« Juments et étalons ! Comtes et duchesses ! Principautés de toutes nations ! »
A cet appel, chaque invité leva son regard en direction de la chambellan de la cour. Une jument grise caillou à la crinière noir ébène. Elle se trouvait droite et fière. Elle fit son annonce.
« C'est avec une grande joie et fierté. Que j’annonce le début de la remise des médailles d'honneur ! »
A ces mots les invités applaudir, en toute grâce bien sur.
La chambellan continua son discours.
« Ces médailles sont les remerciements d'une nation. Offertes à chaque héro ou héroïne, qu'ils soient poneys ou non, Equestria et tous ses habitants remercient ces personnes au comportement exceptionnel. Et souhaite que par leurs actions, inspirent pouliches et poulains à suivre cette voie aux vertus exemplaires. Faite de générosité, de compassion, de courage et de pardon. »
Sous ses mots, la chambellan s'écarta doucement du centre de la scène, laissant apparaître en arrière fond deux gardes royaux licorne, lévitant chacun sur un oreiller de doux velours rouge une médaille du plus bel effet.
Un cœur rubis aux bordures d'or. Une paire d'ailes dorée accompagnait le rubis.
A l'apparition des bijoux honorifiques, la noblesse acclama avec bien plus d'enthousiasme.
« Que les porteurs de ces insignes puissent propager sur leur chemin à chaque poney, ou autre citoyen, une envie irrémédiable de générosité et de courage. » Les convives applaudirent de nouveau aux respectueuses paroles de la chambellan. « Merci, juments et étalons. Et sans plus tarder, je vous prie de vouloir faire un triomphe à celle qui offrira ces distinctions. La souveraine bien-aimée du royaume d'Equestria. »
La chambellan se tint prête à l'arrivée. Toujours droite et fière. « La princesse Celestia ! »
Il eut une grande acclamation de la foule et les invités piétinèrent de joie à l'arrivée de la princesse.
…
…
Qui ne vint pas.
Les poneys de la soirée étaient étonnés. La chambellan était surpris. Mais ne laissa rien transparaître.
Après quelques secondes d'attente, sans résultat, la chambellan décida que la remise devait tout de même continuer.
Elle était la chambellan de la cour. Elle savait mieux qu'aucun poney que la princesse était une jument très occupée. Jamais la princesse Celestia n'aurait été absente si elle n'avait pas eu une très bonne raison de l’être.
Dans ce cas, la chambellan devait la remplacer.
« Chers convives ! Notre chère princesse est une monarque très occupée. Et étant donné son absence, je suis dans la responsabilité de prendre en charge la cérémonie de remise de médailles. » A cela, la foule aristocratique applaudit, résignée.
« Très bien ! Cette fois-ci, juments et étalons de tout Equestria ! Invités de tous pays ! C'est avec un immense bonheur que j'appelle à venir près de moi les héros de notre nation. Des exemples de bonté et de courage. Nos très humble invités, Kilian et Marie ! »
En plus d'une jolie acclamation de la foule, cette fois-ci des trompettes résonnèrent au sein de la salle et des oiseaux exotiques chantèrent des chants mélodieux. Une véritable marche de la victoire qui accompagnait …
…
…
Mais, une fois encore, l'invité fit défaut.
Une nouvelle fois, la foule ne comprenait pas. Et la chambellan ne voyait pas de solution apparaître en son esprit. D'ailleurs, son visage commençait à trahir une anxiété croissante. Et à juste titre !
Ou sont les invités ? Où est la princesse !?
Certains poneys le savaient. Du moins, ils avaient aperçu l’un de ces invités d’honneur. L’un de ces deux humains. Ces drôles de singes sans poils, et aux mains tentaculaire.
C’était celui aux cheveux courts avec un air sympathique. Il était parti en trombe par la porte du château. Il était si rapide, si pressé, qu’à aucun moment l’un des gardes ou des domestiques ne put l’arrêter.
Il semblait paniqué et inquiet.
C’est ce que vous diront les poneys l’ayant aperçu, ce soir-là.
Kilian n’avait même pas pris le temps de dire un au revoir, ou même de laisser une seule excuse pour son départ. Lui qui était si poli d’habitude. Quelque chose de terrible venait de se passer.
Aucun poney ne savait, mais lui, si.
Il savait qu’un drame venait de se passer. Il y a peu, la princesse Celestia lui avait parlée.
« Ne risquez rien avec elle, Kilian. Tant que je ne suis pas là. Tant que toute mes forces ne m’auront pas été rendues. »
« Quoi !? Comment ça ? Vous ne l’avez pas arrêté ? Princesse ?! »
« Votre sœur perd peu à peu le contrôle de son esprit. Elle est devenue puissante. Elle est nourrie par un mal qui se trouve au plus profond d’elle. Vous devriez essayer de la raisonner tant qu’il en est encore possible. Peut-être que si vous m’aviez suivie à la trésorerie … »
« Si ma sœur m’avez vu à vos côtés, elle aurait été prise d’une rage folle. Plus jamais elle ne m’aurait fait confiance. »
« Jeune héros… Si vous ne parlez pas au plus tôt de notre accord avec votre sœur, les conséquences pourraient être catastrophique pour nous tous. »
« Sauf votre respect princesse Celestia… Vous ne connaissez pas ma sœur. J’en suis sûr. Quoi que je lui dirai… Les choses tourneront mal. »
Et tout cela n’était que le début des ennuis.
Peut-être que Kilian aurait dû venir au côté de la princesse. Alors, les choses auraient été autrement. Rien n’était moins sûr, mais pour le moment, le garçon filait à toute allure en direction du seul endroit où Marie aurait pu s’enfuir.
De ce que la princesse avait dit, Marie avait réussi à lui soutirer une pierre de grande importance.
Pas une breloque, pas un talisman commun qui se vend au marché du matin, ou dans les boutiques d’amateurs. C’était une clé unique ! Une clé pour une multitude de portes !
La princesse Celestia n’en dit pas plus. Mais elle avoua qu’entre de mauvais sabots, cette pierre pouvait causer des dommages irréversibles. La pierre était une clé, mais que sans une force magique suffisante capable de l’activer, elle ne fonctionnerait pas.
Marie avait quitté le combat exsangue. Jamais elle ne pourrait l’utiliser sans se tuer. Mais Kilian n’attendrait pas pour le savoir.
A travers les ruelles de Canterlot, Kilian courrait comme un dératé. Il n’avait pas couru aussi vite depuis la terrible nuit dans la forêt miroitante. Il sautait au-dessus des caisses, évitait les poneys attablés aux cafés, esquivait les chars et les carrosses bariolés. Les poneys s’étonnaient de voir passer à tout allure cet étrange bipède. Quoi qu’il soit, il était pressé.
Kilian courrait vite. Mais sa hardiesse le fit courir comme un poulet sans tête. Dans la hâte de son départ, le garçon oublia qu’il ne connaissait pas le chemin. Il s’arrêta tout net en plein milieu de la ruelle. Se frappant la tête sous cette prise de conscience.
« Abruti ! Tu veux encore te presser comme à Hallow Shades ! » Mais cette fois il était trop tard pour l’escorte. Il était en plein milieu de la ville. Du moins, il croyait… Il pouvait demander son chemin, mais connaissant son sens de l’orientation … En plus, l’hôtel était à deux pas du palais. Et pourtant il réussit à le rater !
Kilian voyait le bâtiment luxueux de là où il se trouvait.
‘ La brise savoureuse de Glory Pose ‘ n’était qu’à un zénith de lui.
Sur une colline non loin, elle s’élevait quelque peu au-dessus des pâtés de manoirs et de boutiques opulentes de Canterlot.
Kilian plissa des yeux un instant, et reconnut au loin le fameux balcon de ce matin. Là où lui et sa sœur déjeunèrent de bon cœur.
Alors qu’il regardait plus attentivement le lieu. Kilian fit briller au sein de sa main une lueur magique.
Il n’était pas aussi doué que sa sœur. Il avait de temps à autre pratiqué…
Bon, surtout lors des combats ! Mais sinon, il faisait léviter les objets que par fainéantise ou pour blaguer avec Marie.
Un sort de téléportation. Du gâteau ! En un tour de main, il sera à destination !
Kilian se concentra, s’enveloppa de l’aura magique du sort. Les poneys aux alentours, en particulier les licornes, remarquèrent ce que préparait ce drôle de bonhomme. Certains n’arrivait pas à savoir si cela était un sort de téléportation ou de… combustion instantanée. En tout cas, les poneys les plus proches s’éloignèrent dans la crainte d’exploser avec cet amateur.
Kilian n’en prit pas compte. Et d’un seul coup, FLASH !
Le voilà qui se retrouva téléporté.
Il se demanda s’il était mort. Avait-il explosé ? Allait-il exploser une seconde fois ?!
Mais alors que ses yeux s’adaptèrent à la lumière. BAM !
« Aie ! C’est quoi ça ? On m’attaque ? »
« SORTEZ DE CHEZ MOI ! TOUT DE SUITE ! » hurla une voix complètement paniquée.
Kilian leva les yeux, se frottant le bout du nez rougi par l’impact. Mais là, ses joues aussi rougir à leur tour.
Il se trouvait dans une salle de bain. Une jument dans une baignoire, voulant s’immerger complètement, blessée dans son intimité.
« SORTTTTEEEEEEZZ !!! » cria de rage la jument.
Kilian ne perdit pas un instant. Là ! Un balcon ! Il voyait déjà l’hôtel. Son sort se prépara en une seconde maintenant.
« Désolé, mademoiselle », s’excusa le garçon. Heureusement pour lui, c’était une pégase. Peut-être qu’une licorne l’aurait déjà électrocuté sur place.
De nouveau, il forma son sort. Prêt pour le second saut ! Cette fois-ci, il ne manquerait pas sa cible.
Il ferma les deux yeux, visualisant l'emplacement.
FLASH !
Cette fois-ci, c'était la bonne ! Il ouvrit les yeux. Pour sentir sur son visage et sur ses bras une matière gluante glisser jusqu'à son nez.
Ça sentait la fraise ?
Kilian se trouvait dans un gâteau. Du moins sur un gâteau. Ou ce qu'il en restait…
Devant lui, une petite pouliche se trouvait assise, complètement sidérée de voir son gâteau transformé en singe. Kilian vit une banderole dans le dos de la petite, entouré d'autres poneys tout aussi abasourdis. Il y avait écrit 'Joyeux Anniversaire'.
La pouliche se réveilla de la surprise pour constater les dégâts. « Mais ! C'est pas mon vœu ! Je voulais... » Kilian posa en vitesse un doigt sur les lèvres de l'enfant, la faisant taire.
« Ne dis rien, petite ! Ça porte malheur. »
Cela fait, en un éclair, il goûta un morceau, se leva, et s'excusa. Et FLASH ! Reparti une nouvelle fois.
La troisième serait la bonne ! Il serait sur le balcon, comme prévu.
De nouveau Kilian ouvrit les yeux. Et sur la seconde, il fut terrifié.
Il était dans une cage. AVEC UN MANTICORE !
La bête dormait. Mais le flash de l'apparition lui fit ouvrir un œil. Un œil jaune au regard perçant qui ne semblait avoir qu’une idée à l'apparition de cet intrus… Il l'avait dérangé dans son sommeil. Il le réduirait en charpie !
Kilian cria de terreur sous la charge de la bête furieuse. Il ne se concentra pas, laissa filer l'instinct pour cette fois-ci. Il disparut encore, pile au moment où ce chat survitaminé bondit pour l'atteindre.
FLASH !
Il roula tête baissée sur un sol. Se cogna contre ce qui semblait être une armoire ou un coffre ?
Kilian se ressaisit, se calmant après la frayeur d'il y a un instant. Bon sang, il avait bien failli finir en pâté pour monstre.
Le garçon apprenti-sorcier se soutenu sur la malle contre laquelle il venait de se cogner. Il leva son regard pour voir qu'en vérité, cette malle lui était très familière. Tout simplement parce que c'était la sienne !
Il se leva sans plus attendre ! Il était dans la chambre de l’hôtel, dans le salon. Kilian accourut à la chambre de Marie. Si elle s'était enfuie, alors c'est ici qu'elle reviendrait. Elle ne partirait pas sans rien.
Le jeune homme entra dans l'appartement de Marie. Et soudainement, se stoppa net.
La pièce était plongée dans l'obscurité. Mais par la grande fenêtre de la chambre, des rayons de lune venaient révéler le corps blessé d'une jeune femme déposé sur le lit. Les draps étaient tachés de sang.
Kilian s'empressa de venir au chevet de sa sœur. Tout en marchant, il entendit un bruit sourd venir de sous ses pieds. Des débris de verre se trouvaient sur le sol.
Kilian n'en prit cure et se dépêcha de se mettre aux côtés de Marie.
Il vit le corps écorché de sa sœur. L'aventurière était parsemée de coupures et d’hématomes. Ses vêtements étaient en lambeaux. Son visage était recouvert d'un long filet de sang qui coulait le long de sa peau descendant jusqu'à son bras.
Kilian se rassura en voyant ses lèvres s'entrouvrir et sa poitrine bougeait. Elle était en vie !
Le garçon laissa sortir un long soupir de soulagement. Il s'agenouilla au sol, près de la main de sa sœur. Elle dormait profondément, complètement exténuée.
« Sœurette... », parla doucement Kilian. Il regarda les blessures de Marie, écouta la respiration douce et profonde de son sommeil. Il ne pouvait s’empêcher de sentir son cœur se serrer à la vue de sa sœur mutilée. Il était en partie fautif de ce malheur.
La princesse n'aurait jamais voulu la tuer. Mais Marie était une battante, elle n'avait pas dû lui rendre la tâche facile, comme à son habitude. C'était tout Marie ça ! Jamais elle ne laissait tomber.
« Tu as du lui en faire voir de toutes les couleurs, hein ? » parla Kilian sans grand enthousiasme.
Bien sur Marie continuait de dormir, Kilian voulait la laisser se reposer. Mais il ne pouvait pas l'abandonner, il resterait à ses côtés. Et cette fois-ci, même quand la princesse sera là, avec la garde, il l'accompagnerait et lui expliquerait tout !
« Tu sais que jamais je ne t'abandonnerais sœurette ? Toi et moi, on est inséparable. Comme le ciel et les nuages ! On est aussi inséparable qu'un Apple et ses pommes ! » Kilian rit à ses mots. Il n'était pas non plus très fort en blague, comme il le laissait croire d'habitude. Le garçon rit encore quelques instants, avant de soupirer d'un air mélancolique.
Il posa sa mains sur celle de Marie, un regret affublant son visage.
« Je suis désolé, Marie… Je suis un trouillard. Je dois te dire la vérité mais…, à chaque fois, la peur m'envahit. Je crois que c'est parce que cette vérité... Elle pourrait bien nous détruire tous les deux. »
Kilian serra la main de sa sœur dans la peur. Il fut surpris de sentir des bouts de verre en son sein.
Intrigué, le garçon regarda les quelques morceaux. Il se rendit compte sur la seconde de l'absence d'une certaine orbe magique.
« Nova ! » réalisa Kilian.
L'orbe était détruite. La magicienne millénaire était morte ?
Elle l'avait dit, se rappela Kilian, elle serait partit comme la fumée d'un feu mourant. Nova …
Kilian s'était méfié de la magicienne, surtout depuis les révélations faites sur son passé. Marie avait fait de même.
Mais désormais la mage millénaire n'était plu.
Le jeune aventurier aperçu dans la seconde main de sa chère sœur un objet brillant. Il n'avait pas fait attention en rentrant, mais il semblait qu'une lueur magique s'échappait de la main recroquevillée de Marie.
Kilian fit attention de délicatement desserrer l'emprise de sa sœur sur l'objet. Et lorsqu'il en eut fini, il reconnut un cristal, le même que celui de la princesse !
Ainsi donc, Nova la mage millénaire, fille de Starswrll et première sorcière d'Equestria, tint parole.
Kilian ne put s’empêcher de sourire à la vue de l'artefact magique. Finalement, il était heureux de voir qu'il s'était trompé sur le compte de la jument damnée. Mais il était tout de même triste de n'avoir pas réussi à l'aider.
Elle méritait mieux.
Le garçon se remit debout. Il devait nettoyer les blessures de sa sœur. Il ne s'y connaissait pas en médecine, mais, au moins, il ferait son possible. Et dès que la princesse reviendrait, il lui remettrait l'artefact, et s'assurera que…
PIC !
Le garçon sursauta de surprise en sentant soudainement une piqûre au cou. Juste avant, il était sûr d'avoir entendu filer comme une flèche ou un dard.
Il toucha la blessure. Et fut complètement surpris de sentir une fléchette plantée dans sa nuque.
Il décrocha l'aiguille dans une grimace. Un liquide rose cochon légèrement luisant perlait du bout du dard.
« Hé hé hé ! » ricana une voix tapie dans la pénombre.
Kilian se tourna dans la stupeur. Il surprit à la fenêtre de la chambre un être quadrupède, au bec acéré et aux griffes tranchantes, tout revêtu d'une armure recouverte de peaux de bêtes.
« Qui êtes vous !? Que faites vous ici !? » parla le jeune homme effrayé.
Ce qui était à l'évidence un griffon était pourtant bien plus grand que les autres griffons que Kilian avait croisé. Il descendit du rebord de la fenêtre, se mouvant comme un chat à la vue de son prochain repas.
« Je suis ton pire cauchemar, mon garçon. » Il se stoppa, s'assit sur le sol droit comme une statue. « Et je suis en chasse. »
De toute évidence, ce griffon n'était pas là pour prendre le thé. Kilian n'allait pas laisser cet intrus tenter la moindre chose.
Déjà, il formait un sort au creux de sa… son sabot ?
Kilian hoqueta de surprise ! Il voyait sa main être devenu un tout petit sabot ! Sa peau devenait rose ! Il perdait ses poils ! Et sa taille ! Il rapetissai de seconde en seconde ! Il se transformait !
Devant ses yeux, son nez s'allongea en un groin ! Il sentait une queue en tire-bouchon pousser sur son derrière !
Un cochon ! Il devenait un cochon ! Et le griffon ne bougeait pas d'un poil, il ricanait même devant l'impuissance de l'humain maintenant devenu saucisson sur patte.
Kilian piétinait sur place, il était désemparé. Plus aucuns mot ne sortait de sa bouche, seulement des grognements gras et aigus qui terrifiait l'aventurier.
« Tu seras plus facilement transportable de cette manière. » Le griffon sortit de sous ses peaux un petit sac, d’où il en sortit une poudre argentée. « Mieux vaut-être prudent. » Il souffla doucement sur l'étrange composé, qui baigna Kilian d'un nuage scintillant.
Le petit cochon se sentit d'un seul coup lourd de fatigue. Il voulait l’endormir ! Il devait combattre ! S'il arrivait à s'enfuir peut-être… mais non… il avait trop sommeil. Et puis la soirée avait été longue… alors un doux sommeil… il devait dormir.
« Dors, petit cochon », dorlota le terrible griffon. « Maintenant, tu es à moi. »
Cette nuit-là, dans le ciel de Canterlot illuminé de mille et une couleur de fête, un dirigeable de petite taille s'en allait, caché dans l'ombre, satisfait d'emporter son butin, volé au nez et à la barbe des poneys.
Au lointain, alors que le ballon s'éloignait des abords de la cité, des troupes de poneys d'élite se dirigeaient en direction de l’hôtel. Une forme ailée volait en rase motte en direction du même point. La lumière de Canterlot se faisait de plus en plus distante.
Dans la cale de l’aéronef, Kilian s'était réveillé de son sommeil forcé. Le petit cochon voyait au travers d'un hublot la ville lumière s'éclipser. Et ses dernières espoirs d'aide s'évanouir.
Le garçon ne comprenait comment la situation avait pu s'empirer à ce point.
Il se trouvait en cochon, enchaîné par un collier dans une cage, transporté par un dirigeable rempli de griffons cruels et armés jusqu'aux dents.
Sa sœur avait-elle aussi été transformée ? Apparemment, pour ne pas éveiller les soupçons, deux petits cochons étaient bien moins voyants que deux bipèdes. Les seuls de cette planète.
« Vous valez un prix d'or ! Si j'avais su ça sur Roche-Noir, j'me s'rais empressé de l’dire au patron. »
Il n'y avait qu'un griffon que Kilian et Marie avaient rencontré sur Roche-Noir. Et il ne gâchait pas son plaisir de pouvoir narguer les deux aventuriers en bien mauvaise posture. Sa sale trogne de griffon mercenaire fixait méchamment Kilian, qui ne bougeait pas et ne grognait pas.
« Vous, sales punaises ! » Le soldat agrippa les barres de la prison, son bec grinçait de rage. « Vous avez étaient trop bons sur la Perle-Bleue. A notre dernière rencontre, toi et ta copine m'avez touché entre les deux ailes. Et voilà le résultat ! » Il déplia une aile, mais pas le seconde, qui resta tombante sur le dos du griffon, comme morte. « J' me retrouve handicapé ! Incapable de voler ! »
Dans la cale sombre éclairée de quelques torches, il n'y avait que Marie, toujours endormie, Kilian et ce drôle de griffon.
« Si j'le veux ... » Il dégaina de sous une ceinture un couteau effilé. La vue de la lame fit craindre la pire à Kilian, qui recula. « J'pourrais faire un jambon de toi ! J't'enlève une patte dodue ! Comme ça, on est quittes ! »
Quelques secondes, le griffon laissa sa griffe jouer de son arme aiguisée. Kilian pouvait voir dans ses yeux d'aigle que le mercenaire ne rigolait pas avec cette idée, peut-être à moitié.
« Tu fais ça, Plutus ... » La voix fit dérapé d'un seul coup l'arme en main du griffon, la plantant au sol.
« Et je me fais un régal de ton aile encore valide. »
Le griffon, maintenant nommé Plutus, avala sa salive comme s'il venait d'entendre la mort elle-même lui avoir parlé. Il se retourna prestement.
« Chef ! Patron ! J' voulais pas l' faire ! Sûr ! C'était pour... pour. »
« Retourne en haut, Plutus. Tu ne sers à rien ici. »
« Oui patron ! » Le griffon décolla sa lame et partit, les yeux aux sol.
De là ou Kilian se trouvait, il ne pouvait voir le chef si terrifiant. Mais lorsqu’enfin, Plutus fut parti, Il régna un silence gênant.
La cale grinçait, les planches de bois se craquaient sous le flot des vents, les caisses se cognaient légèrement de par le balancement, le feu des torches crépitait et envoyait une lueur chaude sur toute la pièce.
Kilian pensa pouvoir être tranquille un instant.
Le garçon ne portait pas de grand espoir sur sa capacité à s'évader. Il était un petit cochon enchaîné en cage. Fort heureusement, il voyait dans la cale certaines de leurs affaires. La malle ainsi que leurs vêtements.
Du butin pour ces bandits. Ces mercenaires les emmenaient quelque part à l'est. Si Kilian se souvenait bien, le gentil poney de Cap-Roc, Orange Pudding, avait raconté que ces épées-louées travaillaient au service d'un roi griffon du nom de Lyberstire Ier.
Personnellement, Kilian ne voulait pas savoir ce que prévoyait un roi griffon pour deux humains. Ils devaient s'échapper ! Chaque minutes passée les éloignaient d'Equestria.
Le petit cochon se débattit. Il n'avait rien d'autre à faire, si ce n'était qu'attendre un sort mystérieux qu'il se refusait d’accepter ! Marie était dans les vapes ! Il n'y avait plus que lui !
Encore et encore ! Le garçon fit claquer sa chaîne contre les barreaux, grognait, criait, espérant que ses râles de colère ne brise ses attaches. Mais tous ses efforts n’eurent comme effet qu'un vacarme assourdissant. Même pas suffisant pour réveiller sa sœur. Et ses tentatives ne faisaient que l'épuiser de plus en plus.
Kilian s'étendit sur le sol, se reposa sur son ventre rose bonbon. Il ne désespérait pas ! Mais pour le moment, tout effort était futile.
TING !
Un claquement résonna aux barreaux de sa cage. Le garçon leva la tête pour, soudainement, sauta de surprise en voyant que, face à sa cage, se tenait l'odieux kidnappeur. Le chef des griffons.
« Vous profitez de votre nouvelle chambre, altesse ? »
L'horrible personnage était apparu de nulle part, sans faire un bruit. Kilian pu mieux l'observer. Il pouvait voir que ce griffon, massif et intimidant de fait, portait des fourrures d'animaux mythique tous plus impressionnantes les unes que les autres. Ce chasseur en portait tellement qu'il était impossible de connaître la couleur de son plumage. Par contre, ses yeux vert émeraude de tueur étaient visibles. Et dégageaient une aura malsaine de sadisme vers le pauvre garçon.
« C'est différent de votre chambre à l’hôtel. Mais il faudra vous y habituer, parla doucement le griffon.Le roi Lyberstire n'a pas pour habitude de montrer à tous sa ménagerie personnelle. Il faudra vous passez de la lumière du jour. »
A ces informations, Kilian trembla de peur, mais sachant cela, une bravoure nourrit d'une colère pour ce destin funeste brûla dans les yeux du garçon.
Le petit cochon grogna ! S'agita et fit trembler la cage sous les yeux du griffon amusé. Il espérait tout autant réveiller sa sœur. Cette dernière que le sommeil ne lâchait pas.
« De la combativité ! J’espérais en voir dans tes yeux... », parla le chasseur d'un ton satisfait, « Il te fallait seulement un peu de motivation, j'imagine. »
Lentement, sous les yeux de Kilian, le griffon sortit de sous ses fourrures un dard. Le même qui avait causé la transformation aux deux humains.
Le liquide rose bonbon luisait au travers de la fiole épineuse. L'horrible griffon le présenta face à Kilian pour le provoquer.
« J'ai pour ordre de vous donnez à nouveau une dose de ces fioles. Il serait dangereux de vous laissez de nouveau vos pouvoirs. Surtout en sachant ce qui était arrivé à Hallow Shades, ou sur la Perle-Bleue... » Le chasseur laissa couler un long doute au sein de sa voix, « Oui. Vous êtes dangereux. Il ne faudrait pas vous affronter, n'est-ce-pas ? »
Soudainement, sur ces derniers mots, le griffon laissa tomber au sol le dard qui, une fois au sol, fut écrasé sous la griffe puissante du chef. Répandant alors la risible mixture.
Kilian fit les plus gros yeux de cochon étonné qu’il était capable de faire. Que pouvait bien vouloir ce malade ?
Ce dernier semblait satisfait. Et regarda désormais Kilian d'un sourire amusé.
« Tout ça était trop facile. Je ne suis pas l'un de ces mercenaires à la petite solde qui chasse des poules pour leur quatre heures. »
Il se détourna du garçon, partant en direction de la sortie.
« Donne-moi mon combat ! Sauve-toi d'ici ! Si tu ne le fais pas... alors je me chargerais de te rendre visite tous les mois à ta nouvelle demeure. »
De ces mots s'accompagnèrent le claquement de la trappe, sonnant le départ du patibulaire, et le début de la chasse.
Qu'il le veuille ou non, Kilian devait désormais tout faire pour s'échapper.
Le garçon venait de prendre part au jeu sadique d'un griffon décérébré ! Même en Equis, les fous existaient.
Les psychopathes d'ici étaient censés être mignons et gentils. Ils cherchaient à transformer les nuages en barbe à papa ! Et les routes en savon !
Kilian restait terrifié. Mais sa bravoure resta elle aussi intact ! Il avait désormais une occasion de s'échapper. De se sauver, lui et sa sœur.
Sans cette nouvelle dose de potion, il retrouverait sous peu forme humaine. Et alors, il aurait sa magie ! Seulement la magie ne fait pas des miracles. Il lui fallait trouver quelque chose …
Fondre les barreaux ? Non, il n'était pas suffisamment expérimenté. Du coup, il pouvait aussi bien oublier la téléportation. Il y a peu, il s'était retrouvé en bien mauvaise compagnie dans une autre cage.
Kilian observa ses vêtements sur les caisses environnantes. Il se souvint d'avoir emporté une délicieuse sucrerie avec lui, en tout cas, il pense qu'elle devait-être délicieuse.
L'aventurier avait son plan ! Il devait faire léviter son ceinturon jusqu'à lui. Il y trouverait la sucrerie !
A peine cette idée lui traversa l'esprit que des picotements étrange vinrent le parcourir le long de son corps porcin. La transformation débutait ! Ses pouvoirs revenaient en lui ! Kilian ne perdit pas un instant. Il s'approcha du mieux qu'il put des abords de sa cage, tirant le plus possible sur la chaîne tenace lui empêchant d'atteindre les barreaux. Mais qu'importe ! Kilian fixa sa ceinture, il n'était pas encore en ses pleins pouvoirs, mais il sentait ses forces suffisantes.
Les yeux du petit cochon brillèrent d'une aura dorée magique. Cette aura entoura le ceinturon à quelques pas de là.
Deux à trois secondes plus tard, l'objet bougea, il gigota et, commença à se déplacer en direction du prisonnier tout, tout lentement.
L'action était désespérée. Les pattes de cochon de Kilian tremblaient sous l'effort mental demandé. Le corps d'un porc n'était pas le corps d'un mage. Mais il n'attendrait pas d’être à nouveau humain pour commencer. Trop de temps s'était déjà écoulé.
La ceinture tomba au sol, elle continua de sa traîner langoureusement en direction du porc. Mais d'un seul coup, le navire se balança bien plus fortement, envoyant le ceinturon valdinguer à l'opposé de Kilian.
Kilian jura ! Seul un grognement sortit de sa bouche. Il devait réessayer !
La ceinture était maintenant deux fois plus loin qu'au commencement. Mais le garçon ne désespérait pas.
Voilà qu'à peine l'apprenti-mage recommença son effort qu'une nouvelle embardée envoya dans l'autre sens le ceinturon, qui s’arrêta net face à Kilian, stupéfait.
C'était une sacré chance ! Le jeune homme s'empressa de léviter une dernière fois la ceinture jusqu'à lui. Une fois ceci fait, de son petit groin, il fouilla chaque poche de son accessoire. Il en ressortit sa dague, qu'il espérait ne pas utiliser par la suite, même si cela semblait inévitable. Il y avait sa potion changeline, mais d'aucune utilité pour le moment. Sa figurine Applejack ! Elle était toujours là ! Il devait s’assurer de toujours l'avoir. C'est son porte-bonheur après tout.
Il restait ensuite quelques pièces de monnaies, toutes marquées d'un soleil d'un côté puis d'une lune de l'autre. Enfin, il trouva son bonbon !
L'étrange sucrerie… un bonbon de sorcière.
Kilian observa sur la douceur le petit lapin, puis en fond un ours énorme le dominant.
« Aider !? Kilian, ces bonbons ont failli nous tuer ! De plus, tu ne sais même pas ce que ferait celui-ci si tu l'utilisais. »
« Je sais. Mais c'est seulement en cas d'urgence. »
« Très bien. Seulement en cas d'urgence »
Le garçon se remémora cette discussion avec sa sœur.
S’il y avait bien une situation d'urgence, c'était celle-ci ! Et en vérité,, Kilian était curieux de connaître ses effets.
Les pouvoirs de la sorcière avaient été déments lors de leur combat. Et pour le garçon, des pouvoirs déments, c'est ce qu'il lui fallait.
Décidé, Kilian avala d'une léchouille râpeuse de sa langue de porc le bonbon sucré.
Il croqua la sucrerie. Laissa la saveur envahir ses papilles. Oh ! Malheur ! Un goût de menthe !
Kilian toussa sous ce goût infect qu'il détestait plus que tout. Ça, et les réglisses.
Ceci passé, il attendit que quelque chose d'étonnant arrive. Sur l'instant rien…
Peut-être qu'avec un verre d'eau… commença à penser le garçon. Mais trop tard !
Soudainement, les yeux du porcus domesticus brillèrent d'un vert maladif ! Illuminant toute la cale d'une lumière inquiétante. S'ensuivant alors des craquements de planches et d'acier tordu, qui allait bientôt donner la plus terrifiante créature que les mercenaires griffons n'ait à affronter.
Ce son assourdissant ne resta pas inaperçu.
Des gardes postés non-loin de là s'approchèrent de la trappe de la cale. Les deux bandits virent au travers des planches cette lumière terrifiante et entendirent les sons d'objets bousculés dans un déchaînement d'enfer.
En une seconde, tout s’arrêta.
Les deux mercenaires étaient de vaillants guerriers ! En tout cas, l'un d'entre eux en était un…
Un griffon poussa son comparse vers la trappe dans le silence. Ce dernier regarda son compagnon dans la colère et le refus.
Le premier d'entre eux sortit alors deux pièces d'or d'une poche. Le second refusa toujours catégoriquement. Alors trois ? Toujours non. Cinq ? C'était non.
Le mercenaire balança alors sa bourse entière au visage de son camarade qui l'attrapa au vol. Satisfait, ce dernier bienheureux se retourna vers la trappe. Encouragé par une rondelette somme, le griffon agrippa l'anneau de la trappe. Pour qu’instantanément, cette dernière s'ouvre sur un gigantesque poing ! Qui s'élança en direction du second griffon qui fut frappé de plein fouet, ce qui le balança au fin fond du couloir.
L'autre mercenaire fut abasourdi. Mais la main géante n'attendit pas de réaction de la part de ses geôliers.
« C'est quoi ce foutu bordel !! » cria Plutus, sortit de derrière une porte du couloir. Le fougueux griffon n’eut pas le temps de dire 'ouf' que tout le bâtiment entier se mit à se craqueler, se démembrer ! Les murs ! Les plafonds ! Tout le dirigeable se brisa pour laisser sortir de ses entrailles un terrible géant !
Le griffon et tout ses comparses accoururent jusqu'au pont ! L'aéronef entier tombait en morceaux !
Aucun ne savait exactement ce qui se passait. Mais tous comprenait que le bâtiment entier se désagrégeait. Dans peu de temps, les ballons seraient touchés. Alors, le dirigeable commencerait sa course vers le sol.
« Patron ! Il y a monstre qui sort des cales ! C'était là où se trouvaient les deux singes !! » rapporta Plutus au boss. Mais ce dernier, qui se trouvait au grand air sur le pont, ne semblait paniquer pas le moins du monde.
« Très bien », sourit machiavéliquement le chef.
Le mercenaire Plutus était complètement terrifié. Il n'avait pas peur d'un combat. Mais si l’aéronef s’écrasait, cela voudrait dire qu'il s’écrasait avec lui !
« Patron !! Qu'est-ce qu'on doit faire !? »
A cet instant, là où tous les griffons se rassemblent, en plein milieu du pont, un vrombissement terrifiant vint exploser en surface du navire ! Laissant paraître en même temps d'un grognement énorme une tête de cochon surdimensionné !
Tous les mercenaires furent pris de panique. Ils y en avait certains qui tirèrent leurs flèches et carreaux, mais cela ne fit qu'attiser la colère de Kilian ! Le garçon, en même temps que de se retransformer en humain, avait grandi de manière exponentielle !
La sucrerie de la sorcière avait été, en vérité, un 'gigabon' !
Le chef ne se souciait guère de ses soldats. Il avait une chasse à mener.
« Vous et les autres, dégagez du dirigeable. », commenda le patron. « Je m'occupe de ramener les proies. »
« Patron ?! » Plutus était confus. Il connaissait son boss, mais pas à ce point !
« Patron ! Et les autres ?! Moi je sais pas... » Soudainement, la gorge du griffon fut compressé par les serres meurtrière du redoutable chasseur. Celui-là n'avait que faire des soucis d'un estropié.
« Si tu veux ta paie, Plutus. Tu n'a qu'à survivre. » Sur ses mots, il relâcha son second, le balançant non loin du bastingage, près du vide magnétique.
Pendant cet instant. Kilian sortait des entrailles du navire, déchirant et détruisant tout ce qui lui était possible ! En sortant, de ses bras nouvellement réapparus, se tenait au creux de sa main Marie. La jeune femme restait évanouie, mais toujours en un seul morceau.
Le bonbon, le 'gigabonbon', noyait le garçon sous un sentiment de puissance ! Il était conscience de ses actes. Seulement, l'ivresse du pouvoir provoqué par la sucrerie rendait Kilian quasiment incontrôlable.
L'homme-cochon géant, nu comme un ver, s'attaqua aux cordages du navire. Les mêmes qui tenaient le dirigeable en suspension dans les airs.
Dans des râles digne d'un King-Kong en colère, il détruisit la plupart des cordages, faisant balancer dangereusement le navire d'un côté !
Les cordages furent déchirés avec une force massacrante, déchirant à leur tour des parts du ballon ! Des trous se formèrent, l'aéronef n'était plus stable ! Il piquait désormais vers le sol bien lointain.
« Les gars !! On dégage !!! Ordre du chef ! » appela Plutus, qui se tenait aux poutres du navire.
Ses camarades n'attendirent pas le réveillon du feu chaleureux pour obéir. Ils s’envolèrent tous à tire d'aile ! Laissant le pauvre Plutus agrippé à son triste sort.
« Noooon !! Ordures ! Me laissez pas là !!! » Le mercenaire venait d’être abandonné. Coincé au milieu de la destruction. Il n'y avait plus que la fatalité de la mortelle chute pour le griffon.
C'était sans compter sur Kilian.
Le géant homme-cochon redevint homme !
Kilian cessa de grandir. Sa transformation en être-humain se termina, pour lui et sa sœur. Et ses esprits retrouvés, le garçon s’aperçut de la chute impressionnante qu'engageait le dirigeable. Le navire descendait vers le sol, il ne tombait pas ! Mais l’atterrissage forcé du bâtiment serait violent. Et tout ce qui se trouvait sur l'aéronef serait détruit.
Kilian retrouva rapidement sa malle parmi les décombres. Il l'ouvrit de ses doigts gros comme des poutres. Le vent accélérait comme la bourrasque d'une tempête rugissante. La vitesse continuait d'augmenter, la chute serait terrible ! Tout sur le pont s'envolait, les caisses, les armes, les tissus et les débris !
Après avoir ouvert sa malle, Kilian y engouffra Marie, inconsciente.
« A l'aide !! » cria quelqu'un. Le garçon aperçut le griffon essayant toujours d’agripper la moindre accroche. Le mercenaire était mort de trouille. Kilian ne savait pas si c'était de la pitié, ou un automatisme pour lui, mais rapidement, et sans problème, il empoigna ce soldat de bas étage, et l'engouffrât à son tour dans la malle.
Cela fait, le jeune héros était seul désormais.
Kilian avait un plan. Il n'avait qu'une seule chance. Il n'était même pas sûr que sa réussite le maintienne en vie, mais c'était la seule option. Il sauterait du dirigeable quelques secondes avant le crash, juste avant l'impact.
Il n'avait aucune magie ! Ce bonbon de malheur avait puisé dans son énergie. Il n'avait qu'à espérer que sa taille l'aide à résister au choc.
Tenant fermement la malle dans sa main droite, pour une fois bien plus légère qu'à l’accoutumé, Kilian flancha ses jambes sur le navire et plissa les yeux sous la vitesse impressionnante de la chute. Tel un surfeur, il tint son équilibre sur le pont, ignorant les blessures ou les sons assourdissant du vent rugissant. Il se concentra.
Le dirigeable s'approchait du sol, Kilian voyait la terre dans l'obscurité de la nuit. Il voyait aussi des lumières à l'horizon, celle d'un petit village à l'allure bien familière ...
Mais le garçon n’eut pas le temps de s'en attarder. A peine y jeta-t-il un coup d’œil que la terre se retrouva bien trop proche ! Ils arrivaient dans une forêt. Et brusquement ! Dans l'obscurité ambiante surgit les ruines d'un château.
Kilian ne perdit plus une seconde ! Précipitamment, il s'élança en direction du bastingage, et là, lorsque le dirigeable atteignit le point de non-retour, de toutes ses forces, il sauta le plus loin possible de l'impact ! La force titanesque du garçon lui permit de partir loin. Malgré tout, les arbres en contrebas accueillir Kilian rudement. Ils lacérèrent le corps nu du pauvre garçon qui le rendait bien, en détruisant sur son passage bon nombre d'arbres.
Directement après, ce fut le trou noir.
Kilian tomba inconscient… Il laissa la réalité lui échapper un court instant, se remettant doucement mais sûrement. Le jeune héros n'était pas certain de son état…
Un par un, ses sens lui revinrent. Le son du feu, qui crépitait non loin de lui. Ensuite vint la vue, celle d'un bois ravagé par le crash, tout était flou, il ne voyait pas encore distinctement l’étendue des dégâts. Un goût salé et métallique lui parvint jusqu'aux lèvres, celui d'un liquide nauséeux hélas familier. Juste après, il sentit l'odeur de la fumée vacante. Il lui tordit les poumons, faisant contorsionner le garçon qui finit par ressentir les blessures ouvertes de son corps.
Kilian se releva, agrippa l'endroit de son malheur. Là, sur sa jambe, une méchante blessure ouverte laisser couler le sang chaud du garçon. Pire encore ! Son bras gauche était percé d'un bout de bois vilainement planter. Le garçon sentait de même une éraflure sur sa tête. Fort heureusement, rien de grave. Et aucune blessure à déplorer sur son torse ou son ventre.
La blessure à la jambe ne touchait pas d'artères, il entreprit alors de se soigner grâce au merveilleux sort de Tea Honey. Il ne la remercierait jamais assez pour cela.
Rapidement, il se mit au travail. Kilian ne le remarqua pas tout de suite mais il était revenu à sa forme naturelle. Et nu de la tête au pied.
Sa magie de retour grâce à cela, il ne força pas trop sur ses forces pour le sortilège. Qui sait ce qui pouvait arriver si c'était le cas. Il se sentait déjà exténué, presque brisé.
La chair de son corps se reforma sous ses yeux. La magie était tout simplement fabuleuse dans ces instants ! Jamais un chirurgien talentueux, ou non, aurait été capable de pareil exploit. Voilà qui réglait ce problème.
Vint le pieux dans le bras.
Kilian n'avait pas peur du sang, surtout si c'était le sien. Il avait la volonté ! Il devait souffrir pour se soigner, alors plus vite il en finirait…
Il agrippa le bois, serra fort les dents, et tira dessus de toutes ses forces ! L'action arracha un cris grave du garçon. Il avait réussi ! Du premier coup !
Il sentait son ventre gargouiller. Oups ! C'était pas la faim. Il avait envie de… vomir. Kilian s'en retint. Il commença son sort, toujours avec prudence, et enfin ses blessures furent guéries.
Il était comme neuf ! Enfin, presque.
Il trouva un tissu non loin de lui et noua ce dernier autour de sa blessure au crâne. Il espérait que cela suffirait. Sa mana était à sec.
Maintenant que ses premiers soins furent terminés, le jeune héros regarda pour la première fois avec plus d'attention les environs.
Et qu'elle ne fut pas sa surprise, lorsqu'il entrevit, parmi les débris et la fumée, ce château !
Le château ! Celui des deux sœurs ! Cette ruine millénaire abandonnée il y a si longtemps après un combat des plus épique entre les deux princesses d'Equestria.
Le monument était baigné par la lumière des feux du crash. Il ressortait tel un fantôme de la forêt Everfree. Les gargouilles de dragons et de griffons surplombaient la scène de l'accident. Ils ressemblaient à des démons prêt à fondre sur tout rescapé de l'accident.
Le dirigeable s'en était aller s'écraser plus loin, de l'autre côté du ravin. Seulement nombres de débris s'étaient éparpillés. Des foyers d'incendies se trouvaient par-ci par-là, des caisses et des malles se trouvaient renversées autour de Kilian. Des armes en ressortait, ou des bouteilles, certainement de l'alcool. L'une de ces caisses avait des bouteilles, des liqueurs que Kilian reconnu, c'était du jus de Cloudsdale. Il se trouvaient près de sa… SA MALLE !
Kilian se précipita vers sa malle ! Peu importe ses blessures, ils devaient s'assurer du bien-être de sa sœur.
Une fois accroupis face au coffre, il ouvrit le loquet. Puis quand enfin, la trappe s'ouvrit, une pointe de flèche menaçante se trouva à le piquer entre les deux yeux. Ce qui rappela au garçon une autre rencontre, il n'y a pas si longtemps.
Dans son empressement, Kilian avait oublié ce griffon. La preuve de sa trop grande gentillesse.
Le garçon leva les mains tout doucement. Il était désarmé, nu, sans magie, avait-il fait une erreur ?
Le griffon sortait peu à peu de la malle, faisant reculer Kilian de quelques pas. Il apparaissait sur le visage de Plutus une très grande colère, son bec se serrant dans un regard menaçant. Kilian ne comprenait pas pourquoi. N'était-ce pas lui qui avait dit il y a peu vouloir le tuer ? Ou du moins en découper un morceau. Pourquoi restait-il là sans rien dire ?
Plutus continuer son regard massacrant envers Kilian. Ce dernier restait figé comme la pierre, il attendait son jugement.
« T’es un bel abruti. Tu l' sais au moins ? Mais tu me la met aussi profond ! » finit par dire le griffon.
Kilian était hébété. Que voulait-il dire ?
« Il y a pas si longtemps, j'avais envie de vous empailler, toi et ta copine ! » jura-t-il, « Et maintenant, tu m’as sauvé. » Sur ces mots, son arme trembla fébrilement. « J'ai une dette envers toi maintenant, mon gars. Mais jamais je pardonnerais ce que vous m'avez fait ! Du coup... »
Il pointa plus fermement l'arbalète en direction de la tête du garçon, qui sentait quelques gouttes de sueurs coulaient froidement le long de son dos.
« Pourquoi tu m’as sauvé ? »
La question surprit Kilian. En fait, étrangement, la réponse lui semblait évidente, et pourtant, il ne savait quels mots dire pour l'expliquer. Était-ce parce que c'était bien, ou mal ? Parce que c'était sa nature ? En vérité, il n'existait pas qu'une réponse. Que pouvait-il dire ?
« Eh bien… vous étiez en danger alors... » Il avala sa salive, s'attendant au pire. « Je vous ai sauvé. »
Sur cette réponse. Plutus resta de marbre. Il était étonné par une telle réponse. Son visage se radoucit, du mieux qu'il put -c’était quand même un mercenaire griffon- puis se mit à rire aux éclats.
« Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! C'est pas possible ! Ah ! Ah ! Ah ! Comment c'est ! Ah ! Ah ! Ah ! C'est ! Ah ! Ah ! C'est niais ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! »
Cela rendit le jeune homme embarrassé. Mais c'était la vérité, alors pourquoi s'en cacher.
Après cette bonne tranche de rire, le griffon se ressaisit. Il gardait toujours l’arbalète en joue. Mais surprenamment, il l'abaissa.
« Si c'est ça mon gars, ah, ah, ah ! J' pense que… j' vais laisser passer. » Il sourit au garçon, qui n'en croyait pas sa chance. Pendant un court instant, il s'était cru mort.
« Pourquoi ? » demanda Kilian à son tour.
« J'avais une dette envers toi gamin ! Je te laisse filer, toi et ta minette. C'est tout ! Mais un conseil. » Sur ses derniers mots, il leva la griffe, prêt à faire une poignée de main à ce qu'il semblerait. « Ne change pas mon gars. Même si ça doit-être ces poneys qui eut de te faire manger d' la salade. Surtout ! Ne change pas. »
Kilian sourit au griffon.
« C'est promis. » Il serra dans une bonne poignée de main et de griffes le mercenaire.
C'était un moment touchant. Qui, hélas, ne fut pas au goût de tous.
Kilian s'aperçut de quelque chose lorsque la griffe du griffon se fit soudain plus molle et que face à lui, Plutus se mit à hoqueter mystérieusement.
Le soldat trembla, affaibli par une force invisible.
« Plutus ? Que-se passe-t-il ? Tout va bien ? » s'inquiéta le jeune homme, inquiet.
Tout d'un coup, le griffon tomba au sol. Frénétiquement, il chercha à retirer une chose dans son dos. Plus aucun son ne sortait de son bec, seulement un étranglement glutéal effrayant.
Sous les yeux du garçon terrifié, le mercenaire se liquéfiait complètement ! C'était un spectacle horrible ! Chaque partie du corps du griffon devenait molle, rendant le malheureux de plus en plus informe, de moins en moins griffon.
Kilian tenta de venir en aide, mais ses mains passèrent au travers du mercenaire. Il était devenu un slime !
Les yeux de Plutus avait entièrement disparu. La matière visqueuse coula lentement vers la ravin. Il semblait encore en vie. Mais l'infortuné griffon fuyait son sort. Laissant le garçon estomaqué.
Kilian baissa le regard au sol. Là où, il y a deux secondes, se tenait le mercenaire.
Il ne restait plus que ses affaires au sol. Son arbalète, son ceinturon, son casque, son armure.
Son armure ? En effet, Kilian vit sur les plaques de la tenue, un dard !
Ce même dard !
Kilian entendit le glatissement d'un aigle massif venir du château.
Quand le jeune homme regarda plus en détail, il vit parmi les gargouilles de la forteresse que l'une des figures bougeait. Masqué par la pénombre de la bâtisse, cette forme s'envola de son perchoir, pour venir se poser, face à face, avec l'humain.
Kilian crissa des dents en voyant ce griffon. Le chasseur.
« Poison de sumac marrante », présenta l'épouvantable griffon. « Apparemment, leurs blagues jouent sur votre plus grande fierté. Il semblerait que cet abruti de Plutus ne soit qu'une lavette. Une poule mouillée ! »
« C'est parce qu'il m'a épargné ? C'est ça !? » s'énerva Kilian, révolté par tant de cruauté.
« Vous n'avez rien compris. Je vous ai dit que je voulais un combat, avec vous. » Le chasseur sortit de sous ses fourrures une chaîne, enroulée autour de sa patte. En bout de chaîne se tenait un pic affûté, gros comme un dard de manticore « Plutus était faible. Médiocre ! Je l'aurais empoisonné dans les deux cas. Mais sa résolution à ne pas vous tuer était une preuve de plus de sa lâcheté. »
« Vous êtes répugnant. »
« Je ne me soucie pas des ressentiments de mes proies. » Le prédateur s'abaissa, prêt à sauter. Il allait attaquer !
« Attendez ! Je refuse de me battre sans m’être préparé ! » temporisa Kilian. « Je veux dire … Vous voulez un combat mémorable ? Il faut que je sois prêt ! »
Le griffon se détendit. Il l'aurait son combat de toute manière, alors que son ennemi se prépare ou non…
« Tu ne quitteras pas cette clairière sans me combattre. Prépare-toi du mieux que tu peux. Je te laisse un instant… Ensuite, que tu sois prêt ou non, je t'attaque ! » Il se posa sur le sol, prêt à patienter. Son regard sadique ne quitta pas Kilian, qui s'empressa d'ouvrir son coffre, prendre quelques habits, des fioles, des armes, n'importe quoi ! Mais surtout, il voulait voir sa sœur.
Sa malle n'était pas une simple boite en bois doublée d'une serrure. C'était une boite ensorcelée ! Le jeune garçon comptait sur son long voyage au travers de ce monde merveilleux pour rapporter le plus de souvenirs possible. Il lui fallait le meilleur ! Pour cela, sur l’île de Roche-Noir, il trouva ce coffre utile et pas bien cher. Utile parce que chaque objet entreposé était réduit, leur taille variant par rapport à leur aspect originel. Pas cher, parce que leur poids d'origine restait. La magicienne ayant fait le sort 'minus minus' était une grosse feignante.
Kilian trouva sa sœur de la taille d'une poupée entreposé sur un amas de livres désordonné. Une chance, elle allait bien, mais toujours autant dans les vapes. Elle n'était pas non plus tombé dans le reste de bonbons collants d’Hallow Shades. Ni écrasée par les habits du tailleur, ou les armes des pirates, ou… Non, elle allait bien !
Kilian sortit en vitesse ses vêtements de la malle, qui reprirent comme par magie leur taille dans des scintillements éclatants. Il vit aussi une bouteille de liqueur, celle de la Perle-Bleue, c'était du jus de Cloudsdale.
Ni une ni deux, il l'attrapa et ouvrit la bouteille pour en boire une franche rasade.
Il ne retrouva pas sa dague, sûrement perdue parmi les débris fumants. Il choisit alors l'un des sabres de pirate. Il ne savait pas s'en servir, mais l'énergie du désespoir saurait guider sa lame, du moins, c'était ce qu'il espérait.
« Kilian ? ... » entendit le garçon.
Marie venait de se réveiller !
« Kilian ? … Que s'est il passé ? … Je suis où ? » La jeune femme était toujours aussi faible, elle ne se rendait pas compte de son état. Pas encore.
« Sœurette ! Il faut que tu restes là, pour te reposer ! Je... », Kilian avala sa salive, incertain de savoir quoi dire. « Je … Je reviens vite. »
Il ne prit pas le temps d'entendre sa sœur répondre. Kilian referma le coffre.
Le garçon baissa le regard. Il était nerveux.
Marie était bien trop faible pour combattre. Il était le seul à pouvoir les sauver. Kilian n'était pas un combattant, mais s'il venait à échouer, sa sœur et lui vivraient un cauchemar éternel. Tout ça par sa faute.
Le garçon ne resterait pas sans rien faire ! Il avait tant de choses à faire, à avouer ! Il devait le remporter, sinon l'histoire prendrait fin, pour eux deux. Il ne partirait pas sans réparer ses fautes.
Il se leva, se retourna face au chasseur impitoyable qui ne rêvait que de ce combat. Kilian le lui donnerait. Il le remporterait.
« Alors ? Prêt à me faire face ? » provoqua le mercenaire.
Kilian leva des deux mains son arme effilée. Son regard était déterminé.
« Approche, le piaf. »
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'' Alerte Spoiler '' : Kilian est une femme Oo
Kilian et ces déboires avec la téléportation, XD
En plus il a été transformer en cochon, XDD
Quelque chose me dis que nova ne sait pas volatiliser comme par magie et que la prochaine fois qu'on entendra parler d'elle ça sera pas très... Plaisant.