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C'est pas le poney qui prend la mer [...]

Une fiction écrite par Shamanchien.

Chapitre XII Thalatta ! Thalatta !

Le vent ne faiblissait pas, au contraire. Chassant les derniers nuages, il offrait une nouvelle vie au paysage qui se découvraient sous un soleil éclatant.

Le groupe quitta le cimetière par un autre chemin que celui par où il était arrivé. S’enfonçant dans la forêt, le sentier s’élançait vers les flancs des collines, le groupe de héros remontait dans l’intérieur des terres. Le rythme était soutenu. On avançait vite.

La luminosité retomba au niveau d'une semi-pénombre. Dans le sous-bois, les rayons du soleil n'arrivaient au niveau du sol que tamisés par la dense canopée.

On entendait le vent rugir dans les cimes, mais ceux qui progressaient entre les racines et les troncs ne le ressentaient plus du tout. La température était franchement fraîche. On avait bien perdu quatre à cinq degrés par rapport au bord de falaise. Par endroits, il y avait encore quelques lambeaux du brouillard du matin qui s'accrochaient encore. Le sol avait gardé sa pellicule blanche du givre.

Le sous-bois était bien plus dégagé que la vieille, là où étaient passés les poulains. Non pas qu'il soit plus entretenu, c'était tout aussi sauvage, voir plus. C'était juste qu'il y faisait si sombre que les buissons de ronces n'arrivaient plus à pousser. Les arbres y étaient plus vieux, montaient plus haut et fournissaient une véritable barrière contre la lumière. Les branches les plus basses en avaient perdu leurs couleurs. Les aiguilles des pins affichaient une couleur grise voire noire. Il se dégageait de l'ensemble une inquiétante impression de lugubre.

L’avantage était que le sentier était plus large. Startail et Scootaloo pouvaient avancer de front, à l'avant. Intimidée au début, la "Chercheuse de Talent" n'osait parler. Mais son compagnon, toujours aussi bavard et nullement inquiété par ce qui constituait son quotidien, vantait à qui mieux les mérites de son frère. A ses dires, c’était sans doute possible le meilleur des poneys au monde. Ne pouvant laisser dire ça, la pouliche se mit en devoir de défendre son mentor et idole.

Le débat devient rapidement animé pour savoir lequel de ces pégases était le poney le plus cool du monde entier de la galaxie. Chacun avait son champion. Les arguments avaient toute la profondeur et la pertinence que l'on pouvait attendre de poulains de cet âge là, et Scootaloo en oublia rapidement son appréhension face à cette obscure forêt.

Marchand un peu en arrière, les deux juments suivaient. Astro fermait la marche encore plus en retrait, obstinément silencieux.

«Tu ne vas pas faire la tête tout le trajet, demanda à voix basse Twilight à son amie

- J'attends d'abord qu'il s'excuse, grogna la pégase cyan.

- Et de quoi s'excuserat-il ? Qu'une jument folle furieuse lui soit tombée dessus sans crier gare et lui ai déchiré une chemise qui lui venait de son oncle ?

- C'est lui qui a commencé, il insulte tous les pégases par son comp…

- Je crois surtout que tu t'es laissée emporter par tes émotions et le Spleen. Je comprends que cela te choque une telle mutilation, mais lui, il n'y est pour rien.

- Ouais, si c'est pas lui c'est sa coincé de mère adorée, celle là quelle co…

- Rainbow, ne juge pas avant de savoir. Attendons de rentrer, parlons avec Applejack et voyons ce qu'elle a pu trouver. Puis s'il y a lieu, nous confronterons Maredame Soccer.

- Bien, si ça te fait plaisir. On fera comme ça. Mais sache que j'ai déjà mon idée

- .Par contre je te rappelle qu’il y en a un à qui tu dois toujours des excuses, insista la princesse en jetant un coup d’œil derrière son épaule.

- C'est obligé ?

- Je t'ai lancé un sort qui devrait t'immuniser aux effets du Spleen pour au moins le reste de la journée. Tu n'as plus l'alibi de ne pas contrôler tes nerfs pour lui parler.

- Bon, t'as gagné »

Rainbow Dash poussa un long soupir, puis s'arrêta de marcher quelques instants. L'étalon qui était juste derrière la rattrapa en quelques pas.

« Écoute Astro, je voulais te dire que…

- Eh venez voir, on voit tout d'ici » hurla Startail de l'avant du groupe.

Un rai de lumière solaire perçait la pénombre du sous bois. Le groupe marchait depuis plus d'une heures, le sentier n'avait cessé de monter depuis leur départ de la côte. A présent, ils se trouvaient arrivés à un col. Un affleurement rocheux y formait un belvédère naturel et offrait une vue sur l'autre versant.

Les collines descendaient en une vallée encaissée vers une côte toute aussi déchiquetée que celle que les héroïnes avaient déjà vue. Leurs pentes étaient couvertes de conifères petits et biscornus. Tous étaient penchés dans le même sens. Le vent soufflait avec une force qui n'avait rien à voir avec ce qui avait été ressenti jusqu'à présent. Les crinières de chacun volaient au vent, même le brushing de Rarity n'aurait tenu face à une telle furie.

Mais ce qui surprenait le plus sur ce panorama, c'était l'horizon qui s'étendait sans limite devant eux, composée de deux éléments

Tout d'abord, une mer, entre le gris et le vert, perlée des taches grises moutonneuses de l'écume des vagues qui venaient mourir sur la côte. Masse mouvante et grondante quand le regard partait du rivage, elle se faisait unie et ondoyante quand on portait ses yeux vers le lointain.

Puis le ciel, qui, sans aucun nuage, était uniformément bleu, de ce bleu pâle de l’hiver, où si l'on tente de porter son regard vers le lointain, on n'arriverait pas à distinguer dans ce dégradé quand l’azur laisse place au blanc.

Ciel et mer se rejoignaient en une frontière floue, là où la ligne de l'horizon se perdait. Cet immense espace vide semblait sans limite horizontale : que le regard porte vers la droite ou vers la gauche, c'était toujours cette même côte déchiquetée et cet horizon sans fin.

Ce spectacle donnait une drôle de sensation : entre la plénitude reposante de contempler une œuvre finie et pourtant sans cesse changeante et l’oppression d'être face à un absolu trop grand où le poney n'a pas sa place.

« Ceci est l'océan Lunaire », fit Startail.

Le reste du trajet se passa bien vite, en peu de temps le petit groupe fut arrivé sur le rivage. Une volée de sterne s'égaya en une volée de plumes blanches et grises quand Avon déboula sur le rivage, suivit de peu par les deux poulains qui couraient derrière.

Un petit cabanon de bois était lové entre deux gros rochers, au fond d'une crique un minimum abrité. Aucune fenêtre, la grande ouverture en face de la mer n'avait même pas de porte. Sur le côté, un petit auvent auquel pendaient plusieurs mobiles, combinant sculptures en bois au forme naïves, coquillages et plumes d’oiseaux. Dessous, rangées sur un établis, était posé deux longues planches en bois.

À l’intérieur se trouvait un drôle d'assemblage. C'était manifestement un bateau, mais il ne ressemblait à rien de ce que pouvait connaître les habitantes de Poneyville. Il n'avait pas une, mais deux coques, fort petites au demeurant. Elles se ressemblaient comme deux chaussures d’une même paire. Leur forme rappelait celle d'une banane effilée et pointue, longue d'environ cinq mètres pour moins de 50 centimètres de large. Chacune était parallèle à l'autre, reliées ensemble par deux solides poutres, elles aussi parallèles. L'espace ainsi délimité entre les deux coques, avait la forme d'un carré, il était couvert par une sorte de filet semi-rigide aux mailles très serrées, comme une moustiquaire ou un trampoline en plus épais. Au milieu de l'une des poutres une barre perpendiculaire pointait vers le ciel, le mat sans aucun doute. Sur le flanc de la coque droite, pardon tribord, un nom gravé: Le "Marsouin

« Mais qu'est... Que ce truc ? Demanda Scootaloo.

- Ça ? Mais c'est un fend-les-vagues voyons, lui répond Startail, le plus cool et le plus rapide des navires qu'Equestria ai jamais vu.

- Plutôt que de faire la causette, viens donc m'aider, il faut le sortir de là et le ré-greer, lui enjoignit son frère. Coques check.

- Je savais qu'on aurait dû venir avec l’"Épaulard". Trapèze check. On va perdre trop de temps à remettre le "Marsouin" en état, pesta le poulain. Mât check.

- D'une, on ne pouvait pas venir avec l’Épaulard, tu sais bien qu'on ne monte pas à cinq dedans. Haubans check. On était obligé de venir ici par la terre.

- Trop nul. Bras de gouvernail check.

- Petit frère, dois-je te rappeler que c'est toi qui as insisté pour qu'on les prenne toutes les trois ? Chariot check.

- Au départ, il voulait que vous restiez toutes avec Mam' Soccer, souffla le cadet aux filles restées à la porte.

- Hein ! s'exclamèrent en cœur les trois juments.

- Gouvernail check, rajout-il à voix haute.

- Fanion Check. De deux, il faut une remise en état régulière sinon ça s’abîme, continua l’aîné. Mulet et baume check. La dernière fois qu'on a sortit le Marsouin c'était au printemps. Il était temps de le faire. Palan de la grand-voile check. Tiens, je te laisse la monter, elle est en état.

- Il n'empêche, je trouve que le Marsouin, ben, il se traîne. Grand-voile montée et check.

- Vérifie quand même les lattes. Tu vois que ça n'a pas pris tant de temps que ça. Foc monté et check. Voilà, on a fini »

Durant toute la conversation, les deux frères ne cessèrent de tourner autour du navire, vérifiant chaque pièce, sortant les voiles et les montant, le tout d'un sabot expert. Aucun mouvement n'était inutile. On sentait des habitués qui connaissaient chaque geste pour les avoir faits un nombre incalculable de fois, couplé à un duo habitué à travailler ensemble. En moins de dix minutes le navire avait repris vie, affublé d'une paire de voiles blanche aux formes triangulaire, l'une plus petite que l'autre. L'ensemble donnait à l’embarcation une silhouette de cornet de glace reversé, ou d’aileron de requin.

« Hey, mais c'est ça qu'a vu Sweetie Belle le jour où je suis tombé à l'eau s’exclama Sootaloo.

- T'es sûre lui demanda son mentor.

- Oh oui, Rainbow, Sweetie me l'a suffisamment décrit.

- Bon, laquelle de ces maremoiselles, on prend à bord, coupa l’étalon couleur nuit. On peut monter qu'à quatre là-dessus. Et encore, c'est parce qu'on prend les deux poulains. »

Ce disant, il se tourna vers Rainbow Dash et Twilight Sparkle, attendant une réponse

« Vas-y Twili je vais vous suivre en volant, fini par grommeler la pégase.

- Parfait. De toute manière, cela vous aurait demandé bien trop de maîtrise et de rigueur, répliqua, acide, l'étalon.

- Qu'est ce que tu dis ? s’offusqua la représentant de la loyauté.

- Que c'est bien trop complexe et rapide pour vous.

- Sache que rien n'est trop rapide pour Rainbow Dash ! Twili c'est toi qui vole, JE monte.

- Je suis pas sûre que... tenta de calmer l'alicorne.

- Je te parie que je sais me servir de ce machin mieux que toi en même pas une heure.

- Ça va mal finir... soupira Twilight.

- Y a pas comme un air de déjà-vu(*) lui glissa Scootaloo ?

- Vous allez dessaler sitôt que je lâcherai la barre railla Astro.

- Dans tes rêves ! rétorqua la pégase cyan.

- Bon, prenez au moins un gilet, je n'aimerais pas que votre amie me reproche quoi que ce soit.

- Frangin, j'ai pris ma planche pour le retour, elle est glissée sous le trapèze, l'informa Startail.

- Tant qu'elle est bien sanglée.

- Je t'emprunte aussi la tienne, je voudrais montrer à Scooti comment on fait.

- Elle va tomber malade, comme les deux autres.

- Mais non, elle a une combinaison, tu sais le truc dont je t'ai parlé.

- Admettons. Par contre, elle prend ta planche. Et t'as intérêt à ramener la mienne impec'! »

Profitant de l'échange entre les deux frères Rainbow se tourna vers Twilight et lui susurra

« Dis moi Twili...Oui ? Il m'a bien insulté quand il a dit que j'allai dessaler ? »

(*) en français dans le texte. A force de fréquenter Sweetie Belle et Rarity, Scootaloo a fini par en prendre un peu du vocabulaire.

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Note de l'auteur

Note: Chapitre plus court. Une petite tranche de slice of life. Pour ceux qui ne l’avaient pas encore deviné je suis insulaire d’origine, j’ai grandi au bord de l’eau, j’aime la mer et la voile.
Question aux lecteurs, Quel est le nom IRL du navire de plaisance qu’est un fend-les-vagues?

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