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La Chute de Vitranis

Une fiction écrite par Nova.

Karma Cosmique

15 h 45, 2 Gygala, an 2236, Ère V

Durant ce temps, sur Vitranis, l'implacable tâche d'Alpha continuait. Après avoir purement éradiquée Valdinski de la carte, elle était retournée à une localisation tenue secrète où se terraient ses sœurs, dans la nature. La jument aînée avait dépensé pratiquement toute son énergie dans ce coup, elle passa donc toute une journée à se reposer auprès de Beta, Delta et Zeta, qui n'aimaient pas la tournure des événements, surtout la pouliche. Malgré la logique et les arguments d'Alpha, les trois autres juments n'aiment pas spécifiquement les actes de celle-ci, mais elles sentaient aussi une intense peine silencieuse issue de leur grande sœur, qui choisit d'endosser seule le fardeau culpabilisant de cette extermination.

Bien sûr, en une seule journée, la panique mondiale montait très rapidement... une seule jument capable de vaporiser une ville de large superficie, c'était un véritable cauchemar éveillé. De larges mouvements de foule qui évacuaient et désertaient les grandes villes était notifié, afin de lui échapper avant qu'elle ne continue sa prochaine cible. Mais vu les inégalités qui frappaient les populations, nombreux étaient ceux qui fuyaient à sabots, battant la campagne défrichée par les activités industrielles.

En onze jours, malgré la défense et les contre-opérations à l'encontre d'Alpha, la population mondiale fut énormément clairsemée... les premières cibles furent les capitales de chaque puissance, toutes atomisées par la titanesque puissance mise en œuvre par Alpha, toujours en respectant de tout utiliser sur une ville pour ensuite se reposer près de 36 heures, et recommencer. Ce cycle infernal de l’apocalypse, aucune force militaire ne put y opposer une résistance suffisante, malgré des alliances de dernier recours emplies de désespoir et de super-projets tout aussi farfelus et voués à l'échec les uns que les autres.

Après les capitales, ce fut au tour des grandes installations militaires, en particulier celles où le gros de l'armement conventionnel et de destruction massive étaient entreposés. Puis au tour des plus importants centres industriels qui pourrissaient Vitranis. Rapidement, la planète fut parsemée d'immenses champs de ruines fumantes et désolées.

Le comportement de la principale actrice ce de génocide, Alpha, n'était également pas en reste... à chaque atomisation méthodique, elle pleurait les morts qu'elle provoquait, malgré la pointe de vengeance qui animait sa puissance à chaque fois qu'elle chargeait son sort apocalyptique. Elle pleurait tous les soirs leurs Pères, qu'on leur avait pris, malgré les progressifs réconforts de ses sœurs, qui acceptèrent peu à peu sa marche destructrice. L'alicorne aînée était tourmentée entre le souhait ultime de leur Père, de l'unique moyen trouvé pour le réaliser, les millions de morts provoquées ainsi que celle de leurs « géniteurs ». Mais il était trop tard pour regretter ses actes, dès que le premier champignon de fumée s'était dressé sur les ruines de Valdinski, et elle le savait. Elle ne pouvait que pleurer tout le mal qu'elle provoquait pour un ultime sauvetage de la planète.

Le 2 Gygala... près de 70% des licornes de Vitranis furent exterminées, sur les plusieurs milliards d'individus. En plein creux de repos, Alpha continuait de se tourmenter, allongée. Les quatre juments artificielles s'étaient cachées dans une des zones les moins civilisées au monde, où la nature avait encore un semblant de présence indomptée, au milieu d'une clairière entourée d'immenses arbres jaunis par la qualité douteuse de l'air mondial.

Malgré les actes meurtriers de sa grande sœur, Zeta faisait son possible pour tâcher que celle-ci cesse de continuellement pleurer son chagrin, sa culpabilité, restant blottie à son flanc, à la cajoler.

« Alpha... quand est-ce que tu arrêtes de pleurer... ? » commença la pouliche, elle-même triste.

« Je n'ai pas la réponse, Zeta... sans doute jamais. Ce que je fais est monstrueux... et pourtant, j'y consens presque aveuglément... mue par ma colère et le souhait de Père. Tout ça me consume... » répondit Alpha, yeux masqués, alors qu'elle larmoyait de manière continue, meurtrie par ses remords.

« Alors arrête. Il n'y a pas de raisons que moi et Beta n'y participons pas. Tu n'as pas à porter seule ce fardeau, nous avons fini par accepter le sort des Créateurs. » lança Delta.

« Si... je dois le porter seule. Je refuse que vous vous retrouviez dans le même... terrible état que moi. Même si vous consentiez à terminer l'existence des Créateurs... dans les faits, une chose terrible vous ronge de l'intérieur... et c'est insupportable. Je sens mon sens moral dépérir... le poids des morts que je provoque est si lourd... que je ne souhaiterai jamais que vous n'en endossiez ne serait-ce qu'un seul. Ce poids a commencé dès que j'ai terminé la vie de la Créatrice qui avait menacé la vie de Zeta... et c'est là que j'ai pris conscience... que jamais vous ne devriez suivre mon chemin. »

« Et tu espères qu'on continue à te regarder souffrir comme ça, sans réagir... ? » déclara tristement Beta.

« Tel est le fardeau que j'ai choisi d'endosser pour vous épargner, sœurs... »

« On ne peut peut-être pas partager ton fardeau, Alpha... mais tu sais qu'on peut l'adoucir. »

La pégase artificielle de nébuleuse alla également se coucher et se blottir à sa grande sœur, suivie de l'autre coté par la licorne Delta. Zeta, elle, continuait de cajoler le petit coin d'Alpha qu'elle avait, devant son poitrail. L'alicorne aînée était, pour ainsi dire, submergée par ses petites sœurs, qui voulaient tout faire pour lui montrer que, malgré ce qu'elles sont et ce qu'Alpha faisait, il y avait au moins trois juments qui l'aimaient, qui se préoccupaient de ce qu'elle devenait, sincèrement. Que l'alicorne devenue bourreau de ses Créateurs n'avait pas tout perdu... qu'elle avait encore ses sœurs.

Pour la première fois depuis le début de son carnage... le flot de larmes de l'aînée ralentit, avant de se suspendre. Pour la première fois, joie et réconfort étaient plus forts que l'horrible peine qu'elle traînait derrière elle. Pour la première fois... elle sourit, d'un air soulagé, les yeux encore humides. Même si ce ne serait qu'un bref moment.

« Je sais que le contexte actuel ne peut prêter à sourire... mais... grâce à vous, mes sœurs, j'ai au moins pu savoir que ce c'était que ça, justement... sourire. Sourire d'avoir d'aussi proches juments comme vous. Père me manque terriblement, mais je vous ai, vous trois... et c'est encore la seule chose qui importe à mes yeux, qui me permet encore de ne pas sombrer dans ma propre folie. Vous êtes les trois étoiles qui veillent sur mon esprit noir de destruction et de peine... »

De longs instants paisibles suivirent, alors que ce câlin de nébuleuse s'éternisait... et une lourde secousse se faisait ressentir, tandis qu'en levant les yeux au ciel, les juments purent voir qu'il rougissait rapidement. Quelque chose de grave se produisait. Les juments se dégagèrent les unes des autres et s'envolèrent toutes au-dessus des arbres, Beta soulevant Delta comme toujours. A peine furent-elle sorties, qu'elles virent un mur de flammes d'une hauteur infinie se propager à toute vitesse vers leur direction, calcinant et désintégrant tout sur son passage.

Elles n’eurent qu'à peine le temps d'essayer de se protéger avec leur magie qu'elles furent instantanément soufflées et vaporisées par les flammes de ce mur infini, comme si elles n'étaient rien. Même l'immense magie d'Alpha n'aurait ne serait-ce pu faire qu'un millionième de ce qui venait de les frapper. Un souffle cataclysmique qui dévorait tout sur son passage, sans jamais s'arrêter, à une vitesse telle que même les juments n'avaient pu réagir.

Un temps indéfini plus tard, les quatre juments se reformaient lentement, affaiblies, au milieu de terres soufflées, carbonisées, désolées... il ne restait pas la moindre plante, ni le moindre relief... seulement des terres complètement calcinées et pratiquement plates, parsemées de fleuves et de lacs magmatiques en fusion... de même, les quatre juments semblaient assez éloignées les unes des autres, de facilement plusieurs kilomètres chacune. Le ciel était couvert de cendres et de poussières menaçantes, dans lesquels semblaient éclater de nombreux éclairs bleutés de manière pratiquement constante. La scène infernale qui se présentait à elles était des milliers de fois plus cauchemardesque et cataclysmique que les pires impacts atomiques d'Alpha...

Malgré leur récupération lente et constante d'énergie, les quatre juments restaient assez affaiblies pendant qu'elles se regroupèrent avec difficulté, à proximité d'un grand fleuve de magma en fusion. Que s'était-il passé ? Pourquoi tout était aussi ravagé ? A cela, aucune n'avait la réponse... tout était devenu méconnaissable, comme si un grand coup de gomme avait été passé. A peine eurent-elles veillé à ce que toutes quatre allaient relativement bien, qu'elles cherchèrent l'origine de ce chaos... sans succès, plus aucun moyen de se repérer, sans les Soleils masqués par les cendres. De même qu'il n'y avait plus de signes distinctifs réels pour s'orienter. Elles essayaient de ressentir l'origine de tout ça avec de la magie, sans grand succès non plus, ne sachant qu'une seule chose...

« Vitranis... elle souffre énormément. Elle est en train de mourir. » déclara Alpha.

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