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Paranormal Canterlot : Chained by y [...]

Une fiction écrite par Ponycroc.

Rien ne finit l'infini

J’étais enfin posée pour pouvoir reprendre mon calme. Les rendez-vous avec Luna, ce n’était jamais de tout repos et j’étais toujours un peu contente quand je partais. Oh, pas comme si j’avais l’impression d’avoir sauvé ma vie, mais plutôt comme quand on était heureux de quitter un grand parent qui vous faisait particulièrement peur.

Ce que je voulais pour le moment, c’était de pouvoir me reposer quelque part, juste l’instant de quelques minutes, car j’avais l’impression d’être toujours aussi épuisée qu’à mon premier réveil. Malheureusement, Luna m’avait confié une nouvelle mission et il m’était donc impossible de perdre davantage de temps, surtout qu’avec tout ce qui m’arrivait, si je n’y allais pas tout de suite, Celestia seule savait ce qui pourrait m’arriver comme nouveaux problèmes. Chrysalis chez moi, les incendies, le lien, rien ne me laissait dire que j’allais avoir un jour de congé avant un moment…

Je n’étais pas vraiment rassurée d’aller rencontrer les quatre chevaux de l’apocalypse… rien qu’avec un nom pareil il était préférable de les éviter. Mais étrangement, Luna semblait confiante quant à cette entrevue, malgré leur nature. De ce que j’en avais déjà entendu, ce sont eux qui étaient à l’origine de bon nombre de catastrophe. Mais il était impossible de les éliminer pour ce qu’ils avaient fait. Ils étaient comme les esprits, responsables pour beaucoup de mal, mais indispensables à notre monde, et donc, au-dessus des lois.

Pour l’instant, marcher semblait une meilleure solution, le froid n’était plus aussi présent dans mon corps, mais je ressentais le besoin de m’économiser. En fait, j’espérais aussi recroiser un autre changelin. Pas parce que je paniquais, mais simplement parce que j’en avais envie, je ressentais un réel besoin de me retrouver en compagnie d’eux.

« Tu m’as appelé ? » intervint un pégase blanc en se plaçant juste à côté de moi et en me faisant sursauter.

« Ah ! Chicha ? Pourquoi est-ce que tu es venue ? » M’inquiétais-je alors que je regardais autour de moi pour voir si personne ne l’avait vu. Après ça, je soupirai en me rappelant qu’il était sous sa forme de pégase et qu’il n’y avait donc rien à craindre. Oui, j’étais un peu à l’ouest à cause de la fatigue.

« Ben, je t’ai entendu, et je me suis dit que tu préférerais sans doute me voir plutôt que l’un de mes frères. » Me dit-il en souriant. Puis, il approcha son visage du mien et je sentis l’une de ses pattes se poser sur mon encolure pour me rapprocher de lui.

Je l’accueillis sans difficulté, mais étais légèrement tendue dû à la surprise de son action. Je sentis alors sa langue venir rencontrer la mienne pendant que je venais de moi-même me plaquer contre lui. Il semblait lui aussi tendu, parce que je le sentais respirer fébrilement comme s’il résistait à quelque chose, pourtant, je ne sentais pas mon pouvoir être plus présent que d’habitude. Je l’aimais beaucoup pour sa résistance, quand mon pouvoir était légèrement actif, beaucoup d’étalons n’arrivaient pas à se tenir et cherchaient toujours à m’impressionner, lui, il n’avait jamais été de ce genre.

Je me reculais légèrement avec un sourir, qu’il me rendit en se joignant à moi. Le chemin n’allait pas être trop long, mais c’était toujours agréable de pouvoir être en sa compagnie. Shiny s’agitait légèrement dans ma crinière. Il était censé dormir à cette heure, mais il avait l’air inquiet, et comme je pouvais le comprendre…

Je percutai Chicha avec mon épaule et continuai de pousser pour l'entraîner dans la première ruelle entre deux maisons. Ainsi, nous étions un peu plus à l’abri des regards pour me permettre de faire ce que j’allais faire. Je battis légèrement des ailes pour en extirper l’une des lames que j’avais cachées entre mes plumes et la pointai vers lui.

« Qui es-tu !? » Éructais-je en lui adressant un regard glacial, celui que j’utilisais quand j’étais prête à attaquer au moindre geste.

« Qu-quoi ? M,-mais Marshall, c’est moi, Chicha ! » Répondit-il en se relevant.

« Certainement pas ! Chicha ne m’appellerait jamais Marshall, et en plus, il n’embrasse pas en léchant les dents !... Personne ne fait ça bon sang ! »

Il secoua la tête avant de pincer les lèvres, je venais de percer son secret et maintenant, il ne savait plus quoi faire, il s’agenouilla légèrement en fermant les yeux.

« Je vous demande pardon, je vous en supplie Marshall, ne me faites pas de mal, ne le dites pas à mère ! »

Je soupirais légèrement en détendant mes muscles. Encore un changelin de Chrysalis… à quoi est-ce que je m’attendais ? Je ne rangeai pas pour autant mon couteau, même si ça me faisait quelque peu de la peine de le voir ainsi. Je baissai alors légèrement le bras avant de lui demander.

« Mais… pourquoi tu as fait ça ? » M’inquiétais-je quelque peu, mais je me repris rapidement en rangeant ma lame entre mes plumes et en aidant le changelin à se relever quand j’entendis un bruit juste derrière nous.

« Qu’est-ce qui se passe ici ?! » Fit un garde en bloquant le passage de ses ailes déployées.

« Bonjour soldat, je suis la Marshall de Canterlot. » Fis-je en tendant l’une de mes ailes où j’avais placé mon insigne. « Je ne faisais que poser des questions à cette personne, il n’y a pas de problème.

-Attendez une minute ! » Fit le garde sévèrement en s’approchant un peu plus du pégase blanc. Je voulus le retenir, mais celui-ci s’exclama alors rapidement : « Cherba, c’est toi ? Sale traître, c’était mon plan, t’avais pas le droit de me le voler !

-Vous êtes un changelin ? » Demandais-je, mais il m’ignora complètement.

« Tu vas voir quand je vais raconter ça à mère ! » Dit-il avant de se rapprocher de lui. L’autre changelin vint se cacher juste derrière moi avant de le supplier :

« Non Charle, s’il te plait, ne me frappe pas !

-Arrête tout de suite ! » Intervins-je avant de froncer les sourcils. « Charle ?

-Oui, t’as un problème avec mon nom changelin ?

-Euh… non non. » J’étais déjà étonnée de voir des changelins dans la garde de Canterlot, mais il fallait avouer que son nom était bien plus perturbant. « Mais tu ne vas rien faire à Cherba ! » Ordonnais-je en me montrant ferme. À mon grand étonnement, cela fonctionna, le changelin déguisé en garde baissa les yeux avant de reculer légèrement.

« D’accord, mais je vais tout raconter à…

-Non, tu ne diras rien non plus à Chrysalis ! Si Cherba est là, c’est parce que c’est moi qui l’ai appelé… et je lui ai aussi demandé de prendre cette apparence ! »

Le garde fronça légèrement les sourcils en laissant son regard faire la navette entre moi et le changelin, puis il fit pivoter ses ergots en faisant claquer sa queue avant de s’en aller.

« Si t’es pas à ton poste dans une demi-heure Cherba, je te tue ! » Pesta-t-il une dernière fois avant de quitter la ruelle.

Je me retournai alors sur le changelin qui était resté caché derrière moi et le fusillai du regard.

« Très bien, alors tu t’es amusé à prendre le même déguisement que Chicha pour en profiter avec moi, c’est bien ça ?

-O-oui… » Souffla-t-il les yeux baissés.

« Tu sais que j’en aurais déjà tué pour moins que ça ? » Dis-je en roulant des yeux. Mais voir son air attristé ne m’aidait pas à me mettre en colère. « Aller viens, autant en profiter maintenant que tu es là. » Je me retournais et repris aussitôt la route. Le changelin vint rapidement à ma suite en gardant la tête basse.

« M-merci de m’avoir défendu…

-Bah, tu n’es pas le premier qui tente sa chance, donc je ne peux pas vraiment t’en vouloir… Quoi qu’il en soit, je te conseille vivement d’arrêter de te faire passer pour Chicha… et fais passer le mot à tes frères qui auraient la même idée. »

Il acquiesça silencieusement avant de rétorquer.

« D’un autre côté, ce n’est pas notre faute, le déguisement de Chicha n’a rien pour se démarquer et il est tentant pour nous de nous faire passer pour lui.

-Il a vraiment une si bonne place que ça dans la ruche ?

-L’une des meilleures… » Me répondit-il en se collant un peu plus contre moi pour éviter la foule de poneys qui venait vers nous. « Mais il a aussi beaucoup de responsabilités. Au moindre faux pas, il risque de tout perdre…

-Quel genre de faux pas ?

-Vous perdre… »

Je le regardais en écarquillant légèrement les yeux. Strawberry m’avait déjà expliqué que Chicha disposait d’une très bonne place auprès de Chrysalis, mais je ne pensais pas que tout ça était dû à moi. Si je le quittais, il risquait d’avoir de graves ennuis, et en y repensant, il avait pris de gros risques en se disputant avec moi… Il avait été prêt à risquer sa vie juste pour me faire comprendre mon erreur…

« Mais peut-être que s’il ajoute des accessoires, il deviendra beaucoup plus compliqué pour nous de l’imiter et ça ne sera plus un danger.

-Qu’est-ce que tu entends par accessoires ? Je croyais que les changelins étaient capables d’imiter les vêtements.

-Oui, les vêtements sont faits avec une couche très fine de notre peau, même s’il est difficile de bien la modeler pour imiter vos vêtements, nous pouvons pratiquement tout faire, sauf, les objets trop lourd et dur. Par exemple, des anneaux, une paire de lunettes, un collier.

-Et tu peux m’assurer que personne d’autre n’arrivera à l’imiter ?

-Seulement s’ils arrivent à trouver les mêmes accessoires. »

Je hochais alors la tête en souriant légèrement. C’était toujours intéressant d’en savoir plus sur les créatures surnaturelles, surtout les changelins avec qui j’étais en contacte permanent. Il ne me restait plus qu’à trouver quelque chose qui irait bien à Chicha pour être sûr de ne plus avoir de surprise.

« Très bien, tu iras voir Chrysalis de ma part et tu lui demanderas de lui trouver une boucle d’oreille… en argent… Oh et un modèle fait au sabot pour être certain qu’il n’y aura aucun doublon.

-À vos ordres Marshall. » Fit-il, s’inclinant légèrement en continuant la route avec moi.

Cela était étrange de se retrouver à diriger des changelins à loisir. Bien que je souhaitais mettre le plus de distance entre Chrysalis et moi, je ne pouvais que regretter la perte de ce privilège. Chrysalis ne me demanderait rien en retour, certainement parce qu’elle avait déjà prévu des choses pour moi et ainsi régler la note… ou alors elle allait encore mettre plus de changelin chez moi. Je ne lui devais rien pour ce service, Chicha était son fils après tout, c’était son devoir de subvenir à ses besoins et qu’il n’y ait aucune dispute avec ses frères, je lui avais juste donné une solution.

« Faites attention Marshall ! » Me prévint Cherba en mettant un sabot juste devant moi pour que je m’arrête. Je fixais alors son regard et le vis baisser les yeux pour ne pas m’affronter directement. Je ne cherchais pas à l’intimider, mais il était certain que ce changelin ne voulait en aucun cas me provoquer d’une quelconque manière. Je le remerciais discrètement avant de reporter mon attention sur la foule qui s’était agglutinée juste devant nous. Soupirant légèrement, je bousculais le changelin pour lui indiquer de contourner tout ce monde. Nous n’étions pas loin du château, et de ce côté de la ville, il y avait toujours ce genre de scène qui se jouait en pleine rue.

« Ouvrez les yeux ! Vous ne voyez pas qu’ils sont partout !? Pensez-vous que la seule magie qui nous est révélée est celle qui se trouve juste au-dessus de notre front ?! » Clama une licorne grise avec une crinière et un bouc noir.

« Ne traîne pas Cherba ! » Soufflais-je en le poussant à travers la foule. Le changelin faisait de son mieux pour passer discrètement sans se faire remarquer, mais malheureusement pour moi, c’était une autre histoire…

« Hey, vous ! Regardez là tous ! Qui peut me dire qui est cette jument !? Une jument rose qui dispose d’une corne et d’ailes. N’est-ce pas quelque chose que seules les deux princesses d’Equestria sont capables ? Est-elle princesse ? Dispose-t-elle d’un quelconque rôle de dirigeant ici à Canterlot ? »

La foule commença à tourner son attention sur moi. Le prêcheur aurait bien mérité que je lui fasse bouffer ma corne ! Les poneys autour de moi se firent un peu plus bruyants, allant jusqu’à se placer devant mon chemin pour me ralentir. C’était incroyable comme un simple poney pouvait avoir autant de pouvoir sur une foule d’ignorants… même s’il n’avait pas réellement tort.

« Regardez-là, elle se sait coupable ! Elle usurpe l’identité des princesses, elle dégrade leur rang divin ! »

Habituellement, je n’avais rien à craindre si ce n’était quelques insultes dans mon dos. En effet, au nord de Canterlot, rares étaient les poneys prêts à en venir au sabot. Malheureusement pour moi, aujourd’hui, le discours du prêcheur devait être très convaincant, car plusieurs poneys refermèrent les rangs juste devant moi. Cherba eut à peine le temps de passer et c’est sans m’attendre qu’il continua son chemin pour enfin s’éloigner de ce troupeau d’idiots. Je me mis à soupirer avant de rapidement sortir mon badge de Marshall et en le levant bien haut.

« Marshall Fédéral d’Equestria, je gère le secteur de Canterlot.

-Marshall Mi Amor ! » Commença la licorne que je ne connaissais que trop bien. « Que venez-vous faire ici ? J’espère que notre petite assemblez ne vous dérange pas ?

-Bien sûr que non, Speak Out, je n’irais jamais priver les poneys se s’exprimer librement… surtout quand c’est pour écouter un poney qui divague. » Lâchais-je en foudroyant du regard les poneys qui me bloquaient le passage. Je savais que je n’aurais pas dû le provoquer, mais c’était lui qui avait commencé en m’incitant à l’arrêter sans le moindre motif valable.

« C’est vrai, j’avais presque oublié que vous représentiez l’ordre et la loi, enfin, si seulement quelqu’un vous avait déjà vu à l’oeuvre…

-Donnez-moi l’occasion et vous pourrez me voir à l’oeuvre. » Raillais-je en souriant avant de contourner le premier groupe de poney pour me retrouver bloquée par d’autre encore qui semblait faire comme si je n’étais pas là. Je ne pouvais pas m’envoler, si je faisais cela, il serait facile pour ces poneys de voir les lames que je cachais sous mes ailes et je risquais encore une fois de leur donner raison dans leur hystérie.

« J’imagine que tous les poneys dont vous vous êtes occupé ne sont plus là pour témoigner ? À ce propos, est-ce que vous vous nourrissez toujours de viande ?

-Est-ce un crime ? » Demandais-je en me tournant sur le poney sur l’estrade. « Auriez-vous un problème contre les griffons ou les zèbres qui en font de même ? » Parfait, si je pouvais le faire passer pour un xénophobe, il n’aurait plus aucune crédibilité envers son public.

« Oh non, je n’ai aucun problème contre cela, tant qu’ils ne viennent pas se nourrir de nos animaux de compagnie ! »

Je roulais des yeux en entendant la foule se mettre à pousser des exclamations outragées à mon égard. Il était clair que je n’allais pas m’en sortir s’il me reprochait chaque fait divers qui s’était passé à Canterlot, en plus, je n’aimais vraiment pas toucher à la viande de chien. J’étais très énervée contre ce poney, et je savais que tout ce que je dirais se retournerait contre moi. Si seulement Chrysalis pouvait lâcher une horde de changelin sur Canterlot, là, maintenant…

« Moi, le Marshall m’a sauvé la vie ! » Lança une voix féminine au milieu de la foule. Tous les poneys ainsi que moi-même tournions la tête dans tous les sens pour trouver la personne qui s’était prononcée. Cette dernière attendit un moment pour être certaine qu’elle avait bien l’attention de toute l’audience.

C’était une simple pégase bleue à la crinière quelques tons plus foncés. Je me mis à sourire en la reconnaissant et soufflai légèrement en me détendant, si elle était là pour me venir en aide, je n’avais absolument rien à craindre, elle avait toujours su y faire face à une foule de poneys à convaincre.

« Je m’appelle Carmen, et la Marshall ici présente m’a sauvé de mon ancien compagnon, un poney qui me frappait. Il pensait avoir tous les droits sur moi et m’enfermait à la maison sans que je puisse voir personne, ma famille comme mes amis. Le travail de la Marshall est de veiller sur le maintien des bonnes relations entre les couples. Je ne sais pas par quel miracle elle a été au courant de ma situation, mais elle m’a délivré de mon horrible compagnon, maintenant, celui-ci n’a plus le droit de s’approcher de moi à moins de cent mètres, et de mon côté, j’ai pu me mettre à travailler et vivre pleinement ma vie. » La pégase bleue se mit même à verser une larme en souriant avant de terminer sur une plus bonne note encore. « E-et… j’ai même rencontré un poney avec qui je suis depuis deux ans maintenant… Et nous allons bientôt nous marier. »

La foule lâcha alors un soupire de soulagement. Les juments mettaient un sabot devant leur bouche pour ne pas commencer à pleurer et les étalons hochaient la tête d’approbation. Je me mis à secouer la tête en roulant des yeux avant de me mettre à sourire de tout ce cinéma. Carmen était la plus douée pour dire aux gens exactement ce qu’ils voulaient entendre.

« Elle mange des chats ! » Rétorqua Speak Out.

« Bwoooooouuuuuuuhhh ! » Lui assena la foule en levant leur sabot, le huant davantage. En quelques minutes seulement, les poneys finirent par se disperser après que la licorne ait quitté la scène.

Je restai à ma place, attendant que la jument me rejoigne pour pouvoir enfin la remercier comme il se devait.

« Cadance ! » Fit-elle en me serrant entre ses pattes. « Eh bien, j’arrive au bon moment pour te sauver » je lui rendis son étreinte avant de lui répondre.

« Oui, tu as sauvé cette licorne insupportable de la Marshall qui s’apprêtait à le tuer. Je ne sais pas ce que Canterlot aurait fait sans lui. Ah ah, merci beaucoup. »

La jument se mit à rire avant de faire un pas en arrière. Carmen était ce genre de jument qui était toujours de bonne humeur et qui rendait sa joie très communicative. C’était une sirène, enfin… l’arrière, arrière, arrière, arrière-petite-fille d’une sirène. Sa famille avait toujours été consciente de leur origine et se gardait bien de l’annoncer à leur époux. Et ce fut ainsi qu’après des années de dispersion des gènes, on se retrouvait avec une jument qui n’avait comme seules caractéristiques, une voix incroyablement douce et mélodieuse ainsi que des pupilles fendues. Selon moi, ce n’était pas cher payé pour avoir une voix aussi belle que la sienne.

« Tu étais vraiment obligée de raconter toutes ces histoires pour m’aider ? Et si des gens venaient à se poser des questions sur toi.

-Nous sommes dans la partie Nord de Canterlot, Cadance, personne ne veut connaître quoi que ce soit de son voisin. Et d’ailleurs, je n’ai pas entièrement menti, Flashlight et moi allons bientôt nous marier !

-C’est pas vrai ! » Répondis-je choquée en sentant mes ailes battre sans que je ne puisse les retenir. « Ne me dis pas que tu vas épouser cette andouille de Flashlight ?! » Raillais-je en souriant. Carmen savait que j’adorais son compagnon que je croisais souvent dans mon boulot de Marshall.

« Oui, c’est mon andouille. » Dit-elle en riant avant de pincer légèrement les lèvres, prenant un air un peu plus grave. « En fait, c’est lui qui aurait dû t’annoncer la nouvelle, mais avec ces histoires d’incendies, il n’arrive jamais à trouver un bon moment.

-Oh tu sais, je le croise la plupart du temps sur une scène de crime, on a fini par prendre l’habitude de ne plus faire attention à ça pour parler entre nous. Le connaissant, je suis sûr qu’il a juste oublié de me le dire. »

Carmen se mit à nouveau à rire avant de secouer la tête.

« Oui, ça pourrait bien être ça. » Elle reprit ensuite son calme avant de me pousser légèrement du sabot pour m'inciter à me mettre en marche. Certainement pour plus de discrétion. « Cadance, dis moi si je me trompe, mais est-ce que tu…

-Es bien l’esclave de Chrysalis ? Tout le monde le sait déjà. » Ça ne m’étonnait même plus… « Un lien magique s’est créé entre nous, mais elle peut se brosser en espérant pouvoir me commander quoi que ce soit.

-Je voulais savoir si tu étais réellement passée au bordel de Ember, mais je crois que ça peut répondre à ma question… Et, comment est-ce que la reine des changelins prend ta décision ? » Carmen n’avait pas énormément de pouvoir, ni même d'influence ici à Canterlot, pourtant, comme beaucoup de créatures surnaturelles, elle savait où trouver et récupérer les informations sur ce qu’il se passait en ville… Et personne n’était fichu de me dire qui était le responsable des incendies…

« Oh, je n’en sais rien… mais pourquoi on ne poserait pas la question. » Je regardais la rue au loin et vis une silhouette qui m’avait rapidement quittée lorsque j’étais bloquée par une foule en colère. Je ne pouvais pourtant pas trop lui en vouloir, d’abord parce que si son secret était révélé, cela provoquerait une crise dans tout Canterlot, et ensuite, parce que je voyais que ce changelin n’était pas le plus fort et qu’il avait besoin de moi pour le protéger… Est-ce que je venais vraiment de penser ça ? Je lui fis un rapide signe de tête pour l'inciter à venir ce qu’il fit sans la moindre hésitation et au trot.

« Vous allez bien Marshall ? » S’inquiéta-t-il aussitôt le regard baissé. « Je suis désolé de ne pas être resté avec vous, j’ai pris peur et par réflexe, je me suis éloigné rapidement de la foule… J’ai honte. » Il ne semblait pas être gêné par la présence de Carmen, peut-être qu’il se doutait qu’elle était une créature surnaturelle, elle aussi.

« Il n’y a pas de problème, je n’aurais pas voulu que tu fasses autrement. Tout va bien pour toi ? »

Il hocha simplement la tête en gardant la tête baissée.

« Très bien, maintenant, est-ce que tu pourrais me répondre franchement, comment Chrysalis considère mon refus de lui obéir ? »

Le changelin déglutit nerveusement en écarquillant légèrement les yeux. La pégase bleue à mes côtés pencha légèrement la tête en fronçant les sourcils et demanda si c’était un changelin, ce que je confirmai rapidement en attendant la réponse de ce dernier.

« Euhm… Ma matriarche… elle… e-elle est en colère parce que vous ne voulez pas nous rejoindre… Mais, elle dit aussi que c’est juste une question de temps, qu’il faut juste que vous vous fassiez à l’idée… Pardon, excusez-moi. » Dit-il en penchant encore plus la tête comme si j’allais m’apprêter à le frapper.

Je posais alors délicatement ma patte sur son encolure pour lui faire comprendre qu’il n’avait rien à craindre, ce qui n’était pas facile à la manière dont il se crispa. Je fis alors glisser mon sabot sur sa joue, puis sous son menton pour relever sa tête.

« Tu n’as pas à t’excuser, ce qui arrive n’est en rien de ta faute. » Je le vis me sourire légèrement, même s’il gardait un air peiné.

« Ouah, ça ne s’annonce pas vraiment bien pour toi Cadance… » Annonça Carmen en secouant légèrement la tête.

« Pourquoi ? Chrysalis est en colère et elle se donne de faux espoirs, personnellement, je trouve ça plutôt drôle. » Répondis-je en haussant les épaules avant de me remettre en marche suivie par la pégase et le changelin.

« De faux espoir ? Tu as vu comment tu t’adresses à ce changelin ? On dirait presque que tu es l’une des nurses de sa ruche.

-Une nurse ? » Demandais-je en me retournant légèrement sur elle.

« Les juments que les changelins engagent pour s’occuper des plus jeunes d’entre eux. »

Je n’allais pas demander comment Carmen était au courant de ce genre de chose, après tout, elle baignait dans ce monde depuis plus longtemps que moi et avait dû s’informer sur beaucoup de choses. Actuellement, je m’inquiétais plus pour Little Star, était-ce ça le métier que Chrysalis venait de lui proposer ?

« N’exagère pas, Cherba est juste un peu timide et je n’ai pas envie de lui faire peur… pas vrai ? » Rétorquais-je en me tournant sur ce dernier qui hocha vivement de la tête.

« Je sais que ça ne me regarde pas, Cadance, mais Chrysalis n’est pas du genre à laisser les choses aller sans rien faire. Crois-moi, si elle a décidé que tu seras sienne, elle ne reculera devant rien pour se faire. » Je vis Cherba regarder la pégase d’une étrange manière. Il n’avait pas l’air en colère par ce qu’elle disait sur sa mère, il semblait juste l’écouter, silencieusement.

« Pas de bol, c’est moi la Marshall de Canterlot, elle ne pourra pas me faire de coup bas. Et arrêtons de parler de moi et revenons plutôt à ton mariage. » Les conseils de la pégase bleue étaient toujours bons à prendre, mais je commençais à en avoir un peu marre que tout le monde s’intéresse uniquement à ma relation avec Chrysalis.

« Merde ! » Lâcha-t-elle en se stoppant net. Je fus moi-même surprise de sa réaction, en effet, Carmen n’était pas du genre à se montrer aussi crue. « Quelle idiote, j’ai complètement oublié que j’avais un rendez-vous pour l’essayage de la robe. Excuse-moi Cadance, mais je dois absolument y aller. De toute façon, Flashlight te fera la surprise en t’annonçant que tu es invitée. » Elle s'apprêta à partir avant de s’arrêter une nouvelle fois. « Mieux vaut que je le fasse en fait, connaissant cette andouille, il oubliera encore bien vite. » Elle se retourna sur moi en me souriant. « Tu es invitée à la cérémonie ainsi qu’à la soirée festive. Tu peux inviter une personne avec toi, et une deuxième si tu le souhaites, mais n’oublie pas de nous prévenir dans ce cas. Nous commencerons à dix heures dans les grands jardins du château. Oh et il n’y a pas de problème si tu souhaites venir avec… » Elle fit un rapide geste du sabot vers Cherba. « N’importe qui. Tant qu’ils savent se tenir et rester discret. »

Je roulais des yeux avant de sourire. Carmen était une jument très organisée qui savait toujours prendre en compte, la situation, ainsi que les préférences de chaque personne… Tout l’inverse de Flashlight. Je la remerciais une dernière fois, pour l’invitation et pour son coup de sabot face à Speak Out. Puis, la jument s’en alla au galop, certainement pour passer plusieurs heures dans une boutique à essayer les différentes robes en espérant trouver la perle rare… J’adorerai me marier… Juste pour le plaisir d’essayer des robes en réalité.

« Elle a l’air plutôt gentille pour une sirène… » Commenta Cherba.

« Surveille ton langage vermisseau ! Elle n’a pratiquement rien d’une sirène si ce n’est la voix.

-C’est déjà beaucoup… » Rétorqua-t-il.

« C’est moi où tu es en train de me répondre ?! » Menaçais-je en lui adressant un regard froid.

« P-pardon, j-je ne voulais pas me montrer insolent Marshall. » Voir le changelin se répandre aussitôt en excuse me fit rire, même si je me sentais coupable de jouer avec lui de la sorte.

« Je plaisante voyons ! » Confiais-je en me rapprochant de lui pour venir plaquer ma joue contre son encolure. « Et puis appelle-moi Cadance, si tu as pris l’apparence de Chicha, autant que tu joues correctement son rôle.

-O-oui Marshall… Euhm, Cadance.

-C’est mieux. Aller viens, nous ne sommes plus très loin et j’ai hâte de finir la mission qu’on m’a confiée.

-T-tout de suite ? J-je ne sais pas si j’en ai l’autorisation, je dois bientôt reprendre mon poste et on risque de me… » Je ne le laissai pas finir sa phrase et posai un sabot sur son encolure pour l’entraîner avec moi.

« Arrête d’être aussi timide, tu sais très bien que Chrysalis préfère que tu m’obéisses que d’être à ton stupide poste… d’ailleurs, qu’est-ce que tu devais faire de si particulier ?

-Faire ma collecte du mois…

-À la bonne heure ! Tu n’es pas en train de mourir de faim ? Et la ruche pourra bien survivre à ton absence ? Tant que tu es avec moi, dis-toi que tu remplis parfaitement toutes les exigences de Chrysalis !

-V-vous croyez ? » Je lui jetai un regard en coin en plissant les yeux. « Tu en es sûre ? » Se reprit-il en jouant mon parfait amant.

« Exactement mon chéri. » Répondis-je en me serrant un peu plus contre lui. « Je ne dirais rien à Chrysalis par rapport à ton petit manège, j’irais même lui parler de toi, alors tu n’as rien à craindre. Accompagne-moi juste encore quelques minutes.

-D’accord Cadance… mais pourquoi est-ce que tu voudrais que je fasse cela ?... En dehors du fait que je suis ton amant, bien sûr ! » Dit-il l’air légèrement gêné. Je secouai la tête en souriant. Ce changelin avait beaucoup de mal à jouer la comédie, ça se voyait. Puis, je me mis à réfléchir un peu plus sérieusement à sa question. Pourquoi voulais-je qu’il m’accompagne ? Je ne me sentais pas plus mal que ça, je n’étais pas en danger et je n’avais aucun message à faire passer à Chrysalis… Qu’est-ce qui pouvait m’inciter à lui demander de rester avec moi ?

« J’aime juste être en ta compagnie. » Répondis-je en haussant les épaules.

                                                                 *       *       *

                                                                      *       *

                                                                          *

« Mais ça ne serait pas notre Marshall attitrée, la mucho caliente Mi amor Cadenza ! » Annonça un étalon rouge zébré en ouvrant la porte.

Je restai figée, un sourire circonspect, me demandant dans quel guêpier je m’étais encore fourrée.

« B-bonjour, c’est exact… c’est bien moi, Marshall Mi amor, je suis venue pour…

-N’en dites pas plus, entrez ! Mi casa es su casa ! » Fit-il en faisant un large geste du sabot pour m’inviter chez lui.

Je n’étais pas vraiment rassurée à l’idée d’entrer dans la maison des quatre chevaux de l’apocalypse... ou même celle d’un type aussi accueillant, ça cachait clairement quelque chose de louche.

« Ça ne sera pas nécessaire, j’ai…

-Vous verrez, nous serons bien plus à l’aise à l’intérieur. Vous venez pour nous poser des questions sur le taxidermiste, alors, il est préférable de faire cela à l’intérieur. »

Je fronçais légèrement les sourcils en l’entendant. Il savait déjà l’objectif de ma venue, et moi, je ne savais même pas à qui j’avais affaire. ça avait le don de m’énerver, mais plus encore, ce qu’il me répondit ensuite :

« Eh oui, Marshall, j’ai de nombreux dons, et la télépathie en fait partie. » Dit-il en étirant un très large sourire. Voyant que j’étais toujours sur la défensive, il se ravisa en adoptant un air moins menaçant avant de rire. « Calmez-vous, Luna nous a déjà prévenus de votre venue. J’étais en train de préparer à manger, nous pourrions discuter tranquillement autour d’un bon repas, n’est-ce pas ?

-E-et vous êtes ? » Je vis alors le visage de l’étalon rouge et noir changer brusquement. De la joie, il passa à l'indignation avant d’adopter un air surpris, voir même choqué.

« Oh, mais où sont mes bonnes manières ?! Excusez-moi Marshall, j’étais tellement content d’accueillir un invité que j’ai complètement oublié de me présenter. Red Candle, pour vous servir. » Il me tendit une patte que je serrai légèrement. Je pouvais déjà sentir une énergie brûlante émaner de cette simple poignée de sabot, ce qui me fit aussitôt grimacer avant de le reposer en reprenant un air neutre. « Mais entre nous, mes soeurs m’appellent Guerre. Je crois que ça se passe d’explication, hmmm ?

-D’accord… » Fis-je sans trop quoi répondre. « Vous pensez qu’il y aurait moyen de faire ça rapidement, j’ai beaucoup à faire et je ne peux me permettre de perdre du temps, sans vous vexer. » En réalité, j’avais tout, sauf envie d’entrer chez lui.

« Il n’y a aucun problème, vous ne nous dérangez absolument pas ! » Rétorqua-t-il en me prenant délicatement le sabot pour m’inviter à l’intérieur. Il faisait exprès de ne rien comprendre, et cela m’énervait, mais bien entendu, qu’est-ce que je pouvais répondre à un poney qui s’appelait « Guerre ». Je ne ressentis plus aucune sensation étrange quand nos sabots se touchèrent, est-ce qu’il avait laissé son pouvoir déborder la première fois pour m’avertir que j’étais en présence de quelqu’un de bien plus puissant que moi ?

Leur maison n’avait rien de particulier. Un large salon avec une cheminée et plusieurs canapés pour la pièce principale, qui était déjà occupée par une jument crème qui gardait deux jeunes poulains. Il y avait une cuisine avec une salle à manger à l’autre bout de la pièce, séparé par une porte à double battant vitré. Je me demandais bien ce qu’il y avait en haut de l’escalier du salon, parce que pour le moment, je ne voyais qu’une maison tout à fait banale qui conviendrait à n’importe quelle famille moyenne, mais pas à des créatures surnaturelles comme celles-ci.

« J’ai mis beaucoup de temps avec ma petite soeur à rebâtir cette maison. D’ailleurs, je vous présente Sundrow. » L’étalon tendit un sabot vers la jument qui se trouvait dans le salon avant de se rapprocher de moi pour me souffler à l’oreille. « Si vous vous posez la question, elle, c’est Famine. Elle semble déjà vous apprécier alors n’allez pas tout gâcher.

-T’es au courant que je t’entends Red !? » Fit la pégase crème en prenant un air faussement agacé.

« J’essaye juste d’être courtois ! Excuse-moi, je sais que ce n’est pas dans tes habitudes. » Rétorqua-t-il en me poussant légèrement vers elle.

J’avais déjà l’impression d’être une souris au pays des chats. Ils n’avaient rien à craindre de moi, pire encore, on ne leur ferait absolument rien s’ils venaient à me faire du mal. Les quatre chevaux de l’apocalypse étaient tout comme les esprits qui parcouraient notre monde : éternels. En clair, ils étaient au-dessus des lois. Peu importe ce qu’ils faisaient, il n’y avait aucun moyen de les contenir ou de les emprisonner. Je n’étais qu’un jeu pour eux, un passe-temps.

« Venez Marshall. Nous savons pourquoi vous êtes là et la patience ne semble pas vraiment votre fort. » Lança la jument sans détacher son regard des poulains dont elle s’occupait.

Je m’avançais alors lentement, contournant la table basse avant de m’arrêter devant elle. L’un des poulains était entre ses jambes, en train de jouer avec une peluche à l'effigie de Luna, tandis que l’autre, un peu plus grand, était dans son coin du canapé avec un petit livret entre les sabots.

« Ça ne te dérange pas de t’occuper de Sapphire en même temps que nous discutons ? Ce sont les enfants d’une amie qui est au travail actuellement, je l’aide un peu en m’occupant d’eux pendant mes jours de congé.

-N-non… » Répondis-je crispée. Oui, je devais avouer que je trouvais cela particulier et dire non à une créature surnaturelle de ce genre n’était pas vraiment une bonne idée. J’aimais bien les poulains, ils ne me dérangeaient vraiment pas, mais j'éprouvais toujours une certaine crainte face à eux. Je sais, c’était idiot.

Je me mis face à la dénommée Sapphire qui ne semblait même pas m’avoir remarquée, trop concentrée sur son livre pour enfant.

« Hey salut toi. » La pouliche leva alors son regard sur moi et m’observa avec deux gros yeux ronds. Est-ce que j’étais sur la bonne voie ? Est-ce que je lui faisais peur ? Je tendis alors légèrement une patte vers elle, espérant qu’elle ne se mette pas à pleurer sans raison, et lui touchais le bout du sabot postérieur. La pouliche abandonna alors aussitôt son livre pour venir attraper ma patte en tombant pratiquement dessus. Je me mis à rire avant d’utiliser mes deux sabots pour la soulever doucement sans l'effrayer avant de la porter contre moi.

« Tu sembles savoir y faire avec les poulains, même si tu as l’air complètement crispée. » Gloussa Sundrow en caressant la crinière du poulain qu’elle avait entre ses jambes.

« J-je… C’est toujours dur quand on ne les connaît pas encore. » Je m’installais ensuite dans le canapé plus confortablement en calant la pouliche contre moi et en lui ramenant son livret avec ma magie. Je me demandais déjà comment j’avais pu en arriver là, mais après tout, ce n’était pas aussi dangereux que ce à quoi je m’étais attendue. Porter un enfant, il y avait bien pire comme torture.

« Ne m’en parle, il m’a fallu plus d’une centaine d’années avant d’arrêter de paniquer chaque fois qu’ils éternuent. » Elle porta son poulain à hauteur de son museau avant de l’embrasser sur le front en lui faisant des grimaces. « Mais toi tu es tout gentil mon petit Ruby, hein ? Boooouuuuuhhhh, ooooooouuuuuuiiiii, waka-waka.”

Je regardais la jument avec un sourire légèrement gêné tandis qu’elle continuait son numéro de pitrerie et de bruit jusqu’à ce que le petit poulain se mette à rire. Moi-même je me mis à rire, mais je ne savais dire si c’était parce que je trouvais mignon cet enfant qui riait, ou si c’était parce que je voyais Famine faire des grimaces. Rien qu’imaginer la scène avec Luna ou Chrysalis était amusant en soi.

« Bon, les filles, j’ai intérêt à terminer le repas avant que Last Flower ne revienne du travail, alors je vous laisse entre vous. N’hésitez pas à m’appeler s’il vous faut quelque chose. » Fit Red en m’adressant un clin d’oeil qui se voulait plus qu’amical.

« L’une de vos soeurs travaille ? » Demandais-je en tournant mon regard vers Sundrow.

« Bien sûr, Red et moi travaillons aussi, dans mon restaurant, la haie d’argent. Tu devrais venir y goûter la cuisine, il y a des plats pour tous les régimes et personne ne te jugera, sans parler de la cuisine qui est très bonne, c’est Red le cuisinier en chef. »

Je trouvai cela très étrange. Les créatures éternelles n’étaient pas réellement du genre à passer du temps en contact avec les mortels. Cela ne leur apportait absolument rien. Pour des êtres de ce genre, la vie et la mort d’une personne en particulier ne représentaient rien. Quand on vit pour l’éternité, la peine, la tristesse et même la joie sont des choses passagères, voire même inexistantes. Je sortis de ma réflexion mentale quand la pouliche entre mes sabots se mit à pleurer, elle venait de perdre le livret qu’elle tenait. Je le lui rendis rapidement, mais elle ne se calma pas pour autant. Je me mis à la bercer lentement en lui chuchotant de se détendre, mais en vain.

« Donne-lui sa tétine, elle est sur la table basse. » Fit la pégase à la crinière blanche en gardant son regard fixé sur le poulain qu’elle gardait contre elle et qui semblait s’endormir.

Je pris rapidement l’objet avec ma magie pour l’amener à la petite. Cette dernière ne la remarqua même pas, c’est pourquoi je procédai de manière plus brusque en la plaçant directement dans sa bouche. À mon grand étonnement, l’effet fut immédiat, la pouliche referma les lèvres sur la tétine et se calma aussitôt. Je me mis à sourire en la voyant m’observer avec ses deux gros yeux avant de reporter son attention sur son livret.

« C’est étonnant que tu n’aies pas d’enfant, tu sembles beaucoup les apprécier. » Jugea la pégase crème en m’observant du coin de l’oeil. Je m’étranglai légèrement et fis de mon mieux pour ne pas secouer la petite que j’avais contre moi. Il ne manquerait plus qu’elle se remette à pleurer. « Quoi ? Tu es stérile ? » Demanda-t-elle alors que j’étais encore en train de me remettre de sa première question. Elle voulait certainement m’achever…

« N-non. Ce n’est pas ça le problème… J’aime les enfants, mais… Je ne me vois pas fonder une famille...

-Et pourquoi ça ? Tu as envie d’avoir des enfants, ça se voit, j’imagine que ce n’est pas quelque chose qui presse, tu serais prête à te laisser quelques années, mais tu sembles vouloir t’en priver définitivement. » Analysa-t-elle alors qu’elle ne me regardait même plus, est-ce que le ton de ma voix suffisait à dévoiler tout ça ?

« Je suis la Marshall de cette ville, un métier dangereux qui ne peut me permettre ce genre de chose… » Répondis-je en secouant la tête comme si c’était une évidence.

« Et les poulains que nous portons actuellement appartiennent à une amie qui travaille dans la garde royale. Là aussi il y a du danger, pourtant, elle ne s’est pas privée de faire des enfants.

-Je suis une succube ! » Rétorquais-je alors un peu plus sèchement. La pégase crème me foudroya de ses yeux marron. Je n’aimais pas son regard, mais son intrusion dans ma vie privée encore moins.

« Et moi je suis Famine, le deuxième cheval de l’apocalypse. Je parcourrai ce monde jusqu’à sa fin en laissant un sillage de cendre et d’os partout où je marcherai. Pourtant Cadance, plus que tout, c’est un enfant que je voudrai. Mais cela m’est impossible, que ce soit avec Guerre, ou même un poney de ce monde… » Elle arrêta alors de me percer de son regard qui me laissait voir toute sa puissance avant de reporter son attention sur Ruby qui dormait contre son poitrail. « Qu’est-ce qui vous empêche de profiter de votre vie alors qu’elle est si courte ?

-On a peur des conséquences…

-Quoi, mourir ? » Demanda-t-elle interloquée. « Les Equestriens vivent moins d’une centaine d’années, j’ai toujours trouvé étrange que vous puissiez à ce point craindre une fatalité aussi évidente.

-Non, pas ce genre de conséquence. » Répondis-je doucement en secouant la tête et en observant la pouliche. « On a peur de décevoir, de faire du mal aux autres, de ne pas être la personne que l’on voudrait être pour eux.

-Tout le monde ne pense pas comme toi… » Fit-elle d’une voix douce pour éviter de réveiller les poulains.

« Heureusement, sinon personne n’oserait avoir d’enfant… » Je pensais que les éternels n’étaient pas du genre à avoir des regrets ou de la peine, mais il en était peut-être tout autrement. « J’imagine que vous formez une famille soudée…

Sundrow se mit à glousser légèrement avant de porter sur moi un regard doux, pourtant, je réussis à déceler tout le poids des millénaires qu’elle avait traversés.

« Oui Marshall. »

Nous laissâmes le silence retomber, observant les poulains qui ne calculaient pas le danger, comme n’importe quel poney qui devait côtoyer son restaurant. Si la jument qui avait confié ses enfants à Sundrow connaissait sa véritable identité, je serais curieuse de savoir si elle continuerait de lui faire confiance. Est-ce qu’elle aurait trop peur de vexer Famine en ne la laissant plus garder ses enfants ?

« Quel est votre lien avec le Taxidermiste ?

-Last Flower vous répondra sans doute mieux que moi… » Me coupa-t-elle en secouant la tête. Je n’eus pas le temps de lui demander de qui elle parlait, que la porte d’entrée s’ouvrit brusquement en me faisant sursauter.

Une licorne grise à la crinière noire fit son entrée en m’adressant un regard relativement hostile, mais s'adoucit aussitôt quand elle vit la pouliche que j’avais dans les bras. Ouf, même eux ne résistaient pas face à la vue d’un enfant qui dort.

« C’est Pestilance en réalité, mais il vaut mieux que tu l’appelles par son nom Equestrien, je pense que tu comprendras pourquoi. » Me chuchota la pégase alors que la licorne m’observait toujours.

« Arrête de te moquer d’elle ! » Tempêta alors Guerre qui était toujours dans la cuisine. « Si tu continues, je ne te ferai plus de raviolis à la crème ! » La pégase menacée coucha aussitôt les oreilles en reportant son attention sur le poulain qu’elle gardait.

Pestilance, ou plutôt Last Flower n’avait toujours rien dit et se contenta de déposer le sac de selle qu’elle avait sur le dos avant de le mettre sur la table basse. Ainsi plus proche de moi, je ressentis aussitôt un grand froid. Ce n’était pas la même sensation que j’avais éprouvé à plusieurs reprises durant la journée, mais bel et bien quelque chose de causé par la licorne en face de moi.

« Enchanté de te rencontrer. » Me fit alors cette dernière d’une voix placide avant de me tendre un sabot.

J’hésitai un instant alors que j’avais toujours la pouliche contre moi, mais décidai de réagir à son geste. Je n’allais pas déjà me faire une ennemie.

« Excusez-moi de mon retard, mais j’ai beaucoup de travail aujourd’hui. Je n’ai que quelques minutes à vous accorder alors pourriez-vous m’accompagner dans mon bureau ? » Dit-elle sur un ton extrêmement professionnel. J'acquiesçai alors silencieusement avant de regarder rapidement Sundrow qui comprit où je voulais en venir. Elle utilisa alors l’une de ses ailes pour porter la pouliche que je lui tendis en essayant d’être la plus délicate possible pour ne pas la réveiller. « Veuillez me suivre.

-Ne prenez pas trop de temps ! » Lança alors Red qui sortait de la cuisine.

« Ne t’inquiète pas. » Lui fit alors Last Flower.

« Oh, mais je ne m’adressais pas à toi. » Il tourna son regard vers moi avant de me souffler. « Faites attention à vous Marshall, elle est plutôt ronchonne quand elle a faim. »

Je vis alors la licorne secouer la tête en roulant des yeux avant de monter les marches de l’escalier en me joignant à la suivre.

« V-vous avez besoin de vous nourrir ? » Demandais-je silencieusement en espérant ne pas lui sembler trop impertinente.

« Juste un loisir. » Répliqua-t-elle sans même se retourner sur moi. À l’étage, un large couloir qui menait vers quatre portes. En comptant au minimum une salle de bain, il ne devait y avoir que deux chambres maximum chez eux avec son bureau… cette famille était très étrange.

« Asseyez-vous Marshall. » Fit-elle en se mettant à sa place.

Cette pièce ressemblait à un cabinet de consultation. Deux grandes étagères servaient à ranger des bouquins de médecine aussi larges que ma corne. Je remarquais aussi rapidement quelques livres sur la psychologie des étalons, ainsi qu’une miniature d’un squelette poney. C’était bizarre de voir une créature de ce genre s’intéresser à ce point à de simples mortels.

« C’est juste un passe-temps. » Dit-elle au détour de rien. Elle avait certainement remarqué mon regard baladeur et en avait déduit mes interrogations. Je pris place juste en face d’elle.

« Et votre travail... ça aussi c’est…

-Un passe-temps ? Oh non ! » Répondit-elle indignée en croisant ses sabots sur le bureau et en se penchant vers moi. « La vie de chaque poney m’est sacrée, c’est pourquoi j’ai décidé de diriger un cabinet médical… Regardez, j’ai même acheté un pendule de Neighton, TOUS les médecins en ont, je n’ai jamais su à quoi ça servait, mais j’en ai un ! » S’énerva-t-elle avant de secouer la tête en collant ses sabots contre ses tempes en soupirant.

Je restai immobile, tentant de prendre en compte que j’étais peut-être face à la plus folle des trois poneys que je venais de rencontrer. Celle qui m’avait accueillie comme si nous étions à une réunion professionnelle était en train de ruminer des phrases incompréhensibles en fermant les yeux.

« Vous semblez ne pas vraiment apprécier ce mode de vie… » Jugeais-je en essayant de mettre le plus de distance entre elle et moi alors que j’étais coincée sur ma chaise.

« Vous plaisantez ? J’adore mon hobby ! » Corrigea-t-elle en redressant la tête. « Soyons sérieuses un instant, j’aime ce travail, j’aime le fait qu’il prenne de mon temps, j’aime la frustration qu’il provoque en moi, c’est grisant, c’est inhabituel ! » Elle tapota légèrement la table du sabot avant de me sourire.

« En clair… Tout cela, c’est juste un énorme passe-temps entre vous ?

-Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre, Marshall ? Nous sommes éternels, nous étions là lors de la naissance des premiers poneys et nous serons encore là bien après votre extinction. Si j’ai choisi ce loisir de médecin, c’est uniquement parce que je me posais des questions sur mes propres capacités. Famine, elle a toujours adoré la nourriture, ce qui est plutôt contradictoire avec sa nature, mais je vais vous expliquer une chose Marshall : Ce n’est pas nous qui décidons de ce que nous sommes, ni même ce que nous allons faire.

-Ce n’est pas vous la responsable de l’épidémie de gourme il y a bien dix ans de ça ? » Demandais-je en penchant la tête sur le côté. C’était assez étrange de demander ça à quelqu’un qui avait l’air autant poney que moi.

« C’est moi qui l’ai propagée, bien sûr, cependant, ce n’était pas de ma volonté. On peut dire que… c’est ma nature qui m’y oblige, comme s’il y avait un plan, un chemin bien décrit pour chaque poney de ce monde…

-Cela ne doit pas être facile.

-Surtout quand c’est une simple infection virale de ce genre ! » Lâcha-t-elle en frappant à nouveau sur son bureau. « Vous n’étiez pas encore née quand j’ai créé la rage équine, ce virus était parfait et le voir se répandre était fascinant. »

La voir me sourire en décrivant chaque maladie qu’elle avait répandue à Equestria ne m’aidait pas à éprouver de l’empathie pour sa situation. De toute façon, cela ne pouvait être qu’une façade. Je n’aimais pas vraiment leur petit jeu, si j’étais un être qui d’une manière où d’une autre se trouvait au-dessus des lois et des règles de ce monde, je ne m’amuserai pas à me prendre pour n’importe qui et resterai bien dans mon coin.

« Mais assez parlé de moi. Je serai tentée de vous poser des questions sur vous, Marshall, mais nous savons que vous n’êtes pas là pour ça. Excusez-moi du temps que ma soeur et moi-même vous faisons perdre, mais nous ne vous serons pas d’une grande utilité, je vous avertis tout de suite. »

Je fronçais les sourcils en essayant de décrypter son regard. Depuis le début je les avais écoutés sans broncher, tentant de ne pas les mettre en colère pour le moindre prétexte. Mais maintenant que j’allais enfin obtenir des réponses, ils n’avaient plus rien à me dire, comme par hasard. Je ne m’étais quand même pas farci leur histoire pour rien !? Elle me mentait, j’en étais certaine.

« Luna m’a dit que vous connaissiez le Taxidermiste, alors il me semble que vous avez certainement des choses à me dire. »

Je vis le visage de la licorne grise changer rapidement. Elle n'arborait plus son léger sourire, et son regard s’était fait bien moins brillant. Ses oreilles se dressèrent alors avant qu’elle ne s’accoude légèrement sur son bureau et qu’elle ne me dise d’un ton totalement neutre.

« Très bien Marshall, alors allez-y, dites-moi ce que vous voulez savoir.

-Quel est le pouvoir du Taxidermiste ? »

La licorne à la crinière noire se mit à glousser avant de secouer la tête.

« Tout de suite ? Vous êtes tellement pressée d'avoir l’avantage sur lui ?

-On ne sait jamais. » Répondis-je en haussant simplement les épaules.

« Très bien, je peux au moins vous dire ce que tout le monde sait déjà, il était réanimateur à Manehattan. C’est étonnant que vous ne soyez pas au courant de ça. » Dit-elle sur un ton particulièrement hautain. Je marmonnais légèrement entre mes dents en baissant les yeux. J’avais entendu parler de ce nouveau travail. Pour le moment, on comptait trois réanimateurs dans tout Equestria et ils étaient tellement rares qu’ils semblaient vouloir cacher un maximum leur identité. Leur job consistait à relever les morts dans le cas des dossiers de lègue non rédigé ou pour fournir des justifications aux assurances décès. C’était incroyable comme un don aussi particulier et macabre avait aussitôt été exploité par des gens voulant se faire de l’argent. « En soit, rien de vraiment particulier sur le terrain quand il devait jouer les Marshalls. Ses capacités étaient vraiment trop lentes pour un usage en situation et il lui fallait des corps à proximité pour fonctionner. De ce qu’on en a entendu, le Taxidermiste utilisait son pouvoir dans son travail de Marshall pour interroger directement les victimes. »

Je hochais la tête en me doutant que c’était certainement la chose la plus utile à faire avec un don de ce genre. Pourquoi essayer de chercher des indices quand on pouvait directement interroger la personne qui était sur la scène du crime ?

« Pourquoi ce nom ?

-Le Taxidermiste ? Oh, c’est juste un sobriquet qu’il s’est donné pour ne donner aucune information sur son nom… Vous savez bien entendu le pouvoir d’un nom sur un poney, n’est-ce pas ? »

Le regard qu’elle me fit n’avait rien d’amical, qu’est-ce qu’elle voulait me faire comprendre par là ?

« C’est quand la dernière fois que vous l’avez vu ?

-ça remonte à trois mois de ça, je ne m’en rappelle plus très bien…

-Pourtant on m’a signalé qu’il était revenu à Canterlot depuis plus d’une semaine maintenant ! » Coupais-je en lui adressant un regard froid, celui que les gardes de Canterlot faisaient quand ils interrogeaient des suspects.

« Ah bon ? Eh bien c’est une nouvelle, mais je ne vois pas en quoi nous sommes obligés de nous rencontrer dès son arrivée en ville.

-Selon la princesse Luna, Le Taxidermiste aurait une relation avec l’un d’entre vous. » Je me penchais à mon tour sur son bureau, dévisageant la jument qui avait repris du sourire, la tête appuyée sur son sabot. Elle me répondait uniquement parce qu’elle en avait envie, si elle le désirait, elle pouvait tout simplement me dire de partir… ou même me tuer. On ne pourrait rien lui dire. « Qui est-ce ? »

Nouveau rire de la part de Last Flower. « Oh Marshall, si vous l’aviez vu, vous ne vous poseriez même pas la question. »

Elle parlait certainement du dernier des quatre : Mort. En repensant à ce que Luna m’avait dit, c’était vrai qu’il n’y avait pas vraiment de question à se poser. Un réanimateur de cadavre, et le cheval de la mort… Cela devenait de plus en plus macabre.

« Et… où se trouve-t-elle ?

-Oh. » Last Flower pinça les lèvres, elle avait l’air sincère quand elle me dit : « Je suis désolé, mais il n’est pas là pour le moment… en fait, vous comprendrez que c’est le seul de nous quatre à être… continuellement en activité.

-Cela a l’air de vous faire de la peine. » Constatais-je en étant moi-même étonnée de la voir être triste pour les malheurs causés par la mort. Je la vis pencher la tête de chaque côté, comme si elle hésitait à se confier à moi.

« En effet, Marshall. Il faut que je vous explique… en réalité, nous ne sommes pas frères et soeurs, mais lorsque nous avons découvert notre véritable nature, nous nous sommes regroupés en comprenant que c’était le monde qui nous avait créés et que nous allions le parcourir pendant longtemps. C’était plus pour avoir de la compagnie… C’est Red qui nous a donné l’idée de partager la vie des mortels, et ainsi… faire passer le temps plus vite. » Elle releva son regard bleu ciel sur moi en pinçant de nouveau les lèvres. « Je sais ce que vous vous dites, nous sommes certainement des êtres insensibles qui ne peuvent éprouver la tristesse, l’amour, la haine. Nous sommes juste les bras mécaniques de ce monde et nous ne pouvons rien y changer. Hélas c’est vrai. Rien ne finit l'infini... mais nous essayons vraiment du mieux que nous pouvons pour faire semblant. Mais… Mort… disons qu’il n’a jamais réussi à s’y mettre, on pense que c’est parce qu’il a peur… Alors on essaye de l’aider, mais ça semble tellement dur pour lui et au final, on a plus l’impression qu’il préfère rester seul.

-Ce n’est pas votre frère, mais vous semblez vraiment tenir à lui. »

Elle hocha la tête en prenant un air penaud. On aurait dit une pouliche à la manière dont ses oreilles étaient plaquées contre son crâne.

« Le Taxidermiste est son ami… je ne sais même pas comment ils se sont rencontrés, mais quoi qu’il en soit, Blackberry se sent bien avec lui… »

Génial, maintenant j’en étais certaine, tout ce qu’elle me disait pouvait être complètement faux. Si le Taxidermiste venait en aide à son frère, alors elle n’allait pas lui apporter des ennuis en m’aidant.

« Pourquoi est-ce que le Taxidermiste a quitté son rôle de Marshall ?

-Retraite anticipée. Vous savez, le stress, la fatigue, le danger… Ce n’est pas long la vie de Marshall. Je lui ai envoyé un courrier pour lui prescrire du repos, aligner deux emplois pour aider le plus de monde possible, ce n’est pas bon pour la santé. D’ailleurs, en parlant de santé… Vous n’avez pas l’air bien Marshall, est-ce que vous voudriez que je vous prescrive des vitamines ? »

Je fronçais aussitôt les sourcils avant de me lever brusquement de ma chaise pour me reculer. Je pouvais voir dans le regard de la jument qu’elle était parfaitement au courant de mon état. Je fis encore un pas en arrière, je ne savais pas comment marchait son pouvoir, mais il était certain que je ne faisais pas le poids. Je fis instinctivement briller ma corne tandis que Last Flower écarquilla alors légèrement les yeux avant de secouer la tête en souriant.

« Calmez-vous Marshall. Vous n’allez quand même pas croire que ce qui vous arrive est de mon fait ? » Elle gloussa avant de poser un sabot sur sa bouche pour se mettre à réfléchir. « Bon, j’avoue, ça pourrait parfaitement être moi la responsable, mais je vous promets que je n’y suis pour rien. À vrai dire, même-moi je n’arrive pas à déterminer le responsable de ce qui est en train de vous arriver.

-Qu’est-ce que vous racontez ? » Demandais-je en fronçant les sourcils.

« Voyons Marshall, si j’ai créé plusieurs centaines de maladies, j’ai aussi appris à faire la différence entre ce qui relève d’un rhume, ou d’un ensorcellement. Et je dois bien avouer que votre corps semble être le temple d’un bon nombre de saloperies magiques… »

Je restai toujours éloignée, et cela semblait déranger la licorne grise qui joignit ses deux sabots entre eux, juste devant sa bouche. Elle, elle semblait particulièrement fascinée en m'observant, comme si son regard pouvait voir à travers la chair.

« Allons, Cadance, tu n’as rien à craindre de moi, ni de ma soeur et mes frères. Je n’ai pas prévu de te donner quoi que ce soit, pas même un petit mélanome. Famine n’empoissonnera pas les plats qu’elle fait livrer chez toi et Guerre ne créera pas de conflit entre toi et les changelins… Pour ce dernier point, tu es très forte pour faire ça toute seule. » Plaisanta-t-elle en gardant ses sabots joints devant elle.

« Si vous voulez, je peux lui donner des conseils, il parait que je suis très forte pour pousser les gens à bout. » Répondis-je en restant bien loin d’elle. Il n’y avait plus rien à dire. Le Taxidermiste était leur ami, ou du moins celui de Mort, alors ils n’allaient pas le dénoncer, et je ne pouvais rien faire pour les obliger. « Si le Taxidermiste est à Canterlot, quels sont les endroits où je suis la plus susceptible de le trouver ? »

Last Flower me dévisagea longuement avant de baisser les yeux et de se lever de sa chaise. Elle contourna ensuite son bureau et se dirigea vers la sortie avant d’ouvrir la porte et de me faire un signe du sabot pour que je la suive à l’extérieur. Je lui obéis sans insister, mais au moment où nos regards se croisèrent à nouveau alors que nous étions à moins d’une cinquantaine de centimètres l’une de l’autre, elle me répondit :

« Je n’en ai aucune idée, Marshall. »

Elle me mentait. Je le sentais dans ses yeux, dans son sourire, dans sa posture, dans sa voix. Tout me disait qu’elle mentait et qu’elle prenait cela comme un jeu. Je ne savais pas encore ce que trafiquait le Taxidermiste, mais j’étais certaine que s’il passait son temps avec un poney appelé Mort, il n’y avait rien de bon à attendre d’eux.

Je la suivis pour redescendre l’escalier et m’apprêtai à partir sans plus tarder. J’avais récupéré quelques informations utiles, on ne pouvait pas dire que c’était incroyable, mais c’était toujours ça. Je vis Last Flower se diriger vers la cuisine où les poulains, Red et Sundrow devaient se réunir pour manger.

« Red, demande si tu souhaites nous rejoindre pour manger… Sauf si tu n’aimes pas les cannellonis… » Me fit la licorne en se retournant sur moi alors que je venais presque de réussir à quitter cette maison sans me faire remarquer.

Le sabot sur la poignée de la porte, je me retournai en tentant d’adopter un sourire des plus amical lorsque je répondis :

« Ç-ça serait avec grand plaisir… Mais, je me dois de refuser, j’ai encore beaucoup à faire et je ne peux pas me permettre de perdre du temps… »

La licorne pencha la tête sur le côté, avant de hausser les épaules. Meh, elle avait plutôt bien pris mon refus, mais c’était sans compter Red, qui, quand Last Flower lui annonça ma décision, s’exclama violemment en nous rejoignant au trot. Je me retournais rapidement et ouvris la porte pour m’échapper, mais l’étalon rouge zébré m’attrapa par l’encolure avant d’enrouler ses sabots autour de moi et de serrer.

« Oh Mi Cadenza je suis tellement triste de te voir déjà partir ! » Dit-il sur un ton mielleux en collant son visage contre le mien.

-D-désolé, mais j’ai vraiment beaucoup de choses à faire…

-Oh, ne me dis pas que tu vas rejoindre ce changelin qui t’attend dehors ?

-Quoi, un changelin ? » Il parlait certainement de Cherba à qui j’avais demandé d’attendre mon retour.

« Je t’en prie. Je ne crois pas qu’un simple poney s’amuserait à renifler ma boite aux lettres pendant cinq minutes. »

Je fermai les yeux en maudissant ce changelin qui ne savait pas être discret pour un sou.

« Non, en réalité, j’ai l’affaire à régler sur les incendies, et je dois aussi retrouver le Taxidermiste. » Je le sentis alors me lâcher lentement, me permettant de faire quelques pas en arrière et enfin quitter leur maison. Il prit un air un peu plus grave sur son visage avant de regarder ses soeurs qui étaient dans la cuisine, et de me rejoindre à l’extérieur en fermant la porte.

« Luna t’a chargé de le retrouver, c’est bien ça ? Pourtant, elle savait qu’on ne dirait pratiquement rien sur lui… » Demanda-t-il d’une voix grave en se rapprochant encore de moi.

« Je n’avais pas vraiment le choix, je n’ai pas vraiment la possibilité de désobéir à Luna et en plus de ça, je n’avais pas d’autre piste. »

Il me dépassa pour quitter l’allée de sa maison et s’éloigner un peu. Je le suivis sans rien dire. Je ne savais pas vraiment ce qu’il avait en tête, mais à la manière dont il s’était éloigné de ses soeurs, cela signifiait qu’il voulait certainement me parler en privé.

« Le Taxidermiste est le compagnon de mon frère.

-C’est ce que j’ai cru comprendre quand Last Flower m’en a parlé… » Répondis-je sur un ton légèrement agacé. Je savais qu’ils n’allaient rien me dire pour cette raison alors pas besoin de me le rappeler.

« Oui, mais… disons que ce n’est pas comme ça que j’avais prévu qu’on passe notre temps ensemble… en famille.

-Et alors, le Taxidermiste finira par mourir, pour des êtres comme vous, cela ne représente qu’un petit contretemps. » Je vis l’étalon zébré se mettre à sourire avant de baisser les yeux.

« Pas exactement… Écoute Cadenza, il faut continuer tes recherches, mais pas ici, dans l’autre monde.

-Quoi ?! » Éructais-je surprise. « Ça ne va pas la tête ? Je ne suis pas comme vous, ici, c’est mon monde, je ne peux pas passer de l’un à l’autre aussi facilement… En plus je n’ai certainement pas envie d’y aller. Je ne sais même pas comment on fait ! »

Il leva un sabot pour m’intimer de faire moins de bruit. Craignait-il que ses soeurs nous entendent alors qu’elles étaient à l’intérieur.

« Je sais, mais il y a des créatures qui sont perpétuellement entre les deux mondes. »

Je me mis à réfléchir un moment avant de pencher légèrement la tête vers Red. Ce dernier avait un léger sourire en coin, il savait déjà qu’il venait d’obtenir toute mon attention.

« Et à qui penses-tu exactement ?... »

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Note de l'auteur

Désolé encore une fois du retard. Alors je ne vous cache pas que ce n'est pas mon chapitre préféré. Pas parce que j'ai rushé ou foiré un truc, non, simplement parce que le résultat n'est pas vraiment comme je l'imaginais dans ma tête.

En soit, j'ai cherché à pousser la relation entre Cadance et les changelins, tout comme sa première rencontre avec Strawberry. Cherba est l'exemple type du jeune qui ne peut pas s'empêcher d'être couvé.

Le prêcheur était là pour mettre en avant le fait que certaines personnes (comme les éclairés) sont au courant de l’existence de l'autre monde ou croient simplement qu'ils ne sont pas seuls et cherchent à dénoncer ça.

Petite info, les "réanimateurs" sont un idée qui vient d'Anita Blacke et non de moi ^^.

Bien sûr, l'enquête principale sur les incendies est clairement mit en retrait une nouvelle fois, mais faites moi confiance, tout finit par avoir une fin, et rien ne sera rushé à ce niveau.

Maintenant pour les petites questions :
-Quelles sont vos idées pour des accessoires à mettre sur Chicha ?
-Est-ce que vous iriez dans le restaurant des quatres chevaux de l'apocalypse ou leur cabinet médical ou même leur donnerier vos enfants pour qu'ils les gardent durant votre absence ? Et tout ça, en connaissant leur identité ?
-Est-ce que le terme "Chevaux" de l'apocalypse n'est pas dérangeant ?
-Est-ce que vous embrassez en caressant les dents avec votre langue ?


Et au passage, voici une figurine que La furry m'a offerte, il voulait voir Eve faire son entré sur scène ^^ [lien] et voici le lien vers l'artiste si vous le souhaitez [lien]

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Ponycroc
Ponycroc : #47069
@AuRon
Tout à fait d’accord avec toi. La scène du prêcheur était là au départ avec un but bien précis, mais par la suite, je l’ai complètement zappé en préférant me concentrer sur la présentation de Carmen. Alors oui, la scène est expédiée aussi vite qu’elle est arrivée, mais disons que j’aimais bien l’utilisation de ces accusations minables.

Personnellement, c’était assez compliqué de leur donner ce côté équin par rapport à leur nature et leur situation, mais j’y tenais vraiment. Le fait que leur travail soit contraire à leur nature, disons que ça en concerne deux seulement et je ne cache pas que je n’avais pas vraiment d’autre idée pour que ça colle avec ce que je voulais faire par la suite. Pour moi, il reste cependant logique avec Pestilence, mais c’est vrai que le lien est un peu tocard entre Famine et son restaurant.

Cadance se devait de les présenter. Enfin, JE me devais de les présenter sur leur statut d’immortel pour la simple et bonne raison que ces derniers temps, j’ai peur que les gens ne me comprennent pas c’est pourquoi j’insiste sur l’exposition et j’imagine que ça peut devenir gavant. Il faudra que je laisse un peu couler par la suite, mais avec cette fiction, j’ai vraiment du mal.

Par rapport à sa rencontre avec Cherba, disons qu’elle a souffert du même problème lorsqu’elle avait rencontré Strawberry. Bien sûr, les scènes peuvent avoir une ressemblance sur l’intention, mais l’approche est différente et c’est bien pourquoi Cherba le devient lui aussi. Après, j’avoue que Cadance n’est jamais entouré que par des cas bien spéciaux, mais disons que j’essaye toujours de trouver une particularité à chaque personnage pour les rendre bien particuliers à leur manière.

En tout cas, merci pour ce commentaire (je passe au suivent juste après) et j’espère que tu apprécies tout de même encore cette fiction malgré l’exposition.
Il y a 9 mois · Répondre
AuRon
AuRon : #47065
Ouhaaa !!

Bon, un chapitre assez long en substance mais sans réelle matière :/

Désoler Croc, mais la scène du prêcheur est assez bancale. On dirait un rolliste ayant fait un 20 à son jet de représentation avec une réplique bancale xD.

Bon, j'en ai terminé avec le clash. Ces quatre chevaux de l'apocalypse sont étonnant en substance même si leur comportement est un peu trop équin pour des entités qui ne le sont pas. Après, je me suis un peu fais chier lorsque que Cadence a eu ses réflexions sur leur immortalité tout ça mais ça restait logiquement attendue.

Après, faudrait calmer un peu le jeu avec les changelins. Les scènes commencent à devenir assez répétitives et j'ai l'impression que tu as un peu de mal avec la féminisation de Cadence qui fait très inspecteur gogogadget des cassos pour le moment ^^.

Après, ont s'y attendait quand même pas mal au fait que les quatre gus aient un passe temps contraire à leur signification. Pour ça, j'aurai aimé etre surpris.
Étrange pouvoir que de faire parler les morts. Je m'attend à une cutie mark avec des crânes !!!


Maintenant, passons aux réponses :
- Pour Chicha, je lui mettrais bien des lunettes stylisées. Rigole pas, il existe des artisans lunettiers.

- pour ce qui est des quatre gugus : dans la mesure où ue connais leur identité, ils doivent forcément être au courant que je le sais donc, au lieu de fuir loin très loin risquant de brusquer voir de vexer où du moins m'attirer une opinion défavorable des quatres chevaux de l'apocalypse, be crois que je prendrai le risque de ne pas en prendre compte. Avec beaucoup d'alcool.
- le terme «chevaux» ne dérange absolument pas.
- embrasses tu en aspirant la langue de ton/ta partenaire comme une nouille ?
Il y a 9 mois · Répondre
Ponycroc
Ponycroc : #46255
@yolo157 : Merci beaucoup pour ce commentaire. Je vois ce que tu essayes de décrire par rapport à la pression constante qui est sur Cadance. Il est vrai que les trois quarts des personnages qu'elle croise/rencontre, sont des créatures qui n'aurait aucun mal à s'en débarrasser et s'ils ne le font pas maintenant, c'est simplement parce qu'ils n'en ont pas le désire. La relation entre Cadance est maintenant élargie à TOUS les changelins et non plus exclusivement à Chicha. Le fait est qu'elle ne s'en rend pas compte, pour elle, elle ressent juste un besoin d'être en leur contact, et considère que c'est juste une simple envie de ne pas rester seule.

Guerre était néanmoins celui qui cherchait le plus à la rassurer... Parce qu'il cherchait à la draguer surtout... Mais voilà. Ils ne cherchaient pas à s'attaquer à elle, même s'ils se seraient bien passé de répondre à son interrogatoire. C'est surtout à cause de leur envie d'être comme tout le monde qu'ils n'ont pas surréagit.

Merci encore pour ton commentaire et tes réponses aux questions ^^ personnellement, je n'ai pas de relecteur pour m'aider dans la rédaction de mon histoire, mais je suis sur un discord où tu es à peu près sûr de trouver des gens pour t'aider. Dis-moi par MP si cela t'intéresse et je te passerai le lien. ;)Je peux aussi simplement te donner quelques noms en MP, mais je ne sais pas s'ils sont occupés ou pas.
Il y a 11 mois · Répondre
yolo157
yolo157 : #46245
Oh punaise, j'ai eu le stress du début jusqu'à la fin, mais particulièrement avec Les Chevaux de l'apocalypse. Je m'explique: Ce sentiment d'impuissance du début jusqu'à la fin, avec Cherba, et la on peut avoir du mal à comprendre, pourquoi ce sentiment naît parce que Cadence, elle-même ne se comprend pas ou du moins plus: elle ne comprend même pas pourquoi elle veut passer du temps avec les changelins, au début, le seul qu'elle supportait c'était Chicha, et là elle ne peut pratiquement plus s'en détacher. En plus, Carmen l'a met en garde que Chrysalis est prête à tout pour arriver à sa fin, même si Cadence dit dur comme fer qu'elle ne se laisse pas manipuler (Même si elle se fait manipuler par le coup en beauté sur le coup) ; on peut même dire que tout le monde s'amuse avec elle . Cette effet est encore plus ressentit juste avec le prêcheur qui est un poney comme les autres, mais qui utilise les mots contre elle.
Alors pour ce qu'est les Chevaux de l'Apocalypse, comment dire.......... disons que ce sentiment grandit et prédomine le texte. (Perso j'ai eu peur sur la fin )


Réponse aux question :

Je vois bien une bague en argent perso, mais il faudrait un motif personnel, genre un truc qui fait qu'elle soit vraiment relier à l'objet mais sans que personne sache pourquoi .

Franchement je ne sais pas vraiment parce que je n'aurais tellement pas confiance en eux et en même temps, je sais que je suis impuissant face à eux donc je veux pas de problèmes.

J'aime trop ce terme, ça leurs donnent un côté tellement.......Euh j'ai pas de mots pour décrire


WTF, je suis seul depuis deux ans LOL, donc j'ai juste oublier


PS: Ce chapitre m'a vraiment mis mal à l'aise dans le sens, où j'ai eu l'impression que Cadence restera toujours un jouet.

PSS: Excuse-moi de demander ça mais tu connait un relecteur ?
Il y a 11 mois · Répondre
speedangel
speedangel : #46243
Moi je mangerais bien dans le resto de guerre.
Il y a 11 mois · Répondre

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