Epilogue

Nombre d'équidés de nébuleuse furent présents dans l'immense baie blanche et opaque, dans un éclairage faible, seulement assuré par de discrètes orbes sur le sol. Il devait facilement y avoir plusieurs centaines de poneys de nébuleuse, de tous types, alors que la monarque de plasma se tenait près d'un caisson blindé, surélevé par des pilotis circulaires en acier. L'ambiance semblait très solennelle, très lourde, silencieuse... tous les équidés présents semblaient en recueillement, avant que finalement, la dirigeante plasmique prenne la parole.

(Tu as beaucoup peiné contre tes enfants et leurs descendants.

Ivre d'incompréhension et forte d'un savoir plus que millénaire,

Tu n'as pas choisi sagesse et pardon.

Exilée sur un lointain et paisible monde,

Tu as œuvré toutes tes nombreuses vies,

Pour venger celle des Créateurs, peu importe le cout.

Mais nous ne t'en voulons point.

Plus qu'écoutée, nous avons compris ta peine,

Tes pleurs incapables de sortir de ton âme torturée.

Incapable de te sauver, nous avons mis fin à ton calvaire,

Qu'enfin, tu rejoignes les tiens.

Aujourd'hui, nous te rendons à celle qui, peu importe qui nous étions chacun,

A toujours été le centre de nos pensées. Nous te rendons à Vitranis.

Puisses-tu reposer en paix, et enfin, accorder le pardon à tes enfants,

Où que tu sois, où que ton âme erre.

Que l'Univers vous soit doux, Mère.)

Un des grands murs de l'immense baie du croiseur royal s'ouvrit rapidement, créant une forte dépressurisation de l'habitacle. Aucun équidé de nébuleuse ne fut gêné ou emporté par cette aspiration... seul le caisson blindé le fut. La baie ouverte était orientée pile sur la fameuse Vitranis, planète violacée perdue au milieu d'un océan de nébuleuse pourpre épais, comme une brume sans fin.

Plus précisément, le croiseur se trouvait du coté meurtri et morcelé de Vitranis, là où une étrange lueur orangée se voyait en plein de la planète : c'était le cœur de cette dernière, exhibé, à vif, tel qu'il était toujours décrit. Le caisson chuta progressivement vers la planète, plus exactement vers le cœur, avant d'y disparaitre.

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Nova et Crimson, de leur coté, avaient vu cette étrange cérémonie funèbre depuis Astronima, placée près du croiseur. Tous deux voyaient le cercueil argenté et blindé éjecté du vaisseau par le vide et chuter jusque dans le cœur planétaire.

- Voilà... c'est terminé. Elle est revenue à la maison, elle aussi... déclara l'alicorne rosée en baissant le regard. La Gorge de Vitranis vient de l'avaler... elle fait partie de la planète, comme tous les siens avant elle il y a si longtemps...

- Pour des "machines" qui ont été créées et qui ont pu se reproduire... vous avez un sens de la cérémonie très poétique... fit Crimson en étant contre Nova, la tête blottie à la sienne. Alors... Vitranis ressemble à ça ? Elle est... mal en point... il y a des morceaux de roche partout autour... et son cœur qui luit à travers la nébuleuse, telle une brume... est à la fois apaisant et terrifiant.

- Alpha, Beta, Delta et Zeta ont pourtant dû commettre un parricide pour essayer de la sauver... Pourquoi un tel sacrifice a quand même permis à notre planète d'être défigurée à ce point ?

- Plasma avait dit qu'elle te raconterait tout, un jour... que la mémoire des Élues se transmettait chez les dirigeantes de Vitranis. Ça veut dire qu'elle sait comment tout s'est passé... et pourtant... chaque princesse et reine a tout gardé en elle, le pire secret de votre peuple...

- Les Élues... les quatre premières équidées de nébuleuse, véritablement créées par nos Créateurs... celles qui pouvaient vraiment les appeler "Père" et "Mère", au sens propre.

- D'ailleurs... l'Ingénieure, elle avait une Cutie Mark, t'as bien vu. Comment ça se fait, vu que c'est une vitranienne ?

- Je pense que c'est le même principe que moi, ce qui conforte ma théorie... la Cutie Mark est une maladie. Mais peut-être qu'elle n'est une maladie à attraper que pour les étrangers...

- En tout cas, Nova... je sais ce qui t'effraie en m'aimant. Que je disparaisse bien vite, comparé à toi...

- Je... je m'y suis résignée... souffla-t-elle en se frottant à lui amoureusement. Même si tu ne tiens pas très longtemps... je profiterai de notre couple aussi longtemps que tu vivras... et d'ici-là, avons-nous le temps de trouver des moyens pour allonger ta vie sans avoir à faire de sacrifices ou de compromis... Après tout... tu es aussi celui qui a trouvé l'ultime remède à la Solution... cette stase ultime dont nul n'avait jamais pu sortir... alors pourquoi pas arriver à perdurer ton existence auprès de moi ? J'ai bon espoir qu'on y arrive... et même si ce n'est pas le cas... je profiterai de chaque moment avec toi, jusqu'à la fin...

Ainsi finirent-ils en silence, tous les deux, par observer le vide stellaire encombré par l'amas de nébuleuse dans lequel baignait Vitranis, éclairée par la lueur des deux soleils bleus au loin.