars en direction de l'ascenseur.

La réunion se passe bien et mes collègues sont satisfaits de mes travaux de la nuit dernière. Cependant, certains ont l'air perplexe pour une raison qui m'échappe. Surtout lorsqu'ils croisent mon regard. Soudain, le commentaire de Stephane sur mes lentilles me revient à l'esprit. Après la réunion, je me rends immédiatement dans les toilettes les plus proches pour utiliser le miroir.

L'espace d'un instant je vois le pégase que j'avais été il y a deux heures à peine, puis, après un clignement des yeux, je revois mon "vrai" visage... à un détail près : mes yeux étaient turquoise au lieu de leur couleur noisette habituelle.

Cela me fait un peu froid dans le dos. Et si ce changement n'était pas le dernier ? Et si je me transformais en pégase comme dans certaines fanfictions basées justement sur l'univers de Mon petit poney ? Et si je perdais mon identité ? C'est peut-être un effet secondaire de mon voyage. Et qu'est-ce que je pourrais dire sinon la vérité aux gens qui me verront ?

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La journée de travail est finie. Mon anxiété de tout à l'heure est passée et j'ai prudemment rangé le cristal dans sa nouvelle boîte.

Chez moi, je prends une douche en arrivant. Une autre surprise m'attend : ma cutie mark est apparue sur chacune de mes fesses. Je recommence à m'inquiéter sur les limites de ces changements. Pour l'instant, Il s'agit seulement de changements de couleurs de pupille et de peau. Mais après ? Et si cela arrive en public ?

J'ai désespérément besoin de me changer les idées, alors je mange rapidement un plat réchauffé au micro-ondes puis je me prépare à mon prochain voyage. Je sais que là-bas, je n'aurais pas à affronter mes soucis. Et puis j’avais dit que je reviendrais sûrement le soir.