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It's Time to be Awesome!

Une fiction écrite par QuietOne.

Abysse - Chapitre 5

Longer l’Abysse prit une bonne heure aux pirates, jusqu’à trouver un endroit où descendre, à même le relief escarpés. L’Abysse était comme une fracture dans la montagne sur laquelle reposait Griffonstone. Trouver un point pour pénétrer au fond sans être secoué par les vents nécessitait de plonger entre la montagne et un autre pic rocheux.

Les perroquets durent descendre précautionneusement au fond d’une importante cuvette, entourés par les imposantes formes des monts autour d’eux, imposants colosses au-dessus desquels il y avait assez peu de ciel. Celaeno progressait en silence, le sac de Squabble sur les épaules ; elle estimait devoir le porter, pour avoir manqué de blesser gravement son membre d’équipage.

 

Des ossements semblaient se découvrir ici et là au milieu des gravats. Il devait arriver lors des intempérie de voir se déverser de la roche depuis les hauteurs. En contrebas, s’ouvrait très largement la faille de l’Abysse, devant laquelle se trouvaient Capper et Gilda, installés face à la gorge béante. Assis à même le sol, ils firent signe aux pirates de les rejoindre ; ceux-ci continuèrent à glisser jusqu’à finir au fond du trou.

L’immense paroi les dominait et Griffonstone était hors de vue, pourtant elle se situait à quelques heures de marche à peine, en haut de cette montagne si imposante. Puis devant eux se trouvait la faille, immense, comme si la nature avait décidé de briser la roche comme s’il s’agissait d’une miche de pain.

Une pente de gravier descendait dans les profondeur, et on pouvait voir entre les petites pierres encore plus d’ossements, de morceaux de tissus et autres restes d’aventuriers ensevelis. Le danger était palpable, mais…

 

“On a pas la statue,” déclara simplement Celaeno, quand Capper se leva pour les accueillir. “Tu avais raison Gilda. Vous aviez tous les deux raisons, j’ai agis comme une imbécile. Capper, si tu veux faire parti de l’équipage…”

 

La capitaine lui tendit la serre dans un geste amical et le félin la lui agrippa avec un franc sourire.

 

“Ce sera avec plaisir, plumette.”

 

A ses côté, Gilda se donna une petite tape sur le front ; le plumage de la capitaine s’ébouriffa, mais avec un soupir elle décida de ne pas relever et se tourna plutôt vers son équipage.

 

“Je compte sur vous pour prendre soin de Squabble, veiller sur Gilda et vous tenir prêt ; Capper va venir avec moi puisqu’il tient tant à nous rejoindre.

 

- Vous êtes sûre capitaine ?” lui demanda le grand pirate au crochet.

 

“Oui. Ne m’en veut pas Boyle, mais notre ami le chat est plus svelte et agile ; pour explorer une faille, c’est préférable.”

 

Le perroquet acquiesça, avant de jeter un regard noir à Lix, sur le point de faire un commentaire. Celaeno n’y prêta pas attention, occupée à se pencher vers le pirate au bec de bois, un soupçon d’inquiétude dans la voix.

 

“Ça va aller ?”

 

Il hocha la tête.

 

“Tu as toujours ta pierre de lumière ?”

 

D’un geste agile, il plongea les serres dans ses poches et les ressortit, vides. Un caquètement triste ponctua cette constatation, mais la pirate à la prothèse cristalline lui tapota affectueusement la tête.

 

“Ce n’est pas ta faute. Et au moins, il est tombé près de l’endroit où la statue est tombée. Ça nous sera utile.”

 

La capitaine se releva et salua son équipage d’un mouvement de tête. Boyle soupira, peu confiante à l’idée de la laisser y aller avec un étranger, sentiment partagé par Mullet et son air inquiet, mais il ne dit rien et accepta la décision du capitaine. Seule Lix parut confiante, sauf en Capper ; elle le pointa d’une serre, avant de la passer devant son cou.

 

“Bonne chance,” leur lança Gilda, avec un signe amical, peu confiant.

 

 

Le silence s’imposa vite une fois les deux compagnons plongés dans les entrailles de la terre. Une fois la pente descendue, ils purent progresser petit à petit, dans un espace à peine assez large pour leur permettre de progresser l’un à côté de l’autre. Rapidement, la prothèse de cristal se mit à luire d’un discret éclat vert, assez pour leur permettre de voir où poser les pattes.

Le sol était inégal, rempli de morceaux de roches humides de toutes tailles et la douce lueur leur permi de progresser avec précaution. Les moustaches de Capper ne parvinrent pas à s’empêcher de frémir sous l’odeur très présente de moisi, toujours plus intense. Au bout de quelques minutes, leurs oreilles accoutumées au silence environnant parvinrent à capter les échos lointains du vent, au-dessus d’eux, et de rares chutes irrégulières de rochers.

Malgré ses précautions, Celaeno manqua de tomber à cause de sa prothèse, mais le félin lui saisit habilement le bras et l’aida avec un sourire. Elle le remercia simplement, avant de continuer à progresser, mais Capper ne lui lâcha pas le bras.

 

“Capitaine, je dois te parler.

 

- Quoi ?” soupira-t-elle. “Tu veux des excuses ? Ou m’entendre dire que tu avais raison ?

 

- Non ; enfin oui, j’avais raison, mais c’est pas la question. Je voulais juste te dire que faire partie de l’équipage, c’est important pour moi.”

 

La perroquet dégagea son bras et descendit quelques rochers glissants, suivi par le félin.

 

“Ça, je ne le comprends pas…” marmonna-t-elle. “Tu pourrais juste rentrer chez toi.

 

- Encore faut-il en avoir un.”

 

Un frisson glacé parcourut l’échine de Celaeno. Capper n’avait pas dit cela sur un ton triste, mais parfaitement neutre et c’en était pire. Cependant, elle fit comme si de rien n'était et haussa les épaules d’un air faussement décontracté.

 

“Pfeuh, tu exagères.”

 

Le filou abyssinien ne répondit pas et accéléra même un peu la cadence, pour dépasser la capitaine. Le silence s’installa à nouveau avec le murmure du vent au-dessus d’eux. Au bout d’une poignée de minutes, les parois commencèrent à s’écarter et leurs pieds purent découvrir des mares d’eaux nauséabondes. Tout l’équipage aurait pu tenir côte à côte, mais ils étaient seulement deux et Capper avait décidé de marcher deux pas en avant.

La pirate au plumage beige se sentit idiote et n’aimait pas ça. Elle n’avait pas à être gentil avec les gens, seul son équipage était important à ses yeux, comme une famille. Et le félin faisait désormais parti de sa famille, même s’il était un peu incrusté.

 

“Dis-moi,” commença-t-elle l’air de rien, “je suis curieuse ; comment t’y es-tu pris pour faire ami-ami avec Gilda ? Vous avez l’air de bien vous entendre.

 

- Et bien, c’était simple, elle était en train de vendre des gâteaux faits maison -plutôt bons en plus- et je lui ai donné quelques conseils pour mieux attirer les clients ; j’ai beaucoup appris en observant au marché de Panthera, et puis…”

 

En plein milieu de sa phrase, Capper se figea. La capitaine allait lui demander pourquoi quand il leva le bras devant elle et indiqua une lueur, devant eux. Derrière un tas de rocher une lumière verdâtre brillait intensément et sa source semblait bouger, lentement. Les deux compagnons cherchèrent à se cacher derrière une aspérité, quelque chose, mais ils étaient parfaitement à découvert.

 

Lors de leur progression, un détail ne leur avait pas échappé ; sur le chemin pour l’Abysse, des ossements étaient éparpillés un peu partout, mais une fois en son sein il n’y en avait eu aucun et la raison apparut devant eux.

Un squelette entièrement noir emprisonné dans une substance lumineuse verte s’avança lentement hors de sa cachette. C’était les restes d’un griffon et ceux-ci ne bougeait pas les pattes ; la créature glissait sur le sol, son crâne sinistre tourné vers les étrangers. Le cœur battant à la vue de ce monstre, Celaeno tira son sabre hors du fourreau…

 

 

Devant l’entrée de l’Abysse, Gilda écoutait avec attention Mullet et Boyle raconter des histoires de pirates, agrémentées des commentaires de Lix au chevet de son camarade au bec de bois. Tous étaient assis et essayaient d’être détendus malgré l’inquiétude grandissante à chaque minute.

 

“Et sinon,” commença le perroquet borgne pour changer de sujet, “comment tu comptes t’y prendre pour redonner foi aux griffons avec cette statue ? Ils semblent même pas croire qu’elle existe.

 

- Va falloir l’amener en ville, vous pavaner un peu avec et partir,” répondit Gilda. “Vous aurez même l’occasion d’en découdre, je pense. Mais ce sera pas pour tout de suite.”

 

La précision n’échappa pas à Mullet, dont l’œil unique se concentra bien sur la griffonne avec un air suspicieux. Même Boyle se crispa et Gilda les fixa à tour de rôle.

 

“Comment ça, pas pour tout de suite ?”

 

Avant d’avoir pu répondre, des ombres se mirent à apparaître sur le sol et tourner autour d’eux. Les pirates levèrent les yeux et découvrirent une dizaine de griffon en vol, une arbalète chacun entre les serres et des épées aux flancs.

 

“A cause de ça, peut-être…” cracha Lix avec une grimace exaspérée.

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Note de l'auteur

On entre dans le vif du sujet et la situation se complique pour nos aventuriers !

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