Rarity arrêta sa voiture sur le parking du Titanium String. Ce dernier était désert, en dehors des voitures des collègues d’Aria, ainsi que de celle de Sonata. Voir tant de place libre faisait un peu mal au cœur à la sirène, elle n’était pas habituée à voir cette place si vide, surtout de nuit. Elle aida Rarity à descendre de la voiture, même si cette dernière était la conductrice. Elle savait que cette attention était désuète, mais elle voulait le faire quand même.
La couturière attrapa la main de la sirène avec un petit sourire, mais la relâcha rapidement, tout en rougissant un peu. Elles se dirigèrent vers l’entrée du bar, traversant le parking dans un silence gêné. Aucune des deux femmes n’avait dit un seul mot depuis que Rarity avait mis la robe. La jeune femme n’arrêtait pas de détourner le regard, n’arrivant plus à regarder la sirène dans les yeux. Cette dernière avait un sourire chaleureux à chaque fois qu’elle observait la jeune femme.
En arrivant devant l’entrée, elles aperçurent deux hommes en train se disputer. Aria s’approcha d’eux sans faire de bruit, indiquant à Rarity de rester un peu à l’écart.
“Un problème Vision ?” demanda-t-elle à l’autre videur du bar.
“Aria,” répondit-il, “tu es enfin là. Ne t’inquiètes pas, je gère.”
“Aria, tu es de retour ?” demanda l’autre homme avec un ton assez incertain.
“Il semblerait que oui, Sky,” répondit-elle avec un sourire, “mais pas pour le travail.”
“Tu peux me faire entrer ? l’autre idiot me dit que je ne peux pas.”
“Hé,” protesta Vision avant d’être interrompu.
“C’est une soirée privée, il te faut donc l’autorisation de l’organisateur, et vu ton état, je ne suis pas sûre que celui-ci accepte,” fit-elle avant de se retourner vers la jeune fille qui se tenait à l’écart. “Rarity, tu devrais rentrer, il fait un peu froid dehors.”
“Oui, tu as raison,” accepta la jeune fille avant de se diriger vers l’intérieur.
Aria la suivit, mais elle fut interrompue par l’homme désireux d’entrer. Elle fit signe à la jeune fille de continuer sans elle avant de se retourner.
“Open Sky, je ne travaille pas ce soir, et je n’ai pas envie d’avoir de problèmes, donc si tu pouvais me lâcher le bras immédiatement, j’oublierais que tu as osé me toucher,” lui lança-t-elle d’un ton calme.
“Aria, s’il te plaît, fais-moi entrer,” insista l’homme en maintenant sa prise.
Vision commença à bouger avant d’être interrompu par un geste de la sirène.
“Sky, je suis sûre qu’il y a plein de bars qui seront prêts à t'accueillir, à moins que tu ne te sois encore fait expulser de chacun d’eux.”
“Je…” hésita l’homme.
Elle soupira lourdement avant de reprendre.
“Si tu me lâches immédiatement, je verrai ce que je peux faire, mais je ne te promets rien. Si la personne pour qui cette soirée est organisée refuse, je ne pourrai rien pour toi.”
“Tu vas lui parler, vraiment ?” répondit l’homme en libérant la sirène. “Merci”
“Je pense que tu devrais partir maintenant,” intervint Vision en se plaçant entre Aria et Sky.
“Elle m’a dit qu’elle allait essayer de me faire rentrer,” rétorqua l’homme.
“Elle t’a dit qu’elle irait voir la personne concernée, mais je sais qu’elle ne te laissera pas entrer.”
“Attends,” le coupa la sirène, “je vais aller la voir, comme promis.”
“Aria ?” demanda le videur.
“Bonjour, Aria,” commença la sirène tout en s’adressant à un endroit vide avant de se retourner.
“Oh, bonjour Aria, qu’est-ce que tu me veux ?” Elle tourna de nouveau la tête, comme pour indiquer qu’elle changeait d’interlocuteur.
“Oh, il y a un certain Open Sky dehors, et il aimerait venir à ta soirée d’anniversaire.”
Elle changeait de voix à chaque fois, renforçant l'imitation d’un dialogue.
“Open Sky ? C’est pas le gars que je mets dehors de manière régulière parce qu’il boit bien trop, et qu’il ne sait pas se tenir ?”
“Celui-là même,” reprit-elle avec une voix sérieuse. “Est-ce que tu acceptes qu’il rentre ?”
“Je t’avoue que même s’il a des moments sympas, il est chiant quand il est bourré,” fit-elle, sur un ton plus enfantin. “De toute façon, ça ne sert à rien qu’il rentre pour boire, c’est Sonata qui a organisé la soirée, il y aura pas d’alcool.”
“Alors je lui dis de partir ?” se demanda-t-elle.
“Je pense que c’est le mieux,” termina-t-elle avant de se tourner vers Sky. “Je suis désolé j’ai essayé, mais elle a dit non. Rentre chez toi, ça vaut mieux pour tout le monde.”
“Aria, je t’en prie,” implorai l’homme en s’approchant de la sirène. “J’ai besoin de ce verre.”
“Si tu en es à ce point,” répondit-elle en faisant un pas en arrière, “c’n’est pas d’un verre que tu as besoin, c’est d’une cure de désintox. Ma réponse reste la même, rentre chez toi.”
Il sortit alors un couteau papillon, avant de menacer directement Aria. Vision commença à s’interposer entre les deux quand une sirène de police se fit entendre, accompagnée de flashs rouges et bleus. L’homme se retourna et commença à courir, mais Aria lui sauta sur le dos, le plaquant au sol. L’arme de ce dernier lui échappa des mains, glissant pendant quelques mètres avant de s'arrêter. Le policier vint se placer à côté d’Aria, la main sur son arme.
“Vous n’avez rien, madame ?” demanda-t-il.
“Je vais bien,” répondit-elle en appuyant un peu plus fort avec son genou sur le dos de Sky. “Par contre lui, je ne sais pas.”
“Je vais m’occuper de lui maintenant,” reprit l’officier en attrapant ses menottes.
“Je suis certain qu’il va vous suivre sans faire de problème,” fit-elle en se penchant près de l'oreille de l’homme au sol. “Si tu n’opposes aucune résistance, et que tu me promets de te faire aider, je suis prête à oublier tout ce qu’il s’est passé ce soir,” lui murmura-t-elle.
Elle relâcha alors la pression qu’elle exerçait, mais l’homme ne bougea pas. Il obéit à toutes les injonctions de l’officier comme le lui avait demandé la sirène. Il tremblait légèrement. Lorsque le policier le fit se relever, il se tourna vers Aria, des larmes dans les yeux.
“Je suis désolé, Aria, je ne sais pas ce qu’il m’a pris,” s’excusa-t-il.
“Fais-toi soigner,” lui répondit-elle avec un petit sourire. “Et tu as de la chance de ne pas avoir abimé ma robe, sinon je connais une personne qui aurait été très en colère.”
La porte s’ouvrit, laissant sortir une jeune fille à la peau bleue, dans une robe aussi colorée que sa chevelure, un verre contenant un liquide orange.
“Aria, tout va bien ?” demanda cette dernière “Ça fait cinq minutes que Rarity est ent…”
Elle s’arrêta en voyant l’officier aider l’homme à s’installer à l’arrière de sa voiture. La sirène remarqua alors que ce dernier avait la même chevelure que son amie qui s’était arrêté de parler.
“Papa ? Qu’est-ce que tu fais là ?” reprit Rainbow Dash.
“J’ai échangé ma patrouille avec un collègue pour pouvoir veiller sur toi,” répondit-il. “Heureusement que je suis passé, ton amie était en train de se faire agresser.”
“Ce n’est pas la première fois qu’elle gère ce genre de cas,” fit Vision. “Que vous soyez là n’a fait qu’abréger les souffrances de ce pauv’ gars.”
“Aucune personne que j’ai invité à quitter les lieux n’a souffert,” le corrigea Aria.
“Parce qu’ils étaient trop bourrés pour le sentir,” l’interrompit le videur
“Un détail, Vision, un détail” termina-t-elle avec un mouvement de la main.
“Je vous attends demain matin au poste pour votre plainte ?” reprit le père de Rainbow Dash.
“Je ne souhaite pas porter plainte,” l'arrêta-t-elle, “tout du moins tant qu’il tient ses engagements.”
“Très bien,” accepta-t-il avant de se tourner vers sa fille. “J’espère que vous passerez une bonne soirée. J’aimerais par contre que tu me montres ce que tu tiens dans ta main, ma chérie.”
“Ça ? C’est pour Aria,” mentit-elle en révélant le verre qu’elle essayait de cacher.
“Tu te souviens de notre accord : pas d’alcool.”
“Oui papa,” répondit-elle en tendant le verre à Aria, même s’il était clair qu’une partie du breuvage avait déjà était bu.
La sirène attrapa la boisson en remerciant la jeune fille.
“Ça passera pour cette fois,” reprit l’officier, “mais tu as intérêt à ne pas boire une autre goutte d’alcool de la soirée.”
“C’est Snow qui t’a préparé ça ?” demanda la sirène après avoir bu une gorgée. “Il faudra qu’il me donne la recette, Sonata devrait adorer. J’aurais quand même préféré que tu m’apportes un truc avec de l’alcool dedans,” termina-t-elle en avalant l’ensemble du verre d’un coup.
“C’était sans alcool ?” demanda le père de Rainbow Dash.
“Vous pensez vraiment que j’aurais pu descendre ce verre aussi vite s’il y avait de l’alcool dedans ?” répondit-elle en agitant le long verre. “Et ne vous inquiétez pas, c’est ma sœur qui a organisé la fête, et elle ne supporte pas que je boive. Je peux vous assurer qu’il n’y aura pas une goutte d’alcool ce soir.”
“Si vous le dites, je veux bien vous croire,” termina le policier en se dirigeant vers sa voiture. “Mais si jamais ma fille rentre ivre ce soir, je vous en tiendrais pour responsable. Passe une bonne soirée, ma chérie,” ajouta-t-il en démarrant sa voiture.
Ils regardèrent tous trois la voiture partir, Aria faisant tout son possible pour éviter d’avoir l’air de se sentir mal après avoir bu le cocktail aussi vite. Rainbow Dash reprit la parole une fois que son père fut hors de vue.
“C’était un piledriver quand même !”
“J’ai reconnu,” fit la sirène en se dirigeant vers la porte.
Une fois à l’intérieur, elle fut heureuse de voir que la décoration du bar n’était pas trop chargée, et qu’il ne faudrait pas trop de temps pour rendre son aspect original à la salle. Une chaîne barrait l’accès à l’étage, forçant les quelques personnes présentes à rester au rez-de-chaussée. La grande majorité des tables avaient été rangées, et il en restait juste assez pour que les convives puissent avoir un endroit où s’asseoir. Cela avait l’avantage de libérer beaucoup de place devant la scène pour permettre de danser si le besoin s’en faisait sentir. Cette dernière était cachée derrière deux grands rideaux rouges, empêchant de voir ce qu’il pouvait s’y trouver.
Aria se tourna vers le bar se trouvant de l’autre côté de la salle, derrière lequel se trouvait Snow, le barman du Titanium String. Elle lança le verre dans sa direction, tout en visant suffisamment à côté de lui pour ne pas le blesser. L’homme releva la tête juste à temps pour voir le projectile de fortune passé à quelques centimètres de lui avant d’entendre la sirène se mettre à hurler sur lui.
“Depuis quand tu sers de l’alcool aux mineurs ?”
“Aria, calme-toi,” répondit-il, prêt à se cacher.
“Je me calmerais quand je serais sûre que tu ne serviras pas autre chose qu’une bière aux mineurs, et tu as intérêt à en compter le nombre afin qu’elles ne boivent pas assez pour finir bourrées, compris ?”
“Je ne savais pas qu’elle était mineure,” se défendit l’homme.
“Tu connais ton boulot normalement, et toi,” fit-elle en se tournant vers la sportive, “tu as intérêt à faire attention. J’ai pris un risque pour toi, alors…”
Elle ne termina pas sa phrase, se sentant vraiment mal d’un coup. Elle se mit à courir vers les toilettes les plus proches.
“Que se passe-t-il ?” demanda Sunset en sortant de la pièce habituellement réservée aux employés du bar. “Aria n’était pas censée arriver avec Rarity ?”
“Elle est partie aux toilettes,” répondit Snow. “Par contre, que c’est-il passé dehors pour qu’elle se soit autant énervée ?”
“Euh…” hésita Rainbow Dash. “Mon père a décidé d’être un peu trop protecteur, et donc il fait sa patrouille dans le secteur. Aria a été attaquée par une personne, et mon père l’a arrêté et c’est tout.”
“Aria a été attaquée ?” s’inquiéta Rarity. “Elle a été blessée ?”
“Aria n’a rien, je peux te l’assurer à son lancer de verre,” la rassura le barman. “Mais clairement tu ne m’as pas tout raconté,” ajouta-t-il en se tournant vers la jeune fille aux cheveux multicolores.
“Je…” hésita-t-elle avant de voir le regard accusateur de Sunset et Rarity. “Mon père m’a interdit de boire, et comme je suis sortie avec le verre que tu m’as servi, Aria l’a bu en prétendant qu’il n’y avait pas d’alcool dedans.”
“Bien,” répondit-il sèchement. “Estime-toi heureuse qu’elle t’apprécie suffisamment pour prendre ce genre de coup pour toi.”
“Quel coup ?” demanda candidement Sonata qui sortait de la même pièce que Sunset. “Il est arrivé quoi à ma sœur ?”
Pinkie Pie qui l’avait suivie semblait s’inquiéter elle aussi de ce qu’il était arrivé à la sirène violette, mais préféra attendre la réponse à la question de sa collègue pour la soirée avant de réagir à sa façon.
“Elle a bu un piledriver, un cocktail composé majoritairement de vodka, pour protéger Rainbow Dash,” répondit l’homme.
“Elle a bu de la vodka ?” paniqua la sirène bleue. “Vite, sors moi deux citrons, un œuf, du bicarbonate, de…”
“On se calme, espèce de furie bleue,” l’interrompit-il. “Elle n’en a bu qu’un verre, elle ne sera pas ivre. Elle se sentira un peu mal pendant quelque temps, une heure tout au plus, mais elle ira très bien.”
Sonata le regarda, et se calma en voyant son air sûr de lui.
“Maintenant,” reprit-il, “Ça me fait chier de faire ça, mais je vais devoir demander à toutes celles qui veulent boire une pièce d’identité.”
“Ca ira,” l’interrompit Aria, l’air encore un peu malade. “Sunset et moi t’indiquerons les personnes à qui tu peux servir à boire. Si je ne dis pas de bêtise, RD et Pinkie sont les dernières à ne pas avoir 17 ans.”
“C’est ça,” répondit Sunset. “Tu vas bien ?”
Elle fit un pas vers la sirène, mais Rarity était déjà à son niveau et l’aida à rester debout.
“Qu’est-ce qu’il t’a pris de boire ce verre si tu sais que tu ne supportes pas la vodka ?” la gronda Rarity.
“J’avais oublié cette sensation,” répondit-elle. “Et c’était pour protéger une amie. Merci de m’aider.”
Rarity aida la sirène à s’asseoir sur l’un des tabourets devant le bar.
“Je suis désolée, Aria,” fit Rainbow Dash. “Si j’avais su que mon père passerait, j’aurais fait plus attention. C’est pas cool ce que je t’ai fait subir. “
“Si tu me promets de ne rien boire de la soirée, j’oublierais que ça s’est passé.”
“Je… c’est d’accord,” accepta la jeune fille.
“Bien,” répondit-elle, “on va en rester là. J’ai besoin d’enlever cet horrible goût de ma bouche,” ajouta-t-elle en se tournant vers Snow. “Qu’est-ce que tu me proposes ?”
“Oh, j’ai plein d’alcool différent, et ce ne serait que ton vingt-huitième anniversaire, je t’offrirais le meilleur whisky servi au public, mais il semblerait que ce chiffre soit faux,” lui fit-il en nettoyant un verre comme si de rien n’était. “Tu auras ma partie du code si tu me donnes le vrai chiffre.”
“On ne demande pas son âge à une dame,” protesta la sirène. “C’est inconvenant.”
“Comme si tu étais une ‘dame’,” répliqua-t-il en la défiant des yeux.
“Si tu veux parler de ma manière ‘d’inviter’ les gens à sortir, ce n’est pas parce que je sais me montrer violente que je ne peux pas être une dame.”
“D’où tirez-vous cette certitude, dame Aria ?” demanda-t-il d’un ton moqueur. “Paris ? Madrid ? Minsk ?”
La sirène resta sans voix. Elle essayait de comprendre s’il n’avait été que chanceux, ou s’il était au courant de son passé. Il venait de citer trois des villes où les sirènes avaient un jour résidé. Son sourire satisfait ne lui laissa aucun doute, il savait. Elle se demanda qui pouvait lui avoir révélé toutes ces informations, qui pouvaient avoir gâché tout son travail de dissimulation de ces informations.
“Qui ?” commença-t-elle. “Qui t’en a parlé ?”
“C’est moi…” avoua Sonata. “Enfin, pas directement, et sans le faire exprès.”
“Tu ne pouvais pas faire attention ?” s’énerva-t-elle.
“Aria, on le savait avant ce soir,” lui avoua finalement le barman. “Ça va faire deux ans qu’on accueille une licorne dans notre bar, et avec comment ça a pété au CHS, la magie, on sait que ça existe.”
“Je…” hésita la sirène. “Comment ? J’ai tout fait pour que vous n’ayez pas de soupçons.”
“T’es amie avec Sunset, t’es apparue de nulle part, et surtout tu parles avec Sunset en Equestrien. Vous vous en êtes surement jamais aperçu, mais ça vous est déjà arrivé de vous gueuler dessus dans une autre langue, qu’on a surnommée l’équestrien.”
La sirène laissa tomber sa tête sur le comptoir de dépits. Elle s’en voulait de ne pas avoir fait attention à ce genre de détails.
“Bon, alors, combien ?” demanda-t-il en se plaçant au niveau de la tête d’Aria.
“1500,” répondit-elle sans lever la tête. “J’ai vraiment été aussi bête ?”
“Ça arrive à tout le monde,” la réconforta-t-il. “Et l’âge n’aide pas.”
“M’emmerde pas avec ça,” se plaignit-elle. “Je me sens assez vieille comme ça.”
“Franchement, je ne t’aurais pas donné plus de 1200 ans,” plaisanta-t-il. “Et avec un peu de maquillage, je suis sûr que tu arriverais à faire croire que tu n’en as même pas mille.”
“Tu commences à être chiant là.”
“Ça va faire un mois que je peux pas t'embêter, alors j'en profite un peu,” fit-il en attrapant un verre à martini qu’il commença à remplir d’un liquide transparent. “Et ça me fait plaisir de te voir.”
“Ça me fait plaisir de te voir aussi,” répondit-elle en relevant la tête. “C’est pour moi ?”
“Oui, un petit dry martini, comme tu l’apprécies,” lui annonça-t-il avec un sourire.
Elle se tourna vers sa sœur, lui demandant silencieusement son approbation. Cette dernière lui fit un signe de tête pour lui donner l’autorisation de boire ce verre. La sirène violette se leva, encore un peu chancelante, et se dirigea vers Sonata, la prenant dans ses bras.
“Excuse-moi pour ce que je t’ai dit tout à l’heure,” fit-elle. “Je n’aurais jamais dû te traiter comme ça.”
“Comme si je pouvais t’en vouloir, surtout le jour de ton anniversaire,” répondit la sirène bleue. “Profite de la soirée, c’est la seule condition pour que je te pardonne.”
Aria se mit à rire, à la fois soulagée que sa sœur accepte ses excuses, mais aussi parce que les conditions posées étaient loin d’être contraignantes. Elle avait prévu de bien profiter de cette soirée, car c’était la deuxième fois qu’elle fêtait une date aussi importante avec plus que juste ses sœurs. De plus, la réaction de Snow l’avait conforté dans ce sentiment d’être acceptée. Pour la première fois depuis des dizaines d’années, elle était vraiment heureuse.
“Même si je suis sûre que tu t’es déjà bien amusé avec Rarity,” lui murmura Sonata à l’oreille.
“Il ne s’est rien passé,” répondit-elle en murmurant elle aussi, “mais je garde un peu d’espoir.”
Un flash lumineux les interrompit dans leur étreinte. Celui-ci était accompagné du bruit d’un déclencheur, avec le même petit crissement que celui de l’appareil fétiche de Sonata. Cette dernière se tourna vers l’origine du bruit. Lorsqu’elle vit une masse de cheveux rose cachée en partie par l’appareil photo, elle lâcha sa sœur pour courir vers la jeune fille qui tenait cette chose si précieuse à ses yeux.
“Lâche ça Pinkie,” hurla la sirène bleue.
“Mais, vous étiez si mignonnes ensemble, il fallait que je fasse une photo,” répondit la jeune fille.
Aria retourna au comptoir, laissant sa sœur hurler et poursuivre cette étrange amie qu’elle s’était faite. Elle avait un petit sourire en voyant Rarity tenir le verre qui lui avait été servi, tout en questionnant Snow, surement sur le contenu du verre.
“Tu le veux ?” demanda Aria en montrant le verre.
“Euh, je demandé juste ce que c’était, darling,” bredouilla la couturière en rougissant un peu. “C’est ton verre.”
“Je te l’offre de bon cœur, et je suis certaine que ce cher Snow va se faire un plaisir de me préparer un Manhattan, et me donner sa partie du code,” fit-elle avec un sourire en direction du barman.
“Tu as l’air d’aller bien mieux,” répondit-il. “Je suppose que je tape dans la réserve spéciale ?”
“Quelle question ? Si tu oses approcher un seul de ces whiskys horribles d’un de mes verres, tu sais parfaitement ce que tu risques. Et j’attends toujours le code.”
“Début, quatre fois zéro,” dévoila-t-il en attrapant une bouteille cachée sous le bar.
“T’as vraiment osé ?” fit-elle en riant. “Je ne sais pas si c’est débile ou génial.”
“C’est tellement idiot qu’au moins je suis sûr que tu n’aurais jamais trouvé,” répondit-il en tendant le cocktail à la sirène.
“Merci,” dit-elle en attrapant le breuvage. “J’ai pas vu Aura, il est où ?”
“Il a dit qu’il avait un truc à régler, mais qu’il ne devrait pas tarder.”
“Ah, d’accord,” murmura la sirène en regardant dans son verre.
“Ne fais pas cette tête, darling,” lui préconisa Rarity, “surtout le jour de ton anniversaire. Il n’est pas loin, je l’ai vu entrer dans la zone réservée au personnel en arrivant.”
“Il est dans le bâtiment ? Ça me rassure.”
“Allez, joyeux anniversaire,” lui fit Rarity en soulevant son verre.
Aria la remercia en levant elle aussi son verre avant de le faire toucher celui de Rarity dans un tintement cristallin. Elle trempa ses lèvres dans le liquide couleur caramel. Elle apprécia le goût du mélange, tout en regardant avec douceur la jeune femme qui se tenait à ses côtés qui semblait elle aussi apprécier son cocktail. Ce moment fut interrompu par une voix familière. Elle se tourna vers la source de celle-ci.
“Aria, Vision a besoin de toi à l’entrée,” annonça Sunset.
“J’arrive,” répondit-elle avant de se retourner vers Rarity. “Je reviens, tu m’attends avant de finir ce verre ?”
“Bien sûr,” répondit la couturière avec un sourire.
La sirène se leva et se dirigea vers l’extérieur, suivi par l’ancienne licorne. À mi-chemin de la porte, elle s’arrêta et se tourna vers la jeune femme.
“Je sais comment sortir, pas besoin de m’escorter,” fit la sirène.
“Je ne t’escorte pas, j’espérais te parler un peu avant que tu ne sortes.”
“Vision m’attend dehors,” protesta la sirène.
“Il peut attendre un peu, ce n’est pas urgent. Et je n’ai pas envie de trop vous déranger, mais je tenais à vous dire que je vous trouve mignonne toutes les deux. Je suis heureuse pour vous.”
“Heureuse pour nous ?”
“Rarity et toi. Vous avez l’air d’aller si bien ensemble. Surtout que vous avez dû passer un bon moment toutes les deux,” répondit-elle avec un clin d'œil. “Je ne sais pas comment ça se passe, mais je reste sûr qu’en une heure et demie, tu as le temps de bien t’amuser.”
“Il ne s’est rien passé, et nous ne sommes pas ensemble,” se lamenta la sirène. “En même temps, avec mon passé, je peux la comprendre.”
“Aria,” l’arrêta Sunset, “on en a déjà parlé. Tu n’es pas la seule à avoir un passé chargé, et il faut que tu acceptes que nous sommes toutes prêtes à l’oublier. Ce serait bien que tu arrives à te pardonner aussi.”
“C’est difficile,” répondit-elle en se tournant vers les personnes présente dans la pièce. “À chaque fois que je les regarde, je vois ce que je leur ai fait subir. Il n’y a pas si longtemps, la plupart des personnes présentes étaient mes ennemis, les autres n'étaient guère plus que de la nourriture.”
“Et aujourd’hui ? Que sont-ils ?”
“Des personnes qui m’accordent leur confiance, qui acceptent que j’aie fait des conneries, mais qui n’en connaissent même pas la moitié. Même toi ou Twilight n’en connaissez qu’une petite partie,” avoua-t-elle en baissant un peu les yeux. “Je crois que je pourrais dire que ce sont des amis.”
“Tu sais, j’étais dans la même situation que toi peu de temps avant que vous n’arriviez. Et finalement, elles m’ont toutes acceptée. Laisse-leur du temps, et je suis certaine que tu pourras nous partager tous tes lourds secrets sans rien craindre.”
“Comme si j’allais tout vous révéler si facilement. Même Satine a dû me travailler au corps pour apprendre certaines choses, même si je la soupçonne d'avoir un peu trop apprécié cela,” plaisanta-t-elle.
“Un jour, tu me parleras d’elle ?” demanda Sunset avec un grand sourire.
“Un jour peut-être, mais il y a une file d’attente.”
“Je vais te laisser, Vision va me tuer si je te retiens trop longtemps. De toute façon, j’ai une personne à questionner, je veux des détails sur ce qu’il s’est passé chez toi,” termina la jeune fille aux cheveux rouge et or.
Cette dernière salua Aria et se dirigea vers Rarity avec un immense sourire malicieux. La sirène elle se dirigea vers l’extérieur, où l’attendait le videur, ainsi que deux jeunes filles qu’elle reconnut immédiatement attendaient un peu plus loin.
“Que se passe-t-il ?” demanda-t-elle finalement au grand homme empêchait les deux filles de rentrer.
“Elles veulent rentrer, et l’une d’elles dit te connaître. C’est vrai qu’elle ressemble un peu à Ticka, mais pas assez pour que je la croie.”
“Il s’agit bien de Ticka pourtant,” répondit-elle avec un sourire, “sans maquillage et sans teinture dans ses cheveux, ce qui lui va très bien, mais c'est bien elle. Je m’en occupe.”
Elle s’approcha alors des deux filles, l’une d’elles faisant de grands gestes brusques.
“Bonsoir Ticka, ou alors c’est Octavia ?” les salua-t-elle.
“Aria, tu savais ?” répondit la violoncelliste. “Je croyais que… je voulais…”
“Je le sais depuis le premier soir où tu es venue,” expliqua finalement la sirène. “Et je te préfère avec ces cheveux noirs, plutôt qu’avec ton vert citron éclatant. Qu'est-ce que tu veux ?”
“Est-ce que tu accepterais que nous participions à cette fête ? J’ai… composé une chanson pour toi,” annonça la jeune femme en attrapant son instrument. “Rien de bien compliqué, mais j’espère que ça te plaira.”
“Si tu veux passer sur scène, les auditions sont de dix heures à quinze heures, sur rendez-vous,” fit Aria d'un ton neutre avant de sourire. “Mais je suis sûre que si tu demandes à Aura, il devrait y avoir moyen de s’arranger, même si je suis persuadée qu’il a déjà prévu quelque chose.”
“Tu veux dire que la scène est occupée ?”
“Elle est fermée en tout cas, mais si tu veux entrer, tu es la bienvenue. Et ton amie aussi, même si elle semble un peu réticente.”
“Vinyl, s’il te plait, arrête de faire cette tête, c’est toi qui as voulu venir avec moi.”
La jeune fille interrogée se mit à agiter les bras assez vivement, avant de les croiser.
“Je sais que j’aurais pu t’en parler, mais ce n’est pas moi qui t’ai forcé à venir.”
La DJ recommença à gesticuler, toujours avec autant de violence. Aria se mit, elle aussi, à faire des signes, comme pour répondre à la jeune femme en face d’elle. Cette dernière la regarda, stupéfaite.
“Tu pourras aussi parler avec ma sœur,” ajouta la sirène à voix haute. “Elle a participé à la création du langage des signes, et au pire on doit bien avoir une ardoise quelque part en cas de besoin.”
Vinyl finit par faire un sourire, mais se mit à formuler une question.
“Tu as raison Vinyl,” répondit Aria. “Si nous vivions aussi longtemps que vous, ce ne serait pas possible que nous ayons vu son invention, mais… je suis bien plus âgée que tu ne peux l’imaginer.”
La jeune fille blanche mima un nombre, ce qui fit rire la sirène.
“Non, pas tant que ça. Entre et je suis certaine que tu entendras mon âge,” fit-elle avant de regarder une jeune femme sortir d’une camionnette.
“Un problème ?” demanda Octavia.
“J’espère que non, Ticka” répliqua la sirène avec un peu de doute dans sa voix. “Rentrez, je vous rejoins plus tard. Va voir Sunset ou Pinkie pour savoir où est Aura.”
“Pinkie ?” s’étonna la violoncelliste. “Je ne savais pas que tu la connaissais.”
“Tu reconnaîtras beaucoup de monde, ne t’inquiètes pas. J’ai hâte d’entendre ta composition,” termina la sirène en se dirigeant vers la nouvelle arrivante.
**********
Sunset salua la sirène et partit en direction du comptoir où se tenait Rarity. Cette dernière semblait en intense réflexion devant son verre de martini que lui avait offert la sirène. La jeune fille aux cheveux rouge et or s’assit à côté d’elle, signalant au barman de lui servir la même chose, et de resservir son amie par la même occasion.
“Qu’est-ce qui te tracasse ?” demanda-t-elle en attrapant les verres tendus par Snow.
“Rien, je réfléchis juste à… des trucs,” répondit la styliste.
“Quel genre de truc ?”
“Des robes,” mentit rapidement la couturière.
“Des robes ? Vraiment ?” s’amusa l’ancienne licorne. “Et quel genre de robe pourrait bien te laisser plonger dans un verre ?”
“Une qui est très compliquée. Je ne sais pas vraiment ce que je dois faire, je suis un peu… perdue.”
“Laisse-moi deviner, c’est une robe violette, avec des bandes vertes ?”
Rarity la regarda longuement avant de lui sourire.
“C’est celle-là, darling. Elle est vraiment belle, et je l’aime beaucoup, mais…” fit-elle finalement.
“Mais ?”
“J’ai peur. Elle a déjà eu une propriétaire, et j’ai peur de ne pas lui faire honneur. J’ai peur que sa matière soit trop délicate, et que je ne sache pas comment m’en occuper. J’ai peur de ce que les autres penseront de moi en me voyant la porter…”
“Excuse-moi,” l’interrompit Sunset. “Cette dernière phrase m’a fait imaginer quelque chose, et j’aurais aimé ne jamais avoir cette image en tête.”
Rarity regarda son amie avant de se mettre à rire.
“Désolée, ce n’était pas volontaire,” s’excusa-t-elle.
“Ça ne m'enlèvera pas cette image de la tête,” répondit l’ancienne équestrienne. “Donc on va arrêter avec la robe et appeler Aria.”
“Je, je ne sais pas quoi faire,” reprit la couturière en ayant repris son sérieux.
“Elle t’apprécie beaucoup, j’en suis certaine. Elle ne t’aurait pas laissé porter cette robe sinon,” expliqua la jeune fille jaune. “Et s’il t’en faut plus, tu peux demander à Sonata, mais quand elle est près de toi, elle est plus… calme à défaut d’un meilleur mot.”
“Je le vois bien, je ne suis pas aveugle, darling. Et… je crois qu’elle me plait aussi.”
“Crois ? Tu crois qu’elle te plait ? Rarity, tu as passé une semaine à parler d’elle quand elle est passée à ta boutique il y a trois mois, et depuis que tu nous as vues au Handsome Devil, tu n’arrêtes pas de poser des questions sur elle. Je ne crois pas qu’elle te plait, j’en suis certaine.”
“Je…”
“En fait, Sonata était persuadé que vous seriez ensemble en arrivant ici, et ce n’était pas la seule. Je dois être la seule à savoir qu’il ne s’est rien passé. Peut-être Sonata aussi, mais toutes les autres doivent être persuadées que vous êtes en couple, surtout que vous êtes mignonnes toutes les deux,” ajouta Sunset avec un grand sourire.
“Ça ne vous gêne pas ?” demanda la couturière avec de la surprise dans la voix.
“De quoi ? Que tu sortes avec une ancienne ennemie ? J’en suis une, et pourtant vous trainez bien avec moi sans problème. Et la Twilight de ce monde ? Personne ne lui en veut de ce qu’il s’est passé. Après certains diront que nous étions sous le contrôle d’une magie, alors qu’Aria était consciente de ses actes, mais je t’assure que j’ai plus de points communs avec les sirènes qu’avec Twilight.”
“Je ne parlais pas de ça…” fit la styliste en baissant la tête.
“De quoi alors ?”
“Du fait que… je sois une femme… et elle aussi.”
“C’est ça le problème ?”
“Oui, c’est ça le problème, je ne suis pas…”
“Tu es normale,” l’interrompit Sunset. “Personne ici ne sera choqué de te voir sortir avec une femme. Dans le monde d’où je viens, je voyais ce genre de couple tous les jours, et ça ne gênait personne. Ici, je ne sais pas pourquoi, certaines personnes disent que c’est “mal”, mais c’est faux. Et si quelqu’un vient te faire chier pour ça, viens nous en parler, on t'aidera autant qu'on le peut. On est tes amies après tout.”
“Je vais décevoir des gens…”
“Si ces personnes tiennent vraiment à toi, elles seront heureuses que tu trouves le bonheur avec la personne que tu as choisie, pas celle avec laquelle tu es forcée à être par une convention sociale idiote. Et puis, ça me ferait un peu de vacances, les garçons arrêteraient enfin de venir me voir pour que je te parle d’eux, comme s’ils avaient une chance.”
“Je… je ne sais plus où j’en suis, darling.”
“Peu importe ce que tu choisis de faire, je te soutiendrais,” la réconforta l’ancienne équestrienne. “Mais si je dois te donner un conseil, ne laisse personne se mettre entre toi et ton bonheur, sauf si celui-ci implique de transformer tout un lycée en zombie pour envahir une autre dimension.”
“Franchement, je les aurais obligé à faire un défilé de mode,” lui répondit la styliste avec un sourire.
“Chacun ses objectifs,” fit la jeune fille aux cheveux rouge et or en haussant les épaules avant de reprendre son sérieux. “Mais si tu as besoin d’en reparler, n’hésite pas. Et mets un sourire sur ce visage, c’est l’anniversaire d’Aria, donc évitons d’avoir l’air triste.”
“Ce n’est pas Octavia Melody et Vynil Scratch qui viennent d’entrer ?” demanda la styliste en regardant par-dessus l’épaule de Sunset.
“Oui,” répondit cette dernière en les regardant avant de se retourner vers Rarity, “je vais aller voir ce qu’elles veulent. Souviens-toi, un sourire.”
La jeune femme s’éloigna du bar, laissant de nouveau la couturière seule avec ses pensées. Elle réfléchissait à ce que venait de lui dire Sunset, au fait que personne ici ne la trouverait étrange juste parce qu’elle n’était pas attirée par les hommes. Elle avait cependant des appréhensions sur comment elle serait vue par les autres personnes du lycée, ou ses parents. Ses pensées furent interrompues par un autre verre se posant devant elle.
“Ne laisse pas les autres décider de qui tu veux être,” commença barman avec un grand sourire. “Désolé, j’ai écouté votre conversation, déformation professionnelle.”
“Oh, vous êtes… euh.”
“Snow, Howling Snow,” répondit-il en mimant la position d’un agent secret dans un film.
“Sunset m’a un peu parlé de vous, enfin je crois.”
“De ce que j’ai compris, tu t'intéresses beaucoup à la reine de la soirée, je peux comprendre que tu ne te sois pas vraiment intéressé à autre chose. Aria a un charme que seul Sonata arrive à égaler.”
“Je suis désolée, j’aurais dû être plus attentive.”
“Ce n’est rien, je suis barman, j’ai l’habitude d’être invisible. Juste une chose, si tu veux connaître une personne, apprend à connaître ses amis,” reprit l’homme avec un sourire. “Si tu es une amie d’Aria et de Sunset, je suis certain que nous allons bien nous entendre. Et oublie le “vous”.”
“Vous… Tu parles toujours par maximes ?”
“De temps en temps. Juste quand je pense que la personne en face de moi a plus besoin de sagesse que d’alcool. Alors comme ça Aria serait intéressée par toi,” demanda-t-il avec un grand sourire. “Tu dois avoir quelque chose de spécial.”
“Je ne pense pas. En fait, il n’y a pas si longtemps… nous étions…”
“Ennemies ?” la coupa-t-il. “Comme tu l’as été avec Sunset. Et vous lui avez laissé une seconde chance, comme vous faites avec Aria aujourd’hui. Je respecte ça, et je pense qu’elle le mérite.”
“C’est vrai qu’elle a l’air d’avoir changé, en bien.”
“Aria est un sacré brin de petite femme, même si au final elle est bien plus vieille que moi. 1465 ans pour être exact. Elle a beaucoup évolué depuis qu’elle est arrivée ici. Je me souviens de son premier jour, agressive, asociale, et pas mal d’autres défauts. Je la voyais pas passer la semaine, mais au final, elle s’est assouplie, et elle est devenue assez inestimable ici. Elle est capable de calmer le plus violent des clients, par la force s’il le faut.”
“L’autre videur, Vision, je crois, doit lui être d’un grand secours des fois ?” demanda-t-elle.
Elle n’eut pour seule réponse qu’un grand éclat de rire de la part de Snow.
“Désolé,” s’excusa-t-il, “mais Aria est bien plus forte qu’elle n’en donne l’impression. Vision s’est fait battre à chaque fois qu’il a essayé de la maîtriser.”
“Vraiment ?” s’étonna la couturière. “Je ne pensais pas…”
“Qu’elle était si forte ?” reprit-il. “Aria a bien des talents, et surtout elle est très sélective avec ses amis. Je crois que les seules qu’elle a sont réunies ici ce soir. J’aurais aimé pour elle en voir plus, mais au moins elle n’aura pas trop de problèmes à tous vous accorder du temps… sauf si elle t’en accorde trop.”
“Que veux-tu dire ?”
“Que si j’ai vu Aria heureuse près de Sunset, elle n’a jamais eu le même sourire que quand elle est à tes côtés. Alors si tu pouvais garder ce joli sourire que tu viens de faire en entendant ça toute la soirée, ce serait bien. Autant pour Aria que pour Sunset.”
“Je vais essayer. Mais pourquoi Sunset ? Je croyais que c’était Sonata et Pinkie qui avaient tout organisé.”
“Elles ont essayé, mais Sunset a insisté pour participer à l’organisation, et si on ne l’avait pas arrêté, elle s’occuperait du bar, de la musique, de surveiller dehors, de la bouffe, et de tous les autres détails dont je ne soupçonne même pas l'existence. Aucun de nous ne travaille ce soir, et pourtant on est tous là à faire en sorte que Sunset ne se surmène pas.”
“Elle a l’air de beaucoup tenir à Aria,” se lamenta-t-elle.
“Oui, mais plus comme une sœur, j’ai l’impression, même si j’ai passé un moment à les croire ensemble.”
“En même temps, tu étais persuadé que j’étais avec Aura,” lui répondit une femme en s’asseyant au bar. “
“Miss Midnight Star,” répondit le barman, “quel plaisir de vous voir ainsi en ces lieux.”
“Tu veux vraiment me mettre en colère ?” demanda la nouvelle arrivante.
“Pas vraiment, mais on te voit si rarement, je n’ai pas résisté à l’idée de t’embêter un peu. D’ailleurs, qu’est-ce que tu fais là ?”
“Aria est ma patiente, et elle m’a proposé de venir,” répondit-elle. “Et qui est cette jolie jeune fille ?”
“Je suis Rarity,” se présenta la couturière.
“J’ai entendu parler de vous, et plutôt en bien.”
“Qui vous a parlé de moi ?” demanda-t-elle avec curiosité.
“Aria, Sonata et je crois que Thunder aussi. Adagio a dû vous citer, mais pas depuis un certain temps. C’est principalement Aria qui parle de vous. D’ailleurs, je suis certaine qu’une petite discussion avec vous pourrait être très enrichissante.”
“Je ne suis pas intéressée par une psychanalyse.”
“Ce n’était pas mon intention, mais j’avoue être très intriguée par la façon dont vous avez convaincu Aria de vous laisser porter cette robe.”
“Oh, c’est une longue histoire,” répondit Rarity.
“Que je suis prête à entendre,” fit Star avec un sourire en attrapant un verre.
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“Tu es bien courageuse, ou idiote, de te montrer ici,” annonça Aria.
“Je suis venu m’excuser pour cet après-midi,” fit Applejack en baissant la tête. “J’étais…”
“Différente ? Manipulée ?”
“Non, juste débile. Je n’aurais jamais dû te parler comme ça. Je… Je ne sais pas ce que vous avez vécu, et je… j’aurais dû accepter de vous laisser une chance, comme je l’ai fait avec Twilight ou Sunset.”
“Je suis prête à tout oublier si tu réponds à une question.”
“Je… que veux-tu savoir ?”
“Depuis quand as-tu été exposée à notre magie ?”
“Nous n’avons jamais été affectés par votre magie,” répondit la fermière
“Excuse-moi, je reformule. Depuis quand as-tu porté la bague avec un morceau de catalyseur dessus ?”
“Celle que tu m’as prise chez Sunset avant que… je ne m’enfuis ?”
“Oui,” s’impatienta la sirène.
“Je… depuis votre défaite,” répondit-elle en touchant l’endroit où se trouvait la bague.
“Tu vas bien ?” s’inquiéta la femme violette. “Tu sembles troublée.”
“Je… depuis que tu m’as enlevé la bague, je me sens… étrange. J’ai l’impression que quelque chose à disparu,” avoua Applejack.
“Ça te manque ?”
“Non, en fait, je me sens plus légère… mais ça reste une sensation étrange, comme si une personne était partie.”
“C’était la présence de Chaos,” expliqua la sirène, “l’entité qui nous a créées. Elle a pris le contrôle de ton corps pour me parler.”
“Tu veux dire que le moment d’absence que j’ai eu, c’est parce quelqu’un était en train de manipuler mon corps ?”
“C’est ce que je viens de dire, oui. Mais ne t’inquiètes pas, tu n’as rien fait d’autre que me parler.”
“De quoi tu as parlé avec Chaos ?”
“C’est assez personnel, mais en résumé il m’a offert de retrouver mes pouvoirs, et j’ai refusé.”
“Tu as refusé ? Pourquoi ?”
“Tu es bien curieuse,” répondit Aria, “et si un jour j’arrive à te faire confiance, je te donnerais une réponse plus complète, mais pour l’instant tu devras te satisfaire d’une réponse simple. C’est juste parce que je suis fatiguée.”
“Fatiguée ? Fatiguée de quoi ?”
“Tu devras te satisfaire de cette réponse, comme je te l’ai dit. Bon, comme promis, je te pardonne pour cet après-midi. Par contre, je ne suis pas sûre que Sunset soit aussi compréhensive.”
“Je comprends. Est-ce que je peux rentrer ? J’aimerais m’excuser auprès de Sunset.”
La sirène se mit à rire en entendant la jeune fermière.
“Tu es vraiment courageuse de demander ça. Ce n’est pas que ça me gênerait, mais j’aimerais que seuls mes amis soient présents. Après, je suis certaine qu’une serveuse supplémentaire ne serait pas de refus.”
“Serveuse ?” demanda Applejack
“On est une petite équipe, et notre seule serveuse est occupée à gérer la soirée. J’aurais préféré qu’elle ne travaille pas, mais au final, il semblerait que toute l’équipe, sauf moi, ai décidé de travailler ce soir. Si tu souhaites participer à cette soirée, le prix à payer sera d’alléger leur charge, donc de t’occuper du service,” expliqua Aria.
“Mais je n’ai jamais fait ça.”
“Ça s’apprend vite, et ce n’est pas compliqué. Je suis certaine que même toi tu y arriveras. En plus, tu n’auras pas à affronter les mains baladeuses qui sont le lot quotidien de Sunset. Cependant, sache que cette offre est unique, je ne la referais pas, et je ne serais pas la seule que tu auras à convaincre. Alors, tu acceptes ?”
“Je… c’est d’accord,” se résigna finalement la fermière.
“Bien, je vais chercher Sunset, elle aura la décision finale.”
“J’y vais,” intervint Vision. “J’en ai pas pour longtemps.”
“Merci,” fit Aria en serrant les dents.
“À ton service,” termina-t-il avec un grand sourire malicieux.
“Aria… j’aimerais savoir une chose…” reprit Applejack.
“Je t’ai dit que tu n’aurais pas d’autre explication sur cet après-midi. Tu as déjà de la chance que j’accepte d’oublier tout ce que tu as dit chez Sunset, ne forces pas ta chance.”
“Ce n’est pas ce que je veux savoir. C’est… ta relation avec Rarity.”
“Et en quoi ça t'intéresse ?” demanda la sirène en se rapprochant de la jeune femme qui lui faisait face, un regard insistant posé sur cette dernière.
“C’est mon amie, depuis longtemps... et je m’inquiète un peu pour elle.”
“Peur qu’elle sorte avec moi ? Peur que je lui fasse du mal ? Peur que je la déçoive ?” s’énerva l’ancienne immortelle.
“Non, peur qu’elle se refuse à sortir avec toi… à cause de moi,” lui répondit-elle en fixant lourdement le sol.
Aria arrêta son mouvement, surprise par la réponse de la jeune femme. Cette dernière avait vraiment l’air d’être triste, et surtout elle avait l’air sincère. La sirène restait un peu méfiante, mais elle souhaitait accorder un peu de compassion à cette jeune femme.
“Pourquoi ce serait à cause de toi ?” lança-t-elle après une légère hésitation, avec une voix plus douce.
“Je… quand nous étions plus jeunes, elle m’a avoué être attirée par les autres filles, et j’ai eu peur, je ne comprenais pas… et je l’ai poussé à refouler ça…” expliqua Applejack avec des larmes au bord des yeux
“Tu le regrettes ?” demanda la sirène.
“Oui, j’aurais dû… je ne sais pas.”
“Vous aviez quel âge ?”
“Nous étions jeunes, peut-être huit ou neuf ans,” avoua la fermière.
“Et maintenant, que penses-tu de ça ?”
“Je ne comprends toujours pas, et je ne pense pas que je le comprendrais un jour,” répondit la jeune femme blonde, “mais je pense que je lui dirais que c’est normal....”
“Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?” continua la sirène.
“Si je te réponds, tu acceptes de m’en dire plus sur cet après-midi ?”
“Dure en affaire ? Vu que ce changement d’idée m’intrigue, j’accepte ton prix.”
“BonBon et Lyra,” fit simplement Applejack.
“C’est tout ? J’espérais un peu plus,” avoua Aria.
“Elles ont pris beaucoup de temps pour essayer de m’expliquer, surtout qu’elles ne m’ont avoué qu’elles étaient en couple qu’après être certaines que j’étais prête.”
“Apparement, elles sont plus intelligentes qu’elles ont en l’air,” fit Aria. “Avant que je ne m'acquitte de ma part du marché, j’aimerais savoir pourquoi tu penses que Rarity veut sortir avec moi.”
“Sweetie Belle, la sœur de Rarity. Elle m’a dit que Rarity n’arrêtait pas de parler de toi, et qu’elle était gênée quand la possibilité de sortir avec toi a été évoquée. J’ai cru comprendre que vous avez passé beaucoup de temps ensemble cette semaine.”
“C’est vrai qu’on s’est beaucoup vu cette semaine, surtout aujourd’hui. Bon, je suppose que je dois honorer ma part du marché… C’est assez simple au final, si j’ai refusé, c’est que je suis fatiguée de mon immortalité. J’ai vu trop de personnes auxquelles je tenais vieillir et mourir, alors que moi je continuais à rester jeune,” termina-t-elle en regardant le ciel. “L’immortalité n’a pas de bons côtés.”
“Ça à l’air horrible, je n’aimerais pas avoir vécu ça.”
“Il y a eu de bons moments, mais c’est loin d’être facile.”
“Tu voulais me voir Ari... “ commença Sunset avant de voir Applejack. “A.J. qu’est-ce que tu fais ici ?”
“Je… je suis venu m’excuser pour cet après-midi.”
“Et alors ?” répondit l’ancienne équestrienne froidement. “Ça ne pouvait pas attendre demain ?”
“Elle ne pourra pas faire le service demain,” intervint Aria, “Enfin, pas sans un contrat et une paye.”
“De quoi tu parles ?” demanda la jeune femme aux cheveux rouge et or.
“Elle s’est proposée pour aider afin de se faire pardonner, et sûrement pour éviter de passer une soirée seule.”
“J’en ai rien à faire. Je veux pas la voir avant demain.”
“Sunset,“ tenta Applejack.
“Non, je veux pas te parler,” s’énerva l’ancienne licorne. “Je n’ai pas encore digéré ce que tu as fait.”
“Tu devrais lui laisser une chance,” fit Aria.
“Tu es de son côté maintenant ? Après tout ce qu’elle a dit ?”
“Nous avons un peu discuté avant que tu n’arrives, et j’ai envie de lui laisser une chance. Surtout que je suis certaine que tu auras besoin d’un peu d’aide. Je ne veux pas que tu t’occupes de tout, j’ai envie que tu profites un peu de la soirée.”
“Je ne sais pas si j’y arriverais si elle est là,” se plaignit Sunset. “Si tu veux que j’en profite, elle ne rentre pas.”
“Je suis vraiment désolé Sunset,” reprit Applejack. “Je… je n’ai jamais voulu vous mentir, c’est juste que…”
“Tu l’as fait, et tu as insulté une amie. Je ne sais pas ce que tu as fait d’autre, et je ne veux vraiment pas le savoir ce soir,” cria Sunset.
“Tu arrêtes maintenant,” s’interposa Aria. “C’est gentil de me défendre, mais je suis assez grande pour le faire seule. Surtout que je te l’ai déjà dit, elle n’était pas elle-même.”
“Comment tu peux le savoir ?”
“Parce que j’ai déjà vu des humains exposés au Chaos,” hurla la sirène. “C’est même moi qui les ai exposés à cette magie. Tu te souviens quand tu m’as parlé de ce que tu as ressenti avec l’élément de magie ? Elle a subi une influence similaire, certes moins forte, mais là où toi tu n’as eu que quelques minutes à subir cette influence, elle y a été exposée pendant plus de huit mois. Et contrairement aux éléments d’harmonie, le Chaos ne veut qu’une chose, pousser son hôte à le répandre.”
Sunset ne bougea pas pendant la longue tirade d’Aria, cette dernière semblait vraiment énervée. La sirène remarqua un homme qui semblait s’avancer vers eux, dans un costume complet noir.
“Aria, ça va ?” demanda l’ancienne équestrienne.
“Vous rentrez toutes les deux, maintenant,” commanda-t-elle. “Applejack, il faudrait qu’on se parle plus tard. N’oublie pas notre accord.”
“Aria ?” s’inquiéta la licorne.
“Maintenant, j’ai dit,” termina la sirène sèchement.
Les deux femmes obéirent en voyant que la sirène avait l’air très inquiète. Vision se dirigea vers Aria, mais cette dernière lui fit signe de rester loin de cet homme. Il s’arrêta immédiatement, laissant l’ancienne immortelle seule avec une personne qui avait l’air dangereuse.
“Que faites-vous ici ?” demanda-t-elle froidement.
“Vous êtes difficile à trouver,” répondit-il d’un ton neutre, “bien plus que je ne l’aurais pensé.”
“Ça ne répond pas à ma question. Que faites-vous ici ?”
“Ne vous énervez pas, je ne suis là que pour transmettre un message, mais je dois avouer être honoré de me tenir devant une vraie légende. Lorsque j’ai entendu votre nom, je ne pensais pas que j’allais rencontrer la vraie Aria Blaze.”
“Que me veut le Dernier Mouvement ? Pourquoi brisez-vous les accords que nous avons passés à Las Pegasus ?” s’énerva-t-elle.
“Comme je vous l’ai dit, je suis là pour vous transmettre un message de notre employeur. Il souhaiterait récupérer un de ses biens aujourd’hui en votre possession.”
“Je ne vois pas de quoi vous parlez, précisez.”
“Il souhaiterait récupérer une certaine Adagio Dazzle, votre sœur, il me semble.”
“Ma sœur n’appartient à personne,” fit-elle d’un ton sec. “Dites à votre patron qu’il peut l’oublier, elle ne l'approchera plus jamais.”
“Il avait prévu cette réaction, et est prêt à une concession. Ce qui l'intéresse, c’est de récupérer son enfant, celui que porte votre sœur. Cette junkie ne l'intéresse pas,” annonça l’homme sur un ton toujours aussi neutre.
“Il n’y a aucune chance que j’accepte ces conditions,” termina la sirène. “Maintenant, partez et ne revenez jamais. Remboursez-le et dites que vous avez échoué. Ce sont des choses qui arrivent.”
“Vous nous connaissez, Maîtresse Aria. Vous savez très bien que nous ne pouvons faire ça. Vous savez aussi que si vous ne nous remettez pas l’enfant à sa naissance, nous le récupérerons par tous les moyens nécessaires. Il serait dommage qu’il arrive malheur aux personnes qui se tiennent dans ce bar miteux.”
Aria se rapprocha violemment de l’homme, se tenant à quelques centimètres à peine de lui. Son regard était assassin, elle était prête à tuer ce pion qui avait osé menacer sa famille et ses amis, mais elle se retint. Elle savait que ce soulagement passager serait suivi de problèmes bien plus graves, car elle aurait brisé les accords qu’elle avait passés avec le Dernier Mouvement.
“Je vais être simple avec vous,” dit-elle en reculant d’un pas avant de braquer le pistolet qu’elle venait de prendre à la ceinture de l’homme sur ce dernier, “si l’un de vous approche de nouveau ou fait du mal à un de mes amis ou à ma famille, je vous retrouverais tous, et vous le ferais payer. Vous allez maintenant respecter les accords que le Dernier Mouvement a avec moi, et vous allez partir sans faire d’histoires.”
“Je transmettrais ce message à mes supérieurs, mais je n’aurais pas grand espoir si j’étais vous,” fit-il avec une confiance absolue.
“Vous avez dû entendre des histoires sur moi, et sur Las Pegasus. Elles sont toutes en dessous de la vérité. Je pourrais vous tuer, ici même, sans que vos chefs ne soient jamais au courant de votre mort, ou même de cette conversation.”
“Il y a vingt ans peut-être, mais le monde a évolué, Maîtresse Aria. Si je meurs, toute l’organisation sera au courant. Et ils sauront vous trouver. J’accepte de transmettre votre message juste par respect envers la personne qui a fondé le Dernier Mouvement. Vous devriez vous en satisfaire et éviter de me menacer.”
“J’ai toujours su évoluer avec mon temps. Vous avez un traqueur sur vous ? Ça ne vous laissera en vie que le temps que je prenne le contrôle de celui-ci. Si vous êtes encore en vie, c’est parce que je respecte les accords qui ont évité un plus grand bain de sang à Las Pegasus. Faites-en de même. Cependant, si je vous revois, vous êtes un homme mort. Maintenant, partez avant que je ne change d’avis,” termina-t-elle avec un regard de glace.
“J’espère ne pas avoir à vous revoir,” salua l’homme en se retournant.
Vision accourut au côté d’Aria lorsqu’il vu l’homme partir. Elle baissa le bras qui tenait l’arme, enleva le chargeur, éjecta la balle de la chambre avant de le tendre vers l’homme qui courait vers elle.
“Tu peux me garder ça, s’il te plait ?” commença-t-elle.
“Aria, qui était ce gars ? Et pourquoi il avait un flingue ?”
“Une vieille erreur qui me rattrape,” répondit-elle. “J’espère juste qu’ils tiendront leurs engagements.”
Elle commença à se diriger vers l’intérieur, mais vision lui attrapa le bras pour l’arrêter.
“Comment ça tenir leurs engagements ? Dans quoi tu t’es fourrée ?” demanda-t-il.
“C’est compliqué... et ça date de longtemps, bien avant que je n’arrive dans cette ville.”
“Tu peux tout me raconter si tu le souhaites,” fit-il avec un sourire. “Je suis sûr que tu as dû voir beaucoup de choses dans ta vie. Ce serait sympa de ta part d’en partager une partie avec moi.”
“Après tout, pourquoi pas ? Comme tu dois le savoir, j’ai vécu dans d’autres villes avant, et avant d’arriver à Canterlot, nous vivions à Las Pegasus,” commença-t-elle à raconter. “C’était une ville que nous apprécions toutes les trois. Il y était très facile d’y disparaître. À l’époque, je me pensais invincible, mais je commençais aussi à fatiguer. Un jour, j’ai découvert une chose qui m’a décidé d’arrêter une activité que je faisais depuis trop longtemps… mais le fait que je m’arrête n’a pas plu à certaines personnes. À cause de ça, nous avons été obligées de déménager, mes sœurs et moi. Ce gars bossait pour les personnes que j’ai énervées ce jour-là.”
“Je suppose que tu ne vas pas me dire pour qui il bosse, mais c’est pas gra…”
“Tu connais l’organisation appelée le Dernier Mouvement ?” l’interrompit la sirène.
“Oui, un groupe de tueurs à gage,” répondit Vision avec un peu de surprise dans la voix. “C’était un membre ?”
“Surement un double croche, guerre plus,” fit-elle en regardant le ciel. “Il était bien trop hésitant pour avoir un rang plus élevé. Je ne l’avais jamais vu avant, mais je pense que c’est normal. En vingt-cinq ans, ils ont dû recruter de nouveaux membres… je devrais plutôt dire enlever.”
“Pourquoi tu dis ne jamais l’avoir vu avant ? Et pourquoi tu sembles en connaître autant sur eux ?”
“Parce que je les ai créés. J’ai formé le Dernier Mouvement il y a deux ou trois cents ans. Au début, il n’était là que pour nous protéger, mes sœurs et moi. Il s’agissait d’enfant qui vivait dans la rue. Je les ai recueillis, je leur ai appris à se battre, à prendre des vies si nécessaire, à mentir. Je n’avais jamais voulu en faire un groupe de mercenaires… mais un jour on a eu besoin d’argent, et certains humains, ceux avec du pouvoir, étaient prêts à payer cher pour voir disparaître leurs rivaux. C’était de l’argent facile… enfin au début. Il y a vingt-cinq ans, j’ai découvert que je ne contrôlais plus rien, et que les nouvelles recrues, des enfants, étaient enlevées à leurs parents… je n’ai jamais voulu ça. C’était trop pour moi, j’ai voulu tout arrêter, mais ils s’y sont opposé. Ce qu’il s’est passé ensuite… j’aimerais ne pas en parler.”
“Tu m’as déjà dit beaucoup plus que ce que j’espérais. Tu ne nous as pas habitués à parler autant,” la réconforta-t-il. “Mais il y a une chose ou deux que j’ai du mal à comprendre. Tu n’avais pas des pouvoirs qui te permettaient de faire faire ce que tu veux aux autres, alors pourquoi tu avais besoin d’argent ? Et c’est quoi cette histoire d’engagement.”
“Les engagements, c’est simple : ils me laissent tranquille, et je fais de même. C’était ce qu’il y avait de mieux à faire… enfin j’espère,” expliqua-t-elle. “Quant à l’argent, c’est assez simple. Ce monde n’a pas suffisamment de magie pour nous permettre de recharger nos pouvoirs en permanence, il y avait donc des moments où nous n’avions pas d’autre choix que de vivre comme des êtres humains. Je ne sais pas comment ça s’est fait, mais je me suis retrouvé à devoir gérer les comptes. Mes sœurs ont toujours eu ce qu’elles voulaient, peu importe le prix. Elles n’ont jamais eu à s’inquiéter de ça.”
“Je ne savais pas que vos pouvoirs étaient limités, je suis désolé.”
“Tu n’as pas à l’être. Si nous pouvoirs étaient illimités, tu serais surement en train de nous considérer comme des divinités, et nous n’aurions pas cette discussion. Étrangement, je suis heureuse que le premier cas ne se soit pas réalisé.”
“Ça doit être l’âge, tu deviens gentille, mamie Aria,” répondit-il avec un sourire.
“Je ne suis pas si vieille que ça,” fit-elle en lui mettant un coup de poing léger dans l’épaule, “et même si c’était le cas, je peux toujours te mettre une raclée.”
“Tu peux toujours essayer,” la défia-t-il, “mais un autre jour. Pour l’instant, rentre et profite de la soirée. Je veillerais à ce que personne ne la gâche, compte sur moi.”
“Je te fais confiance,” termina-t-elle en le prenant dans ses bras. “Je trouve juste dommage que tu restes dehors.”
“Il faut bien que quelqu’un le fasse, et ça ne durera pas toute la soirée. Aller, rentre.”
Elle obéit sans discuter davantage. Lorsqu’elle passa la porte, elle fut accueillie par le son d’un violoncelle venant de la scène. Elle regarda rapidement l’intérieur de la salle afin de voir si Sunset et Applejack étaient présentes. Elle les vit sortir des vestiaires réservés aux employés, la fermière ayant mis l’uniforme de serveuse de l’ancienne équestrienne. Cette dernière était visiblement en train de lui expliquer le travail et les règles auxquelles elle devrait se tenir tant qu’elle porterait l’uniforme. Aria eut un petit sourire en voyant que la fermière était un peu serrée dans les vêtements qui lui avaient été fournis, ses formes étant un peu plus généreuses que celle de Sunset.
Les yeux de la sirène se posèrent sur Rarity encore au bar, en train de parler avec Star. La présence de la psychiatre intrigua Aria. Elle avait bien été invitée, mais elle avait refusé en prétextant devoir s’occuper d’Adagio. La femme violette pensa qu’elle devait avoir trouvé un moyen de se libérer, et en était heureuse, bien qu’une larme montait à ses yeux en pensant à sa sœur.
Elle commença à se diriger vers les deux femmes au comptoir lorsqu’une voix vint accompagner le violoncelle. Elle avait beau être hésitante et cassée, la sirène pouvait reconnaître cette dernière entre milles. Aria ne pensait pas qu’elle serait là ce soir, elle ne pensait qu’elle pourrait sortir avant longtemps, mais elle se tenait là, sur la scène, à côté d’Octavia. Ses cheveux orange étaient parfaitement coiffés en une longue natte, et la robe blanche qu’elle portait les faisait ressortir. Sa peau jaune avait retrouvé une partie de son éclat, même si elle restait un peu pâle.
Assez rapidement, le son d’une basse, suivi d’une guitare d’une batterie, vinrent s'ajouter au duo. Elle reconnut immédiatement un groupe habitué du bar qu’elle appréciait beaucoup. Ils semblaient improviser l’ensemble en suivant la mélodie jouée par la violoncelliste. L’harmonie était loin d’être parfaite, les membres du groupe n’étant pas habitués à l’instrument qui menait l’ensemble. Il était aussi clair que la chanteuse n’avait pas eu le temps de s'entraîner, et que le texte était vraiment nouveau pour elle.
Cela n’empêchait pas Aria d’apprécier de voir sa sœur sur cette scène, en train de chanter. Adagio semblait à l’aise malgré les défauts dans sa voix. Son sourire était réel, rendant la sirène violette vraiment émue. Cette dernière ne savait plus quoi faire. Ses yeux étaient remplis de larmes alors qu’elle hésitait encore à se diriger vers la scène. Elle avait du mal à rester calme, elle voulait crier sur sa sœur qui aurait dû rester à la clinique, mais elle voulait aussi la serre fort dans ses bras afin de la remercier d’être là.
Elle resta sur place, sans bouger, jusqu’à ce que la musique s’arrête. Adagio descendit de la scène et se dirigea sa sœur tétanisée. Elle tremblait légèrement, autant par appréhension de la possible réaction de la sirène violette que par une légère sensation de manque contre lequel elle luttait. Elle s’arrêta à un pas de la femme qu’elle connaissait depuis maintenant 1500 ans. Elle lui fit un petit sourire avant de tousser violemment avant de tomber à genoux.
“Tu vas bien ?” demanda Aria en se précipitant pour rattraper l’ancienne sirène jaune.
Cette dernière finit par cracher un peu de sang avant de regarder sa sœur.
“J’ai bien envie de te dire que ça va, mais tu saurais que je mens,” répondit Adagio
“Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu n’aurais pas dû sortir de la clinique. Comment tu es venue d’ailleurs ?”
“Je n’ai pas le droit de venir te voir le jour de tes 1500 ans ? Tu ne veux vraiment plus me voir ?” s’indigna-t-elle.
“Je n’ai pas dit ça, c’est juste que… je ne veux pas que tu souffres juste pour moi. Tu aurais été mieux à la clinique.”
“Je me sens mieux ici que là-bas. Pouvoir être ici, avec toi et Sonata, ainsi que ton choix assez particulier d’invités, rend la douleur plus supportable.”
“Adagio, nous rentrons,” vint interrompre le docteur Star.
“Je veux rester un peu plus longtemps, je vous en prie,” supplia la femme jaune. “Juste encore un peu.”
La psychiatre regarda les deux sœurs qui étaient l’une dans les bras de l’autre. Elle ne les avait jamais vues aussi proches, surtout depuis qu’Aria avait frappé Adagio. Elles n’avaient fait que se défier le peu de fois où elle les avait mis face à face, sous sa surveillance. Elle ne s’attendait pas à voir une telle réaction aussi tôt, chacune d’elle avait de grandes choses à reprocher à l’autre. Mais là, elles s’inquiétaient l’une pour l’autre, et Star ne voulait pas gâcher ce moment. Elle n’aimait pas revenir sur ce qu’elle avait promis, mais elle allait faire une exception.
“Très bien,” répondit-elle, “mais au prochain malaise, nous partirons. Et cette fois, je ne reviendrais pas ce dont nous avons convenu. Compris ?”
“Merci,” fit Aria avec quelques larmes s’échappant du coin de ses yeux en serrant fort sa sœur entre ses bras. “Merci de lui avoir permis de venir. Merci de la laisser rester un peu plus longtemps.”
“Nous ne pourrons pas rester trop tard non plus,” annonça le docteur en se rapprochant d’Aria. “Je continue de penser que cette sortie n’est pas une bonne idée. C’est bien trop de stress à ce moment de votre thérapie,” termina-t-elle en regardant Adagio.
“Comme si vous alliez réussir à m'empêcher de venir à la fête d’anniversaire de ma sœur,” répondit l’ancienne sirène.
“C’est bien parce pour cela que j’ai accepté que vous veniez. S’échapper d’une installation militaire, même une clinique, est bien plus dangereux que cette soirée.”
“Je suis certaine que j’y serais arrivée,” fit Adagio avec un sourire un peu crispé à cause de la douleur. “Mais votre solution était un peu plus simple.”
“Ta robe,” intervint Aria. “Du sang est tombé sur ta robe. Il faut vite qu’on nettoie ça sinon ça va la tacher.”
Elle aida sa sœur à se relever. Cette dernière était encore un peu faible et s’appuya sur la sirène violette. Elles se dirigèrent vers les toilettes, rejointes rapidement par Rarity qui voulait les aider. Cependant Adagio l’arrêta avant qu’elle n’entre elle aussi dans la pièce.
“Tu es mignonne,” fit l’ancienne sirène, “je te l’accorde, et je suis sûre que ta compagnie doit être agréable, mais j’aimerais passer un moment avec ma sœur. Ça fait trop longtemps que je n’ai pas pu profiter d’elle.”
“Je…” répondit Rarity avec une petite hésitation avant de prendre une petite fiole dans son sac. “Du sérum phy, pour la tâche.”
“Merci,” fit Aria en attrapant la fiole.
La jeune femme repartit vers ses amies, visiblement inquiète et un peu déçue. Cependant, le sourire chaleureux de la sirène violette lui remonta le moral. Elle arriva assez vite au siège qu’elle occupait depuis le début de la soirée. La psychiatre avec qui elle avait eu une longue discussion était en train de parler avec un homme qui lui avait été présenté comme le propriétaire du bar. Elle aurait apprécié continuer un peu de parler avec cette femme, celle-ci lui avait fait un peu de bien.
Sonata vint s’asseoir à côté d’elle. La sirène la regarda avec un sourire innocent sur le visage. Rarity lui rendit avant de voir un verre se poser devant elle.
“Tu en es à combien ?” demanda alors la femme bleue.
“Cinq ou six,” répondit Rarity en prenant la boisson.
“Ça commence à faire beaucoup,” fit la sirène. “Tu devrais peut-être ralentir.”
“Je connais mes limites, Sonata. Et en quoi ça peut t'intéresser ?”
“J’ai envie qu’Aria puisse profiter de ta présence un maximum,” répondit-elle candidement.
La jeune femme recula un peu sur son siège, surprise par cette réponse aussi franche. Elle commença à bégayer un semblant de défense, mais la sirène était déjà partie voir une autre de ses amies qui elle aussi avait un verre à la main.
“Elle m’a obligé à compter les verres,” fit Applejack qui posait un plateau sur le bar. “Elle m’a même fourni une estimation d’combien vous tiendriez en alcool. Elle a vraiment l’air de tenir Aria.”
“C’est vrai,” fit la couturière en rougissant légèrement, “je suis un peu bête des fois.”
“De quoi tu parles ?”
“Rien, c’est juste que… j’ai l’impression qu’elle essaye… c’est compliqué.”
“J’te connais depuis qu’on est gamines, tu peux tout m’dire,” la rassura la fermière.
“C’est rien, je suis un peu perdue en ce moment,” répondit Rarity en buvant son verre. “J’ai l’impression… que tu ne comprendrais pas.”
“J’peux te poser une question ?”
“Bien sûr, darling,” accepta-t-elle prestement.
“Tu la trouves comment Aria ?”
“Je... “ bafouilla la styliste, “c’est quoi cette question ?”
“Réponds-moi franchement, s’te plait. Tu la trouves attirante ou pas ?”
“Ce n’est pas tes affaires,” répondit sèchement la jeune femme en se levant.
“Attends,” fit Applejack en retenant son amie par le bras. “J’sais qu’elle te plait, j’sais aussi que tu lui plais. J’sais aussi que si tu refuses de l’accepter, c’est à cause d’moi.”
“Tu ne sais absolument rien de ce que je ressens,” hurla Rarity en se libérant, “alors ne fait pas semblant de savoir.”
Tout le monde se tourna vers les deux filles, Sunset s’approchant pour intervenir, mais elle fut retenue par le docteur Star qui lui demanda de leur laisser un peu plus de temps.
“J’vois bien qu’tu essaies de t'intéresser aux hommes, mais qu’t’y arrives pas,” répliqua la fermière. “J’vois bien qu’tu es pas heureuse comme ça, juste parce qu’j’t'ai dit une connerie quand on avait six ans.”
“Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. Je vais très bien, et je suis sûr que je trouverais l’homme qui me correspond un jour, c’est juste que… aucun ne me plait pour l’instant.”
“Rarity, tu sais très bien qu’c’est faux. Quand on était gamine, j’t’ai dit qu’le fait qu’aimer les filles c’tait pas naturel… mais j’avais tort,” cria la fermière avec des larmes au bord des yeux. “C’était c’qu’on m’avait dit, mais… j’avais tort, et eux aussi. Une femme en aimer un autre, et c’pareil pour les hommes.”
“Tu crois vraiment que j’aime les femmes ? Tu crois que je suis comme ces femmes qu’on m’a appris à détester ? Tu ne me connais vraiment pas en réalité.”
“Je…” commença la fermière.
“Depuis des années, j’entends qu’elles devraient avoir honte, qu’elles devraient se cacher, qu’elles ne devraient même pas exister, et toi, tu viens me dire que je serais comme elles ?”
“Rarity, je... “
“Tu as raison, oui je trouve les femmes attirantes, bien plus qu’aucun homme. Mais je dois le cacher, je dois rejeter ce sentiment” répondit Rarity.
“Pourquoi ?” demanda Pinkie Pie qui surgit entre les deux femmes.
“Pinkie ?” fit la styliste avec surprise en regardant autour d’elle. “Je…”
“Pourquoi tu dois rejeter tes sentiments ? Si tu aimes quelqu’un, il faut le lui dire,” expliqua la fêtarde en la serrant dans ses bras, “et aussi le montrer comme ça.”
Rarity se mit à paniquer et repoussa violemment son amie avant de courir vers la sortie.
“Je pensais qu’un câlin allait la calmer,” se lamenta Pinkie.
“Je vais aller la voir,” fit Sunset.
“Non, je vais m’en occuper,” l’interrompit Star. “Je pense qu’elle a besoin de s’isoler un peu.”
Personne ne vint la contredire, la laissant sortir juste derrière la jeune femme.
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“J’ai vraiment une mine horrible,” annonça Adagio en se regardant dans le miroir. “J’espérais vraiment avoir un peu plus de couleur pour ton anniversaire.”
“Je suis heureuse que tu sois là,” répondit Aria en s’acharnant sur la tache de sang sur la robe.
“Pas autant que moi de sortir enfin de ces quatre murs, même si être avec toi la meilleure partie de cette sortie.”
“J’ai… été vraiment surprise de te voir chanter. Tu refusais de le faire depuis…”
“Qu’on s’est fait battre. C’était idiot de ma part. C’était idiot de ma part de tout vouloir te mettre sur le dos. Tu as toujours été présente pour nous… et je ne voulais pas faire à ma propre incompétence. J’ai…”
“Où est ma sœur ?” demanda la sirène violette. “Qui êtes-vous ?”
“Comme si je ne m’étais jamais excusée avant,” s’indigna-t-elle.
“Jamais aussi vite,” répondit Aria. “Mais je suis vraiment heureuse de te voir. Je sais que j’aurais dû venir te voir plus tôt, mais c’était trop… difficile.”
“C’était difficile pour moi aussi, mais ça m’a permis de réfléchir, de repenser à ma vie, et surtout à tout ce que je vous ai fait vivre. J’ai vraiment été horrible.”
“Nous l’avons toutes été, chacune à notre façon. Nous ne sommes pas parfaites, même si nous l’avons cru à une époque. Il nous reste encore un peu de temps pour rectifier le tir.”
“Je sais déjà comment je vais passer une partie de ce temps,” fit l’ancienne sirène jaune avec un sourire. “J’espère que vous m’aiderez.”
“J’essayerais de venir plus souvent pour te soutenir,” répondit Aria. “Être avec toi me rappelle combien tu me manques.”
“J’en serais heureuse, mais ce n’est pas de ça que je parle,” rajouta-t-elle avec gloussant. “La maison risque de devoir subir quelques modifications pour accueillir mon enfant.”
La future tante leva les yeux de la tache afin de regarder le visage de sa sœur. Elle pensait avoir rêvé en entendant ces mots, et elle fut encore plus surprise en voyant le visage d’Adagio rayonner d’une aura chaleureuse. Elle ne l’avait jamais vu comme cela. Elle l’avait déjà vu sourire de joie, mais cette fois c’était différent, il n’y avait rien de malicieux dedans, juste un peu de fierté.
“Tu… l’as enfin accepter ?” demanda finalement Aria.
“Aussi idiote que je sois, au bout d’un moment, j’ai bien dû me rendre à l’évidence… nous ne sommes plus que des humaines ordinaires… ou au moins moi.”
“Nous sommes toujours des sirènes,” lui répondit-elle, “et ça, personne ne pourra nous l’enlever.”
“Je… tu as raison,” fit l’ancienne sirène en détournant le regard. “Au fait, cette… Rarity, je crois, j’ai l’impression qu’elle porte une de tes robes.”
“Oui,” acquiesça simplement la sirène mauve.
“Je ne l’ai jamais vu avant. Tu es vraiment doué pour faire des robes rapidement. Même quand j’imite un de tes modèles, ça n’a ni le panache ni l’âme de ce que tu fais.”
“Je me disais bien que ta robe me disait quelque chose. Je suis surprise qu’il t’ait laissé coudre, ce n’est pas dangereux.”
“Ils ne l’ont pas fait.”
“Attends, tu veux dire…”
“Que j’ai préféré faire passer clandestinement un nécessaire de couture plutôt que de la drogue ?” lança Adagio. “Oui, et clairement ça s’est avéré être plus difficile que ce que je croyais.”
“Je… n’allais pas dire ça comme ça,” répondit Aria étonnée. “Et je suis flattée que tu es choisi un de mes modèles, mais pourquoi tu as pris ce risque.”
“Comparé à tous ceux que tu as pris en 1500 ans, c’est rien. Et ça en valait la peine. Être avec toi ce soir vaut tous les risques du monde,” fit-elle en sautant au cou de sœur. “Je suis désolée Aria.”
“Ce n’est rien,” la rassura l’intéressée en rendant l’étreinte. “On fait toutes des erreurs.”
“Au fait, cette Rarity, c’est ma future belle-sœur ?” demanda l’ancienne sirène en riant un peu. “Tu as toujours eu du goût en matière de femme, et celle-là ne fait pas défaut.”
“Elle… m’a repoussé. Elle n’a pas l’air prête, tu sais toutes ces conneries que les humains ont inventées sur le fait que ce serait contre nature.”
“On en a vu des idées idiotes de leur part, mais c’est vrai que là ils ont fait fort,” répliqua Adagio. “Mais rassure-moi, tu ne vas pas en rester là ? La Aria que je connais ne baisse pas les bras pour si peu. Elle était capable d’avoir toutes les femmes qu’elle voulait.”
“Nous avions des pouvoirs à l’époque, et même si nous les avions encore, je n’ai pas envie de la forcer. Je ne veux plus forcer personne à faire quoi que ce soit.”
“Tu sais, les seules femmes qui ont compté pour toi, elles n’étaient pas sous un quelconque pouvoir magique, mais juste sous ton charme naturel,” lui fit-elle en replaçant un peu la chevelure de la sirène violette.
“J’ai quand même fini par utiliser mon pouvoir sur les deux,” déplora Aria.
“Oui, mais bien plus tard, et jamais pour qu’elles t’aiment. À chaque fois, c’était sincère, c’est ta personnalité qu’elles appréciaient, sans aucune influence. Je suis certaine qu’avec du temps, elle t’aimera comme les autres.”
“Du temps ?” répondit-elle d’un ton las en regardant distraitement en l’air. “On ne sait pas combien il nous en reste.”
“Raison de plus pour en profiter,” l’interrompit Adagio, “et en évitant les conneries de préférence. Profite de sa présence ce soir, profite de la présence de tous ceux qui sont là, car comme tu le dis, nous ne savons pas combien de temps il nous reste.”
“Tu as bien changé.”
“Pas vraiment. J’ai toujours profité de l’instant présent, même si je prévoyais sur beaucoup plus longtemps. Au final, on est devenues comme eux, on a plus qu’une vie. Et à force de parler avec cette saletée de Docteur Star, je me suis aperçu que je les ai toujours enviés, comme j’ai toujours envié tes relations avec les humains. Mais on en rediscutera une autre fois, vu que tu as fini de nettoyer ma robe. Allez, on retourne voir tout le monde.”
“Je te suis,” termina Aria.
Les deux femmes sortirent des toilettes avec un échange de sourire avant de voir l’attroupement des différentes personnes. Elles se regardèrent, essayant de comprendre ce qui avait bien pu se passer. Elles virent l’une des invitées de dernière minute, Vinyl, qui se tenait à côté d’elle. Machinalement, elles demandèrent par le langage des signes ce qui venait de se passer.
“Il semblerait que Rarity et Applejack aient des différends à régler,” répondit en bougeant les mains la DJ. “Et tu peux parler normalement si tu veux, ça ne me gène plus depuis longtemps.”
“Désolée,” s’excusa Aria. “Que s’est-il passé exactement.”
“Je ne sais pas trop, mais je crois qu’A.J. a voulu parler d’un truc, et ça n’a vraiment pas plus à Rarity qui lui a hurlé dessus avant de partir en courant. C’est tout ce que je peux t’en dire.”
“Merci quand même,” fit la sirène en commençant à se diriger vers les petits groupes qui s’étaient formés.
Elle fut retenue par la jeune fille qui recommença à faire des signes lorsqu’elle fut sûre qu’Aria pouvait les voir.
“Comment tu as rencontré ma sœur ?” demanda-t-elle.
“Je n’ai pas la tête à répondre à tes questions,” répondit sèchement l’ancienne immortelle violette. “Et je ne connais pas ta sœur.”
“Tu ne pourras rien faire, Applejack est avec Sunset et Fluttershy, et une femme est partie pour rattraper Rarity.”
“Aria,” l'interrompit Adagio, “je ne vois pas Star. Elle est où ?”
“Du calme,” fit la sirène violette en attrapant la main de sa sœur qui commençait à trembler. “Ce doit être elle qui est sorti avec Rarity. À quoi ressemblait cette femme, Vinyl ?”
“Elle ressemble un peu à ma sœur, en plus grande, et avec des yeux vairons. Pas la même coiffure non plus, plus courte.”
“Qui est ta sœur ?” demanda Aria.
“Octavia, enfin tu l’appelles Ticka.”
“C’est elle. Tu vois, tu n’as pas à t'inquiéter, Adagio.”
“Mais… si elle ne revient pas ? Comment je fais, je ne suis pas censé être là,” paniqua-t-elle. “Elle m’a fait sortir sans autorisation, je peux pas me pointer là-bas sans avoir de problèmes… et si quelqu’un l’apprend... “
“Hé, tout doux,” reprit Aria en forçant sa sœur à la regarder. “Star ne va pas t’abandonner, elle va revenir te chercher. Si tu veux, je peux l’appeler, j’ai son numéro. Tout va bien.”
“Je... suis désolée,” s’excusa l’ancienne sirène jaune. “C’est juste que…”
Aria lui tendit son téléphone, le nom du docteur sur l’écran. Adagio n’avait plus qu’à appuyer sur le bouton appel. Elle hésita à prendre l’appareil, mais finit par s’en saisir, le plaçant rapidement sur son oreille. La tonalité semblait la rassurer, tout en la maintenant dans une certaine crainte. Chaque arrêt dans ce son donnait un petit sourire à l’ancienne sirène, qui disparaissait au moment où il revenait. Dès que le docteur décrocha, elle se mit à parler frénétiquement.
Les deux femmes regardèrent Adagio s’asseoir dans un coin, serrant le téléphone comme un trésor. Aria posa son regard sur la jeune muette. Cette dernière semblait s’ennuyer un peu.
“Tout va bien pour toi ?” reprit la sirène. “J’ai l’impression que tu n’es pas vraiment heureuse d’être ici.”
“Je rate une Rave Party pour accompagner ma sœur,” mima-t-elle en sortant son téléphone et en montrant une photo à Aria. “20k de son, et personne pour s’en plaindre.”
“Les caissons de basses sont surdimensionnés, et vu l’emplacement, l’acoustique doit être vraiment mauvaise, et vous perdez beaucoup de puissance pour rien.”
“Les basses, il n’y a que ça de vrai,” répondit la DJ. “Mais tu as l’air de t’y connaître un peu.”
“J’ai refait l’installation en arrivant, et j’ai eu quelques années pour apprendre,” expliqua la sirène avec un sourire. “Et je pense qu’un bon équilibre est plus profitable.”
“Tu joues d’un instrument ?”
“En dehors de ma voix, qui n’est plus ce qu’elle était,” fit Aria en regardant le sol avant de reprendre, “je sais jouer de plusieurs instruments, oui. J’apprécie beaucoup la guitare, entre autres.”
“Je suis intriguée, mais tu pourrais me montrer l’installation ?”
“Je vais même faire mieux. Tu veux l’essayer ? Il doit y avoir un synthé qui traîne, Un XF je crois,” lança la sirène en faisant un mouvement de la main.
Le visage de la musicienne s’illumina d’un grand sourire. Elle se leva rapidement, prête à suivre Aria dès que celle-ci lui montrerait le chemin. Adagio raccrocha à ce moment-là, un grand soulagement dans son regard.
“Elles reviennent, dans une dizaine de minutes, mais elles reviennent,” annonça-t-elle jovialement.
“Tu vois, il n’y avait pas besoin de t'inquiéter,” lui répondit la sirène violette. “Tu nous suis ?”
“Où ?”
“Sur scène. Je n’aime pas l’ambiance, et ça fait trop longtemps que nous n’y avons pas été ensemble.”
“Tu… n’as pas peur de chanter en duo?”
“Je suis terrorisée, donc je ne le ferais pas. Mais je suis certaine que tu sais ce que je veux faire.”
“Tu n’as aucune chance, petite sœur,” répliqua Adagio avec un grand sourire carnassier.
“Vous allez faire quoi ?” demanda Vinyl.
“Un duel de groupe improvisé,” répondirent-elles de concert.
“J’ai un mauvais pressentiment,” ajouta la DJ.
Les trois femmes montèrent sur la scène, les deux sœurs se défiant du regard. Aria partit chercher des instruments dans une petite salle cachée derrière les rideaux. Elle les brancha sur une grande table de mixage. Elle saisit un micro pendant que Vinyl s’installait derrière un clavier qu’elle n’avait jamais cru pouvoir toucher un jour.
“Votre attention, s’il vous plaît,” commença Aria, attirant tous les regards sur elle. “Je voulais vous remercier d’être venu, et je reconnais ne pas être la plus souriante des femmes. Cependant, ce n’est pas une raison pour m’imiter aujourd’hui.”
Elle fit un pas en avant, parcourant toute la salle du regard. Il n’y avait pas beaucoup de personnes devant elle, mais elle était heureuse d’avoir trouvé le courage de remonter sur scène devant un public, aussi réduit soit-il. Elle vit Applejack sortir de la pièce réservée aux employés, suivie des deux femmes qui l’avaient accompagnée. Elle remarque aussi Aura qui souriait en la voyant, ce qui la fit sourire elle aussi. Il ne manquait plus que deux personnes pour que cette vue soit parfaite.
“Adagio et moi allons nous prêter à un petit jeu auquel nous n’avons pas joué depuis longtemps, trop longtemps,” reprit-elle. “Je vais cependant avoir besoin de l’aide de certains d’entre vous. Earth Quake, tu peux venir sur scène avec ton groupe ?”
Les trois hommes se levèrent, exécutant la demande de la sirène avec un grand sourire. Ils s’installèrent rapidement, prenant chacun leur instrument de prédilection.
“Vous serez dans l’équipe d’Adagio,” fit-elle en se dirigeant vers la batterie. “Par contre, il me faut un peu de place pour mon batteur.”
Elle appuya avec son pied sur un petit mécanisme qui souleva l’instrument, révélant que ce dernier était placé sur une planche prévue pour être déplacée. Elle se mit à pousser l’ensemble qui alla s’insérer dans un autre emplacement qui verrouilla sa position, la redescendant au niveau de la scène.
“Sympa comme système,” s’émerveilla Shock Wave, le batteur du groupe.
“On gagne du temps en installation,” lui répondit Aria avant de reprendre son micro. “Bon, je vais avoir besoin d’un batteur. Pinkie, tu veux bien venir ?”
La jeune fille sauta jusqu’à la scène, un énorme sourire aux lèvres.
“Vraiment ?” hurla-t-elle.
“La dernière fois que je t’ai entendu jouer, je t’ai trouvé très douée, donc oui, tu es mon batteur,” annonça la sirène pour Pinkie avant de reprendre le micro. “Ma voix n’étant plus ce qu’elle était, je vais aussi avoir besoin d’un chanteur, ou d’une chanteuse. Sunset…”
Elle s’interrompit en voyant Rarity rentrer, accompagnée du docteur Star. La jeune styliste avait les yeux encore un peu humides, mais elle se mit à sourire en voyant la sirène sur scène.
“Désolée,” reprit Aria, “je sais que je t’avais promis que je chanterais avec toi sur scène quand j’en aurais le courage, mais… Rarity, accepterais-tu de chanter avec moi ?”
La jeune femme fut surprise de cette demande, elle croisa le regard de la sirène avant de chercher Sunset dans le public réduit. Cette dernière lui fit un signe d’approbation, suivi d’un geste l’invitant à rejoindre la scène. Elle sentit quelqu’un la pousser un peu. La psychiatre lui murmura des paroles réconfortantes et l’invita à faire ce qu’elle lui avait dit, avant de la pousser un peu plus fort.
Aria lui tendit la main pour l’aider à monter sur l’estrade. Elle hésita rapidement avant de la saisir et de finalement mettre le pied sur la scène. Pinkie avait fini de sortir une deuxième batterie qu’elle avait installée en face de l’autre, et une guitare électrique était posée juste à côté du synthétiseur de Vinyl. Elle répondit au grand sourire d’Aria par un autre, un peu plus gêné. Elle aurait apprécié avoir un peu de temps pour vérifier son maquillage, celui-ci ayant dû couler lorsqu’elle avait pleuré.
“Je ne sais pas ce que tu comptes faire,” commença-t-elle, “mais ça ressemble beaucoup…”
“Sonata, tu arbitres ?” fit Aria dans son micro avant de se tourner vers la styliste. “Avec toi en chanteuse, on va gagner cette petite bataille d’improvisation.”
“Tu as l’air si sûre de toi,” répondit Rarity. “Je ne suis pas doué en improvisation, c’est Fluttershy ou Rainbow qui écrivent les chansons, pas moi.”
“C’est pas grave, je rattraperais le tout avec mes talents à la guitare. Juste, amuse-toi. Chante ce qu’il te vient en tête, on s’adaptera pour le tempo et la mélodie. “
“Je…”
“Ne t’inquiètes pas, fais-moi un beau sourire, et amuse-toi.”
“Très bien,” conclut Rarity.
“Mesdames et Messieurs,” hurla Sonata dans le micro qu’elle venait d’attraper, “nous sommes ici pour un band battle. À ma gauche, la grande, la magnifique Adagio Dazzle, accompagnée des membres du groupe Disturbed Ride. Est-ce que le fait de se connaître leur donnera l’avantage suffisant pour gagner ?”
Aria la regarda faire, la sirène bleue faisant de grands gestes comme si elle était devant une foule immense. Elle était amusée de la capacité de sa petite sœur de s’impliquer autant dans une telle activité. Cette dernière imitait la voix des présentateurs de match de boxe. Les personnes présentes s’étaient mis à crier pour suivre l’énergie de Sonata. Il y avait beau avoir moins de vingt personnes dans la salle, elles donnaient l’impression à la sirène d’être des centaines.
“Ils feront face à la quadruple gagnante de nos précédentes éditions, invaincue depuis l’arrivée de l’électricité, Aria Blaze, qui aujourd’hui laisse sa place de chanteuse à une des plus grandes couturières de tout Canterlot, Rarity, et nous montrera sa maîtrise absolue de la guitare, fruit de trois, et oui j’ai bien dit trois, cent ans de pratique. Ce magnifique couple sera accompagné de Pinkie Pie à la batterie, mais surtout de la grande DJ PON-3 au synthé. Est-ce que tous ces talents réunis auront ce qu’il faut pour battre leur adversaire ?”
Le public se remit à crier de plus belle, tous portant un grand sourire.
“Je vais maintenant vous rappeler les règles : les deux groupes devront improviser une chanson courte chacun leur tour, d’environs une minute et trente secondes. Le chant n’est pas obligatoire dans tous les passages, sauf dans le premier, et doit être présent au moins une fois sur deux. Tous les membres du groupe peuvent chanter, mais jamais plus longtemps que le chanteur. Il est interdit de charmer les membres du groupe adverse.”
Sonata s’arrêta en réalisant ce qu’elle venait de dire.
“Tu as compris Aria ?” fit une voix derrière elle. “Alors, arrête de draguer mon guitariste.”
“Oh,” s’indigna une autre voix du côté opposé, “c’est à moi que dit ça alors que tu lances des regards à ma claviériste depuis que tu es sur scène.”
La sirène bleue retrouva le sourire en entendant ses deux sœurs se disputer comme elles l’avaient toujours fait.
“On se calme,” hurla-t-elle de nouveau dans le micro. “On se bat avec la musique, c’est les règles. Le vainqueur sera désigné par votre serviteur, la seule et unique Sonata Dusk. Maintenant, Adagio, musique.”
Elle désigna le groupe de sa sœur avant que la batterie de celle-ci ne se mette à battre un rythme jazzy. Le son d’une basse vint rapidement la rejoindre, suivi de celui d’une guitare. Au bout de quelques secondes, Adagio s’avança et commença à chanter d’une voix hésitante.
La vie t’a mise sur mon chemin, comme ça un beau matin,
Pendant cent ans, j’étais la seule à posséder notre pouvoir,
Et ce jour où je t’ai rencontré, tout s’est illuminé
Je ne serais plus jamais seule, nous pouvions tout avoir.
Jamais je n’avais été si heureuse, et pourtant j’ai tout gâché.
À cause de la jalousie me rongeait, je t’ai rendue malheureuse
Et aujourd’hui, je me tiens devant une femme forte,
Qui a vécu tant de choses, vécu tant de vies
Mais qui a toujours été là pour ceux à qui elle tenait.
Même quand le sort s’acharnait sur elle
Elle faisait front pour nous protéger
Tout en restant à jamais à mes yeux la plus belle.
Sa voix avait pris beaucoup d’assurance pendant qu’elle chantait, un grand sourire lui parcourant le visage en voyant la surprise dans les yeux de sa sœur. Aria n’avait jamais vu sa sœur lui parler ainsi, tout du moins pas en public, et encore moins dans une bataille. Lorsque les instruments de leur adversaire se turent, elle eut du mal à saisir sa guitare, mais retrouva assez vite sa prise.
Vinyl commença à jouer une mélodie calée sur le rythme que c’était mis à jouer Pinkie. Ce dernier était assez soutenu, et Aria commença à jouer avec un son saturé en doublant le rythme. Rarity saisit le micro, et s’avança en prenant une grande inspiration. Elle se mit à hurler d’une voix bien plus grave de ce que l’on aurait pu attendre de sa voix. Elle arrivait à suivre la vitesse de la musique sans aucun problème.
Tu es venue ce soir, gloire à toi.
Aucun de nous ne sait ce que vous avez vécu, et je suis sûre que vous avez tout vu,
Mais si une chose est certaine, c’est que l’attention que tu lui portes est sincère.
Je ne sais pas ce que tu lui as fait dans le passé, mais tout peut être oublié.
Rarity fit un geste que comprirent immédiatement les trois musiciennes, Pinkie accéléra encore le rythme pendant que Vinyl s’était mise à jouer deux octaves plus haut, tout en changeant pour un instrument plus naturel. Aria quant à elle se lança dans un riff enflammé. Rarity se mit à chanter avec une voix bien plus aigüe et claire.
Une nouvelle vie s’offre à vous
Saisissez votre chance
Arrêtez de penser au passé
Acceptez notre amitié
La vie ne vous a pas épargnées, et nous l’avons aidée.
Mais tout ce qui vous arrive aujourd’hui peut vous mener à une grande félicité,
Par le passé, nous étions ennemies, et pourtant aujourd’hui nous sommes amies,
regardez tout le chemin que vous avez fait, regardez tout ce que vous avez accompli
Ne regrettez pas ce que vous avez été, n’oubliez pas vos vies bien remplies.
Retenez toutes vos erreurs afin d’éviter de reproduire ces infamies
Mais surtout, soyez là, avec vos amis et votre famille
Acceptez de montrer votre amour, aujourd’hui et pour toujours.
La musique s’arrêta sur une longue note maintenue de guitare. Rarity avait un grand sourire, et attendait la réaction d’Adagio. Cette dernière lui rendit son sourire avant de reprendre son micro, le groupe s’étant mis à jouer un morceau d’inspiration rock. Elle laissa passer quelques secondes avant de se mettre à chanter.
Tu nous dis de montrer notre amour, mais qu’en est-il du tien ?
Nous étions maîtresses en manipulation, mais tu sembles l’être en dissimulation.
Peut-être sommes-nous prêtes à changer, l’avons-nous peut-être déjà fait ?
Mais toi, es-tu prête à accepter tes sentiments, et à les avouer ?
La musique s’arrêta, et Adagio se mit à fixer Rarity, du défi dans le regard. Vinyl commença à jouer une musique très électronique, au rythme lent. Pinkie se cala facilement sur ce tempo, tout comme Aria.
Rarity était tétanisée pendant que son groupe jouait. Elle semblait se battre avec elle-même, incapable de prendre une décision. Au moment où la musique se tut, elle se retourna vers la sirène violette. Elle fit un pas en avant et l’attrapa par le col. Après un léger moment d’hésitation, elle posa ses lèvres sur celles de l’ancienne immortelle.
Le monde disparu autour d’elle. Elle était si heureuse d’avoir osé embrasser la sirène. Elle profitait de ce moment aussi longtemps qu’il durerait. Elle sentit les bras d’Aria s'enrouler tendrement autour de son cou. Elle ne se souciait plus de ce qu’on lui avait dit, de ce qu’elle avait considéré comme acceptable en public avant. Tout ce qui était important pour elle, c’était cette sensation agréable au contact de la peau d’Aria, ce sentiment de victoire et surtout, une forme de délivrance lorsqu’elle a accepté ses sentiments.
Un grand bruit vint troubler ce moment. Elle avait l’impression qu’il s’agissait du tonnerre, mais plus elle quittait la petite bulle qu’elle s’était créée, plus elle arrivait à distinguer ce que c’était. Lorsqu’elle décolla enfin ses lèvres de celles d’Aria, elle put voir que toutes les personnes présentes les applaudissaient. Elle fit un grand sourire à la sirène qui lui rendit.
“C’était juste pour faire taire ma sœur,” demanda l’ancienne immortelle, “ou tu es réellement prête à tenter ta chance ?”
“Un peu des deux,” répondit-elle en riant un peu. “J’ai un peu peur de ce qui va arriver, mais j’ai vraiment envie d’essayer.”
“C’est toujours comme ça au début,” la réconforta Aria, “mais on s’y fait rapidement. J’espère que tu as apprécié le moment, car ils risquent de ne plus nous lâcher de la soirée.”
“J’espère que nous aurons quand même un peu pour nous.”
“Je n’en doute pas une seconde,” termina la sirène avant de voir ses sœurs se placer de chaque côté de Rarity.
Elle sentit alors une main venir se poser sur son épaule. Elle se retourna pour voir qui osait la toucher. Au même moment, la jeune styliste faisait de même pour demander ce que lui voulaient les deux anciennes immortelles.
“Aria,” commença Applejack en posant son autre main sur la deuxième épaule de la sirène, “j’dois te prévenir. Rarity est ma meilleure amie depuis l’enfance. Si tu lui brises le cœur, tu auras affaire à moi.”
“Même si tu ne me fais pas peur,” répondit-elle avec un sourire, “je te promets de tout faire pour éviter de la blesser, mais je répondrais à toutes ses questions sur mon passé… un jour ou l’autre.”
“Fais attention à elle,” termina la fermière en rendant le sourire, “c’est tout ce que je te demande.”
Au même moment, les deux sœurs d’Aria prenaient la couturière à partie, un sourire inquiétant sur le visage.
“Nous allons être très simples,” menaça Adagio d’une voix froide, “si tu brises le cœur de notre sœur, non seulement elle te fera souffrir, mais nous l’aiderons.”
Rarity s’était mise à trembler, ne sachant pas comment réagir.
“Mais vu comment tu réagis,” continua Sonata d’un ton sérieux, “je suis certaine que tout va bien se passer. Et si tu es honnête avec elle, je peux t’assurer que non seulement elle te protégera jusqu’à la fin des temps, mais qu’elle te sera d’une fidélité sans failles,” ajouta-t-elle avant que les visages des deux sœurs ne s’illuminent. “Et en plus, tu gagnes les deux meilleures belles-sœurs de deux univers.”
“Hey, arrêtez de lui faire peur comme ça,” intervint Aria en se plaçant devant Rarity. “Si tu essayes de la déstabiliser, ça ne te fera pas gagner. J’ai toujours été meilleure que toi, et tu le sais très bien, alors remets-toi à chanter, que Sonata nous déclare gagnantes.”
“Comme si on avait une chance,” se lamenta Adagio. “Surtout après ce magnifique duo que vous venez de faire toutes les deux. Mais on va essayer.”
Elle se tourna vers le groupe, mais elle se mit à tousser légèrement.
“En fait, Aria,” fit-elle en se retournant, “je vais plutôt abandonner. Comme tu l’as si bien dit, tu es meilleure que moi.”
“Tu vas bien ?” s’inquiéta la sirène violette.
“Je me sens un peu mal… je suis désolée, mais je vais devoir partir plus tôt que je l’espérais. J’aimerais juste voir ce que les gens vont t’offrir.”
“Je n’attends pas de cadeaux, leur présence me suffit,” répondit Aria.
“Tu dis toujours ça, mais tu as toujours l’air heureuse quand tu les reçois,” fit Adagio en se tournant vers Pinkie. “Est-ce qu’il serait possible de passer directement au gâteau ou tout autre rituel que vous avez prévu ? Je risque de devoir partir, et j’ai vraiment envie de voir ce que vous avez fait.”
“Bien sûr,” accepta la jeune femme rose en se précipitant vers la cuisine, suivie de près par Sonata.
Toutes les personnes présentent sur scène en descendirent. Aria tenait la main de Rarity, la guidant vers le bar. Avant que les jeunes femmes ne reviennent, elle commanda deux verres qu’elle partagea avec sa nouvelle petite-amie tout en se plongeant dans ses yeux. Rarity était un peu gênée, un ton pourpre sur ses joues.
Toutes les lumières s’éteignirent, et la couturière en profita pour se blottir dans les bras de la sirène. Cette dernière la laissa faire, profitant de moment pour poser un baiser sur les cheveux de la jeune femme, tout en resserrant tendrement ses bras autour d’elle.
Des bougies apparurent de la porte qu’avaient traversée Pinkie et Sonata au moment où tout le monde s’était mis à chanter la chanson traditionnelle. Le gâteau illuminait la pièce de toutes les flammes qui le recouvrait, bien plus que ce à quoi la sirène s’attendait. Elle vit tout le groupe s’écarter pour laisser passer un immense plateau avec une grande pièce montée dessus.
Aria lâcha la femme dans ses bras, des larmes perlant au bord de ses yeux en voyant l’œuvre d’art qu’avaient réalisée Pinkie et Sonata. Elle savait que les deux femmes étaient toutes deux douées pour la pâtisserie, mais elle ne s’attendait pas à voir une telle sculpture. Elle y était représentée, accompagnée de ses deux sœurs dans leur tenue de soirée. Les trois sirènes étaient entourées par toutes les personnes présentes à cette soirée, à l’exception d’Applejack, mais ce qui la surprit le plus, c’était le texte sur le gâteau. Il y était écrit :
“C’est comme cela que nous nous souviendrons de ce jour, comme ton nouveau départ dans lequel nous te soutiendrons. Joyeux 1 500 ans, Aria Blaze.”
Les bras de Rarity vinrent s’enrouler autour du cou de la sirène, la sortant de sa surprise. Elle l’aida à se lever, un sourire sur le visage. Elle tira Aria jusqu’au gâteau, cette dernière étant toujours sous le choc de la surprise. Un son de déclencheur se fit entendre, attirant le regard des deux femmes. Sonata pointait l’objectif d’un de ses appareils photo vers le couple.
“Vous étiez si mignonnes,” intervint la sirène bleue, “j’ai pas pu m’en empêcher. Maintenant, si tu veux bien souffler les bougies. Il y en a 150, on voulait en mettre 1500, mais Aura n’a pas voulu, et au final je pense qu’il avait raison, mais ça aurait été tellement bien qu’il y en ait 1500 et pas juste 150.”
“Tu sais que tu es folle. 150, c’est bien suffisant. Merci.”
Elle prit un peu plus de temps pour regarder toutes ces petites flammes, une pour chaque dizaine d’années passées depuis qu’elle était devenue sirène. Elle prit une grande respiration et les souffla. Elle dut s’y reprendre à deux fois, mais lorsqu’elle les eut enfin toutes éteintes, tout le monde se mit à l’applaudir.
“Avant de couper le gâteau, c’est les cadeaux,” annonça Sonata en sautillant.
“Vous n’étiez pas obligé de m’offrir quoi que ce soit,” intervint Aria. “Votre présence ce soir est bien suffisante.”
“Tu dis ça à chaque fois,” fit Adagio avec un sourire, “mais au final, tu es toujours heureuse d’en recevoir.”
Une partie des personnes présentes posèrent des paquets sur le comptoir, pendant que Snow et Sunset sortaient une mallette de sous le bar. Chaque paquet était plus ou moins bien emballé, certaines couleurs étaient bien plus criardes que les autres, mais cela importait peu pour la sirène. Elle était heureuse de voir autant de monde prêt à lui offrir quelque chose, et cette fois sans qu’ils ne soient manipulés.
L’un d’eux attira son attention. Il était bien plus petit que les autres, et son emballage était vraiment sommaire, comme s’il avait été fait avec tout ce que la personne avait pu trouver. Elle s’en saisit et l’ouvrit. Dans une boîte en carton improvisait se tenait un bracelet en or, chaque maillon était serti d’une petite pierre rouge. Le fermoir était plutôt simple, comme si la personne qui avait réalisé ce bijou n’avait pas eu accès à toutes les ressources qu’elle aurait eues besoin, mais ce dernier tenait bien fermé. Aria tourna son regard vers Adagio.
“C’est toi qui l’as fait ?” demanda-t-elle en désignant le bracelet.
“Oui. Il est bien plus simple que ce que j’avais imaginé, mais j’ai des difficultés à garder mes mains stables en ce moment… je suis déso…”
“Il est magnifique,” l’interrompit-elle. “Tu n’avais pas fait de joaillerie depuis des années, mais tu es toujours aussi douée. J’ai juste du mal à imaginer où tu as pu trouver les outils et les matériaux pour le réaliser.”
“Moi aussi,” intervint Star, “mais pour l’instant, ce n’est pas grave. C’est vraiment un ouvrage magnifique Adagio. Je suis certaine que tu devrais continuer à en faire.”
“Nous en reparlerons plus tard, docteur, si vous le voulez bien. Nous aurons encore plein de temps pour en discuter dans l’avenir. Aria, ouvre les autres, j’ai vraiment envie de voir ce que les gens t’ont offert.”
La sirène violette lui fit un grand sourire en attachant le bracelet autour de son poignet. Elle attrapa un autre paquet, très long, et assez lourd. Il contenait un Nodachi, avec tout le matériel pour entretenir la lame. Aria s’attendait à voir une arme de décoration, avec une lame factice, mais lorsqu’elle le sortit de son fourreau, elle vit que celle-ci était parfaitement forgée, et qu’elle était affutée. Il n’y avait aucun éclat, ce qui lui faisait dire que cette épée n’avait jamais été utilisée en combat. En prenant l’arme à deux mains, elle sentit que cette dernière était parfaitement équilibrée. Il s’agissait là d’une vraie arme, et pas d’une réplique, elle en était certaine. Elle ne s’y connaissait pas assez pour déterminer l'âge de celle-ci, mais elle était persuadée qu’elle avait été forgée par un maître dans cet art.
Elle rangea l’arme dans son fourreau tout en réfléchissant à qui avait pu lui offrir l’arme. La tradition voulait que celui qui recevait le cadeau devine qui lui avait offert celui-ci, et aucun nom ne devait apparaître sur le cadeau. Elle ne voyait qu’une seule personne capable de lui offrir une arme, et se tourna vers Rainbow Dash.
“Merci,” commença-t-elle.
“Désolée Aria, mais ce n’est pas moi,” répondit la jeune sportive, gênée. “Je ne m’y connais pas assez dans ce genre de truc cool pour oser en offrir un.
“C’est moi,” fit une petite voix timide derrière. “En entendant les histoires que Rainbow m’a racontées sur toi aujourd’hui, je me suis dit que je devais te l’offrir.”
“Merci Fluttershy. C’est un katana magnifique. Même si je ne suis pas vraiment experte dans les épées de cette partie du monde, je peux voir la qualité de sa fabrication et je trouve qu’il s’agit d’une arme réalisée de main de maître.”
“Techniquement, il s’agit d’un Nodachi…” corrigea la jeune fille en se cachant un peu derrière ses cheveux, “mais c’est pas très important. Mon frère sera heureux d’entendre que tu as apprécié son œuvre.”
“C’est ton frère qui l’a fait ?” demanda la sirène. “Je suis impressionnée par son talent. Je sais que ça ne se fait pas, mais pourquoi me l’avoir offert ? Cette arme doit coûter très cher.”
“Pour sa symbolique. Il s’agit de la première arme faite par Zephyr, et elle représente pour lui un nouveau départ. J’espère que cela représentera la même chose pour toi, que comme lui tu réussiras à laisser ton passé derrière toi, de faire de nouveaux choix.”
“Je ferais mon possible,” promit Aria.
Elle posa délicatement l’arme sur le comptoir avant de prendre un autre paquet. En l’ouvrant, elle découvrit une tasse avec l’inscription “meilleure entraîneuse au monde”.
“Sur celui-là, j’ai pas vraiment de doutes, merci R.D.”
“Comme ça, tu pourras boire ton café dans une méga tasse trop cool.”
Elle fit un sourire à la jeune sportive avant d’attraper un paquet bien trop rose à son goût. En l’ouvrant, elle fut surprise par une explosion de confettis, ainsi que plusieurs ballons. Elle n’eut aucun mal à comprendre qui lui avait fait ce cadeau et remercia rapidement Pinkie Pie qui était en train de sauter.
Elle attrapa rapidement l’un des deux paquets restants. Elle l’ouvrit pour découvrir une petite statuette en forme de note de musique. Rien de bien grandiloquent, mais elle ne savait pas qui avait pu lui offrir. Elle fit rapidement le tour des invités, et elle réduit la liste à trois personnes, Vinyl, Octavia et Sunset. Elle regarda les trois, cherchant un indice sur leur visage. Sunset semblait vraiment surprise de voir cette statuette, ce n’était donc pas elle. La sirène regarda donc les deux sœurs musiciennes, et le sourire sur la tête de Vinyl la désignait comme celle qui avait fait ce cadeau.
Il ne lui restait plus qu’un seul paquet, ainsi que deux enveloppes. Elle se laissa tenter par l’une d’entre elles, la plus grande. Elle la décacheta et en sortit un document de plusieurs pages. Elle les parcourut rapidement, surprise de voir leur contenu. Elle se tourna vers Aura qui avait un grand sourire.
“Merci,” hésita-t-elle, “mais es-tu sûr de vouloir de moi à ce poste ? Je suis certaine qu’il y a des gens à qui ça correspondrait mieux.”
“Tu occupes ce poste depuis bientôt deux mois, et j’aimerais que tu y restes. Tu y es bien plus douée que ce que tu crois. Si je te le propose, c’est parce que je suis sûr de moi. Tu es en droit de refuser, bien entendu.”
“Je… ne sais pas,” répondit-elle.
“Accepte Aria,” intervint Sunset. “Tu le mérites, et au moins comme ça quand tu me donneras des ordres, tu auras la légitimité de le faire.”
“Mais, ça veut dire qu’on se verra moins au boulot.”
“On aura toujours moyen de se voir autre part, ne t’inquiètes pas pour ça, surtout si c’est la seule chose qui te retient.”
“Merci,” termina-t-elle avec un grand sourire.
Adagio s’approcha d’Aria et posa sa main sur son front.
“Qu’est-ce que tu fais ?” demanda la sirène violette.
“Je vérifie si tu n’es pas malade. En plus de mille ans, je ne t’ai jamais vu utiliser autant de fois le mot ‘merci’, alors je m’inquiète un peu,” expliqua rapidement l’ex-immortelle jaune.
“Je vais très bien, tu me laisses finir d’ouvrir mes cadeaux maintenant ? je te rappelle que c’est toi qui as insisté pour que je le fasse maintenant.”
“Tu as raison, je te laisse faire.”
Adagio se joignit de nouveau au groupe pendant que la sirène violette attrapa le dernier paquet. Elle l’ouvrit pour découvrir un long écrin violet plutôt travaillé. Elle l’ouvrit pour découvrir un pendentif composé d’une sphère transparente entourée d’une spirale d’argent. À l’intérieur de la sphère se trouvait une plaque de métal sur laquelle était gravé un bouclier noir avec une étoile violette. L’étoile était la même que celle de sa cutie mark, ce qui intrigua la sirène. Elle retourna la sphère pour voir les initiales ‘S.A.’ gravées à l’arrière de la médaille.
“C’est… un magnifique bijou, Star,” commença Aria. “Je vous remercie, mais j’ai du mal à comprendre. Pourquoi m’offrir le collier de Shadow Aura ?”
“Parce qu’à chaque fois que je te vois ou que je te parle, j’ai l’impression de la voir,” expliqua la psychiatre. “Vous êtes différentes sur certains détails, mais vous ressemblez tellement, et pas que physiquement. Vous réagissez de la même manière sur beaucoup de points. Je lui ai offert ce collier quand elle est entrée dans l’armée, quand elle a décidé de changer de vie. Je te l’offre pour que toi aussi tu aies eu le courage de le faire toi aussi.”
“C’est vraiment gentil… mais je n’ai pas envie de vous priver d’un tel souvenir.”
“Il est préférable que tu le portes, et que je ne le voie que pendant nos séances, plutôt qu’il ne prenne la poussière, caché dans une armoire, loin de mon regard.”
“Je… Je ne sais pas quoi dire,” répondit la sirène.
“Un simple merci, ça suffira.”
La sirène violette passa le collier autour de son cou avant de se diriger vers le docteur Star. Elle la prit dans ses bras en signe de remerciement. Elle était parfaitement au courant de ce qu’avait vécu sa thérapeute et la sœur de son patron. Au moment où Aria relâcha son étreinte, la femme lui murmura de prendre soin de Rarity, et de ne pas l’abandonner. La sirène lui répondit qu’elle ferait tout son possible, ne pouvant promettre l’impossible.
“Bon, il ne reste plus que ça,” annonça-t-elle en saisissant la dernière enveloppe, “et rien qu’à l’écriture, je peux déjà te remercier, Sonata.”
“Attends de voir ce qu’il y a dedans,” s’impatienta la sirène bleue.
Aria ouvrit la lettre pour y découvrir un petit flyer d’une agence de voyages. À l’intérieur de ce dernier se trouvaient deux tickets pour un voyage d’une semaine à Paris dans un hôtel de grand luxe. Il y avait aussi une grande somme d’argent entouré d’un papier indiquant “Argent de poche - À n’utiliser que sur place “. La sirène compta rapidement la somme avant de tourner sa tête vers sa petite sœur.
“Deux mille ? Il y a deux mille dollars là,” s’énerva la sirène. “Et ce voyage, il a dû te coûter cher. Tu n’as même pas assez pour te payer les réparations de ta voiture, comment tu as fait pour trouver tout cet argent ?”
“Je me suis débrouillée, ne t’inquiètes pas,” répondit la sirène avec un sourire confiant.
“Non Sonata,” reprit Aria d’un ton strict. “Il n’y a pas de ‘ne t’inquiètes pas’. Je veux savoir si tu as fait quelque chose d’illégal.”
“J’ai rien fait d’illégal. Je ne suis pas idiote, je sais qu’on ne peut plus se le permettre.”
“Ce n’est pas ça Sonata,” fit-elle passant sa main dans ses cheveux avant de se mettre à marcher de droite à gauche. “Bon, si tu n’as rien fait d’illégal, qu’est-ce que tu as fait ? Tu as vendu un appareil de ta collection, c’est ça ?”
“Arrête Aria,” l’interrompit Rarity. “Ta sœur a fait une séance photo il y a pas longtemps. Rien de compliqué, mais ça payait bien.”
“Une séance photo ?” s’inquiéta la sirène. “Ils ne t’ont rien fait porter d’indécent au moins ?”
“Pourquoi ils m’auraient fait porter quelque chose d’indécent ?” demanda Sonata d’un ton candide. “Je ne vois pas pourquoi ils m’auraient demandé de me changer d’ailleurs, vu que j’étais là pour prendre les photos.”
“Tu étais la photographe,” s’exclama la sirène en soufflant de soulagement.
“Tu vois, pas besoin de s’inquiéter,” intervint Rarity. “J’ai fait jouer mes contacts quand elle m’a dit qu’elle cherchait un boulot pour te payer un cadeau, et je l’ai mise en relation avec un couturier qui avait un défilé à faire. C’est une personne en qui j’ai confiance, je n’aurais jamais envoyé ta sœur chez une personne douteuse.”
“Quand je suis arrivé là-bas,” se mit à raconter Sonata, “ils m’ont demandé de les aider à préparer les vêtements. Ils y en avaient plein, et ils étaient vraiment pas mal, mais ça vallait pas ceux que tu fais. À un moment, j’ai entendu que leur photographe n’était pas venu, et je leur ai proposé de le remplacer. Ils ont d’abord rigolé, mais j’ai insisté et ils m’ont laissé essayer. Ils avaient plein d’appareils, mais ils étaient tous déréglés ou sales, alors j’ai dû sortir le mien, celui que tu m’as offert l’année dernière. Dès qu’ils l’ont vu, ils ont été impressionnés, et encore plus quand ils ont vu les premiers clichés que j’ai faits. Je devais bosser que la matinée, mais vu comment ils ont aimé mon travail, il m’a présentée à d’autres couturiers, et j’ai dû prendre trois jours de congé au restau pour pouvoir faire toutes les séances qu’on m’a proposées.”
“Au moins, tu as toute l’histoire maintenant,” fit Rarity en voyant Aria regarder fixement sa sœur.
“Je ne m’attendais pas à ça,” avoua la sirène. “Merci de lui avoir permis de rencontrer ce couturier,” ajouta-t-elle en embrassant la jeune styliste. “Maintenant elle va pouvoir quitter ce petit restau.”
“Mais je l’aime bien ce restau, et je veux continuer d’y travailler,” se défendit Sonata. “C’était sympa, et bien payé, mais je n’ai pas envie de faire ça tous les jours. J’ai vraiment eu du mal à apprécier le dernier jour, j’avais l’impression que mes photos manquaient de quelque chose, et le gars était super demandant. J’aimais vraiment pas ce gars.”
“Tu fais ce que tu veux, si tu n’aimes pas ça, je ne vais pas te forcer,” la rassura Aria. “Il ne me reste plus qu’à trouver la personne qui viendra avec moi à Paris.”
La sirène se rassit, mimant une intense réflexion. Elle resta un petit moment à regarder tout le monde, s’amusant de leur visage impatient. Rarity semblait un peu plus tendue que les autres, et cela gênait Aria.
“Sunset ?” commença-t-elle sous un regard assassin de la couturière, “ma date d’embauche.”
“Pourquoi tu me demandes ça ? Tu devrais pas plutôt choisir avec qui tu vas partir à Paris ?”
“J’ai déjà décidé, mais j’attends qu’on soit seules pour lui demander de façon un peu plus personnelle. Et vu le regard qu’elle vient de me faire, je connais déjà sa réponse,” fit-elle en envoyant un baiser vers la jeune fille blanche. “Et ma partie du code, c’est ma date d’embauche.”
“Merci,” répondit l’ancienne licorne.
Elle entra la date et la mallette s’ouvrit, révélant une bouteille sans étiquette, remplie d’un liquide arc-en-ciel. Un petit mot écrit en équestrien pendait au bout d’une cordelette attachée au goulot. Sunset le saisit et commença à le traduire.
“Je n’ai pas envie de compter combien de lois équestriennes vous m’avez fait transgresser pour que je vous fournisse cette bouteille, mais j’espère que les informations qui m’ont été promises par Aria seront à la hauteur des risques que j’ai pris. Je ne pense pas qu’Applejack ou moi referons ce genre de produit à l’avenir. Profitez-en bien. - Twilight Sparkle.”
“Qu’est-ce que c’est ?” demanda Rarity en revenant s’asseoir sur les genoux de la sirène.
“De la liqueur de Zap Apple, la meilleure boisson que je connaisse,” répondit la sirène. “Il faut que tu essayes.”
“Excuse-moi,” intervint Adagio, “mais je vais partir. Profite bien de ce breuvage exquis, je regrette juste de ne pouvoir en boire. Passe une bonne soirée.”
“J’y vais aussi,” rajouta le docteur Star. “Il faut bien que quelqu’un la ramène.”
Les deux femmes embrassèrent la sirène. La psychiatre murmura quelque chose à la couturière avant de partir. Aria n’avait pas entendu, et demanda à sa petite-amie si elle acceptait de lui dire ce qui lui avait été dit. Elle n’eut pour réponse qu’un baiser, suivi d’un grand sourire. Elle n’avait pas besoin d’en savoir plus et embrassa la couturière à son tour.
Un éclair de lumière interrompit le moment partagé entre les deux femmes. Sonata avait attrapé son appareil photo et en avait profité pour immortaliser le baiser le couple. Tout le monde les regardait, ce qui fit rougir Rarity.
“Tu vas nous prendre en photo à chaque fois qu’on s’embrasse ?” s’impatienta Aria.
“Seulement à chaque fois que vous serez aussi mignonnes,” répondit Sonata avec un grand sourire.
“Si tu pouvais te calmer un peu sur les photos,” demanda la couturière. “Je trouve ça un peu gênant.”
“Si tu le souhaites,” répondit la sirène bleue, “mais en échange, tu prends bien soin de ma sœur.”
“Je te le promets.”
“Et si on testait ce liquide étrange,” fit Snow en sortant des shooters. “J’ai vraiment envie de voir ce que ça donne maintenant que je sais que ça vient d’une autre dimension.”
“C’est une recette qui date d’il y a plus de mille ans, et qui été interdite en Equestria,” expliqua Sunset, “comme toutes les boissons alcoolisées en fait.”
“Un monde où on ne peut pas boire d’alcool ? Ce doit être horrible,” fit le barman.
“Crois-moi, ils n’en ont pas besoin, ils font des fêtes folles sans. Surtout que personne n’en a jamais bu, donc ils ne savent pas ce qu’ils ratent.”
“J’ai du mal à croire que Tia ait interdit l’alcool,” s’étonna Aria. “Elle n’était pas la dernière à en boire.”
“Tia ? Comme dans princesse Celestia ?” demanda l’ancienne licorne.
“Oui,” répondit la sirène violette, “Je vais simplement dire que nous l’avons pas mal côtoyé avant d’être bannies ici, et elle avait une sacrée descente.”
“Je… ne l’imaginais pas comme ça,” avoua Sunset. “Elle était plutôt stricte quand j’étais son élève.”
“Elle doit tenir ça de Swirly,” intervint Sonata. “Il était gentil, mais il fallait être super attentif quand il parlait magie sinon il était pas content.”
“si tu veux quelques petites anecdotes sur Tia,” reprit Aria, “j’en ai suffisamment pour lui donner la couleur de Radiant Hope.”
“Qui est Radiant Hope ?” demanda Rarity.
“Une ponette de cristal violette qui était en bonne voie d’obtenir ses ailes d’alicorne, mais qui a disparu du jour au lendemain. Elle n'arrêtait pas d’essayer de m’apprendre les bonnes manières, et elle n’a jamais réussi, c’était bien trop amusant de la faire s’énerver.”
“Et si on trinquait,” les arrêta Aura. “Cette liqueur à l’air d’avoir bon goût.”
Aria fit lever la jeune femme sur ces genoux et attrapa les verres déjà servis par Snow. Elle les apporta un à un aux différentes personnes présentes, autorisant Rainbow Dash à en prendre un rempli à moitié. Elle attrapa une bouteille de jus de fruit servant habituellement à faire des cocktails et en servit un verre qu’elle amena à sa sœur. Pinkie demanda si elle aussi pouvait avoir un verre de jus de fruit à la place du shooter d’alcool, et la sirène lui échangea son verre, en profitant pour avaler rapidement le contenu du verre. Deux trois protestations s’élevèrent, la traitant de tricheuse. Elle leur répondit en tirant la langue.
Une fois tout le monde servi, ils soulevèrent tous leur verre ensemble et le burent. Une grande partie d’entre eux se mit à tousser, surpris par la force de la liqueur. La sirène attrapa la bouteille et se servit de nouveau elle-même ainsi que Rarity. Elle se leva et attrapa le couteau juste à côté du gâteau et commença à en servir des parts, prenant deux assiettes et les posant devant sa petite amie.
Sunset et Pinkie étaient parties chercher le reste du repas qu’ils avaient prévu qu’elles installèrent sur une table où les gens pouvaient se servir. Toutes les personnes commencèrent à se servir assez rapidement, même si certains furent surpris qu’il n’y ait pas de viande sur la table. Des groupes se formèrent et s’installèrent à différentes tables, commençant de nombreuses discussions. Une petite musique calme se faisait entendre afin de maintenir une petite ambiance.
Sunset s’approcha un peu gênée du couple installé devant le comptoir et leur demanda de s’installer elles aussi sur une table. Aria accepta, mais obligea Sunset à se joindre à elles. Elle emporta avec elle une bouteille de martini, prétextant que c’était pour accompagner le repas. Les trois filles se mirent à discuter de divers sujets, Aria remplissant leur verre dès qu’ils se vidaient.
Les gens venaient un à un offrir un verre au couple, et discuter un peu avec les trois femmes, interrompant les discussions précédentes. Rarity devenait de plus en plus confiante au fur et à mesure que la soirée avançait, ce qui faisait sourire la sirène. Sunset se sentait un peu gênée d’être assise à cette table, mais elle était heureuse de voir ses deux amies aussi souriantes.
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@Speedangel : Elle ne seront pas mariée, donc ça ne peut techniquement pas être une lune de miel.
@LtZip : Merci. Le retour d'Adagio n'était pas prévu avant deux chapitre, mais je me suis senti de l'intégrer ici, suite à de nombreuse critiques sur son absence un peu longue. Au final, je pense que ce chapitre aurait bien moins marché sans elle.
Et oui, des informations sur leur passé arrivera, mais en même temps c'est normal, quoique je pourrais aussi ne plus rien vous dire sur elles....
Et pour Zephyr Breeze, univers différent, destins différent.
Pour la suite je dirais qu'on aura surement le séjour d'Aria et Rarity à Paris, avec quelques flashback/info de plus sur satine peut-être. L'introduction du Dernier mouvement et leur rapport inattendu avec l'enfant d'adagio, moi qui pensait qu'elle l'avait eut soit avec un inconnu d'une nuit ou des suites d'un viol par l'un des membres du gang, les places en têtes des antagonistes à venir, loin devant une autre résurgence de chaos.
Sinon j'ai remarquer deux oublis de mots:
- Une femme en aimer un autre, -> Une femme peut en aimer une autre,
- Je retrouve plus le second.
Enfin la palme de l'instant Wtf reviens au frère de Fluttershy qui passe de coiffeur à Samourai expert dans la fabrication de Katana, pardon de Nodachi.
Ne m'en veux pas j'ai tellement espéré que ce soit sunset que j'étais aveuglé sur le coup. Bon tu intègre des mercenaires à l'histoire que tu va peut être exploiter alors pourquoi pas, de l'action dans une fic c'est comme l'argent ça se refuse pas surtout que tu décrit bien ces scènes... Elle deviennent toutes gentils et meugnones (si ce n'était l'incident avec aj tous serait parfait dans le meilleur des mondes, en gros le moment où des auteurs sadiques mettent tout sans dessus dessous sans prévenir. J'espère que t'es pas sadique) ce qui laisse quand même pensé qu'il se passera quelque chose même si ce n'est qu'une autre révélation majeure de leur passé.
Bref c'était génial et long de quoi me redonner le sourire puisque j'ai pas grand choses à me mettre sous la dent ces dernier temps mais toutes bonnes choses ont une fin, j'espère te revoir dans deux mois minimum avec un nouveau chapitre. Prend ton temps et prends soins de toi à plus :)
merci. j'avais peur que ce soit trop long
Donc qu'une chose à dire vive la longueur de qualité
:)
C'est mon imagination qui me joue des tours ou zephir est un samouraï :0