Ces années sont passées à une telle vitesse maintenant que j'y repense, ma petite Applejack grandissait de jour en jour. Elle avait atteint une taille approchant celle d'un bon gros labrador et pouvait presque mettre son chapeau qui retombait tout de même sur ses yeux. Ce chapeau était pour moi un repère, il m’indiquait si elle grandissait ou non et me montrerait le jour où elle aurait sa taille adulte, sauf si d'ici là elle repartait dans son monde, ce que je lui souhaitais.
J'avais de nouveaux loisirs, pas avec la ponette par contre mais avec des collègues de boulot et des amis pour passer du temps. Il y avait Polycop aussi, qui mettait une certaine animation dans le groupe. Lui et moi accompagnions la troupe en soirée, au restaurant puis parfois en discothèque pour finir. Je m'étais promis une chose : ne pas boire un seul verre d'alcool pour ne prendre aucun risque. Simplement parce que je tenais le volant, et aussi pour ne pas montrer la moindre image négative de moi à Applejack. J'avais beaucoup de mauvais souvenirs de moi sous l'emprise de l'alcool, parlant de tout et de rien, de mes plus profonds secrets, de mon comportement idiot... et j'en passe. Polycop non plus n'abusait pas, lui et moi avions un arrangement et je savais que pour lui, dès que ça concernait le petit poney dormant chez moi, en chair et en os, il était prêt à tout, absolument tout.
Il y a tout de même un événement qui marqua mon existence : mon oncle succomba à un cancer du poumon. Je fut très malheureux mais pas jusqu'à me torturer l'existence car j'avais déjà envisagé sa mort. Ça devait arriver un jour ou l'autre de toute façon, et quand je repense à lui je vois une personne avec une vie bien menée : une femme, des enfants, une maison construite de ses propres mains et une joie de vivre inimitable même s'il avait tendance à râler. J'ai quand même versé pas mal de larmes pour lui, mais j'avais un ami pour me consoler et la petite Applejack pour me réconforter, un peu comme le ferait une fille avec son père. C'était grâce à ses paroles rassurantes, des paroles devenues plus compréhensibles par des phrases bien complètes. Je constatais aussi à quel point elle grandissait, seulement quatre ans et elle savait déjà comment me rassurer par des mots.
Malgré le personnage de dessin animé qui me considérait comme un père, je menais une vie épanouie, avec des amis et un travail qui m'avait presque fait une notoriété dans les environs. On parlait de moi comme un prodige dans la construction de bâtiment, j'étais conseillé par toutes les entreprises de chantier et j’avais une paye qui put enfin me détacher de l'argent familliale dont j'avais eu tant besoin durant un temps. A l'époque je me fît même plaisir en achetant une superbe voiture, capable de cacher plus facilement Applejack quand il y avait du monde sur la route ou même des contrôles de police. En effet, la prairie où nous jouions devint un champs de blé et je fus obligé de faire plus de route pour dégoter une nouvelle aire de jeu, presque semblable à l'ancienne, à la différence des arbres. Ils étaient assez hauts pour pouvoir grimper et jouer dedans. Je ne pensais pas un jour voir un poney capable d'en gravir un, quand bien même celui-ci avait des branches assez près du sol pour pouvoir facilement y monter.
Je pouvais presque tout me permettre sans qu'elle ne dise rien, mis à part quelques moments où, je pense, du jouer mon rôle de père adoptif. Une fois par exemple, je rentrais de soirée, nous avions été au cinéma voir le dernier blockbuster du moment. Mais j'eus la mauvaise surprise d'entendre la musique retentir dans tout l'appartement. Je n'étais pas sûr de l'épaisseur des murs et je pensais au voisin. Pour la première fois de ma vie, j'ai du gronder quelqu'un, et c'était sur un poney sauf que je ne l’ai pas prise pour tel, mais comme une petite fille qui aurait fait une bêtise. Avec un ton de voix sévère et une expression grave, je lui dis que je ne voulais plus qu’elle fasse autant de bruit en mon absence. L'effet fut radical mais lorsque je vit des larmes commencer à couler, je stoppais ce mauvais rôle d’acteur. La bonne chose dans tout ça, c'est qu'elle comprit qu'il ne fallait pas faire du tapage durant mon absence mais sans que je lui ai spécifié précisément pourquoi. Je la prit dans mes bras pour m'excuser de m'être énervé, et elle s'excusa d'avoir fait cette bêtise, m’assura qu'elle ne le ferait plus jamais. Cependant, j'avais un goût amer dans la bouche, je ne lui avais pas dit vraiment pourquoi il ne fallait pas faire du bruit, je n’avais pas été tout à fait honnête avec elle. En réalité j'avais surtout peur que quelqu'un ne vienne pour se plaindre du bruit, au point d'appeler le gardien, ou la police, que la porte soit ouverte et que l’on découvre Applejack. Je pouvais mentir sans gêne aux autres mais lorsqu'il s'agissait d'elle c'était plus compliqué. Pourquoi ? Pour la énième fois je n’en n’avais aucune idée.
Socialement je pouvais presque tout me permettre, mais dès qu'il s'agissait de rentrer dans le vif du sujet par contre...
J'avais 23 ans, le groupe d'amis avec lequel je partageais mes week-end était composé de couples qui s’étaient formés au fil des jours. Même Polycop y était passé une fois mais rien de bien sérieux, moi par contre je considérais qu’en vue de ma situation tout ça m'était défendu. Il y avait de quoi déprimer bien sûr, mais lorsque je passais un minimum de temps avec la petite Applejack, à faire des gâteaux avec les fraises du potager, ou encore regarder un Disney avec elle, j'oubliais ce détail. Je vit quelques jeunes femmes vouloir tenter le coup avec moi mais je fis l'aveugle ou le sourd à chaque fois, c'était dur quand elle ne voulait pas me lâcher, pas seulement pour leur attitude pot de colle mais aussi parce que l'attirance que moi j'arrivais à éprouver pour certaines devenait très forte.
Particulièrement pour une d’elles, Clara.
Elle avait 22 ans, des longs cheveux châtains et des yeux verts clair qui me transperçaient, dans un visage fin comme le reste de sa silhouette. Ça faisait plus de deux ans qu'elle traînait avec notre bande, elle était un peu dévergondée mais lucide, de temps en temps elle venait me parler pour apprendre à me connaître... pas comme un ami le ferait avec un autre. Elle comprit rapidement que je tentais de lui résister, difficilement. Par moments, je ne pouvais pas m'empêcher de la regarder du coin de l’œil.
C'était dur de tourner le dos à une fille aussi charmante, mais c’était la seule façon de ne pas rendre ma vie plus compliquée qu’elle ne l’était à cause d’Applejack. J'avais eu de la chance avec Polycop, mais j'étais loin d'imaginer que ce serait pareil avec une personne qui souhaitait partager ma vie. J'ai continué de résister longtemps à ces signes, me disant qu’à force elle irait voir ailleurs, qu’elle en aurait marre de perdre son temps, mais pas de bol, plus je lui résistais et plus elle semblait aimer ça. Ce petit jeu a duré plus d'un an, des regards soi-disant perdus, et des textos souvent conclu par « ... », puis un jour plus rien.
Je pensais m'être débarrassé d'elle... jusqu'à un samedi après-midi où pendant mon ménage avec Applejack, quelqu'un frappa à la porte. Quand la ponette fut partie dans la chambre j'ouvris la porte, elle était en face de moi avec un visage fermé et des yeux qui me fusillaient. Bien évidemment je l'ai invitée à entrer pour prendre un verre et manger une part de tarte à la fraise. Lorsque je commença à ouvrir la bouche pour lui demander le pourquoi de cette petite visite à l'improviste de sa part, elle me coupa dans mon élan.
« -Dis-moi, tu comptes faire durer ce petit jeu encore longtemps ?
-Ah ?... Euh... mais de quoi tu parles ?
-Oh pitié, ça suffit ! Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Dis-le moi honnêtement ! Je suis trop moche pour toi ou alors trop conne ?
-Non... non pas du tout tu es... bien et sympa mais...
-Mais quoi ? Dis-le moi bordel ! Allez dis-le !
-Le problème ce n'est pas toi, il s'agit de moi.
-C'est vrai ce mensonge ? Puis en général, ce genre de détail c'est aux autres d'en juger.
-Et bien là... non je... c'est moi qui ne... enfin voilà, dis-je en m'emmêlant dans les mots.»
J'étais très embarrassé, me dévaloriser fut tout ce que j'aie pu trouver comme excuse sur le moment. Elle me fixait de toutes ses forces, prête à en finir une bonne fois pour de bon. Moi, je n'osais même pas croiser son regard. Je ne trouvais plus d'excuses, sa venue m’avait totalement surpris, si bien que j'étais incapable de parler.
« -Quand tu dis ne pas être assez bien pour moi je n'en crois pas un mot ! C'est à moi d'en juger OK ? Et je te connais, je suis certaine que c'est une autre raison qui te force à t'éloigner de moi... Mais quoi ? cria-t-elle pour en venir au fait le plus vite possible.
-C'est parce que je... enfin je suis... tu... tu vois je suis...
-Ah... Oh ! Ah d'accord, je suis désolée je ne savais pas mais pourquoi ne pas me l'avoir dit plutôt ? Ce n'est pas une honte de nos jour tu sais..., dit-elle gênée.
-Euh... mais de quoi tu parles ?
-Et bien tu es gay... enfin homosexuel... enfin je sais pas comment on dit.
-Quoi !? Non pas du tout tu te trompes je suis normal... hétéro je veux dire ! »
Elle commença à se lever et prendre son sac, trop gênée par ce qu'elle croyait avoir découvert sur moi, je la suivit en essayant de lui faire comprendre qu'elle se trompait. C'est alors qu'elle s’est retournée, d'un coup, le visage presque collé au mien, les yeux noyés dans mes pupilles, cherchant la vérité. J'aurai peut être du la laisser croire que j’étais gay en fin de compte...
« Alors c'est quoi le problème avec moi !? Bon sang mais dis-le, merde ! Ça ne peut pas être quelqu'un d'autre sinon je l'aurais su ! S'il te plaît, arrête de me torturer comme ça je veux savoir, DIS-MOI ! hurla-t-elle, les nerfs à fleur de peau.»
Elle me fixa, il y eu un grand blanc durant de longues secondes, presque une éternité pour moi. Je tentais de trouver l'excuse idéale, n’importe quoi d’autre que ce qu’il y avait dans ma chambre, j'y pensais à cette chambre... comme mes yeux. Et merde ! Clara les avait vu bouger vers cette maudite porte, elle s'y dirigea au pas de course.
« C'est quoi derrière cette porte? dit-elle déterminée.
-Rien du tout, il n'y a rien du tout, insistais-je »
Je la suivit désespérément dans le but de la dissuader d'ouvrir cette porte.
« Rien du tout... tu es sûr qu'il n'y a rien du tout ?
-Je t'assure, rien du tout.
-Donc si il n'y a rien, je peux l'ouvrir ça ne te gênera pas.
-Si car c'est MA chambre, c'est à moi et personne n'y touche, grondais-je.
-Tu es sûr que ce n'est pas autre chose ?
-Je vois pas de quoi tu parles, laisse ma chambre tranquille.
-Même si c'est moi qui l'ouvre, ta meilleur amie, ça te gêne ?
-Pas plus que les autres.
-Donc si tu dis vrai je peux ouvrir cette porte il n'y aura rien derrière.
-Exactement, alors laisse ma chambre.
-Si je l'ouvre et qu'il n'y a rien derrière alors on n'en parlera plus.
-Et bien si tu y tiens tant que ça ouvre-là, merde ! M’énèrvai-je.
-Très bien alors je vais l'ouvrir.”
Ce petit jeu commençait à me taper sur le système, dans l'emportement je lui dis d'ouvrir cette fichue porte sans penser aux conséquences. Mais dès que sa paume toucha la poignée, mon cœur fit un bond si puissant que tout mon corps suivit le mouvement. Elle le vit, se retourna avec une expression stupéfaite, j'étais à cran et prêt à exploser, si bien que je n'avais pas vu la larme de nervosité qui coulait sur ma joue. Elle me regarda silencieusement, n'osant plus ouvrir la porte sans que je lui dise une dernière chose.
« Pitié, ne le dit à personne..., abdiquais-je désespéré.
-D'a...D'accord mais montre moi s'il te plaît. Je t'en prie !
-Promets-le moi...
-Je te le promet, maintenant fais moi comprendre une bonne fois pour toute !
C’était irréversible, au point où les choses en étaient, cette porte se devait de s’ouvrir. J'allais donc l’ouvrir moi-même. D'une main tremblante, je baissais la poignée puis je la poussais doucement. Clara essayait de regarder par dessus mon épaule, elle voulait absolument connaître la raison pour laquelle je l’écartais sans cesse. Et dès que je m’écarta, elle vit une petite Applejack en train de dormir, les pattes pliées contre elle avec des écouteurs dans ses oreilles. Sur le moment, j'ai tout imaginé : Clara prenant son téléphone, appelant la fourrière/pompier/police/armée, voir un tas d'hommes masqués avec des armes, filets et autres outils prendre ma petite ponette, pour l’emmener loin de moi sans que je ne puisse jamais la revoir, sachant qu'elle subirait tout un tas de tests, enfermée dans une cage jusqu'à la fin de son existence déjà si miraculeuse. Sa première réaction fut tout autre, elle se figea, la bouche entrouverte de stupéfaction.
« Mais... mais... mais...
-Je vais tout t'expliquer, soupirais-je.
-Mais c'est... c'est...
-Tu sais sans doutes pas ce que c'est, mais laisse-moi te raconter tout en détail....
-C'est Applejack !
-...Hein !”
Elle connaissait la série aussi ? Cette fois-ci c'est moi qui n'arrivait plus à parler, sa réaction me colla au sol. Je commençais à croire que j’étais le seul type au monde à ne pas regarder cette série. Lorsqu'elle avait prononcé son nom, la ponette s’était réveillée en voyant la jeune femme au regard émerveillé.
« P’pa c'est qui la dame ? Pourquoi tu l'as laissé entrer dans notre chambre ? me demanda-t-elle.
-Papa ? Elle t'a appelé Papa !? Me questionna à son tour Clara.
-Bah c'est à dire que...
-Pourquoi elle est ici ? Comment ça se fait qu'ils existent ? Pourquoi elle est plus petite que dans la série ? Pourquoi elle n'a pas sa cutiemark et pourquoi...
-STOP ! criais-je. Et si je t'expliquai tout autour d’une tarte aux fraises ? »
Je ne savais pas combien de questions elle allait encore me poser mais il fallait que cela cesse. Comme pour Polycop, j'expliqua tout à Clara, sa réaction fut totalement différente de celle de mon ami, très inquiétant. Pendant ce temps Applejack sortait une tarte du four. La jeune femme voulait absolument en savoir plus au point où j'en étais je ne pouvais plus mentir. Mais même quand j’eu fini de tout lui raconter elle continua à me harceler de questions.
« Et tu n'as trouvé aucun moyen de la ramener chez elle ?
-Elle est encore ici donc non, affirmais-je.
-Mais tu as cherché ? Si ça se trouve Equestria existe en vrai quelque part...
-J'y ai pensé mais non plus, rien sur l'existence réelle de ce monde encore moins sur une dimension ressemblant à celle-ci...
-Je vois... Et si tu demandais à des spécialistes dans ce qui est des trous de verre ou autre truc du genre pour...
-Pas question, personne ne doit savoir qu'elle existe mise à part moi, Polycop et maintenant toi ! J'ai déjà été fouiller des bibliothèques, je suis resté des nuits entières à balayer des sites et autres forums... RIEN ! criai-je pour lui faire comprendre une bonne fois pour toutes que je n’avais définitivement rien trouvé.
-Ça va j'ai compris. Mais quand tu dis que personne d’autre ne doit savoir, pourquoi... ?
-Regarde-la deux secondes, tu vois bien que ça ne correspond à rien d’existant sur cette Terre, elle se ferait emmener et enfermer. Penses-tu que ça serait une bonne chose pour elle ? »
C'était compliqué, en voulant m'aider elle me rendait les choses plus difficiles. J'étais persuadé qu'elle allait en parler à d'autres personnes, je ne trouvais pas le moyen de la dissuader de le faire.
“Tu es une pegasister alors essaies de comprendre ce que je veux dire. Je n'ai pas envie que ce petit poney puisse un jour repartir avec des mauvaises images de notre monde, et encore moins de lui y faire passer un mauvais séjour. Tu sais à quoi ressemble Equestria, probablement mieux que moi, c'est difficile à comprendre je sais...
-Non mais de toute manière personne ne me croirait, même moi j'ai encore du mal à y croire, dit-elle en me coupant la parole encore une fois.
-Essaies simplement de comprendre ça, je veux juste que le jour où elle reparte, si je trouve le moyen, qu'elle n'ait pas changé. J'ai déjà une petite idée de comment elle a pu s'y prendre pour arriver ici et...
-Tu me raconteras ça plus tard, là j'ai un rendez-vous avec le maire pour une réunion. Et même si je viens de découvrir que tu caches un poney imaginaire capable de parler depuis quatre ans, je ne dois pas le rater. »
Elle commençait à s'en aller mais il n’était pas question de la laisser partir avant d'être sûr qu'elle resterait muette. Applejack courait vers elle aussi, avec un plateau de tarte à la fraise toute chaude qu'elle tenait dans sa bouche.
« Attends ! Lui dis-je en la retenant avec ma main.
-Quoi encore ?
-Promets moi que tu n'en parleras à personne OK ?
-Mmh... Je ne le dirais à personne à la seule condition que tu viennes me chercher demain soir pour m’emmener dîner.
-Eh mais c'est quoi ce chantage ? Moi je pourrais dire que tu es une pegasister à tout le monde...
-C'est quoi le pire ? Que les autres sachent que je regarde un dessin animé pour enfants ou que l'on apprenne que tu as un poney censé être imaginaire qui fait des gâteaux ?
-... T’ as gagné.
-YES ! Alors viens me chercher demain soir à 19H. Tchao !
-Attendez madame ? Vous voulez prendre une part de gâteau ?
-Euh... c'est elle qui les a vraiment faits ?
-Comme la part que tu as mangée tout à l'heure. Prends en une, tu ne vas pas le regretter. »
Elle prit la part sur le plateau que tenait Applejack avec le dessous de son sabot, avec un air douteux. Mais quand elle eut pris une bouchée, elle se permit de reprendre une seconde part, “pour la route”. Après son départ je la harcelais de textos pour être tout à fait certain qu'elle ne dirait rien. En retour j'eu le droit à une réponse :
« Si tu m'envoie encore un seul message pendant ma réunion je dit tout ».
Elle était très forte à ce genre de jeu. Il était clair qu'entre elle et moi il y avait quelque chose et c’était une pegasister... à moins que le monde ne se soit soudainement reconverti pour être uniquement peuplés de bronies, j’avais vraiment de la chance.
J'avais trouvé cette journée épuisante mais elle fut loin de s'arrêter là.
« P’pa, pourquoi quand la dame me regardait, elle parlait d'un dessin animé ? »
C’était quoi le pire ? D’avoir à révéler la vérité à une personne de plus ? Ou cette question ? On m’aurait demandé de comparer cette question à une baffe dans la figure je n’aurai fait aucune différence, le moment était très mal choisit mais il était malheureusement temps. J’ouvris donc mon ordinateur, alla sur un lien pour me rendre sur une page que je n'étais pas allé voir depuis plusieurs années. Tout un tas de vidéos de la série My Little Pony : Friendship is Magic classées dans l'ordre se présentaient devant elle, et enfin nous regardâmes le premier épisode ensemble.
Applejack était curieuse, et regardait avec un petit sourire tandis que moi je n'étais pas du tout... mais alors pas du tout à l'aise. Ce moment fatidique ou l'on voyait sur la vidéo Applejack se présenter à Twilight Sparkle, je l’avais attendu avec une boule au ventre si insupportable que je faillis vomir de stress, et lorsqu'elle « crut se voir », selon ses mots, elle commença à poser des questions auxquelles je n’ai pu que répondre honnêtement.
« Eh, mais c'est moi ici ! C'est ça p’pa ?
-Oui ma petite, c'est toi que tu peux voir. Tu es un peu plus grande et âgée.
-Donc j’ressemblerais à ça quand j’serais grande ?
-Oui, enfin je l'espère.
-Et ça c'est ma famille ?
-Oui, tu as une très grande famille là-bas.
-Mais je ne vois pas d’papa ni d’maman. Alors mon vrai papa c'est quand même toi c’est ça? »
J’étais incapable d’en dire plus à ce sujet, je ne pouvais pas dire grand chose de toutes manières, voir même rien du tout. Je ne connaissais absolument rien de ses vrais parents, et vu que j'étais d'après elle sa seule famille, puisque je fus la première chose qu'elle vit dans ce monde, il m’était impossible de lui dire que je n’étais pas vraiment son père. Elle était encore trop jeune pour faire la différence physique entre moi et ces poneys.
Elle s'est arrêtée de parler pendant un moment, captivée par cette série. Quand l'épisode s’arrêta elle ne perdit pas de temps à me demander la suite. Applejack ne dira rien durant la deuxième partie, mais étonnement elle regarda le deuxième épisode avec un grand sourire. C'était le même que j'avais quand j'ai découvert ce monde, ce sourire impossible à retirer de son visage, crispant et inexplicable rien que par la vue de ces adorables petits poneys pleins de couleurs et aux formes simples. Et quand l'épisode fut terminé, j'eus le droit à une autre avalanche de questions :
« Elles ont l'air cool ces filles, est-ce que un jour j’vais les rencontrer ?
-J'espère de tout mon cœur.
-Nous aussi un jour on ira là-bas ?
-Je... oui mon ange, tu pourras un jour leur parler et faire des gâteaux avec ta famille.
-Chouette ! Merci p’pa, j’t'aime ! »
Ah non c’était trop ! J'étais une fois de plus en état de choc et à cran, deux fois en une journée ça fatigue beaucoup. Je ne savais plus quoi penser, la réaction sur-positive de la petite Applejack me laissait encore plus emmêlé dans mes doutes. Non seulement elle avait compris directement d'où elle venait mais en plus de ça j'avais eu le droit à des remerciements avec un « je t'aime ». Je ne sais pas si elle me l'avait déjà dit avant mais celui-là me fit un pincement au cœur. Là ou j’étais le plus inquiet c’était pour sa question: savoir si un jour elle retournerait à Ponyville, surtout par le « on » qu'elle avait employé, croyant sans doutes que je viendrais avec elle si un jour... le moment venu...
Elle vit aussi qu'elle avait une famille, un endroit si vaste rien que pour elle avec tous ces pommiers qu'elle rêverait d’avoir, alors qu'elle n'avait ici qu'une petite cour et de malheureux fraisiers. J'eu l’audace de lui toucher un mot là-dessus mais elle ne savait pas quoi dire, comme si elle ne se rendait pas encore compte de la chose. En même temps, regarder son ancienne vie à travers un dessin animé ça doit être difficile à croire. Comment vivra-t-elle ça dans le futur, si d'ici là elle ne serait toujours pas rentrée chez elle ? J'en étais malade rien que d'y penser, l'imaginer déprimer et de voir à quelle point elle était si limitée...
Même si sa réaction fut plus rassurante, j'avais terriblement peur pour la suite car si jamais je n'aurais pas pu la ramener chez elle, toutes ces promesses n'auraient été que du vent. La seule chose qui me rassura, c'était qu’elle comprendrait plus facilement avec le temps ses origines, même si je savais qu’un jour elle se rendrait compte que ses amis et sa famille ne sont pas là, au moins elle saurait que je ne lui cachait rien, que je serais toujours là pour elle quoi qu'il arrive.
Inutile de raconter comment le dîner s'est passé avec Clara, même si nous avons parlé d'Applejack, elle et moi voulions en venir au dénouement entre nous. Maintenant elle venait souvent chez moi pour passer du temps en ma compagnie ainsi que celle de la jeune jument, son instinct de pegasister, sans doutes, l'attirait chez moi. Je n'étais pas mécontent, moi qui pensait que mon poney ferait fuir les filles ce fut le contraire. C'est Polycop que je dus le plus surprendre, j'ai mis du temps à lui faire comprendre pourquoi elle savait, avant que je lui dise que c'était une fan de la série aussi... une erreur sur le coup. Applejack et moi les avons regardés parler entre eux durant un nombre pas croyable d'heures rien que pour quelques épisodes, j'ai même été jaloux. Mais par la suite, cela se concrétisa entre elle et moi, quand je fus invité chez elle pour ce qui devait être une simple visite.
Autant conclure encore une fois : j'avais un poney imaginaire qui était au final réel, un ami digne de confiance et pour finir une amie avec qui j’allais sûrement passer une bonne partie de ma vie à ses côtés.
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