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Turn It On Again

Une fiction écrite par inglobwetrust.

Chapitre 11: Maneapolis

« Génial... »

Scootaloo déposa le journal sur une table disposée devant elle dans le train, violemment, en le faisant claquer, faisant sursauter Fluttershy. La manageuse avait convoqué une réunion impromptue pour essayer de calmer les choses après ce qui s’était passée la veille. Mais Toe, Torch et Rarity avaient refusé d’y participer et s’étaient installés ailleurs dans le train, loin les uns des autres, laissant seulement quatre poneys autour de la table.

‘Tension chez les Ponytones : une violente dispute a opposé le groupe hier soir au Pony Plaza selon des témoins. Le différend portait apparemment sur une histoire de contrat, relançant les spéculations quant aux motivations de cette tournée lucrative. Selon nos informations, le groupe doit encore enregistrer un album pour se libérer de l’accord passé avec sa maison de disques, ce que cette dernière n’a pas confirmé. Les Ponytones doivent encore jouer sept concerts d’ici à la fin du mois pour leur grande tournée de reformation.’

Fluttershy parcourut les pages, sans photo de la dispute pour accompagner l’article, et soupira.

« Je pensais vraiment que ça pourrait marcher… », dit-elle d’un air triste. Le silence s’installa encore pendant quelques secondes entre les quatre, qui feuilletèrent les pages du journal.

« C’est comme pendant la dernière tournée », déclara-t-elle, le regard fixé vers le bas.

« Ouaip », acquiesça Mac en reposant le journal.

Sweetie s’approcha de la pégase et passa un sabot autour de son cou pour la soutenir. « Tu peux m’en dire plus ? »

Fluttershy remonta, à contrecœur, le fil des souvenirs. « C’est pour ça que le groupe s’est séparé. Rarity, Toe et Torch refusaient de se parler à la fin. Ils chantaient lors du concert et c’est tout. L’ambiance était pourrie dès le premier concert, après l’enregistrement de l’album. Tout le monde se battait pour imposer ses chansons. Et… », elle releva sa tête et la tourna vers les trois autres. « Tu sais ce que c’est quand les individualités prennent le pas sur le groupe. Ça finit par exploser. »

Sweetie acquiesça, compréhensive. « C’est pour ça que Rarity et Toe et Torch ont fait un album solo juste après la tournée, hein ? »

La pégase marmonna un timide « Oui » avant que Mac ne prenne la parole à son tour.

« Je déteste ce disque. Tout le monde a voulu co-écrire les paroles avec moi et à la fin, ça ne ressemblait plus à rien », expliqua-t-il en s’enfonçant dans le siège. « Les critiques étaient nulles, ils voulaient tous chanter leurs propres morceaux en concert et les concerts étaient nuls. Pas étonnant que ça ait craqué. A la fin, on était juste trois chanteurs principaux et deux choristes. C’était plus les Ponytones.»

Sweetie tourna la tête vers le fond du wagon, où se trouvait sa sœur, la tête encore enfoncée dans l’un de ses magazines pour échapper aux autres. Du côté opposé, à l’autre bout d’un wagon attenant, Toe et Torch, toujours l’air énervés et les regards encore noirs après la dispute d’hier.

« Est-ce qu’on peut faire quelque chose pour que ça se finisse mieux que la dernière fois ? » s’interrogea à haute voix Sweetie.

« Ouais. Montrer le contrat qu’ils ont signés, ça va les calmer », ricana Scootaloo. Sweetie fronça les yeux.

« Pas ça ! Ce n’est pas le moment de jeter de l’huile sur le feu, tu as vu comment ça a failli se finir hier ? » la tança Sweetie. Scootaloo prit un air penaud et rangea ses papiers.

« T’inquiète pas, la tournée se finira et l’album se fera. Y’a trop d’enjeux cette fois pour tout arrêter. Laisse passer l’orage, ça rafraîchit toujours les idées, c’est ce que disait toujours Granny Smith », expliqua Mac en posant sa tête sur ses sabots croisés devant lui, s’apprêtant à faire une sieste bienvenue après la nuit difficile qu’il avait passé.

« Donc, y’a rien à faire pour le moment ? » demanda Sweetie en s’approchant de Mac.

« Non », répondit-il, la tête enfoncée dans ses sabots.

« Mac a raison, il n’y a rien à faire pour les raisonner maintenant. Crois-moi, ça vaut mieux. Laisse les choses se calmer, parle à Rarity quand elle aura eu le temps de réfléchir à la situation et les choses pourront peut-être se résoudre d’elles-mêmes », conseilla Fluttershy.

Sweetie agita ses sabots en signe de frustration et poussa un grognement qui ne masqua pas son impuissance. Scootaloo se pencha au-dessus de la table et ébouriffa la crinière de son amie.

« Hé, t’inquiète pas. Si on m’avait donné une pièce à chaque fois que j’ai vu un groupe se balancer des guitares à la tête un jour et se réconcilier le lendemain à grands coups de pleurs et de câlins, je serais millionnaire ! » la rassura Scootaloo. « Enfin, vu le contrat que je vous ai fait signer, je le suis déjà, techniquement », s’amusa-t-elle à rajouter, faisant rire Sweetie.

Fluttershy passa son aile autour de la licorne pour lui faire un petit câlin. Sweetie releva ses yeux, regarda les deux pégases, puis tourna la tête vers Mac, déjà profondément endormi, avant de sourire.

« On y arrivera, Sweetie. Les choses sont différentes maintenant, alors j’y crois », lui dit doucement Fluttershy.

« J’espère que tu dis vrai. Tu sais à quel point Rarity peut être bornée quand elle s’y met », s’amusa Sweetie, faisant rire la pégase.

« Oui. Et tu sais aussi qu’elle finit toujours par faire les bons choix », ajouta-t-elle pour conclure la discussion.

Sweetie hocha la tête, s’allongea sur son siège et se tût, laissant enfin la machinerie du train reprendre possession de l’espace sonore jusqu’à l’arrivée à Maneapolis.

Peu avant la fin du trajet, Scootaloo alla chercher Toe, Torch et Rarity afin qu’ils soient regroupés à la sortie du train, à la fois pour les journalistes et aussi parce qu’un visiteur très spécial les attendait. Le groupe s’était préparé aux rafales de questions des médias après la ‘discussion animée’ d’hier soir.

« Pas de commentaire, on pose pour la photo et on fonce vers le taxi, okay ? » demanda Scootaloo en tournant une dernière fois la tête vers eux.

Le groupe hocha la tête, Rarity visiblement toujours en colère contre Toe et Torch au vu de ses yeux froncés et de la distance qu’elle mettait entre elle et eux. Le couple avait les dents serrées et cachait mal la rancœur qui était ravivée depuis hier soir dans leurs esprits.

Le train s’arrêta en gare et les portes s’ouvrirent, accueillant le groupe dans une nuée de flashs et de questions fusant de tous côtés.

« Le groupe va-t-il se séparer ? »

« Pourquoi vous êtes-vous disputez ? »

« Est-ce que vous finirez la tournée ? »

« Est-ce qu’il y aura bien un nouvel album ? »

Scootaloo mena le groupe, qui posa rapidement pour une photo avec des sourires figés pour au moins trois des membres du groupe.

« Rapprochez-vous pour que vous rentriez tous dans le cadre ! » ordonna un photographe en faisant un grand geste du sabot.

Avec réticence, les trois ennemis se rapprochèrent, bien trop près selon eux, au moins pour donner le change avant de reprendre leur marche vers le taxi qui les attendait.

« Rarity, pouvez-vous nous dire ce qui s’est passé hier soir après le concert ? » demanda un journaliste en se penchant dangereusement derrière le cordon de sécurité installé là.

« No comment. Je vous en dirais plus bientôt, soyez-en sûrs », annonça-t-elle, sans se faire entendre par les autres et sans stopper sa marche.

Enfin, le groupe arriva devant le taxi. Rarity s’apprêtait à ouvrir la porte quand Scootaloo atterrit soudain devant elle, voulant à tout prix être la première à y entrer. Le groupe recula un peu, surpris. La pégase se recoiffa rapidement tandis que la porte s’ouvrait peu à peu.

« Qui a demandé un carrosse ? » annonça une voix avant qu’un museau gris n’apparaisse dans la lumière du soleil.

« RUMBLE ! » cria Scootaloo avant de se jeter dans les sabots du pégase, qui se fit rejeter au fond du chariot et attaqué par les lèvres du poney orange.

Ce n’est pas comme s’il allait s’en plaindre.

Les deux s’embrassèrent goulûment, emporté par leurs retrouvailles. Les sabots s’entremêlaient, les bouches se connectaient de plus en plus ardemment sans qu’ils ne se soucient des poneys qui attendaient dehors et assistaient au spectacle avec des yeux attendris.

Quelqu’un du groupe toussa et ramena les amants à la réalité.

Le couple arrêta de s’embrasser et tourna la tête vers les six poneys. Ils se séparèrent rapidement, les joues rougies par la gêne et par l’effort physique consenti. Scootaloo se recoiffa encore et fit signe au groupe de monter, ce qu’il s’empressa de faire.

Installé dans l’exigu chariot, avec Rarity le plus loin possible de l’autre couple du chariot, Scootaloo prit la parole.

« Les Ponytones, Sweetie, je vous présente Rumble, mon petit ami », expliqua-t-elle en passant une aile autour du pégase et en l’embrassant sur la joue.

« Et aussi avocat », ajouta-t-il en répétant les mêmes gestes sur sa compagne.

« Oh, très bien, alors j’imagine que c’est vous qui devez vous occuper de notre contrat, n’est-ce pas ? » s’empressa de demander Toe en apprenant qui il était.

« Oui, je l’ai étudié de long en large », continua Rumble en sortant des papiers d’un attaché-case.

« Déjà ?! » s’écria Torch. « Mais on ne connaît ce contrat que depuis hier soir. »

Rumble rit et s’autorisa un moment de vantardise. « Scoots m’a tout envoyé dès hier soir par Pégase Express et j’ai passé la nuit à les étudier. Je ne suis pas l’avocat des Wonderbolts pour rien. »

« On fait une sacré team », reprit Scootaloo, en le laissant l’embrasser, sur les lèvres cette fois.

« Est-ce que tu as trouvé un moyen de le rendre caduque ? » demanda Rarity.

« Euh… », Rumble avait l’air gêné et perdit son sourire confident. « Malheureusement, non. Il est béton et impossible à attaquer. Je peux essayer de faire un procès à la maison de disques, mais étant donné que vous êtes un groupe et pas une entreprise, la… » Il chercha ses mots. « ‘Faillite’ du groupe n’a jamais été prononcé et le contrat court toujours jusqu’à ce qu’il s’achève dans quelques semaines. Et si le procés est perdu, aucune chance d’échapper aux indemnités de rupture. »

« Vous voulez dire que… ? » commença Torch.

« Oui. Je ne peux rien faire pour vous aider. Vous êtes sabots liés à ce contrat », conclut Rumble en donnant la sentence.

Torch s’affaissa contre son siège. « On sait qui remercier… », persiffla-t-elle.

Rarity se leva d’un bond. « Combien de temps tu vas me le reprocher ? On fera cet album et on n’en parlera plus, fin de l’histoire ! Ça te va ? » aboya-t-elle en montrant les dents.

Torch ne répondit pas, la fixant simplement dans le blanc des yeux jusqu’à ce que Rarity se rassoie. L’ambiance était devenue encore plus pesante dans le petit espace qui contenait tout le monde et même Scootaloo et Rumble n’osaient plus bouger.

Heureusement, le trajet jusqu’à l’hôtel était court et plus supportable pour tout le monde. Dès la descente du chariot, Rarity fonça à la réception, prit la clé de sa chambre et monta sans attendre les autres, voulant de toute évidence être loin du couple de chanteurs et des autres Ponytones.

« Je crois que tu devrais attendre encore un peu avant de lui parler », souffla Fluttershy à Sweetie, qui acquiesça.

En voyant Rarity s’en aller à toute vitesse, Scootaloo tapota du coude Rumble.

« Hé, je serais toi, je ferais comme elle, j’ai une chambre avec un lit king size qui nous attend », lui dit-elle en battant des cils. Les ailes du pégase répondirent pour lui et les deux foncèrent vers la réception, prirent la clé et grimpèrent à toute vitesse les escaliers en ne cessant pas de rire, de se prendre par les sabots et de s’embrasser avant de disparaître après quelques marches.

Sweetie observa la scène avec tendresse, aux côtés de Fluttershy qui faisait de même.

« Ils sont très amoureux », constata cette dernière, un sourire ne quittant pas son visage. « Je sais ce que c’est. »

« Elle a de la chance », ajouta Sweetie en riant aussi.

« Tu es en couple, d’ailleurs ? Je ne te l’ai jamais demandé. Enfin, si ça n’est pas trop indiscret », demanda Fluttershy en se dirigeant avec Sweetie et Mac vers la réception.

La licorne baissa un peu la tête, une légère pointe de tristesse lisible sur ses traits. « Non, je suis souvent sur la route alors c’est difficile de pouvoir souvent voir les amis et encore plus de rencontrer quelqu’un à aimer. Un jour, je suis là, un jour, je suis ailleurs... », expliqua Sweetie. « Je laisse les choses se faire. Ce n’est pas le genre de choses qui se décident et ce n’est pas toi qui me dira le contraire, pas vrai ? » finit-elle en se tournant vers la pégase avec un sourire.

Fluttershy acquiesça. « Tu as raison, ça viendra avant même que tu le saches. »

Les deux prirent la clé de leurs chambres respectives avant que la routine se remit ensuite en place : découverte du stade, répétitions (dans une ambiance cette fois glaciale), rencontre avec les médias locaux (Fluttershy fit les interviews non sans mal), puis le jour du concert à la Maneapolis Arena arriva.

Les sourires complices avaient disparu, la tension était revenue à des sommets plus atteints depuis la dernière tournée et le groupe semblait se résigner à simplement faire le travail demandé par contrat, sans plus, loin de ce que la tournée aurait pu changer entre eux.

Le groupe ne laissa toutefois rien transparaître sur scène et fit comme si de rien n’était.

Mais Rarity avait un plan en tête, qu’elle mit à exécution lors de sa partie solo. Elle prit le micro et s’avança sur le devant de la scène.

« Merci à tous ! Normalement à cet instant, je dois vous chanter l’un de mes morceaux, mais ce soir… »

Un vent de panique souffla sur le groupe, ainsi qu’en coulisses.

« Et spécialement pour vous, je vais vous chanter plusieurs chansons. Enfin, si le groupe est d’accord… », finit-elle en se tournant lentement vers les quatre autre poneys avec un sourire narquois, de ceux dont le porteur sait qu’il contrôle la situation.

Les applaudissements du stade pressaient le groupe de répondre. Mais que répondre ? Refuser et relancer les rumeurs ? Lui dire non et déconcerter le public ? Ils n’avaient pas le choix. Toe et Torch comprirent le tour que leur jouait la licorne et durent faire un effort intense pour ne pas exploser. Ils étaient pris au piège et coincés.

« Bien sûr, Rarity. Nous n’allons quand même pas te dire non », dit Torch sur un ton glacial, qu’elle déguisa dans un sourire au public.

Rarity fit un petit signe de tête pour la remercier, au moins pour donner le change au public et alluma sa corne pour lancer la bande préenregistrée de cinq de ses chansons. Le groupe se retira en coulisses le temps de son set, laissant enfin la possibilité à Toe et Torch de parler librement et de laisser éclater leur colère.

« Mais qu’est-ce qui lui prend ?! » aboya Toe en faisant les cent pas derrière la scène. « Elle est complètement folle ! C’est notre show, pas le sien, pour qui elle se prend ?! »

L’incompréhension se lisait sur les visages. Pourquoi vouloir saboter le concert ? se demandèrent-ils tous. Personne ne s’attendait à ce que Rarity fasse une telle chose et seule cette dernière savait pourquoi. Toe et Torch fulminèrent pendant les cinq chansons, avant de remonter sur scène comme si de rien n’était et avec de grands sourires qu’ils firent durer jusqu’à la dernière chanson du concert.

Le groupe quitta la scène sous les applaudissements et disparut en coulisses. Toe et Torch ne perdirent pas de temps pour empêcher Rarity de faire plus que quelques pas vers sa loge.

« Qu’est-ce qui t’a pris ?! » s’énerva l’étalon du duo. « Tu as oublié qui jouait sur scène ce soir ? Tu n’as pas le droit de nous faire ça ! »

Rarity ne baissa pas le regard et ne recula pas d’un pouce. « Je donne au public ce qu’il veut, c’est tout. Ils viennent pour nous entendre chanter et aussi pour m’entendre chanter. Je n’y peux rien s’ils m’adorent », répondit-elle en finissant avec le même sourire qui avait accompagné l’accomplissement de son plan.

Toe et Torch manquèrent de s’étrangler. « Tu crois que tu peux tout te permettre, hein ? Mais tu n’es qu’un des Ponytones, tu n’es pas la seule sur scène. Si tu as oublié ça, je ne vois pas ce que tu fais encore ici », lui cracha la jument.

Rarity amena un sabot sous son menton pour faire semblant de réfléchir. « Très bonne idée. Scootaloo, tu m’organiseras une tournée solo après celle-ci, je pense que nous remplirons encore plus les stades », déclara-t-elle sur un ton sarcastique.

La pégase était gênée et ne savait plus où se mettre, essayant de se faire aussi petite que Fluttershy dans le coin où elle se trouvait.

« Si tu veux jouer à ce petit jeu, on peut être deux », menaça Toe, yeux froncés.

Rarity leva les yeux au ciel. « Quoi ? Vous voulez aussi faire une tournée ? Vous n’avez jamais rempli les stades, ni même les bars miteux de Canterlot et ça n’est pas demain que ça commencera », grinça-t-elle, satisfaite de sa pique.

Toe la fixa pendant de longues secondes qui parurent une éternité pour le reste du groupe et Sweetie.

« C’est bon, j’en ai marre. Partons avant que je fasse une bêtise », dit l’étalon en quittant la pièce, suivi de près par sa femme. Rarity partit dans la direction opposée, sans un regard pour les autres poneys présents.

Sweetie fonça vers le duo de chanteurs avant de s’arrêter à leur hauteur, haletante et prise de panique. « S’il vous plaît, pardonnez-là, je… je vais essayer de la raisonner à l’hôtel, je lui parlerai », leur dit-elle.

« Bon courage. En dix ans, je n’ai pas trouvé quoi lui dire. Je ne sais pas si tu y arriveras en une soirée. Ce groupe n’a jamais été aussi proche de se séparer une seconde fois. Et cette fois, définitivement », insista Toe en reprenant son chemin, suivi par Torch qui avait un regard désolé.

« Fais de ton mieux, Sweetie. Mais il y a un moment où ça ne suffira plus », lui dit-elle avant de repartir dans les loges avec son mari.

Sweetie resta seule pendant de longues minutes, la croupe au sol, avant de se faire rejoindre par Mac et Fluttershy. La pégase passa un sabot autour de son cou pour la réconforter.

« Je suis désolée que tu assistes à ça. C’est... je pensais vraiment que les choses se passeraient mieux mais… » Elle poussa un long soupir. « Il y a des choses qui ne changent jamais. »

Mac s’assit aussi à côté d’elle. « Ouaip. Et encore, lors de la dernière tournée, je compte plus les fois où j’ai dû les séparer pour éviter qu’ils ne se battent », se souvint-il.

Sa phrase souleva une question dans l’esprit de la licorne. « Et comment vous faisiez quand ils se disputaient comme ça à l’époque ? »

« Oh, crois-moi, on a essayé de s’interposer », commença Fluttershy. « Mais ce n’est pas notre avis qui comptait. »

« Ouaip, des fois, c’est comme si on n’existait pas. A part pour écrire les paroles et chanter, on ne fait rien d’autre. Le groupe est tout pour eux. Pour moi et Fluttershy, c’est juste une occupation. On peut vivre sans, pas eux », expliqua l’étalon rouge en tendant le sabot pour aider Sweetie à se relever. Elle l’accepta gracieusement et inspira puis expira longuement.

« Il… il faut que j’y aille. Je suis sa sœur, elle m’écoutera. J’espère qu’elle saura faire la part des choses », dit Sweetie avant de s’en aller rejoindre sa sœur dans sa loge.

Sur le chemin, des milliers de pensées traversaient sa tête. Cette tournée, c’était aussi elle qui l’avait voulue, qui avait poussé Rarity à y aller et c’était aussi elle qui échouait dans son envie de réconcilier le groupe.

Elle se demanda si les autres Ponytones prenaient autant à cœur cet échec. Elle eut sa réponse en ouvrant la porte de la loge de Rarity sans même frapper.

Sa sœur finissait de retirer le pull typique du groupe, se débarrassant de son habit de chanteuse du groupe et de ce qui en faisait une Ponytones. Son petit sourire de satisfaction trahissait sa pensée et , au moment où elle finit de retirer le vêtement, son regard rencontra celui de Sweetie dans le miroir.

« Je sais ce que tu vas me dire », lui dit-elle en reprenant un regard fixe et froid.

« Alors vas-y. Pourquoi tu as fait ça ? » lança sur le même ton Sweetie.

« Parce que le groupe n’a plus aucun avenir. Toe et Torch ne me font plus confiance à cause de cette histoire de contrat. C’est fini. Nous finirons cette tournée et après, adieu les Ponytones. Pour l’album, ils se débrouilleront très bien sans moi », expliqua-t-elle en finissant de se démaquiller.

Sweetie s’approcha d’elle et fit tourner sa chaise pour qu’elle lui fasse face.

« Tu ne crois pas que c’est aussi à toi de t’excuser ? » la gronda-t-elle. Rarity leva un sourcil.

« Pour quoi ? Pour ce contrat ? C’était une autre époque et je ne l’aurais jamais signé si j’avais su que le groupe se séparerait avant que l’on aille au bout de ce qui avait été signé », précisa la licorne. « Cette tournée, c’est aussi un peu la mienne. C’est normal que je puisse profiter des lumières aussi, pas seulement le groupe. Pinkie ne disait pas qu’il fallait savoir partager ? » Rarity laissa un petit sourire narquois se dessiner sur ses traits.

Sweetie se passa longuement un sabot sur le visage en poussant un grognement. « Tu ne fais rien pour te réconcilier avec les autres. Rien ! » lui cracha-t-elle.

« Hmpf ! » répondit Rarity en levant le museau bien haut. « Au moins, cette tournée m’a appris que je pouvais très bien vivre sans le groupe. Vivement qu’elle se finisse pour que je n’en entende plus parler et que je revienne à ma boutique. »

Sweetie recula de quelques pas. « Tu t’es entendue ? Tu penses vraiment ce que tu dis ? Je te rappelle que c’est toi qui a été voir les autres pour leur proposer de rechanter, pour que vous soyez à nouveau tous amis ! » se défendit sa sœur.

Rarity se leva de sa chaise et toisa sa sœur. « Et qui m’a donnée l’idée la première, hein ? Qui m’a poussée à y aller alors que je ne voulais pas ? » demanda-t-elle en fronçant les yeux, le regard rempli d’une colère froide dirigée entièrement vers la plus jeune licorne.

Elles se fixèrent longuement, Sweetie finissant par baisser le regard la première avant de fixer le sol. Rarity retourna vers sa chaise et ouvrit la porte de la loge avec son aura, indiquant à sa sœur de sortir, ce qu’elle fit avec l’attitude d’un conquérant défait piteusement avant d’entendre le loquet de la loge se refermer derrière elle. La frustration, la déception et la culpabilité se mélangèrent dans son esprit, créant un cocktail qui laissa au départ quelques larmes s’échapper de ses yeux à la sortie de la loge.

Ce qu’elle avait vu n’était pas sa sœur, la vraie, celle qui était là pour la réconforter quand les choses n’allaient pas bien, celle qui était toujours la première à voir que quelque chose la tracassait.

Etait-ce vraiment la vie sur la route qui la transformait ainsi ? se demanda Sweetie. C’était ce qu’elle voulait croire, tant la Rarity de la tournée était parfois loin de celle de Poneyville.

Fluttershy et Mac l’attendirent à la sortie de la loge, l’air inquiet. Ce qui ne s’arrangea pas en voyant Sweetie sortir tête baissée et qui commençait à sangloter.

« Sweetie, est-ce que ça va ? » s’inquiéta Fluttershy en s’amenant à sa hauteur.

Sweetie peina à trouver ses mots et continua à avancer. « J’ai essayé… J’ai… j’ai besoin d’être seule », parvint-elle à dire avant de retourner péniblement vers sa loge, sous le regard de l’étalon et de la pégase.

« Il faut aller lui parler », décréta Fluttershy après quelques secondes de silence.

« Ça sert à rien. Si Sweetie n’a pas pu la raisonner, c’est pas toi ou moi qui allons lui faire changer d’avis », répondit Mac. Les souvenirs lui remontèrent en tête, lointains et douloureux. « Je sais qu’on peut pas la changer. J’ai déjà donné pour voir. Elle pense qu’à elle. »

Fluttershy se tût pendant quelques secondes. « Mais… je peux au moins essayer, non ? Je suis l’une de ses meilleures amies, elle m’écoutera. »

Mac ne put s’empêcher de lâcher un petit rire sarcastique. « Toi ? Et depuis quand tu crois être celle qui va tout régler ? » dit-il d’un ton sec et soudain, comme contaminé par la tension qui émanait de tout le groupe. « A part chanter, on sert à rien ici. C’est pas à nous de se mêler de ça. Notre seul job, c’est d’aller sur scène et d’ouvrir notre bouche. Moi, ça me va très bien. »

Fluttershy ouvrit de grands yeux avant de les froncer. « Pas étonnant de la part de Monsieur Ouaip et Non. Tu n’as jamais rien fait pour aider le groupe, tu n’as toujours pensé qu’à toi, tu te fiches bien des autres », lui rétorqua-t-elle. La pégase avait elle aussi un mauvais jour.

Mac ne broncha pas. « Faut que j’te rappelle qui a écrit les paroles de quasiment toutes nos chansons ? Sans moi, le groupe n’est rien. Et j’ai pas b’soin de lui. Personne n’est indispensable et toi encore moins », lui dit-il en lui rappelant ce qui était arrivé à Baltimare.

« Alors qu’est-ce que tu attends pour rentrer à Poneyville ? » lui lança-t-elle par défi en flottant pour se mettre au niveau de ses yeux.

L’étalon regarda de gauche à droite, visiblement décontenancé par sa question soudaine. « Je… j’ai… j’ai signé un contrat et j’tiens mes promesses. Je laisserais tomber personne, pas comme certains », répondit-il en refixant ses yeux sur le poney jaune en face de lui.

Ils continuèrent à se fixer un long moment, avant d’enfin partir chacun de leur côté, laissant le groupe plus divisé que jamais.

Comme dix ans auparavant au même endroit.

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Note de l'auteur

Comment ça va les amis? Faute de chapitre la semaine dernière (une simple incompréhension), j'espère que vous avez été jeté un œil sur ma dernière fic, "God Save Madame Banane".

Le groupe est ici plus divisé que jamais... Les choses peuvent-elles empirer? Réponse dans deux semaines...

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AuRon
AuRon : #39101
Peut-être que ce chapitre reprend un peu les problèmes précédents, mais il est nécessaire. Je n'apprécierai pas une fic oú les soucis se règlent dès leur apparition :). De plus ça introduit le conflit entre les deux membres les plus passifs du groupe. Pour ma part c'est un excellent chapitre.
Il y a 2 ans · Répondre
BroNie
BroNie : #37270
Au risque de me répéter, mouaif.

Le groupe qui se dispute, qui se renvoie des dossiers au visage, Rarity qui tire la couverture à elle alors qu'ils sont en situation de crise (avec 5 chansons solo. Le public est cool de pas se lasser quand il vient pour un groupe), et qui veut absolument sa part de gloire alors qu'elle est censée être l'Element de la Générosité, on voit que ça depuis la reformation du groupe. Ca fait chapitre de remplissage sur chapitre de remplissage.

Ca reste sympa ici et là avec quelques bonnes idées comme l'apparition de Rumble, et d'en faire un avocat, mais j'ai vraiment trop l'impression que cette fic est bloquée sur autoreverse depuis quelques chapitres.
Modifié · Il y a 2 ans · Répondre

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