Site archivé par Silou. Le site officiel ayant disparu, toutes les fonctionnalités de recherche et de compte également. Ce site est une copie en lecture seule

Song of the Fallen

Une fiction écrite par Inobi.

13 - Rencontres

Aria termina de coudre un ruban sur une robe bleue. Rarity regarda le résultat avec un petit sourire, heureuse d’avoir reçu l’aide de la sirène. Sa nouvelle collection était enfin terminée, elle allait pouvoir la présenter au prochain concours, et les talents des deux couturières réunies lui permettraient de le gagner.

“Au final, il y avait plus de travail que ce que je pensais,” annonça la couturière avec un ton enjoué. “Merci d’être venue.”

“Ce n’est pas comme si j’avais autre chose à faire,” répondit Aria d’un ton faussement las.

“Aurais-tu passé un si mauvais moment, Darling ?”

“Je ne dirais pas que c’était désagréable,” avoua la sirène, “mais je ne suis pas à l’aise de me trouver si près de ton lycée.”

“J’ai fermé la boutique pour la journée, histoire que nous ne soyons pas dérangées,” expliqua la jeune fille. “Je pensais que ça te mettrait plus à l’aise.”

“C’est très gentil, mais ce quartier porte beaucoup de mauvais souvenirs,” ajouta la sirène avec un petit soupir. “C’est juste que je ne me sens pas bien ici.”

“Je suis désolée. Si nous retravaillons ensemble, nous pourrons toujours le faire chez toi, si ça peut te rassurer,” fit la styliste avec un sourire affectueux.

Aria lui rendit son sourire avant de se tourner vers l’une des robes dans la vitrine. Celle-ci était d’un ton émeraude que la sirène appréciait, et elle se demandait si ce vêtement la mettrait en valeur. Les nombreuses créations de Rarity impressionnaient la sirène. Celle-ci était capable de donner le nom de la plupart des sources d’inspiration de la couturière, et en avait rencontré une bonne partie.

“Tu aimes cette robe ?” demanda la jeune fille. “Tu veux l’essayer ?”

“Elle est très belle, mais je n’aurais pas les moyens de me l’offrir,” répondit Aria avec un ton mélancolique. “Tu t’es inspirée du travail de Béret, avec une influence de Cristal Rouge ?”

“Oui,” s’exclama Rarity. “C’était deux grands couturiers français, et j’ai fait une collection sur ce thème il y a presque un an.”

“C’était de très bons couturiers, tu as bien fait de les choisir comme inspiration,” fit la sirène en soupirant.

“Tu les as connus ?”

“Oui, il y a longtemps.”

“Tu sembles triste en pensant à eux. Vous étiez proches ?” s’inquiéta la styliste.

“Pas tant que ça,” soupira la sirène. “C’était juste que Satine m’offrait leurs créations en permanence. Cette robe me rend juste un peu nostalgique.”

“Qui est Satine ?” demanda Rarity.

“Une personne qui est très importante pour moi,” répondit Aria en jouant avec une bague à son doigt. “Enfin, je devrais dire était,” termina-t-elle sur un ton triste

“Je suis désolée,” s’excusa la couturière. “je ne voulais pas.”

“Ce n’est rien,” l’interrompit la sirène en essuyant des larmes naissantes. “Elle est partie il y a longtemps maintenant. Cette robe est vraiment magnifique.”

“Va l’essayer,” ordonna la couturière en l’enlevant de son présentoir. “Et tu n’as pas le droit de protester.”

Rarity poussa Aria dans l’une des cabines d’essayage tout en lui donnant la robe. Cette dernière tenta de protester, mais la couturière lui lança un regard sévère. La sirène se résigna à essayer.

Pendant que son amie se changeait, la couturière se dirigea vers l’arrière-boutique lorsque quelqu’un frappa à la porte. Elle décala le store qui bloquait la vue afin de regarder qui venait lui rendre visite. De longs cheveux roses cachant un visage jaune essayant de regarder ce qu’il se passait dans la boutique. Rarity déverrouilla la porte.

“Fluttershy, que fais-tu ici ?”

“Je devais passer pour m’occuper de Opal,” lui répondit la jeune fille.

“Je suis désolée, je t’avais complètement oublié,” avoua la couturière. “Je suis un peu embêtée, j’ai une amie qui est venue me voir, et ça m’arrangerait que tu repasses demain.”

“Tu peux me la présenter si tu le souhaites. Si c’est ton amie, je suis sûre que je l’apprécierais, enfin, je l’espère.”

“Je ne sais pas, Darling, elle est assez… spéciale. Tu risquerais de ne pas l’apprécier.”

“Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas l’apprécier,” répondit la jeune fille jaune en entrant dans la boutique. “Et il faut que je m’occupe de Opal.”

L’intruse se dirigea directement vers l’arrière-boutique afin de retrouver le chat de Rarity. L’animal était en train de dormir, l’air paisible. Lorsque Fluttershy s’en approcha, elle ronronna sans aucune difficulté, surprenant par la même occasion celle qui était venue s’occuper d’elle.

“D’habitude tu es si agressive et il me faut pendant une heure de caresse avant d’arriver à ce que ronronne comme ça,” fit-elle en chouchoutant l’animal avant de se tourner vers Rarity, “ C’est ton amie qui s’est occupée de Opal ?”

“Oui, elle s’en est occupée pendant que je rangeais un peu la boutique,” répondit la couturière en s’appuyant dans l’embrasure de la porte en souriant.

“Si elle est aussi douée avec les animaux, je pense que nous allons bien nous entendre.”

“Darling, j’aimerais rester un peu seule avec elle.”

“Oh, je comprends,” fit Fluttershy en enroulant ses cheveux autour de ses doigts, “je repasserais demain.”

Les deux filles se dirigèrent vers la sortie, mais elles s'arrêtèrent en entendant du verre se briser dans la cabine d’essayage.

“Aria, ça va ? Que s’est-il passé” s’inquiéta Rarity.

La couturière ouvrit le rideau fermant la cabine pour découvrir la sirène avec le bras tendu, son poing enfoncé dans le miroir accroché au mur. Une grande partie de celui-ci était brisé, et de nombreux éclats de verre recouvraient le sol. La jeune fille aux cheveux lavande se précipita vers son amie pour voir si elle n’était pas blessée.

“Pourquoi tu as fait ça Darling ?”

“Je… je me suis vu il y a plusieurs centaines d’années, et…” répondit Aria avec une voix pleine de larmes. “Ça m’a énervée. Je ne voulais pas me revoir comme ça. Je n’ai pas réfléchi, je suis désolée, je n’aurais pas dû faire ça, je te rembourserais le miroir.”

“Ce n’est pas le miroir qui m’inquiète, c’est toi. On fête ton anniversaire ce soir, et tu trouves le moyen de te blesser. Je croyais que tu ne voulais plus retourner dans un hôpital.”

“Tu ne peux pas comprendre,” fit-elle en détournant le regard.

“Si tu ne m’expliques pas, c’est sûr,” lui reprocha Rarity en attrapant sa main pour regarder les dégâts. “Ça va, tu n’es pas si blessé que ça, je dois avoir une bande dans le kit de premiers secours. Attend moi là, je reviens.”

“Rarity,” l’interrompit une petite voix remplie de peur, “c’est Aria Blaze.”

“Je sais Darling,” répondit la couturière sèchement, “et je t’explique dès que je me suis occupée d’elle. “

“Mais,” protesta la jeune fille aux cheveux roses.

“Ne te soucis pas d’elle,” la rassura Rarity avec un ton plus calme, “elle ne te fera pas de mal.”

Elle se dirigea vers le fond de la boutique pendant que Fluttershy regardait la sirène, tétanisée par la présence de cette ancienne ennemie devant elle. Elle essayait de se cacher derrière sa longue chevelure rose malgré l’inefficacité flagrante de cette technique. Aria avait appuyé sa tête contre le mur, laissant ses bras pendre, un peu de sang s’échappant des plaies de sa main. Opal s’approcha d’elle et se frotta contre sa jambe, comme si elle voulait la réconforter. La sirène se baissa afin de caresser l’animal qui ronronna bruyamment.

“Si tu tentes de battre Daz aux ronronnements ma petite, il va falloir faire mieux que ça,” fit l’immortelle en laissant ses doigts courir le long de la fourrure de l’animal, “mais tu es en bonne voie.”

“Daz ?” demanda Fluttershy.

“C’est le nom de mon chat, enfin, c’est supposé être mon chat, mais je ne peux pas le ramener à la maison à cause de ma soeur.”

“Sunset a un chat qui porte le même nom,” s’étonna la jeune fille.

“C’est parce que c’est le même chat,” expliqua la sirène en se relevant pour faire face à son celle qui lui parlait. “Et merci de l’avoir soigné. J’ai eu si peur pour lui lorsque je l’ai trouvé.”

“Trouvé ?” demanda Fluttershy, sa peur disparaissant pour laisser place à de la curiosité.

La sirène lui semblait bien moins impressionnante que lors de leur dernière rencontre. Elle était incapable de dire ce qui poussait cette ancienne ennemie à lui parler si gentiment. Le visage triste de la femme en face d’elle devait l’attendrir une peu, elle n’avait jamais vraiment pu supporter de voir quelqu’un pleurer sans essayer de la réconforter, et Aria ne ferait pas exception.

“Oui, je l’ai trouvé dans la rue, aussi perdu que moi. Si Sonata n’était pas allergique, je l’aurais ramené chez moi.”

“C’est toi qui t’en es occupé avant que Sunset ne me l'amène à la clinique ?”

“En grande partie, oui. Je n’ai pas de grandes connaissances sur les animaux, mais j’ai essayé de faire de mon mieux.”

“Tu as fait un super travail,” la rassura Fluttershy en s’approchant d’elle. “ La pauvre bête était faible quand elle est arrivée, mais elle était déjà sauvée. Nous n’avons pas eu grand-chose à faire, et ça grâce à toi.”

“Sonata a réussi à m’enseigner quelques notions de base, mais je suis sûre que n’importe qui d’autre aurait fait pareil.”

“Si seulement c’était vrai,” se lamenta la jeune fille.

Rarity arriva avec la trousse de secours.

“Allez, donne-moi cette main Darling. Il faut soigner ça avant que ça ne s’infecte.”

La couturière attrapa la main que tendait la sirène. Elle commença à nettoyer la zone qu’elle devait soigner, mais une fois le sang et les bouts de verre disparus, aucune plaie n’était présente.

“Un des avantages d’être moi,” fit la sirène avec un sourire. “Je cicatrise vite.”

“Il te reste des pouvoirs ?” s’inquiéta la styliste. “Je croyais que vous n’en aviez plus.”

“Nous n’avons quasiment plus aucun pouvoir,” avoua Aria, “rien que ce que tu viens de voir doit m’avoir coûté une grande partie de ce qu’il me restait.”

“Vos pouvoirs, “ commença Fluttershy timidement, “ça veut dire que vous pouvez faire plus que contrôler les personnes par le chant ?”

“Nos voix avaient bien plus de pouvoirs que juste provoquer la discorde lorsque nous avions nos catalyseurs. Maintenant il ne nous reste qu’une capacité de guérison bien plus rapide que la vôtre, et j’ai aussi une force bien supérieure à la normale.”

“Vos catalyseurs ?” demanda la jeune fille aux cheveux roses. “De quoi parles-tu ?”

“Nos pendentifs, ceux que vous avez détruits,” termina la sirène d’un ton sec avant de se diriger vers un autre miroir pour admirer le travail de Rarity.

La coupe de la robe mettait en valeur les formes d’Aria sans trop en révéler. Le style de Béret était vraiment présent, et les quelques touches de couleurs qu’il n’aurait jamais mises sublimaient le reste de la couture. Elle se trouvait vraiment magnifique dans ce vêtement, et était sûre que Satine l’aurait tellement complimenté qu’elle en aurait rougi. Elle se mit à faire tourner la bague qu’elle avait à l’annulaire tout en repensant à la femme qu’elle avait aimée.

“Tu es vraiment magnifique,” fit Rarity en se plaçant derrière l’immortelle. “On a l’impression que cette robe t’attendait, même si je pense qu’il faut la retoucher un peu.”

“Je la trouve très bien comme cela,” ajouta Fluttershy.

“Je suis d’accord avec elle, Rarity. Cette robe est parfaite.”

“J’y verrai bien un joli petit dos nu, ça t’irait très bien.”

“Je ne pense pas que ça conviendrait au style de Béret, il n’aimait pas ça.”

“Il me semble que Cristal Rouge utilisait beaucoup ce genre de coupe, et j’aimerais rajouter un peu plus d’elle dans ce vêtement,” expliqua la couturière avec un sourire.

“Tu pourras toujours le proposer à ta prochaine cliente intéressée par cette robe, peut-être qu’elle appréciera l’idée. Merci de me l’avoir fait essayer, je vais te la rendre.”

“Il n’y aura pas de prochaine cliente,” l’interrompit la styliste. “Comme je te l’ai dit, cette robe semble t’avoir attendue, et je veux que tu la portes ce soir. Considère-la comme ton cadeau d’anniversaire.”

“Rarity, je ne peux pas accepter.”

“J’insiste,” termina la jeune femme avec un ton ferme.

La sirène baissa les yeux. Personne ne lui avait offert de robe depuis qu’elle s’était mise en couple avec Satine, en dehors de Satine elle-même. Elle eut un petit sourire en repensant à cette époque, à cette jolie femme qui n’hésitait pas à dépenser plus que nécessaire dans des vêtements hors de prix, et surtout de son budget, uniquement pour lui faire plaisir. À chaque fois, elles s’étaient disputées, et la sirène finissait toujours par accepter le cadeau. Elle aurait facilement pu obliger Satine à s’excuser, et à rendre son achat, mais elles s’étaient promis que jamais la sirène n’utiliserait de son pouvoir dans leur relation.

“C’est une jolie bague que tu as là,” fit Fluttershy qui avait osé s’approcher. “C’est ton totem gravé dessus?”

“C’est comme cela que vous l’appelez maintenant ?” demanda la sirène. “Je trouve ça plutôt bien, mais je préfère quand même lorsque vous appeliez ça protecteur. Je me demande si le nom a aussi changé en Equestria. J’aimais bien Cutie Mark.”

“C’est le mot qu’utilise Sunset pour parler de son totem,” fit la fille aux cheveux rose.

“C’est vrai que c’est une magnifique bague, Darling” fit Rarity. “Si tu le souhaites, je peux broder ce joli coeur sur la robe.”

“Rarity, je ne peux vraiment pas accepter cette robe.”

“Pourquoi ? Tu m’as bien offert la possibilité de me lancer dans la mode alors que mes parents avaient peur de ma passion, alors pourquoi tu ne pourrais pas accepter que je t’offre juste une robe ?”

“C’est… compliqué.”

“Darling, c’est juste un vêtement. Je ne vois pas ce qu’il y a de compliqué à l’accepter. Si c’est un évènement de ton passé qui t’en empêche, accepter ce cadeau ne changera pas cet évènement, mais peut-être que ça te permettra d’aller de l’avant.”

“C’est trop difficile,” répondit la sirène en se retournant vers les cabines d’essayage.

“C’est à cause de la personne à qui appartenait cette bague,” demanda Fluttershy qui se tenait sur le chemin de la sirène.

“Ça ne te regarde pas, gamine,” fit Aria en essayant de contourner la jeune fille.

“Tu es une amie de Rarity, donc si je peux t’aider, je le ferais,” affirma-t-elle avec une voix forte avant de baisser celle-ci,” sauf si c’est trop dangereux.”

“Tu ne sais pas ce que j’ai vécu, tu ne pourrais pas comprendre.”

“Cette personne est morte,” répondit Fluttershy avec assurance, “et ça t’a fait beaucoup de mal.”

“Arrête, ne te mêle pas de ça,” la menaça la sirène

“Tu as du mal à l’accepter, tu ne veux pas l’oublier, mais tu fuis tout ce qui te la rappelle.”

“Ferme la.”

“Tu as peur que si tu acceptes d’avancer sans elle, tu vas l’oublier.”

“Qu’est-ce que tu ne comprends pas quand je te dis de la fermer ?”

“Fluttershy, arrête,” fit Rarity inquiète.

Les deux femmes se défiaient du regard, la jeune fille aux cheveux rose possédait une détermination que la couturière n’avait jamais vue de la part de son amie. Aria semblait quant à elle partagée entre la colère et la tristesse. La styliste ne savait pas ce qu’il allait se passer. La sirène n’était pas des plus patiente, et d’après ce que Sunset lui avait raconté, capable d’être très violente si on la poussait trop loin.

“De ce que je vois, tu ne l’oublieras pas, elle sera toujours avec toi, comme ma mère l’est pour moi. Si tu l’aimais autant que tu sembles le montrer, tu ne peux pas l’oublier. Mais tu crois réellement qu’elle aurait voulu que tu restes comme ça, incapable d’avancer ?”

La sirène restait sans voix devant cette fille habituellement si timide qui lui tenait tête, qui lui disait ce qu’elle ne voulait pas entendre. Elle repensa aux moments de joie partagés avec Satine, à tout ce qu’elle avait sacrifié pour cette humaine, et tout ce que cette humaine avait sacrifié pour elle. Satine n’avait jamais regretté son choix, faisant toujours en sorte de tirer le plus de bonheur possible de chaque moment de sa courte vie. Aria avait été séduite dès le premier sourire de cette femme, juste après qu’elle l’ai recueilli dans les rues de Paris. Elle avait désobéi à sa soeur en organisant la venue de celle qu’elle aimait dans la région Canterlot.

“Je…” hésita la sirène.

Elle ne voulait pas oublier tous ces moments passés avec Satine, elle ne voulait pas la remplacer par une autre personne. Elle voulait que cette femme avec qui elle avait partagé de nombreuses années de sa vie lui revienne, qu’elle se tienne à ses côtés. Elle voulait entendre de nouveau ce doux rire, sentir son parfum fleuri qui lui plaisait tant, laisser ses mains se poser son corps, goûter de nouveau à ses lèvres. Aria savait parfaitement que tout cela serait impossible.

“Je sais que c’est difficile, surtout que c’est la première fois que tu en parles vraiment,” fit Fluttershy avec un grand sourire réconfortant, “mais si tu veux parler d’elle, je suis prête à t’écouter. Je peux t’affirmer que ça fait du bien de parler de ce genre de chose.”

“Qu’est-ce que tu en sais ?” la défia Aria.

“Quand ma mère est morte,” avoua la jeune fille, “je n’ai pas voulu en parler. Je me suis refermée sur moi-même, jusqu’au jour où j’ai enfin trouvé quelqu’un avec qui en parler.”

“Qui te dit que j’ai envie d’en parler ?” s’énerva la sirène.

La jeune femme aux cheveux rose recula devant le regard menaçant de la sirène.

“Je suis désolé”, termina-t-elle en s’écartant du chemin de la femme imposante devant elle.

“Tu pourrais la traiter plus gentiment,” intervint Rarity. “Elle essaie de t’aider.”

“Je ne suis pas d’humeur pour le moment,” répondit Aria en se tournant vers la jeune fille apeurée. “Peut-être que ce soir je le serais.”

“Ce soir ?” demanda Fluttershy.

“Oui, ce soir, lors de la petite fête que ma soeur a absolument tenu à organiser. Si tu acceptes de venir, je ferais un effort et te parlerais de Satine.”

Elle se dirigea vers la cabine d’essayage avant de se retourner vers Rarity.

“Je vais accepter de porter cette robe ce soir, mais il manque une petite broderie,” termina-t-elle en lui lançant une bague qu’elle portait en collier. “Tu penses pouvoir la faire rapidement ?”

“Euh, oui,” répondit l’intéressé. “C’est ton totem ?”

“Oui,” fit la sirène en entrant dans la cabine. “Je repasserais dans l’après-midi pour la récupérer, et sûrement continuer à t'aider. Ça ne te gêne pas au moins ?”

“Non, mais je pensais que tu n’avais rien de prévu aujourd’hui.”

“Je n’ai pas le droit de rentrer chez moi, ou d’aller au travail, mais j’ai d’autres endroits où aller. J’ai envie de faire une petite surprise à Sunset, et je vais lui préparer un repas chez elle.”

“Tu es sûre de toi ?”

“Ce ne sera pas la première fois qu’elle me retrouvera dans son salon, et ça te donnera l’occasion de parler un peu à ton amie.”

Elle sortit de la cabine et se dirigea vers l’extérieur de la boutique.

“C’est d’accord,” fit Fluttershy avec un peu de peur dans la voix, “je viendrais chez toi ce soir.”

“Heureuse de l’entendre,” termina la sirène avec un sourire avant de fermer la porte derrière elle.

***

Un petit chat au pelage orangé vint s’amuser entre les deux pieds d’Aria dès que celle-ci eut franchis le pas de la porte, manquant de la faire trébucher. Elle reprit l’équilibre en s’appuyant sur l’un des meubles de l’entrée, déplaçant légèrement les objets dessus. Après avoir posé au sol les deux sacs contenant les aliments qu’elle venait d’acheter un peu plus tôt. La sirène commença à bien réaligner tous les objets qui étaient placés sur ce meuble avant de s’arrêter. Elle émit un petit rire puis échangea la place de plusieurs d’entre eux.

Elle savait que Sunset avait une certaine obsession sur l’organisation, et cela se voyait dans tout cet appartement. Tout y était immaculé, et la décoration avait un certain côté rigide, mais en restant harmonieuse. Il n’y avait pas beaucoup de couleurs, mais chacune d’entre elles était parfaitement calculée pour faire ressortir une autre. Toutes les pièces appliquaient la même logique, sans aucune folie, mais cela ne gênait pas la sirène, car tout y était parfaitement dosé.

Un seul endroit ne respectait pas ces règles, un endroit qu’Aria avait pu aménager à son goût, car c’était elle qui y passait le plus de temps. Elle avait amené certains de ses meubles pour décorer le balcon de cet appartement qui semblait maintenant appartenir à un autre temps. La sirène avait beaucoup apprécié les années folles comme les appelaient les humains, et toute cette zone lui permettait de fumer dans une ambiance qui l’amusait.

Aria se dirigea vers la cuisine pour y ranger ses achats et commencer la préparation du repas. Elle avait plus d’une heure avant que Sunset ne revienne, et ce qu’elle avait prévu de cuisiner n’était pas si compliqué. Le chat avait suivi la sirène et s’était mis à miauler pour attirer l’attention sur lui. La sirène se pencha et commença à jouer avec lui.

“Tu m’as manqué, mon petit Daz,” fit-elle tendrement. “La vilaine Sunset ne te fait pas trop souffrir j’espère.”

Elle attrapa un petit jouet dans l’un des sacs qu’elle avait amené avec elle. Elle s’en servit pour occuper l’animal avant de se mettre à préparer le repas. Le chat sauta sur le plan de travail, mais en fut vite chassé par la sirène. Il remonta encore une fois et dut affronter le regard devenu sévère de la sirène.

“Non,” déclara-t-elle d’une voix forte et sèche. “Tu n’as pas le droit de monter. Descends tout de suite.”

Le chat s’assit tout en regardant la sirène comme s’il la défiait.

“Tu crois vraiment que tu vas gagner ?”

Elle n'eut pour seule réponse qu’un bref miaulement, suivi d’un long ronronnement pendant que l’animal s’allongea sur son dos.

“Tu penses vraiment que ça suffit pour me faire craquer ?” fit-elle avec un sourire en rapprochant sa main de son interlocuteur. “Et tu as tellement raison. Tu mérites vraiment ton nom, mon petit Dazzle.”

Elle prit le chat dans ses bras et partit s’installer dans le canapé dans une pièce voisine. Daz semblait très heureux d’avoir autant d’attention de la sirène. Il lui mordillait le bout des doigts à chaque fois qu’elle lui essayait de lui gratter le ventre. Au bout de plusieurs minutes, il sauta sur la table basse au milieu de la place, satisfait.

“C’est tout ?” lui demanda Aria. “Moi qui croyais que tu serais un peu plus heureux de me revoir.”

La sirène commença à se lever avant de voir un petit classeur qui émettait une légère lumière. Elle l’attrapa et l’ouvrit. La lueur disparut instantanément, et elle se dirigea vers la dernière page. Aria savait pertinemment ce que contenaient ces pages, principalement parce qu’elle en avait écrit une partie. C’était elle qui avait proposé d’essayer de couper des pages du livre qui permettait à Sunset de communiquer avec la princesse Twilight pour vérifier que celles-ci restaient liées à la magie du livre. Cette méthode avait permis à Aria de communiquer avec l'alicorne violette. Leurs conversations restaient assez distantes, la sirène les évitant autant que possible. Cependant, celles-ci permettaient de rassurer la monarque équestrienne et Sunset semblait heureuse de voir ces deux amies parler, même si ce n’était qu’au travers d'un papier.

Elle se mit à chercher la dernière page qui n’était pas vierge. Il était assez facile pour elles de reconnaître la personne qui écrivait, chacune avait leur propre style d’écriture assez différent. Twilight avait pour habitude d’allonger les lettres, surement dues au fait qu’elle utilisait une plume. Sunset quant à elle avait une écriture plutôt scolaire, chaque lettre étant parfaitement formée. Aria avait un style beaucoup plus incliné et rapide, mais qui était toujours parfaitement lisible.

Elle reconnut l’écriture de la princesse sans problème, et se mit à lire.

Sunset, j’aimerais pouvoir parler à Aria. Penses-tu pouvoir la convaincre de le faire ? Je m’inquiète un peu pour elle depuis qu’elle a été blessée.

La sirène sourit avant de prendre un stylo pour lui répondre.

Ne vous inquiétez pas pour moi, Princesse. Je ne pense pas que vous puissiez faire quoi que ce soit pour moi depuis votre château.

Elle posa le stylo, n’espérant pas une réponse immédiate. Les communications à travers un livre magique pouvaient être longues, car il leur fallait trouver un moment où elles étaient toutes disponibles. Elle commença à se lever lorsque des mots se mirent à apparaitre sur la feuille.

Aria, je suis désolée pour ta soeur. Je sais que nous n’avons pas beaucoup parlé, et que tu n’as pas vraiment envie de me parler, mais je voulais te dire que si tu avais besoin, je serais là.

La sirène était surprise et amusée. Depuis que Sunset lui avait avoué parler d’elle avec la princesse Twilight Sparkle, celle-ci insistait pour devenir l’amie d’Aria. L’alicorne cherchait toujours à en apprendre un maximum sur la vie des sirènes, ce qui leur était arrivé ou comment elles avaient fait pour survivre dans ce monde. Cela ennuyait beaucoup la sirène qui avait toujours essayé de fuir ces conversations, mais pas cette fois. Cette fois, elle se sentait d’humeur généreuse.

Je n’ai pas envie de parler d’Adagio, tout du moins pas avec vous.

Immédiatement, Twilight se mit à écrire, comme elle en avait l’habitude.

Je suis désolée de l’apprendre. Peut-être qu’un jour,

La sirène se remit rapidement à écrire avant que la princesse ne puisse continuer sa phrase.

Pour une fois que j’allais écrire plus d’une phrase, c’est vous qui m’en empêchez. J’ai dit ne pas vouloir parler d’Adagio, pas que je ne voulais pas vous parler. Pour être franche, une petit groupe de jeunes filles m’a convaincu d’accepter l’idée de parler aux autres, et j’ai bien envie de vous laisser une chance. Je poserais juste deux règles : Nous ne parlerons pas des raisons de mon bannissement hors d’Equestria, ni de votre victoire sur nous et de ses conséquences. Cela vous convient-il, Majesté?

Quelques secondes passèrent avant que de nouvelles lettres n’apparurent sur le papier.

Bien sûr, je suis très heureuse que tu acceptes enfin de me parler. Cependant, j’aimerais savoir qui sont ces filles qui ont réussi à te convaincre, simple curiosité, et aussi avoir quelques nouvelles. Depuis que tu as été blessée, Sunset n’a pas voulu beaucoup parler de toi, elle me disait juste que tu allais bien.

Aria se mit à rire avant de commencer sa réponse.

Vraiment, moi qui pensais qu’elle vous aurait parlé directement de cette groupie aux cheveux multicolores qui fait tout son possible pour passer du temps avec moi, de la fêtarde rose qui vient de rencontrer Sonata, créant un groupe dont les possibilités en termes de surprise sont infinies, ou de la couturière qui me détestait avant d’apprendre que je l’avais aidé quand elle était jeune. Aujourd’hui, on peut ajouter à ce groupe la petite dernière, une grande courageuse aux cheveux roses, mais Sunset n’est pas encore au courant. Un petit groupe de personnes que j’aurais sûrement fait disparaître avant, mais pas aujourd'hui. Je les ai même invitées à venir passer la soirée chez moi. Peut-être que je me suis mise à les accepter ? Qui sait ? Après tout, dans ce monde, il est dit que la sagesse vient avec les années, et je viens d’en avoir 1500.

Cette fois-ci, elle n’eut pas à attendre la réaction de l’équestrienne.

C’est vrai que c’est ton anniversaire. Je suis désolé de ne pas pouvoir venir, mais j’ai des obligations ici. Mais je pourrais essayer de venir un autre jour, si tu le souhaites bien entendu. Je ne voudrais pas m’imposer.

Un petit sourire se dessina sur le visage de la sirène qui réfléchissait à une petite pique amicale.

Je ne savais pas que je vous avais invitée. Je dois avoir oublié ce détail.

La réaction fut immédiate.

Si tu ne veux pas que je vienne, je respecterai ton choix.

Le sourire d’Aria s'agrandit en voyant que la princesse avait réagi comme elle l’attendait.

Vous êtes amusante, Princesse. Je n’ai jamais dit que je ne voulais pas que vous veniez, juste que je ne vous avais pas encore invité à venir à cette fête. Mais si vous n’êtes pas disponible, je pense que nous devrions essayer de prévoir un moment pour nous voir face à face. J’essaierai de rester le plus calme possible, mais je ne vous promets rien.

La sirène attendait avec espoir la réponse de l’équestrienne. Après tout, cette dernière avait déjà trouvé un moyen de venir dans ce monde alors qu’elle devait avoir des problèmes importants dans son monde. Equestria n’était jamais calme, enfin si rien n’avait changé de ses souvenirs.

Je vais essayer de prévoir un moment pour venir vous voir, mais tu dois comprendre que je dois venir en secret pour éviter que vous ne soyez découvertes par mes amies de CHS. Ce serait dommage de gâcher tous les efforts de Sunset juste comme ça. Tu comprends ?

La sirène émit un grand éclat de rire. Elle ne pouvait pas croire que son interlocutrice n’avait pas reconnu les personnes qu’elle venait de mentionner. Il est vrai que les poneys avaient toujours été un peu idiots, mais là c’était vraiment un peu trop.

Aria, tu as un problème ? Pourquoi tu ne réponds pas ?

La sirène réussit à se calmer un peu afin de pouvoir écrire.

Excusez-moi, votre altesse. Je ne pensais pas votre humour si développé. J’ai eu du mal à arrêter de rire.

Twilight lui répondit avant qu’elle n'ait fini de se calmer.

Mon humour ? Qu’ai-je dit d’amusant ?

La princesse avait vraiment l’air sérieuse. Aria décida donc d’être plus directe.

Ce n’était pas une blague ? Je pensais que vous aviez reconnu vos amies avec la description que j’en avais faite. Je ne crois pas qu’elles seront un problème, et ça ferait beaucoup plaisir à Dash de vous revoir, elle n’arrête pas de parler de vous dès qu’elle le peut. J’ai appris que vous étiez venu récemment, et que vous aviez rencontré la Twilight de ce monde. Peut-être qu’un jour je la rencontrerais aussi. Je ne sais pas si j’ai vraiment envie, mais vu comment les choses se passent ici, je risque de ne pas y échapper. Je crois que depuis que Dash s’est introduite dans ma chambre après que je me sois fait tirer dessus, je commence à apprécier l’idée de voir du monde. Peut-être que je vais réussir à passer à autre chose.

Des larmes tombèrent sur la page au moment où Aria termina sa phrase.

Aria, ça va ? Ton écriture est tremblante sur ta dernière phrase. Et que veux-tu dire par “passer à autre chose” ?

La sirène essuya ses larmes et reprit le stylo.

Ce n’est rien, Princesse. Juste un souvenir qui remonte à la surface. Je vous en parlerais plus quand vous viendrez. Je n’ai pas vraiment envie d’en laisser des traces écrites. Surtout que je vais devoir en parler ce soir avec Fluttershy, vu que je lui ai promis. Je ne sais pas si je suis vraiment prête, mais je n’ai plus vraiment le choix. Je sais que je change de sujet, mais j’aurais une surprise pour vous lorsque vous viendrez.

Elle espérait vraiment que la princesse accepte de parler d’autre chose, et une surprise devrait suffire.

Une surprise ? Qu’est-ce que c’est ?

Twilight semblait vraiment intriguée, ce qui soulagea Aria.

Ce ne sera plus une surprise si je vous le dis. Mais après tout, je suis sûr que ce livre vous intéressera, surtout au vu de son âge. Je suis désolée, mais je vais devoir y aller, j’entends Sunset arriver et je n’ai toujours pas préparé le repas. Merci de m’avoir accordé de votre temps, Altesse.

La sirène reposa le classeur sur la table. Sunset devait de toute façon être au courant qu’elle était présente, le livre qu’elle portait toujours sur elle avait dû briller et vibrer depuis le début de sa conversation avec Twilight Sparkle. Elle entendit la serrure se déverrouiller.

“Je te dis que je ne sais pas pourquoi le livre brille autant, A.J.” fit Sunset en entrant.

“Il doit bien y avoir une raison, Sugar Cube. Pourquoi tu ne demandes pas à la Twilight ?”

“Je vais le faire, mais pour l’instant va t’installer dans le salon, je vais nous chercher du café”.

La fermière se figea en entrant dans la pièce, le regard posé sur Aria. Celle-ci fit un signe de la main accompagné d’un sourire gêné pour saluer la nouvelle arrivante.

“Que fais-tu ici ?” demanda Applejack d’un ton menaçant.

“Pour l’instant, je suis assise dans le canapé, et je comptais me lever préparer à manger,” répondit-elle avec une voix le plus calme possible.

“Comment es-tu rentrée chez Sunset ?”

“Par la porte.”

“A.J., pourquoi tu t’es arrêté à l’entrée du salon ?” demanda Sunset.

“Parce qu’Aria Blaze est à l’intérieur,” répondit-elle avec un peu de panique dans la voix.

“Aria ?” s’étonna la jeune fille aux cheveux rouge et or. “Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu n’étais pas censé passer la journée avec Rarity.”

“Qu’est ce que ça veut dire ? Pourquoi devait-elle rester avec Rarity ? Pourquoi personne ne m’en a parlé ?” s’énerva la fille blonde.

“Calme-toi, on voulait t’en parler,” l’interrompit Sunset, “mais tu t’emportes toujours lorsque quelqu’un prononce leur nom.”

“Je m’emporte ? C’est normal que je m’emporte. Tu sais ce qu’elles ont fait ? Tu te souviens de ce qu’elles t’ont fait subir ? Elles sont le mal incarnées, elles sont dangereuses.”

“J’ai déjà supporté cette discutions avec Rarity,” les interrompit la sirène en se levant. “Je vais passer pour cette fois, le ton de celle-là ne me plaît vraiment pas.”

Elle se dirigea vers la porte menant au balcon tout en sortant une cigarette.

“La sortie est de l’autre côté,” lui fit remarquer sèchement Applejack.

“Je sais,” répondit Aria après avoir émis un soupir d’exaspération.

“Pourquoi tu ne la prends pas ? Tu devrais retrouver tes soeurs pour mettre au point un autre plan machiavélique. Je protégerai mes amies de vous.”

La sirène fit coulisser le panneau lui permettant d’atteindre l’extérieur sans un mot.

“Tu m’écoutes, sale monstre.”

Aria avait beau avoir promis à Sunset d’éviter de se battre dans son appartement, ce que venait de dire cette fille était trop pour elle. Elle ferma le poing et s’apprêta à frapper lorsque le claquement sec d’une main heurtant un visage se fit entendre. La sirène se retourna pour voir Sunset qui s’interposait entre elle et la fermière. Même si elle n’avait pas vu l’action, il était facile de comprendre que cette dernière venait de se prendre une violente gifle.

“Tu n’as pas le droit de traiter qui que ce soit comme ça chez moi,” fit la jeune fille d’un ton sévère, “et si tu ne peux pas accepter ça, tu sais où est la porte.”

“Elles sont dangereuses Sunset. Est-ce que tu sais ce que prépare Adagio pendant qu’elle te distrait ?” se défendit Applejack en montrant la sirène.

“Ne prononce pas son nom,” s’énerva la sirène. “Tu n’as aucun droit de prononcer son nom.”

“Tu crois que tu peux me donner des ordres ?” répondit la fermière se rapprochant de la sirène de manière menaçante. “Je parle d’elle si je veux. Elle doit être bien au chaud chez vous, à préparer vos prochaines actions, pendant qu’elle t’envoie essayer de nous attendrir. Elle doit être tellement fière de toi.”

“Sunset, je vais y aller. Passe une bonne journée,” fit la sirène en se dirigeant vers la sortie.

“Aria, tu t’arrêtes tout de suite,” intervint l’ancienne équestrienne, “et toi aussi A.J.”

“Sunset, tu…”

“Ta gueule A.J. Ne parle plus, ça n’arrange pas ton cas. Aria, ça va ?” termina-t-elle en se dirigeant vers la sirène en adoucissant sa voix.

“Ça va aller. Je vais te laisser avec ton amie,” répondit-elle calmement.

“Tu aurais dû me prévenir que tu étais ici, m’envoyer un message.”

“Je voulais te faire une surprise, et je suis tombé sur les pages du livre. Je n’aurais pas dû discuter avec la princesse sans te prévenir, j’ai fait une erreur.”

“Qu’est-ce qu’elle veut dire par princesse ?” demanda la fille blonde. “Twilight est au courant et vous ne m’avez rien dit ?”

“C’est Twilight qui me l’a demandé,” répondit Sunset. “Elle m’a demandé de garder ça pour moi tant qu’Aria n’accepterait pas de vous rencontrer. Ça fait des mois qu’elles se parlent au travers du livre.”

“Et qui d’autre est au courant ? Ou alors ce n’est que moi que vous n’avez pas prévenu ?”

“En dehors de toi, il n’y a que Fluttershy qui ne doit pas savoir.”

“Je l’ai vu ce matin,” l’interrompit Aria, “et elle vient ce soir.”

“Tu l’as invité ? Je suis fière de toi.”

“Comment tu peux être fière d’une créature démoniaque ?” s’indigna la fermière.

Sunset s'apprêta à frapper de nouveau Applejack, mais Aria arrêta son mouvement.

“Et c’est moi qui suis censé être violente ?” fit-elle avec un léger sourire. “Tu devrais aller te calmer, je ne pense pas que tu veuilles vraiment faire mal à ton amie.”

“Mais,” commença à protester l’ancienne licorne.

“Pas de mais,” répondit plus sèchement la sirène. “Tu connais mon point de vue, alors va sur le balcon, je te rejoins. Je souhaite juste parler quelques secondes avec Applejack avant. Je te promets de ne pas lui faire de mal”.

Sunset grimaça, mais finit par obéir. Elle ouvrit la porte-fenêtre avant de s’installer dehors. Elle prit une profonde inspiration avant de s’asseoir dans un fauteuil confortable. La sirène se tourna vers la fermière avec un regard d’acier.

“Écoute, je sais que tu ne m’aimes pas,” reprit-elle, “et franchement, vu la façon dont tu me parles, tu ne veux pas que ça change. Je ne sais pas pourquoi, et je m’en fiche. Ce que je te propose, c’est une simple trêve quand Sunset est là. Tu me fais pas chier, et je ferais pareil.”

“Pourquoi j’accepterais ça ?”

“Pour Sunset,” répondit-elle simplement en commençant à se diriger vers l’extérieur.

“Qu’est ce qu’elle a fait pour toi pour que tu t'intéresses tant à elle ?” demanda la jeune femme blonde.

La sirène s’arrêta, regarda vers l’extérieur avant de se tourner vers celle qui venait de lui parler.

“Si je te le dis, tu accepteras l’arrangement que je t’ai proposé ?” reprit-elle.

“Yep,” répondit la fermière en croisant les bras et prenant appui sur la table.

“Elle m’a sorti de la merde quand j’en avais besoin. Elle m’a offert une chance quand j’étais prête à abandonner tout espoir. Et à force de la voir tous les soirs, je me suis habitué à elle. C’est devenu mon amie, même si j’ai encore du mal à accepter ce mot. Sans elle, je ne serais pas ici à te parler. Sans elle, je ne sais pas où je serais.”

“Comme si vous pouviez être reconnaissantes,” marmonna Applejack.

“Nous le sommes, bien plus que tu ne le crois. Qu’est-ce que tu connais de nous ?” répondit sèchement Aria. “ En dehors de ce que tu as vu à CHS, rien. Alors, ne me juge pas.”

“Tout ce que je vous ai vu faire était…”

“Ce que tu nous as vu faire était une belle connerie. Nous avons senti de la magie du monde d’où nous venons. Nous avons sauté dessus comme des pauvres connes dans l’espoir de… En fait, je ne sais même pas pourquoi nous avons fait ça. Sûrement pour revivre notre gloire passée, ressentir de nouveau la puissance que nous avions en Equestria. As-tu seulement idée du peu de magie qu’il y a dans ce monde ?”

“Ça ne change rien à ce que vous avez fait.”

“Non, c’est vrai. Et nous le payons bien cher. Vous avez détruit nos catalyseurs, les pendentifs que nous portions en permanence. Sans ces catalyseurs, aucune de nous ne peut utiliser ses pouvoirs, aucune de nous ne peut absorber de magie. Nous sommes condamnées à vivre les mêmes vies que vous maintenant. Et sans nos pouvoirs, notre âge nous rattrape bien plus vite que nous le souhaitons,” termina-t-elle sur un ton plus mélancolique.

“Votre âge ?” reprit la fille blonde. “Qu’est-ce que tu veux dire.”

“Qu’un corps normal, humain ou poney, n’est pas fait pour vivre 1500 ans,” répondit la sirène en soupirant. “Je ne sais pas combien de temps ce corps continuera à fonctionner, je ne sais pas si je vivrai encore dans une dizaine d’années. En fait, je ne sais même pas si nos corps tiendront encore un an.”

Applejack commença à s’approcher d’elle, son regard était devenu beaucoup plus doux.

“Je ne veux pas de ta pitié,” l’arrêta la sirène.

“Qui te parle de pitié ?” demanda alors la fermière, mais sa voix était bien différente, un fort écho lui donnait une sonorité étrange.

“Chaos ?” répondit alors Aria avec un petit rire. “Que me veux-tu?”

“Je n’ai plus le droit de prendre possession d’un corps pour venir te dire bonjour ? J’en suis si triste, ma chère Aria.”

“Comme si tu avais un seul jour décidé de venir me voir sans arrière-pensée.”

“Aria, ma chère. Ne plus pouvoir te parler alors que tu avais encore tes pouvoirs m’ennuyait. Je voulais juste essayer de te convaincre à l’époque de renoncer à ce sort ridicule qui te coupait de moi. Regarde-toi aujourd’hui. Si j’avais pu te surveiller, je suis sûr que tu n’en serais pas là, perdu dans ce monde hostile.”

“Tu pouvais toujours surveiller Sonata et Adagio, et tu as pris le contrôle de leur corps quand tu le voulais. Mais tu n’es pas là pour ça. Je te le redemande, que veux-tu Chaos ?”

“Aria, toujours aussi directe, toujours aussi méfiante,” répondit l’esprit possédant le corps d’Applejack en secouant sa tête. “ Mais tu as raison. Je suis là pour te proposer de récupérer tes pouvoirs.”

“À quel prix ?” l’interrompit Aria. “Tu veux me reprendre ma vie ? Je ne suis pas prête à abandonner une nouvelle vie.”

“Pas ta vie, mais celle d’une personne à laquelle tu tiens plus que tout.”

“Je ne toucherais pas à un cheveu de Sonata.”

“Je ne parlais pas de Sonata. J’aurais trop de peine à voir son existence oubliée de tous. Elle est tellement rafraîchissante. Je pensais plutôt à elle,” expliqua-t-il en pointant Sunset du doigt. “Si tu la tues, je te rendrais tes pouvoirs et effacerais son existence de la réalité. C’est simple, n’est-ce pas ?” termina-t-il en tendant une dague qu’il venait de faire apparaitre.

Aria attrapa la main qui tenait l’arme et arracha une bague dans laquelle était enchâssé un cristal rouge. Le regard de la fermière changea, se remplissant d’incompréhension. Elle retira violemment sa main et se mit à crier. Sunset se précipita à l’intérieur afin de comprendre ce qu’il se passait. Elle fut accueillie par la bague atterrissant à ses pieds et une Applejack se débattant pour échapper à la poigne de la sirène. Cette dernière prit la parole avant que l’ancienne licorne ne puisse dire un mot.

“Enferme ça dans un endroit où personne ne peut le toucher, et tu l’envoies à Twilight aussi vite que possible.”

Sa voix était tremblante, mais restait autoritaire. La fille aux cheveux rouge et or réussit à lire sur l’inquiétude sur le visage de la sirène avant de se pencher pour ramasser le bijou. Elle l’observa quelques secondes avant de le mettre dans une petite boite qu’il y avait sur la table basse.

“Pourquoi est-ce que la bague d’Applejack est dangereuse ?” demanda-t-elle sans vraiment comprendre ce qu’il se passait.

“La gemme qu’il y a dessus, c’est une partie d’un de nos catalyseurs, celui de Sonata ou d’Adagio,” répondit-elle en lâchant le bras de la fermière.

“Vos catalyseurs ?”

“Nos colliers que vous avez détruits. La gemme rouge s'appelle un catalyseur, et sans elle nous ne pouvons utiliser notre magie.”

“Je savais ça, mais j’aimerais savoir comment une partie de vos colliers a terminé dans une bague,” répondit-elle en regardant la jeune fille blonde avec un regard accusateur.

“Je… voulais garder un souvenir de notre victoire, Sugarcube,” expliqua Applejack.

“Pourquoi tu ne nous l’as pas dit alors ? Pourquoi quand on t’a demandé d’où venait la pierre, tu nous as dit qu’elle était dans ta famille depuis des années ?”

La fermière se faisait toute petite face à la colère de Sunset. Elle semblait chercher une explication, mais n’en avait pas. Elle-même était étonnée d’avoir osé mentir à ses amies.

“Je vais vous laisser vous expliquer,” reprit la sirène. “Je vais préparer le repas.”

Aria entra dans la cuisine, laissant les deux femmes seules. Leurs voix, bien qu’atténuées par le mur, parvenaient toujours aux oreilles de la sirène. La dispute entre les deux amies était assez forte, mais cela ne l'intéressait pas. Son attention était fixée sur la dague qu’elle avait prise des mains d’Applejack. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait cette dague, et même si cela répondait à une question que se posait la sirène, d’autres lui venaient à l’esprit. La dernière fois qu’elle avait vu une arme semblable, c’était dans les mains de sa soeur, lorsqu’elle lui avait laissé cette cicatrice sur le bras. Elle rangea la lame dans l’un des sacs qui lui avait servi à amener le repas. Elle ne voulait plus y penser pour l’instant.

Elle se mit à préparer un repas assez simple, éloignant les souvenirs de sa petite discussion avec Chaos. Elle se sentait honteuse d’avoir pris cette dague, de seulement avoir pensé accepter cette proposition. Cependant, une partie d’elle voulait accepter cette proposition, retrouver son ancienne vie était extrêmement tentant. Elle fut sortie de sa réflexion lorsque la porte de la cuisine claqua. Sunset venait d’entrer dans la salle, visiblement en colère.

“Tout va bien ?” demanda la sirène en voyant son amie s’appuyer violemment sur le mur, les bras croisés.

“Elle m’énerve. Je ne sais pas ce qui lui a pris, elle n’est pas du genre à mentir. Et quand elle essayait, c’était facile de le voir. Et là, je n’ai rien vu,” termina l’ancienne équestrienne en appuyant sa tête sur l’épaule d’Aria

“Depuis combien de temps porte-t-elle cette bague ?”

“Quelques mois environ,” répondit-elle en relevant la tête. “Pourquoi cette question ?”

“Je pense que si elle s’est mise à mentir, ce n’est pas totalement de sa faute.”

“Que veux-tu dire ?”

“Nos catalyseurs, je crois qu’ils corrompent leur porteur. Ils poussent les gens à faire des choses qu’ils ne feraient pas habituellement.”

“Tu es sûre de toi ?” demanda Sunset. “Pourquoi tu n’en as pas parlé plus tôt ?”

“Parce que je n’en suis pas totalement sûre. Peut-être que c’est juste moi qui est envie de me donner une excuse.”

“Je pense que tu as raison,” la rassura l’ancienne licorne. “Elle semblait différente après que tu lui as arraché la bague.”

“Est-ce qu’elle reste manger ?” demanda la sirène sur un ton plus léger. “Juste pour savoir la quantité qu’il faut que je prépare.”

“Je vais lui demander,” répondit la jeune femme, “mais ça à l’air déjà super bon.”

“Allez, hors de la cuisine. Tu sais bien que je veux garder la recette secrète.” termina-t-elle avec un grand sourire que lui rendit Sunset en sortant de la pièce.

Vous avez aimé ?

Coup de cœur
S'abonner à l'auteur

N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.

Note de l'auteur

Bon, voilà, le chapitre 13 est sorti après une longue pose.
Je ne sais pas quand sortira le prochain chapitre, mais j'espère réussir à me remettre dans le bain.
N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce chapitre, tout retour est appréciable.

Chapitre précédent Chapitre suivant

Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.

speedangel
speedangel : #42411
Au bah t'as pas a t'excuser pour les nouveaux élements apportés à la fic comme dit Bro_nie c'est l'inertie d'ecriture et puis de toute façon une surprise aussi agréable dans le genre ne fais aucun mal
J'ai relue tous les chapitres depuis le debut et j'avais oubliez que c'était aussi agréable à lire mais par contre si tu prends encore plus de 2 mois pour sortir un nouveau chapitre je te tue...;)
Bonne continuation inobi et bonne chance
Il y a 1 an · Répondre
SunsetDash
SunsetDash : #42218
Super chapitre franchement j'aurai voulue voir la claque que c'est pris A-J
Il y a 1 an · Répondre
speedangel
speedangel : #42199
Il est enfin la ce nouveau chapitre:tres interessant,plein de rebondissement...
Eh une minute c'est moi ou le chat ki viens juste d'appaitre donne l'impression d'avoir toujours ete la
Sinon avec ce nouvelle antagoniste les possibilites sont multiples et la fic n'en est ke plus interessante.
Il y a 1 an · Répondre
LtZip
LtZip : #42198
@Inobi: My Bad, je confond les deux à chaque fois, à ma décharge les deux commences par un A, j'ai édité.
Il y a 1 an · Répondre
Inobi
Inobi : #42188
@rainbow14 : LtZip à plutôt bien résumé l'idée, et le but principal dans ce chapitre est juste de donner un petit moment de nostalgie à Aria.

@LtZip : merci pour la coquille, c'est juste une proposition que m'avait fait mon relecteur sur Gdoc, et la version original et la proposition sont arrivé, je corrige tout de suite.
Sinon, c'est Adagio qui est à l'hopital pour une longue durée, pas Aria, et elle reviendra bientôt. Elle reste cependant présente dans les pensées d'Aria, et c'est le plus important.
Pour Chaos, c'est normal que tu n'es rien vu venir, vu que son apparition est voulu comme apparaissant de nul part, et Aria n'en parle pas du tout avant. Et clairement, il ne servira pas d'excuse aux sirènes pour leurs agissement.
Pour le classeur, je plaide coupable, il aurait été de bon ton de le présenter avant... et pour le chat, j'aurais dû le faire apparaître dès le chapitre 1, mais je n'avais pas encore assez réfléchi à l'histoire quand je l'ai publié (je sais, c'est mal).
Il y a 1 an · Répondre
LtZip
LtZip : #42184
J'ai débusqué une petite coquille -> pour faire face à son interlocutricecelle qui lui parlait.

C'était le point orthographe, maintenant le point scénar:
- L'idée des totem comme équivalent humain et culturel des cuties marks. Ça a le mérité d'expliquer pourquoi certains humains arborent des symboles identique à celles-ci alors qu'elles n'ont pas de raison d'exister dans un monde sans magie. Reste à voir si tu compte développer un peu plus le concept.
- L'apparition de Chaos, alors j'avais rien vu venir, mais rien de rien. J'ai même du relire le passage pour me rendre compte de quand exactement ça à basculer.
- On est clairement à un tournant de la fic avec un enjeu de niveau supérieur qui se profile à l'horizon et l'arrivée d'un antagoniste. Faudra juste faire attention à ce qu'il ne serve pas trop d'excuse aux sirènes mais tu semble sur la bonne voie à ce sujet.
- L'absence de foreshadowing, oui c'est un anglicisme, pour le chat ou le classeur. Même si tu explique bien d'où les deux viennent ça aurait été peut-être été un peu plus fluide de diluer leur apparition dans les précédents chapitres mais à ce niveau c'est juste une histoire de goût.
- Ça manque un peu d'Adagio, on n'a plus trop de nouvelles d'elle depuis l'épisode de l'hôpital, surtout qu'elle est sensé être en plein déni de grossesse.

Rien d'autre à ajouter à part: Courage Fluttershy et Applejack is not amused.
Modifié · Il y a 1 an · Répondre
rainbow14
rainbow14 : #42148
Très bon chapitre, par contre pourquoi avoir rajouté cette histoire de totem?
Il y a 1 an · Répondre

Nouveau message privé