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It's Time to be Awesome!

Une fiction écrite par QuietOne.

Abysse - Chapitre 3

Un miaulement plaintif accompagna la rencontre entre la table et une des joues de Capper ; ce dernier n’avait pas eu le temps de réagir quand la capitaine pirate s’était approchée brusquement pour lui faire une clef de bras, sous le regard paniqué de Gilda. Tout l’équipage de Celaeno se trouvait autour de la griffonne, même si leurs yeux étaient rivés sur le félin, sauf un de Squabble tourné vers le plafond.

 

“T’essayes de faire quoi là Capper, hein ?” s’énerva la perroquet au plumage crème. “Je veux pas de toi dans mes pattes !

 

- Eh l’emplumée,” se ragaillardit Gilda “lâche mon ami ou je hurle que vous avez piqué de l’argent à Guntram, le gars le plus friqué du coin ; vous aurez tout Griffonstone aux fesses !”

 

Son bec pincé et son regard ferme était directement dirigée vers la pirate à la prothèse de cristal et celle-ci se résolut à lâcher le matou, sans pour autant s’en écarter. Ce dernier, avec un air nonchalant, replaça correctement son col et se racla la gorge.

 

“Je voulais simplement me montrer utile, capitaine. J’ai déjà tout expliqué à ma nouvelle amie sur votre projet.

 

- Ouais et je trouve les pirates tellement cools !” s’écria Gilda avec enthousiasme. “Surtout si vous avez fait équipe avec Dash ! Je veux totalement vous aider à voler la statue de Boréas !

 

- Ah tiens, il t’en a parlé ? Et tu es d’accord avec ça ?”

 

La voix mélodieuse de la capitaine était devenue glaciale, comme son regard porté vers Capper. Ce dernier eut un frémissement de moustache mais il offrit un sourire charmeur à la pirate.

 

“Carrément ! Enfin… je veux dire… j’ai réussi à tisser des amitiés avec des griffons, mais c’est pas facile. Y a encore pleins de loosers qui tiennent à leur indépendance, avec une fierté mal placée. Retrouver la statue de Boréas pourrait donner un coup de fouet à ces nullos ; y a que les vieux pour penser qu’elle existe, les autres prennent ça pour un conte d’oisillons. Si montrer la statue et la dérober pouvait remettre certains en question, ça aiderait beaucoup Griffonstone.

 

- Tant mieux alors, j’étais sûre que tu comprendrais Gilda.” La perroquet au plumage beige força un sourire à l’allure faussement joyeuse au coin de son bec. “Mon nom est Celaeno ; capitaine Celaeno et je crois avoir quelques… affaires dont discuter en privé avec mon bon ami Capper. Pourquoi ne pas sortir avec mon équipage et faire plus ample connaissance ? Maintenant.”

 

La griffonne voulut répliquer, mais le dernier mot de son interlocutrice était tranchant, comme le sabre à la ceinture de la pirate au regard glacial, malgré son air bienveillant. Gilda acquiesça, un peu méfiante, et prit les devants sans voir la capitaine approcher de Mullet pour lui emprunter sa dague.

Une fois seuls, Celaeno se retourna vers le félin. L’expression indéchiffrable de la redoutable boucanière à la patte de cristal ne permit pas vraiment de savoir sur quels coussinets il devait danser, mais Capper tenta un air décontracté.

 

“Alors, j’ai prouvé que j’étais utile, non ?”

 

Ses moustaches frémirent lorsqu’il aperçut l’éclat argenté de la lame entre les serres de la pirate. L’arme se ficha dans le bois juste devant lui, sans pour autant déclencher une autre réaction chez le filou abyssinien.

 

“Très bien Capper, tu qu’être pirate est un jeu ? Montre-moi ce que tu vaux.

 

- Quoi ?” Il eut un petit rire. “Tu ne peux pas être sérieuse ! Je n’ai pas envie de te ridiculiser, Celaeno…

 

Le plumage de la perroquet s’ébouriffa face à l’air insolent du félin et tira son sabre ; l’idée était de simplement placer la pointe sous son menton et lui faire comprendre son sérieux. La capitaine était furieuse et n’avait pas vu les doigts griffus du félin se posa sur la poignée de la dague. D’un geste agile Capper dévia la longue lame courbe du plat de la sienne, avant de se jeter sur Celaeno.

Un coup d’épaule suffit pour étaler la pirate sur la table et voir le grand chat en position, la dague pointée vers son adversaire. Pendant un instant de flottement, la capitaine observa le filou abyssinien et sa posture de combat ; il avait conscience de sa mobilité et semblait capable de se battre.

 

“Et oui Plumette, je sais me battre. Tu veux toujours m’affronter et avoir honte devant ces braves griffons ?”

 

Ces derniers avaient abandonnés leurs activités à cause de l’agitation et se concentraient sur elle ; certains appelèrent même le serveur afin d’apprécier le spectacle un verre d’alcool entre les serres. Le matou au pelage caramel se sentait bien mieux avec un public et ses yeux d’émeraude balayait la salle, sans pour autant perdre de vue la pirate.

Celle-ci était clairement irritée par la provocation mais essayait de garder son calme. En son for intérieur, elle proféra quelques insultes envers elle-même ; Capper lui donnait l’impression d’être un beau parleur, pas un combattant et pourtant il allait peut-être se révéler un adversaire coriace… mais rien d’insurmontable. Celaeno était même plutôt contente de ne pas juste bousculer le félin mais d’avoir l’opportunité de lui infliger une vraie correction.

 

Le sabre fila et éprouva la défense de son adversaire. Une estocade, puis deux et trois, Capper déviait la lame sans pour autant essayer de plonger vers la perroquet ; son arme était très courte et Celaeno pouvait aisément profiter de l’ouverture, quand elle n’en laissait aucune. Les attaques étaient convenues, comme si elle le testait. Pendant un instant le sabre tenta un nouveau coup d’estoc mais feinta pour le prendre par le flanc ; avec agilité le félin suivit le mouvement pour avoir le temps d’arrêter l’attaque.

Mais il alla plus loin et tourna élégamment sur lui-même, sa patte libre se posa fermement sur le côté non-aiguisé du sabre puis il envoya une de ses jambes frapper la prothèse de Celaeno ; cette dernière perdit l’équilibre et ne parvint pas à empêcher le bretteur abyssinien de lui arracher l’arme des serres.

Les sifflements et rires fusèrent de l’assemblée. La capitaine se trouvait à terre, son chapeau à moitié sur son visage aux joues rougies d’un mélange de colère et de honte, surtout quand son adversaire lui tendait la poignée du sabre avec un air malicieux.

 

“Ne me traitez pas comme un enfant, Celaeno ; j’ai affronté beaucoup de gardes à Panthera et eux au moins avaient leurs deux guibolles !”

 

Les griffons crièrent de plus belle, échauffés par le spectacle offert par Capper, mais la pirate n’y prêtait même pas attention. L’opinion d’une bande de soûlards ne la préoccupait pas trop, et celle de personne en réalité. Ce félin était insolent et semblait tout prendre comme un jeu… elle brûlait d’envie de le faire descendre de son petit nuage.

Ses serres se refermèrent avec fermeté sur son arme. Ses yeux magentas brûlaient intensément. Une fois debout, la fière bretteuse retrouvait son élément, après des mois à se retenir, s’entraîner en cachette. Celaeno avait l’impression de retrouver son élément et toute sa passion. Son cœur battait au rythme du choc entre les lames, mais elle ne laissait pas l’excitation l’emporter sur son intellect. Son adversaire était agile et réagissait avec une grande rapidité, sans tomber dans le piège des fausses ouvertures laissées par la pirate pour essayer de l’induire en erreur. Le regard malicieux du matou semblait lire dans ses mouvements et confirmait ses dires : il était doué.

 

Les deux épéistes semblaient danser au milieu de la pièce, sous les encouragements des griffons, dors et déjà en train de prendre des paris sur l’issu du combat. Capper se contentait de manier sa dague pour arrêter les attaques de Celaeno, dont le sabre décrivait des arabesques complexes afin de frapper sous des angles improbables, toujours contrés du plat de la lame par le chat, souvent avec son autre patte pour correctement arrêter le choc. La perroquet était forte et le poussait dans ses derniers retranchements ; littéralement puisque le filou abyssinien ne pouvait pas correctement attaquer avec aussi peu d’allonge et elle le faisait reculer vers les tables, où il serait acculé.

Les clients de la taverne s’était écartés et les hanches du grand félin au pelage caramel pouvait sentir le rebord d’une table le mettre au dos du mur. Le regard de la bretteuse semblait satisfait, mais Capper se fendit d’un sourire.

 

“C’est ta dernière chance plumette ; abandonne et ton honneur sera sauf !”

 

La pirate ne releva pas et se contenta d’un coup de taille pour coincer le chat et l’obliger à capituler. Seulement, elle ne remarqua pas la queue agile de Capper se saisir d’un tabouret proche, afin de l’envoyer avec une magnifique courbe percuter les jambes de Celaeno. Sa prothèse dérapa et elle perdit l’équilibre ; le félin s’en servit pour repousser le sabre avec sa dague et son autre bras se glissa autour de sa nuque. La perroquet tenta de se dégager mais elle sentit contre le tissu sous son armure de poitrine la pointe de la dague contre un de ses reins.

La capitaine avait encore son sabre en main, mais elle ne pouvait pas s’en servir sans avoir de l’acier plongé dans le bassin. Avec un bruit sourd, le sabre tomba lourdement sur le table.

 

“C’est bon, t’as gagné,” cracha la pirate, résignée. “Tu peux nous accompagner.

 

- Je veux surtout vous aider, capitaine. Considérez-moi comme un de vos matelots.

 

- Si tu veux,” grogna-t-elle. “Maintenant lâche-moi !”

 

Avec un rire amusé, le chat relâcha l’oiseau tombé entre ses griffes et la laissé reprendre, vexée, son arme. Tout autour d’eux, les griffons étaient très agités : certains reprenaient de l’alcool joyeusement, au détriment d’autres mécontent d’avoir misé sur la perroquet au chapeau. La plume de celui-ci ploya sous le chambranle de la porte quand sa propriétaire quitta l’établissement.

Capper allait la suivre, mais avant tout autre chose, il salua la foule et fit claquer son manteau pour partir fièrement sous les applaudissements.

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Note de l'auteur

Un des premiers combats à l'épée que j'écris ! Je le trouve bien, mais n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez et si je peux l'améliorer !

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