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Song of the Fallen

Une fiction écrite par Inobi.

14 - Échanges

Une douce musique calme, bien éloignée de ce qu'écoutait habituellement Aria, sortait de l’autoradio de la voiture de Rarity. Elle avait passé la fin de l’après-midi avec la jeune styliste, et elles avaient décidé d’aller chez les sirènes ensemble. Fluttershy les avait rejoints un peu plus tôt, et avait fait le chemin avec elles. Elle était restée silencieuse, mais avait souri quand les deux femmes avaient complimenté sa tenue. Elle était confortablement installée à l’arrière de la berline blanche de Rarity. Cette voiture était assez luxueuse, surtout pour une voiture d’étudiante, mais la couturière avait décidé de se faire un petit plaisir le jour où elle l’avait achetée.

La sirène s’enfonça plus profondément dans le confortable siège tout en indiquant la route à la conductrice. Elle se laissait bercer par la petite symphonie qui passait dans l’habitacle tout en se remémorant la première fois qu’elle avait entendu celle-ci. Elle avait été présente, avec ses deux soeurs, à la première représentation de cette petite sonate. Si elle devait donner un défaut à la version qu’elle entendait, c’est qu’il manquait certaines variations mineures dans l’interprétation de l’artiste qui jouait, mais dans l’ensemble, la musique était la même que dans ses souvenirs.

“C’est là ?” demanda Rarity, tirant Aria de ses pensées.

“Euh, oui,” fit-elle en revenant à la réalité. “Mais il doit y avoir un problème.”

Toutes les lumières de la maison étaient éteintes, et la voiture de Sonata n’était pas à sa place. La sirène commença à se relever dans son siège avec l’air agité, prête à bondir dès qu’elles seraient à l’arrêt

“Ne t’inquiète pas pour ça,” la rassura Rarity. “Si tu n’avais pas insisté pour prendre une douche, nous ne serions jamais passés ici.”

“Que veux-tu dire ?”

“Darling, la fête ne se passe pas ici,” lui répondit la couturière avec un grand sourire, “et j’étais censée t’emmener directement là-bas.”

“Où ?” demanda la sirène, surprise.

“C’est un secret,” ria la jeune fille, “mais j’ai prévenu ta soeur que nous passions ici avant. Elle va venir chercher Fluttershy pendant que tu te prépares.”

“Si c’est un secret," répondit-elle en soufflant, "je vais bien prendre mon temps pour leur faire payer de m’avoir interdit de passer la journée à la maison.”

“Tu vas vraiment me laisser seule avec Sonata ?” se manifesta Fluttershy avec de la peur dans la voix.

“Darling, tu n’as pas à avoir peur d’elle, je te le promets,” tenta de la rassurer Rarity en terminant sa manoeuvre dans l’allée. “J’ai passé deux jours avec elle pour préparer la robe d’Aria, et elle a été très agréable. Un peu plus folle que Pinkie par moment, mais j’ai passé un très bon moment avec elle.”

“Préparer ma robe ?” reprit la sirène sur un ton sec. “Tu l’avais mise en évidence pour que je l’essaie ?”

“C’est une idée de Sonata,” se défendit la couturière. “Je ne voulais pas te piéger comme ça, mais elle a insisté.”

“C’est bien son style,” termina Aria en sortant de la voiture.

Elle se dirigea vers l’entrée de la maison en attrapant une cigarette. Elle la garda à la bouche sans l’allumer en déverrouillant la porte. Cette dernière tourna sans poser de problème, la pièce s’illuminant en détectant la présence de la sirène. Sonata avait insisté pour installer ce système, et l’avait même payé avec son salaire. Sa soeur s’était mise à prendre des décisions, et à s’imposer un peu plus, depuis qu’elle consultait le docteur Star, ce qui faisait énormément plaisir à Aria. Elle devait bien avouer que voir ce psy l’aidait elle aussi.

Elle resta dans l’entrée en attendant les deux autres femmes tout en repensant à la journée où Sonata avait décidé d’installer seule le nouveau système. Cette dernière était capable d’emmagasiner beaucoup de connaissances, mais elle avait toujours eu du mal lorsqu’il s’agissait de le mettre en pratique. La sirène violette avait retrouvé sa soeur, assise au sol, visiblement choquée. Elle s’était précipitée pour savoir ce qu’il s’était passé. La plus jeune des trois immortelles avait oublié de couper le courant et s’était électrisée. Aria s’était beaucoup inquiétée, même si au final ce n’était pas si grave, les capacités de guérison de sa soeur étant les mêmes que les siennes. Elles avaient fini l’installation ensemble, au grand plaisir à Sonata qui adorait partager ce genre de moments avec les autres sirènes.

“Darling, pourquoi tu ne rentres pas ?” demanda Rarity en arrivant à son niveau.

“Rien, un petit souvenir,” répondit la femme violette. “Vous voulez boire quelque chose ?”

“Tu ne devrais pas plutôt aller te préparer ?” fit la couturière.

“Je n’ai pas envie d’être une mauvaise hôtesse, et j’aimerais attendre que Sonata arrive.”

“Je ne veux pas te mettre en retard,” reprit la jeune fille blanche, “et Sunset risque de s’énerver si tu es trop en retard.”

“Je gère Sunset, ne t’inquiète pas,” la rassura Aria. “De toute façon, elle doit être encore un peu sur les nerfs à cause de ce qui s’est passé ce midi.”

“Tu veux parler de l’altercation qu’elle a eue avec A.J. ?”

“Oui,” répondit simplement la sirène.

“Que s’est-il passé avec A.J. ?” demanda timidement Fluttershy qui s’était assise dans la cuisine.

“Elle a juste été un peu moins gentille que toi quand elle m’a rencontré,” expliqua rapidement la femme violette. “Il n’y a pas grand-chose à raconter. Bon, sinon, vous voulez boire quoi ?”

“Un thé, si tu as,” se décida finalement Rarity. “Quelque chose de pas trop fort, s’il te plait.”

“Moi aussi,” ajouta la jeune femme jaune.

Aria alluma le feu sous une ancienne bouilloire avant de chercher dans les placards sa réserve de thé. Les deux filles la regardèrent faire en silence, se laissant bercer par la petite mélodie qu’elle fredonnait. C’était la première fois qu’elles voyaient la sirène chanter, ou tout du moins faire quelque chose d'approchant, depuis la bataille des groupes, mais il y avait quelque chose de différent dans la voix d’Aria. La musique était calme, et ne semblait pas être faite que dans un autre but que celui d'être de la musique. La sirène semblait juste apprécier ce moment, comme si cela lui faisait vraiment plaisir de faire une chose aussi simple.

Le bruit d’une voiture se fit entendre, et Sonata ne tarda pas à entrer. Elle était dans sa robe de soirée, la même qu’elle portait lorsqu’elles avaient chanté devant tout Canterlot High School. Même si cela lui rappelait de mauvais souvenirs, elle adorait cette tenue. Aria avait dû en repriser une partie, sa soeur l’ayant déchirée lors de leur fuite. La sirène bleue s’approcha sans faire de bruit dans l’espoir de surprendre l’autre sirène avant de s’arrêter en reconnaissant la mélodie que celle-ci produisait.

“Satine adorait fredonner cet air,” fit-elle avec un peu de tristesse dans la voix. “Elle le faisait toujours quand elle te préparait du café.”

“Qui est Satine ?” demanda Fluttershy. “Aria en avait parlé un peu ce matin, mais je connais juste son nom.”

“C’était le nom de notre servante, et aussi de l’amante d’Aria,” expliqua Sonata.

“C’était ma femme,” corrigea la sirène violette avec un peu de tristesse dans la voix. “Je suis désolée Sonata, mais je vous ai caché quelque chose depuis des années.”

“Tu as fait venir Satine dans ce pays, et tu t’es mariée avec elle,” fit la femme bleue avec un sourire. “Adagio et moi le savons depuis longtemps. Elle est venue nous voir pour nous faire ses adieux il y a deux cents ans.”

“Elle est venue vous voir ?” s'énerva Aria en tapant sur le plan de travail. “Pourquoi vous ne m’avez rien dit ?”

“Parce qu’elle nous a demandé d’attendre que ce soit toi qui nous en parles,” reprit la sirène. “Elle voulait qu’on te laisse le temps.”

“Et vous l’avez écouté, alors que vous ne l’avez jamais fait avant ?” répondit la femme violette.

“Adagio et moi, on a été surprise qu’elle vienne nous voir, et surtout qu’elle tienne encore tant à toi après ce que tu lui as fait.”

“Tu ne sais rien de ce qu’il s’est passé,” s’énerva Aria en lançant une tasse de thé sur sa soeur, son contenu se répandant dans toute la salle, tachant les robes des trois filles.

“Aria, tu l’as exposé à notre magie, tu savais que c’était dangereux, mais tu l’as fait quand même,” la gronda Sonata. “Tu sais combien c’était dur de la voir comme ça ?”

“Tu ne peux pas comprendre combien c’était difficile de la perdre,” cria la sirène violette avec les larmes aux yeux. “Tu n’as jamais pleuré pour quelqu’un. Aucune de vous deux n’a jamais pleuré pour quelqu’un.”

“Ne crois pas que nous n’avons jamais pleuré personne, mais on n’est pas comme toi, on est passées à autre chose,” répondit la femme bleue. “Nous sommes… étions immortelles, nous allions forcément survivre à toutes les personnes que nous avons pu rencontrer. Mais on ne t’en a jamais voulu de mettre plusieurs centaines d’années pour te remettre de la perte d’une personne qui t’était chère, mais il va falloir que tu arrêtes d’être triste tout le temps. Satine ne voulait pas que tu la pleures trop longtemps, elle voulait que tu passes à autre chose. Elle t’a même laissé une lettre que je devais te remettre quand je pensais que tu serais prête.”

“Une lettre ? Tu vas me faire croire que tu as réussi à garder une lettre deux cents ans ? Tu sais quoi, je ne suis plus d’humeur à te voir de la soirée, je vais aller me coucher,” termina-t-elle en se dirigeant vers l’étage.

Les trois filles regardèrent Aria monter l’escalier sans un bruit, Sonata étant la seule à ne pas être surprise par la réaction de sa soeur. Elle finit par se tourner vers les deux autres occupantes de la pièce.

“Bon, ben je vais aller dire aux autres que la fête est annulée,” annonça Sonata avec un sourire.

“Vous allez vraiment finir la soirée comme ça ?” s’indigna Rarity.

“Elle ne changera pas d’avis, et si elle doit pleurer, je vais la laisser faire,” répondit la sirène. “Elle est comme ça depuis que je la connais, et on la changera pas aujourd’hui.”

“Après tous les efforts que tu as faits, toute l'énergie que tu as mise avec Pinkie dans l'organisation de cette soirée, tu vas abandonner aussi facilement ?”

“On aura d’autres occasions,” termina-t-elle en haussant les épaules avant de se dirigeant vers la sortie.

“Sonata,” l’arrêta la couturière,” je refuse de voir tous ces efforts devenir inutile.”

“Tu crois que tu vas réussir à la faire changer d’avis ?” demanda la femme bleue avant de se mettre à rire. “Même Adagio n’a jamais réussi à le faire, et pourtant elle sait gérer Aria mieux que moi.”

“Je vais essayer, mais j’aurais besoin que tu me donnes la lettre de… Satine, c’est ça ?” répondit la jeune femme. “J’ai aussi besoin que tu m’expliques ce qu’Aria lui a fait, et comment vous l'avez su.”

“Si tu veux, mais c’est une cause perdue,” fit la sirène en attrapant une lettre cachée à l'intérieur d'un cadre. “Quand Satine est venue nous voir, elle avait l’air d’avoir la trentaine, alors qu’elle devait avoir 160 ans, peut-être 180, je sais plus. J’ai perdu la notion du temps après mes mille premières années.”

“Vous pouvez rendre immortel n’importe qui ?” demanda timidement Fluttershy. "Je croyais que vos pouvoirs…”

“On avait plein de pouvoirs différents, mais on ne peut plus les utiliser maintenant,” répondit Sonata, “et prolonger la vie de quelqu'un n'était pas sans danger.”

“Que veux-tu dire par dangereux ?” reprit Rarity.

“Bah, l’exposition à la magie chaotique n’est pas géniale sur les humains,” termina-t-elle avant de se tourner vers la fille aux cheveux rose. “On y va ?”

“Euh, tu ne devais pas annuler ?” fit l’intéressé.

“Rarity a dit qu’elle réussirait à convaincre Aria, je vais la laisser essayer, même si on a jamais réussi à le faire.”

“C’est parce que vous êtes ses soeurs. Je pense y arriver, j’ai des techniques que tu ne peux pas utiliser,” ajouta-t-elle avec un sourire. “Et elle me doit une robe, vu que c’est de sa faute si celle-ci est tachée.”

“Si tu le dis,” termina la sirène en attrapant Fluttershy par le bras. “Allez, on est parties.”

Rarity regarda les deux femmes sortir, avant de prendre son courage à deux mains et de se diriger vers l’étage. Elle examina l'enveloppe, celle-ci n’avait jamais été ouverte, et un petit cachet de cire ressemblant à la bague que portait Aria permettait de le confirmer. Elle hésita à vérifier son contenu, mais elle avait peur de la réaction de la sirène. Le couloir de l’étage donnait sur quatre portes, réparties de chaque côté de celui-ci. Elle ne savait pas laquelle était la bonne, et s’avança donc vers la première qui était entrouverte.

Elle y découvrit une chambre en désordre, remplie d’objets qui avaient l’air assez aléatoires. Il y avait cependant un coin parfaitement rangé, avec plusieurs appareils photo, certains vraiment anciens, ainsi que les clichés qui avaient été pris par la sirène qui occupait cette chambre. La jeune femme se laissa tenter par sa curiosité, et se mit à les examiner. On pouvait y distinguer Aria et Adagio à plusieurs périodes, mais elles avaient toujours un sourire. La couturière chercha du regard une photo avec Sonata, mais n’en trouva aucune. Il fut facile pour elle d'en déduire que celle-ci devait être derrière l’objectif, et donc qu’il s’agissait de sa chambre.

Elle en sortit pour se diriger vers une autre porte, mais s’arrêta en entendant un bruit sourd dans l’une des pièces du fond, comme si quelqu’un était tombé. Elle se précipita vers la source du bruit.

“Aria, ça va ?” demanda-t-elle à travers la porte.

Elle n’eut aucune réponse, et commença à s’inquiéter. Elle frappa à la porte pour tenter de la faire réagir, mais ce fut sans grand succès.

“Aria, je vais entrer,” annonça-t-elle.

Elle tendit la main vers la poignée lorsque la porte s’ouvrit devant elle.

“Qu’est-ce que tu veux ?” fit la sirène avec un ton agressif. “C’est Sonata qui t’envoie pour me convaincre de venir participer à sa petite fête débile ?”

“Non,” répondit Rarity en mettant le plus de confiance dans sa voix qu’elle le pouvait. “Je viens pour voir comment tu vas, et discuter. Si tu ne veux pas aller à la fête, je ne vais pas t’y forcer.”

“Pas intéressée,” fit l’autre femme en commençant à fermer la porte.

“Attends,” l’interrompit Rarity. “Tu as ruiné l’une de mes dernières créations, Darling.”

“Laisse-la moi, je m’en occuperai plus tard.”

“Si tu crois t’en tirer si facilement, tu as tort.”

“Tu as du courage, je te l’accorde, mais je ne suis vraiment pas d’humeur de me laisser emmerder, surtout par une jeunette comme toi.”

La sirène fixa d’un regard de glace la jeune fille, qui soutint son regard. Elles restèrent ainsi pendant quelques minutes, testant la patience l’une de l’autre. Au bout d’un moment, les yeux d’Aria se posèrent sur la tache de thé qui s’était répandue sur le vêtement en soie que portait la couturière. Elle analysa rapidement le travail nécessaire pour s’occuper de cette robe, repérant rapidement les différentes coupes de tissu qu’avait fait la fille en face d’elle. Elle détermina facilement la quantité de tissu à remplacer afin de redonner à ce vêtement sa splendeur d’origine.

“Mes yeux sont plus hauts,” l’interrompit Rarity. “Et bien que je sois flattée, je ne suis pas sûre que ton attitude t’autorise à une telle liberté.”

“Je regardais les dégâts que j’ai faits à ta robe,” répondit Aria en rougissant un peu. “Je suis désolé de l’avoir autant abîmée. C’est juste que…”

“C’est un sujet sensible, j’ai cru le comprendre. Si tu acceptes de parler avec moi, j’accepterais d’oublier cet incident.”

“Je…” essaya de protester la sirène.

“Umph, pas de protestation. Ça te fera du bien, et je pense que ce n’est pas si cher payé. Et franchement, je n’en ai rien à faire que tu participes à la fête ou non. Je veux juste être sûre que tu ailles bien.”

“Très bien,” accepta Aria, “je m’avoue vaincue. Vas-y entre.”

Elle ouvrit complètement la porte afin de laisser entrer la jeune femme. Rarity découvrit la chambre de la sirène, cette dernière étant bien plus ordonnée que ce à quoi elle s’attendait. Quelques robes sur des présentoirs étaient placées devant une penderie en contenant beaucoup d’autres. Un chevalet se tenait dans un coin à côté d’un lit à baldaquin assez ouvragé. Les tons de la chambre étaient plutôt chaleureux, et bien éloignés de ce qu’avait imaginé voir la jeune couturière. Elle chercha du regard la table de travail sans la trouver.

“Je vais aller prendre ma douche, histoire de me calmer,” reprit la sirène. “Pendant ce temps, regarde dans ma collection et choisit la robe que tu veux. Tu n’as qu’à laisser celle-là sur le lit, histoire que je m’en occupe.”

Avant que Rarity ne puisse répondre, Aria sortit de la chambre, la laissant seule. Cette dernière préféra accepter cette petite victoire, et laissa la sirène partir sans protester. Elle se dirigea pour examiner les nombreux vêtements pendus, mais l’un d’eux sur un présentoir avait déjà attiré son attention. C’était une robe aigue-marine, avec des touches de rouge orangé. Elle semblait avoir été terminée il y a vraiment peu de temps, malgré le fait que les tissus utilisés avaient l'air anciens. Elle s’en rapprocha, observant toutes les coutures de l’ouvrage. Elle était impressionnée par la précision de celles-ci, à la limite de ce qu’elle considérait comme la perfection.

Elle commença à enlever la sienne avant de repérer un petit carnet à croquis posé sur la table de chevet. Elle était admirative devant le travail porté à la couverture en cuir de celui-ci. Elle aussi en possédait un, mais rien d’aussi beau. Elle se décida à regarder dedans, voulant découvrir les dessins de robes que la sirène avait fait. Elle fut surprise par la quantité de croquis contenus dans ce petit cahier, toutes les pages étant remplies, sauf les deux dernières. Il n’y avait aucune explication sur le montage des robes, mais ces dernières étaient dessinées sur les personnes auxquelles elles étaient destinées. On y voyait beaucoup d’images de Sonata et d’Adagio, ainsi que quelques-unes d’Aria elle-même. Au fil des pages, elle vit de nombreuses personnes qu’elle ne connaissait pas, mais elle pouvait deviner l’époque rien qu’au style du vêtement. Elle appréciait beaucoup ce voyage dans le temps au travers de ce petit carnet. Elle arriva vers la fin du livre, et crut y reconnaître son amie Sunset Shimmer. Cependant, aucune des esquisses sur les pages ne correspondait à celle de la garde-robe de cette dernière. La coiffure de Sunset sur ces pages était aussi différente, plus ancienne. Elle finit par trouver la robe qui lui plaisait, et elle était portée sur l’image par la femme qui ressemblait à Sunset.

Elle se retourna vers le vêtement sur le présentoir. Elle l’observa plus attentivement, cherchant une broderie du totem de la personne à qui était destinée cette robe. Elle le trouva au final caché dans une couture du décolleté. Il s’agissait du même symbole que celui sur la bague que portait Aria, un coeur enflammé rouge et jaune.

“Tu peux choisir n’importe quelle robe, sauf celle-ci,” fit une voix derrière elle.

“Aria ?” s’écria Rarity en se retournant. “Tu as déjà fini ?”

“Je ne voulais pas te laisser trop longtemps seule, mais je pensais que tu serais déjà changée, bien que je trouve la vue très appréciable.”

“Je… désolée… je…” balbutia la jeune femme en couvrant sa poitrine.

La sirène se mit à rire devant la gêne de la personne en face d’elle.

“Pourquoi ris-tu ?” s’énerva la couturière.

“Rien, juste une coïncidence,” répondit la sirène.

“Tu as l’air de meilleure humeur si tu ris comme ça,” reprit la jeune femme un peu énervée.

“Un peu.”

“Ça veut dire que tu es disposée à discuter ?”

“Je ne vais pas y couper,” termina Aria en s’asseyant sur le lit.

Rarity vint s’installer à côté de la sirène juste après avoir réajusté le haut de sa robe.

“Tu devrais poser cette robe tachée,” reprit la femme violette.

“Je n’ai pas encore choisi quelle robe j’allais mettre, enfin si, mais tu m’as interdit de prendre celle-là.”

“Je n’ai jamais dit que tu devrais mettre une autre robe, juste poser celle que tu portes,” répondit-elle avec un sourire.

“Je… ce ne serait pas convenable.”

“Les mêmes mots,” fit Aria avec un petit rire. “Exactement les mêmes mots.”

“Que veux-tu dire ?” demanda Rarity.

“Ta réaction ce soir, c’est la même que celle qu’avait eue Satine la première fois que je l’ai rencontrée. Elle avait seize ans, elle vivait dans la rue,” se mit à raconter Aria en regardant en l’air, un peu de nostalgie dans la voix. “Son regard était si désespéré la première fois que je l'ai vue que je n’ai pas pu y résister. Je lui ai offert un foyer, et ce malgré le fait que j’avais promis à Adagio d’arrêter. Elle portait des loques, et je lui ai laissé choisir la robe qu’elle voulait. Je ne sais pas comment elle s’était retrouvée dans la rue, car elle était plutôt bien éduquée, et c’est le seul secret qu’elle ait jamais eu pour moi.”

“Satine, tu as déjà parlé d’elle ce matin,” reprit Rarity d’une voix bien plus douce. “Elle a l’air de vraiment compter pour toi.”

“C’était ma femme, l’amour d’une vie,” répondit la sirène avec un soupçon de tristesse. “Tu es la première à être au courant, enfin, en dehors de mes soeurs apparemment.”

“Au courant de quoi ?”

“De mon mariage, je ne l’ai jamais dit à personne, mais quand je l’ai fait venir ici, je l’ai épousée. J’avais tellement peur de la perdre à nouveau que j'étais prête à tout, même si ça devait dire désobéir encore à Adagio. Je voulais qu’elle soit heureuse, et elle avait toujours voulu se marier, alors c'était pour moi la seule chose à faire. Tu aurais dû la voir devant l'autel, un sourire tel que je n'en avais jamais vu. Un sourire que j'aurais aimé voir pour toujours.”

“Elle avait de la chance de t’avoir, Darling.”

“Je n’en sais rien, Rarity,” reprit Aria.

“Tu semble vraiment la tenir dans ton coeur, même après tout ce temps.”

“Justement, c’est ça le problème. J’ai toujours fait du mal aux personnes auxquelles je tenais. Adagio est à l'hôpital à cause de moi, Satine a souffert bien plus longtemps qu’elle ne l’aurait dû, et …” termina-t-elle en sanglot.

“C’est faux, “ lui répondit la couturière. “Sonata m’a raconté pas mal de choses sur toi, et elle n’arrête pas de dire que tu es prête à tout abandonner pour la protéger, ou protéger Adagio. Si on écoute Rainbow Dash, tu es une grande héroïne, mais ses récits sont assez… difficiles à croire.”

“Tu ne sais pas ce que j’ai fait, par pur égoïsme. Tu ne sais pas ce que j’ai fait subir à Satine.”

“En dehors que tu as prolongé sa vie, pas grand-chose, c’est vrai. Ce que je sais, c’est qu’elle tenait suffisamment à toi pour vouloir te laisser du temps, et surtout pour te laisser un dernier message,” répondit Rarity en tendant la lettre. “Nous pourrions la lire ensemble, Darling.”

“Je... Je ne sais pas.”

“Alors je la lirais pour toi,” fit-elle en décachetant l'enveloppe.

Elle en sortit une lettre sur un papier un peu jauni par le temps, mais en parfait état. Elle prit la feuille, puis se mit à les parcourir rapidement sans arriver à déchiffrer l’écriture. Aria releva la tête et jeta un regard sur celle-ci avant de se mettre à rire.

“C’est écrit en quelle langue ?” demanda la couturière.

“C’est du griffonnien,” répondit la sirène en riant un peu. “Satine n’arrêtait de me dire qu’elle pensait que si je n’avais pas été une sirène, je serais une griffonne.”

“Elle connaissait Equestria ?”

“Oui, j’ai vécu avec elle longtemps, et je lui ai en beaucoup parlé. Elle a même appris à écrire dans toutes les langues que je connaissais.”

“Et que dit-elle ?”

La sirène se mit à traduire la lettre.

Ma chère Aria,

Je ne sais pas quand tu liras cette lettre, mais j’espère que tu auras réussi à te pardonner. Ce que tu m’as fait, je sais que tu l’as fait par peur, peur de me perdre, peur d’être de nouveau seule, mais cette peur n’est que la manifestation de l’amour que tu me portais.

Je ne t’en veux pas de m’avoir fait vivre bien plus longtemps que je n’aurais dû, de m’avoir montré ce monde, de m’avoir permis de voir son évolution, mais depuis que je porte ce collier, je sens que je me perds, qu’il me vole une partie de moi, et j’ai peur. J’ai peur de devenir une autre personne, peur de faire du mal aux autres, mais surtout, j’ai peur de t’empêcher d’avancer.

Mon temps sur ce monde est depuis longtemps révolu, et je ne pourrais être plus heureuse d’avoir passé tant de temps avec toi, et de t’avoir aimé. Je sais que c’est égoïste, mais j’aimerais partir. Je sais que ça va te faire mal, que tu vas mettre du temps à t’en remettre, mais je veux partir en étant moi-même.

Je sais que je vais te demander quelque chose de très difficile, et je m’en excuse, mais il le faut. Si tu m’as vraiment aimée un jour, et je n’ai aucun doute là-dessus, je sais que tu le feras. Si tu dois en vouloir à quelqu’un, c’est à moi, pas à toi. Je te connais, et je sais que tu vas penser que tout est de ta faute, mais c’est faux.

Je ne demanderais qu’une seule chose, c’est d’avancer, de passer à autre chose. Tu es peut-être immortelle, mais si tu ne profites pas de cette vie, à quoi bon ? N’hésite pas à chercher de l’aide chez les personnes qui te sont proches, comme tes soeurs. Fais-toi de nouveau amis, retombe amoureuse, vis.

Sache que je t’aimerais toujours, ma petite griffonne.

La sirène se mit à pleurer, serrant la lettre contre elle. L’humidité de sa serviette se mit à imbiber le papier, effaçant légèrement l’écriture sur le papier.

“Darling,” fit Rarity sans vraiment savoir comment réagir, “la lettre…”

“Merde,” reprit Aria en regardant le papier, “je suis trop conne.”

Elle essaya d’essuyer les traces d’humidité, mais elle ne fit qu’estomper davantage l’écriture sur le papier. Elle se mit à paniquer, répétant l’opération avec le même résultat. Rarity lui attrapa les mains afin de l’arrêter. Elle eut du mal à la retenir, mais la sirène se calma en sentant les doigts fins de la couturière. Cette dernière leva les yeux, et rencontra le regard de la jeune femme. Le sourire sincère qui l’accompagnait la réconforta, et elle s’autorisa à le rendre, même si celui-ci était un peu triste.

“Je pense qu’il vaut mieux ne plus y toucher,” reprit Rarity calmement en retirant délicatement les papiers des mains de la sirène. “Je pense qu’il faut juste la laisser sécher.”

“Tu… tu as raison,” répondit-elle en séchant ses larmes.

“Elle avait l’air d’être une femme merveilleuse, j’aurais aimé la connaître.”

“Elle avait ses mauvais moments, mais c’est vrai, elle était la meilleure chose qui me soit arrivée en presque un millénaire. Je n’avais pas ressenti cela pour quelqu’un depuis notre exil d’Equestria. Mais je n’ai pas envie de t'embêter avec ça,” termina la sirène en se levant.

“Ça ne m’embête pas,” répondit la couturière en la forçant à se rasseoir. “Si tu veux parler d’elle, je suis prête à t’écouter.”

La sirène se laissa faire, tombant lourdement sur le lit. Rarity s'agenouilla tout en se plaçant derrière Aria, et posa ses mains sur les épaules de cette dernière. Elle commença à la masser délicatement, ce qui fit légèrement frissonner la femme violette. Elles restèrent silencieuses, chacune voulant laisser l’autre prendre l’initiative de la conversation.

“C’est Aloe qui m’a appris à faire des massages,” fit Rarity. “Je ne suis pas une experte comme elle, et je n’ai pas toujours été très attentive quand elle essayait de m'expliquer comment faire.”

“Tu te débrouilles très bien,” répondit Aria. “Qui est Aloe ?”

“Une amie, simplement une amie. Elle travaille au Spa.”

“Simplement une amie ?” fit la sirène. “J’ai l’impression que tu aurais aimé qu’elle soit plus que ça.”

“C’est une longue histoire, mais oui, j’aurais aimé être un peu plus pour elle. On ne peut pas forcer les gens à nous aimer.”

“Je le pouvais, à une époque,” plaisanta-t-elle, “mais ce n’est pas vraiment pareil. Avant de rencontrer Satine, j’avais bien forcé des humains à me… distraire, mais avec Satine c’était différent. Je lui avais juré de ne jamais utiliser mes pouvoirs sur elle… et je lui ai menti.”

“Je suis sûre que tu avais une bonne raison.”

“J’étais jalouse… je l’ai fait souffrir,” se lamenta-t-elle. “Je n’aurais jamais dû le faire, ce jour-là, mais j’étais tellement énervée contre elle. À cause de cette erreur, j’ai… j’ai du.”

“Allez, on se calme,” la rassura Rarity. “Elle t’a pardonné, tu devrais faire de même.”

“Rarity,” répondit violemment la sirène, “si je l’avais écoutée ce jour-là, si je ne l’avais pas forcée à porter mon collier, si je ne lui avais pas interdit de se donner la mort, je lui aurais épargné tellement de souffrances. Elle n’arrêtait pas de sourire, mais je savais qu’elle souffrait, même si je refusais de le voir. J’aurais dû l’écouter plutôt que de continuer à prolonger sa vie, mais… mais j’avais trop peur de la perdre. Et à cause de cette peur… j’ai.. j’ai été obligée de la tuer.”

Rarity arrêta son massage à ces mots, un frisson de peur lui parcourant l’échine.

“Je suis désolée,” reprit la sirène. “Je n’aurais peut-être pas dû le dire comme ça.”

“Non, ce n’est rien,” répondit la couturière tout en tremblant légèrement.

“Je… je n’ai pas à t’imposer ça,” fit-elle en attrapant la main de la jeune femme blanche.

“Aria, c’est juste que… ça m’a surprise,” répondit Rarity en essayant de se contrôler. “Je ne pensais pas que…”

“Que j’étais capable de tuer ?” demanda la sirène en essayant de faire lâcher-prise à la styliste. “J’ai vécu plus de mille ans, et j’ai dû le faire bien trop souvent. Mais ce jour-là, je crois que je n’ai jamais fait quelque chose d’aussi difficile.”

“Je… je ne sais pas quoi te dire. Je… je…”

“Tu n’as rien à dire,” l’interrompit Aria. “M’écouter est déjà beaucoup. Je ne pensais pas que ça me ferait autant… de bien.”

“J’en suis heureuse. Si tu vas mieux, c’est le plus important. Cependant je suis un peu curieuse… comment Satine t’a… forcé la main ? Enfin si tu veux en parler.”

“Elle connaissait mes faiblesses,” répondit-elle sans hésiter tout en caressant la main de Rarity. “Elle m’a forcé à choisir entre elle et mes soeurs, et elle savait parfaitement qui je choisirais. Si je l’avais écoutée, elle n'aurait jamais eu à me piéger.”

“On fait tous des erreurs, Darling. Certaines ont juste plus de conséquences que d’autre,” fit la couturière avec un peu de déception dans la voix

“Tu as un problème ?”

“Non, rien, ce n’est pas important.”

“J’entends bien que quelque chose te dérange, et après m’avoir écouté, et être restée même après avoir appris ce dont j’étais capable, je peux bien écouter tes problèmes.”

“Ce n’est rien comparé à ce que tu vis, et… ce n’est pas important.”

“Si ça te gêne, c’est forcément important,” répondit la sirène en se retournant vers Rarity.

“Je ne veux pas en parler,” protesta-t-elle.

Aria se mit à rire, avant de faire un sourire à la jeune fille.

“J’ai l’impression de m’entendre,” reprit-elle en passant la main dans les cheveux de l’autre femme avant de se lever. “Tu m’aides à me préparer ?”

“Tu vas aller à la fête finalement ?”

“Rarity, je sais que c’est ma soeur qui t’a envoyé pour que tu me convainques d’y aller, et après tout le travail que tu as fait sur ma robe, je pense que la porter est le meilleur moyen de te remercier.”

“Pour tout te dire, Sonata voulait annuler, et c’est moi qui ai voulu te parler. Et comme je te l’ai dit Darling, ce qui m’importe le plus, c’est que tu te sentes mieux, pas que tu ailles à cette fête.”

“Nous savons toutes trois manipuler les gens sans nos colliers, et Sonata a dû jouer la triste, elle est très douée dans ce domaine.”

“Elle avait l’air sincère pourtant.”

“Elle a réussi à coucher avec une reine en utilisant ce stratagème, et pas l’une des plus idiotes. Bon, ça s’est assez mal passé par la suite, mais elle était contente d’avoir réussi.”

“Elle aussi est attirée par les femmes ?”

“Sonata ?” ria Aria. “Attiré par les femmes ? Elle a détesté cette soirée, et c'est tellement amusant de le lui rappeler.”

“Pourquoi elle a fait ça alors ?”

“Par jeu, et parce qu’elle voulait comprendre pourquoi j’aimais ça. Elle a fait pareil avec un homme, et ce fut aussi un moment très amusant. Elle est sortie en hurlant de la chambre en le voyant nu. Adagio a passé les deux cents ans suivants à se moquer d’elle.”

“Vraiment ?” s’étonna Rarity. “Je ne pensais pas que Sonata serait effrayée par un homme.”

“Sonata est… une enfant dans sa tête. Elle est très intelligente, c’est indéniable, mais elle a du mal à prendre ce monde au sérieux… enfin jusqu’à il y a quelques mois. Elle a beaucoup évolué depuis… que vous nous avez vaincues,” fit-elle en attrapant une cigarette posée sur une commode.

“Tu ne devrais pas…”

“Je suis chez moi, je fais bien ce que je veux,” l’interrompit-elle. “Et même mes soeurs n’ont pas réussi à me faire changer d’avis. Tu as choisi une robe ?”

“Je n’ai pas vraiment eu le temps… j’étais intéressée par cette robe, mais comme tu m’as dit d’en choisir une autre.”

“Aide-moi à mettre celle que tu m’as faite pendant que j’y réfléchis,” lui répondit-elle en enlevant sa serviette.

La couturière se leva à son tour, mais se figea sur place en voyant les cicatrices parcourant le dos de la sirène. Cette dernière enfila rapidement des sous-vêtements, avant de se retourner pour voir le regard inquisiteur de la jeune fille.

“Tu comprends maintenant pourquoi je ne voulais pas de dos nu ?” demanda Aria, réveillant la couturière.

“Je… je croyais que tu…”

“Ne gardais pas de trace ?” la coupa-t-elle. “Comme tu le vois, il arrive que je ne guérisse pas entièrement. Celle-ci par exemple date de la première fois que j’ai tenu une épée.”

“J’en déduis que ça s’est mal passé.”

“Plutôt. Heureusement que Sonata était là.”

“J’ai cru comprendre qu’elle s’occupait de votre santé, si Rainbow n’a pas exagéré. Et celle-ci ?”

“Je te le raconterais peut-être un autre jour, si l’envie me prend. Tu me donnes la robe, s’il te plait.”

“Rainbow m’a raconté pas mal d’histoire sur toi,” fit Rarity en tendant la robe. “C’est vrai que tu as affronté une armée à toi seule, ou elle exagère un peu ?”

“Je ne sais pas quelle histoire elle t’a racontée, mais tu peux être certaine qu’elle a dû largement améliorer la vérité.”

“Si on en croit Sunset, ce n’est pas si éloigné de la vérité. Après tout, tu as bien battu seule quatre membres d’un gang.”

“Adagio était en danger, et je devais agir… mais avec le recul, j’aurais fait les choses différemment. Tu peux resserrer un peu la ceinture ?”

“Bien sûr,” répondit la couturière en s’agenouillant. “C’est mieux ?”

“Parfait,” répondit la sirène, “comme la vue.”

Rarity rougit légèrement à cette dernière remarque.

“Assez parlé de moi,” reprit Aria. “Tu as passé la journée à me poser des questions, j’aimerais bien avoir mon tour.”

“Oh… euh, bien sûr, Darling. Que veux-tu savoir ?”

“En fait, je me demandais si tu voyais quelqu’un en ce moment. Je veux dire... ” demanda la sirène avec un peu de gêne dans la voix.

“Pourquoi une telle question, Darling ?”

“Oh, juste comme ça,” répondit Aria en rougissant. “Après tout je t’ai bien parlé de mes relations amoureuses, alors… je me suis dit que…”

“Tu es mignonne quand tu rougis comme ça, on pourrait presque oublier que tu as plusieurs centaines d’années.”

“C’est bon, oublie cette question,” fit la sirène en terminant d’ajuster les épaules de la robe.

“Non, je ne vois personne pour l’instant. Il y a plein de garçons qui aimeraient bien sortir avec moi, mais aucun ne me plait vraiment.”

“Oh, je pensais que…” murmura-t-elle avec l’air déçu.

“Que quoi ?”

“Rien,” répondit-elle avec un sourire. “C’est juste que quand tu as parlé d’Aloe, je pensais que… tu préférais les femmes.”

“Darling, c’est… compliqué.”

“Que veux-tu dire ?”

“J’ai… j’ai l’impression d’être attiré par certaines de mes amies, mais… quand j’ai voulu en parler, on m’a dit que…”

“Ce n’est pas normal ? Que tu devrais te marier avec un homme ?”

“Oui, c’est ça.”

“Tu parles avec une femme qui s’est mariée avec une autre, il y a plusieurs centaines d’années.”

“Oui, mais tu pouvais forcer les gens à faire ce que tu voulais…”

“Je n’ai pas forcé le prêtre qui nous a mariées,” l’interrompit Aria. “Je ne sais plus quand est apparue cette idée débile que l’amour ne peut pas être entre deux personnes du même sexe, mais c’est récent.”

“Tu veux dire que... avant c’était normal ?”

“Oui. Quand nous sommes arrivées ici, c’était courant de tomber sur ce genre de couple. Et même avant, Satine et moi n’avons jamais eu à nous cacher.”

“C’est…” hésita Rarity, l’air perdue dans ses pensées.

“Je te propose de changer de sujet, je pense que tu as besoin d’y réfléchir de ton côté. Maintenant, pose cette robe.”

“Aria, je…”

“Tu as dit non, enfin presque, alors je ne tenterais rien. Mais si tu veux te changer, il faut bien poser la robe que tu portes,” l’interrompit de nouveau la sirène.

“Mais, je ne sais pas laquelle de tes créations je vais porter.”

“Je pensais que tu avais choisi celle-là,” lui répondit-elle en se dirigeant vers la robe de Satine. “Elle est finie, autant que quelqu’un la porte.”

“Merci,” termina Rarity. “Est-ce que tu pourrais sortir, s’il te plait.”

“Tu auras besoin d’aide pour nouer le lacet, mais tu n’auras qu'à m'appeler à ce moment,” accepta Aria en sortant de la pièce.

La couturière saisit le vêtement et la serra un peu contre elle en s'asseyant sur le lit, pensive. Au bout de quelques minutes à regarder un tableau au fusain des trois sirènes, elle se leva et commença à se changer. En reprenant la robe, elle eut un petit sourire. Elle sentit longuement l’odeur de celle-ci avant de l'enfiler. Elle appréciait grandement la sensation du tissu sur sa peau. Il ne lui restait plus qu’à appeler la sirène pour finir les ajustements, mais son regard s’arrêta de nouveau sur le tableau. Elle se perdit de nouveau dans ses pensés avant qu’Aria ne rentre pour voir si tout allait bien. Rarity esquiva la question en se rappelant qu’elles étaient attendues à la soirée, ce à quoi l’ancienne équestrienne répondit par un sourire avant de serrer un lacet caché dans une couture. Elle invita ensuite la jeune femme à sortir de la chambre. Elles se dirigèrent finalement vers la voiture, enfin prêtes pour la soirée.

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Note de l'auteur

Bon, j'aurais mis deux mois à finir ce chapitre, mais il est là.

Pour le chapitre suivant, je ne peux toujours pas promettre de date, mais j'essayerais de ne pas trop trainer.
Et promis, vous verrez enfin la fête d'anniversaire d'Aria.

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yolo157
yolo157 : #43997
speedangel16 novembre 2016 - #43953
Rarity aime aloe... Aaaah ça explique pourquoi elle va si souvent au spa
XD, mais j'avoue que ça serait logique ;-)
Il y a 1 an · Répondre
Reyro
Reyro : #43964
Par Luna un autre excellent chapitre mais la hype d'une romance devient trop forte ^^.
Il y a 1 an · Répondre
speedangel
speedangel : #43953
Rarity aime aloe... Aaaah ça explique pourquoi elle va si souvent au spa
Il y a 1 an · Répondre
Xenophylia
Xenophylia : #43930
Xd je sait qu'il n'y a aucune chance.
en général, je prend quelque chose que je suis sur qu'il va arriver (dans ma théorie précédente, deux éléments: 1, la fête va pas se dérouler comme prévu, quelque chose va se passer, et 2, adagio va faire une connerie. pour le 2ème je sait pas encore quand, ou, comment, mais je suis casi certain que sa va arriver), et après je rajoute des éléments pour que ça soit plus... "punchy".
ou serait le fun sinon ? >:33

et puis, des théories, je peut en avoir plein, c'est pas l'imagination qui me manque. mais le monde n'est pas prêt, tellement pas prêt... (et puis si la moitié de ce que je prédisait pour la suite s'avérait être vrai, je pense que ta fic emprunterais un chemin bien étrange, ou n'importe qui peut se trouver être un tueurs sanguinaire ou un agent infiltré de celestia XD).

Bref, ne jamais écouté le xeno, car il a toujours raison, même quand il a tort.




Il y a 1 an · Répondre
Inobi
Inobi : #43924
@speedangel : Je ne suis pas en retard, je ne suis pas en avance, nuance.

@LtZip : oui, les dazzlings sont enfin disponible. Sinon, je continue à douter de ce que je fais, et j'ai toujours peur quand je publie quelque chose. Après, si tu as apprécié, c'est le plus important.

@Xenophylia : Pourtant ce chapitre était censé faire rire aux éclats ^^. Pour ta théorie, elle est intéressante, mais il y a peu de chance que ce soit ça.
Il y a 1 an · Répondre
Xenophylia
Xenophylia : #43918
un nouveaux chapitre touchant et émouvant. j'en pleurerais si je n'était pas un narcissique égocentrique dénué d'empathie et de quelconque sentiments pour tout autres êtres vivants...

vivement que la fete commence, a mon avis y'aura un bon petit lot de revelations croustillante, peut être meme un retournement de situation ? :0 (perso je penche pour Adagio qui c'est échappé de l'hôpital et se ramène avec un flingue, a moitié folle, prête a s'en prendre aux rainbooms et ces soeurs).

en bref, j'ai bien aimé.
Il y a 1 an · Répondre
LtZip
LtZip : #43916
Très bon chapitre, content de voir que tu as pu dépassé ton passage de doute de la dernière fois. Concernant les délais, je comprend parfaitement, moi-même je met quatre plombes à écrire mes textes.

Edit: Je viens de me rendre compte que le système de tags de persos à complétement été refondu et que les dazzlings en ont un nouveau tout beau.
Modifié · Il y a 1 an · Répondre
speedangel
speedangel : #43913
Si tu veux mon avis la taille et les revelations issuent de ce chapitre compensent ton retard :)
Il y a 1 an · Répondre

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