A travers les ages

Accablé par la culpabilité, Spartan Shield était caché dans le saule pleureur qui se trouvait au bord du lac dans le jardin public. Il avait dit adieu à Big Macintosh, et n’avait pas le courage de faire face à Twilight Sparkle (ou quiconque d’autre). L’oracle avait eu raison, la violence engendrait la violence et il avait fait quelque chose de terrible. Frottant sa patte sur son museau dégoulinant, il se regarda, se contempla au bord du lac. Il ressemblait à une bête désolée, fatiguée et montrait des contusions provenant de son combat avec Big Mac.

Soupirant et baissant les oreilles, Spartan Shield se sépara de son image et se laissa tomber sur le dos. L’herbe chatouillait sa tête nue, et son casque lui manquait un peu. Rainbow Dash l’avait encore. Caressant avec difficulté sa poitrine, il leva les yeux sur les branches entremêlées de l’arbre. “Je n’appartiens pas à cette époque.” murmura-t-il tristement. La lune le contemplait entre les branches. “N’y a-t-il aucun repos pour un étalon qui a voué sa vie à être une arme ?” déplora-t-il doucement en se couvrant le visage avec ses sabots et en se recroquevillant sur le côté. Il ravala un sanglot, ne voulant pas dévoiler la position de sa cachette.

Boo-wuhhh-gh.

Boo-wuhhh-gh.

Boo-wuhhh-gh.

Fwesssh-shh-shhh !

Il se leva rapidement, ébranlé par une étrange lumière et de nombreux bruits. Reculant de peur devant l’étrange forme qui se matérialisait, sa bouche s’ouvrit en grand quand l’objet eut fini d’apparaître. C’était une grande boîte bleue, avec des fenêtres et des écritures, et une lampe en son sommet. “Quelle est cette sorcellerie… ?” Il se renfrogna, l’examinant de haut en bas tout en décrivant de petits cercles autour d’elle. Il fronça les sourcils, tapant quelques coups dessus pour s’assurer qu’elle était réelle.

Ne crains pas une boîte bleue.

Au souvenir de cette phrase, les oreilles de Spartan Shield se redressèrent. L’oracle lui avait parlé d’une boîte bleue dans son futur. Ça devait être elle ! Desserrant sa mâchoire avec une sorte de confiance, il considéra l’objet en silence pendant un long moment. Il s’assit simplement là. Bon, il ne s’attendait pas à ce qu’elle commence à danser pour lui, mais… quelque chose était supposé se passer, pas vrai ? Il l’étudia. Sur la partie supérieure, on pouvait y lire ‘Cabine de Police’ et le panneau sur le côté indiquait :

Téléphone de la Police

GRATUIT

Pour une utilisation publique

Conseil et assistance

Disponibles immédiatement

Agents de police et voitures

Répondent à tous les appels

TIRER POUR OUVRIR

Spartan Shield n’avait pas la moindre idée de ce que signifiait la moitié de ces mots. Il continua à marcher lentement et suspicieusement autour d’elle. Il se précipita derrière, comme si peut-être l’arrière faisait quelque chose de suspect alors qu’il inspectait l’autre côté. “Ne crains pas une boîte bleue…” marmonna-t-il en fronçant les sourcils dessus. Il se pencha et la toucha. Elle était froide et en bois. Ses fenêtres étaient en verre et le panneau en plastique. Il étudia de nouveau le panneau, le lisant attentivement. “Conseil et assistance disponibles immédiatement… tirer pour ouvrir.” Il trouva le bon côté et il y avait une poignée de porte. La prenant en sabot, il ouvrit et entra. “Qu… quoi ?!” il resta bouche bée.

L’intérieur était gigantesque ! Il était recouvert d’étranges machines fantaisistes, les couloirs menaient à d’autres pièces et il y avait des câbles et des tuyaux enfilés de tous les côtés ! Il regarda autour de lui, émerveillé, fermant la porte derrière lui et penchant sa tête. Après avoir grimpé quelques marches sur une plateforme, il se pencha sur une console de contrôle. On aurait dit qu’un poney fou avait pris tous les appareils de sa maison et les avaient combiné sur une seule machine. Il y avait des fouets de batteurs qui tournaient, des boutons qui clignotaient frénétiquement, des interrupteurs étiquetés froid-tempéré-chaud, et une douzaine d’autres petits objets. L’étalon spartiate se gratta la tête. Ça ne ressemblait à au genre d’aide qu’il aurait pu comprendre. Tendant le sabot avec une curiosité de poulain, il tourna un bouton—et de la vapeur JAILLIT d’un tuyau proche, ce qui fit couiner Spartan qui le remit comme il était. Calmant ses sens à vif, il fit un rapide tour de la pièce, baladant ses yeux en dessous de la plateforme surélevée et sur tous les moniteurs et les objets étranges. Il n’arrivait pas à piger. Comment autant d’espace arrivait à tenir dans une si petite boîte bleue ? Elle avait l’air à peine assez grande pour contenir un étalon debout sur ses pattes arrières, alors encore moins tout ça !

“—et ainsi je nous ai fait venir dans le Ponyville de ton époque pour qu’on puisse profiter d’un bon déjeuner pour une fois.” Un étrange étalon brun avec un sablier sur son flanc tourna dans l’angle, un panier de pique-nique niché sur son dos. “C’est très important les déjeuners, même si vous devez les prendre à quatre heures du matin. Au fait, il est quatre heures du matin, assistante.” Il rit, descendant des escaliers métalliques.

“S’pas un problème, Docteur !” répondit la jument grise aux bulles sur la croupe qui le suivait. “J’aime manger quand j’ai faim, pas quand c’est l’horloge qui le dit !” elle eut un petit rire. Il ne fallut pas longtemps à Spartan pour remarquer que ses deux yeux ne pointaient pas dans les mêmes directions—ni longtemps pour qu’elle n’arrive à le repérer avec son large champ de vision. “Hey ! C’est qui ça ?!”

Spartan fut surpris d’être découvert, se cabrant en arrière et levant un sabot. “Ohhh là, là!” dit le Docteur, descendant le reste des escaliers au petit galop et venant sur le spartiate. “On dirait qu’on a un passager clandestin ! D’où viens-tu, mon ami ? On va te ramener à la maison, aussi rapidement que l’éclair !”

“La maison ?” répéta doucement Spartan Shield. “Je n’ai pas vraiment de maison en ce moment, j’ai mutilé un étalon et refusé d’apprendre les nouvelles mœurs d’une Equestria en paix.” avoua-t-il en se recroquevillant.

“Oh hé ! Ouais, c’est Spartan Shield, je connais cet étalon !” elle eut un large sourire. “J’ai été à ton combat de lutte ! Je suis Derpy Hooves !” elle saisit son sabot et le secoua vivement. Il grimaça légèrement, incapable de détacher ses yeux des siens.

Spartan Shield recula lorsqu’une lumière verte claire s’agita devant lui. Br-r-r-r-r-r-r clic ! Le Docteur se mit à étudier l’appareil qu’il avait pointé sur l’étalon spartiate en fronçant les sourcils. “Fantastique ! Vous êtes à un millier d’années de votre époque ! Regarde sa datation, Derpy !” il passa sa baguette (enfin, ce que Spartan voyait comme tel) brièvement à Derpy, avant d’appuyer à nouveau dessus. “Mais ça ne va pas du tout, ça ! Ce n’est pas bien d’être loin d’un millier d’années de sa maison !” Il se tourna vers la console, jouant avec le fouet pendant un moment. “Tiens bon, on va te ramener chez toi.”

“La maison ?” Les oreilles de Spartan se redressèrent. “Que voulez-vous dire ?”

“Eh bien, regardez-vous ! Un poney de guerre en armure !” Le docteur le pointa de haut en bas. “Vous ne méritez pas de vivre à mille ans de vos proches, n’est-ce pas ? Le Tardis vous ramènera là-bas en un rien de temps !” Il était en train de lever tous les interrupteurs bleus sur la console, puis, tourna le thermostat sur chaud. “Et c'est parti...” marmona-t-il, coinçant ses sabots sur une machine à écrire à l’air ancienne.

“V-Vous pouvez me ramener dans le passé ?!” Les yeux de Spartan s’ouvrirent aussi grand que des soucoupes. “Mais comment ?!” demanda-t-il. “Une magie aussi puissante est impossible, j’ai déjà demandé à Twilight Sparkle !”

“Ce n’est pas de la magie.” Le Docteur sourit comme un fou, son sabot agrippant une sorte de gros levier. “C’est un TARDIS !” Il le BAISSA de toutes ses forces, et la pièce tout entière commença à trembler. Spartan poussa un cri, sautant presque au plafond. Derpy cria de joie, riant et se tenant à la barrière de sécurité la plus proche. Yeah, de l’aventure ! Whou-hou ! “Ne vous inquiétez plus, maintenant !” Le Docteur hurlait plus fort que la machine qui pleurnichait et gémissait. “On va le ramener à la maison, et même faire notre pique-nique avant d’être affamés, Derpy !”

“Vous êtes le meilleur, Docteur !” Derpy riait, se cramponnant de toutes ses forces.

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1 002 Années plus tôt…

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Boo-wuhhh-gh.

Boo-wuhhh-gh.

Boo-wuhhh-gh.

Fwesssh-shh-shhh!

Une boîte bleue apparut de nulle part à l’extérieur de Canterlot. Un étalon marron passa la tête en dehors, vérifiant rapidement si personne ne les regardait. Il ouvrit la porte en grand et observa les alentours. “Ça semble être bon. Assisante ! Que dit l’horloge ?” demanda-t-il à Derpy derrière lui.

La jument aux yeux divergents ferma un œil et pencha sa tête pour avoir une meilleure perception de la profondeur et pouvoir lire l’écran. “Ça diiiiiit…” Elle s’arrêta quelques instants pour se retenir. “0001PNMM !” lui annonça-t-elle. L’an un après l’Ère de Nightmare Moon. Les poneys qui avaient vécu à l’époque ne l’appelaient pas comme ça, mais ce fut comme cela que l’histoire l’appela finalement.

Spartan Shield tituba jusqu’à l’extérieur, le visage légèrement vert. Il n’aimait pas les pièces qui secouaient et bougeaient. S’étalant sur l’herbe en grognant, il examina les environs une fois qu’il eut réussi à nouveau à voir correctement. “Est-ce que c’est… c’est ça Canterlot ?” demanda-t-il d’une voix sidérée. Lentement, il se releva pour contempler.

Chaque bâtiment était en pierres épaisses et solides. Il y avait de hauts murs d’enceinte et d’épaisses portes surmontés de piques. Des étalons patrouillaient sur les murs, scrutant l’obscurité à la recherche d’ennemis. Il y avait des torches de partout, et des bruleurs d’encens à chaque coin de rue. Le visage de Spartan Shield s’illumina lentement. Tous les poneys qu’il pouvait voir portaient des habits, et bavardaient avec animation avec leurs puissantes voix. Les étalons étaient énormes, et tout simplement superbes. Ses yeux se posèrent même sur l’ombre d’une putain des ruelles qui travaillait son art en câlinant un étalon ivre.

“Voici Canterlot, un mois après la bataille au sommet de la lune.” lui expliqua le Docteur en souriant. Il observa Spartan Shield avancer de quelques pas, son visage heureux et éclatant à la vue de ces maisons—de familières maisons en pierres. C’était l’époque où Canterlot était une puissante cité-état, s’agrandissant lentement pour mettre la main sur d’autres villes et les mettre sous sa bannière. Elle était grandement fortifiée, arborait de nombreuses bannières qui flottaient dans les airs et les bâtiments étaient aussi massifs et solides que le permettait la pierre. Les colonnes étaient épaisses comme des cigares, allongées et découpées en tronçons par les douzaines d’étalons qui traînaient ces massifs morceaux de pierre. “Est-ce que c’est à peu près bon ?”

Spartan acquiesça bêtement. “C’est exactement comme je m’en rappelais.” murmura-t-il, admiratif. Il se tourna lentement, regardant de nouveau le Docteur. “Merci, étrange… poney.” dit-il lentement.

“Je ne suis pas juste étrange,” Il souriait avec des yeux scintillants de malice, hochant joyeusement la tête au retour de Spartan chez lui. “Je suis le Docteur !” Il recula jusque dans sa boîte bleue. “Viens Derpy ! Nous avons un pique-nique à prendre. C’est très important les pique-niques !” Sa voix s’étouffa lorsqu’il ferma la porte de sa boîte bleue et la verrouilla derrière lui. Et c’est dans une série de gémissements que la boîte cessa d’exister.

Spartan Shield se tenait là, seul dans le noir, fixant les alentours. Était-il vraiment chez lui ? Pour de vrai ? Déglutissant, il prit la route qui menait à la grande porte de Canterlot. Les murs s’élevaient de plus en plus haut à mesure qu’il s’approchait, atteignant facilement soixante pieds de haut et cinq poneys d’épaisseur. Même la plus puissante des catapultes n’avait pas le moindre espoir d’abattre une défense aussi solide. Il faisait nuit, aussi la porte était fermée. “Hé là ! Qui donc cherche à s’introduire dans la cité de sa Brillante et Immortelle Majesté à une heure aussi tardive ?!” Un garde l’avait repéré lorsqu’il était venu sous la lumière des torches.

“C’est moi ! Spartan Shield !” Lui répondit-il en hurlant. “Ouvre la porte et laisse-moi passer !”

“Non !” répliqua le garde. “Je connais ce Spartan Shield ! Il est mort il y a une lune de ça dans les décombres là-bas !” Le poney en armure fit pointer sa lance. Le Soresaddle Canyon ! Il avait disparu ! L’étalon couleur sable se pencha avec un intérêt malsain vers l’énorme gorge remplie à ras bord de gravats et de débris. Il pouvait voir les arbres qui en dépassait, et des milliers et des milliers de rochers et de cailloux enfoncés dedans. “À moins que tu ne veuilles me dire que tu as rampé hors de TOUT ÇA, je te refuse l’entrée et t’ordonne de partir sur-le-champ !” lui cria le garde.

“La réalité est plus étrange que la fiction, mon ami !” tenta à nouveau Spartan, se tournant sur le côté et dévoilant son flanc. La cutie mark, une rondache spartiate, brillait à la lueur de la torche. “Dis-moi ! Qui d’autre à part un étalon spartiate pourrait porter une telle cutie mark ?!” gronda-t-il vers le haut du mur. Le garde se pencha et plissa les yeux, avant de prendre un air surpris.

“O-ouvrez la porte !” hurla-t-il. “Un guerrier est de retour en vie ! Ouvrez la porte !” il courut sur le rampart et sonna vigoureusement une cloche. La sonnerie retentit jusqu’en bas du mur, ou des mécanismes primitifs ouvriraient la porte. Un groupe de quatre étalons musclés se levèrent de leurs lits en poussant des grognements bruyants. Ils se frottèrent les yeux, et se dirigèrent mollement vers la plaque tournante et y posèrent leurs puissants et énormes sabots. S’appuyant en avant avec tout leurs poids et leur force, ils commencèrent à se déplacer lentement en cercle. “Ouvrez la porte ! Un guerrier est de retour ! Ouvrez la pooooorte !” chantonnait le garde. Spartan Shield se tenait là, regardant avec un grand sourire sa chère Canterlot lui souhaiter elle-même la bienvenue.

“Enfin…” murmura-t-il en avançant lentement. Au bout d’un moment, la porte commença à grincer de nouveau pour se fermer, toujours aussi lentement. C’était un objet imposant et épais, comme le mur dont il faisait partie. Ouvrir une telle chose pour un seul poney n’était pas une mince affaire. Il se sentait honoré.

Le garde qui lui avait refusé l’entrée un peu plus tôt se précipita dans une série d’escaliers entremêlés et s’arrêta juste devant lui pour le saluer. “Étalon spartiate ! Pardonnez ma négligence !” dit-il, “La bataille était il y a des semaines, et personne n’est revenu après tant de temps ! Nous supposions que vous étiez mort !”

“Je ne le suis pas.” déclara fermement Spartan Shield, un sourire collé à son visage. “Je ne suis pas mort. Je suis à la maison !”

“Où est votre casque ? Et votre lance ? Et votre bouclier ?” Le garde le dévisageait complètement. “Enfouis sous les décombres, peut-être ?”

“Non… Je… je les ai perdus.” Spartan Shield se souvint qu’il avait donné son casque à Rainbow Dash. Sa lance et son bouclier étaient restés dans les toilettes chez Twilight Sparkle. Une de ses jambières était au dos de la pouliche bien portante, Applebloom. Mais était-ce important ? Ils étaient à plus d’un millier d’années d’ici ! Ils pouvaient en ravoir ! Il était à nouveau chez lui !

“Venez, je vais vous faire escorter chez vous. La nuit ramène les types les plus louches, parfois.” Il se retourna et siffla, faisant descendre un pégase depuis le mur. Le jeune gaillard salua avec un sourire éclatant, ses yeux pleins de crainte et de respect. “Escorte ce spartiate chez lui. Il revient d’une bataille et n’a pas besoin de repartir au combat avant d’avoir eu un repos bien mérité.”

“Oui chef !” répondit le pégase avec enthousiasme. “Je vais le ramener chez lui en dix battements, sans problème !” Spartan pencha sa tête. Il avait déjà entendu cette phrase auparavant… mais où ? Euh. Bon, c’était probablement rien. “Venez, Spartan, suivez-moi.” Il souriait, atterrissant et pliant ses ailes. C’était un pégase bariolé de jaune avec une crinière vert citron striée de mèches grossières. Comme si sa crinière essayait d’avoir plus d’une couleur mais qu’elle n’avait pas encore réussi.

Spartan Shield hocha la tête. “Je vis à la caserne des étalons spartiates, dans la partie supérieure, proche du palais.” indiqua-t-il. Ils commencèrent à s’éloigner de la porte inférieure de Canterlot, les gardes impressionnés s’écartant sur leur chemin. Comment avait-il pu rester en vie sous tous ces décombres et réussir à rentrer un mois après la bataille ? Incroyable ! Peut-être qu’il avait survécu en mangeant des racines et en suçant le sang des cadavres de ses ennemis. Ohhh-hoh, ça allait devenir une légende ! Les rumeurs avaient commencé avant même qu’il ait disparu de vue.

“Alors, dites-moi, comment avez-vous survécu au cataclysme du Soresaddle Canyon ?” demanda impatiemment le jeune étalon dès qu’ils furent hors de portée des oreilles indiscrètes. “On m’a dit que Sa Brillante et Immortelle Majestée l’a fait effondrer pour empêcher les soldats lunaires d’atteindre les portes de Canterlot !”

“Tu ne voudrais pas me croire si je te le disais.” déclara ironiquement Spartan Shield en souriant. “Mais je suis enfin à la maison.” Il sourit en passant devant un brûleur d’encens dans un coin de rue, tournant et montant quelques marches pour se rendre au niveau supérieur. Comme Canterlot avait été construite sur le flanc d’une montagne, elle s’était étendue en HAUTEUR au lieu de la LARGEUR, aussi les quartiers et les autres zones étaient séparés par type et par classe sociale la plupart du temps. Puisqu’ils faisaient partie de l’élite des soldats de la ville, les étalons spartiates habitaient dans la partie supérieure de la ville, proche du palais. Partout où il regardait, c’était de l’épais marbre blanc, de merveilleuses rangées de statues, plaquées d’or et de bronze. Les torches illuminaient les rues, de superbes frises décoraient les flancs des bâtiments, et de massifs pots décoratifs renfermaient la verdure. Il soupira de bonheur.

Quand ils arrivèrent dans la partie supérieure de Canterlot, Spartan Shield sourit en voyant le palais. C’était une forteresse démesurée recouverte de larges colonnes, de bannières flottantes, et remplie de fleurs suspendues en hauteur. Les jardins extérieurs abritaient une multitude d’étangs et de plantes, et le groupe de gardes dehors était fait d'étalons bien proportionnés avec des expressions nauséabondes. C’était bel et bien la maison. “Vous voudrez probablement faire votre rapport à sa Brillante et Immortelle Majesté demain matin, hein ? Je peux faire envoyer un messager pour vous, si vous le désirez ?” offrit son guide.

Spartan acquiesça. “Ça me semble être juste que j’annonce mon retour.” Il inclina sa tête, regardant par dessus son épaule. Il avait l’impression d’avoir entendu quelque chose. Oh bon. “Mais je ne vais pas réveiller la princesse, non.” Le garde approuva. “J’ai besoin de me reposer et de me détendre, de toute façon.” Confia-t-il.

“Mon doux foyer.” L’étalon pégase esquissa un sourire lorsqu’ils arrivèrent à la caserne. C’était une grande et impressionnante bâtisse avec de somptueuses colonnes et d’interminables frises sur les murs qui décrivaient des scènes de batailles. “Je vous souhaite une bonne nuit, Spartan ?” Cela sonna comme une question. Avait-il besoin d’autre chose ?

Spartan fronça les sourcils. “Euh,” hésita-t-il. “Vous avez dit que la bataille était il y a un mois et que tous les étalons spartiates étaient tués, n’est-ce pas ?” Il fit vaguement pointer son sabot vers là où le Soresaddle Canyon avait été. “Pourquoi ce bâtiment est-il encore debout, alors ?” il le désigna. “Si personne ne vit dedans, il a surement été réutilisé pour autre chose, oui ?”

“Hé bien,” répondit son compagnon, un peu gêné. “Sa Brillante et Immortelle Majesté à interdit à quiconque d’entrer ou d’habiter ici. Il restera vide tant qu’elle pansera ses blessures et pleurera sa sœur, ainsi que ses soldats.” Il parlait plutôt doucement, mais Spartan avait compris. Dans l’ordre des choses, les bâtiments n’étaient pas importants. C’était de rebâtir la confiance dans les dirigeants d’Equestria qui l’était. Princesse Celestia n’avait pas encore pensé à quelque d’approprié pour l’utiliser. En même temps, il remerciait Faust d’avoir encore un toit.

“Je vois. Je te remercie, euh… ?” Il laissa la phrase en suspens pour connaitre le nom de l’étalon.

“Private Dash, spartiate.” il salua avec empressement, ses yeux brillants avec énergie. “Prism Dash !” Et sur ces mots, il déploya ses ailes et décolla dans le ciel nocturne pour retourner à son poste. Quand il fut parti, Spartan se frappa le visage avec son sabot en gémissant. Bien sûr. Lui et beaucoup d’autres étaient les ancêtres de ceux avec qui il venait juste de passer à peu près les cinq dernières semaines. En vivant aussi proche de la capitale, quelques noms et lignées avaient du en sortir. Il soupira, essayant d’oublier tout ça. Poussant les grandes portes en bandant ses muscles, et ignorant ses blessures qui cicatrisaient, l’étalon spartiate entra à l’intérieur.

La caserne des étalons spartiates était un endroit simple, rempli de chambres (quatre étalons dans chacune) pour dormir, une petite cour pour l’entrainement au combat, une grande salle d’armes, et bien sûr, une pièce supplémentaire ou deux pour les symposiums. Il ne lui fallut pas longtemps pour s’apercevoir que les servants étaient partis et que l’endroit était aussi silencieux qu’une tombe. “Je suis le dernier.” soupira-t-il. Il faudrait des années pour reconstruire les étalons spartiates à partir d’un seul. Allant jusqu’à une colonne dans la cour, il se pencha et l’observa de plus près. D’étincelantes gravures d’étalons guerriers, rouges, bleus et bronze rugissaient dans sa direction. Le marbre blanc et la pierre étaient tout simplement sublimes. Il soupira, se relevant et embrassant la pierre décorée. Elle était froide au toucher, et il pressa sa joue affectueusement contre elle. La maison. Enfin, à la maison.

S’enfonçant sur son ventre à côté de la colonne, il leva les yeux sur l’éclatante lune nette. L’étrange et spectrale forme d’une jument en pleurs était posée sur sa face. Il ne faisait aucun doute que Nightmare Moon luttait contre ses chaînes dans sa prison, même maintenant. C’était une bonne chose qu’elle reviendrait en dirigeante forte et pure à nouveau, le futur était plein d’espoir. Il interrompit son flot de pensées pendant un moment, fronçant les sourcils. Pfft. Non, il détestait cette misérable. Elle avait abattu tous ses semblables, Nightmare Moon ou pas. Incapable de rester en colère contre un poney à un millier d’années de là, il soupira et haussa les épaules. Pour l’instant, il était en paix.

Spartan Shield trempa son sabot dans le petit bassin décoratif au milieu de la cour. Il apaisait ses pauvres sabots fatigués. Il avait été dans la guerre, dans un étrange pays, s’était battu contre des timberwolfs et des puissants étalons, n’avait pas réussi à mettre de côté sa nature de soldat-- il était épuisé, aussi bien mentalement que physiquement. Il s’enfonça encore un peu plus en avant, sa tête plongeant pour boire de l’eau fraîche. Frottant légèrement son nez quand il eut fini, il se considéra dans l’eau pendant un long et calme moment.

Soudain, un mouvement dans l’ombre fit tourner rapidement Spartan. Il ouvrit la bouche pour crier, mais il remarqua que c’était la silhouette d’une jument qui le traquait. Sur son épaule, il y avait une cruche de ce qui était surement du vin pur. C’était une licorne, et si elle ne laissait rien paraître de ses courbes, on pouvait quand même deviner qu’elle était magnifique. Juste de la façon dont sa crinière était reliée à son flanc nu brossé, il ne put s’empêcher de la reluquer un peu. En fait, ça ressemblait un peu trop… à… “Twilight Sparkle !” hurla-t-il, se relevant sur ses quatre sabots. Galopant dans sa direction, fou de joie, il courut sur l’ombre et l’étreignit dans ses sabots, la câlinant avec animation. Elle pouffa, s’appuyant légèrement contre sa poitrine (qui était douloureuse à cause des blessures, mais ça il s’en fichait). “Comment as-tu fait pour me retrouver mille ans dans le passé ?!” demanda-t-il, l’entrainant dans un fougueux et joyeux baiser. Elle se tortillait, gazouillant joyeusement de son affection. Il la tira jusqu’au clair de lune pour qu’il puisse contempler son magnifique v—

Zut ! C’est pas Twilight Sparkle !

“Quoi, étalon spartiate ! Tu me trouves si désirable que tu mets le sabot à la bourse avant de me monter ?” Elle eut un petit rire, faisant battre ses longs cils devant lui. Elle se retourna et s’appuya contre une colonne, levant nonchalamment sa queue pour exhiber furtivement son sexe. Les yeux de Spartan se baissèrent par instinct, puis, essayèrent de rester fixés sur son visage. Elle était blanc pâle avec une crinière rouge et une lune avec des étoiles sur son flanc. Il la connaissait. Il fronça les sourcils.

“Ne me tourmente pas, Moon Dancer.” dit-il en se calmant. Elle n’était pas du tout Twilight Sparkle, mais une prostituée de symposiums (comme l’indiquait sa nudité et sa cruche de vin). “Je ne suis pas d’humeur pour ce genre de tentation.”

“Apparemment tu l’es, étalon, vu comme ton baiser était enthousiaste !” Elle lui offrit un sourire narquois. “Et c’est quoi ça, le nom d’une jument sur tes lèvres ?” La catin tourna sa tête, baissant sa queue et se retourna dans l’autre sens pour le voir correctement. “Alors, tu as trouvé une compagne correcte ?”

“Je… euh…” Les oreilles de Spartan Shield s’aplatirent. “J’avais. Mais elle est partie maintenant. C’est sans importance.”

Moon Dancer renâcla, lançant sa crinière et s’asseyant sur ses hanches. Cela lui offrit une parfaite vision de ses joyeuses mamelles et de l’intérieur des cuisses. Il essaya très très fortement de garder ses yeux sur elle, mais elle exerçait parfaitement son métier. À en juger par l’éclat de sa corne, elle le pratiquait même plutôt méticuleusement. “Ton enthousiasme à crier son nom dit l’inverse. Comme le feu sur tes lèvres.”

“Ne me tente PAS !” Hurla-t-il en se détournant d’elle dans un grognement. “Ton charme ne marchera pas sur moi si je ne te regarde pas.” Il regarda la piscine dans la cour à la place.

“Mens-toi autant que tu veux, mais cette Twilight Sparkle tient ton cœur entre ses sabots.” Moon Dancer eut un sourire satisfait. Il lui lança un regard noir, mais vit en retour un perturbant visage chaleureux et séducteur. Gémissant doucement, il se pencha en avant et fixa de nouveau l’eau. “Ne mens pas à une prostituée, Spartan.” Dit-elle, faisant parcourir ses sabots sur le dos musclé de Spartan encore et encore. “Nous connaissons les voies de l’amour et de la luxure beaucoup mieux que quiconque.” Il frissonnait à son contact.

“L’un de tes propos est exact.” grommela-t-il.

“Ne t’inquiète pas, je ne vais pas te séduire. Je ne faisais que plaisanter.” Elle s’assit à côté de lui. “Tes camarades sont morts et tu viens juste de revenir dans une maison vide.” Moon Dancer fit un petit geste autour d’eux. Sa faible déprime fit serrer le cœur de Spartan. “Cela dit, je n’ai pas eu mes menstruations, donc je vais bientôt devoir chercher un autre travail.” Elle sourit face à l’expression choquée de l’étalon. “Quoi ? Les prostituées sont aussi des poneys, on peut tomber enceinte.”

“Tu as toujours été prudente avec tes herbes contre les poulains quand tu étais engagée pour les symposiums.” Dit-il en haussant les sourcils avec une légère déception. “Quel étalon aurait possiblement pu te féconder ?”

“Il y en a beaucoup.” Elle s’ébroua, lui donnant un grand coup d’épaule comme le ferait un ami. “Toi y compris, si tu te souviens bien.” Elle voyait tellement clair dans son jeu. Cela la fit rire. Spartan Shield était un joyeux étalon comme tous les autres pendant les symposiums arrosés. Il avait couché avec son lot de juments (et d’étalons, à l’occasion) lorsqu’il faisait la fête toute la nuit quand il revenait de la bataille, de la chasse, ou d’entraînement. C’était juste comme ça que les étalons spartiates faisaient la fête.

Il leva ses yeux au ciel. “Comme si ma semence prendrait dans l’utérus d’une jument de nuit.” Il rejetait l’idée. “Tu as toute ma sympathie pour le poulain, mais j’ai ma propre vie à remettre en ordre aussi.” Il fit un petit geste autour de lui.

Elle soupira, débouchant sa cruche de vin et prenant une gorgée. “Bienvenue à la maison, Spartan Shield.” Lança-t-elle en lui passant la bouteille. Il prit celle-ci, la regarda pendant un moment, puis en prit une grande gorgée. Le vin n’était pas du tout dilué, et cela le fit fortement tousser. Ponyville n’avait eu rien d’aussi fort, peut-être qu’il avait en perdu l’habitude. Meh, Ponyville. Qui se soucierait d’un calme, bariolé, vierge…

Amusant…

Paisible…

Joyeux…

--Ponyville, de toute façon ? Il se tourna et embrasse Moon Dancer, se sentant soudainement très seul. Il ne verrait aucun de ces autres poneys à nouveau, pourquoi est-ce qu’il pensait encore à eux où à leur idiote ville en bois ? Moon Dancer enroula ses sabots autour de lui, et il la coucha sur la pierre dans la cour. “Bienvenue à la maison encore une fois…” murmura-t-elle en soufflant entre les baisers en manque d’affection de l’étalon. Ils ne prirent même pas la peine d’aller au lit. Il était calme et doux avec elle, ce qui était inhabituel pour un guerrier comme lui. Les étalons spartiates étaient connus pour leur violence et leur endurance au lit, mais il n’était pas du tout comme ça. Il ne la monta même pas, mais finit seulement par se blottir confortablement et chaudement contre elle. Elle n’avait pas une odeur de fleurs comme Twilight. Le lendemain matin, Moon Dancer s’était enfuie avec un pot décoratif plutôt hors de prix, mais il ne sentait pas en colère contre elle.

Spartan se sentait seul. Il se sentait mal et coupable de s’être attaché à une catin. Il n’y avait qu’une seule chose à faire.

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Quelques jours plus tard…

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“Votre Brillante et Immortelle Majesté, nous vous présentons Spartan Shield ! Survivant des étalons spartiates !” Un écuyer avait annoncé sa venue, et Celestia en était restée bouche bée. Elle pensait que tous les étalons spartiates étaient morts ! Quand les portes doubles de la salle du trône s’ouvrirent, la lumière s’engouffra à l’intérieur et un soldat à l’air exténué entra. Il possédait tous les attributs du groupe de soldats d’élite, portant un nouveau bouclier et une nouvelle lance dans son dos. Pourtant, ils semblaient lui peser un peu, car il trébucha une fois alors qu’il se dirigeait vers le bas de l’estrade.

Spartan Shield leva la tête vers la Princesse Celestia. Elle portait une toge blanche comme la neige avec des agrafes d’or à l’épaule, ses cheveux étaient rassemblés en une massive tresse qui descendait le long de son dos. Des barrettes d’or étaient disposées dans sa queue, domptant ces satanés mouvements aléatoires causés par les vents solaires qui pourraient distraire tout le monde. Elle aimait avoir l’air calme et posée à tout point de vue. Gardant les yeux fermés et la tête relevée jusqu’à ce qu’elle l’entendît s’arrêter, elle baissa ses yeux sur lui en bas de l’estrade. Souriant. Pourquoi il souriait comme ça ? Elle observa l’étalon spartiate mettre brièvement un sabot devant sa bouche, et elle pouvait voir ses yeux se balader. C’était comme s’il pouvait voir sa nudité, c’était scandaleux ! “Parle, soldat !” Elle parlait avec une voix forte, la vibration de sa voix effrayant quelques poneys dans la pièce. “Je croyais que tu avais péri, ce retour est plutôt… contraire aux règles, un mois après les faits !” Quand elle avait entendu qu’un étalon spartiate était revenu de la bataille, l’alicorne blanche avait été méfiante. Ça faisait de lui un menteur ou un déserteur. Elle avait contemplé elle-même le champ de bataille cette nuit-là. Aucun de ses étalons n'avait survécu. “Raconte ton histoire à ma cour, que nous puissions apprendre et résoudre le mystère de ta réapparition.” Elle se lova lentement sur son trône-oreiller. Un servant se pencha sur elle, lui tendant des raisins tandis qu’un autre la rafraîchissait avec un long éventail. Elle hocha la tête une fois devant la collation qui lui était offerte, mais fit un autre signe de la tête à poney qui éventait. Il resta, pour la garder au frais.

“Mon histoire s’étend sur plusieurs époques, votre Brillante et Immortelle Majesté !” La voix de l’étalon résonna jusqu’à elle, et pour que tous l’entendent. “Un millier d’années, en fait !”

“Ne sois ni timide, ni espiègle, étalon.” s’impatienta Celestia. Elle n’était pas d’humeur, après avoir perdu sa sœur, toutes ses armées et tenant à peine Canterlot ensemble politiquement. Elle était la belle et docile Princesse du jour—mais elle n’était PAS d’humeur pour ces jeux ces derniers jours. “Parle simplement !”

Spartan ôta son nouveau heaume, le déposant à côté de lui. Il enleva son bouclier et sa lance, les mettant de côté et se courbant dans une profonde révérence. “Je vous supplie seulement de me permettre de terminer, ce dont je parle est la vérité et rien de plus.”

“Parle.” Répéta de nouveau Celestia, ses yeux le fixant avec intérêt.

“J’ai été transformé en pierre pendant un millier d’années, vécu pendant cinq semaines dans une utopie, et je suis revenu mille ans en arrière dans une étrange boîte bleue pour que je puisse voir à nouveau la maison.” Il avait lâché tout ça avec la finesse d’un minotaure dans un magasin de porcelaine. La cour de Midi se tut. Quelques gardes se lancèrent des regards. Un écuyer, brave petit poulain qu’il était, commença à pouffer.

“… Quoi ?” Déclara Celestia, clignant deux fois des yeux. Spartan lui raconta tout. Sur la façon dont il avait été transformé en pierre, et s’était réveillé dans un musée un millier d’années plus tard. Il lui parla de Twilight Sparkle et de Ponyville. De l’étrange arlequin rose. De l’athlète et du poulain bien portant Applebloom. Il lui décrivit le magnifique Big Macintosh, la couturière et sa petite sœur. Il expliqua à Sa Brillante et Immortelle Majesté que dans le futur tous les poneys étaient nus et que la Princesse Luna foulait la terre aux côtés de sa s—”Stop.” coupa Celestia. “Ne déblatère pas tes divagations avec le nom de ma sœur sur tes lèvres.” Elle tremblait un peu, la plaie de la bataille d’il y a un mois était encore très récente. “Je me pensais rester patiente et écouter ton histoire, mais non ! Tu m’insultes avec des mensonges et—et—que fais-tu ?”

Spartan Shield montait sur l’estrade et se tenait devant elle. Avant que les gardes ne se décidèrent à charger et à couper sa tête, il se laissa tomber et se courba devant elle. “S’il vous plait, Princesse.” Murmura-t-il. “Vous devez me croire. Dans mille ans, votre sœur marchera de nouveau parmi les poneys, guérie de son mal et faisant amie avec votre protégée.” De la tendresse traversa les yeux de Celestia. Elle ne voulait pas le croire. Ça faisait tellement mal qu’il devait forcément être un fou qui débitait des mensonges.

“Qu-quoi ?” Demanda Celestia doucement.

“Les Éléments d’Harmonie ont exilé votre sœur.” Spartan leva son regard sur elle, poussant sa crinière de devant ses yeux. “Ils la soigneront aussi, quand elle reviendra.” Il ne savait pas si raconter le futur à la Princesse était une bonne idée, mais zut, elle avait besoin d’un choc émotionnel.

“Comment puis-je savoir que c’est vrai ?” s’empressa de demander l’alicorne blanche, sa voix diminuant en un murmure d’espérance.

S’approchant audacieusement, il fit l’impensable. Il prit ses sabots dans les siens, et les porta à ses tempes. “Lisez mon esprit, Princesse.” Chuchota-t-il.

Le visage de Celestia s’en teinta de rose. “Qu’est-ce qui te fais croire que je le peux ?” dit-elle un peu indignée. Les gardes tout autour de la pièce s’étaient hérissés devant cette scène. Il n’allait pas juste TOUCHER la Princesse comme ça ! Inimaginable ! Ils commencèrent à grimper les escaliers pour attraper Spartan Shield, mais le regard de leur Princesse les arrêta.

“Vous êtes une alicorne, vous pouvez tout faire !” dit-il. Sa confiance aveugle dans ses pouvoirs la fit rougir. “Lisez mon esprit et voyez votre sœur ! Cette protégée à l’odeur de lavande ! Et cette Equestria utopique que vous êtes destinée à diriger !” Il la suppliait de se plonger dans ses pensées et de vérifier ses allégations.

Lentement, Celestia amena ses sabots sur les tempes de l’étalon, sa corne brillant. Son corps tout entier tremblait, et ils se regardaient chacun droit dans les yeux. Si elle plongeait dans sa mémoire, alors toute sa vie privée ne le sera plus et tout ce qu’il avait jamais dit, fait ou pensé serait étalé à sa Princesse. Elle ne l’avait fait que quelques fois, la plupart du temps sur des criminels qui avaient des prisonniers cachés quelque part--- ou qui avaient besoin d’être prouvés innocents avant d’être envoyés à la potence. Il la regardait, plein d’espoir, alors qu’elle massait la couronne sur sa tête. “Tu… Tu prétends que le futur est heureux, Spartan ?” demanda-t-elle calmement.

“Oui, oui vraiment !” répondit-il, enthousiasme. “Je le jure !”

“Connaitre le futur va le changer, guerrier.” Lentement, ses sabots s’ôtèrent de la tête de l’étalon. Il leva les yeux sur elle, confus. “Si tu as réellement voyagé à travers les siècles et vu une Equestria prospère… mon cœur sautera de joie.” Elle lui sourit un peu tristement. “Je serais ravi de voir ma sœur dans cet esprit, mais… l’attendre rendra nos retrouvailles encore plus joyeuses.” Elle s’interrompit quelques instants, puis se pencha et offrit un baiser au sommet de la tête du guerrier. Il en frissonna légèrement.

“Brillante et Immortelle Majesté,” dit-il avec respect. “J’ai fait une terrible erreur.” avoua-t-il quand elle avait penché sa tête vers lui. “Je me suis couvert de honte, et alors me suis enfui.”

“Que vas-tu faire ?” déclara Celestia perplexe. “Aller dans ta boîte bleue et retourner dans le futur, Spartan Shield ?” Elle se mit à sa hauteur.

Spartan Shield secoua sa tête. “Non, ce n’était pas ma boîte bleue. Elle est partie maintenant. Il n’y a qu’une seule chose que je peux faire, pour retourner dans le futur et faire face à ce que j’ai fait…” Il s’arrêta un instant quand elle se pencha pour l’observer avec l’œil sévère d’une mère. Son visage vira au rose. “Et… pour revoir Twilight Sparkle à nouveau.” Marmonna-t-il. Les plus proches serviteurs de la Princesse pouffèrent. Un étalon amoureux, spartiate ou pas, était toujours adorable à regarder.

“Qu’est-ce que c’est, je t’en prie ?” demanda Celestia, bien que ses yeux ne trahissaient déjà le fait qu’elle connaissait déjà la réponse.

Spartan Shield s’éloigna, descendant lentement les escaliers. Il s’agenouilla et enfila son casque. Puis, il mit son bouclier dans un de ses sabots et sa lance dans l’autre. “Je dois être transformé encore une fois en pierre, pendant mille ans !” annonça-t-il. Tous les poneys de la salle du trône soufflèrent, sauf Celestia. Elle ne savait pas pourquoi elle le croyait. Elle n’osait plus espérer jusqu’à ce qu’il vienne lui parler à haute voix. Un étalon qui ne demandait qu’à être transformé en pierre pour revoir son amour perdu ? C’était la moindre des choses que Celestia pouvait faire pour respecter une telle force. Bien entendu, elle pourrait attendre un millier d’années pour retrouver à nouveau sa précieuse et magnifique sœur Luna.

ZOT !

Spartan Shield fut transformé en pierre pour la seconde fois. Mille et une (pas mille et deux, non mille et UNE) années plus tard, le fera remarquer à Celestia. Que c’était triste que l’esprit du chaos ne pourrait jamais savoir qu’elle avait ça pour qu’il puisse retrouver son amour, et se repentir de ce qu’il avait fait à un autre étalon.

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1 002 années plus tard…

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Twilight Sparkle se pencha d’une manière découragée sur son thé, levant pitoyablement les yeux sur son mentor. Elle était venue retrouver son professeur à Canterlot après avoir perdu Spartan Shield. Le guerrier avait complètement disparu, et personne à Ponyville ou dans ses alentours ne l’avait vu. Il avait laissé sa lance et son bouclier derrière lui, ainsi que son casque que Rainbow Dash avait encore… et il avait juste disparu. Elle avait tenté un sort de détection, un de rappel, et chaque autre sort de localisation qu’elle connaissait mais cela n’a eu aucun effet. Il était bien trop loin à présent, la puissance de Twilight ne pouvait aller aussi loin pour le retrouver.

“Je ne vais pas te jeter au cachot, Twilight Sparkle.” se moqua Celestia d’un ton un peu taquin. “Ni ne te bannirai, ou rien de la sorte.”

“Vous ne me renverrez pas non plus à la maternelle ?” s’inquiéta la jument pourpre dans un petit miaulement. “J-Je vous ai déçue ! Et j’ai perdu toute trace de Spartan Shield ! Il pourrait être n’importe où !”

“Il est peut-être plus proche que tu le crois, Twilight.” déclara mystérieusement Celestia en sirotant son thé. Twilight soupira, et baissa à nouveau les yeux sur sa tasse. Comment son mentor arrivait-elle à être aussi calme et stoïque en toute circonstance ? Il y avait un ÉTALON SPARTIATE bouleversé en liberté ! Et s’il décidait de s’en prendre à quelqu’un ? Ou se retrouvait pris dans un combat avec un monstre ? Ou s’empalait sur sa lance comme il avait promis de le faire il y a peu ? Le cœur de Twilight battait la chamade et sa lèvre inférieure tremblait légèrement, ses yeux devenant de plus en plus gros et humides.

Celestia émergea de ses pensées, buvant encore une gorgée de son thé. Était-ce l’heure ? Bientôt. Elle pouvait sentir le sort commencer à se défaire et être sur le point de rompre. Comme ça lui avait semblé fou à l’époque, il y a tous ces siècles. Elle sourit, juste un peu, levant son sourcil lorsque les cris se déclenchèrent.

Être libéré de sa transformation en pierre n’est pas si mal. Mais laisser le sort s’estomper est une chose progressive et parfois douloureuse. “RAWUUUUWGWGH !” Le cri retentit à travers les jardins pendant qu’une statue commençait à bouger et s’effriter toute seule. Twilight en laissa tomber sa tasse, la brisant sur le pavé où la table de pique-nique était installée. Un autre énorme cri époustouflant résonna.

“Qu’est-ce que c’est que ça ?!” Twilight vit les gardes se précipiter vers la source des hurlements, et partit sur leurs sabots. “Restez ici Princesse, je vais enquêter !” Elle s’élança pour voir ce qui se passait. La licorne violette tourna dans le coin, et regarda derrière, là où les gardes solaires étaient rassemblés autour d’une pierre recouverte de vignes qui remuait. Celle-ci rugissait et se débattait, le crissement de la pierre sur la pierre faisant mal à ses oreilles.

Elle se fraya un chemin parmi les gardes, essayant de se frayer un chemin parmi les rangs serrés pour stopper l’éventuelle menace. Mais ils ne voulaient tout simplement pas la laisser passer. Elle poussa un cri de frustration, essayant de voir à travers eux. Ils pointaient leurs lances en direction de la statue sur le piédestal, le piquant ci et là. Il se débattait dans tous les sens, projetant de la poussière grise et arrachant les vignes qu’il avait sur lui avec des coups de dents et de sabots sauvages. “Est-ce que… est-ce que c’est… ?” Twilight resta bouche bée lorsque la couleur explosa à travers la surface grise et quand il descendit de son piédestal comme un poney vivant, et respirant.

Des morceaux de pierres tombaient de son corps en un pluie sombre de cailloux et de plâtre. “Twilight ! Twilight ! Twi---LIIIIIGHT-- !” Des gravillons chauds furent propulsés de partout depuis sa bouche tandis que le sort de transmutation de pierre en chair se finissait. Il enfonça son casque sur sa tête, tomba sur le ventre et embrassa le sol avec ses sabots de devant. Sa poitrine, sa superbe poitrine musclée, se soulevait sous sa respiration et il cracha des graviers pendant de longues minutes.

“Spartan ?” demanda Twilight par dessus la foule de poneys en armure tout autour d’elle.

Celestia apparut sereinement au coin de la haie juste à temps pour voir ce qui était très probablement la chose la plus drôle qu’elle ait jamais vue en des siècles. Spartan Shield se releva, puis chargea à travers une douzaine de gardes solaires en produisant le bruit d’un strike ! Elle observa, dans un épique mouvement apparemment ralenti, les pièces d’armures dorées et les poneys en fourrure blanche s’envoler dans toutes les directions avec des cris surpris (au ralenti, c’était évidemment un seul cri de groupe du genre “Wuhhhhhhhhrrrrrrrghhhhh ?!”). L’alicorne blanche eut un large sourire en le voyant renverser Twilight Sparkle sous son propre poids, l’allonger sur un banc en pierre et l’embrasser. L’embrasser très, TRÈS fort. Il se frottait contre son visage, susurait son nom et l’embrassait comme une FOU.

Twilight Sparkle hurla, immobilisée par sa grande force mais n’en enroulant pas moins ses bras autour de lui. Son visage était teinté d’une belle nuance de rose et quelques étincelles érotiques jaillirent de sa corne, arrosant l’herbe proche avec sa joie.

“Ahem !” Celestia intervint avant que le guerrier ne décidât d’aller plus loin avec elle. “Spartan Shield, j’espère que tu vas bien ?” dit-elle en riant.

Twilight le repoussa rapidement, écarlate d’avoir été aussi dépassée devant la Princesse. Il relâcha la jument nerveuse, saluant sa Princesse. “Vous êtes à nouveau nue.” répondit Spartan. Celestia jeta sa tête en arrière et rit à gorge déployée, se penchant en avant pour ne pas tomber. Mille ans et c’est ÇA qu’il avait à lui dire !? HAH !

La douzaine de gardes solaires était jonchée sur la pelouse, n’ayant aucune idée de ce qui l'avait percutée. Ils voyaient des étoiles et ils ne pourraient jamais dire à leurs camarades qu’un unique étalon les avait fauchés pour rejoindre son amour. Ils ne les croiraient jamais !

Fin de la partie 19.