Des Apple et du cidre

« Applejack ? »

Surprise, la fermière regarda à la ronde, ôtant son chapeau pour s’essuyer le front.

« Ey ! Twilight ! s’exclama-t-elle. Sympa d’te voir. Qu’est-ce qui t’amène dans le coin ?

– Euh, j’étais un peu préoccupée, avoua Twilight.

– Préoccupée par quoi, ma puce ? demanda Applejack en levant un sourcil.

– Eh bien, répondit Twilight un peu embarrassée, tu te souviens quand Flim et Flam ont débarqué ici ?

– Bien sûr, opina Applejack. Et ?

– Ce jour là, tu as affirmé que si tu ne vendais pas suffisamment de cidre, tu devrais abandonner la ferme.

– Exact.

– Euh… Applejack… Ça ne rime à rien. Cette ferme passe de mère en fille depuis des générations, tu vends les meilleures pommes à la ronde… Ça devrait faire longtemps que cette propriété devrait vous appartenir.

– En fait, expliqua Applejack, Célestia a donné ce terrain au père de Granny Smith, mais je vois ce qui t’embête. Compte tenu de tout ce que nous gagnons, et des coûts modérés de l’exploitation, nous devrions pouvoir nous débrouiller sans avoir à vendre du cidre en plus, c’est ça ?

– Exactement, confirma Twilight. Je me suis demandé s’il y avait quelque chose qui n’allait pas…

– Oh, c’est adorable ! Mais il n’y a là rien de secret. À vrai dire, maintenant que j’y pense, tu es l’une des seules en ville à ne pas nous payer de loyer…

– De loyer ? fit Twilight décontenancée.

– Ouais. Quelques années après la fondation de la ferme, Célestia revint pour voir comment mes ancêtres se débrouillaient, et ils se débrouillaient bien, crois-moi. Satisfaite, elle a alors donné un vaste domaine a Granny Smith, pour y construire un village. Donc, tous les bâtiments de Poneyville sont construits sur des parcelles appartenant à la famille Apple – sauf la tanière de Dash, évidemment –, mais nous avons rétrocédé celles des bâtiments officiels à l’État, de sorte que Célestia ne nous doive rien.

– C’est-à-dire la mairie, l’école et la bibliothèque… Mais où est le problème ? Tout ce que vous touchez doit largement couvrir vos frais, non ?

– En général, oui, ma puce, soupira Applejack. En général. Mais ces deux dernières années… entre les parasprites, l’Ursa Major, la… petite métamorphose de Spike, enfin, voilà quoi ; le rôle d’un propriétaire est de prendre soin des bâtiments. Et à chaque fois que Poneyville est ravagée par une calamité, l’addition arrive sur le bureau de Big Mac. »

Twilight grimaça quelque peu au souvenir cuisant de son sortilège anti-parasprite. « Tu n’aurais pu revendre quelques parcelles à tes locataires ? » demanda-t-elle.

Mais Applejack secoua la tête : « Les cadeaux de Célestia sont toujours assortis de quelques conditions. On ne peut pas juste revendre comme ça les terrains qu’elle octroie. En gros, les seules mutations possibles sont : ou bien tu les rends à la princesse, ou bien tu les lègues à tes héritiers. Mais c’est seulement quand tu meurs que le bien redevient comme une parcelle ordinaire, susceptible d’être divisée, élargie ou vendue. Par exemple, le terrain de la ferme a été cédé au père de Granny, donc, lui, on pourrait le vendre ; mais pas ceux que Célestia a donnés directement à Granny – donc Poneyville – tant qu’elle est vivante.

– Je vois, je vois, opina Twilight.

– Effectivement, j’avoue que les comptes étaient plutôt tendus lors de la dernière saison, poursuivit Applejack. Mais avec tout ce que nous avons engrangé depuis, nous avons réussi à renflouer notre trésorerie. Et puis avec la récolte exceptionnelle de cette année, et les termes qui arrivent… À moins d’un gros désastre avant… euh… mercredi prochain, ça devrait rouler. »