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La Chute de Vitranis

Une fiction écrite par Nova.

Rien n'est éternellement gardé

02 h 00, 5 Fala, an 2236, Ère V

Avec leur Père sur le dos, ayant un corps organique ne pouvant durement encaisser les G, les juments de nébuleuse allèrent à allure beaucoup plus réduite, ce qui allongeait considérablement le temps de vol jusqu'à Hirblik, capitale républicaine. Heureusement, ce long voyage accalmique put permettre à Alpha et Zeta de lentement récupérer leurs niveaux originels d'énergie, et à Tinsk de profiter d'un paisible vol sur le dos d'une de ses chéries, à admirer mélancoliquement nombre de panoramas et littoraux victimes de la surexploitation des ressources ainsi que de la pollution, même en pleine nuit c'était relativement visible. Il espérait encore de tout cœur que ce genre de vues disparaisse à jamais de Vitranis.

Cependant, à l'approche de la capitale, l'on pouvait discerner très facilement une épaisse brume de poussière noyant le centre-ville moderne empli de gratte-ciels illuminés, dont la plupart n'étaient même plus visibles. L'on voyait de nombreux gyrophares de toutes les couleurs luire à travers ce brouillard sombre, entendant nombres de sirènes associées... quelque chose de grave semblait s'être passé. Les quatre juments se posèrent sur un haut toit, proche du centre-ville, encore à l'abri du nuage de poussière. Alpha déposa précautionneusement Tinsk sur le toit dallé, allongé.

« Zeta, reste avec Père. Je présume des ennuis au laboratoire. Beta, Delta, avec moi ! »

Les trois juments bondirent dans le vide, Alpha et Beta s'envolant, tandis que Delta chuta jusqu'au sol, puis refit un autre bond prodigieux, se déplaçant avec aisance en ville en bondissant. Noyées dans la brume sombre et étouffante, elles virent nombre de services d'urgence attroupées autour du gratte-ciel où se trouvait leur laboratoire... ou plutôt ce qu'il restait : il n'y avait plus que d'énormes piles de gravats bétonnés et de verre. Le grand gratte-ciel où elles avaient vu le jour... est tombé, au sens propre du terme, d'où l'épaisse brume de poussière.

« Notre... notre maison... » s'exclama Beta, dont la peine se lisait aisément sur son visage.

« On nous l'a prise... » continua Delta.

« Non... Père Torah ! Père Menoa ! » fit Alpha en se jetant au milieu des énormes amas de décombres encore fumants, dont elle fouillait le contenu avec sa magie.

« Père Helvor ! Père Voka !! » déclara à son tour Beta, fonçant dégager des débris moins importants avec sa seule force, fouillant également.

« Père Rasti ! Mère Mala !! » finit Delta en allant dégager encore d'autres débris.

Alors que les trois juments fouillèrent fatidiquement les décombres, ressentant chacune la panique, Zeta n'avait aucune idée de ce qui se tramait, mais néanmoins inquiète aussi, laissant son regard fixer l'épaisse brume de poussière. De longs instants passèrent, Tinsk était mi-relevé, encore fatigué, fixant aussi le dit nuage, ayant bien peur de ce que cela signifiait. Il ne disait rien, en présence de Zeta.

Ce que tous deux ne remarquèrent pas, ce furent deux licornes discrètement sortir de la porte d'accès au toit, habillés et équipés pour le sabotage. L'un d'eux s'équipa d'une arme sur laquelle semblait installé un cache-feu pour atténuer le bruit. Ce dernier fit feu sur Tinsk, qui, déjà à moitié avachi sur le sol, s'effondra dans un râle douloureux, alors que Zeta se retourna subitement, effrayée.

« Aaaah ! Grandes sœurs, à l'aide !! » hurla-t-elle avant de galoper sur la droite.

Terrorisée, elle tenta de se défendre, parvenant à émettre un petit tir magique, qui arriva quand même à repousser un des assaillants jusque dans le vide. Le second fit feu avec une arme électrique, la touchant à deux reprises, peinant à se régénérer, les tirs de ce genre étant particulièrement efficaces sur les juments de nébuleuse, tout spécialement sur Zeta qui était une pouliche. L'assaillant approchant d'elle pour essayer de l'attraper, elle se défendit ultimement d'un gros coup de ses petits sabots sur une jambe de son adversaire, celui-ci se brisant de manière audible alors que la licorne ennemie s'effondra au sol dans un râle de douleur aigu. Voyant que cela marchait, Zeta en refit un dans son estomac, ce qui poussa son ennemi jusque dans le vide, comme son compère.

Tout s'était passé si vite, en quelques secondes... Zeta pour régénérer sa nébuleuse convenablement, alors qu'elle repense à Tinsk, qui s'était pris quelque chose, galopant vers lui alors que les trois sœurs débarquèrent en trombe pour accourir à l'appel au secours, trop tard.

« Papa ! Papa ! Ça va ? Tu as mal ?! Ils t'ont fait quoi ces méchants ?! » se jeta-t-elle presque sur lui, avachie.

« M-ma puce... Papa... va bien, ne t'en fais pas... » mentit-il grossièrement, alors qu'il cracha du sang bleu sombre à coté.

« Père ! Vous êtes blessé ! Il faut vous administrer des soins d'urgence et vous emmener au centre médical le plus proche ! » déclara Delta.

« Non... les filles, ça ne servira pas... c'est trop tard... » annonça-t-il faiblement, respirant bruyamment, alors qu'il retira son sabot de son torse : un trou y était, la sortie du projectile qui, lui, fut entré par le dos. Plusieurs de ses organes, non visibles vu la petite taille de la plaie, étaient gravement touchés.

« Papa... papa, j'ai peur... il t'arrive quoi... ? C'est quoi tout ce liquide bleu qui sort de ton ventre... ? » commença à paniquer la pouliche, qui visiblement ne connaissait pas le principe de qui arrivera.

« Rien... Zeta... papa va juste faire un dodo... un long dodo... Papa va enfin se reposer... » répondit-il toujours aussi faiblement, respirant laborieusement. Il souffrait, son sang s'écoulait lentement du ventre et du dos, imbibant sa blouse malmenée.

« Père... non... vous ne pouvez pas... pas comme ça... » se lamenta Alpha.

« Alpha... tais-toi... s'il te plaît. Zeta, tu te souviens des histoires que j'ai raconté... ? Tu as toujours détesté celles qui finissaient mal... tu adores quand ça se finit de manière... heureuse. Mais... chérie... tu dois savoir que ça ne peut pas toujours bien se finir... »

« Papa... arrête, papa !! Tu me fais peur !» larmoyait Zeta sur Tinsk.

« Les filles... toutes les quatre... vous êtes extraordinaires, peu importe ce qu'il s'est passé... vous êtes les meilleures juments qu'un père comme moi puisse avoir... alors... s'il vous plaît... promettez-moi... »

« De... de quoi, Père ? » demanda Beta.

« Promettez-moi... de faire tout ce qui est en vos grands pouvoirs... pour sauver notre planète. Tout... s'il vous plaît... »

« M-mais... Père... » fit Alpha avant d'être interrompue.

« Promettez-le !... pitié... promettez-le, les filles... que vous ferez tout... » fit-il en cajolant le visage larmoyant de Zeta avec un sabot.

« ...on vous le promet, Père. Sur notre Cœur. » commença Alpha.

« Sur notre Cœur, Père. » fit également Delta.

« Votre parole sera respectée, Père. » continua aussi Beta.

« Je... promets... papa... mais... ne fais pas dodo... s'il te plaît, papa... » termina Zeta, toujours en larmes, une partie au fond d'elle-même savait qu'il n'allait jamais se réveiller.

« Je ne peux pas, ma puce... papa est obligé... regarde... il fait nuit... » essaya-t-il de sourire innocemment pour Zeta. Il fixait le ciel sombre, ocre et couvert de Vitranis, la bouche encore pleine de sang sombre. « Viscia... mon amour... j'arrive... » termina-t-il lui-même en pleurant, fermant les yeux, dans une longue mais discrète dernière expiration. Son sabot encore sur la joue de Zeta tomba au sol.

Les larmes de la pouliche s'intensifièrent alors que sa voix se chargeait de tristesse, essayant de réveiller Tinsk en le secouant lentement.

« Papa... ? Papa... réveille-toi, fais pas dodo... » fit-elle, les autres juments savaient que c'était vain... il était parti. « Papa ! Papa ! S'il te plait ! Fais pas dodo !! PAPA !! PAPAAAAAAA !! » finissait-elle par hurler de tristesse en secouant le corps inerte, un torrent de larmes coulant sur lui. Elle se retourna rapidement vers ses grandes sœurs, qui elles-mêmes pleuraient en silence. Voyant le visage de Zeta déformé par la tristesse, les trois autres juments ne purent empêcher le leur d'imiter les mêmes expressions faciales, pleurant davantage. « Alpha ! Vite ! Toi qui es grande magicienne qui fait tout... réveille papa ! Ramène-le nous !» supplia-t-elle à l’aînée.

« J... Je... je ne peux pas, Zeta... je ne peux pas... » fondit-elle en larmes avec Beta et Delta, aussi expressivement que n'importe qui.

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