Un baiser

Daring Do s’assit en face de True Facts, un grand sourire recouvrant son visage. Ils étaient dans le musée de Canterlot, à l’exposition sur l’époque gréco-romaine. Les poneys s’activaient pour mettre les objets sous vitrines, s’assurer que les plaques étaient droites, et suspendaient les projecteurs pour être sûr que l’éclairage était excellent. Pendant ce temps, les deux archéologues décompressaient et les regardaient tous travailler. Ils avaient payé depuis longtemps tous les mineurs (plutôt grassement, rassurez-vous, il y avait beaucoup de générosités dans l’air après une découverte comme ça), et les équipes étaient rentrées chez elles. La rencontre avec les conservateurs avait duré tout au plus une demi-heure. Après avoir vu la statue de Spartan Shield, toutes les armes et les pièces d’armures, ils s’étaient dépéchés pour écrire le gros chèque. Le nombre de zéros avait failli faire évanouir True Facts. Et maintenant ? Ils pouvaient juste s’asseoir et regarder ensemble le temps passer.

Une jument se promenait avec un panneau où l’on pouvait lire ‘Directeurs des fouilles : Daring Do et True Facts ; Chefs Archéologistes.’ Daring souriait et gesticulait. True Facts se pencha, “Excuse-moi.” dit-il d’un ton dragueur, traversant la table pour verser le vin. Un verre, puis l’autre furent remplis avec la substance rouge foncé. Daring faillit ne pas entendre le tintement métallique de l’objet tombant dans son verre avant que le vin ne le remplisse.

“Qu’est-ce que c’est ?” elle scruta l’objet, soulevant son verre alors que les bulles pétillaient.

“Je ne sais pas.” Les yeux de True Facts se levèrent vers le haut dans un coin. C’était sa tête de menteur. Il était tellement effrayant comme ça, si atroce et désespérant que Daring Do le soupçonna immédiatement. Prenant un crayon sur la table où ils étaient assis, elle partit à la pêche dans son vin jusqu’à ce qu’elle accrochât l’objet et le tirât en dehors.

Une bague de fiançailles.

Elle brillait, dégoulinant de vin rouge. Daring laissa tomber le crayon, choquée, et le petit anneau roula comme une pièce jusqu’à s’arrêter. Elle regarda au delà de son verre de vin, s’asseyant lentement. L’étalon en face d’elle souriait timidement, ses joues se colorant d’un adorable rose. “True Facts…” dit-elle doucement, ses yeux devenant ronds et doux.

“Daring Do.” rétorqua-t-il avec un grand sourire et se penchant à travers la table vers elle. Ils se regardèrent dans les yeux pendant qu’elle se penchait elle aussi en avant. Quand leurs lèvres se touchèrent, il glissa la bague sur elle, avec tellement de douceurs. Elle ronronna doucement, puis le câlina avec un début de larmes de joie dans ses yeux. Il fit glisser le chapeau de sa tête et joua avec celui-ci entre ses sabots quand le baiser fut rompu. Il la regardait sous toutes les coutures, souriant encore timidement. “Tu acceptes ?” dit-il, ses joues rougissantes.

“Uniquement si l’on peut avoir notre lune de miel en Afrique noire et visiter les ruines du temple Zembroozi.” Elle arbora un large sourire, s’appuyant sur son coude et souriant d’une manière suggestive. L’étalon rigola. Tous deux savaient que ce temple était dédié à une divinité de la fertilité par une tribu de zèbre sauvage depuis longtemps éteinte. Il rit, hésitant un peu. “Qu’est-ce que tu en penses, spartiate ?” elle tourna sa tête pour demander à la statue à travers la pièce, d’une voix plutôt forte. “Tu penses qu’il a le cran pour coucher avec moi dans un temple vieux de cinq mille ans ?”

“DARING !” beugla True Facts quand plus d’une tête où deux se tournèrent vers eux avec intérêt. Il était à présent écarlate. “Ne dis pas des choses comme ça aussi fort.”

“Ohhh uh-uh, tu es à moi maintenant mon gars.” Daring Do riait en secouant sa tête. “Je peux t’embarrasser auuutant que je veux.” Elle montra l’anneau autour de son sabot et de sa cheville. Il ricana légèrement. Ce n'était pas comme s’ils ne pouvaient pas se permettre de voyager dans le monde ou avoir un mariage grandiose. Il étaient devenus tous les deux juste honteusement pétés de thunes. Ils pouvaient aller n’importe où, faire tout ce qu’ils voulaient pendant un bon moment sans que l’argent ne soit un problème. Il suffit de penser à toutes les aventures qu’ils pourraient avoir ! Elle le prit à regarder la statue de l’étalon spartiate, le regard perdu dans le vide, et elle embrassa sa joue amoureusement. “Je t’aime.” dit-elle d’une voix faible. Il sourit, ses yeux se fermant légèrement. Ils s’embrassèrent à nouveau pendant que la plaque portant leurs nom était instalée à l’entrée de l’exposition.

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12 Ans plus tard...

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Il fallut six poneys pour soulever un Big Macintosh estropié de l’enceinte et le mettre sur une civière. Ils tinrent fermement sa tête pour que son cou ne s’endommage pas plus lorsqu’ils le mirent dans l’ambulance. Son esprit se balançait entre conscience et inconscience et il était aussi mou qu’une nouille trop cuite. Ce fut tout ce que Pinkie Pie put faire pour empêcher la foule de se soulever d’épouvante et de rage. Spartan Shield avait fui, probablement pour se cacher de la foule en colère. Applejack et Applebloom suivirent et sautèrent dans l’ambulance avec leur frère.

“Je savais que cela arriverait. Je savais que quelque chose de mauvais allait se produire.” proféra amèrement Twilight, jetant un coup d’oeil sur Spike. Le bébé dragon haussa les épaules sans rien dire, enlevant son short de vélo et son sifflet. Tant pis pour sa carrière d’entraîneur. Il ne pensait pas qu’il fallait dire à Spartan de NE PAS estropier son adversaire ! “Viens Spike, sortons d’ici.” Elle le souleva sur son dos, et se dirigea rapidement vers la sortie. Elle tenta de récupérer le pot de dons, mais constata qu’il était déjà enlevé. Spartan l’avait-il déjà pris?

Twilight se précipita chez elle, là où elle savait qu’elle pourrait le trouver. Effectivement, la porte était ouverte et la lumière était allumée à l’étage. “Spartan !” appela Spike en bondissant de Twilight. Les nombreux bruits de sabots à l’étage indiquaient que c’était bel et bien lui.

“Spartan !” lança Twilight avec colère, piétinant les escaliers pour lui faire face. “Sors de là !” Elle tambourina sa porte quand elle la trouva fermée. Se baissant avec frustration, elle fit luire sa corne pour forcer la serrure. Elle n’était pas prête à découvrir ce qu’elle vit quand elle réussit à ouvrir la porte. Spartan, à nouveau tout habillé, avait son visage couvert de larmes. De profonds sanglots jaillissaient de sa gorge et il avait sa tête posée sur le lit alors que le reste du corps gisait par terre. “Spartan ?” demanda Twilight en se penchant et en levant un sabot. Sa colère s’évapora en le voyant dans cet état lamentable.

“Qu’ai-je fais, Twilight Sparkle !?” aboya Spartan. “J’ai mutilé cette belle créature, à vie !” Il enfouit son visage dans ses bras, mouillant les draps avec ses larmes. “Faust m’a maudit ! A maudit Big Macintosh ! M-mon coeur, ça fait mal !” Twilight fixa Spike, et il lui rendit la pareille. Belle créature ? Big Macintosh était plein de choses, mais ‘belle créature’ ne figurait pas parmi les mots que Twilight ou Spike auraient choisi pour le décrire. La jument violette marcha dans la chambre, laissant Spike à l’entrée de la pièce. C’était donc ça. C’était la faille dans l’amure et la forte personalité du dangereux poney guerrier. Un étalon aussi fort que lui. Elle déglutit bruyamment, essayant de ne pas sauter aux conclusions. Le jour où il avait rencontré Big Mac, il avait divagué sur la façon dont il était impressionant. Il s’en était fait un ami en restant assis dans une cellule. Il lui rendait souvent visite au marché, et ils étaient sorti au spa ensemble une fois ou deux. Spartan Shield était-il… homosexuel ? Et elle ? Elle n’était rien pour lui ? Est-ce qu’il essayait d’avoir les deux ?

Twilight ressentit soudain une puissante et agressive culpabilité la submerger. Elle ne devrait pas penser à cela maintenant. Il y avait un poney à l’hopital, peut-être paralysé à vie ! Elle détourna le regard et vit le pot de dons à côté de lui. Il était sur le côté, son couvercle et ses pièces éparpilées sur le sol. On aurait dit qu’il avait été ouvert, puis jeté avec dégoût. Allumant sa corne, elle le redressa et remis tous les bits dedans avec sa magie.

Elle s’assit sur ses hanches à côté de lui. Twilight Sparkle connaissait Spartan Shield depuis plus d’un mois, et elle ne l’avait encore jamais apperçu aussi émotif. Le doux sentiment de la jalousie la dévorait, malgré tout. Elle n’y pouvait rien. Bien que Big Macintosh se trouvait dans un lit d’hopital incapable de bouger, elle était en colère contre lui. Spartan l’avait embrassée, l’avait câlinée, lui avait enfilé ses chaussettes et partagé sa maison. N’était-elle pas assez bien pour lui ? Avait-il besoin de quelqu’un de semblable à lui pour être heureux ? Elle se tourna de côté, toute rouge et contrariée. “Donc… toi et Big Macintosh, hein ?" se surprit-elle a croasser doucement.

Apparemment, quand un spartiate pleurait, il pleurait VRAIMENT, car quand le nom sortit de ses lèvres, il poussa une autre énorme complainte. Il aggripa les draps, les tira vers lui et tenta de cacher son visage dedans tout en pleurant amèrement. Spike attendait, gêné, à la porte, ne sachant pas quoi faire. Il n’avait jamais vu un étalon pleurer après tout, encore moins un comme Spartan Shield. “Je suis le plus grand malheur de cette époque ! Blessant tous les poneys sur mon chemin !” hurla-t-il lamentablement à travers les draps. “Malheur à moi ! MOI ! Pas Big Macintosh ! UUUUAhhhh-HAH-HAH-HAH-HAHHHHHH !” Un étalon comme lui qui avait l'habitude de crier très fort pourrait faire écrouler la maison avec de tels sanglots. “Je devrais m’empaler sur ma propre lance !”

“Oh dis donc, hé, fais pas ça.” Twilight se glissa à côté de lui, mettant rapidement un bras autour de lui. La lance de Spartan étant dans les toilettes, s’il essayait de faire quoi que ce soit, elle n’était pas sûre de pouvoir l’arrêter. Spike non plus. “Si tu avais brisé son cou, il serait mort. Et mourir, c’est bien pire que d’être paralysé.” Elle grimaçait en disant cela, car ce n’était pas beaucoup mieux. Elle n’avait pas examiné Big Macintosh personnellement, mais elle avait vu son visage bouleversé et ses mouvements de lèvres quand il gisait dans l’enceinte. Ses maigres connaissances médicales lui disaient que le poney de trait serait tout simplement mort si la moelle épinière s’était brisée. Cela ne voulait pas non plus dire qu’il ne serait pas paralysé à vie, malgré tout. Qu’est-ce que Applejack ferait, ou n’importe quel Apple, sans le seul étalon de la famille ? Twilight soupira doucement, gardant son bras autour de sa large épaule musclée alors que les sanglots le secouait.

“Un invalide pour le restant de ses jours ! Je suis une plaie pour lui et pour toi, Twilight Sparkle !” Il se retourna et la regarda misérablement. Elle vit ses yeux et son nez dégouliner, pris un mouchoir et l’essuya un peu. Il montra son refus avec un son tonitruant. Se levant et faisant dos à elle, il fuit pitoyablement de la chambre et descendit les escaliers. Spike eut à peine le temps de sauter hors de son chemin pour ne pas être piétiné. Avant que Twilight ne se redresse sur ses sabots et ne descendît les escaliers vers le salon, la porte d’entrée avait claqué et Spartan Shield était parti.

“Spartan !” Elle ouvrit la porte et se précipita dehors, regardant de partout. Le retentissant bruit des sabots semblait venir de plusieurs directions, et la nuit dissimulait son départ. “Spartan !” cria à nouveau Twilight tout en décrivant un petit cercle. Quel chemin avait-il pris ? Elle se téléporta en haut de son balcon pour avoir une vue d’ensemble, mais elle n’eut pas de chance. Elle ne pouvait tout simplement pas voir assez loin pour dire si où se trouvait quelqu’un. Avec les nuages qui cachaient la lune, c’était une nuit vraiment sombre. Ses oreilles s’aplatirent complètement.

“Wow, il peut vraiment se remuer quand il le veut…” s’émerveilla Spike. Twilight lui lança un regard noir acerbe, puis s’élança dans la nuit. Spike l’entendit crier le nom de l’étalon spartiate, le ton de sa voix trahissant des pleurs.

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Applejack se pencha sur la petite Applebloom doucement endormie. La chambre d’hopital était blanche, stérile et lamentablement propre. C’t’ait pas du tout comme Sweet Apple Acre. Elle se blottit contre la jeune pouliche. La pauvre petite s’était endormie et recroquevillée sur la chaise à cause de toute cette excitation.

Big Macintosh avait été transporté aux urgences dès son arrivée à l’hopital, puis emmené en chirurgie pour les tests. Il n’était pas mort, et sa moelle épinière n’avait pas été sectionnée. Cependant, l’impact du coup de Spartan Shield avait été si violent que son système nerveux avait cédé et s’était éteint pour l’instant. Il n’était pas mort ou cassé, mais les médecins savaient que cela prendrait du temps avant que son corps ne ‘redémarre’. Les petites fractures à son cou nécessiteront aussi la pose d’un collier cervical, probablement pendant quelques mois. Il allait s’en tirer...

Applejack soupira, regardant l’horloge. Il était minuit passé. Elle se retourna et se pencha sur son frère. Le gros nounours dormait, même si ce n’était pas facile à cause du collier cervical. Le reste de son corps avait été rafistolé et bandé ci et là. Lui et Spartan Shield ne s’étaient vraiment pas ratés. Hé bien, ce stupide gros tas de muscle méritait chaque bleu qu’il avait, après tout il avait failli tué son frère. Elle fulminait silencieusement, ne voulant réveiller ni son frère ni sa sœur. Oui, à la seconde où elle pourrait poser les sabots sur ce Spartan Shield elle lui tordrait si fort le cou qu’il entendrait sonner les cloches jusque dans sa tête d’idiot ! Jurant de se venger de l’étalon pour avoir autant blessé son frère pour un simple combat de lutte, elle faisait les cent pas quand soudain Applebloom s’agita. La poney fermière s’arrêta quand la petite chose innocente leva la tête et regarda d’un air fatigué autour d’elle. “Applejack… ?” demanda-t-elle d’une petite voix mignonne. “S’que Big Mac va bien ?”

“Hé b-bien…” Applejack essayait de le formuler correctement. “Il va s’en sortir. C’est s’qui est important.” Elle se pencha et caressa sa petite sœur, qui gémit et se débattit faiblement. “Allez, retourne dormir,” elle poussa son museau sous le corps d’Applebloom et la souleva doucement sur son dos.

“Mais j’suis pas fatiguée.” Son accent était plus prononcé que jamais, et ses petites paupières se faisaient de plus en plus lourdes. Applejack enleva son chapeau et le posa sur la tête de la pouliche. Il servit d’abat-jour, ce qui rendit encore plus difficile pour elle de rester éveillée. Enfin, la petite pouliche épuisée se détendit et sa respiration devint à nouveau plus profonde.

“Et voila.” dit doucement Applejack. Elle se retourna vers le Big Macintosh inconscient, “J’dois ram’ner Applebloom à la maison, Big Mac. J’reviendrais d’main matin, t’inquiète pas.” Elle sourit péniblement, puis se retourna et sortit.

Big Mac ne bougea pas, mais quand elle disparut, il entrouvrit un oeil. La chambre était calme. Trop calme. Son instinct de fermier lui disait que l’absence de n’importe quel bruit signifiait qu’il y avait de la tension dans l’air. Ou qu’un prédateur était proche. Souvent les deux. “Yup ?” demanda-t-il à travers la chambre apparemment vide dans un petit croassement.

Spartan Shield se pencha de derrière un rideau, paraissant inhabituellement embarrassé. Il était venu rendre visite à l’étalon paralysé au beau milieu de la nuit, seulement pour foncer en plein dans sa sœur. Sans échappatoire, il s’était caché dans la chambre—restant parfaitement immobile—pendant plus de trois heures. Épuisé, il vint au chevet et se mit respectueusement à genoux avec un soupir de soulagement. “Big Macintosh,” murmura-t-il, ses oreilles se baissant.

“... Yup ?” dit prudemment l’étalon rouge, bougeant ses yeux mais n’étant pas capable de bouger sa tête.

“Je t’ai apporté plus d’argent que je t’avais promis.” Il posa avec précautions le pot de dons sur la table de chevet. “Je sais que ce n’est même pas une fraction de ce que je peux faire pour rattraper ce qui s’est passé.” expliqua-t-il tristement en se mordant les lèvres et n’osant pas regarder Big Macintosh en face. “Je t’ai abimé, beau Macintosh.” murmura-t-il, posant son menton sur le bas de la poitrine de l’étalon. Big Mac grimaça quand il vit furtivement les deux marques de sabots noires sous la cuirasse de Spartan. Apparemment, ils avaient fait tous les deux un grand nombre de blessures graves à l’autre.

“Eeyup.” dit Big Macintosh, baissant les yeux sur le visage du misérable poney qui soupirait. Il y avait une certaine chaleur dans le visage de l’étalon. C’est vrai que Spartan Shield aimait beaucoup le complimenter. Bien sûr qu’il était un étalon du genre honnête. Et aussi qu’il pouvait lutter vraiment bien. Mais bon sang, ils avaient peut-être exagéré cette fois-ci. AJ allait tuer le pauvre poney si elle le croisait avant que son frère n’aille mieux. Il était-- ! Le flot de pensées de Big Mac s’arrêta soudainement quand Spartan fit parcourir son museau sous la couverture et la repoussa pour embrasser d’un air désolé la poitrine meurtrie de l’étalon rouge.

“Je suis un fléau pour toi.” murmura doucement Spartan, posant son menton pendant un moment sur la soyeuse fourrure rouge. “Twilight Sparkle et l’oracle avaient raison. La violence n’engendre que plus de violence. Qu’est-ce qu’Equestria fait avec un guerrier quand il n’y en a plus besoin d’un seul ? Je suis un vestige inutile et violent, et ce que je t’ai fait est impardonnable.” soupira-t-il, abattu. Big Mac l’étudiait soigneusement, clignant des yeux. “Je ferais mieux de disparaître et ne plus te tourmenter, Big Mac.” Disparaître ? Il n’allait quand même pas mourir, pour l’amour de Celestia ! Il était comme une drama queen quand quelque chose réussissait vraiment à le contrarier, pfft. Big Mac serait devenu mal à l’aise s’il avait pu contrôler l’un de ses membres. Mais non, il devait juste rester allongé là. Le poney guerrier en armure se pencha sur lui, caressant sa crinière d’une manière très très amicale. Soudain, Big Mac fit le rapprochement de la situation dans son ensemble et les lents engrenages de son cerveau se mirent en place. Le contact constant, les compliments, les bains et les mots affectueux… il était-- ! Big Mac leva les yeux comme l’étalon spartiate commençait à se pencher sur lui avec une expression de tendresse, caressant sa crinière à plusieurs reprises et écartant ses lèvres.

Les sourcils de Big Macintosh BONDIRENT jusque dans sa frange.

“Nope ! Nooooooooo-ooope ! NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE !!!!” hurla-t-il bien qu’il ne pouvait ni bouger, ni l’arrêter. Le poney fermier plutôt homophobe reçut son premier baiser d’un autre étalon. De la transpiration luisait sur son front et son visage vira rouge écarlate. “Mrrrgh ! Mrrr-hrrrrgh !” bafouilla-t-il misérablement entre les lèvres de Spartan. Au moment où l'étalon spartiate, qui avait les joues rouges, se retira de lui, les yeux de Big Mac roulèrent d’une étrange façon et sa langue eut le mauvais goût de pendre sur le côté. Une de ses oreilles trésaillit quand Spartan remonta la couverture jusqu’à son menton.

“Adieu, Big Mac.” souffla-t-il avec affection. Spartan se retourna lentement et, après avoir vérifié le couloir, s’engouffra dans la nuit. Big Mac pouvait seulement rester immobile, complètement abasourdi et maudissant Faust pour son horrible chance. Bah ! Des microbes d’étalons ! Son regard dévia sur le bocal de bits qui se trouvait sur la table de chevet. Bon, au moins il aurait quelque chose pour payer les frais d’hospitalisation. Il soupira, sortant la langue et la passant tout autour de sa bouche pour tenter d’enlever le goût électrique et musqué de ses lèvres. Flic-flac, sa langue claqua contre celles-ci, flic-flac.

Juste à ce moment, une infirmière entra et le vit faire, le regardant surprise. Quel avait été l’objet de tous ces cris ? Son visage s’illumina. Il était tellement heureux de la voir qu’il allait lui cracher le morceaux ! Pourtant, elle eut l’air offensé de voir les singeries de sa langue, et se retourna en disant “Quel pervers ! Hmph !”

Son visage se terra. “Nope ! NOPE !” s’excusa-t-il, mais elle ne se retourna pas. Il grogna, fermant ses yeux fermement. “Nope…” il observait désespérement le plafond. C’était la pire. Nuit. Possible.

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Twilight Sparkle avait depuis longtemps renoncé à chercher Spartan Shield. Ça faisait quatre heures et elle était épuisée. Elle était allée réveiller Pinky Pie, Rarity, Rainbow Dash et Fluttershy pour le rechercher—mais sans succès. Même un massif étalon blindé comme lui pouvait se faire discret quand il le voulait.

Les très, très rares poneys de Ponyville qui étaient réveillés à cette heure-ci étaient soit des gardes, soit des racailles. Pinkie Pie, qui avait une photo captée pendant l’émeute, montrait le visage de Spartan à tout le monde. La plupart le reconnaissaient, mais ne l’avait pas vu de toute la nuit. Twilight doutait qu’il soit allé voir un médecin ou autre, il ne semblait pas du genre à prendre soin de lui. À ce propos, Big Macintosh était aussi au Poney Medical. Ils espéraient tous qu’il allait bien.

“Spartan a choisi le meilleur moment pour disparaitre !” se plaignit Rainbow Dash tout en baillant et faisant un bruit de sabot lors de son atterrissage. “Pourquoi est-ce qu’il ne s’enfuit pas pendant la… *baille*... la journée, comme un poney normal ?” Elle secoua rapidement sa tête.

“On a cherché partout.” s’attrista Twilight. “Je suppose qu’il ne veut pas être retrouvé.” Elle baissa sa tête dans un soupir. “Je… je pense que ça ne sert plus de chercher pour le moment.”

“Quoi ?!” s’exclamèrent de surprise les quatre autres juments.

“Nous sommes toutes fatiguées.” Elle prit la photo de Pinkie Pie et la rangea dans sa sacoche de selle pour la préserver. “Nous pourrons mieux le rechercher demain une fois que nous serons toutes reposées.” Elle eut un léger sourire. Les quatre autres la fixèrent dubitativement, mais elles savaient qu’elle avait raison. Il était bientôt trois heures du matin, et il n’y avait nulle part à Ponyville un signe de l’étalon spartiate. Elles doutaient qu’il ne se soit enfuit dans la forêt Ever Free, ou éloigné du chemin, mais… une ville était un lieu immense quand vous recherchiez un seul poney. Elles soupirèrent simultanément, et Twilight se retourna pour s’en aller.

“Bonne nuit, Twilight !” dit gentiment Pinkie Pie, sautillant avec le peu d’énergie qui lui restait. Twilight hocha la tête silencieusement, marchant lentement à travers le jardin public et laissant ses amies derrière elle. Le sourire de Pinkie s’estompa, et elle regarda la jument violette partir. “Elle parait si triste.” marmona-t-elle.

“Je pensais que Twilight aurait été en colère contre Spartan, euh, pour avoir blessé Big Mac.” dit Fluttershy en éraflant son sabot sur le sol. “Je veux dire, h’hum…” elle se tut pendant un instant.

“Elle a tenté de lui apprendre à ne pas être aussi violent, et que fait-il ? Il brise le cou de quelqu’un !” déclara Rarity un peu en colère. “Maintenant, regardez la pauvre chérie, malade d’inquiétude malgré elle !” La licorne blanche ne savait pas si son visage devait prendre un air colérique contre Spartan Shield, ou inquiet pour Twilight Sparkle. Le résultat était une sorte de grimace de canard.

“Nous devrions nous assurer qu’elle rentre bien chez elle.” soupira Rainbow Dash, sérieuse pour une fois. “Si elle passe par le parc, c’est le chemin le plus long.” Elle commença à avancer, et silencieusement, un pacte fut scellé. Elle suivraient Twilight Sparkle à distance. Juste pour vérifier qu’elle aillait bien, et qu’elle rentrait chez elle sans encombres. La dernière chose dont elles avaient besoin était que leur meneuse et amie ne se fasse aggresser par un voleur ou autre silhouette ténébreuse. Se transformant en un troupeau en formation, les juments la suivirent en silence.

Pendant ce temps…

Twilight Sparkle vagabondait dans le jardin le long du chemin en pavés. Elle passa quelques statues, une fontaine, un lac, quelques superbes bosquets et caetera. Elle leva les yeux vers le ciel sur les nuages défilant. C’est vrai qu’il faisait sombre. Oh bien. C’est pas comme si elle avait besoin d’y voir beaucoup de toute façon. Le roulement des petites vagues du lac attirèrent son attention. Elle combattit un mal de tête imminent, et s’assit sur un banc face sur la rive. Soupirant, elle posa son menton sur la surface dure et froide du banc et regarda distraitement le lac.

Quelle sorte d’horrible chance avait-elle, pour que l’univers la méprise comme ça ? Un antique étalon intéressant, intelligent, beau était littéralement tombé dans ses sabots—et il était tombé amoureux d’un autre étalon. C’était cruel ! Est-ce que leurs baisers ne voulaient rien dire pour lui ? Est-ce que les étalons étaient plus proches de leurs homologues masculins, et utilisaient les juments seulement à des fins de reproduction ? Pourquoi ses livres ne lui avaient rien dit ? Est-ce que ses chaussettes mignonnes n’étaient pas assez mignonnes pour attirer son attention ? Elle avait essayé de faire de son mieux pour l’apprivoiser, pour lui montrer le monde merveilleux qu’était devenu Equestria pendant son sommeil de mille ans. Mais non, il n’était que violence, muscles et pensées militaires. Elle se sentait comme si elle avait aussi échouée auprès de la Princesse Celestia. Elle avait été chargée de l’aider à s’adapter, et non seulement elle avait échouée, mais apparamment elle ne le connaissait pas assez non plus. Si ses préférences avait été un mystère complet pour elle pendant tout ce temps, que ne savait-elle pas d’autre ? Elle était une héroïne international, l’élément de la magie, la protégée de Princesse Celestia, et une érudite sacrément intelligente—ne méritait-elle pas un superbe et gentil étalon comme n’importe quelle autre jument ? Était-ce trop demander que la chose la plus attractive qu’elle ai jamais vue soit hétéro ? Elle soupira, son cœur lourd de désirs égoïstes, de culpabilité et d'inquiétude. Qui savait où il était à présent, pensa-t-elle tristement. Probablement en train de courtiser Big Macintosh (nouvelle vague de culpabilité pour avoir pensé du mal de lui), récitant quelques anciens poèmes d’amour grecs sous sa fenêtre d’hôpital. Elle était comme une folle.

Twilight Sparkle s’assit sur ses hanches, tirant l’image du combat de lutte de sa sacoche. Elle l’étudia avec un froncement de sourcils de plus en plus marqué, soupirant et baissant la tête. Elle la jeta avec dégoût par dessus son épaule dans les buissons derrière elle.

“S’il y a un prix pour manque de jugement,

Je crois que j’ai le ticket gagnant.

Nul étalon ne vaut de souffrir autant !

C’est de l’histoire ancienne ! Je jette ! J’enchaine !”

Pinkie Pie et les autres SURGIRENT du buisson, se séparant avec des sourires d’encouragement. La photo était serrée dans le sabot de la jument rose et elle la montra aux autres avec un large sourire. Elles échangeaient de petits sourires. Twilight avait sursauté, mais c’était déjà trop tard. Elle s’était déjà lancée dans une chanson et ses amies étaient là pour jouer les chœurs !

“Qui crois-tu donc tromper ?

Ton cœur en feu est amoureux !

N’essaie pas de cacher,

La passion qu’on lit dans tes yeux !”

Twilight tourna sa tête, fronçant les sourcils à cause de son égo blessé. Comment osaient-elle insinuer ! N’ont-elles pas vu ce qui s’était passé ? Ce spartiate n’était évidemment pas avec elle, et passait tout son temps libre avec Big Mac ? “Ohh-Noon-o’onnn !” elle remonta son nez, chantant sa note au dessus des quatres autres. Elle sauta du bout du banc et alla sur le chemin.

“Pourquoi donc le nier,

Il t’a envouté,

Il t’a enso-o-o-rcelé !”

“Oh no-‘o’onn !” Twilight se détourna d’elles, traversant un pont arqué tandis qu’elles la poursuivaient, un vrai petit troupeau de copines ricanant. Elles voulaient juste lui remonter le moral mais ça n’avait pas du tout marché. Elle n’aimait vraiment PLUS du tout l’étalon spartiate, et si elle devait le prouver en chanson, elle le ferait !

“Non, non ! Jamais ! Je ne le dirais, non non !”

“Ton coeur soupire, pourquoi mentir ?—oh oh !”

“C’est trop banale, d’être sentimentale…”

Le groupe des quatre juments harcelèrent la jument violette contrariée sur le chemin du parc jusque sous un arbre. Elle accéléra après celui-ci tandis qu’elles s’évaporèrent lentement. La lueur argentée de la lune éclairait la nuit, projetant une lumière de plus en plus vive sur Twilight Sparkle. Elle se pressa derrière un arbre, inspirant un grand coup pour chanter des notes plus élevées.

“J’avais pourtant appris la leçon,

Mon cœur connaissait la chanson,

Mais tout vacille, accroche-toi ma fille !

T’as le cœur trop fragile, évite les idylles !”

Twilight sauta sur le rebord d’une nouvelle fontaine avec ses amies sur ses sabots, leurs la-la-la l’accompagnant alors qu’elle dansait à travers celle-ci. Elle lança sa crinière d’un mouvement énergique, montrant avec un dédain confiant qu’AINSI elle n’avait pas besoin d’un étalon pour se réconforter. Elle allait très bien comme ça, merci beaucoup. Elle n’avait ni besoin de lui, ni de quelqu’un d’autre contre qui se blottir. Ou à embrasser. Ou qui lui dise qu’elle était son seul allié. Ou qui la presse contre sa porte d’entrée et l’embrasse comme ça. Elle trébucha, et le groupe le fit remarquer dans de grands éclats de rires féminins.

“Pourquoi nier, c’est dément,

Le tourment de tes sentiments ?

Remballes ton compliment,

Quand tu mens c’est passionnément !

Tu l’aimes et c’est normal,

La passion t’emballe,

Et ça fait très, très, très, très mal !”

Le groupe se déploya autour de Twilight, se penchant sur elle. Elle fut bloquée au niveau de la fontaine par toutes ses affectueuses amies, et fut pressée dans un gros câlin de groupe tandis qu’elles essayaient de lui faire entendre raison. Tu ne pourras pas avoir un petit ami sans détester son stupide gros visage de temps en temps, tout le monde savait ça ! Les mâles n’étaient pas agréables à 100 % du temps, ils devaient nécessairement se planter et avaient besoin d’être pardonnés pour ce qu’ils faisaient mal. Twilight désapprouvait, réfutant leurs accusations, mais le sourire grandissant sur son museau la trahissait.

“Non, non ! Jamais ! Je n'avouerai, non, non !”

“Même si tu nies, tu souries car tu l’aimes !”

“Laissez tomber! Je ne suis pas amoureuse !”

“Lis sur nos lèvres, lis ton cœur, car tu l’aimes !”

“Jamais, jamais je ne vous dirai...

Jamais, jamais, je n’oserai !”

“C’est pas la peine d’hésiter car tu l’aimes !”

Elles relâchèrent l’étreinte du câlin collectif et la laissèrent trotter un peu plus loin et bondir sur un autre banc qui donnait sur le lac. Elles la suivirent, sautillant délicatement en cercle pour la garder coincée. Elles l’avaient presque, son humeur se détendait et elles pouvaient le voir sur son visage. Pinkie Pie glissa la photo sur le banc en pierre où était Twilight quand celle-ci eut le dos tourné.

“Oh’hh… oserai-je un jour,” fredonna Twilight Sparkle mélodieusement. Elle se laissa tombé sur les fesses, regardant autour d’elle et remarquant l’image. “T'avouer comme--” elle la prit et l’approcha d’elle, contemplant le bel étalon qui était dessus. “Je t'aime…” Ses amies disparurent dans la nuit quand le numéro musical se termina, sachant que la jument violette irait bien.

… Très bien.

Ainsi, le cœur de Spartan balançait entre les deux.

Twilight devra faire avec. Elle aura juste besoin d’être plus attirante.

Autrement dit, quand elle l’aura trouvé.

Fin de la partie 18.