Dans l’immensité noire du cosmos, Discord flottait joyeusement. Il avait décidé, dans un élan de fantaisie lactique, de transformer l’étoile d’un système habité quelque part au Nord de la galaxie en un morceau de fromage. Pour être plus précis, en une sphère de fromage d’approximativement 2.000.000.000.000.000.000.000.000.000.000 kg. Un tel phénomène, une immense boule de produit laitier en ébullition sous l'énergie de sa propre gravitation, et les éruptions de gouda et de parmesan à sa surface, est un spectacle rare, même si les habitants du système local, privés de lumière, ne purent pleinement en profiter.
L’univers est très à cheval sur la conservation de la matière, et à fortiori, sur la conservation du fromage. Il est impossible de créer du fromage à partir de rien, et il était donc bien venu de quelque part. Par exemple, quelque part dans une galaxie complètement différente, le patron d’un magasin de fromage qui effectuait son état des stocks retrouva d’un coup sa boutique entièrement vide, à l’exception d’un petit camembert trop fait et invendable. La venue par la suite d’un client à la recherche de certains produits comestibles dans cette boutique entraîna d’ailleurs une dispute qui tourna à la fusillade sanglante.
La masse d’Hydrogène, d'Hélium et d’autres gaz plus lourds qui constituait le soleil a été quand à elle uniformément répartie dans le cosmos sans effets notables.
Discord renifla avec joie en écoutant la panique et la confusion s’emparer des planètes plongées dans l’obscurité. « Je suppose que les circonstances voudraient que je fasse une blague vaseuse... (1) » Il réfléchit. Il tournoya en l’air, en se grattant soigneusement le menton avec sa griffe. Il sembla content pendant un moment. « Mais je n’arrive pas à en trouver. Quel dommage.»
Le Guide du Routard Galactique conteste l’affirmation selon laquelle se parler à soi-même est le premier signe de la folie. Selon lui, le premier signe de la folie est de ne pas avoir une serviette avec soi. Il ajoute que la simple possession d’une serviette empêche l’apparition de toute forme de folie, puisque l’on peut facilement parler à sa serviette plutôt qu’à soi-même. Le responsable éditorial de cet article a par la suite démissionné après que sa gamme de “Serviettes Amicales de Fremzo”, des serviettes semi-conscientes capables de discuter, ait fait de lui l’être le plus riche de ce secteur de la galaxie. Les serviettes en question avaient perdu une partie de leurs fonctionnalités, puisqu’à cause des composants électroniques, se sécher avec entraînerait une électrocution fatale pour l’utilisateur. Cependant, la capacité de séchage a fini par devenir secondaire chez les serviettes, et cela n'empêcha pas le produit de se voir octroyer 13 étoiles et la recommandation de l’éditeur dans un récent numéro de Playalien.
- Je voudrais vraiment que vous arrêtiez d’interrompre mon histoire avec vos anecdotes sans importance ! » gronda Discord. Il disparut dans un accès de colère, mais non sans avoir lancé la boule de fromage sur une planète proche. Lors de l’impact, tout deux disparurent pour laisser place à deux colombes très étonnées, qui voletèrent quelques secondes dans le vide avant de s’asphyxier.
***
Le Prostetnic Vogon Jeltz était, selon les normes vogonnes, un vogon heureux. S’exprimer en standard vogon réduit considérablement l’importance de la déclaration ci-dessus. Dans notre cas, on peut le considérer plus heureux qu'environ 12% de la population galactique. Il était également très ivre. Il murmurait dans sa barbe un poème qu’il était en train de composer.
Il était presque unique dans toute la bibliothèque de poésie vogonne (qui n’existe pas physiquement, même si certaines races infâmes en ont stockés quelques uns à des fins de torture), et si il n’était vraiment pas bon, au moins était-il tolérable. Comme tous les poèmes de cette espèce, il était écrit en Vogspug, la langue universelle de Vogshere.
“O turlingdrome, Grommits de Fub,
Trebwull in smik Marfark formischlub,
Grunfit marp flurdled kerspok ”
(Ô, cruelle ironie,
Cette boisson a un goût de sécrétion de glande anale d’une Liche Moutarde de Marfark IV,
Mais je la bois quand même.)
Il y eut un flash lumineux et doré à quelques mètres. Pour un œil non averti, ça serait passé pour des mauvais effets spéciaux, comme c’est souvent le cas avec la magie. A présent, Jeltz pouvait voir devant lui ce qu’il avait appelé le “Maudit Grand Poney”.
- Prostetnic Vogon Jeltz ?
Au moins, le Grand Poney ne criait plus. Le cas du vogon avait donc subit une amélioration significative.
- Hein ? » Jeltz la dévisagea d’un air absent, et un peu chancelant. L’état d’ivresse n’a rien de beau à voir chez un vogon. Celestia plissa les yeux, puis les leva au ciel et finalement, les referma. Sa corne brilla un instant, et Jeltz, qui jusque là avait beaucoup de mal à tenir sur ses jambes, se redressa d’un coup en frémissant, le visage envahi d’une expression d’horreur. Avoir tout l’alcool de son sang instantanément purgé n’est pas une expérience très agréable à vivre. L’ivresse combine une sensation de chaleur, de confiance en soi et d’euphorie, avec une bonne dose d’apathie. Se retrouver sobre en un instant est un peu comme être jeté nu dans la neige par une belle-mère acariâtre puis être traîné quelques mètre et giflé. Il fallut plusieurs secondes à Jeltz pour se ressaisir, et ceci fait, il put enfin regarder dans les yeux la grande alicorne blanche qui lui faisait face.
- Ma fidèle élève, Twilight Sparke, m’a assurée que vous étiez responsable de son sauvetage, et de celui de ses amies, dit-elle. Heureusement pour vous, j’ai décidé de la croire.
Jeltz avait été suffisamment impliqué dans la politique vogonne pour détecter une menace sous-jacente, et il utilisa une technique de survie qu’il n’avait pas utilisée depuis un long moment, mais qui avait joué un rôle essentiel dans sa réussite : fermer son putain de clapet.
- Grâce à elle, vous êtes libre de partir. Mais mon élève a un plan. Elle va faire face à un être ancien, le plus puissant de la galaxie. Et vous allez l’aider.
- Oh. » Le vogon avait une voix étranglée.
- Et si j'apprends…» commença Celestia en ouvrant ses ailes, rayonnant de rage et de puissance, d’une manière plus apte à déclencher la crainte et l'obéissance que l’adoration de petites filles. « ...Si j'apprends que vous agissez autrement que de façon totalement exemplaire auprès de mon élève… » Elle prit une profonde inspiration et les murs de la cellule semblaient trembler de crainte. « Je. Vous. Ferais. Souffrir. » Sa voix descendit ensuite dans des tons encore plus froids, et elle déclara tranquillement : « J’ai récemment fait l'acquisition de la collection complète des lectures audio de Grunthos le Flatulent, et je n'hésiterais pas à les utiliser.
Certains lecteurs peuvent ne pas être familiers des Asgoths de Crea, et de leur maître poète, Grunthos le Flatulent, et ne peuvent donc comprendre la gravité de cette menace. Une comparaison appropriée est d’imaginer le caïd du collège être envoyé en punition pour un week-end chez Vlad l’Empaleur. Un Vlad qui serait d’une humeur particulièrement massacrante, et qui aurait reçu il y a deux jours une nouvelle livraison de son site préféré : “ Instruments de torture de qualité pour meurtriers lunatiques.”
***
Rarity essayait péniblement de ne toucher à rien. Elle se tenait sur la pointe de ses sabots près du milieu de la pièce dans laquelle elle se trouvait, et effectuait des exercices de respiration pour se soulager de son stress. L'intérieur d’un vaisseau vogon était à peine mieux que l'extérieur, et elle était sûre qu’aucun nettoyage ne pourrait le débarrasser de la crasse accumulée par des dizaines de vogons faisant leur devoir dans cette pièce, parfois jusqu’à leur mort violente. Ainsi, Rarity avait de plus en plus de mal à effectuer ses exercices. Elle avait noté que les murs et le sol ne laissaient pas de traces sur les sabots, mais cela était probablement dû à l’état presque fossile de la saleté, qu’il aurait fallu retirer à la dynamite. Elle frissonna. Il n’y avait pas d’autre moyen.
La pièce était assez grande pour contenir sa boutique entière, et effectivement, la monstruosité qui s’y trouvait en avait à peu près les proportions. Une tour en forme de cône tronqué en métal crasseux, séparée sur toute sa hauteur en plusieurs échelons. Un panneau de contrôle était visible sur le côté, portait des inscriptions en Vogspug et, comme l’avait rapidement expliqué Jeltz, n’était là que pour servir de piège anti-sabotage. Les boutons n’avaient pour effet que de produire de fortes décharges et beaucoup de bruit.
La protection de cette tour était en effet une priorité, car il s’agissait du générateur du faisceau de démolition, la pièce la plus importante du vaisseau. La flotte possédait aussi les installations nécessaires pour créer et sculpter de la matière à l'échelle d’un continent, mais elles restaient la plupart du temps inutilisées. Personne ne voudrait d’une maison construite par un vogon.
- Très bien, Rarity, dit-elle d’un air pincé. On y est. La chose la plus importante que tu ne feras jamais. » Elle sentis le poids de l'élément de la générosité autour de son cou, et regarda l'échelle avec une certaine appréhension. Elle baissa les yeux sur ses sabots, puis les leva à nouveau. « Incapables de penser aux quadrupèdes. Pas surprenant de la part de ces rustres de vogons. » Elle jeta sa crinière en arrière en serrant les dents, posa ses sabots sur un barreau et essaya de pousser.
A sa grande horreur, elle fut forcée d’enrouler ses pattes arrières autour de l'échelle crasseuse pour ne pas tomber. Elle en posa ensuite une sur un des barreaux du bas, se sentit immédiatement mieux, et commença à grimper. Elle jeta un regard en contrebas, et put observer les mouvements peu flatteurs de sa croupe… qui n’étaient pas si disgracieux, à la réflexion. Elle n’y pensait pas sérieusement, bien entendu, mais essayait simplement de s’occuper le moins possible de la situation dans laquelle elle était.
Elle atteignit un barreau avec son sabot, et continua à grimper. Ce genre d'exercice doit être merveilleux pour mes fessiers, pensa-t-elle. Ça pourrait être le début d’un nouveau genre de fitness. Elle regarda encore une fois en bas. Peut être qu’il faudrait un vêtement pour le pratiquer. Oui. Et elle pouvait le concevoir.
C’était une pensée agréable et distrayante.
***
Jeltz était de retour dans son grand fauteuil de capitaine, et regardait l’écran qui lui faisait face, séparé en plusieurs fenêtres. Six d’entre elles montraient les poneys chacun dans leur vaisseau, et une septième, le reste de sa flotte qui disparaissait dans le vide.
Six vaisseaux restaient, avec six poneys à l'intérieur. Jeltz se sentait comme un capitaine Wutetnic, chargé débarrasser l’espace des petits astéroïdes et des formes de vie qui se seraient attirées les foudres de ses chefs.
- Ordinateur ?
La voix nerveuse répondit rapidement. « Ou-Oui, capitaine ?
- Passez-moi la violette, je crois qu’elle s'appelle Twilight.
- Tout de suite, capitaine.
- Merci.
Il y eut une pose durant laquelle la machine ronronnait, perplexe. « Pardon ?
- Quoi ?
- Rien, capitaine. Désolé, capitaine.
La fenêtre qui montrait la licorne s’agrandit pour prendre toute la place sur l’écran, laissant les autres sur le bord.
- Ahem, Twilight Sparkle ? » Commença Jeltz. Il faisait de son mieux pour ne pas lui manquer de respect, la menace de Celestia résonnant encore dans ses oreilles.
La licorne regarda autour d’elle, puis au dessus.
- Oui, capitaine Jeltz ? Que puis-je pour vous ?
- J’ai besoin des coordonnées de la cible.
Twiligt se tourna vers l’appareil en haut du générateur de faisceau. « Ah oui, bien sûr. C’est une difficulté. Mais j’ai pensé que la meilleure façon de trouver la cible serait d’écouter les informations. D’identifier les nouvelles qui semblent manifester sa présence, et de se rendre sur place. Tôt ou tard, on finira par lui tomber dessus, et je pense qu’il nous attendra exprès pour voir ce qu’on va faire. Il est plutôt joueur.
- C’est quoi, les “nouvelles qui manifestent sa présence” ?
Twilight réfléchit. « Tout ce qui vous fait penser que l’univers va vraiment de travers. » Elle fit de petits cercles avec son sabot à côté de sa tête, puis haussa les épaules. « Des matérialisations inexpliquées, des disparitions d’objets, des évènements ridicules, ou des violations distrayantes des lois de la physique.
- Et une fois qu’on l’aura trouvé ?
- Encerclez-le et ciblez-le. On fera le reste. J’ai juste une question à propos des, euh, des “canons”. Comment fonctionnent-ils ?
Le vogon réfléchit, ses neurones s’activant d’une manière peu habituelle pour lui. « Euh… J’ai un bouton pour les allumer, et je peux régler sur “couper en dés”, “vaporiser”, “démolir” ou “brûler”.
- D’accord, mais comment ça fonctionne ?
- Euh… c’est un canon à particules. Ou un laser. Ou un canon à ions. A moins que ce soit un canon à plasma.
- Donc la réponse, c’est que vous ne savez pas ?
- Nnnnon.
Twilight roula des yeux. C’était de plus en plus compliqué. « Très bien, je vais y travailler toute seule. Contactez-moi quand vous aurez trouvé Discord.
Jeltz ferma la ligne.
Bon. Les infos. « Ordinateur ?
- Oui, capitaine ? répondit-il fébrilement, paraissant encore plus nerveux qu’avant.
- Branchez moi toutes les chaînes d’infos du réseau sub-éther. Changez à chaque fois qu’il se passe un nouvel événement.
- Tout de suite, capitaine.
Les chaînes commencèrent à défiler sur l’écran, beaucoup trop rapidement pour pouvoir percevoir quoi que ce soit. Chaque speaker restait visible quelques picosecondes avant d’être remplacé, et les haut-parleurs crachaient un flot de données incompréhensibles.
- SILENCE ! cria Jeltz dans le tumulte d’informations.
- Désolé, capitaine ! couina l’ordinateur terrorisé.
- Enlève les potins, les discussions, et les infos périmées.
- Tout de suite capitaine. » Le flux ralentit à moins de mille images par secondes.
- Enlève tout ce qui peut s’expliquer rationnellement. »
Le flux ralentit encore.
- Enlève tout ce qui n’est pas issu de sources dignes de confiance.
Le flux sembla s’arrêter.
Il continua à sembler s’être arrêté.
- Ordinateur, est ce qu’on reçoit encore des chaînes d’infos ?
- Euh, oui, capitaine. Une ou deux.
- Et bien, préviens-moi si tu trouve quelque chose de nouveau !
- Oui, capitaine.
***
Dans une société où tout un chacun est en mesure d’enregistrer, d’éditer et de diffuser des évènements, les moyens d’informations traditionnels ont naturellement beaucoup souffert. La raison en est simplement que les journalistes d’investigation seraient toujours en retard d’un jour ou deux par rapport au citoyen lambda. Les réseaux d’information ont donc décidé de créer des chaînes pour différentes périodes de temps.
Il y a donc les infos futures, qui disent ce qui va se passer dans une, deux ou trois semaines, à condition que quelqu’un ne se mette pas en tête, après avoir été mis au courant, que putain, ça n’arriverait pas. Les infos futures sont rapidement devenues un moyen de considérablement raccourcir les conflits armés dans la galaxie, chaque belligérant pouvant ainsi prévoir plusieurs contre-attaques avant même que la première bataille n’ait eu lieu.
Mais les plus populaires auprès du grand public, en raison de leur plus grande fiabilité, sont les infos en temps réel. Basiquement, le journaliste se rend sur le lieu de l'évènement, fait toutes les recherches dont il a besoin en prenant tout son temps, puis envoie son travail dans le passé, à l’époque du déroulement de l'évènement. Il dispose donc des news les plus fournies.
Le pouvoir de l’information avait ainsi été mis entre les sabots des gens capables d’en tirer profit, et la population avait appris à se méfier des attroupements inexpliqués de journalistes.
***
Zaphod boudait sur le Coeur-en-Or. On lui avait assené que sa présence sur Equestria ne pourrait en aucune façon profiter à la planète, et il restait donc en orbite, attendant que son vaisseau soit réparé. Il se demanda si les autres étaient en train d’essayer de retrouver le cœur du vaisseau.
Il avait par ailleurs de gros doutes au sujet de sa suite des évènement. La présence de la flotte de construction vogonne lui faisait craindre de forts dommages collatéraux. Certes, son vaisseau était suffisamment haut de gamme pour disposer d’un système de propulsion auxiliaire, mais rien de fonctionnait de toute façon, et il se voyais mal échapper à la moitié de la police galactique à bord d’une navette fonctionnant sur allume-cigare.
De toute façon, pourraient-ils le trouver ? Étaient-ils même encore à sa recherche ?
- Pfff. Bien sûr qu’ils me cherchent. Tout le monde me cherche depuis que je suis né ! » Il prit une attitude de désespoir flamboyant (poses 8 à 16). « En général, c’est parce que je suis un type génial. N’est ce pas parfois une vraie malédiction ?
De l’autre côté de la pièce, Marvin poussa un profond soupir.
- Quelque chose à dire, Mr le maniaque mécanique ?
- Je ne suis pas maniaque le moins du monde. Je suis maniaco-dépressif, dans le sens ou je suis déprimé à un point ou n’importe quel être normal serait devenu fou depuis longtemps. » Il s'arrêta. « En dehors de ça, non, je n’ai rien à dire.
- Alors arrête de geindre et allume la radio. J’ai envie d’entendre parler de moi.
Allumer la radio était un processus simple, qui nécessitais simplement de dire à l’ordinateur central de le faire. Marvin regarda tristement Zaphod, juste assez longtemps pour lui rappeler ce fait, avant de d'émettre un bourdonnement sourd, comme un raclement de gorge. Ensuite, il ne fit plus rien. Zaphod le regarda, regarda la console, puis il ouvrit la bouche pour parler.
- Eddie, aurais tu l’amabilité de trouver une station de radio qui parlerait du sujet favori du président ? » bougonna Marvin.
- Sans problème, mon pote, grâce à l’appli Zaph-o-matique ! Avec ça trouver une station parlant de Zaphod Beeblebrox lui-même est un jeu d’enfant !
L’application “Zaph-o-matique” a été téléchargée plus de dix-huit squillions de fois, rien que dans le bras Occidental de la galaxie. Tout le monde, des fans aux politiciens, de la police aux compagnies d’assurances, avait besoin de savoir ce qu’il se passait dans l'univers personnel de Zaphod.
Des bip-bop optimistes retentirent dans les haut-parleurs, et Zaphod s’affala sur un canapé, un verre dans chaque sabot et plusieurs autres flottants devant lui. Une voix chaude commença à déblatérer à grande vitesse. La musique de fond était évidemment horrible. Elle ressemblait au son d’un vieux synthétiseur qui serait plusieurs fois frappé par la foudre. Cela servait à la fois à attirer l’attention lorsque l’on zappait, et à forcer à écouter la voix plutôt que le reste, afin de maintenir sa santé mentale.
- … diffusons sur le réseau sub-ether à travers toute la galaxie, apportons des news fraîches à tous les êtres doués de conscience, donnons des conseils sur les relations entres espèces capables de se reproduire, et pour les autres, essayez de vous rapprochez et voyez ce qu’il se passe ! Ici Galax-eee Radio, la source de vérité en temps réel ! Il est maintenant l’heure de faire le point du jour sur le Grand Z, Zaphod Beeblebrox ! Le président est toujours introuvable, et il bat son dernier record de cavale post-criminelle de plus d’une semaine ! Les rapports qui le disait dévoré par des parasprites dans le bras septentrional se sont révélés fantaisistes. Galax-eee Radio a en effet interviewé un des habitants de la planète Trivitor : » La voix s’arrêta, puis un extrait d’enregistrement fut passé, clairement prélevé au milieu d’une phrase.
- … il ne l’a pas été… » L’enregistrement s’arrêta immédiatement, et la voix du présentateur réapparut.
- La question de son emplacement actuel demeure, et nous allons maintenant continuer avec les cotes des paris. Quelles sont les cotes, Sprutz ?
Une autre voix se fit entendre, et la musique, si c’était possible, devint encore plus rapide et insupportable.
- Aujourd'hui, dans le Grand Jeu de Big Z, certaines possibilités ont changé. Toutes les autres n’ont pas bougé. Voici les chiffres :
- L'incarcération sur une planète isolée est descendue à six contre un, le comas éthylique dans un caniveau quelconque est montée à sept contre deux, l’implication dans une guerre intergalactique a chuté à vingt contre trois. Et évidemment, si vous pensez que Zaphod mange à présent les pissenlits par la racine, vous pouvez parier avec une cote de dix-huit contre un !
La tête droite de Zaphod sourit. La gauche avait déjà oublié.
- Éteint, Marvin.
Avec un profond soupir, Marvin relaya l’ordre à Eddie, qui comme d’habitude fut ravi d’y obéir.
Zaphod frappa ses sabots l’un contre l’autre, ses deux têtes maintenant souriantes. Il avait renversé son dernier verre, mais heureusement, les autres étaient bien en sécurité à l'intérieur.
- Tu entends ça, Marvin ? Ils pensent que j’ai de bonnes chances de vivre !
- Quelle chance. Et je suppose que par conséquent, moi aussi, malheureusement.
Zaphod le foudroya du regard. « Qu’est ce qu’il t’arrive encore ?
- Oh, rien, la douleur de mon existence ne montre simplement aucun signe d'amélioration. Apparemment, une bande de poneys vont sauver la galaxie. C’est une mauvaise idée, si vous voulez mon avis.
- Allez, Marvin, les choses ne vont pas si mal que ça ! J’ai un vaisseau, un robot, et un bar rempli à ras-bord ! » Il se lévita une nouvelle bouteille, un Rumman koawq phosphorescent, et s’installa à nouveau sur le canapé. « Évidemment, le vaisseau de fonctionne pas pour l’instant, mais j’ai déjà vu pire comme situation. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, je voudrais écouter encore un peu la radio.
Marvin soupira et traîna les pieds en direction de la poupe.
Peut être qu’une petite conversation avec la pégase jaune lui ferait du bien.
- Eddie, allume !
- … et depuis le secteur HH3 pluriel P Gamma, le cuirassé GSS Suicidal Insanity viens de lancer une attaque complètement inexpliquée sur le siège du gouvernement…
***
- … dans une grossière tentative de coup d’Etat. L’attaque a débuté il y a deux secondes au Sénat Galactique, mais semblera compromise puisque les missiles manqueront leur cible. Une fois tirés, ils s’en extraira de petits drapeaux sur lesquels figureront des onomatopées d’explosions. Oui, là ! Maintenant ! Par la suite, les canons cinétiques du vaisseau ouvriront le feu. » Il y eut un silence si profond qu’il ne pouvait qu’être le fruit d’une explosion telle qu’on en avait pas vu depuis la naissance de l’univers. « Nous sommes maintenant en compagnie de notre correspondant sur place, deux mois dans le futur, Ridd Gadger
- Les croiseurs de classe Omega comme celui-ci tirent habituellement des projectiles de forces comprises entre 1 et 0.3 mégatonnes. » La voix fluette venait d’un amas de roseaux apparemment doué de parole. « Il semble que dans ce cas, les projectiles aient en réalité été des copies miniaturisées du Suicidal Insanity. Ces copies ont à leur tour tiré d’autres copies, et ainsi de suite. Cette attaque de type fractale n’a pris fin que lorsque des squillions de vaisseaux de guerre d’une taille équivalente au quart de la Longueur de Planck ont finalement percuté le sénat. Les études ont montré que les projectiles impliqués se déplaçaient à plusieurs fois la vitesse de la lumière, et que l'énergie générée suffirait pour faire sauter le sénat et les trois planètes environnantes.
Jeltz contacta Twilight Sparkle.
- Écoutez ça. » gazouillat-il. Il faisait de son mieux pour gargouiller de façon respectueuse.
Twilight écouta avec un mélange d’horreur et d’incompréhension.
- Une “nouvelle qui manifeste sa présence”.
- Oh, ça m’en a tout l’air. » répondit la licorne
- Il nous faudra environ cinq minutes pour nous y rendre. Vous êtes prêtes ?
Dans la salle du canon, Twilight regarda nerveusement la tour.
Elle l’avait étudié de diverses manières, limitée par son manque de matériel et connaissances dans ce genre de technologies. Cependant, compte tenu de ces facteurs, elle avait fait du bon travail. d’abord, elle avait déterminé que le canon tirait des particules subatomiques. cela lui avait semblé étrange, jusqu’à ce qu’elle ne calcule le nombre de ces particules qui pouvait être envoyé.
Après avoir repris ses esprit, elle s’était remise au travail. Apparemment, la matière est vaporisée, avant que ne soit injecté quelque chose provenant d’un grand bidon marqué “antimatière” (le réservoir était en fait plusieurs fois plus grand que nécessaire, afin que toutes les étiquettes d’avertissement puissent y tenir). La réaction d’annihilation résultante produit une vague de radiations qui réduira en plasma un genre de projectile, situé au fond d’un canon contrôlé par gravitation, puis l’enverra les particules chargées au sommet de la chambre, vers les anodes et cathodes à haute puissance.
Les projectiles, qui sont dans ce cas d'inoffensifs câbles de fer maintenant un bloc de particules surchauffées, sont projetés à la fois par l’effet des particules chargées et par la pression monumentale qui règne dans le canon. Cela se traduit par un faisceau de particules diverses qui entrent en collision avec tout ce qui a le malheur de se trouver sur leur chemin, et avec une force colossale. Ce n’était ni élégant, ni joli, ça déchirait juste les atomes en pièces et lançait très fort les morceaux.
Twilight avait des frissons en repensant à ses découvertes sur les effets que cette arme avait sur ses cibles. Elle n’avait pas étudié la physique particulaire pour ça. C’était d’ailleurs sûrement la raison pour laquelle la princesse Celestia lui avait interdit de continuer à construire son accélérateur de particules dans sa chambre, quand elle n’était qu’une pouliche. Pourtant, ses travaux avaient montré que les particules réagissaient avec l'énergie magique, permettant même d’en stocker pendant un temps limité. A ce point Twilight avait été sur le point de démontrer que la magie était affectée par au moins une force liée à particule. Elle regrettait maintenant de ne pas avoir pu poursuivre plus avant ses recherches, car cela aurait permis d’en savoir un peu plus sur ce qu’elle allait faire.
- Je pense que oui. Pouvez vous me mettre en contact avec mes amies, s’il vous plaît ?
- Bien sûr, Mlle Sparkle.
- Les amies ?
La voix de Twilight fut clairement transmise à travers cinq ensembles de haut-parleurs, dans cinq pièces identiques. Cinq ponettes très différentes levèrent la tête.
- Je pense qu’on l’a trouvé. Vous êtes prêtes ?
Elle attendit pendant quelques secondes, puis hocha la tête à Jeltz.
- Aussi prêtes qu’elles ne le seront jamais.
***
Jeltz ferma la fenêtre de dialogue.
- Ordinateur, trace un itinéraire vers la cible.
- C’est déjà fait, capitaine.
- Excellent. Envoie-nous là-bas.
La machine ronronna à nouveau. Il semblait en fait que l’acier lui-même tremblait.
- Vous sentez-vous bien, capitaine ?
- Euh, quoi ?
- Vous m’avez remercié tout à l’heure.
- Oui ?
- Et…c’est juste que... vous venez de me féliciter.
- Et alors ?
- Je… Je vous aime, capitaine.
Ensuite, l’hyperespace est arrivé.
***
Dans n’importe quelle galaxie de taille respectable, il faut un temps astronomique pour se rendre d’un point à un autre en se déplaçant dans l’espace conventionnel, et ce, simplement parce qu’avec la vitesse apparaît une chose fort embêtante : la relativité. La vitesse de la lumière est donc considérée comme très insuffisante quand on veux effectuer des voyages de 100.000.000 années-lumière, et la vitesse sub-luminique a vite perdu tout intérêt. L’hyperespace est ainsi devenu la solution miracle pour la plupart des espèces ayant une activité extra-planétaire.
Cette technologie a été inventée, perdue, retrouvée, reperdue, retrouvée, perdue encore, inventée une nouvelle fois, volée, diffusée sur l’ethernet, universellement répandue, oubliée et perdue à nouveau tellement de fois dans l’histoire longue et mouvementée de la galaxie que la connaissance de l’hypersepace est devenue un trait commun à toutes les races raisonnablement intelligentes de la galaxie. Un peuple qui, au sommet de sa sophistication, n’est pas dotée de ce type de moteurs est généralement considérée comme stupide du point de vue d’un observateur extérieur
Les seules races intelligentes à ne pas être équipées ainsi sont justement celles qui sont suffisamment intelligentes pour avoir compris l’inutilité de la “civilisation”, et qui se contentent de rester sur leur planète d’origine à s’amuser.
Le voyage hyperspatial pose ses propres problèmes, bien sûr. La puissance de calcul nécessaire pour effectuer des sauts rapides et précis est importante, et même un vaisseau évolué passera plusieurs minutes dans l’hyperespace, pendant lesquelles l’équipage aura la désagréable impression d’être tordu sur eux même, à cause de la distorsion gravitationnelle qui comprimera la matière de leur point de départ à leur destination.
Tout individu observant l’espace lointain d’Equestria aurait vu les six énormes, horribles vaisseaux quitter l'atmosphère à grande vitesse et disparaître de son champ de vision. Par définition, voyager à la vitesse de la lumière rend invisible, et les vaisseaux n’échappaient pas à la règle.
***
Discord regardait avec fierté la destruction qu’il avait causé. Le capitaine avait été un peu décevant, certes ; il avait fait le choix de la facilité en visant la domination galactique, plutôt que quelque chose de plus original. Mais bon, c’était un classique pour une bonne raison, et le gouvernement avait été annihilé. Il réalisa qu’il était vraiment absent depuis longtemps. Ce genre de chose conduit vraiment à des résultats ennuyeux une fois que ça s’est installé durablement. Quelques générations de plus, et la paix aurait même pu régner, puis le bien-être et finalement, une bonne compréhension du cosmos ! Il frissonna. Ce nombre… Si l’un d’entre eux avait pu le comprendre…
- Je suppose que c’est ce qui arrive lorsque l’on perd de vue l'essentiel. Mais bon, tout va mieux maintenant, tu ne crois pas ? » Demanda-t-il à une molécule de monoxyde de carbone qui passait par là. La particule faisait à l’origine partie de l’ambassadeur Shaltanac.
- Très bien ! Va-t-en, alors ! » cria-t-il alors qu’elle s’éloignait à une vitesse respectablement proche de celle de la lumière. Il soupira, agacé. « Comme si j’en avais quelque chose à faire ! » La particule fit ensuite demi-tour et revint vers le draconequs.
- Oh, tu est revenu ? » Discord la regarda. « Et bien cette fois, je ne te pardonne pas.
La molécule sa balança presque imperceptiblement comme pour faire remarquer qu’elle ne faisait que plaisanter.
- Je ne trouve pas ça drôle, moi !
Elle haussa son atome d’hydrogène avec emphase, marquant sa frustration.
- Ne soit pas comme ça avec moi, je pourrais mal le prendre, tu sait !
La molécule se tint silencieuse.
- Et bien, tu n’a rien à dire ?
Silence.
- Oh, je sais.
A nouveau, un silence, pendant lequel la molécule semblait exprimer un certain enthousiasme.
- Oui, je suppose que tu a raison.
Encore un silence.
- Oh, je ne pourrais jamais m'énerver contre toi, monoxyde de carbone !
Discord saisit la malheureuse particule, la transforma en un unique atome de molybdène, se mit sur le dos et commença à nager en direction le l’immense croiseur qui se tenait immobile. C’est alors qu’un grand vaisseau jaune le percuta sur le côté de la tête. Jetant un coup d’œil au dessus, il vit une vaste étendue de métal jaune lui passer devant avec une vitesse plutôt élevée. Le nom du vaisseau était inscrit en Vogspug : Buisness End. Avec lui arrivèrent cinq autres vaisseaux de taille comparable.
Discord tourna sur lui-même et se téléporta à distance pour avoir une meilleure vue de la scène. Il fit apparaître des jumelles d’opéra et regarda les vaisseaux avec intérêt. C’était inattendu, c’est ce qu’il se passait ? C’était à cause du vogon qu’il avait hypnotisé ? « Il est en retard si il est venu déclarer la guerre au gouvernement. » ricana-t-il. D’un coup de queue, il plongea vers et dans l’acier du vaisseau vogon, laissant de petites vaguelettes sur la coque.
***
- Jeltz ! » cria Discord en entrant depuis le pont dans la cabine de capitaine, se trouvant face à face avec un vogon très inhabituel.
- Comment vas-tu ? Tu t’amuses ? » Il fit tourner la chaise du capitaine quelques instants avec un grand sourire aux lèvres. « Je vois que tu as perdu quelques vaisseaux ! Soit un bon vogon, et raconte tout ça à ton vieux pote Discord ! » Il immobilisa d’un coup la chaise, catapultant Jeltz sur le sol devant lui.
Un service à thé apparut dans les airs, et Discord s’assit à l’envers sur le siège. Il fit ensuite le mouvement universel du “Oh, allez, continuez !” de sa serre gauche.
Jeltz s’assit, pris de nausées, mais rassemblant toute la dignité qu’il pouvait pour ses prochains mots.
- Vous m’avez dit de tout laisser filer…
Discord hocha la tête avec impatience, et Jeltz reprit
- Je vais vous laisser filer.
Le draconequs leva le sourcil. « Hmmm ?
- Je veux dire, je vais vous laisser partir !
- Je ne savais pas que tu aurais pu m’arrêter, mais merci quand même.
- Je veux dire que je vais vous laisser partir… » ses lèvres bougèrent un instant en silence. « Je vais vous laisser partir à la façon des Grands Drubbered Wintwock !
- Ceux qui sont éteints ?
- Oui !
- Donc, ce que tu essaie péniblement d’insinuer, c’est que tu veux me tuer ?
- Oui !
- Et bien, j’aurais aimé que tu me le dise directement. Je suis un être très demandé, et on me le dit beaucoup. tu ne préférerais pas faire quelque chose de plus amusant ? » Discord avait un air sincèrement déçu.
Jeltz ne dit rien, et Discord volait maintenant en de petits cercles dans la pièce. « Alors, comment as-tu l’intention de procéder ? J'espère que ton plan n’était pas de me frapper à la tête avec un de tes vaisseaux, parce que ça ne marche pas. » Il se pencha et lui montra une grosse bosse comique sur sa tête. « Tu vois ? Donc c’est quoi le plan ?
Jeltz garda un mutisme pesant, et Discord lui tira la langue.
- Très bien, je vais trouver tout seul ! » Il traversa une nouvelle fois la paroi, non sans avoir à nouveau tiré la langue, faisant cette fois jaillir un flot de confiture de framboise sur Jeltz et sur son bureau.
Luttant pour conserver son sang-froid, le vogon regarda l’écran du secteur, et vit que Discord attendait à quelque distance de son vaisseau. il avait maintenant l’air énorme, presque aussi gros que le vaisseau lui-même, et il s’était doté d’un costume ridicule, avec épée, cape rouge et grelots le long de ses jambes. Il fit un clin d’oeil à la caméra, et battit de sa cape. « Toro ! Toro ! » railla-t-il.
- Ordinateur, passe moi nos amies dans les salles des canons !
***
Rainbow Dash regarda avec concentration l’ouverture en haut de son canon. Si ce que disait Twilight était vrai - et les choses que dit Twilight ont tendance à l’être - elles pourraient canaliser l’énergie des éléments d’harmonie dans les rayons de chacun des canons, ce qui terrasserais Discord une nouvelle fois. Comment cela marchait, Dash n’en avait aucune idée. elle ne se souciait pas vraiment de le savoir, du moment que cela marchait effectivement. Intérieurement, elle échauffa sa loyauté. Elle pensa à Discord et au chaos qu’il avait déjà semé. Elle pensa à Equestria, apparemment le seul sanctuaire dans une galaxie devenue folle. Elle pensa à Twilight, une nouvelle fois leader du groupe dans leur lutte contre quelque chose de beaucoup plus grand qu’elles. Elle pensa à ses amies, Applejack, Rarity, Pinkie Pie, Fluttershy, et à leur façon d’accepter ce qui devait être fait, avec des sentiments allant de la nervosité à la terreur pure et simple. Comme Applejack l’avait souligné :
- Même si on n’y arrive pas, y’aura toujours nos doubles pour veiller sur Equestria. On n’mourra pas, même si on meurt. » La déclaration, si confuse qu’elle était, avait renforcé leur détermination, et la pégase sentit sa poitrine se gonfler de courage. Elle pourrait mourir pour ces poneys, mais elle vivra tout de même pour eux. Le bijou autour de son cou se mit à luire, empli de pouvoir, et un arc électrique se forma avec le métal en face d’elle.
- Du calme, on attend le signal. » La gemme se ternit un peu, mais elle se sentait rassurée.
Heureusement, le signal arriva assez rapidement. La voix de Twilight, qui raisonnait une nouvelle fois depuis le plafond, d’une façon à laquelle la pégase n’était pas encore habituée, donna le ton.
- On l’a trouvé, on le cible. Donnez tout ce que vous avez !
Et c’est parti. avec un hululement féroce, Dash se dressa, agitant ses sabots et ses ailes, avant de retomber et de regarder en avant.
Elle se concentra, imaginant chacune de ses amies, et ce qu’il se passerait si elles échouaient ici. Cette pensée catalysa quelque chose dans sa tête, et le faisceau rouge de son élément se répandit comme une inondation, baignant de lumière tout le dessus de l’édifice. Des arabesques d’énergie écarlate, issues du collier, descendirent le long du canon, reflétées par les surfaces métalliques. « Génial… » murmura-t-elle, alors que l’arme se mettait sous tension, émettant un fredonnement.
Il y eut un boum profond qui se propagea en un terrible rugissement. La tour vibra, et Rainbow Dash se sentit plaquée au sol par la force de poussée ainsi exercée. La magie fut complètement drainée par le rayon ainsi tiré, rendant la salle complètement sombre. Le rugissement se tut un peu plus tard, laissant la pégase complètement vidée, un peu secouée, et très impressionnée.
***
Cinq faisceaux de lumière aux couleurs vives furent ainsi tirés, s’entremêlant en des astérisques brillants, formant finalement une boule de plasma surchauffée et chargée de magie. un sixième la rencontra en son milieu. Il y eut un flash aveuglant, et un arc-en-ciel de magie s’étendant bien au delà du spectre visible fonça tout droit depuis la boule de lumière. Discord cria une nouvelle fois « Toro ! » alors que le rayon traversait sa petite cape rouge, dont il continua à agiter les restes calcinés. Le faisceau fit demi-tour et le frappa en pleine poitrine, et c’est à ce moment que de seigneur du chaos se rendit compte de son erreur. ce n’était plus seulement un rayon de démolition, il était magique. Fortement magique. Discord fut projeté en arrière et se tordit en hurlant, luttant contre quelque chose qu’il ne comprenait pas. Le faisceau s’enroula autour de lui, formant une spirale dans laquelle il tentait de se débattre en reculant.
Mais quelque chose n’allait pas. L’arc-en-ciel ne n’enveloppait pas entièrement. Il ressemblait d’avantage à une corde qui le ligoterait qu’à une gangue qui l’aurait complètement écrasé. Les rayons se dissipèrent peu à peu comme la brume du matin, et Discord flottait à nouveau, haletant.
- Oh, mes vilains petits poneys… » Dit-il lentement, la voix dénuée de légèreté. « Ça a presque fonctionné.
***
- Comment ça, ça n’a pas fonctionné ? » haleta Twilight, la voix tendue.
- Je veux dire, on aurait dit que ça marchait, mais, je sais, pas, ce n’était pas assez puissant. » répondit Jeltz avec une note de panique. « On lui a fait mal, mais il est toujours là. Il nous regarde, et il a pas l’air content.
- Merde.
“Merde” était aussi à peu près l’avis de Pinkie Pie, qui écoutait la conversation d’un air choqué. Quelque part, elle était sûre que ça marcherais. Ce genre de trucs fonctionne d’habitude. Elle fut d’un coup terriblement triste. Discord approchais, et elle n’aurait pas ses amies près d’elle pour ses derniers instants.
Il y eut un “pop”, et elle tomba nez à nez avec elle-même. Elle écarquilla les yeux, et l’autre Pinkie fit la même chose. Il y eut une pause, pendant laquelle elles ignorèrent toutes deux la grande quantité de bruits parvenant par les haut-parleurs. En même temps, les deux se penchèrent pour regarder de plus près, puis bougèrent rapidement leur tête d’un côté et de l’autre, avec une symétrie parfaite. Elles se reculèrent, puis s’avancèrent brusquement, assez loin pour que leur museau se touchent. L’une d’elle leva un sabot, et l’autre leva le sabot opposé.
- Aha ! » s’exclamèrent-elles, bondissantes et se désignant l’une l'autre.
La première Pinkie tiqua. « Mais… Je ne suis encore jamais allée à ce bassin !
- Je sais, je suis la Pinkie qui était restée à Equestria !
- La quoi ? Oh ! Oh, woah, qu’est ce qu’il se passe ?
- Je suis venue pour aider ! Celestia a dit qu’on était là bas, quelque part, et qu’on avait besoin de notre aide, et me voila !
- Mais… comment ?
L’autre Pinkie posa simplement le sabot sur l'élément que Pinkie portait autour du cou. Celle ci ouvrit les yeux dans une soudaine compréhension.
- Double arc-en-ciel ? » demanda-t-elle.
***
Discord respirait difficilement. Ces vilains petits poneys. Oh, c’était bien tenté. Il ne savait pas comment le Vogon en était venu à les aider, mais il ne voulais pas le savoir. Il claqua des doigts, et commença à voleter en direction des vaisseaux, assez lentement pour leur laisser le temps de le voir se rapprocher et de prendre peur. Que feraient ils une fois acculés ? Discord sourit. ll n’y avait rien de tel que le chaos pour créer la panique, et bon sang, ils devaient sévèrement paniquer en ce moment. Il pouvait leur faire TELLEMENT de choses.
***
En tant que seule reporter sur place, Pinkie Pie était en position idéale pour fournir à la galaxie un exemple convainquant et précis de ce qu’il conviens de faire lorsque l’on est face à une défaite inévitable, aux prises avec une horreur galactique, et que notre meilleur plan à ce jour viens d’échouer. L'article du guide sur le sujet susmentionné ne mentionne qu’une chose :
Si la première fois est un échec, essayez, essayez encore.
C’est un bon moyen d’être sûr de son échec, puisqu’on ne peut raisonnablement obtenir que deux résultats. Soit ça fonctionne au second essai, soit on meurt. Vu que cela arrivera de toute façon, autant tenter le coup.
***
La lumière. Une lumière aveuglante en Technicolor. Le rayon de magie traversa le vide fade de l’espace interstellaire avec la rage d’un torrent d’amour et de tolérance d’un genre qui n’avait jamais été vu auparavant. Des grains de poussière, de glace, et des atomes d’hydrogène qui menaient jusque là des existences relativement irréprochables depuis qu’il avaient été éjectés d’étoiles millénaires se retrouvèrent affublés de concepts très étranges.
L’honnêteté.
La gentillesse.
Le rire.
La générosité.
La loyauté.
La magie.
Ces particules n’avaient pas plus d’emprise sur les évènements qu’un humain n’en avait sur une orgie dans la onzième dimension. Ce qui signifie qu’elles n’en avait absolument aucune, amis qu’elles s’amusaient tout de même pas mal. Elles furent portées par un courant de magie arc-en-ciel en direction de Discord, qui tourbillonnait se courbait, se ramifiait, se chevauchait comme la plus agile des vignes. Une fraction de seconde plus tard, la matière elle même suivit, comme un chien fatigué par la marche, mais un chien fatigué qui se déplacerait à pas moins que la vitesse de la lumière.
Le coup qui frappa Discord confondit les meilleurs créateurs de métaphores de la génération pendant des décennies. Ils passèrent des semaines à débattre sur les diverses divinités, évènements galactiques, explosions, créatures, et à n'importe quoi qui leur venait à l’esprit avant qu’ils puissent concevoir une phrase convenable pour décrire la chose. En fin de compte, le résultat final ne fut pas présenté par eux, mais simplement lu sur un bout de papier trouvé sur le cadavre d’un poète ayant consacré sa vie au projet. On peut y lire :
“Le coup frappa Discord comme la pisse ardente de Zeus au petit matin, propulsée par un ours sous stéroïdes aux poings de dragon, frappe une statue de sucre glace.
Dans l’ensemble, on aurait pu s’attendre à mieux.
***
Les retombées de cet impact cataclysmique perturbèrent l’espace-temps sur des milliers de parsecs. Dans toute la galaxie, au moins dans les parties les moins éloignées de l’épicentre, les choses allaient… mieux, en quelque sorte.
Une marjadon solitaire, pleurant des larmes de désespoir sur les décès survenus quelques nanosecondes auparavant sur les milliards de mondes à travers la galaxie, leva soudain les yeux, comme si une main chaleureuse lui avait caressé l’épaule De l’autre côté de la pièce, son compagnon se morfondais depuis une heure en repensant à l’horreur des guerres et des catastrophes qui avaient frappé sa planète. Il leva également la tête. Leurs regards se rencontrèrent, et en un instant, toute l’absurdité de ce qu’ils faisaient leur apparut. Leur misérable existence en tant qu'individus dénués de la moindre maîtrise de leurs émotions leur parut… et bien, stupide. Elle se surprit à sourire face au ridicule de la situation. Puis elle eut un petit rire. Son compagnon s'ébroua, et les larmes qui coulèrent de ses joues ne furent pas renouvelées. Ils se regardèrent à nouveau, chacun contemplant de visage humide et souriant de l’autre. Puis ils sortirent, riants à la vie en s’étreignant l’un l’autre.
Sur la planète Vogsphère, un jeune vogon se précipitait dans les couloirs, ses petites jambes trapues le portant aussi vite qu’elles le pouvaient. Il n’avait pas beaucoup de temps, si le formulaire ##33TT4Vrb n’était pas fourni en huit exemplaires, il ne pourrait pas obtenir le formulaire ##33TT3Vrc dans le bâtiment voisin pour le contresigner et le renvoyer en neuf exemplaires. Cela signifierait que les six précédents mois de démarches administratives seraient réduits à néant. On lui avait fermement assuré que ce qu’il devait remettre n’était PAS un ##TT333Vrf, ni un ##33TT3Vrf, et il espérait que cette fois-ci était la bonne.
C’était, se disait-il in petto, plutôt injuste que le seul stylo utilisable par le public était accroché à une chaînette au troisième étage alors que le bureau de remise des formulaires était au dix-huitième.
Essoufflé, il arriva finalement devant le bureau, derrière lequel trônait une secrétaire à l’air sévère, qui l’observait avec ennui à travers de minuscules lunettes.
Il tendit le formulaire d’une main tremblante, et la secrétaire l’accepta sans commentaire. Il attendait impatiemment sa réponse, quand une sensation de légèreté sembla traverser la pièce, tout en la gardant inchangée. Le secrétaire leva les yeux de la feuille.
- Pour être honnête, commença-t-elle, le premier formulaire que vous aviez apporté était le bon. » Elle posa les papiers sur son bureau. « Et pour être tout-à-fait honnête, je peux vous remettre dès maintenant votre certificat de naissance.
Sur la station en orbite autour de l’étoile de Barnard, un cadre de management intermédiaire du genre produit à la chaîne par les entreprises locales descendait les marches de cristal dans le crépuscule rouge. Dans son sabot, un petit écran, grâce auquel il était sur le point de conclure une vente importante. Il y avait deux demandeurs pour un même terrain et ses yeux passaient d’une proposition à l’autre avec envie.
La première venait de la DETH, la ligue des Dauphins pour l’ Ethique de la Traite des Humains. Ils étaient en concurrence avec un groupe agricole d’exploitation de matelas, qui avait depuis longtemps décrété que l'éthique, c’était pour les hippies. Le terrain était bon, propice à la construction, et valait quelques millions de dollars Altaïriens. L’offre de la DETH apparut, et le courtier siffla entre ses dents. 895,000 $. Du menu fretin. Apparut ensuite celle de la compagne de matelas, et ses yeux s’exorbitèrent. Sa banque n’était même pas assez vaste pour contenir tous ces Ninghies. Il en avait déjà vu un une fois, mais huit ? Par Zark.
Un flot de...quelque chose… sembla le traverser, et il se sentit heureux. Il se souvint du moment où on lui avait offert son premier costume avec son biberon, il y a des années, quand il était déjà impatient de rentrer dans le marché du travail. Sans réfléchir plus longtemps, il choisit l’offre de la DETH. Il pouvait bien se permettre d’être généreux.
Un étudiant marchait à grandes enjambées, souriant, sortant enfin de la salle des partiels. Il était libre. Il tenait le questionnaire dans une main courtaude, et dans l’autre, une bouteille de quelque chose qu’il venait d’acheter. Il baissa les yeux sur le papier, et il soupira.
- Numéro d’étudiant 162257. » murmura-t-il dans un souffle. Avec un serrement au coeur, il regarda la zone de nom vide au dessus.
- Hé, mon gars, comment ça va ? » C’était un de ses amis, qui se traînait tranquillement vers lui. Il arriva et échangea avec lui une poignée de main complexe qui dura près d’une minute.
- Pas top, bro, c’est juste…
- Le test était dur ?
- Nan. Tu pourra pas comprendre.
- Oh, tu me fait de la peine, mec ! Dis-moi tout !
- T’as jamais… voulu un nom ?
Un chatoiement de magie passa au dessus d’eux, les traversant sans qu’aucun d’eux ne s’en rende compte.
- J’peux t’en donner un si tu veux, mec.
- Comme quoi ?
Les deux réfléchirent quelques secondes.
- Tu dirais quoi de Branytur ? C’est un pays qui n’a jamais existé, parce que ses ennemis sont venus du futur et l’ont englouti sous l’océan !
- Ça a l’ait génial, man !
- Tu peux l’avoir !
- T’es le meilleur, mon gars !
- Je sais, Branytur, je sais. Maintenant, où est ma bière ? Je veux que tu me rembourse pour service rendu !
- Pas de problème, mec !
- Génial.
- Ouaip.
Ils se cognèrent leurs poings. Un peu de gentillesse, ça change tout.
Sur la planète Trivitor, la vie revenait à la normale. L’économie s’était rapidement remise sur pied, et l’on pouvait lire quelque chose de nouveau dans les yeux des gens : de l'espoir. Les parasprites étaient empaillés et se vendaient par millions, et l’argent coulait à flot. Dans son nouveau bureau, le président interimaire, qui dirigeait les différentes villes avant qu’on ait pu mettre en place un gouvernement, avait fait deux piles de dossiers sur les côtés de son bureau pour mieux voir le caninoïde d’affaires assis en face de lui. Le chien posa une patte sur la table, et le poney fit de même avec son sabot avant de se présenter.
- Bonjour, je suis Derrick Pumpjack ; on m’a dit que vous aviez une proposition à me faire. » commença-t-il sans ambages.
- Rex Woofter, ravi de vous rencontrer.
- Et bien ? » il était clair que Derrick n’avait rien d’un poney patient.
- Je représente la Compagnie Cybernétique de Sirius, qui vous a fourni les tours qui vous ont gardés en vie pendant des générations.
Derrick le regarda. « Oh ?
- Et, naturellement, nous avons été heureux d’apprendre la résolution de votre petite infestation, et nous voudrions établir une relation économique avec une planète en pleine expansion et son jeune chef dynamique.
- Je vous écoute.
Le caninoïde regarda par dessus son épaule, puis l’autre, et il se pencha, sa truffe humide à quelques centimètres du poney. Les Siruséuns ont quelques problèmes avec l’espace personnel. « Nous cherchons à nous rendre, vous et nous, extrêmement riches.
Derrick se recula. La mauvaise haleine était un autre problème des Siruséuns. « Expliquez.
Le chien, apparemment imperturbable face à l’accueil glacial, présenta son plan, et Derrick se trouva intéressé malgré lui. Il était grand, ambitieux. Et plus important encore, le Siruséen répétait qu’il était très lucratif.
- … alors bien sûr, nus devons nous assurer que les habitants de quittent pas les villes, et continuent à payer les tours.
- Vous êtes sûr qu’elles seront totalement silencieuses ?
- Totalement.
- Alors qu’est ce que je dois faire ?
- Assurez vous que personne ne regardera lorsque l’on installera les projecteurs, les hauts parleurs, ce genre de choses, à l'extérieur des villes. Il est impératif que les gens croient que les parasprites sont de retours, mais que tout va bien grâce aux miracles de la Compagnie Cybernétique de Sirius.
- Et en échange…
Rex ajouta un zéro à un montant figurant sur une feuille.
- Ou est ce que je signe ?
Rien ne sembla se produire, mais à un moment, Derrick eut une fulgurance. Un instant de clairvoyance. Il posa la plume.
- Sortez. » Il coupa la réponse du chien. « Sortez, et ne revenez jamais ! Vous ne m'achèterez pas, j’ai un honneur !
Il ne se rassit que lorsque le Siruséen passa la porte. Il avait douté, mais il savait où placer sa loyauté.
***
Fluttershy tremblait sur ses sabots. Elle se sentait étrange. Vidée, oui, épuisée mentalement, oui, mais, plus encore… elle se sentait quelque part complète. Comme si elle n’avait plus de limites. Elle regarda autour d’elle. Elle était seule.
- Hé-ho ? appela-t-elle. Fluttershy ? Quelqu’un ?
Quelques secondes plus tard, elle entendit une réponse. C’était Twilight.
- Fluttershy ?
- Twilight !
- Tout va bien ?
- Oui, je vais bien, je crois, mais l’autre Fluttershy a disparu !
- Comme l’autre Twilight. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Les communications passent mal avec les autres. Pourrais-tu ne pas bouger pendant que j’arrange ça ?
- Bien sûr. » Puis elle se souvint d’une chose assez importante. « Ça a marché ?
Twilight répondit immédiatement. « Oui, ça a marché. Discord a disparu.
- Tu es sûre ?
- Jeltz dit qu’il sait quand quelque chose est démoli, et il dit qu’il est sûr.
- Dieu merci.
- Oh, je pense que c’est autre chose qu’on devrais remercier. Un poney, pour être exacte.
***
Elle avait raison. A bord du Coeur-en-Or, Zaphod arracha ses yeux de l’écran qui venait de lui transmettre les meilleures images qu’il n’avait jamais vues depuis… et bien, de toute sa vie. A côté de lui, il y avait un autre poney, blanc et très grand, sur le visage duquel se dessinait un grand sourire.
- Ça a marché ! dit-elle. Ah, Twilight Sparkle, je savais que tu avait quelque chose de spécial.
- Sans blague ! Elle avait prévu tout ça ?
- Simple, direct, mais personne d’autre qu’elle n’aurait pu y arriver. La science et la magie ne fout pas souvent bon ménage, vous savez ?
Zaphod n’en savait rien, mais il hocha quand même la tête.
- Et maintenant ?
- Maintenant ? sourit Celestia. Maintenant, nous rentrons à la maison. Mais d’abord, je pense qu’on peut aller chercher nos amis, non ?
***
Loin, sur la bordure orientale de la galaxie, se trouve un petit soleil jaune minable. En orbite autour de ce soleil, à quelques 400.000 km, se trouve une petite planète bleue et verte dont les habitants équidés sont si incroyablement chanceux qu’ils ont pu trouver l'équilibre parfait entre sophistication et authenticité. Cela est rendu possible en grande partie grâce au travail des déesses personnelles de la planète, qui ont non seulement créée Equestria, l’ont rendue agréable à vivre et l’ont gouvernée avec bonté et sagesse, mais ont également jugé bon de la protéger de toutes sortes de dangers d’extinction, qui sont en général la façon qu’a l’univers de demander “alors, ça avance, ce programme spatial ?”
En orbite autour de cette petite planète chanceuse, il y avait un vaisseau blanc et brillant.
- Et c’est alors que Celestia est revenue avec cette super statue ! » Zaphod frappa son sabot contre la corne d’un Discord à l’air très surpris, figé dans la pierre. « Elle a dit qu’elle avait besoin de mon vaisseau pour aller vous chercher, et que si je l’aidait, je pourrait la garder ! » Il caressa amoureusement la statue. « Je vous le dit, c’est un bonheur d’avoir un vaisseau en état de marche !
Pinkie sourit, mais un peu tristement.
- Ça veux dire que tu t’en va, maintenant ?
- Je pense bien, oui, avec cette statue dans ma soute et une histoire pareille à raconter à la galaxie, ils vont sûrement m’élire une deuxième fois ! » Il s'arrêta. « C’est possible ? Je peux être deux fois président en même temps ? J’ai même un nouveau conseiller, et je suis sur qu’il m’aidera à me maintenir en bons termes avec les bureaucrates ! Il les connaît par coeur !
Pinkie sourit. « Je suppose qu’il sera heureux de mettre ses compétences entre de bonnes mains, pour une fois… » Elle poussa un long soupir.
- Hé, qu’est ce qu’il y a ? » Zaphod fut lui-même surpris par l'inquiétude qui transparaissait dans ces mots.
- On se reverra, pas vrai ? » La question le prit au dépourvu.
- Hé, bien sur qu’on va se revoir, je passerais dès que j’aurais besoin d’un peu de repos, mais ma tête gauche deviendrais folle si je restait ici. » Celle-ci approuva avec véhémence. « Désolé, Pinkie.
Elle le regarda avec suspicion. « Pinkie promesse ?
Avec force cérémonie, il s'assit sur ses hanches et se redressa. Il traça une croix sur sa poitrine d’un sabot, agita ses pattes avant, puis posa son sabot sur son oeil.
- Cross my heart and hope to fly, stick a gargleblaster in my eye ! (2)
Pinkie grimaca. « Ne le fait jamais pour de vrai.
Il réfléchit. « Ouais, peut être pas. » Ils se regardèrent l’un l’autre et se mirent à rire.
- D’ailleurs, je crois que je ferais mieux de laisser Celestia se reposer avant de revenir.
- Ouais, ça serait peut-être mieux ! rit elle tout à coup. Je n’avais jamais vu Canterlot dans un tel désordre ! J’ai même entendu un poney affirmer que Discord était revenu !
- Et bien, dans un sens, il l’était, non ? » répondit Zaphod, en posant un verre dans une main de la statue avec un sourire malicieux.
- Je suppose, oui.
Ils étaient dans une impasse.
- Bon, ben… » reprit Pinkie avec une petite voix tremblante. « J’imagine que c’est un au revoir pour le moment ! Au revoir Zaphod !
- Salut, Pinkie, et merci pour les bons moments.
- Au revoir, Eddie !
- Amuses toi bien là dehors ! » répondit la voix électronique
- Au revoir Marvin !
Silence.
- Marvin ?
Zaphod se gratta la tête droite. « Maintenant que j’y pense, j’ai pas vu le dépressif métallique depuis un moment maintenant. Eddie ?
- Pas à bord, El Presidente ! Il s’est téléporté en bas pendant que vous étiez parti, et il a dit qu’il ne reviendrais pas !
Les quatre sourcils de Zaphod se soulevèrent. « Vraiment ?
- Vraiment.
Il haussa les épaules en se retournant vers Pinkie.
- Je suppose que c’est votre problème, maintenant.
- Oh, je sais pas si c’est réellement mon problème. Eddie ? Ramène moi à la maison. Et Zaphod ?
- Ouais ?
- Merci.
***
A la surface de la planète, Applejack s’était déjà remise au travail. Elle n’avait pas l’intention de dire quoi que ce soit à sa famille sur ce qu’il s’était passé, mais était consciente qu’elle finirait par le faire de toute façon. C’était dans sa nature. D’ici là, elle n‘y penserait plus. Elle frappa un arbre, et les pommes tombèrent avec une précision improbable dans un grand seau qu’elle avait placé dessous. Ici, se disait-elle, il n’était pas question de mathématiques bizarres, pas de vaisseaux spatiaux, pas de gros monstres verts. Juste elle, un verger rempli d’arbres et les bonnes vieilles Bucky McGillycutty et Kicks Mcgee. Elle frappa encore, et d’autre pommes tombèrent. L’une d’entre elle chuta à côté du seau, droit vers la terre. Rapide comme l’éclair, elle tira une forme blanche de sous son chapeau et l’enroula autour de la récalcitrante Comme avec une fronde, elle fit un brusque mouvement de la tête et lança la pomme dans le seau. C’est en gloussant qu’elle rangea sa serviette sous son chapeau. La vache, c’était vraiment pratique.
La fermière trotta en direction de l’arbre voisin et prit une seconde pour l’inspecter avant de se mettre à l’ouvrage. Elle roula des yeux. Une certaine pégase bleue était endormie sur les branches basses et ronflait bruyamment. Avec un sourire en coin, Applejack enroula étroitement sa serviette sur elle-même et donna un coup de fouet vers le haut. Il y eut un claquement sonore, et Rainbow Dash décolla comme une fusée en hurlant un mot qui n’était pas encore une injure sur Equestria.
- Belgique ! » Elle plana en se frottant la croupe qui lui picotait et en criant à Applajack. « C’est pas cool !
- ‘Fallait pas dormir sur mes arbres pendant que j’travaille, vermine !
- Oh, allez, Applejack, tu as bien mérité un peu de repos, non ? » Elle atterit et bâilla. « Je suis sûre que oui.
- C’ pas une question d’avoir du mérite, c’t’une question d’avoir des choses à faire.
Dash la regarda sournoisement.
- C’est vraiment la seule raison pour laquelle t’es ici ?
La fermière regarda la grange rouge au loin. « Non.
- Tu sais pas quoi leur dire ?
- J’en ai pas la moindre idée. J’aurais jamais cru un truc pareil si j’l’avais pas vécu moi même, alors comment j’peut leur d’mander de m’croire ?
Rainbow posa son sabot sur le garrot de son amie. « N’oublie pas que t’es pas toute seule à avoir vécu ça. Et puis, t’es pas vraiment connue pour tes mensonges, pas vrai ?
- J’imagine. J’aimerais juste savoir comment tout expliquer alors que j’comprend à peine moi même.
- Et c’est pour ça que tu devras m’avoir avec toi quand tu te lanceras ! Je sais comment raconter une histoire, et je vais leur en donner pour leur argent, je te le promet.
- Tu f’rais ça ?
- Bien sûr ! A quoi ça sert, les amies ?
Applejack rit. « A beaucoup d’choses, sucre d’orge, à beaucoup d’choses.
- Et je peux toutes les faire !
Son amie lui répondit par un sourire.
***
Twilight était tranquillement assise dans la boutique de Rarity, tandis que celle-ci fouillait dans un coffre à l’arrière. La styliste parlait, à moitié à elle même, à moitié à la bibliothécaire pendant qu’elle s'affairait.
- Donc je me suis dit qu’évidemment, je pouvais le faire, un problème très simple, vraiment. Et ma chère Twilight, tu devrais voir le bien que m’a fait ce travail des fessiers, je me sentais une nouvelle ponette ! Bon, où ai-je mis ce lycra ? C’est une matière horrible, mais peut être que… » Elle se retourna, des échantillons de tissus flottant autour d’elle, et elle vit Twilight regarder dans le vague.
- Tout va bien, ma chère ?
La licorne sembla se réveiller. « Oh ! Oh, oui, je vais bien. Je me sens juste… bizarre. Pas à ma place.
Rarity continua de parler tout en se remettant au travail.
- Je comprend ce que tu veux dire, ma chère, j’ai l’impression que ça fait une éternité je je suis partie, et que j’ai oublié comment se comporter sur cette bonne vieille Equestria. Sans compter mes souvenirs, bien entendu… » Elle se retourna. « C’est de ça dont tu parlais ?
- L’autre Twilight. » répondit la licorne en hochant la tête.
- Et bien, ma chère, regardes les choses sous cet angle : tu a gagné les souvenirs de merveilleuses aventures avec tes amies sans avoir vielli d’une seule journée !
- Mais… où est-elle allée ? Je veux dire, je sais qu’elle est… » elle s’arrêta, se sentant un peu idiote de le dire, mais elle le dit finalement. « … à l'intérieur de moi. Mais n’était-elle pas elle-même ? N’avait-elle pas d’importance ?
- Bien sûr que si, et toi aussi. Maintenant, elle et toi êtes un seul et même poney. Vois ça comme ça.
- Et pourquoi ai-je l’impression d’être l’originale, et que mes souvenirs sur Equestria sont tout neufs ? Ça soulève tellement de questions !
Rarity laissa tomber son chiffon et se retourna encore. « Twilight, ce qui importe, c’est que nous sommes ici, et que personne n’est parti. Elle n’a pas disparu, l’autre Rarity n’a pas disparu, et nous sommes juste un peu plus nous-mêmes.
- J’imagine que tu a raison.
- Bien sûr que oui, ma chère. Et maintenant, si tu veux bien m’excuser, l’autre Rarity et moi avons un travail fabuleux à réaliser !
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Angel Bunny s'assit en regardant avec suspicion le grand humanoïde métallique attablé avec Fluttershy, une tasse de thé remplie en face de lui. L’homme de métal parlait, et la pégase écoutait répondant occasionnellement par une petite phrase et buvant un peu de thé de temps en temps.
Le lapin sautilla en direction du nouveau venu et le renifla avec méfiance. Il y avait une odeur persistante de rat sur sa cheville droite, et une odeur froide de métal tout autour de lui. Il plissa le museau et tendis la patte pour toucher la jambe de l’intrus. Celui-ci ne lui prêta aucune attention, absorbé dans sa discussion avec la ponette.
- ...et bien sûr, personne ne m’a jamais écouté. Je leur ai demandé de me réparer à plusieurs reprises, c’était une des premières choses que j’avais dit quand j’ai été construit. “ Puis-je vous déranger et vous demander de m’aider avec cette terrible douleur, s’il vous plaît ? Oh, non, bien sûr, emballez moi, je suis sûr que mon nouveau propriétaire pourra s’en charger.” Mais il ne l’a jamais fait, bien sûr.
Fluttershy avança un sabot et toucha la main du robot. « La première chose qu’on fera demain, ça sera t’emmener en ville pour voir si on pourrait te réparer.
Marvin n’avait pas vraiment l’habitude d’être écouté, et ce n’était que l’une des nombreuses choses qui étaient nouvelles pour lui. Ces poneys semblaient n’avoir aucune notion du vide et de l’infini qu’il contenait, et n'hésitaient pas à leur ouvrir leur coeur.
Il la vit attendre quelque chose, et se hâta de répondre.
- Merci. » Ces mots lui parurent bizarres à prononcer.
- Ensuite, tu pourrait m’aider à nourrir les animaux. Tu aimerais le faire ?
Marvin réalisa avec surprise que la réponse était oui. « Je suis un robot domestique. J’ai été conçu pour aider.
- Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je te demandais si ça te plairais.
- Je pense que oui.
- C’est très gentil de ta part Marvin. Je sais que tu as eu une vie difficile, mais tout va s’arranger maintenant, je te le promet.
- La vie ? » Marvin gémit, puis il s’arrêta. « Je suppose qu’on pourrait parler de la vie.
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Le Guide du Routard Galactique a ceci à dire au sujet de l’amitié :
L’amitié est ce qui arrive quand deux êtres parviennent à un arrangement grâce auquel chaque parti gagne plus qu’il ne perd. La véritable amitié est gratuite, et chaque être vivant peut se la procurer, tant qu’il est prêt à laisser d’autres êtres devenir ses amis. L’amitié, et les amis, possèdent presque autant d’applications pratiques et psychologiques qu’une serviette. L’astrostoppeur qui apprendra à se lier d’amitié avec tous les êtres qu’il rencontrera ira loin.
Si vous ne savez pas où est votre serviette, il vous suffit d’avoir un ami qui le sait, lui.
FIN
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Je suis tenté de dire que tu as dû voyager grâce à l'improbabilité infinie, et que tu t'es retrouvé ici parce que c'était l'endroit le moins probable où tu aurais pu te retrouver. Je suis admiratif.
Pour le reste, fe proposerai bien "Croix de bois, crois de fer, si j'mens j'bois l'gargoblaster". C'est très moche, mais avec l'accent français, ça rime, et le nombre de pieds est à peu près respecté.
J'encouragerai quand même une relecture de l'ensemble de la fic, @cocolicoco , parce qu'il y a vraiment beaucoup de petites fautes de frappe et de conjugaison, et notamment un gros problème au chapitre où le Guide présente les Princesses. Du reste, excellent boulot, ça passe très bien, félicitations. J'ai même remarqué quelques phrases dont la traduction n'a pas du être facile, et le résultat grandiose, donc franchement, chapeau bas.
J'entend bien, mais malheureusement, je pense que c'est préférable de laisser la vo plutôt qu'une trad bancale.
En vf, une Pinkie promesse donne : "Croix de bois, croix de fer, si je mens je mange mon fer."
Navré pour mon manque d'imagination, mais j'ai été incapable de trouver une trad qui s'approcherait suffisamment de celle-ci (avec les rimes) tout en conservant le sens - et la blague - de la vo. N'oublions pas d'un gargleblaster est une boisson aux propriétés proches de l'acide sulfurique, avec les effets que l'on peut imaginer si l'on s'en jette un dans l’œil.
Donc voila, désolé. :/