Opération, Négociation

Il apparut que la rumeur sur les jaffas s'était répandue à travers Ponyville. Entre les récits des infirmières à l'infirmerie et l'arrivée impromptue de Celestia au village, la nouvelle avait traversé le village comme une traînée de poudre. Bien que la majorité des poneys n'avaient que les grandes lignes, ils en savaient assez pour voir le danger pour Ponyville et Equestria. À la surprise modérée d'O'Neill, malgré leur nervosité face aux humains, les poneys réagirent avec bien plus de courage qu'il ne s'était attendu lorsque Rainbow Dash et Applejack leur demandèrent leur aide.

Résultat, le lendemain matin presque toutes les licornes et terrestres de Ponyville étaient réunis entre Sweet Apple Acres et les plaines au-delà, avec un véritable nuage de pégases sur le côté, assis, voletant ou filant librement aux alentours tout en se parlant entre eux. Dash n'avait pas juste recruté le gros des pégases de Ponyville, mais était allée à la cité volante de Cloudsdale et fait jouer quelques faveurs parmi les aériens là-bas. O'Neill songea à part que si « la cité volante de Cloudsdale » ne suffisait plus à questionner sa santé mentale, alors il avait été sur cette planète un peu trop longtemps.

Les poneys lui jetaient toujours des regards nerveux, mais la présence d'Applejack et de Rainbow Dash semblait les rassurer. Avec l'aide de ses deux lieutenants, il forma deux plus petits groupes de volontaires à partir des grandes masses et il leur donna leurs ordres et leur armement. L'équipe terrestre spéciale revenait seulement après avoir placé les paniers de fruits tandis qu'O'Neill et Dash finissaient de briefer l'équipe aérienne spéciale sur leur tâche.

O'Neill attacha la dernière grenade fumigène autour du coup du dernier membre de l'équipe aérienne. La pégase, une petite jument à la robe grise et au crin blond, ainsi qu'une marque en bulles sur son flanc, regarda son "collier" avec une légère appréhension. Du moins O'Neill supposa que c'était de l'appréhension ; ses yeux étaient légèrement détraqués, d'où une difficulté à comprendre son regard.

« Ne t'inquiète pas, Ditz, » dit joyeusement Rainbow aux côtés d'O'Neill. « À la façon dont le colonel te l'a mise, elle est sans risque. Même toi tu risques pas d'avoir de problèmes. » Le poney sourit nerveusement à Dash, ou peut-être à O'Neill ; il n'en était pas sûr.

Il secoua la tête et se tourna vers Dash. La pégase fougueuse portait le harnais d'arme pris à Brind'l ; bien que ça pesait son poids, le harnais se fixait assez bien sur ses épaules pour qu'elle n'en soit pas gênée. Il ajusta les sangles, vérifia une dernière fois le harnachement et glissa une des radios du SG-1 dans une petite poche sur le côté. « Tu connais ton boulot, pas vrai ? »

Dash salua et lui donna un sourire féroce ; une expression prédatrice surprenante de la part d'un mignon cheval miniature. « De fond ne comble, chef. Donnez l'ordre quand vous voulez. »

O'Neill lui retourna brièvement le sourire et frotta sa crinière. « Bien. Mets ton équipe en position. » Il jeta un œil au ciel. « Bon boulot avec les nuages. »

Elle gloussa et balaya le compliment du sabot. « Tu en attendais moins ? » Elle fit un clin d’œil et se retourna vers les pégases occupés alentours. « Très bien les poneys, suivez-moi ! » Avec un petit peu plus de cajolements, elle obtint l'attention des aériens. Ils s'envolèrent à l'unisson, la multitude d'ailes faisant battre l'air autour d'O'Neill. L'équipe aérienne suivit leur capitaine dans le ciel, disparaissant derrière un nuage plutôt large qu'ils avaient mis en position hier soir.

Il les regarda jusqu'à ce qu'ils soient hors de vue, puis il se tourna vers Applejack. Il posa un genou devant elle et fixa une seconde radio dans le fourreau d'un harnais similaire à celui de Dash. « Parée ? » Demanda-t-il calmement.

Applejack sembla bien moins confiante que Dash et jeta un regard au très large groupe de poneys qu'elle était censée diriger. Elle inspira longuement et revint à O'Neill. « J'pense. J'veux juste pas voir d'poneys êt' blessés. »

Il secoua la tête. « Suis le plan. Suis mes ordres. Tu sais quoi faire. » Il pencha la tête devant la chienne assise en alerte près d'Applejack. « Et puis, tu as du soutien. »

Un sourire traversa le visage du poney lorsqu'elle regarda son animal domestique. « Eyup. Ces jaffas sont pas des vaches, mais j'crois ben qu'moi et Winona on va s'en sortir. » Winona aboya en une joyeuse approbation canine.

O'Neill flatta son épaule et se releva. « Très bien alors. Emmène tes poneys en position. » Applejack hocha la tête et inspira encore avant de se tourner vers les poneys rassemblés. Elle se mit à lancer des ordres et sa voix battit comme une cloche ; toute hésitation ou crainte en était absente. Après quelques minutes de coordination, elle et Winona menèrent le troupeau de poneys vers l'orée de l'Everfree Forest, en direction de la position pré-assignée, bien hors de vision des plaines.

Quand le dernier poney disparut de vue, O'Neill se mit à marcher vers le canyon, visible dans la distance. Ce n'était qu'à un kilomètre de sa position actuelle, et il se mit à y aller en foulées. Il leva sa propre radio aux lèvres, le pouce sur le bouton de transmission. « Toutes les positions, au rapport. »

Un petit rire filtra dans l'écouteur, suivi par la voix de Rainbow Dash. « Bien joué, colonel. Vous avez fichu les chocottes à Ditzy. »

O'Neill grommela. « Capitaine… »

Dash reconnut l'avertissement sous-jacent au mot et redevint vite professionnelle. « Je veux dire, équipe aérienne prête et en attente, colonel. »

Applejack activa la radio la suivante. « Équipe terrestre prête. »

« Équipe du canyon en position, monsieur, » dit la voix du major Carter.

« Parfait. Équipe aérienne, gardez l’œil ouvert et signalez toute approche des jaffas. » Rainbow confirma par radio et O'Neill remit la sienne dans son gilet tandis qu'il approchait le chemin menant au sommet de la falaise du canyon.

C'était un passage étroit, à peine assez large pour une personne, et qui allait et venait en cerclant le mesa entourant le canyon. Il n'était pas très gros en termes de montagnes, tout au plus une cinquantaine de mètres. Sa forme distincte était ce qui avait attiré l'attention du cartographe plutôt que sa taille.

O'Neill émergea sur le plateau du mesa du côté nord, là où le reste du SG-1 ainsi que Twilight Sparkle observaient les plaines. De là il pouvait voir le canyon ; la verdure des plaines devenait une herbe sèche ponctuée de rares arbres solitaires. C'était autrement un large espace ouvert, avec de hautes falaises et une seule voie d'accès. C'était tout ce qu'il pouvait espérait voir en si peu de temps.

Les autres se tournèrent vers lui à son approche, lui donnant de petits gestes de salut. Il salua Carter la première. « Tout est en place ? »

Elle fronça les sourcils, mais hocha la tête. « On est aussi prêts que possible ici. Je ne suis pas sûre que le C4 que nous avons amené ici suffira, cependant. »

O'Neill la jaugea du regard. « Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? Après tout, on a un tas d'autres options. » Le sarcasme évident dans sa voix fit grimacer Carter, mais elle approuva. « Carter, Teal'c, vous restez ici et vous vous tenez prêt. Daniel, Twilight, avec moi. On doit aller de l'autre côté de l'accès avant que… » Plutôt que de compléter sa phrase, il leva une main et se mit à compter sur ses doigts. Il en tint un, puis deux, puis trois.

Au même instant la radio prit vie et la voix excitée de Rainbow Dash grogna dans l'écouteur. « Colonel, ils sont en route ! »

O'Neill eut un rire bref. « Je déteste avoir raison. » Il leva la radio. « Entendu. Équipe aérienne un, à vous. Équipe deux, allez-y quand le ciel est dégagé. » Il relâcha la radio et fit signe de tête à Jackson et au poney. « De l'autre côté. Maintenant. »

Il se tourna, comptant courir le long du cercle intérieur du canyon ; la crevasse qui permettait l'accès au canyon n'était pas large, mais toujours trop large pour sauter par-dessus. Avant qu'il puisse faire un pas, cependant, une vive lumière apparut derrière lui et il sentit une faible pression envelopper son corps. Il se mit à lutter mais s'arrêta en tournant la tête et en voyant Twilight Sparkle user de sa magie, la corne luisant d'un violet brillant.

Elle baissa la tête, le visage concentré, et O'Neill comme Jackson flottèrent dans les airs, glissant doucement par-dessus la crevasse, leurs pieds touchant la terre quelques secondes après qu'O'Neill ait donné son ordre. Quand tous deux eurent pied, Twilight relâcha sa magie et lâcha un soupir sous l'effort. Elle respira encore plusieurs fois et sa corne se remit à luire, l'intensité augmentant vivement, une lueur d'un blanc éclatant au bout de sa corne…

… et dans un soudain pop, elle disparut de vue et réapparut une demi-seconde plus tard près des deux humains. Elle chancela tandis que la lumière disparaissait et Jackson se mit à genoux pour la retenir contre lui. Les quatre humains la fixèrent du regard, et tandis qu'elle reprenait son souffle elle sourit difficilement. « Voilà. »

Jackson, Carter et même Teal'c furent tous impressionnés par les capacités de la licorne. O'Neill grogna simplement. « Ne t'épuise pas trop tôt. On a toujours besoin de toi. » Il fit une brève pause, puis ajouta, « Beau boulot. » Il tira ses jumelles de sa veste tactique et se tourna vers le cercle extérieur du mesa, aussi proche qu'il pouvait du troupeau de jaffas en approche. L'instant d'après les deux autres le rejoignirent, et Jackson ouvrit un sac aux pattes de Twilight.

Levant ses jumelles, il vit la masse de corps bruns et gris grondant dans la plaine. Un petit nuage de poussière se soulevait, des mottes d'herbe et de terre volant dans les airs tandis que cent vingt sabots battaient le sol. Au-dessus du troupeau de chevaux terrestres, le reste de l'escadron équin ailé volait en formation. Cinq pégases tenaient l'allure au-dessus du troupeau principal en une aile volante, tandis que deux couples formaient une patrouille mobile, gardant un oeil pour les embuscades.

Malgré la prudence des jaffas, ils ne parvenaient pas à voler assez haut. Lorsqu'ils passèrent sous le nuage où se trouvait l'équipe de Dash, une paire de traits d'énergie éclatèrent de sous le nuage central, taillant l'air droit devant les pégases de tête et frappant le sol bien devant les chevaux terrestres. L'instant d'après Rainbow Dash émergeait, plongeant droit sur les formations. Elle était suivie par son propre escadron de poneys, la formation totale comptant trente paires d'ailes.

Les volants jaffas lâchèrent des cris d'alarme et brisèrent la formation, virant serré tandis que Dash lâchait deux nouveaux éclairs, à nouveau tirant sans mal au-delà des chevaux. L'attention des jaffas captée, les poneys quittèrent leur plongeon et virèrent vers l'est en volant par-dessus les montagnes pour se disperser en de petits groupes. Les pégases jaffas se reformèrent rapidement et filèrent après leurs assaillants, les tirs de leurs bâtons emplissant bientôt l'air.

Twilight grimaça aux côtés d'O'Neill, l'inquiétude visible sur son visage et dans sa voix. « Ooh, j'espère qu'ils s'en sortiront. Rainbow est une aile hors paire, mais elle peu être si fière… »

« Elle sait être prudente, » lui assura le colonel. Le troupeau devenait toujours plus visible tandis qu'il tempêtait à l'avant de son escorte aérienne, leur trajet encore distant d'un angle avec le canyon, en direction de Ponyville. « Elle a fait son travail. » Il leva les yeux au ciel. « Regarde. »

Les pégases jaffa partis, plus rien ne pouvait arrêter la seconde équipe aérienne. Ils apparurent de derrière le couvert nuageux, haut et à l'arrière du troupeau, et ils plongèrent comme un seul droit sur un point à l'avant des jaffas. Leur équipe était bien plus petite et chacun portait une grenade attachée à son cou. O'Neill distingua Ditzy à l'arrière, luttant pour suivre les autres.

Il activa à nouveau sa radio. « Équipe terrestre, en avant. » À peine avait-il donné l'ordre que les pégases en piqué rasèrent le sol devant le troupeau, chacun détachant sa grenade de son collier de corde avec ses sabots. La corde avait été nouée à la goupille de chaque grenade, et O'Neill se mit à compter en silence les secondes tandis que les grenades chauffaient. « … Trois, quatre lâchez-les maintenant… »

À son soulagement, tous le firent, laissant les grenades tomber au sol juste une seconde avant leur explosion. D'énormes flots de fumée s'éleva des grenades et bientôt le troupeau jaffa se trouva face à un gigantesque écran de fumée. L'équipe aérienne vira pour s'éloigner et filer vers les montagnes, rejoindre le reste de leur escadron contre les pégases jaffa. « Allumez-les ! » aboya O'Neill.

Twilight expira brièvement et jeta un regard noir au sac ouvert devant elle. À nouveau elle concentra sa magique, la lueur s'échappant de sa corne. Quatre grenades flash sortirent du sac et, avec un grognement d'effort, elle les dégoupilla l'une après l'autre. D'un mouvement de tête elle envoya les grenades actives dans la plaine, les jetant dans le nuage de fumée en expansion plus loin et plus précisément qu'aucun humain n'aurait jamais pu. Sa précision était admirable et tandis que les grenades disparaissaient elle relâcha son emprise sur elles avant de tomber au sol d'épuisement.

Les chevaux jaffa de tête lâchèrent des cris de surprise lorsque la fumée apparut, mais ils étaient dans un tel élan qu'il leur était difficile de s'arrêter. Même s'ils avaient pu, les chevaux derrière eux s'abaissaient déjà en pleine charge, leur sens de la situation étouffé par la presse des corps. S'arrêter à présent aurait signifié être piétiné.

Avec peu d'options devant eux, les jaffas plongèrent dans le nuage de fumée. Au même instant, les grenades flash de Twilight volèrent dans la fumée juste alors qu'Applejack émergeait de la forêt, courant en perpendiculaire à la charge des jaffas. Elle galopa à pleine vitesse et sa propre troupe de poneys, moitié moins grande mais deux fois plus nombreuse que celle des jaffas, la suivit de près. Une petite équipe s'en détacha, dirigée par un grand étalon rouge presque aussi grand qu'un des jaffas, en direction de la ligne de paniers de pommes que même à présent la majorité du troupeau jaffa avait dépassé sans les repérer.

O'Neill observa attentivement à travers ses jumelles les multiples événements se produisant en même temps, ou du moins si proches dans le temps que cela ne faisait aucune différence : Le troupeau jaffa plongea dans l'écran de fumée, plus de la moitié des chevaux avalés dans le brouillard. Les grenades flash détonèrent en une succession rapide, éclatant en une cacophonie de son et de lumière à l'intérieur du troupeau, pareil à une batterie de canons. Au même instant la seconde équipe de poneys terrestres se mit à envoyer les pommes à coups de pattes dans les flancs du troupeau. Certaines se brisèrent en frappant les chevaux tandis que d'autres rebondissaient sur les côtes et les cuisses. Des cris de choc, de surprise et de détresse se mirent à s'élever du troupeau, pour devenir une masse de toux et d'étouffement.

Ce fut dans un état de panique et de désorientation que les jaffas se mirent à émerger du nuage de fumée. Leur élan de départ s'était ralenti, mais pas de beaucoup, et ils galopaient dans un désordre chancelant, tentant lentement de reprendre leur sens. Ils n'avaient pas beaucoup de temps pour cela, cependant, car le troupeau d'Applejack leur tombait dessus.

Elle leur coupa le passage, le sien allant vers le canyon, et les jaffas bondirent de surprise et se mirent à la fuir. Il y avait trop de poneys pour traverser et le barrage de pommes leur pleuvait dessus depuis l'ouest, aussi de désespoir le chef jaffa tourna avec Applejack pour courir en son long, loin de l'attaque principale. Winona suivait Applejack de près, bondissant et se faufilant parmi les sabots battants des jaffas, claquant des crocs à leurs genoux et aboyant à tout va pour les faire continuer. Le troupeau d'Applejack s'allongeait derrière elle, et tandis que toujours plus de jaffas émergeaient de la fumée, tout ce qu'ils pouvaient faire était de suivre les leurs à l'avant, s'éloignant des poneys qui leur coupaient le chemin vers Ponyville.

Le cheval jaffa en tête secoua sa tête, tentant de se remettre en état. Il vit l'ouverture du canyon où Applejack le dirigeait, et à la surprise d'O'Neill il choisit de prendre de la vitesse. Il devait y voir une échappatoire possible, surtout parce que la crevasse était assez étroite pour qu'Applejack soit forcée de briser sa course. Alors que les jaffas se mettaient à entrer dans le canyon, Applejack brisa effectivement sa course, menant l'équipe terrestre au nord et loin de la crevasse. Les jaffas continuèrent à courir dans le canyon, leurs arrières se confiant toujours au jugement de leur chef.

Lorsque les derniers chevaux passèrent dans le canyon, O'Neill fit un geste de la main vers l'autre côté de la crevasse et hurla, « Maintenant ! » Carter tenait le détonateur dans sa main et les quatre humains au sommet des falaises du canyon s'éloignèrent de la crevasse, Jackson portant Twilight épuisée à bout de bras tandis que Carter appuyait sur le gros bouton rouge.

Le C4, qui avait été façonné dans les fissures les plus profondes que le SG-1 avait pu trouver dans les falaises, éclatèrent dans un grondement de tonnerre, la pierre et la terre explosant des deux côtés et dégageant un nuage de poussière au moins aussi épais que l'écran de fumée. Le sol trembla et fut secoué par l'explosion, envoyant l'équipe SG-1 plonger à couvert. Les chevaux dans le canyon hurlèrent de terreur et coururent du côté opposé, galopant au hasard en quête d'une sortie.

Quand la poussière retomba, il n'y avait plus de crevasse. La roche avait formé un vaste tas qui emplissait l'espace presque à la moitié de hauteur des falaises. Les gravats et les cailloux glissaient toujours au bas de la masse, et même s'il semblait que les chevaux pouvaient toujours y grimper, ils n'y parviendraient pas aisément.

O'Neill se leva, secoua sa tête et tenta de calmer le sifflement dans ses oreilles. Il fit signe à Carter et Teal'c, puis pointa les jaffa courant en contrebas, éperdus. Ils hochèrent la tête, Teal'c armant son bâton et Carter tirant un pistolet Zat de son fourreau. Ils avancèrent jusqu'au bord du canyon et pointèrent leurs armes sur les chevaux en bas.

Jackson dit quelque chose, mais il dut se répéter deux fois avant que les oreilles d'O'Neill arrivent à le comprendre. « Ils n'ont pas de harnais pour bâton, » fit remarquer le scientifique.

O'Neil haussa les épaules. « Tant mieux pour nous. Je suppose qu'ils les ont gardé pour leurs volants. » Il se renfrogna et se tourna, fouillant le ciel. « En parlant de ça… »

Après quelques instants à observer le ciel, ils repèrent enfin les premiers pégases revenant au canyon. Des couples de poneys flanquaient les jaffas captifs. Aucun ne portait leurs harnais, mais O'Neill put voir quelques poneys qui étaient parvenus à les prendre en plein air au lieu de jsute les jeter au sol. Les poneys lâchèrent des acclamations en voyant les jaffas prisonniers, et ils dirigèrent leurs captifs dans le canyon. Les chevaux pégases glissèrent sans force pour rejoindre les leurs à terre, gardés dans le canyon sous la garde toujours croissante de poneys.

Tous les poneys ne s'en étaient pas tirés sans mal, nota O'Neill. Certains des aériens n'escortaient pas les jaffas mais des camarades blessés avec des marques de brûlures et autres blessures légères. Il n'y avait que de faibles plaies, cependant, et il put voir même avant que Rainbow Dash vole à ses côtés que tous les poneys partis étaient revenus sains et sauf.

Les poneys portant des harnais prirent position autour de l'anneau du canyon tandis que les autres se réunirent du côté sud avec O'Neill. Au côté nord, Applejack apparut au sommet du chemin menant vers le bas, suivie de près par Winona et le reste de l'équipe terrestre. Tous se répartirent en haut des falaises, acclamant et parlant joyeusement entre eux.

Twilight ne se réjouissait pas, toutefois. Elle fronça les sourcils en regardant les chevaux dans le canyon, puis se tourna vers O'Neill. « Je… n'arrive pas à croire que ça a fonctionné, » admit-elle. « Les effrayer comme ça ? Vous disiez que c'étaient des militaires. Ils n'auraient pas dû, je ne sais pas, être disciplinés ou quelque chose ? »

Le colonel se gratta la nuque et partagea un regard avec Jackson. « Je n'ai pas dit que c'étaient de bons militaires. » Il haussa les épaules. « Peu importe, je ne vais pas questionner un plan qui fonctionne pour changer. »

O'Neill détacha son P90 pour le tenir à deux mains contre le torse. Il marcha au bord du canyon et regarda les jaffas en contrebas. Ils soufflaient fort, mais leur panique s'était réduite en une inquiétude générale. La joie et les acclamations des poneys -- si nombreux qu'ils couvraient la falaise courbée du canyon -- se tut enfin quand ils notèrent l'humain. Lentement, l'attention des jaffas fut attirée cheval par cheval en sa direction également.

Il regarda autour de lui tous les chevaux silencieux, se sentit un peu inconfortable mais s'éclaircit la voix. « Eh là en bas, » appela-t-il. « Des blessés ? » Il n'y eut pas de réponse des jaffas ; ils le fixaient simplement, la panique s'évanouissant, remplacée par la frustration et la colère. Il grogna face au manque de réponse. « Je prendrai ça pour un non. Bon, lequel d'entre vous est le commandant ? » Il agita la main pour couvrir vaguement l'ensemble des chevaux. « Je veux dire, vous êtes… un peu tous les mêmes. »

Le silence dura de longues secondes, jusqu'à ce qu'un solide étalon gris s'avance. O'Neill vit à peine la marque d'Epona qui avait été tatouée à jamais en argent sur son flanc. Le cheval foudroya l'humain du regard, et le grondement profond de sa voix tonna contre les murs. « Je suis An'dal, chef de la cohorte terrestre. Qu'est-ce que tu veux ? »

O'Neill s'assit en tailleur et reposa son arme sur un genou. « Vous l'avez peut-être remarqué mais vous êtes piégé, An'dal. J'ai une jolie position de tir d'ici, on a récupéré la moitié de vos bâtons et j'ai une horde de petits poneys avec moi qui sont plus qu'agacés de savoir que vous avez voulu attaquer leur jolie petite ville. Parlons reddition. »

Le cheval renâcla. « Tu nous as peut-être adossé, mais nous ne négocierons pas ! Nous nous battons pour notre déesse Epona et pour secourir notre frère captif ! » Il y eut un grondement d'approbation parmi les chevaux, plus pour la seconde partie que pour la première semblait-il.

Le colonel ouvrit sa bouche pour répondre, mais du mouvement au coin de son œil attira son attention. Il regarda de ce côté, plissant les yeux dans la distance, puis revint à An'dal. « Si vous m'excusez un instant. »

Les poneys dégagèrent rapidement une piste tandis que les deux pégases qu'O'Neill avait vu atterrissaient gracieusement au sommet du canyon. Les poneys s'inclinèrent devant la princesse Celestia qui s'avança parmi eux vers l'anneau du canyon, à nouveau presque à l'opposé d'O'Neill. Brind'l referma ses ailes avec vivacité, l'une d'elles toujours enveloppée de bandages blancs tandis qu'il suivait à côté d'elle.

Les jaffas se tournèrent à l'approche des deux chevaux, et O'Neill put sentir une tension grimpante alors que la défiance qui avait empli le canyon se dissipait presque aussitôt. La voix d'An'dal emplit à nouveau le canyon. « Brind'l ! Primat ! » À l'unisson, les chevaux se mirent au garde-à-vous, se tenant droit et fixant les deux chevaux, surtout Celestia, avec des yeux écarquillés d'émerveillement.

Brind'l parla, secouant la tête. « An'dal, Celestia n'est plus Primat. Elle ne l'est plus depuis des milliers d'années. Il n'y a pas de déesse pour laquelle être primat. »

Chaque phrase de Brind'l provoqua des chocs toujours plus grands parmi tous les chevaux du canyon, et des cris de « blasphème ! » s'élevèrent de partout. Brind'l grogna et frappa des sabots, sa voix s'élevant au-dessus des leurs. « Alors qui est-elle ? » Les chevaux se turent, et il continua. « Epona nous a menti, mes frères ! Elle n'est pas plus une déesse que vous et moi ! Elle s'est jouée de nous, nous a manipulés et nous a vendus comme esclaves ! Nous avons tous perdu de la famille pour ses 'dîmes' et ses 'sacrifices', et pour quoi ? Pour être envoyé dans un sommeil de mille ans et se réveiller dans un monde qu'on reconnaît à peine, nos familles mortes depuis longtemps ! »

Il baissa la tête de tristesse, puis regarda la jument royale se tenant calmement près de lui. « Mais ce n'est pas un mauvais monde. La princesse Celestia s'en est assurée. Les poneys ici sont libres de l'oppression et de la cruauté d'une fausse déesse. Ils vivent leur vie dans la joie et la paix. » Il se tourna à nouveau vers An'dal. « Faisons de même. »

Les chevaux se mirent à murmurer entre eux, mais aucun ne rejeta ouvertement l'hérésie de Brind'l cette fois-ci. Celestia s'affirma, ouvrant ses ailes largement pour attirer l'attention sur elle une fois encore. « Mes amis, je ne vous demande pas de renoncer à Epona à l'instant. » Elle sourit un peu. « Ce ne serait pas juste au vu de votre situation. Mais mes petits poneys ne sont pas vos ennemis, et déesse ou pas, Epona n'a plus aucun contrôle sur Equestria. Je vous demande de déposer les armes et de cesser toute hostilité. En retour, je serai heureuse de vous offrir des terres où créer une nouvelle ville, où vivre en équestriens libres. Vous m'avez manqué, mes amis. Vivons ensemble et en paix à nouveau. »

Les chevaux se regardèrent les uns et les autres, et un groupe se forma autour d'An'dal pour délibérer. Après une minute il s'avancer à nouveau. « Et si nous refusons ? »

O'Neill parla, forçant les chevaux à se retourner et à regarder par-dessus leurs épaules. « Alors c'est un aller simple à travers la porte vers une planète de mon choix. » Son sourire manquait totalement d'humour. « Croyez-moi. C'est le bon choix. »