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Song of the Fallen

Une fiction écrite par Inobi.

16 - Gueule de bois

Aria ouvrit les yeux. Quelques rayons de lumière traversaient le rideau devant sa fenêtre, éclairant faiblement la pièce. Cette faible luminosité était suffisante pour faire souffrir la sirène. Elle grogna en essayant de se rendormir, mais l’odeur de pancake venant du rez-de-chaussée la fit rapidement changer d’avis. Elle souleva ses couvertures qui lui semblaient un peu plus lourdes que d’habitude, mais ce n’était pas la première fois qu’elle avait la gueule de bois, et à chaque fois tout lui semblait bien plus lourd.

Elle réussit finalement à se lever au prix de grands efforts, et se dirigea vers son miroir. Elle avait vraiment une tête horrible, des cernes soulignant ses yeux. Elle n’arrivait pas à se rappeler l’heure à laquelle elle était rentrée, ou même de la façon dont elle avait réussi à arriver jusqu’à son lit. Plus elle regardait son reflet, plus elle avait la sensation que quelque chose n’allait pas.

Elle avait pourtant été dans cet état avant, et aujourd’hui n’avait rien d’exceptionnel. Son esprit embrumé se mit à se remémorer quelques matinées comme celle qu’elle était en train de vivre. Elle se mit à rire en repensant à une fois où elle et la princesse Celestia avait trouvé une excuse pour boire à foison, bien avant son bannissement. Elle se revoyait, à peine réveillée, dans la grande salle du trône, assise parmi les nombreux membres de la cour, pendant que l’alicorne solaire dominait l’assistance en écoutant des doléance. La monarque n’avait pas plus dormi que la sirène, et n’était pas plus en forme, mais faisait tout son possible pour le cacher.

Une petite voix,provenant du lit d’Aria, lui demandait ce qui la faisait rire. Elle lui répondit simplement sans faire très attention. Elle se remit à s’inspecter pour trouver d’où venait cette sensation étrange. Elle portait toujours son maquillage, mais là encore ce n’était pas extraordinaire, et il n’avait pas l’air d’avoir coulé. Ses cheveux étaient détachés et partaient dans tous les sens, ce qui était assez habituel dans ce genre de situation. Elle ne portait rien d’autre que ses sous-vêtements, et même si elle dormait souvent habillée après ce genre de soirée, ce n’était pas non plus une première. Cependant, il lui semblait qu’ils n’étaient pas de la même couleur que la veille. Ils étaient blancs. La sirène se demanda où elle avait trouvé ces sous-vêtements, elle n’en possédait aucun de cette couleur. Elle remarqua assez rapidement les attaches en forme de diamant.

Elle enfila rapidement un peignoir avant de se diriger vers la cuisine. Elle était en train de réfléchir quand et comment elle avait bien pu se retrouver à porter les sous-vêtements de Rarity. Elle regrettait amèrement de ne pas se souvenir de quoi que ce soit de la soirée après le repas.

Elle arriva dans la salle à manger où Sonata chantonnait un petit air simple tout en s’affairant aux fourneaux. Elle avait déjà fait une grande quantité de pancakes, et avait placé trois assiettes sur la table.

“On attend quelqu’un ?” demanda dans un bâillement Aria.

“Non,” répondit simplement la sirène bleue avec une voix chantante.

“Alors pourquoi trois couverts ?”

“Tu n’as vraiment pas changé,” fit Sonata en riant avant de tendre un verre à sa soeur. “Tiens, attrape ça et apporte-le dans ta chambre.”

“Pourquoi ma chambre ?” s’étonna la sirène violette en baillant.

“Vas-y et tu comprendras,” termina l’ancienne immortelle bleue avec un petit sourire.

Aria attrapa le verre dont elle reconnut immédiatement le contenu. Elle avait déjà bu ce mélange que Sonata avait baptisé “le remède top méga secret qui fait du bien quand t’as trop bu” bien plus souvent que ce qu’elle voulait bien avouer. Cependant, malgré le ridicule de celui-ci, ce breuvage portait bien son nom. Elle commença à le porter à ses lèvres quand sa soeur l’arrêta.

“Il n’est pas pour toi, Ô Chaos, tu es vraiment trop lente quand tu as trop bu. Pourquoi j’ai accepté de laisser de l’alcool hier ? Tu ne sais jamais t’arrêter quand tu commences.”

“Du calme Sonata, je ne comprends pas la moitié de ce que tu racontes. Bah si ça te fait plaisir, je vais aller dans ma chambre.”

“Réveille-la doucement,” lui conseilla-t-elle un peu fort afin d’être certaine qu’Aria l’ai bien entendu.

La sirène grommela en montant les escaliers lentement, essayant de comprendre ce que pouvait bien vouloir dire sa soeur. Elle essayait de se remémorer la soirée, mais en dehors des baisers de Rarity et quelques bribes de conversations, elle ne se souvenait de rien. Elle était en train d’essayer de déduire du peu de ce qu’elle savait de qui sa soeur pouvait bien parler. Il lui semblait qu’Adagio avait été présente, le bracelet qu’elle portait la confortait dans cette idée. Elle repassa les quelques images de la soirée pour tenter de se souvenir si elle l’avait vue partir.

Après une courte réflexion, elle ne souvenait pas avoir quitté sa soeur. Ce devait donc être elle qui avait dormi avec Aria, mais ça n’expliquait pas pourquoi elle devait lui amener un remède contre la gueule de bois, cette dernière n’ayant pas dû boire de la soirée, pas depuis qu’elle avait accepté qu’elle était enceinte. La sirène violette se dit que ce n’était qu’une autre lubie de Sonata. Elle ouvrit délicatement sa porte pour éviter de faire trop de bruit. Elle s’assit sur le bord du lit pendant qu’un grognement provenant de celui-ci lui confirma qu’elle n’avait pas dormi seule. Elle tira légèrement les couvertures, révélant une chevelure violette vraiment désordonnée.

La sirène s‘arrêta à cette vue, à la fois surprise de trouver Rarity dans son lit, mais aussi heureuse de voir cette jeune femme en train de se réveiller. Elle s’approcha et l’embrassa sur son front, ce à quoi la couturière réagit en grognant un peu plus et en se retournant dans le lit.

“Il faut se réveiller,” murmura tendrement la sirène.

La jeune femme releva encore plus la couverture en râlant un peu.

“Allez, il fait déjà jour, et un bon repas t’attend,” reprit Aria.

“Je suis fatiguée, et je me sens un peu mal, Maman,” répondit Rarity. “Je me suis couchée un peu tard.”

“Tu as surtout dû bien boire comme moi,” fit la sirène en riant.

“De quoi tu parles, Maman?” marmonna la couturière en se relevant un peu. “Tu ne bois ja… Aria ?”

Elle remonta vite les couvertures pour se cacher tout en rougissant. Elle regarda rapidement autour d’elle pour essayer de comprendre ce qui lui arrivait et où elle se trouvait. Elle finit par se prendre la tête entre les mains en gémissant de douleur.

“Bois ça,” fit la sirène en lui tendant le verre. “Je connais bien cet état, et crois moi ça va te faire du bien.”

La jeune femme attrapa le verre et en descendit une bonne partie. La douleur qu’elle ressentait s'apaisa d’un coup, devenant supportable. Son ventre se calma aussi, même si elle continuait à se sentir un peu nauséeuse.

“Ça va mieux ?” demanda Aria avec un sourire.

“Un peu. Comment j’ai fini ici ? Je n’arrive pas à m’en souvenir.”

“Je n’en sais rien, je ne me souviens de rien non plus. Sonata nous en apprendra peut-être plus.”

“Tu pourrais me passer mes vêtements, s’il te plait ?”

“Tu n’es pas obligé de t’habiller si tôt,” répondit la sirène avec un sourire. “Mais vu ta tête je ferais mieux de te trouver ça rapidement, Princesse.”

Aria commença à chercher rapidement dans la chambre quand un téléphone sonna. Elle reconnut la sonnerie de celui de Rarity et commença à se diriger vers la source du bruit, mais la couturière la devança, emportant avec elle le drap du lit afin de porter quelque chose sur son corps. Aria retourna à sa tâche malgré la douleur tiraillant son cerveau.

“Allo, Sweetie,” fit la couturière en décrochant. “Ne t’inquiète pas, je vais bien. Oui, j’ai dormi chez une amie.”

La sirène entra dans sa salle de bain pendant que la jeune femme faisait les cent pas dans pièces, l’oreille posée sur son appareil.

“Je sais que je devais rentrer,” continua Rarity, “mais j’ai trop bu pour conduire, alors… Sweetie, arrête. Tu n’as pas à me parler comme ça.”

Aria ferma la porte, jugeant que la jeune femme dans sa chambre faisait trop de bruit. Elle se passa un peu d’eau sur le visage avant de se relancer dans la recherche des vêtements de Rarity.

La sensation de fraîcheur lui permit de se reconcentrer un peu, mais sa vision était toujours un peu troublée par son mal de tête. Elle commença par regarder dans sa panière de linge sale, un endroit tout à fait logique selon elle. En dehors de son propre linge un peu trop bien rangé selon Sonata, elle n’y trouva rien. Elle replia le linge avant de le remettre dans la panière et ouvrit la douche.

Les deux robes de soirée qu’elles avaient portées étaient pendues, en train de sécher. Elles étaient encore trop humides pour pouvoir être portées, et elles avaient aussi clairement besoin d’un autre lavage. Aria ne se souvenait pas de ce qui a pu se passer pour que ces deux vêtements soient dans un tel état, mais au moins le fait de les avoir lavés directement les avait sauvées d’un sort bien plus funeste.

La sirène remarqua que quelque chose était écrit au rouge à lèvres sur le mur de la douche. Elle se pencha afin de lire le texte et reconnut l’écriture de Rarity.

“Désolé Aria pour la robe, et merci pour la douche. Avant que je n’oublie, mes vêtements sont dans ma voiture qui est restée à la boîte.”

L’écriture changea juste après, devenant la sienne.

“Tu es très belle, même sans vêtement.”

Il y avait bien le début d’un autre mot, mais elle n’avait jamais eu le temps de terminer de l’écrire. Elle sourit en s’imaginant ce qui avait bien pu se passer. Elle n’avait plus qu’à prévenir la jeune femme qui était dans sa chambre.

Rarity tenait son téléphone contre sa joue avec ses deux mains, comme si elle était contrariée. Aria s’approcha d’elle pour la serrer dans ses bras lorsque celle-ci se mit à crier dans l’appareil.

“Sweetie, arrête tout de suite. Je fais ce que je veux, et je n’ai pas d’ordres à recevoir de toi. Non, je ne suis pas obligé de te dire où j’ai passé la nuit et je ne le ferais pas.”

Aria prit la jeune femme dans ses bras et posa ses lèvres sur son cou. La couturière mit sa main sous le menton de la sirène et lui fit remonter la tête, lui offrant un baiser.

“Ça risque d’être un peu long, Sweetheart,” chuchota-t-elle. “Tu devrais descendre sans moi, j’arrive.”

La sirène arracha le téléphone des mains de Rarity et le mit sur son oreille.

“Bonjour, Sweetie Belle c’est ça ?”

“Qui êtes-vous ?” demanda la voix dans l’appareil.

“Avec de la chance, ta future belle-soeur. Mais pour l’instant, j’aimerais un peu profiter de ta soeur, et tu es juste en train de me l’énerver. Déjà que dès qu’elle va apprendre que ses vêtements sont restés au Titanium, elle va me tuer, donc si tu pouvais éviter de l’emmerder juste parce qu’elle a dormi avec moi, ce serait sympa, surtout qu’il ne s’est rien passé, et même s’il s’était passé quelque chose, ce n’est vraiment pas tes oignons.”

Elle raccrocha et lança le téléphone à la jeune femme.

“C’est comme ça qu’on règle ce genre de problème. Au pire, elle m’en voudra.”

“Merci,” fit Rarity.

“C’est naturel, princesse,” termina-t-elle en embrassant la jeune fille. “Tu devrais aller prendre une douche, ça te fera du bien. Et tu penseras à frotter un peu le mur.”

“Pourquoi tu dis ça ?”

“Parce que tu m’as laissé un joli message pour me dire où sont tes vêtements, avec un joli rouge à lèvres. Il doit y avoir de l’acétone dans la salle de bain.”

“Désolée,” s’excusa la couturière.

“Ne t’inquiète pas pour ça, il faut juste te trouver un truc à te mettre sur le dos, même si ça ne me gênerait de te voir te voir te promener nue.”

“Donne-moi juste un jeans et un t-shirt, ça ira jusqu’à ce que je rentre chez moi.”

“Comme tu veux, je te sors ça.”

La jeune femme se dirigea vers la salle de bain pendant que la sirène se laissa tomber sur le lit. Elle ferma les yeux en entendant l’eau commencer à couler. Elle essaya de se motiver afin de se lever pour préparer les vêtements pour la couturière, mais le confort de son matelas l’incita à rester allongée. Le calme de la pièce, à peine perturbé par le son de l’eau, lui faisait du bien. Elle cessa de lutter contre la fatigue et se laissa partir dans le monde des songes.

Elle finit par sentir un léger poids au-dessus d’elle, l’empêchant de bouger. Quelqu’un lui retenait les mains, et même si elle aurait aimé dormir un peu plus, elle ouvrit les yeux. De grands cheveux violets pendaient de chaque côté d’un visage blanc souriant. La sirène rendit ce sourire avant d’approcher ses lèvres de celles de Rarity. Cette dernière lâcha sa prise pour venir placer ses deux bras sous le cou de son amie. Aria profita de cette nouvelle liberté pour parcourir le dos de la femme au-dessus d’elle. Elle crut reconnaître au toucher l’une de ses vestes en jeans, avec le débardeur qu’elle avait l’habitude de porter. Elle passa ses mains sous celui-ci afin de pouvoir toucher la peau de la jeune femme.

Rarity descendit l’une de ses mains afin vers la ceinture fermant le peignoir de la sirène, commençant à défaire le noeud. Aria décrocha ses lèvres de celles de la couturière et la fit se relever légèrement tout en lui enlevant son haut. Au moment où elle allait replacer ses lèvres sur le cou de la couturière, la voix de Sonata retentit dans toute la maison.

“Aria, Rarity, c’est prêt,” hurla-t-elle. “Dépêchez-vous de venir tant que c’est chaud.”

“Nous ferions mieux de lui obéir,” fit la sirène. “Elle risque de venir nous chercher, et même si j’ai hâte de voir ce que cachent ces vêtements, je n’ai pas vraiment envie que ma soeur nous surprenne.”

“Je voulais juste récupérer mes sous-vêtements,” murmura Rarity à l’oreille d’Aria en se levant. “Je vais être obligé de rester ce soir pour avoir l’occasion de te les enlever. Habille-toi vite, je t’attends en bas.”

La jeune femme sortit de la pièce avec un déhanché provocant. Aria se leva et s'apprêta à saisir les premiers vêtements à sa portée, mais elle remarqua une petite jupe bleue. Elle l’attrapa et chercha dans sa garde-robe un t-shirt ressemblant à ceux portés habituellement par la couturière. Elle se dirigea dans la salle de bain afin de se battre avec sa chevelure. Au bout de quelques minutes éreintantes, elle atteint un résultat qu’elle jugea satisfaisant. Elle se dirigea vers le rez-de-chaussée où l’attendaient les deux femmes.

Elles étaient toutes deux installées à la table, discutant et riant un peu. Aria ne savait pas de quoi elles pouvaient bien parler, mais elle était heureuse que ces deux femmes s’entendent bien. Même si Sonata était assez facile à vivre, certaines personnes ne pouvaient pas supporter sa bonne humeur et sa franchise permanente. L’attitude de la sirène bleue avait déjà posé des problèmes à Adagio lorsque celle-ci ramenait certaines de ses conquêtes à la maison.

Aria s’installa à la dernière place libre et commença à se servir du café. Un verre du remède miracle de Sonata apparu devant elle, posé avec un grand sourire par celle qui l’avait préparé. Elle voulut le saisir, mais la sirène bleue maintenait sa prise dessus.

“Ariarity, je dois te parler,” commença-t-elle?

“Ariarity ?” demanda la sirène violette.

“Ben, tu es Aria, mais tu t’es habillée et coiffée comme Rarity, donc tu es Ariarity. Et comme Rarity s’est habillée et coiffée comme toi, c’est Raritaria.”

“Pourquoi j’ai posé la question?” se lamenta-t-elle.

“Parce que tu voulais savoir pourquoi je t’appelle comme ça,” répondit candidement la sirène bleue, provoquant l'hilarité de Rarity.

Aria lança un regard noir à la couturière, qui ne s'arrêta pas pour autant. Elle essaya de retirer le verre, mais Sonata maintint sa prise.

"Tu peux lâcher le verre s'il te plait," reprit-elle.

"Il faut que je te parle avant, comme je te l'ai dit."

"Qu'est-ce que tu veux ?" grommela la sirène violette.

"Hier soir, après que tu ais commencé à trop boire, Vinyl est venu me voir pour discuter. Apparemment tu lui aurais dit que j'avais participé à la création du langage des signes."

"À quelques détails près, c'est la réalité."

"J'ai juste connu quelqu'un qui a participé à sa création, et on a dû en parler cinq minutes autour d'un café, mais j'ai jamais participé à sa création. Je me suis sentie super idiote face à elle."

"C'est bon, d'habitude ça ne te gêne pas. Laisse-moi boire ce truc, s'il te plait," insista Aria.

"Avant, je n'aurais rien dit, mais j'essaye de changer depuis quelque temps. Et ne plus mentir sur notre passé est l'une de mes résolutions."

"Je ne savais pas, et techniquement ce n'est pas du mensonge," se défendit Aria.

"Je ne t'en veux pas," répondit Sonata en lâchant le verre, "j'aimerais juste que tu fasses attention à l'avenir."

"J'essayerais," accepta-t-elle avec un sourire. "Après, c'est vrai que tu étais un peu trop bête pour participer à ce genre de recherche."

“Hey,” se plaignit la sirène bleue, “c’est toi qui es bête.”

“Non, c’est toi.”

“Non, toi.”

Rarity se mit à rire et s'étouffa en avalant de travers. Aria se précipita à ses côtés pour l’aider. La couturière toussa plusieurs fois violemment avant de réussir à reprendre sa respiration. Elle fit un sourire à la sirène et l’attrapa par le col. Elle vint poser tendrement ses lèvres sur celles de sa petite amie.

“C’est tous les jours comme cela ?” demanda-t-elle en relâchant l’ancienne immortelle.

“Pas toujours,” répondit Aria, “mais ça arrive. Habituellement, Adagio est là pour désespérer et nous arrêter. Elle me manque un peu.”

“Vous aviez l’air heureuse hier soir,” remarqua la couturière.

“On a beau se battre en permanence, je l’aime beaucoup, comme une soeur bien entendu.”

“Et moi ?” demanda candidement Sonata.

“Toi, je te déteste,” ironisa Aria. “Tu es insupportable quoiqu’il arrive.”

“Mais, moi qui pensais,” fit la sirène bleue en commençant à pleurer.

“C’était pour plaisanter,” intervint Rarity.

“Je sais,” fit l’immortelle joviale en se calmant. “C’est notre petit jeu. Et vu qu’on se connaît depuis plus de mille ans, on sait quand on est sérieuses ou pas.”

“Et s’envoyer des insultes est une tradition chez nous,” intervint Aria. “Même quand Sonata n’était pas là, Adagio et moi n’étions pas tendres entre nous.”

“Quel âge as-tu, Sonata ?”

“Mille quatre cent trente-deux ans et quatre mois,” répondit-elle avec un grand sourire.

“Tu es au courant que c’est les gamines qui comptent encore les mois,” lui lança la sirène violette.

“J’fais c’que veux,” répondit la plus jeune des sirènes en tirant la langue.

“Comment étaient vos parents ?” demanda Rarity.

Les deux sirènes se regardèrent et rirent de concert.

“Qu’est-ce que j’ai dit de drôle ?”

“Rien, ma princesse” répondit Aria, “c’est juste que nous n’avons pas de parents, enfin si, mais c’est compliqué.”

“En fait, on a bien eu des parents,” expliqua rapidement Sonata, “mais comme on est devenues des sirènes, ben on a plus de parents, surtout qu’on avait même pas les mêmes parents Aria et moi, ni Adagio d’ailleurs, et au final on a que nous trois comme famille.”

“C’est… compliqué, oui,” fit Rarity un peu incrédule devant une telle explication.

“C’est sûr qu’en oubliant plus de la moitié des éléments, ça devient vite incompréhensible, espèce d’idiote,” se lamenta la sirène violette.

“Mais euh, si tu crois pouvoir faire mieux, je t’en pris,” répliqua la femme bleue.

“Tu as de la chance, Rarity. Satine m’avait travaillé au corps très longtemps pour avoir cette explication,” reprit Aria. “Mais vu que ma très chère soeur a fait un résumé grossier, je pense qu’il vaut mieux tout t’expliquer.”

“Je t’écoute, Sweetheart.”

“Pour commencer, aucune de nous trois n’est née sirène. Nous sommes toutes nées dans l’un des pays de notre monde. Nous étions toutes d’une autre espèce, et nous avions toutes une vie.”

“Qu’étais-tu avant de devenir sirène ?” l’interrompit la couturière.

“Je n’en sais rien,” répondit Aria avec un sourire. “Nous savons que nous avons eu une vie, mais pas ce qu’elle était. Mais il faut croire qu’elle ne nous plaisait pas, vu que nous l’avons échangé contre celle-ci. Seule Chaos les connaît, et il a toujours refusé de nous en parler, même quand je m’entendais bien avec lui. On a bien quelques suppositions, mais rien de concret.”

“Quand tu dis échanger, ça veut dire que Chaos a pris vos souvenirs en échange de vos pouvoirs ?”

“Pas vraiment. Chaos a pris nos vies entières. Quand nous sommes devenues sirène, toute notre existence précédente a disparu, elle n’a jamais été réalité. Tout ce que j’ai pu faire avant de devenir un être chaotique a cessé d’exister lorsque j’ai accepté le marché de Chaos. À partir du moment où je suis devenu sirène, mes parents ne m’ont jamais eu. Toute la réalité de mon monde s’est modifiée pour que toutes mes actions ne se soient jamais réalisées. Nous ne pouvons nous souvenir de nos vies passées, car elles n’ont jamais existé.”

“Mais, pourtant avec Swirly, tu faisais des recherches dessus,” intervint Sonata.

“Ça n’a rien donné,” répondit-elle rapidement, “et de toute façon il a dû détruire toutes les recherches le jour de notre bannissement. Dois-je te rappeler que l’on ne s’est pas vraiment quittés en bon terme ?”

“Non,” se lamenta la sirène bleue en baissant la tête, “je l’aimais bien Swirly.”

“C’est vrai qu’il était sympa, ce vieux fou. Un peu strict avec ses élèves, mais en privé,” reprit Aria en se mettant à rire. “Si Tia ne nous avait pas arrêtés, je pense qu’on aurait fait sauter la moitié du château, et l’autre moitié aurait été transformé en fromage, ou en autre chose. C’était une autre époque.”

“Tia ?” demanda Rarity.

“La gardienne du jour, maitresse de l’astre solaire, protectrice du royaume d’Equestria, grande unificatrice des trois races, alicorne et grande pochtronne inarrêtable, la princesse Celestia,” énuméra la sirène violette. “J’ai dû oublier des titres, mais dans l’ensemble c’est ça.”

“Vous avez eu une Celestia dans votre monde aussi ? Est-ce qu’elle ressemble à la principale ?”

“Beaucoup, et ce n’est pas la première alter ego que nous avons rencontré. Beaucoup de gens de ce monde ressemblaient à des personnes que nous avons connu, mais à différentes époques. Nous avons rencontré l’équivalent des anciens dirigeants d’Equestria, comme Platinulle ou Mi Amore, et si les deux avaient vécu l’unification des races dans notre monde, ici la première à vécu il y a 800 ans environs, et était la pire fille de roi qu’on est connu, ce qui au final ne changeait pas tant que ça. Mi Amore par contre était une nomade du centre de l’Europe, sacré bonne danseuse, mais elle ne dirigeait en rien un empire ou autre, juste une fille normale. Nous l’avons suivi un peu il y a 400 ans, je crois.”

“Est-ce que vous avez rencontré vos alter ego ?” s'intéressa la couturière.

“Celui d’Adagio était une grande pianiste autrichienne du milieu des années 1700. Pour Sonata, c’était une dockeuse à notre arrivée ici. Le contremaître s’était même trompé et avait commencé à gueuler sur Sonata quand Starla est arrivé.”

“Starla ?” demanda Rarity

“Le nom de l’alter ego. Tous ne portent pas le même nom,” répondit Aria avec un sourire. “Un sacré brin de femme qui ne se laissait jamais faire, très intelligente, mais qui préférait vivre une vie simple. C’est elle qui m’a aidé à faire venir Satine.”

“Et on a pas encore rencontré celui d’Aria,” ajouta Sonata.

“En fait, Sonata,” commença la sirène violette en se mordant la lèvre, “nous ne pourrons pas la rencontrer.”

“Pourquoi ça ?”

“Je l’ai trouvé, et elle est morte, en héroïne.”

“Oh,” fit Sonata un peu déçu, “c’est… dommage.”

“Je sais que tu voulais la rencontrer,” lui dit Aria en passant ses bras autour de son cou, “mais tu devras t’en passer. J’aurais dû t’en parler avant, mais j’avais peur de ta réaction.”

“Ne t’inquiète pas, c’est un peu triste, mais on a eu la chance d’en rencontrer deux,” répondit-elle avec un sourire. “Tu connais son nom ?”

“Shadow Aura, la soeur de mon patron.”

“Oh,” fit longuement la sirène énergétique comme si elle réfléchissait,” c’est peut-être pour ça qu’il est si attentionné avec nous.”

“Peut-être. J’espère qu’il ne me prend pas pour elle. Je ne pourrai jamais la remplacer, et j’ai essayé d’être bien claire avec lui.”

La sonnette retentit, coupant Sonata qui allait répondre. Rarity se leva, encourageant les deux immortelles à continuer à discuter pendant qu’elle accueillait les personnes ayant sonné. Les deux femmes obtempérèrent, laissant la couturière aller ouvrir la porte. Une jeune femme mauve, accompagnée d’une autre femme plus grande, à la peau bleu nuit, ainsi que de deux hommes qui semblaient garder l’entrée, leur attention portée sur la route et une voiture garée devant la maison.

“Twilight ?” fit Rarity avec de la surprise dans la voix. “Qu’est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu devais passer la journée avec tes amies de Cristal prep.”

“Rarity ?” demanda en même temps la jeune femme aux cheveux violets avec autant de surprise. “Que fais-tu chez Aria ? Pourquoi portes-tu ses vêtements ?”

“Twilight Sparkle,” intervint l’autre visiteuse, “je croyais que vous deviez nous amener là où habitent les sirènes, pas chez votre amie couturière.”

“Vice principal Luna ?” continua la jeune femme à la peau blanche. “Pourquoi êtes-vous venu ?”

“Je ne suis point la Luna de votre monde,” répondit-elle avec une voix autoritaire. “Je suis la princesse Luna, gardienne de la nuit et maîtresse de la lune dans le monde de l’autre côté du miroir. Je suis ici pour voir d’anciennes amies, principalement Aria Blaze. Seriez-vous capable de me dire si elles sont bien ici ?”

“Cette voix,” fit la sirène violette en sortant de la cuisine, “Lulu ? Qu’est-ce que tu fous ici ?”

“Aria,” cria la princesse lunaire en se jetant dans les bras de la sirène qui la repoussa.

“Non,” l’arrêta-t-elle. “Je ne peux pas.”

“Sweetheart, qu’est-ce qui se passe ?” demanda Rarity.

“J’aimerais aussi le savoir,” rajouta Twilight.

“Prin… Rarity, je te présente la princesse Luna, mon ancienne compagne avant que nous ne soyons bannies,” expliqua-t-elle en prenant la couturière dans ses bras. “Je la pensais encore coincée sur la lune.”

“Twilight et ses amies m’ont libéré il y a quatre ans, et je ne t’en veux pas pour ce qu’il s’est passé il y a mille ans.”

Aria se mit à hurler dans une langue que personne ne semblait comprendre. La sonorité de la langue semblait archaïque, et quelques sifflements venaient se mettre au milieu de la phrase. Elle fut interrompue par la princesse lunaire qui se mit elle aussi à hurler dans cette langue. Les deux gardes se précipitèrent pour voir ce qu’il se passait, mais un signe de leur dirigeante les arrêta, laissant les deux anciennes amantes se disputer avec violence. Rarity et Twilight tentèrent de les calmer, sans aucun résultat.

“Vos gueules toutes les deux,” cria Sonata en se mettant entre les deux femmes. “Aria, tu vas te calmer dans la cuisine tout de suite. Lulu, toi aussi tu vas te calmer. Et tu ne protestes pas.”

Aria souffla en direction de la monarque équestrienne avant de partir dans la cuisine, suivie de près par Rarity. La princesse Luna fit une mine boudeuse avant de se diriger vers le salon et se laisser tomber dans le sofa. Twilight s’arrêta au niveau de Sonata qui regardait tout le monde d’un air autoritaire.

“Je suis désolée, je ne savais pas que ça se passerait comme ça,” s’excusa-t-elle. “J’aurais dû écouter Celestia et ne pas l’autoriser à venir.”

“Tia dit souvent des trucs vrais,” répondit la sirène, “mais elle ne dit pas toujours tout. Si elle ne t’avait pas parlé de la relation entre ma soeur et Lulu, jamais tu n’aurais pu deviner que ça pouvait mal se passer.”

“J’aurais dû le deviner. Celestia m’avait demandé de lui interdire de passer le miroir, mais elle a insisté, et elle reste une princesse, je n’ai pas pu dire non.”

“Petit conseil de quelqu’un qui la connait depuis longtemps, ne cède pas à ses caprices, c’est mauvais pour elle.”

“C’est peut-être indiscret, mais pourquoi se sont-elles séparées ?”

“Demande à Tia pour les détails, mais en gros, l’une a fini catapultée sur la lune, l’autre a été bannie ici,” expliqua simplement Sonata. “Aria a mis une centaine d’années avant d’accepter qu’elle ne reverrait plus jamais Lulu, et même si je ne parle pas l’ancien piaf, je sais pourquoi elles s'engueulaient.”

“L’ancien piaf ?”

“Pardon, griffonnien ancien. Aria adore cette langue, je ne sais pas pourquoi. Toutes ses compagnes, même si elles ne sont pas nombreuses, l’ont appris. Plus personne ne doit le parler sauf Aria, et si tout se passe bien, Rarity devrait savoir le parler dans quelque temps.”

“Tu veux dire que…” commença la princesse mauve.

“Elles sont ensemble, c’est récent, mais elles sont ensemble,” l’interrompit la sirène avec un grand sourire. “Tu devrais les rejoindre, je dois parler un peu à mon ancienne belle-soeur, seule à seule.”

“Tu es sûre ?”

“Quand elles se disputaient, j’étais la seule capable de la calmer,” répondit-elle. “Sans pouvoir je veux dire. De toute façon Aria nous avait interdit d’utiliser nos pouvoirs sur elle.”

“Si tu le dis,” termina l’alicorne.

Sonata se dirigea vers le salon alors que Twilight rejoignit les deux femmes dans la cuisine. Rarity s’était assise sur les genoux de la sirène, la serrant fort dans ses bras. Aria remarqua l’entrée de la princesse et lui désigna un siège.

“Pourquoi l’avoir fait venir ?” demanda la sirène avec un ton de reproche.

“Je voulais te faire une surprise en venant hier soir, mais je n’ai pas réussi à me libérer, et quand j’ai voulu partir, la princesse Luna a insisté pour venir. Je ne savais pas que vous aviez été en couple.”

“Normal,” répondit Aria, “personne ne le sait en Equestria, en dehors de Tia. Ça fait partie de nos accords qui nous ont valu un simple bannissement.”

“Que veux-tu dire ?”

“Que sais-tu du règne de Nightmare Moon ?”

“D’après les livres d’histoire, la princesse Luna était jalouse de sa soeur, et s’est transformée en Nightmare Moon. La princesse Celestia a utilisé les éléments d’harmonie pour la bannir sur la lune. Il n’est indiqué nulle part qu’elle est régné sur un quelconque pays,” répondit la princesse d’une manière collégiale.

“C’est la version officielle. En réalité, elle a régné pendant près de dix ans, avec nous trois à ses côtés. Lulu était bien un peu jalouse de sa soeur, et Adagio a voulu en profiter. Nous avons créé Nightmare Moon, nous lui avons donné le pouvoir de battre Tia. La bataille d’Everfree a pris son lot de vie avant que Tia ne parvienne à récupérer les éléments, et elle était tellement faible qu’elle n’a pas réussi à les utiliser correctement. Il s’est passé beaucoup de choses pendant cette bataille que je regrette encore aujourd’hui. Nous ne devons notre survie qu’au faite que Starswirl et Tia aient accepté de négocier avec nous en souvenir des bons moments passés ensemble. Elle était encore techniquement ma belle soeur à ce moment-là.”

“Je ne comprends pas, aucun livre d’histoire ne vous mentionne, ou parle d’une quelconque bataille. Que s’est-il passé ?”

“Nous avons effacé dix ans de la mémoire de tous les poneys du royaume. Tia a fait jouer ses relations avec les autres races pour faire disparaître toute trace de ses événements. C’était notre condamnation, et si nous survivions à une telle utilisation de notre magie, ils nous laissaient la vie sauve. Au final, ils se sont retrouvés avec trois êtres qui n’étaient pas censés exister, et qui représentaient une menace pour la stabilité du royaume, et surtout les griffons menaçaient Tia d’une guerre si nous restions dans son royaume. Elle n'a eu aucun autre choix que de nous bannir. Cependant, comme tu dois t'en douter, aucun pays n'était sûr pour nous, et nous avons donc traversé le miroir nous amenant ici. ”

“Tu... es bien bavarde aujourd'hui," répondit la princesse. "D'habitude, tu marchandes la moindre information, et là tu me donnes l'un des plus grands secrets d'Equestria. J'ai... du mal à tout accepter. J'ai du mal à croire qu'il soit possible de faire disparaître dix ans d'histoire comme ça."

"Je n'ai aucune raison de te mentir, surtout que tu as une personne capable de confirmer mon histoire dans la pièce d'à côté."

"Tu as raison. Tu comprendras que c'est difficile à accepter. Tu es en train de me dire que ce que j'ai appris depuis que je suis jeune est faux. C'est..."

"Je sais ce que c'est. Je ne peux pas dire que je suis désolée, mais je te devais une explication. Après tout tu as fait l'effort de venir me voir en personne. Je pensais que tu ne pouvais pas te libérer."

"J'ai essayé de tout faire pour réussir à venir dès hier, mais je ne pouvais pas laisser Starlight seule, surtout pour négocier avec les griffons. J'ai eu de la chance que la princesse Celestia ait voulu reprendre les recevoir aujourd'hui."

"Traiter avec les griffons est simple," fit Aria avec un petit sourire. "Ils sont capables de tuer pour un peu d'or, il suffit donc de mettre beaucoup d'argent sur la table et ils seront tes meilleurs amis. Enfin, tant que tu as de l'argent."

"C'est une description bien pessimiste de leur race. Ils ne sont pas tous comme ça."

"Je t'accorde qu'il y a des exceptions, mais elles sont rares."

"Apparemment, les jeunes griffons commencent vraiment à changer la vision des anciens, et il y a une grande évolution sociale dans leur royaume."

"Il serait temps," répondit la sirène. "La griffone du bouquin que je dois te passer se plaignait déjà de l'immobilisme de sa civilisation, et elle voulait la faire changer. Après, ce bouquin est étrange, il raconte des trucs qui ne se sont pas passé, mais les présente comme la réalité."

"Ce livre," intervint Twilight, "où l'a tu trouvé ?"

"J'en sais rien. Il est juste apparu un jour, bien avant mon exil. Il est peut-être aussi vieux que moi. Et aussi bien conservé," termina-t-elle avec un sourire.

"J'aimerais bien le voir, mais avant j'ai une chose que la princesse Celestia voulait que je te donne," répondit l'alicorne.

Elle sortit récupérer un grand sac qu'elle posa sur la table. Ce dernier était maintenu fermé par le sceau de la princesse solaire. Rarity descendit des jambes de la sirène pour la laisser se lever. Aria attrapa le sac et brisa le sceau, révélant une grande boîte elle aussi fermée ainsi qu'un livre de cuir dont la couverture était orné d’une lune. Ce dernier brillait comme celui de Sunset lorsqu’elle recevait un message de Twilight. Aria le posa sur la table sans l’ouvrir pour sortir un petit coffre en bois. La sirène appuya sur les gemmes enchâssées dans le verrou. Ce dernier fit un petit cliquetis et laissa le coffre s’ouvrir, révélant de nombreux parchemins, ainsi qu’un plastron ressemblant à celui des deux princesses équestrienne. Elle l’attrapa et la regarda rapidement. Plusieurs impacts étaient présent sur l’avant de ce dernier, et de nombreuses rayures plus ou moins profondes en parcouraient l’intégralité. Elle le posa doucement sur la table avant de sortir les protèges sabot assortis au plastron.

"Qu'est-ce que c'est ?" demanda Rarity. "Ça a l'air ancien."

"C'était mon armure d'apparat,"répondit la sirène d'un ton songeur, "quand j'étais générale dans l'armée équestrienne. Un titre à l'origine honorifique, Tia ne voulait pas que sa sœur soit avec une personne sans aucun titre. Au final, j'ai vécu quelques batailles, d'abord au service de Tia, puis de Lulu."

"Et les parchemins ?" intervint Twilight.

"Sûrement mes travaux avec Starswirl," dit-elle en attrapant l'un des parchemins. "Théorie de l'énergie du chaos, analyse préliminaire. C'est bien nos recherches. Je ne pensais qu'ils les auraient gardé."

"Il y a tant d'histoire dans cette boite," s'émerveilla la princesse. "Et dans ce livre aussi," termina-t-elle en attrapant ce dernier.

"Non," l'interrompit violemment la sirène. "Ça c'est personnel."

"Désolé, Aria," s'excusa l'alicorne. "Je ne voulais pas.."

"Non, c'est moi. Je n'aurais pas dû réagir si vite. C'est juste que ce livre de communication était celui entre Lulu et moi, et certains passage doivent rester entre nous."

"Je comprends."

Le livre se mit à vibrer, brillant de plus belle.

"Au moins, je sais qui possède l'autre," fit-elle en ouvrant le livre, "et elle a enlevé toute les pages déjà écrite. Je la reconnais bien là. Je verrais si j'ai le courage de lui parler plus tard."

Sur ces mots, elle ferma le livre et le reposa.

"Je pensais que le livre de Sunset était unique," intervint Rarity.

"Je ne sais pas comment c'est en Equestria aujourd'hui," répondit Aria, "mais quand j'y était, c'était le moyen de communication principal de l'armée. Après, certains poneys fortunés pouvaient se permettre d'en avoir pour leur correspondance personnelle, mais c'était un peu plus rare. C'était très pratique, et nous avait donné de grands avantages lorsque nous affrontions les autres nations, mais ça avait aussi un grand défaut. Si un adversaire arrivait à mettre la main dessus, il avait toutes les informations qu'il voulait, la plupart des livre étant relié à plusieurs autres."

"Je ne me souviens pas en avoir vu d'autre que celui de Sunset," fit Twilight. "Mais nous n'avons pas connu de guerre depuis mille ans."

"Tia a dû mettre en pratique mes conseils alors," fit la sirène en s'appuyant sur les épaules de Rarity.

"Frappe d'abord, discute après ?" lança Rarity en se retournant pour poser un baiser sur les lèvres de la sirène.

"À peu près," répondit-elle.

"Vous êtes mignonnes toutes les deux," fit la princesse, "même si je dois avouer être un peu surprise."

"Pourquoi ?" demanda la couturière.

"Je ne m'attendais pas à vous voir ensemble, surtout que la Rarity de mon monde est plutôt attirée dans les étalons."

"Je suis bien heureuse que ma princesse ne le soit pas," fit la sirène en embrassant de nouveau la jeune femme.

"Rarity," fit Twilight, "j'aimerais te poser une question. Tu semblais effrayée de me voir toute à l'heure. Une raison à cela ?"

"Euh…" balbutia la styliste.

"Que t'arrive-t-il ?" s'inquiéta la sirène.

"Aria, il faut que je t'avoue quelque chose," reprit-elle en baissant un peu les yeux. "il y a quelques semaines, j'ai… comment dire ça ?"

"Couché avec la Twilight de ce monde ?" termina Aria.

"C'était… une expérience. Je n'avais jamais fait ça avant, et pour elle ce n'était que ça. Elle voulait juste savoir ce que ça faisait."

Des larmes commencèrent à couler le long des joues de la jeune femme.

"Ne t'inquiète pas, je ne te traiterais jamais comme ça," la rassura la sirène en la serrant dans ses bras. "Je ferais tout pour ce que nous vivons aujourd'hui dure le plus longtemps possible."

La jeune femme posa son visage sur l'épaule de l'ancienne immortelle, la serrant aussi fort qu'elle le pouvait. Les larmes de la jeune femme coulèrent sur la peau d'Aria, venant humidifier le débardeur qu'elle portait. Elles restèrent ainsi quelques minutes avant qu'un son de talon s'approchant du couple ne les tirent de leur tendre étreinte.

La princesse lunaire se tenait devant les deux femmes, un air sévère sur le visage.

"Que veux-tu ?" commença Aria.

"Prends soin d'elle," fit Luna en regardant la couturière. "J'espère que vous serez heureuse toutes les deux. Je me rends compte que je n'aurais pas dû venir, et je vous fait toutes mes excuses pour mon comportement. Twilight Sparkle, nous partons."

Elle se dirigea vers la sortie, attendant que l'autre princesse ne lui emboîte le pas.

"Partez sans moi, princesse Luna" répondit finalement l'alicorne. "J'ai encore des choses à discuter avec Aria. Les gardes vous escorterons."

"Fort bien, Twilight Sparkle." accepta la femme à la peau bleu nuit, "Je vous attendrais au portail, Sonata m'a indiqué quelques endroits qui, selon elle, devraient être à mon goût."

Elle continua sa route vers la sortie, mais se retourna juste avant de franchir la porte.

"Une dernière chose, Rarity. Si tu fais du mal à ma petite griffonne, tu le regretteras."

"Je n'en ai pas l'intention," répondit la couturière avec un peu défi dans la voix.

"Un petit conseil quand même, dis lui non de temps en temps, et ne te laisse pas attendrir par ses beaux yeux."

La princesse passa la porte et se dirigea vers la voiture, suivit de près par les gardes. Ces derniers lui ouvrir la portière, l'invitant à s'installer dans la voiture. Elle leur indiqua de partir sans attendre. Le véhicule démarra et partit en direction de la ville.

"Je pars moi aussi," fit Sonata. "Je bosse cette après midi."

"Attends," l'arrêta Rarity. "Tu pourrais me déposer à ma voiture ?"

"Si tu veux."

"Je reviens vite, Sweetheart," termina la couturière en embrassant la sirène. "Essaye de ne pas trop t'ennuyer sans moi."

"Je devrais pouvoir la maintenir occupée," fit Twilight.

"Pas comme je le ferais," lui répondit la couturière avec un petit sourire malicieux.

"Tu as intérêt à revenir vite," intervint la sirène, "sinon je pourrais être tentée par une jeune équestrienne."

"Comme si tu avais une chance," la provoqua Rarity en sortant de la maison.

Aria se leva et partit dans le salon, suivie de prêt par la princesse. Elle invita Twilight à s'installer sur le canapé. Elle chercha dans une bibliothèque pendant que la princesse s'asseyait lentement. Elle sortit un livre qui avait l'air ancien, malgré le fait qu'il soit parfaitement conservé. La sirène se laissa tomber dans l'un des sièges du salon. Elle posa la livre sur la table basse, attirant le regard de la princesse.

"Voilà le bouquin de la griffone," commença-t-elle.

Twilight attrapa le livre et l'ouvrit délicatement, parcourant ses pages avec un regard incrédule.

"Je n'arrive pas à le lire," fit-elle. "ça ne ressemble à aucune langue que je connais."

"En même temps, elle allait pas écrire en équestrien moderne," ironisa la sirène, "mais même moi je n'arrive pas à lire certains passage, et pourtant je lis le griffonien ancien."

"Je sais lire le griffonien ancien," intervint la princesse, "mais l'écriture dans ce livre est... chaotique, à défaut d'un meilleur mot."

"Comment ça ?" s'étonna l'ancienne immortelle en venant s'installer à côté de la princesse, touchant le livre par la même occasion. "Je ne comprends pas, hier il était lisible."

"Attends, les symboles changent. Les nobles m'ont encore fait barrage aujourd'hui," se mit-elle à lire. "Leur cupidité n'a aucune limite. Le peuple continue à mourir de faim, et eux ne pensent qu'à leur confort. Si seulement ils acceptaient de me laisser négocier avec le commandant Featherly Flame, nous pourrions arriver à un accord et arrêter cette guerre. J'ai déjà rencontré ce pégase plusieurs fois, et sa compagnie est loin d'être désagréable."

"Je ne m'attendais pas à une telle maîtrise," siffla la sirène dans l'ancienne langue des griffons.

"Je suis loin d'avoir celle de la princesse Luna, mais je me débrouille. Je suis cependant intriguée par ce livre. J'ai des théories sur les raisons pour lesquelles il n'est lisible que lorsque tu le touches, mais j'ai besoin de faire des tests."

"Tant que tu me le rends quand tu as fini, je veux bien te le laisser."

"J'aimerais continuer à le lire, avant que Rarity ne rentre. Je penses que je vous laisserai seules une fois qu'elle sera là."

"Non," répondit la sirène. "J'insiste pour que tu restes manger au moins ce midi, surtout que vous devez avoir plein de trucs à vous dire, Rarity et toi. Je saurais me retenir jusqu'à ce soir, surtout que j'ai une autre princesse à emmerder."

"Je ne suis pas certaine qu'embêter la princesse Luna ne soit une bonne idée."

"Je parlais de cul ensoleillé," fit-elle en riant.

"Cul... ensoleillé ? Tu veux parler de la princesse Celestia."

"Bien sûr que je parle de Tia, et tu devrais commencer à lâcher le princesse devant leur nom. Tu n'es pas censé en être une aussi ?"

"Oui, c'est juste une vieille habitude."

"C'est toujours les plus dures à perdre," ajouta la sirène en tapant sur l'épaule de l'équestrienne. "mais crois moi, ça se perd avec un peu de travail."

Les deux femmes échangèrent un sourire. La princesse reprit rapidement le livre et se remit à le lire. La sirène décida de profiter de ce moment pour pencher la tête en arrière et finir sa nuit de sommeil.

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Note de l'auteur

Bon, deux mois à quelques choses prêt, je serais presque régulier *tousse*.
J'espère que ce chapitre vous a plu, car ça reste du gros slice of life. En même temps, me direz vous, c'est une fic avec beaucoup de slice of life.
Par contre, je risque de prendre de plus grande liberté avec le canon Equestria girl, tout en incorporant les événements de Legend of Everfree. Je ne sais pas encore si je vais passer la fiction en univers alternatif, mais je risque de devoir le faire si je veux continuer d'intégrer ce qu'il se passe dans les films, surtout si je modifie ces événements.
Bref, je vais essayer d'écrire un peu plus vite, sans sacrifier ce que je considère comme de la qualité.

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Reyro
Reyro : #47695
Hey, j'ai relus Fête il y a 2 jours c'est le karma pour la sortie du chapitre 16 ^^. Merci Inobi pour cette histoire passionnante et bonne continuation.
Il y a 8 mois · Répondre
speedangel
speedangel : #47688
La scène où rarity pense qu'elle parle à sa mère était vraiment drôle :')
Il y a 8 mois · Répondre
Inobi
Inobi : #47680
@LtZip merci du commentaire.
j'ai essayé de laisser des indice sur l'ancien couple Luna/Aria.
Pour le livre, tu verras plus tard, mais tu tiens quelque chose. Et oui, j'avoue que le démenti, c'est un peu à cause d'une remarque qu'on m'a fait, mais j'ai essayé d'intégré ça dans le développement de Sonata.
Il y a 8 mois · Répondre
LtZip
LtZip : #47668
Un chapitre riche en lore et en magie bien péter comme il faut. J'ai souri à ta Luna lesbienne, ça m'a rappelé mon OS, peut-être as-tu souri toi aussi. Sinon je pense que passer en univers alternatif t'évitera les acrobatie thermolactique pour coller à la timeline du show, parce que là il y avait du level.

Ma théorie pour le livre est qu'il doit être un résidu de la timeline originel, ce qui expliquerait pourquoi ce n'est qu'en présence d'aria il deviens cohérent.

J'ai trouver une coquille : "C’est elle qui m’a été à faire venir Satine." -> "C’est elle qui m’a aidé à faire venir Satine."

Enfin des points de détails qui m'ont gêné:
- Le démenti à propos du langage des signes, ça m'a semblais être un damage control pour evité que les sirènes soit les inventrices de tout ce qui existe.
- Rarity et Human World Twilight, ça à été lâcher comme ça en milieu de texte, un peu brutal je trouve et je n'arrive pas à déterminer si c'est cohérent ou non avec une Rarity en plein doute sur son orientation.
Il y a 8 mois · Répondre
Inobi
Inobi : #47664
@speedangel : Merci. Après une partie de ces révélations sont des confirmations ou précisions sur des éléments que j'ai amené dans des chapitres précédents.
Je bosse sur le chapitre suivant, ne t'inquiète pas.
Il y a 8 mois · Répondre
speedangel
speedangel : #47660
wow ce chapitre est une vrai bombe de révélation (la moitié aurait suffit^^). Que dire... en fait je manque les mots alors met le tag univers alternatif et prend tout ton temps. :)
Il y a 8 mois · Répondre

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