Chapitre 11. 01h45.

« Ysé, apporte moi mon café s'il te plaît ! »

Je pénétrai la luxueuse cuisine, une bouilloire pleine de café dans les mains.

Voilà un mois que j'étais au service d'Edward et chaque jour, j'espérais m'échapper. Il vivait dans une luxueuse demeure qui était incrustée dans la montagne, non loin du Q,G de son agence. Heureusement, Edward était quelqu'un de gentil mais il n'en restait pas moins qu'un mercenaire. J'avais l'impression de trahir ma patrie, de trahir mon agence, de trahir mes amis.

De tous les trahir.

Et pourtant, c'était soit ça, soit la torture et, un jour ou l'autre j'aurais bien fini par leur avouer ou par mourir. Cependant, je ne me faisais pas d'illusions, pour l'agence, je devais sûrement être morte ou, même si j'étais prisonnière, très bien protégée. Il serait donc quasi-impossible de me délivrer, et il était vrai que c'était difficile.

« Au fait, j'ai beaucoup de paperasse à remplir aujourd'hui, je te demanderais donc de ne m'apporter que mon café quotidien, le reste de ta journée sera libre.

-Bien, maître." Répondis-je, impassible.

Il termina son petit-déjeuner et sortie. Je rangeai rapidement avant d'aller retrouver mes meilleurs amis: les livres 

**

16h sonnait à la grande horloge, je me réveillai en sursaut. Edward voulait son café pour 16h pile et je m'étais endormie, me voilà maintenant en retard pour la seule besogne qu'il m'avait demandée de faire.

Accourant à la cuisine, je lui préparai rapidement sa boisson avant de la mettre dans la bouilloire, posant celle-ci sur un plateau avec sa tasse, et me dirigeai vers le bureau de mon maître d'un pas rapide.

**

J'étais à présent devant son bureau. Me préparant à toquer à la lourde porte en bois de sapin, la main levée, je me figeai cependant sur place en entendant un éclat de voix sortir du bureau, voix que je reconnaissais amèrement. Posant le plateau au sol, à côté de moi, j'entrouvris tout doucement la porte et regardai discrètement dans l'entre-bâillement, reconnaissant avec dégoût Mark, accompagné des numbers two et three des mercenaires : Une jeune femme rousse portant le nom d’Élise et qui avait dans les 25 ans et un jeune homme du nom de James qui lui avait dans les 19 ans.

« Je ne te laisserai jamais l'approcher Mark ! » Edward venait de lui cracher ses paroles en hurlant. Il savait que son boss, malgré le fait qu'il l'ai élevé au rang de number one, le détestait, en fait, tout le monde le savait, et tous savaient également que c'était réciproque. Mon jeune maître était rouge comme une tomate, tant il était furieux, cependant, Mark se contenta de le toiser durement et de lui répondre d'une voix des plus glaciales et tranchante :

« Déjà, j'apprécierai que tu me parles avec un peu plus de respect, je suis ton boss tout de même. Et ensuite, je ne te laisse pas le choix, tu nous la donnes.

-Jamais ! » Je frissonnai, de quoi parlaient-ils ?

Élise se rapprocha d'Edward et posa une main sur son épaule, lui parlant doucement :

« Écoute Ed', je sais que c'est difficile pour toi mais elle ne risque rien, tout ne sera qu'une mise en scène. »

Cette fois-ci, je crus me changer en statue de pierre sur place. Mise en scène ? Mise en scène de quoi ? De torture ?! Sur qui ? Pas moi quand même ?!

« De toute façon, c'est tout ce qu'une espionne dans son genre mériterait : de la torture jusqu'à ce que mort s'ensuive. »

James confirma mes doutes avec seulement quelques mots : C'était bien d'une simulation de torture dont ils parlaient, et sur moi.

Silencieuse, j’entendis Edward s'écrier :

« Jamais ! Tu m'entends James ?! Jamais elle ne subira ça ! C'est peut-être une Bad Girl mais elle est avant tout un être humain ! Fin de la discussion ! » Hurla-t-il finalement, plus rouge que jamais, moi-même je me sentais rougir mais sûrement pas pour les mêmes raisons.

Tandis que James allait protester, Élise le poussa vers la sortie, je me redressai donc rapidement, agrippant mon plateau au passage et me positionnai de sorte à faire croire que je venais d'arriver et que je n'avais rien entendu de la discussion. Cependant, les deux mercenaires passèrent devant moi sans même me remarquer, Élise trop pressée de s'éloigner et James trop occupé à tenter de lui échapper. Tandis que j'attendis la sortie de Mark, je l'entendis reprendre :

« Sache que nous viendrons te la reprendre, car soit elle servira d'appât avec cette simulation, soit elle sera contrainte de parler et, la connaissant, je sais qu'elle préférera mourir, une perte regrettable, vu son talent... Tu ne penses pas ? Je te laisse réfléchir, si au bout d'un mois tu ne m'as toujours pas répondu, je viendrais la chercher moi-même. » Et sans laisser le temps à mon jeune maître de lui répondre, l'odieux jeune-homme se dirigea vers la sortie, il me remarqua du coin de l’œil et me toisa d'un regard à faire froid dans le dos, regard que je soutins avec autant de froideur que lui. Puis, alors qu'il s'enfonçait dans les couloirs de la luxueuse demeure, prenant le même chemins que ses congénères, je rentrai dans le bureau et fis comme si de rien n'était.

**

2 mois après avoir surpris cette conversation, je m'aventurai dehors, dans le froid mordant des terres de l'Empire de Cristal.

Edward avait obtenu sa majorité au cours du mois et raffolait maintenant du vin, il en prenait un verre chaque soir, il tenait absolument à atteindre ses 18 ans pour se permettre ce privilège. « Il aura encore meilleur goût si je suis patient » Disait-il. Et maintenant, me voilà m'accroupir et balayer la neige pour soulever une trappe ancrée dans le sol et sortir une bouteille de rosé d'une petite cavité. Elle était glaciale, mais j'étais déjà frigorifiée. N'ayant pas pris la peine de mettre un manteau étant donné que ça n'allait pas prendre longtemps, j'étais impatiente de rentrer.

Soudain, je sentis un regard perçant me brûler la nuque.

Me retournant, je reconnus avec rage le traître.

« Bonsoir, Ysé. » Sans même répondre à sa politesse, je lui crachai :

« Qu'est-ce que tu veux sale traître?! » Pour toute réponse, il me lança un sourire mesquin et claqua des doigts.

Je m'apprêtai de suite à me défendre avec la bouteille que je tenais encore en main mais les deux gorilles qui accompagnaient toujours Mark étaient juste derrière moi et m'agrippèrent les bras sans me laisser le temps de réagir, me faisant lâcher ma bouteille et me soulevant de terre, ou de neige dans ce cas-ci.

Je tentai de me dégager en donnant des coups de pieds dans le vide, me sentant plus petite et ridicule que jamais, je lâchai des stupides « Lâchez moi ! », comme si j'espérais vraiment les voir me reposer en s'excusant. Tandis que je continuais de me débattre, Mark s'approcha de moi et prit mon visage entre ses mains, par les joues, les écrasant et me donnant sûrement une tête extrêmement ridicule. Il avait le sourire le plus narquois que je n'avais jamais vu.

« Comment est-ce que Shay t'appelait déjà ? Ah oui ! Tu vas sagement venir avec nous demie-portion.

-Tu peux toujours rêfer ! »

Lui crachai-je, ma voix était devenue assez ridicule également, à cause de l'écrasement de mes joues. Si bien que l'homme se mit à rire.

« Je ne pense pas que tu sois en mesure de négocier ma chère. » Susurra-il, rapprochant son visage du miens avant de claquer des doigts en lâchant mes joues.

« Emmenez la. » Fut tout ce que j'entendis avant de recevoir un choc sur la tête et de tomber dans les ténèbres.

**

Une fois de plus, je me réveillai attachée, toujours dans ma tenue de servante. Cette fois, j'étais sur un mur, les mains et les chevilles écartées et soutenues par des anneaux de fer, une sorte de casque avec des LEDs et des fils dessus sur la tête. Je gigotais en tirant sur mes bras et jambes dans le vain espoir de me libérer lorsqu'une voix résonna au-dessus de moi, en face me disant « bonsoir ». Levant les yeux, je vis une vitre dans le mur d'en face et derrière celle-ci se trouvait Mark, Elise, James et d'autres mercenaires en blouse, sûrement des scientifiques. Une fois de plus, Mark s'approcha du micro et le haut-parleur accroché à côté de la vitre s'actionna à nouveau :

« Content de voir que tu es réveillée, nous allons pouvoir commencer. Sache que nous avions promis à Edward de faire semblant d'infiltrer un poison très douloureux dans ton sang qui tue au bout de 2 heures et de t'envoyer en réalité des touts petits chocs électriques qui te feraient juste un peu crier pour attirer notre proie, or, comme ce cher ami n'a pas pu se joindre à nous, nous allons pouvoir faire ce que nous voulons alors, prépare toi, petite Bad Girl. »

Je serrai les dents. Ce crétin était-il sérieux ?! Du poison ?! On dirait un méchant de comic des années 90 ! Je recommençai à remuer lorsque je vis un bras métallique transportant une seringue s'approcher dangereusement de moi. Remuant avec d'avantage de fougue, je gémis en sentant la pointe se planter dans ma peau. Puis, un cri m'échappa alors que le poison mortel s'introduisait dans mes veines, comme Mark l'avait promis.

« Alors, ce poison nous vient directement d'Equestria : Tu vas sentir ton sang bouillir, puis te brûler, tes muscles vont lentement se contracter jusqu'à t'en faire atrocement souffrir et, 30 minutes plus tard, tu vas être prise de spasmes pour finalement nous quitter... En bref, deux belles heures de souffrance ! Si tu es un bon appât et que notre poisson mord, tu bénéficiera d'un antidote, cependant, celui-ci doit-être pris grands maximum 15 minutes avant la mort... Donc ton sauveur a 1h45 pour venir. Bonne mort ! »

Une grande horloge apparut devant moi, indiquant un compte à rebours qui avait déjà perdu 5 minutes.

Effectivement, je sentais mon sang bouillir et commençai déjà à gémir, la sensation était vraiment désagréable. Au bout de 15 autres minutes, je gémissais de plus en plus fort, commençant à sentir mon sang me brûler, chaque petite goutte me faisait l'effet d'une pizza trop chaude, puis, la pizza devint eau chaude tandis que je criai un peu plus fort et, finalement, alors que nous atteignions la première heure, je hurlais, ayant l'impression que mon sang était remplacé par des flammes.

1h30. Chaque muscle me faisait souffrir et mon sang me donnait l'impression d'avoir été jetée dans un volcan. Je suais à grosses gouttes, hurlant à m'en casser la voix, les larmes aux yeux, tandis que, lorsque j'entrouvrais les yeux, je voyais ce sale traître me faire un sourire carnassier. Était-ce ainsi que j'allais mourir ?...

1h35 : Je me préparais mentalement à quitter ce monde, tremblant et pleurant d'avantage, sentant ma voix me quitter et ma vision se brouiller un peu plus à chaque secondes.

1h40 : J'entrevis du mouvement derrière la vitre, ils s'étaient tous jetés sur quelque chose ou quelqu'un. Tandis que moi, je ne criais plus, trop faible pour, ma conscience commençait à me quitter.

1h43 : Une tête blonde apparut derrière la vitre tandis que les autres avaient disparu, enfin, je l'entrevis légèrement, dans ma vision devenant flou. J'avais l'impression que cette blondeur n'était pas la même que celle de James.

1h44 : Plus qu'une minute... Mes larmes coulaient d'avantage tandis que je fermai définitivement les yeux, laissant ma tête tomber, entendant du verre se briser.

1h44 et 55 secondes : Une seringue se planta dans ma peau et un liquide y coula.

J'entrouvris les yeux et vis que le compte à rebours était à 1h44 et 59 secondes. Le temps que l'antidote circule j'imagine. A une seconde près j'étais morte. Je me sentis tomber : les anneaux métalliques avaient disparu et j'entrevis le visage, les yeux et la chevelure de Shay. Celui-ci me faisait un grand sourire, les larmes coulant abondamment sur ses joues.

« Ça va aller, demie-portion... »

L'entendis-je me murmurer puis tout disparut autour de moi, devenant noir. Je n'avais plus mal, j'étais juste fatiguée, aussi m'enfouis-je dans les bras réconfortants de Morphée.