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Entre Frère et Sœur

Une fiction écrite par Appledreamer.

Chapitre 12 - Miss pain d'épice

« Votre nom ? »

« Kilian. »

« Espèce ? »

« Humain. »

« Magie ? »

« Ouais. »

« Très bien. » La jument en armure pianotait sur une machine à écrire chaque information, sur sa table se trouvait une bougie à la flamme violette éclatante, la seule fenêtre de la pièce était une brèche d’où venaient très légèrement les doux rayons de la lune. Dans le village de Hallow Shades, la prison était un arbre creux aux multiples embranchements qui menaient à des cavités plus ou moins grandes. Dans l'une d'elles, Kilian était interrogé.

« Donc vous et votre sœur êtes accusés d'enlèvement. Pour le moment, vous êtes nos suspects numéros un pour diverses raisons », expliqua la jument très professionnellement.

« Qui sont ? » demanda Kilian, fatigué d’être suspecté. Des chaînes étranges lui liaient les mains. Aucune magie ne pouvait plus être ressentie au bout de ses doigts, de plus ça lui grattait.

« Votre sœur a disparu lors du spectacle, des témoins le confirment, ensuite l'incantation lancée était celle faite par votre sœur devant l'auberge, ça aussi des témoins le confirment. »

« Ma sœur a poursuivi un voleur derrière l'estrade ! » se défendit Kilian, « Et tous les poneys peuvent faire cette incantation, non ? »

« Rien n'est sûr », soupira la jument qui baissa le regard vers sa liste de preuves. « Nous ne pouvons pas prendre de risques. Vous resterez ici le temps que l'on prouve votre innocence. »

« NON ! » s'emballa soudain Kilian. « Les gosses ! Ils sont en danger ! Plus on passe de temps ici, plus ils risquent... »

« C'est notre boulot ! » parla doucement mais sévèrement la jument, qui regarda durement le jeune garçon, lui ordonnent de se calmer.

Kilian se laissa glisser dans sa chaise, il y avait bien une solution ! Trixie ! Les poulains, les pouliches ! Que se passerait-il si elle… Non ! Pas de ce genre d'idée ! Il fallait réfléchir ! Convaincre cette jument têtue de le laisser partir lui et sa sœur.

« J'étais sur scène lors de l'incantation. »

« Vous étiez derrière la scène quand elle était finie. »

« J'ai... j'ai… J'ai un témoin ! » se ragaillardit Kilian.

La jument d'or leva les yeux dans l’intérêt. « Et qui est-ce ? »

« Le voleur derrière l'estrade ! Lui pourra prouver que nous n'étions pas dans un coup monté. C'était un pégase vert feuille. »

« Mmmm… Très bien je vais le faire rechercher. Étalon, pégase, vert feuille… » nota-t-elle sur un parchemin recommandé.

« Je vais faire partie des recherches ! » continua Kilian.

« Non. »

« J'ai la confiance de la princesse. »

Cet argument laissa la jument figée, elle se stoppa net dans son écriture puis regarda à nouveau ce bipède qui semblait bien sûr de lui pour présenter comme patte blanche une invitation de la princesse.

« Je ne pense pas que cela suffise. »

« C'est la princesse Celestia qui m’a très dignement invité dans son palais. Vous ne pouvez pas remettre l'honneur de votre princesse en doute quand même. » Ce genre de combine était bien digne de sa sœur par contre. Faire culpabiliser n'était pas le genre de Kilian. Mais malgré tout, la stratégie marcha.

La jument grogna de mécontentement puis termina assez rapidement son avis de recherche, gribouillant avec son sabot les quelques mots manqués.

« Bon. Très bien, mais mes gardes vous auront à l’œil ! » Ceci dit, elle prit son papier sur son sabot puis l'approcha de la bougie violette incandescente, « Si vous faites quoi que ce soit de stupide... » Elle laissa brûler son parchemin, qui, très doucement, s'enflamma. Puis, dans un pouf magique, les cendres du parchemin s'envolèrent par la fenêtre dans une traînée étincelante.

« Ouais bon... » se laissa intimider Kilian. « Vous m'enlevez ces chaînes ? »

Cette jument est flippante, pensa Kilian alors qu'il était raccompagné dans les marches tourbillonnantes de la prison-arbre, suivit de deux gardes poneys. Pourquoi me menacer moi ? Tout ce que je veux, c'est partir et rejoindre Canterlot en chantant et bonne humeur. Mais pas avant d'avoir retrouvé les gosses ! Je vais parler du plan à Marie, elle doit savoir.

Les prisons d'Equestria ne sont vraiment pas remplies de prisonniers. Non, car en Equestria il existe différentes méthodes de réinsertion. Les prisons sont les derniers endroits possibles et imaginables où l'on pourrait mettre un poney. Ou un griffon. Ou un zèbre. Ou même une humaine.

« SORTEZ-MOI DE LA !!! » Des vrombissements et des sons de barrières secouées étaient entendus dans toute la prison. Dans une cellule venait d’être enfermée la plus terrifiante créature que le village de Hallow Shades ait jamais rencontré.

Ma sœur, soupira Kilian, Bon sang, ils ont dû l’enchaîner pour l'amener ici je crois.

Dans un couloir du côté de l'escalier, les cris de colère continuaient de venir du fond des entrailles végétales de la prison. Marie était à bout.

« Vous ne devriez pas crier ainsi mademoiselle. »

Une voix timide et au timbre ancien parlait près de la cellule de sa sœur. Kilian remarqua un certain batponey qui venait tenter de détendre l’atmosphère.

« Les gardes font leur possible pour retrouver les enfants. Je suis vraiment GAAAAAAHHHH !!! » Nouveau raclement de gorge. Cette drôle de manière ne réconfortait pas vraiment Marie dans sa libération prochaine. C'était désespérant. « HUM ! HUM ! Je voulais dire ! Je suis vraiment désolé pour votre incarcération. Je suis sûr que vous êtes innocente. »

Alors que le maire Sugar Blood faisait de son mieux pour calmer la jeune humaine, cette dernière remarqua l'arrivée de son frère dans son dos. Marie se ragaillardit, à son approche, elle eut un soupçon d'espoir sur son visage.

« Alors Kilian ! Ils font quoi ?! »

Kilian était embarrassé de devoir dire la vérité à sa sœur. Elle n'allait pas du tout aimer.

« Bah en fait... » il se gratta l'arrière du crâne dans la gêne.

« Pas la peine de continuer ! » l’arrêta net Marie. Déjà ce qui était sûr, c'était qu'elle resterait dans cette cage végétale. « Comment tu vas faire pour me sortir de là ? »

« Je vais chercher le voleur que tu poursuivais », lui affirma Kilian. « Avec un peu de chance, il avouera s’être fait poursuivre par toi. Mais je ne sais pas ou le chercher », se désespéra-t-il. Ce voleur pourrait être n'importe où désormais. Et le temps que les gardes le trouvent, ça pourrait en être fini de la vie innocente des enfants.

« Il était intéressé par les bonbons. Il y a forcément un lien non ? » enquêtait Marie derrière ses barreaux. « Le petit poulain qui nous a accompagnés ! Il n'avait pas dit quelque chose sur cette jument déjà ? »

« Rose Bonbon ? » réfléchit Kilian, il s'appuya sur le coté de porte de cellule, « non, je m'en souviens pas... »

« Raaaaaaaah mais si ! » le secoua Marie, elle n'en pouvait plus d’être si désarmée. « À propos des bonbons ! »

« Madame Rose Bonbon a fait toutes les confiseries de la ville. C'était un travail titanesque », intervint d'un coup le maire dans la conversation, les deux humains l'ayant complètement oublié.

« VOILA ! », s'enjoua Marie. « S'il y a quelque chose avec les bonbons, alors c'est elle qui faut aller voir pour retrouver ce voleur de sucette ! »

« C'est une piste », se satisfit Kilian en souriant. « Compte sur moi sœurette ! Demain à l'aube ! Tu es libre ! » Kilian partit tout plein d'entrain, prêt à enquêter.

« Eh, mais en fait ! » interpella Marie collée à la porte de la cellule. « Pourquoi toi t'es pas avec moi ? » demanda-t-elle curieusement, et même, un peu jalousement.

Kilian la regarda d’un air désolé, avec quand même un sourire malicieux sur son visage. Il haussa des épaules. « Il semblerait que je sois plus innocent que toi. » Et c'était vrai !

Ceci dit, Kilian sortit le plus rapidement possible de la prison-arbre. Laissant dans son sillage le maire, qui lui aussi partait. Descendant, dévalant en grande vitesse les escaliers tourbillonnants, il sortit, suivi de deux gardes armés. Il partit au plus vite sur le chemin du village, il fallait se dépêcher. La nuit n'était pas finie, et apparemment, elle ne faisait que commencer.

Mais alors que son frère partait à la chasse aux indices. Marie se lamentait dans sa cellule. C'était petit, humide, chaud, et mal éclairé. On lui avait tout retiré, sa hache et ses affaires ! Heureusement, Nova était resté sur Kilian lors de l’arrestation. Mais sinon, rien ne pouvait l'aider dans cette situation.

Alors qu'elle tournait en rond, Marie vit un petit scintillement du coin de l’œil. Devant sa porte se trouvait une fenêtre donnant sur un bureau, dans lequel un garde lisait de dos des paperasses et des paperasses. Des clés se trouvaient sur la chaise du garde.

Marie sourit. Les barreaux de sa porte étaient une barrière pour qu'aucune magie ne puisse être formée au sein de sa cellule. Mais ceux qui avaient fait ses barreaux n'auraient jamais cru que l'on enfermerait un jour une humaine.

Marie sortit l'un de ses bras à travers les barreaux. À peine ceci fait que la magie revenait déjà en elle. C'était excellent ! Une fois libre, son frère aurait du renfort !

Kilian ne savait aucunement ce que sa sœur préparait. Le garçon courait à toute allure dans les rues sombres et élevées de Hallow Shades. Les habitants étaient tous chez eux, sur ordre de la municipalité. Seuls les gardes parcouraient les rues dans leurs armures clinquantes. Ils cherchaient tant bien que mal un signe des poulains et pouliches. Sûrement que les citoyens devaient pleurer toutes les larmes de leurs corps en ce moment même. Les décorations de la fête étaient sinistres dans le village maintenant endeuillé. C'était un spectacle navrant de voir l'état des lieux alors qu'il y a peu de temps, la joie régnait. C'était comme voir des fantômes.

« Ok ! Alors la confiserie est là, non ? »

Kilian s’était fait guidé par les deux gardes tout du long. Il avait eu l'air bien malin de partir comme une flèche, alors qu'en fait, il ne savait pas du tout quel chemin prendre.

« Ici même, monseigneur », indiqua la garde licorne.

Ils venaient d'arriver. Un bâtiment non loin de la clairière, qui était semblable aux maisons du village, sauf pour une tour en forme de sucette géante toute ronde comme un Chuppa-Chupps.

Le jeune homme n'avait pas remarqué, mais aucune vitrine pour présenter les sucreries n'était visible sur la façade. Seulement des fenêtres. Et un panneau en forme de bonbon enrobé. Pas bien alléchantes comme confiseries quand même.

Kilian agrippa une lanterne qu'un des gardes tenait. La boutique semblait vide de toute vie. Aucune fenêtre n'était allumée. Pas le moindre son venant de l'intérieur, pas un entonnement de sabot ni un scintillement de magie.

Il fallait toquer. C'était la moindre des choses.

'TOC ! TOC !'

, …, …,

Rien du tout.

Rien ne répondait dans la nuit noire, mais seulement le silence.

Kilian regarda en arrière où les deux gardes regardaient l'humain, patientant.

Le jeune garçon se retourna à nouveau vers la porte puis retenta un coup.

'TOC ! TOC !'

, …, …,

Toujours rien.

Apparemment Rose Bonbon n'était pas là.

'CRASH !!! '

Ou pas en fin de compte. Un bruit de verre brisé venait de déchirer le silence pesant de la rue. Ce son venait de l'intérieur de la boutique.

« Madame Rose Bonbon ?! C'est la garde qui vous parle ! Vous êtes là ? » appela le second garde, un pégase.

Rien n'y fit, aucune réponse ne vint. Par contre, de nouveaux bruits de fracas retentirent. Du verre, une table, des choses volaient en éclats dans cette boutique.

Il n'en fallut pas plus. La garde licorne se présenta face à la porte. Et d'un revers de magie souffla la porte de la boutique dans un craquement lourd et sec. Kilian se présenta à la suite pour voir ce qu'il se passait.

Dans la salle sombre, il y avait un comptoir et des sacs et des sacs de bonbons avec leurs prix. Contre les murs, des étagères renversées de leurs bocaux, et contre l'un d'entre eux, des lianes dans lesquelles une forme quadrupède se débattait.

Le trio composé de Kilian et des gardes courut vers le fugitif. Qui qu'il soit, il était en état d'arrestation !

« Vous monsieur, vous êtes… !!! » Mais inutile de continuer sa phrase, Kilian approcha sa lanterne et découvrit un pauvre pégase vert feuille emmêlé dans du caramel mou et de la guimauve.

« AIDEZ-MOI ! » hurla le pégase, pas le moins du monde embêté par son arrestation.

Kilian était sidéré. Ce poney s'était fait arrêter par des bonbons collants tout seul. Il venait peut-être de trouver un parent de Derpy.

« Attendez une seconde ! On va vous sortir de là. » Kilian eut un éclair de lucidité et stoppa net les deux gardes qui allaient commencer le travail, les deux le regardant confus. « Avant toute chose… vous faisiez quoi ici ? » interrogea Kilian, souriant malicieusement.

« AIDEZ-MOI D'ABORD ! ÇA FAIT TOUTE LA NUIT QUE J'SUIS LÀ ! » hurla à nouveau le pégase paniqué.

« Pas avant d'avoir répondu à ma question ! » le fit chanter Kilian. C'était sale mais il n'allait pas laisser s'enfuir ce suspect. « C'est vous le pégase que ma sœur a poursuivi ? »

« OUI ! OUI ! OUI ! »

« Derrière la scène pendant le spectacle ? »

« C'EST ÇA OUAIS ! » confirma encore le pégase, « S'IL VOUS PLAIT SORTEZ-MOI DE LÀ ! CES BONBONS M'ARRACHENT LES PLUMES ! En plus, ils sont à la réglisse.»

Kilian se retourna vers les deux gardes qui attendaient, et se demanda s'il était légal d'utiliser les bonbons collants comme mode interrogatoire. À priori, l’arrêté 238 l'autorisait.

« Mes amis, c'est réglé ! Ma sœur est innocente ! » présenta Kilian, tout souriant de victoire. Un record pour une résolution d’enquête. « Ma sœur est blanchie ! »

« Parfait ! » dit une voix à l'entrée de la boutique.

Cette voix ? Il n'y avait qu'un ton colérique comme celui-là.

« Marie ? » se retourna Kilian, sans même voir encore qui se trouvait à l'entrée.

Mais son intuition fut bonne. En effet sa sœur, cette évadée, venait d’apparaître dans la boutique.

La jeune femme se supportait d’une main contre le cadre de la porte, elle était essoufflée et sa queue-de-cheval habituelle était plus courte que d'habitude. Comme si une lame aiguisée l'avait coupé.

« Pas un geste ! » ordonna la garde licorne, lance en corne. « Vous n’êtes pas censée être ici ! »

« Holà ! Holà ! Vous pensiez que j'allais rester dans votre cachot humide ?! » s'énerva Marie, « Ras le cul de devoir me faire balader par des poneys ! En plus, vos gardiens de prison sont des incompétents ! »

« Vous allez nous suivre madame ! » menaça le garde pégase. Ils s’approchaient dangereusement de Marie, mais Kilian intervint.

« EH ! Ma sœur est innocente ! Le pégase vert l’a dit ! Alors laissez-là tranquille ! » s'énerva à son tour Kilian. On ne menaçait pas sa sœur impunément, même si c’était des poneys mignons.

Les deux gardes se regardèrent. Il était vrai que le témoignage de ce drôle de suspect avait innocenté la fille. Mais la procédure voudrait qu'il soit emmené au poste d'abord.

« Nous devons tout de même vous conduire vous et ce nouveau suspect au quartier général. C'est le protocole ! » dit le garde pégase. On ne malmenait pas les règles, c'est comme ça.

« NON ! » hurla à nouveau le pégase emmêlé. « LES POULAINS COURENT UN GRAVE DANGER !! TRÈS GRAVE !!! »

« Hé, une seconde ! » intervint la garde licorne. « Tu ne serais pas Hammer Hooves ? Celui qui a été arrêté pour cambriolage il y a deux semaines ? »

« Quoi ? Non, je menais une enquête ! ICI ! Dans l'antre maudite du Tartare !»

« Mais oui c'est ça. » Le garde pégase coupa net du tranchant de sa hallebarde les méchants bonbons collants.

Le pégase maintenant identifié comme s’appelant Hammer Hooves se mit sur ses quatre pattes, il lui restait des caramels dans la crinière et sur les ailes.

« Je ne peux pas vous suivre ! » recula le pégase vert feuille. « Si je ne trouve pas le grimoire, elle va les tuer ! »

« Qui va les tuer ? » questionna Kilian, inquiet.

« Rose Bonbon pardi ! » s'excita Hammer, les ailes frétillantes de nervosité. « C'est pour ce soir. »

L'annonce fit un choc ! La confiseuse serait la kidnappeuse ?

« Ne dites pas n'importe quoi ! Rose Bonbon fait partie de ce village depuis une éternité. Pourquoi ferait-elle une chose pareille ? » remballa la garde licorne.

« Une éternité ? Mais elle n'est pas jeune ? » se questionna Marie.

« C'est une façon de parler ! Le maire la connaît depuis longtemps. »

« Combien de temps ? » continua Kilian, sentant qu'il était sur une piste.

« Et bien… depuis son premier mandat je crois », dit la licorne d'un seul coup moins sûr.

« C'était il y a trente ans ! » les informa Hammer. « Je le sais ! J'ai lu les archives ! Depuis trente ans elle n'a pas changé ! Pas une ride !»

« Ce n'est pas une preuve d'accusation ! » rabroua le garde licorne.

« Et ça ? »

Sans même sans rendre compte, le groupe débattait près d'un mur renversé de ses étagères. Mais parmi les pots de terre et de verre, des bâtonnets sucrés et nougats caramélisés, une chose peu commune ressortait.

Sur le mur, en dessous du papier peint déchiré, le signe distinctif d'une porte en bois pouvait se faire voir. La poignée était un anneau de fer banal.

Lentement, Marie s'approcha, repoussa les quelques résidus devant la porte close. Puis prudemment, et prête à tout, elle ouvrit la porte cachée.

Derrière, les ténèbres. Mais des tables et des instruments pouvaient être aperçus.

Kilian approcha sa lanterne au-devant de sa sœur, les gardes et Hammer suivirent dans un silence craintif.

Quand la lumière éclaira suffisamment les lieux, une table avec des livres, des fioles et phylactères étaient visibles. Des bougies aussi, que la garde licorne alluma d'un petit sort magique.

Kilian posa les mains sur la table, et agrippa le premier tome à sa portée. Le titre lui glaça le sang sur la seconde.

'Rituel de la jeunesse. Vivre de la mort d'autrui.'

« Deux cent poulains réunis…, la lune flétrie... » Marie lut sur un tableau noir des instructions plus qu inquiétantes. « La lune comme catalyseur… vidés de leurs rêves et espoirs, la vie s’essoufflera en eux. »

« Elle compte se rendre immortelle en prenant la jeunesse des poulains ! » en fut terrifié Kilian. « C'est une... »

« Une sorcière », termina Hammer proche d'un autel construit d'os et sucreries. Une sculpture sinistre et effrayante qui semblait représenter une sorte d'alicorne maléfique, s’étendant dans toute la pièce, entourant les tables et les tableaux d'une aura malsaine.

« Une sorcière ?! Mais les sorcières ont quasiment toutes disparues ! L'inquisition les a chassées d'Equestria ! » s'affola le garde pégase.

« Pas toutes apparemment... » Ce monde devint soudainement des plus morbide. Marie s'en rendit compte à présent. Des poneys qui parlent ne pouvaient pas qu’être mignons, il y avait forcément un côté sombre.

« Elle doit utiliser la Lune. Où ? » se concentra Kilian.

« À l'autel de Luna pardi ! C'est là que l'on reçoit les rayons lunaires les plus géniaux. C'est dans les bois du nord près du repos », expliqua Hammer.

« Exactement. »

Hein ? Qui…

Mais trop tard. Soudain, la structure tentaculaire de l'autel se mit à bouger ! Des membres collants et agressifs se jetèrent sur les intrus ! En deux secondes, complètement pris par surprise, les deux gardes furent plaqués contre les murs enlacés dans les lianes de l'autel. Marie réagit, se baissant de justesse, mais elle fut agrippée au pied et se retrouva en cochon pendu. Kilian courut à la rescousse de sa sœur, dague en main, mais une liane sortie des ténèbres le désarma d'un revers. Surpris, le garçon n’eut pas le temps cette fois-ci d'échapper à trois tentacules qui le ficelèrent sur place en un éclair.

Les os pointus des tentacules perçaient méchamment dans la chair des gêneurs. Les bonbons collants les empêchaient de bouger plus encore. Ce qui n'était pas une mauvaise idée quand un osselet acéré cognait contre votre ventre.

« Je suis déçue. Un tel comportement de la garde. Vous n'avez aucun droit de rentrer dans ma boutique. »

Cette voix provenait de l'entrée. Cette voix douce et mielleuse. Elle était celle de Rose Bonbon.

La jument terrestre rentra dans la lumière de la pièce. Toujours affublée de son déguisement de bergère en froufrous adorables.

« J'étais venu prendre mon grimoire. Mon garçon, s'il te plaît. » Elle s'approcha de Kilian en douceur sans la moindre crainte. Ses monstres sucrés contrôlaient la situation.

« VOUS ! Alors vous êtes coupable de l’enlèvement n'est-ce pas ?! » accusa Marie, toujours tête en bas.

« Moi ? » répondit la jument innocemment. « Oui en effet. De toute façon, inutile de nier la vérité. Mes petits chéris m'attendent d'ailleurs. » Elle tira des mains de Kilian le grimoire, que le pauvre garçon avait stupidement tenté de garder un peu plus serré, « Je suis désolée pour vous mes pommes d'amour, mais... » elle s'approcha de son autel. L'alicorne maléfique avait les yeux rougeoyant de feu. Rose Bonbon piocha dans une poche de son costume puis en sortit un bonbon dur, qu'elle posa dans la bouche de la statue. « Vous ne sortirez jamais vivant d'ici. Je ne veux pas que des enquiquineurs comme vous ne viennent m'empêcher de terminer l’apothéose de ma vie. Hi hi hi ! De plusieurs de mes vies en fait. »

Le bonbon de la statue se dilua, transformant les yeux rouges de l’alicorne en des brasiers. Les bras se serrèrent plus encore. Cette fois, les os tranchaient leurs chairs.

« On vous arrêtera ! C'est obligé ! » fulmina Kilian, « Vous ne réussirez jamais ! » Les tentacules serraient encore plus.

« J'ai tout prévu, mon caramel doux. Maintenant, économisez votre salive. Vous en aurez besoin. Hi hi hi ! Bonne nuit des cauchemars ! » Et sur ce, elle s'en alla. Les laissant piégés dans leurs cercueils de friandises et d'os. Qui se mouvait de plus en plus.

« On l'a profond Kilian », grogna Marie, le sang commençant à lui monter à la tête.

« On doit pouvoir se libérer ! Vous les gardes, vous ne pouvez pas ? » Mais les deux gardes poneys avaient déjà disparu sous le monticule sucré. La situation allait en empirant.

« Peut-être ma hache ! Mais j'ai les mains liées ! » se balança Marie.

« Et moi ma dague est au sol ! Rien à faire ! »

« On en va pas finir comme ça ! Hammer Hooves toi… Hé mais une seconde ! Il est où ce voleur ? » s'interrogea Marie. Maintenant que le dit pégase timbré n'était pas emprisonné. Il n'était même pas là !

« Il a dû se tirer ! Ça devient une habitude ! » grogna de plus belle Marie, elle commençait à voir rouge.

« Il est allé chercher de l'aide peut-être ! C'est tout ce qui nous sauvera ! » L’air commença à se faire rare tout d'un coup dans les poumons des prisonniers. « TOUSSE ! TOUSSE ! Mince ! J'ai pas vécu pour finir enroulée dans du bonbon ! TOUSSE ! » se lamenta Marie.

« Au moins, je mourrais en Equestria. TOUSSE ! » plaisanta Kilian.

« KILIAN ! TOUSSE ! C'est pas le moment ! » le disputa Marie.

CRASH ! Un son brisé vint stopper net l'étranglement des lianes de la mort. Tous furent relâchés. Marie s'écrasa la tête la première sur le sol. Kilian lui retomba simplement sur ses genoux.

« TOUSSE ! Quoi ? Qu'est-ce qui vient de se passer ? » se demanda la jeune femme, la tête résonnant comme une cloche.

« J'ai résolu le problème ! » dit fièrement Hammer Hooves. Le pégase était à côté de l'autel démoniaque. Le petit malin avait utilisé la hallebarde des gardes pour détruire la statue maléfique. Les lianes étaient inertes désormais.

« Ouah ! Cool Hammer ! Comment tu as fait pour te cacher ? » se ressaisit Kilian.

« Tout petit, j'aimais jouer au changelin et au poney. La méchante sorcière c'était du gâteau », répondit tout fier le pégase.

« On devrait t'appeler Shadow Hooves », dit Marie, sans vraiment être reconnaissante.

« Pas de temps à perdre ! » Kilian récupéra sa dague, et partit vers les deux gardes. Les pauvres étaient inconscients. « Merde ! Il faut prévenir le reste des gardes du danger ! »

« Ouaip ! Hammer, tu vas les prévenir ! Nous, on course miss pain d'épice ! »

« À vos ordres ! » salua le pégase qui partit comme une flèche vers la porte de sortie.

Kilian et Marie se retrouvèrent dehors. Maintenant, c'était la course contre la montre !

« Bois du nord ! Près du repos ! Mais où ça se trouve ?! » regarda Kilian, affolé.

Une lumière intense vint s'abattre dans des bois non loin. La lune était à son zénith. Et des lumières surnaturelles découlaient mystérieusement de l'astre lunaire.

« Je crois qu’on l'a trouvé ! En avant Kilian ! »

« Cette sorcière n'aura pas les gosses ! Je te suis Marie ! »

Aussi rapide que l'éclair, les deux héros s'en allèrent vers la bataille ! Kilian et Marie étaient conscients qu'il faudrait en découdre avec cette jument maléfique. Ils étaient prêts à en payer le prix. Au fond d'eux, quelque chose les avaient préparés à un événement comme celui-là. Ils ne savaient pas quoi mais c’est comme si, il y a longtemps, on leur avait insufflé une force. Le courage ! La détermination ! Aujourd'hui était le jour ! Étaient-ils des guerriers ?

« Là ! Je vois une colline ! » prévint Marie en tête de file. Dans une petite clairière enfouie dans la forêt géante se trouvait la lumière d'il y a un instant. Alors qu'ils s'approchaient, l'obscurité auparavant reposante de la forêt devint d'un seul coup oppressante. La lumière de la clairière aspirait toute clarté aux alentours. De ce fait, comme un minuscule trou noir, tout autour de l'endroit maudit, des ténèbres malveillantes baignaient les lieux.

Kilian et Marie ralentirent sur les bords de la clairière. Sur le haut du monticule, Rose Bonbon était là, devant son grimoire lévitant. Des rayons lunaires descendaient, douchant la sorcière et… tous les poulains.

Les pauvres chérubins étaient statiques, comme pétrifiés autour de la jument. Ils étaient tous là ! Kilian regarda plus attentivement mais ne vit pas Trixie. Pourtant, elle était là.

« Viens Kilian », encouragea Marie tout bas. Il ne fallait pas se faire surprendre. Pas une nouvelle fois.

Ils avancèrent lentement, en se cachant. D'un pas sûr, mais prudent, ils allaient faire face à la sorcière. Qui ne mit pas longtemps à les remarquer.

« Comment ? Je ne pensais pas avoir à faire à vous une nouvelle fois ce soir. C'est très agaçant ! » elle se sortit de son incantation, laissant le grimoire en place. « Mais bon, tant pis. Comme me disait ma mère : ce qui ne vous tue pas est stupide ! »

« Vous en avez beaucoup d’autres des citations intelligentes de votre maman ? » parla Marie sarcastiquement. « Bizarre pour une ogresse de la jeunesse qui se nourrit de poulains. »

« Ma mère m'a tout appris ! » Elle balada son sabot dans une poche, sortit un autre bonbon dur comme celui de l’autel. « C'était il y a des siècles mais mes souvenirs sont tenaces. »

« Elle était une sorcière elle aussi ? » interrogea Kilian curieux de savoir si on était monstre de mère en fille.

« Non », répondit simplement Rose Bonbon. « Mais elle avait un cœur de pierre, rempli d'amour en son centre. Elle détestait les autres poneys, mais moi elle m'aimait. » Elle jouait avec le bonbon, le glissant sur son sabot par-ci par-là.

Marie leva sa hache, prête à se battre. Kilian fit de même, un sort rougeoyant faiblement dans son autre paume.

« Mais pourtant, vous êtes devenue une sorcière », cracha Marie. « Un monstre. »

« Une nouvelle fois, j'ai mes raisons. Je me demande qui sera les monstres cette nuit ? Mais assez jacassé ! » Soudain, elle lança sa confiserie, qui partit aussi rapidement qu'un sort en pleine vitesse.

Kilian et Marie n’eurent qu'à s'écarter légèrement pour l'éviter. Le sort partit dans la forêt.

« Ah ! Vous devriez faire mieux que ça pour nous avoir ! » provoqua Kilian, amusé.

Rose Bonbon se frotta le sabot sur le torse, l'air satisfait, elle souriait toujours calmement.

« J'aime pas ça... » s'alerta Marie.

Dans le dos des deux humains, quelque chose venait de bouger.

« Je vais vous laisser avec votre nouveau camarade », s'amusa Rose Bonbon.

Là dans les ténèbres, une forme quadrupède marchait. Grande, fine et élancée. Des yeux verts, brillants comme le feu regardèrent les deux bipèdes. Des pas lourds résonnaient sur le sol.

« C'est pas possible... » s'effraya Kilian tout d'un coup.

Enfin, quand la lumière de la lune éclaira l’être mystérieux, l'ennemi fut révélé.

Luna. La déesse de la lune, l'alicorne de la nuit, la gardienne des rêves. C'était la statue de la puissante alicorne qui venait de prendre vie. Et qui comptait bien faire passer l'arme à gauche aux deux êtres humains.

« Kilian, prépare-t... »

Sans un mot, la statue de la puissante alicorne s'élança corne en avant. Lourde comme elle devait être, elle arriva pourtant à être rapide. Elle battit des ailes sauvagement, droit dans la direction de Marie, qui évita d'un cheveu d’être empalée.

Mais une aile frappa la jeune femme au visage, l'étourdissant sur le coup. Ça pouvait être une seconde de trop !

« Gaffe, Marie ! » cria Kilian. Le garçon lança un souffle vers la maudite statue de la déesse. Il permit à sa sœur de s'écarter à temps, et de reprendre ses esprits.

« On doit s'occuper de ça, et de la sorcière. Comment on fait ? » se concentra Kilian près de sa sœur.

Marie se frotta le front, ou une goutte de sang coulait. Cette statue avait choisi son adversaire !

« Tu t'occupes de la vieille. Moi, je m'en vais tailler ce bout de roc ! » se fâcha la jeune femme.

« Euh… t'es sûre de ça ? » dit Kilian. Sa sœur était rentrée dans sa phase colère-explosion.

« Certaine. »

Sur ce mot, elle s'élança. Marie préparait sa hache, et un sort de côté.

La statue fonça de nouveau elle aussi, toujours les yeux verts flamboyants, la rage se trouvait dans les deux combattantes.

Marie glissa sous la statue au point d'impact, passa entre les pattes au galop, et dans un éclat de style souffla d'un sort la statue pour l'envoyer s'aplatir sur le dos de la colline.

Kilian était impressionné ! Sa sœur pétait la classe !!! Mais pas le temps de lambiner !

Le jeune garçon regarda vers la sorcière qui s'était remise à l'incantation. Les poulains étaient toujours pétrifiés, et le regard vide de toute conscience. Un seul moyen pour empêcher de les voir mourir : détruire le grimoire.

Sans lui, plus de sort, plus d'indications, plus d'incantation ! pensa vite Kilian, qui partit en courant vers la jument, passant entre les quelques poulains sur son chemin. Mince il venait d'en bousculer un, non ?

« Je te prierai de rester là où tu te trouve, mon cœur », ordonna Rose Bonbon, consciente de l'arrivée de l'humain. « Je pense devoir faire travailler mes petites pommes d'amour. »

Elle sortit un nouveau bonbon de sa poche. Mais combien en avait-elle ?!

Cette fois-ci, elle le lança vers le haut, dans le puits de lumière qui descendait sur elle. La confiserie se figea, puis s'évapora comme consumée par les flammes, et enfin descendit en milliers de petites cendres parmi les poulains et pouliches.

Kilian avançait toujours entre 'les pommes d'amour'. Et il s’approchait de plus en plus de Rose Bonbon.

« Cette fois, vos sucreries n'ont pas marché, miss pain d'épice ! »

« Vous devriez vraiment arrêter de juger aussi vite, monsieur le singe », taquina Rose Bonbon, toujours un sourire plaqué sur son visage.

Elle avait raison. Car à peine passé à côté d'un poulain, ce dernier s'agrippa à la jambe de Kilian. Dans la stupeur complète, le jeune homme se rendit compte que les poulains se tournèrent tous vers lui, le regard vide. Ceux proches de lui se mirent à attraper ses jambes. Même une morsure pouvait être sentie !

« Merde ! » jura Kilian. Tous les poulains venaient de voir une immense sucette géante au milieu d'eux. Dans des râles froids et inexpressifs, ils sautèrent tous vers le garçon.

Je suis dans de beaux draps ! paniqua Kilian ! Il fallait faire quelque chose, sinon il allait mourir étouffé sous un amas de choupinesse.

De son côté, Marie n'était pas vraiment au mieux non plus. L'incantation avançait et elle n'arrivait pas à faire le moindre mal à cette stupide statue de pacotille !

« OUCH !! » Elle venait de recevoir encore un coup d'aile de cette saloperie. Les membres de Marie étaient ankylosés, et maintenant tout son corps saignait de blessures légères mais de plus en plus handicapantes.

La statue de Luna était recouverte de rougeurs faites par ses attaques sur la pauvre humaine. Rien ne l'atteignait. Les coups de hache ricochaient, le souffle la faisait vaciller encore et encore ! La télékinésie ? Non elle était trop lourde.

Pas le temps de réfléchir, la statue chargeait une nouvelle fois !

Marie prépara une esquive sur la droite, baissant la tête sous l'aile qui venait la frôler au ras de son visage.

Elle n'allait pas esquiver pendant très longtemps. Marie soufflait lourdement, de plus en plus la statue trouvait des failles dans le combat. Une question de temps avant qu'elle ne finisse encornée.

Peut-être… Oui, autant essayer ! Une dernière tentative ! Marie prépara ses forces. La statue de l'alicorne maudite, elle aussi, racla le sol dans une charge décisive. Les yeux grands ouverts de ses flambeaux d'émeraude. Elle allait tuer cet insecte !

« Viens ici, saleté ! J’espère que t'aime la glace ! » Marie pointa ses deux mains vers la bête de pierre, loin d’être la déesse qu'elle était censée représenter.

La statue fonça, dans un pas lourd, les naseaux échauffés, la corne alignée. Droit sur l'étoile bleu azur que confectionnait Marie. Une étoile de neige qui prenait de l'ampleur et grossissait encore, encore, encore !!!

« C'EST FINI !!! » Le sort fut lancé. Marie envoya la puissante magie de son sort droit vers la bête.

Un rayon blanc et bleu qui souffla tout sur son passage ! On ne voyait plus la statue, on ne voyait plus quoi que ce soit dans ce blizzard chaotique mortel pour quiconque se serait trouvé dedans.

Quelques instants après, le sort se calma. Marie baissa ses mains bleuies comme si elles avaient été plongées dans la mer arctique.

Devant la jeune femme se tenait son œuvre.

La statue de la alicorne maudite était figée. À dix centimètres d'elle, la pointe de la corne était gelée dans le temps. Elle ne bougeait plus, pas d'un cil. C'était le moment !

« Je pense que je peux le dire maintenant. » Même épuisée, Marie avait assez de force pour ça.

Elle reprit sa hache à deux mains. Se mit sur un côté de la bête. Et enfin, fini le job.

« Ma veille. TU ES BRISÉE ! » D'un coup de hache bien placé, elle décapita la tête de la statue dans de milliers de petits grains cristallins. Toute la statue se désagrégea en millions de petits morceaux par la suite.

Marie l'avait emporté.

Le sort subi par sa statue sortit de sa concentration Rose Bonbon. Ce qu'elle vit en bas de la colline n'était pas du tout un bon présage. Mais les rayons lunaires étaient arrivés à leur maximum ! C'était bientôt l'heure du dîner. Plus que deux minutes et enfin la première sorcière immortelle serait née. L'égal des déesses et des alicornes ! Sa mère serait si fière.

Mais autre chose la perturba.

Les petits chérubins écrasaient tous très bien l'humain. Kilian était enseveli sous des dizaines et des dizaines de petits diablotins. Mais une autre lumière parvenait aussi de cet amas.

Apparemment, ces deux bipèdes étaient bel et bien ceux qu'ils étaient censés être.

Les poulains s'écartèrent tous dans un souffle surpuissant ! Pas pour les envoyer valdinguer jusqu'au septième ciel. Mais droit sur la sorcière qui, surprise, n'eut pas le temps d'éviter le boulet de canon.

« OUAH ! PLUS JAMAIS CA ! » souffla Kilian à bout de forces. Des centaines de petits poneys trop mignons venaient de lui écraser la tête et les poumons. C'ÉTAIT CARREMENT PAS MIGNON !

Rose Bonbon sortit de sous les quelques poulains toujours inconscients de leur état. La sorcière ne devait pas se laisser dominer comme ça. Il lui restait toujours quelque sucrerie en poche !

Ou pas.

Tout était tombé de sa belle robe de bergère. Sous les poulains et pouliches. C'était une catastrophe !

« Fini les tours de passe-passe ! » Kilian se rua vers le grimoire ! La sorcière Rose Bonbon était bloquée par les multitudes de chérubins. L'humain allait prendre le grimoire !

Et c'est ce qu'il fit.

Kilian attrapa le livre maléfique sous l'aura pesante de la Lune ensorcelée.

Il sentit un immense poids sur ses épaules venir le noyer, d'une énergie magique intarissable venant de tous les poulains de la clairière. Leurs jeunesses, leurs joies, leurs rêves… Les poulains devenaient d'une couleur gris sombre, ils perdaient tous de leur éclat de vie.

Le garçon aperçut une petite pouliche au chapeau pointu.

La petite Trixie.

Il la vit mourir. Le bleu magnifique de l'adorable magicienne se ternissait, sa crinière grisonnante, peu à peu…

« Vos efforts sont vains ! L'incantation est terminée ! » parla Rose Bonbon, victorieuse. « Mon grimoire a fini d'aspirer leur essence vitale ! JE VAIS DEVENIR IMMORTELLE !!! »

« C'est ce qu'on va voir », dit Kilian, le regard maintenant fixé sur le grimoire, « C'était quoi déjà le sort Nova ? » parla-t-il vers la poche de l'orbe. « Ah oui, c'est vrai... »

« Nova ? » s'interrogea d'un coup la sorcière, les yeux ouverts dans une réalisation.

« FLAAAAAAAAAAMBIIIS !!! » cria le garçon avec classe ! Il tint le grimoire à deux mains. Une force fantastique, un rayon intense se déploya dans le puits de rayon de lune.

Le grimoire ne disparut pas. Mais la force du sort contrant la titanesque essence magique du puits vint faire une réaction en chaîne inattendue. Une explosion de lumière renversa Kilian, Rose Bonbon, les poulains, peut-être même Marie.

L'explosion envoya Rose Bonbon dans les pommes. La jument terrestre vola jusque dans les sous-bois, se cognant fortement au pied d'un autel, anciennement celui où se tenait la statue de la princesse Luna.

Dans la clairière, le calme s'installa soudainement. Plus de Lune ensorcelée, plus de poulains hypnotisés, plus de grimoire enchanté. Kilian se trouvait au centre, affalé au sol. Le jeune homme venait d'essuyer une décharge telle qu'il avait quasiment été foudroyé sur place. Dans sa main droite, le reste d'un livre qui aurait pu changer la vie de nombreux poneys d'Equestria. Mais ce ne fut pas le cas. Car deux êtres humains, deux étrangers, venaient de sauver de malheureux poulains d'un destin pire que la mort.

Kilian cligna des yeux doucement, pas certain d'être vraiment vivant, ou mort pour le moment. Avait-il réussi ?

Des petits pas de sabot résonnèrent autour de lui. Alors qu'il regardait toujours le soleil de la nuit qui brillait dans le ciel, une petite tête familière se présenta devant lui.

« Vous êtes mort, monsieur ? » demanda inquiète la petite Trixie, puis des multitudes d'autres têtes adorables se mirent au-dessus de Kilian.

Le jeune garçon sourit. Il l'avait fait.

Quant à la sorcière, la cruelle ogresse se trouvait sonnée dans le sous-bois.

Elle sentit bien que l'incantation avait été détruite.

Détruite. DÉTRUITE ! DÉTRUITE ! DÉTRUITE ! hurla pensivement Rose Bonbon. Des siècles d'efforts ! De cachettes incessantes entre différentes villes et villages ! De préparation ! Pourquoi ?! POURQUOI ?!

« Pourquoi Maman ? Pourquoi ? »

Elle était défaite. Sa mère aurait honte. Tellement honte d'elle. Ces poneys ne le paieront pas ! Ils vivront encore sans jamais payer !

Une branche craqua dans son dos. Rose Bonbon tourna le regard. Et aperçu au-dessus d'elle l'humaine. Marie, comme elle s’appelait.

Sa présence apeura la jument, elle était blessée, sa tête résonnait encore. Et puis… à quoi bon ?

« Bravo sucre d'orge ! J'ai perdu comme vous l'avez voulu », parla toujours poliment Rose Bonbon.

Marie ne dit rien, elle regardait la jument avachie contre l'autel sans un regard de pitié ou de colère.

« Dites-moi, votre frère parlait d'une certaine Nova dans notre bataille. » Une côte fit subitement gémir de douleur la jument. La plainte ne fit pas tiquer une seule seconde la jeune femme, qui continuait à regarder sans la moindre émotion.

« Hmmm… bon très bien. Alors, si c'est ce que je pense... » Rose Bonbon réfléchit un instant, et, commença à sourire très joyeusement. « HA HA HA !! KOF ! KOF ! C'est donc ça ! » Elle se redressa doucement face à l'humaine. « Vous le savez ? » demanda-t-elle à Marie, qui ne dit rien.

Rose Bonbon soupira de soulagement, elle avait le regard apaisé, comme si un énorme poids venait d’être enlevé de ses épaules.

« Je vois. Alors le maître sait ce qu'il fait. » Elle commença à rire de nouveau, regardant dans un air de folie Marie qui restait inerte, mais une lueur rouge brilla peu à peu dans l’œil gauche de la jeune femme. « Pauvres pathétiques singes que vous êtes ! HA HA HA !!! Pauvres pathétiques poneys ! HA ! HA ! HA ! Ce n'est que le début ! HA ! HA ! HA ! Et vous ne savez rien ! HA ! HA ! HA ! Rien ! HA ! HA ! HA... »

Fini.

Le rire hystérique venait de prendre fin aussi vite qu'un piano mis à l’arrêt. Coupée nette dans son fou rire, la jument Rose Bonbon, la sorcière de Hallow Shades, n'était plus.

Kilian s'était assis au milieu des poulains, qui étaient presque tous exsangues après une telle expérience, aucun d'entre eux ne gambadait ou ne criait, la fatigue les avaient rattrapés. Trixie aussi et elle s'était endormie sur les jambes du garçon, en fait, elle s'était presque évanouie. En attendant, Kilian scrutait impatiemment le retour de sa sœur qu'il cherchait du regard partout dans la clairière. Mais il remarqua qu'au loin, des torches en mouvement venaient en nombre dans leur direction.

Apparemment, la cavalerie arrive. En retard, bizarrement. Donc les renforts ne sont pas toujours là à temps ? se questionnait Kilian, se levant sur ses deux pattes, faisant attention à la fabuleuse Trixie.

Se levant, il aperçut enfin sa sœur qui sortait des sous-bois.

Des sous-bois ?

Oh ! La sorcière ! se rappela d'un coup Kilian, encore sous le choc de son foudroiement. Il se dirigea vite vers sa guerrière de sœurette qui s'était appuyée contre un arbre, une main sur le front.

« Hé Marie ! » commença Kilian, mais il s’arrêta au vu de l'état de sa sœur. « Oh non ! Marie, t'es couverte de sang ! Est-ce que... »

Marie leva la tête vers son frère dans la douleur. C'est comme si on l'avait endormie de force avec un kilo de somnifère instantanément. Et qu'elle revenait d'un cauchemar, des plus est réel.

Elle se regarda et vit que ses vêtements étaient presque entièrement recouverts du liquide rouge vital. Le sien ?

« Je… Kilian, je ne me rappelle pas bien. » Marie leva sa hache, tentant de se remémorer une seconde les derniers instants après le combat. Mais une chose nouvelle était apparue sur son arme de poing.

Une des lames de sa hache à double tranchant était noire. Un noir ébène. Sans reflet. Sans nuance. Juste une lame noire. Qui émanait une drôle de sensation, une sensation familière déjà ressentie par les deux humains.

Marie regarda son frère déconfit.

« Je crois… Je crois qu'elle est morte, Kilian. » Elle baissa la tête dans la honte, son frère regardant sous le choc. « Je pense… Que j'ai… J'aurais pu. » Quelques sanglots vinrent faire frissonner la jeune femme pourtant d'habitude si dure et fière. Marie en prenait conscience peu à peu.

Kilian avait parfaitement compris. Il tendit ses bras afin d'enlacer sa sœur. Il la réconforta du mieux qu'il put. Lui aussi était affecté par ce que sa sœur avait fait. Il ne savait encore pourquoi, ni comment. Mais elle l'avait fait.

Chaque victoire est un sacrifice.

La sorcière était défaite. Les poulains sauvés. Mais Marie avait perdu quelque chose dans cette bataille, ou trouvé, elle n'en n'était pas sûre. Quoi que ce soit, c'était mal.

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent au village d'Hallow Shades, accompagnés d'un cortège de petit diablotins, et d'une garde serrée tout autour d'eux. Kilian soutenait sa sœur, qui était épuisée après ce combat. Le jeune homme l'était aussi mais Marie avait bien plus besoin d'aide pour le moment.

Par contre les poulains et pouliches retrouvèrent bien vite, bien trop vite, leur énergie. Ils recommencèrent à se parler et à se chamailler sur leur chemin du retour. Cela commettait un brouhaha insupportable que des parents en ébullition ne pouvaient pas ne pas entendre.

« C'EST EUX ! CE SONT EUX ! » cria une jument pégase depuis la fenêtre de sa maison sylvestre.

Tous les habitants sortirent la tête dehors. Des pégases s'envolèrent de leurs maisons. Des troupeaux entiers de licornes et poneys terrestres galopèrent à toute allure vers la clairière face au village, là où arrivaient leurs enfants disparus depuis déjà trop de temps.

Les poulains firent de même et se ruèrent vers leurs parents. Les deux troupeaux aimants allaient s’impacter en plein milieu de la clairière. C'était formidable de voir une telle réjouissance.

Un premier étalon attrapa son poulain les deux pattes en l'air, le fit tournoyer avant de tomber riant de bonheur avec son enfant. Deux parents pégases se posèrent sous leurs poulains qui s'étaient envolés assez maladroitement vers eux, et le rattrapèrent pour ensuite le bombarder de bisous. D'autres se serraient si forts qu'ils ne formaient plus qu’un agglutinement rempli d'amour. Tous les poneys et les poulains s'étaient retrouvés.

Kilian chercha un peu Trixie qui s'était perdue dans la ruade. Mais il la retrouva dans les bras d'un batponey. Et c'était pour le moins surprenant.

Kilian cligna des yeux dans l'expectative de cette révélation. Mais un vieux, autre batponey, s'approcha de lui et de sa sœur.

« Vous avez sauvé les poulains ? » dit l’étrange étalon Sugar Blood. C'était comme si ce qu'il voyait ne pouvait être possible.

« En effet. Et pas sans bobo », rit Kilian, toujours aussi blagueur. Sa sœur ne réagit pas. Ce qui le rendit de plus en plus inquiet à son sujet.

Le vieux maire s'éleva un peu maladroitement dans le ciel, puis s'adressa au reste du village.

« Mes amis ! » Il eut l'attention de toute la foule en un instant.

« Si ce soir nos chers petits sont saufs, c'est grâce à ces deux héros ! » Le maire présenta les deux humains en bien sale état. Marie était toujours inclinée contre son frère, la tête légèrement baissée. Quant à Kilian, il tenta son plus beau sourire.

« Remercions-les comme il se doit ! »

Et là tout d'un coup, tous les poneys se ruèrent sur eux. Kilian était impressionné, et inquiet car une charge de poneys en folie lui fonçait droit dessus. Il recula malhabilement avec Marie qui, un peu, pris conscience que des poneys tarés venaient droit sur elle aussi.

Les premiers les agrippèrent sous les jambes, passèrent leurs têtes sous les gambettes des deux humains pour les soulever d'un coup au-dessus de la foule. Kilian était fou de joie d’être acclamé à ce point. Il y avait même un pégase qui vint lui poser une couronne bizarre sur sa tête. Faite de… sucre d'orge ?

Marie était beaucoup moins emballée. En fait, elle allait hurler de la remettre à terre ! Elle avait mal partout et ces abrutis de quadrupèdes n’aidaient pas. Ce n'était vraiment pas le moment.

La foule marcha jusqu'à l'auberge. Tout au long, ce fut des acclamations, des cris de joie, et même des feux d'artifices qui furent tirés dans le ciel bleu nuit du village, mais la lune se baissait et les étoiles faiblissaient. C'était la fin de la nuit des cauchemars pour bientôt. Kilian et Marie n’étaient pas fatigués après une telle épreuve. Ou plutôt, ils ne se sentaient pas vraiment prêts à dormir d’un doux sommeil.

Kilian proposa de faire un dernier tour dans le village d'Hallow Shades. Un dernier tour avant de quitter la forêt des rêves.

Kilian et Marie parlèrent de Rose Bonbon et de ses plans diaboliques au maire. Mais le vieil étalon était déjà au courant. Un drôle de pégase était venu l'avertir en venant s'écraser sur le balcon de sa maison.

« Je dirai tout aux villageois demain », leur avait-il dit. « Je pense qu'en fait, là ou se trouve mademoiselle Rose Bonbon est cent fois préférable au sort réservé à son égard, si elle avait été en vie. »

C'était sombre, surtout venant d'un si gentil vieil étalon. La colère avait dû prendre le pas sur son bon sens. Le maire avait l'air trahi au son de ses mots.

Sur le chemin, Marie avait toujours l'air sinistre. Elle avait les yeux perdus vers le sol, elle semblait réfléchir à des choses bien ténébreuses. Kilian le savait, et il voulait tout faire pour que cette nuit soit pour sa sœur une nuit aussi géniale qu'elle l’avait été pour lui. Mais surtout, il voulait que sa sœur aille mieux.

Il aperçut la scène en contrebas dans la clairière. Tout était encore en place. Les festivités avaient été arrêtées si brusquement que rien n'avait été rangé.

« Marie ? Je sais euh... » Il ne savait pas en vérité. Ce que sa sœur avait enduré dans les sous-bois avec la sorcière, il n'en savait rien, mais il savait ce qui pourrait lui remonter le moral. « Hé Marie ! Je suis pas sûr mais... » il s'approcha près de son oreille l'air cachottier, « je pense avoir vu des réglisses dans l'un des sacs laissé sur scène ! Et ils ont laissé la sono. »

« Des réglisses… ? » parla doucement Marie.

« Ouaip ! Et regarde ! » Kilian s'approcha d'un pauvre tourne-disque laissé à l’abandon. Un petit inclinement du bras et… MUSIQUE !

Un début de violoncelle monta en gamme dans le haut-parleur, suivi d’une flûte à bec. En fait, la musique ressemblait à une danse classique.

« Bon ok c'est pas vraiment festif. » Kilian regarda le disque puis plusieurs autres sur une table à proximité. « Qui écoute ça pour danser ? » s'interrogea-t-il consterné. L’électro n’existait pas encore ?

Le jeune garçon s'essaya comme DJ pour voir si un tourne-disque pouvait faire du remix. Sans succès. Cette abrutie de machine s'enraya dans un bruit strident d'un violon mal accordé.

« Oups », laissa échapper le maladroit de frangin.

Marie enlaça son frère d'un bras, et tint une réglisse dans l'autre. Les singeries de son frère lui redonnaient toujours le sourire.

« T'es stupide Kilian. Tu le sais ? Mais essaye plutôt un autre disque. »

Kilian s’exécuta rapidement, il ne voulait pas perdre ce scintillement de joie qu'il avait réussi à faire naître dans les yeux de sa sœur.

« Maintenant on peut ? » demanda une voix dans leurs dos.

Marie et Kilian regardèrent en arrière pour voir la petite bouille renfrognée de la grande et agacée Trixie.

« Trixie a attendu trop longtemps ! Vous m'avez promis de m'apprendre des tours ! On peut maintenant ? » dit-elle avec son visage de petite pouliche pas contente.

Marie se tourna vers son frère l'air circonspect.

« Alors c'est elle Trixie ? »

Kilian hocha de la tête, souriant.

Marie se tourna vers la petite pouliche et s'agenouilla face à elle. Trixie avait des yeux étonnés devant la grande humaine.

« Alors… » Marie se gratta la nuque un peu gênée. « C'est quoi que tu veux apprendre au juste ? »

Elle n’eut pas à attendre longtemps la réponse.

« TOUT ! Je veux tout apprendre ! Vous avez d'autres sorts pour faire peur ? »

« Eh ! Je ne refuse rien à une future magicienne. Tu aimes les bonnes blagues ? »

Oh non ! pensa Kilian. Connaissant sa sœur, on comprend pourquoi Trixie était devenue une reine de la magouille.

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SkySound
SkySound : #43530
Adieux madame la sorcière ! Sinon superbe chapitre ! Tellement hâte de savoir la suite !
Il y a 1 an · Répondre
cedricc666
cedricc666 : #43415
Brulé la sorcière ! Bouuuuuh ! Elle a bien mérité son sort celle-là. Et encore, comme le souligne le maire, c'est un sort gentil qu'elle à eut.
Par contre, je plaint Marie. Est-ce qu'elle la fait pour de bon ? Elle avait l'air possédée ici.
Sympa la p'tite baston.
Et le mystère s’épaissit vraiment. Des nouvelles questions se rajoute aux autres. ^^
Un chapitre plaisant en ce qui me concerne.
Il y a 1 an · Répondre

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