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Turn It On Again

Une fiction écrite par inglobwetrust.

Chapitre 9: Baltimare

« Et voilà le Celestial Stadium ! » annonça Scootaloo en guidant le groupe sur la scène du stade de la ville.

La routine avait vite repris ses droits au sein du groupe : les voyages en train, les hôtels, les bagages à défaire et à refaire rapidement, les sorties en ville incognito (sauf pour Rarity, qui se fichait bien de déclencher des émeutes à son passage), les photo-souvenirs dans chaque ville visitée et la visite des désormais stades qui accueillaient le groupe durant cette courte tournée.

« 50 000 poneys seront là », continua Scootaloo en flottant au-dessus de la scène, tandis que le reste du groupe commençait à prendre ses repères en vue du véritable show du soir.

« C’est… très… grand », souffla Fluttershy, toujours la plus impressionnée par le gigantisme des stades, même si c’était aussi le genre de phrases qu’elle pouvait prononcer dans une petite salle.

« Au fait Fluttershy, tu t’en es bien sortie au premier concert. Comme si ton trac avait disparu ! » lui dit Sweetie, faisant sourire la pégase.

« Euh… oui », répondit-elle, un peu gênée. « Il faut croire que j’ai trouvé la solution miracle. »

« J’espère que les journalistes ici sont moins bouchés que ceux de San Franciscolt », dit Rarity en finissant son tour de la scène, s’entraînant même à saluer le public invisible du stade. « Dire que notre concert était aussi excitant que de regarder la peinture sécher, c’est vraiment n’importe quoi, hmpf ! Pour qui se prennent-ils ? » s’énerva-t-elle en se tournant vers le reste du groupe.

« Écrire que nos chansons étaient comme vidées de toute émotion et sans vie, ça, je n’ai pas compris », rajouta Toe. « C’est faux, hein ? »

Personne n’osa vraiment répondre, si ce n’est de timides hochements de tête peu convaincus. Tous savaient que les critiques post-concert étaient assez fondées, tant leurs retrouvailles semblaient dénuées de quoi que ce soit au niveau émotion ou de sincérité dans leur démarche.

« En parlant de journalistes, j’ai fait un planning pour désigner celui qui fera les interviews d’avant concert avec la presse locale », annonça Scootaloo en s’apprêtant à donner le nom du chanceux du jour. « Mac, c’est à ton tour. Je sais que ça ne te fait pas plaisir, mais c’est comme ça », dit-elle en se tournant vers l’étalon.

Mac poussa un grognement, leva les yeux au ciel puis soupira longuement, sachant qu’il n’y avait pas d’échappatoire.

« Les autres, vous pouvez rentrer à l’hôtel en attendant. T’inquiète pas Mac, soit naturel et ça passera vite », tenta de le réconforter la pégase, en faisant un signe vers l’un des roadies pour lui dire de faire venir les journalistes.

Le reste du groupe repartit dans les coulisses, quittant la scène au moment où un journaliste s’avança vers Mac.

Scootaloo releva ses lunettes de soleil et regarda tout autour. « Vous êtes le seul ? » s’enquit-elle, se demandant pourquoi il était l’unique poney journaliste présent.

« Hmm hmm », répondit la licorne bleue. « À part le Baltimare Chronicle, oui. Faut croire que le premier concert ne leur a pas donné envie de venir. »

« Bon, on fera avec. Vous avez dix minutes, pas plus », précisa-t-elle en laissant Mac et le journaliste seuls.

« Mac, dites-moi, quel effet ça vous fait de vous retrouver sur scène après dix ans loin des Ponytones ? Quelle émotion prédomine le plus : la joie, l’émotion, une certaine appréhension voire même un mélange de tout ça ? » demanda la licorne sans reprendre son souffle, le crayon et le bloc-notes prêts à dégainer dans son aura magique.

« Ouaip. »

Le journaliste garda une expression fixe pendant quelques secondes, espérant la suite de sa réponse, avant de lever un sourcil. « Pouvez-vous m’en dire plus ? » redemanda-t-il.

« Non. »

Long silence.

« Euh… bon, comme vous voulez », bredouilla-t-il. « Euh… comment avez-vous jugé ce premier concert de retour à San Franciscolt ? »

« Bof. »

Dans le cerveau du journaliste, la panique prenait le dessus.

« Est-ce que vous avez une chanson qui vous tient à cœur parmi toutes celles que vous chantez ? » tenta-t-il à nouveau, en gardant un sourire qui était de plus en plus forcé.

« Non. »

‘Mode panique activé’, sonna une alarme dans le cerveau de la licorne.

« Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans les tournées ? »

Mac haussa les épaules. L’œil droit du journaliste s’agita tout seul.

« Est-ce que vous aimez la ville ? »

« Pas eu l’temps de visiter. »

Au moins, il a dit plus d’un mot, pensa le journaliste.

« Euh… est-ce qu’il y aura une surprise pour les spectateurs venus vous voir à Baltimare ? » tenta à nouveau la licorne, espérant une réponse enfin développée.

« Non. »

Les espoirs se brisèrent et la licorne entendit le son du verre brisé dans son cerveau pour accompagner le désastre.

« Est-ce… est-ce… »

« Stop ! L’interview est finie ! Désolée, on doit y aller. On a un planning très chargé avant le concert », dit Scootaloo en s’interposant, tout en commençant à tirer Mac vers les coulisses.

« Mais… mais… ça ne fait même pas cinq minutes ! » tenta de se défendre le pauvre journaliste.

« Bah, vous trouverez de quoi écrire après le show de toute façon », rétorqua Scootaloo.

La licorne regarda les deux disparaître, puis son carnet de notes, aux trois-quarts vide, avant de se prendre la tête entre les sabots et de lâcher :

« Oh Luna, faites qu’elle ait raison et que j’ai de quoi écrire plus que dix lignes… » dit le poney en se lamentant, avant de repartir tête baissée vers sa rédaction.

Il revint quelques heures plus tard plein d’espoir, quelques minutes avant le show et espérant que quelque chose brise la monotonie dans laquelle s’était enfermé le premier concert à San Franciscolt.

Il ne fut pas déçu.

Dans les coulisses, tout le monde s’agitait dans tous les sens avant le début du concert. Comme d’habitude, Fluttershy se faisait la plus discrète possible dans ce va-et-vient continu de poneys, étant toujours la dernière à entrer sur scène et la dernière à se préparer à monter pour faire face au public.

Pourtant, ce soir-là, elle se faisait encore plus discrète que d’habitude. Tellement que Sweetie finit par s’en inquiéter alors qu’il ne restait qu’une poignée de minutes avant l’entrée sur scène du groupe, qui attendait tranquillement sur le côté de la scène que le speaker annonce le début du show.

« Rarity, est-ce que tu as vu Fluttershy ? » demanda-t-elle à sa sœur.

« Hmm ? » Rarity se retourna et jeta un œil tout autour. « Oh, tu sais, elle a toujours du mal à faire les derniers pas qui mènent à la scène. Va la chercher, elle doit encore être dans la loge. »

Sweetie ne perdit pas de temps et fonça vers la loge de la pégase, qui cette fois était séparée de celles des autres, contrairement au premier concert.

Sweetie toqua et attendit quelques secondes un signe. Rien ne se passa et elle décida d’entrer, le temps pressant avant le début du concert. Elle ouvrit la porte, restée ouverte, et jeta un rapide coup d’œil à l’intérieur. Personne n’était visible dans la pièce.

La licorne leva un sourcil et referma la porte de la loge pour avoir le silence et essayer de se concentrer pour retrouver la pégase.

« Fluttershy ? » demanda-t-elle.

Aucune réponse.

« Fluttershy ? » redemanda-t-elle en faisant le tour de la pièce. En tombant sur une armoire, elle vit un morceau de queue rose dépasser, avant que celui-ci ne se mette à rentrer de lui-même à l’intérieur.

Sweetie leva un sourcil, colla son oreille contre le meuble et entendit des sons étouffés en sortir.

Des… pleurs ?

« Fluttershy, je sais que tu es là. Il faut que tu sortes, le concert va bientôt commencer », dit doucement Sweetie pour ne pas l’effrayer. « Est-ce que tu as un problème ? » demanda-t-elle.

Toujours aucune réponse, si ce n’était le son des pleurs qui se faisait moins fort.

« Fluttershy, si tu as un souci, dis-le moi, je suis là pour t’aider », continua la licorne.

Click

Après quelques secondes, la poignée de l’armoire tourna et la porte s’ouvrit, laissant voir une Fluttershy tétanisée et qui ne cessait de pleurer. Elle sortit péniblement de l’armoire et tomba dans les sabots de Sweetie.

« Fluttershy, qu’est-ce qui se passe ? » s’inquiéta la licorne en l’amenant vers un canapé tout proche où elle l’allongea.

« Je… je ne peux pas le faire… J’ai… j’ai trop peur… » sanglota la pégase, d’une voix où la peur transpirait de chaque mot. Une terreur pure, comme si elle s’apprêtait à affronter la chose la plus terrifiante de toute sa vie. Même affronter une armée de changelins semblait moins effrayant à cet instant.

Sweetie la regarda avec compassion, puis s’interrogea. « Mais… pourtant, le premier concert, tu as réussi à le faire, alors pourquoi ? »

Fluttershy essuya ses larmes avec un sabot et relâcha Sweetie.

« Tu… tu promets de ne le répéter à personne ? » demanda-t-elle.

La licorne leva un sourcil interrogateur. « Hein ? De quoi tu parles ? » s’inquiéta-t-elle.

« Dis… dis-moi juste si tu le promets », reprit Fluttershy en cherchant du soutien, les yeux toujours un peu embués.

Sweetie laissa quelques secondes s’écouler avant de déclarer : « Croix de bois, croix de fer, si je mens, je mange mon fer », en effectuant les gestes complémentaires.

Fluttershy inspira profondément avant de poursuivre. « Je suis toujours morte de peur avant de monter sur scène. Je croyais que ça irait puisque j’avais appris à contrôler ma peur sur les dernières tournées, mais… ce soir, je ne peux pas… Je ne peux pas. C’est plus fort que moi », expliqua-t-elle.

« Mais tu as réussi à chanter à San Franciscolt, qu’est-ce qui s’est passé ? » questionna Sweetie.

« Zecora m’avait donné une potion pour faire passer le stress. Ça a marché mais je me suis senti très mal en rentrant à l’hôtel. Je ne sais pas ce qui est le pire : chanter mais être malade comme un chien ou être morte de peur. Je... j’ai jeté toutes les potions qu’elle m’a données. Je croyais qu’avec un peu de volonté, je pourrais y arriver mais… »

Elle se remit à pleurer et cacha son visage dans ses sabots.

« Je ne peux pas, Sweetie. Je n’y arriverai pas. Pas ce soir. Dis au groupe que je suis désolée… Je suis désolée… » répéta-t-elle en se levant du fauteuil et en courant vers la porte qu’elle fit claquer derrière elle, tout en ne cessant pas de pleurer.

« Attends ! » Sweetie courut pour la rattraper, mais Fluttershy décolla très vite et sortit par une des portes du stade en volant en direction de l’hôtel. La licorne resta figée sur place, incapable de la suivre par la voie des airs, regardant la pégase disparaître dans la nuit.

« Sweetie ! Est-ce que tu as trouvé Fluttershy ? » cria une voix venue de derrière. Sweetie se retourna et vit Rarity accourir vers elle.

« Sweetie ! Le concert va commencer, qu’est-ce que tu fiches ? Et où est Fluttershy ? » demanda-t-elle à nouveau. Sa sœur leva un sabot vers le ciel. Rarity vit un point volant au loin et comprit.

« Je crois que les Ponytones seront un quartet ce soir », déclara Sweetie.

« Quoi ?! Hors de question ! Il nous faut une voix qui soit proche de la tonalité de Fluttershy pour chanter, impossible de jouer sans elle ! » paniqua Rarity en prenant sa sœur par les épaules et en la secouant énergiquement.

Rarity cessa soudain ses mouvements et fixa sa sœur. Elle eut une idée.

« Chante avec nous ! Tu as presque la même voix que Fluttershy ! Tu pourrais parfaitement la remplacer ! En plus, tu connais toutes nos paroles ! » s’écria Rarity, souriante avec sa voix montrant son excitation retrouvée.

« Est-ce que j’ai le choix ? » demanda Sweetie, fataliste.

« Non. » Rarity la prit dans son aura magique et la traîna sur scène en lui passant un pull des Ponytones pour mieux s’accorder au reste du groupe. En la voyant arriver au lieu de Fluttershy, Torch demanda :

« Qu’est-ce qui se passe ? Fluttershy a un problème ? »

« Euh… elle ne se sent pas très bien et est incapable de chanter. Je serai la cinquième Ponytones ce soir », dit rapidement Sweetie alors que le speaker finissait son speech d’introduction, empêchant le reste du groupe de lui en demander plus.

« Et maintenant… le groupe que vous attendez tous… les PONYTONES !!! » hurla l’étalon sur scène en s’écartant pour laisser les cinq poneys se mettre en place.

Mélangé aux applaudissements, l’étonnement parcourut les travées du stade et les clameurs descendirent vite alors que Rarity s’approchait du micro pour faire une annonce. Tout le monde vit que quelque chose n’allait pas avec Sweetie habillée avec le costume vert et jaune traditionnel du groupe.

« Bonsoir à tous. Avant que nous commencions le concert, je dois malheureusement vous annoncer que notre chère amie Fluttershy ne chantera pas avec nous ce soir à cause d’un… »c elle chercha ses mots, « empêchement de dernière minute. Sweetie Belle sera notre cinquième Ponytones ce soir, merci de lui réserver le meilleur accueil possible ! »

Sweetie s’avança sur le devant de la scène et salua, recueillant une deuxième salve d’applaudissements avant qu’elle et sa sœur ne reprennent leurs places derrière les micros. Le public bruissait de murmures devant l’absence de la pégase. Le mal était fait et le concert parfait ne serait pas encore pour ce soir. Rarity fit un signe à Mac pour qu’il se mette à chanter et permette au public de se concentrer à nouveau sur eux cinq et pas sur la grande absente.

« Bum, bum, bum-ba-da, bum-ba-da

Bum, bum, bu-ba-da-ah»

Le concert se passa assez normalement, certes avec une différence parfois notable sur certaines parties vocales, mais rien de trop choquant. Non, finalement, le plus difficile fut pour Sweetie, qui commença à sentir sa voix la quitter peu à peu vers la fin du concert. Mais elle fit de son mieux pour tenir les notes très aigues qu’atteignait Fluttershy et personne ne remarqua quoi que ce soit dans sa façon de chanter.

« Merci à tous ! Bonne soirée ! » lança Rarity avant que le groupe ne salue une dernière fois et quitte la scène, sous les applaudissements conquis.

En débarquant en coulisses, Rarity félicita sa sœur.

« C’était parfait, Sweetie ! Tu ferais une excellente Ponytones ! »

Sweetie sourit, mais n’oublia pas qu’elle devait ce remplacement uniquement à cause de la défection de la pégase. « Me… merci, c’était intense. Fluttershy est vraiment très douée pour chanter tout le temps comme ça », dit-elle d’une voix cassée, en sueur et essoufflée par la dépense d’énergie.

Rarity ouvrit grand les yeux en entendant la petite voix de sa sœur. « Sweetie, ta voix ! Est-ce que ça va aller ? »

Sweetie leva un sabot pour la stopper et l’empêcher de s’inquiéter davantage, refaisant entendre sa voix brisée. « Oui… oui, ne t’inquiète pas, ça… ça devrait aller mieux demain. »

« Tu en es certaine ? » insista sa sœur, en se baissant pour s’approcher de sa sœur.

Sweetie hocha la tête, mais s’inquiétait déjà du lendemain. Elle était peu habituée à chanter aussi longtemps et avait peur de le payer très cher. Heureusement que le prochain concert n’avait lieu que dans trois jours.

Rarity n’insista pas et fit un petit câlin à sa sœur avant de la laisser seule.

J’aurai le temps de récupérer, pensa-t-elle en se dirigeant vers sa loge.

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Je ne pourrai jamais remonter sur scène, jamais, pensa Fluttershy, désespérée et sanglotant sur le lit de sa chambre d’hôtel, se repassant sans cesse le moment où elle avait laissé le groupe en plan.

Pourquoi ? Pourquoi je n’y arrive pas ? Pourquoi c’est aussi difficile ? se demanda-t-elle, avant de pleurer de plus belle, cachant son visage dans ses sabots et restant dans cette position pendant quelques minutes jusqu’à ce que ses larmes cessent temporairement de couler sur ses joues.

Seul le son de ses reniflements se faisait entendre dans la pièce. Le quasi-silence alors que les clameurs du stade auraient dû se faire entendre dans sa tête ce soir. Elle voulait rester dans cette position toute la nuit, jusqu’à ce qu’elle s’endorme et que le soleil du matin lui fasse oublier tous ses problèmes, comme avant. Alors, elle ne bougea pas, restant allongée sur son lit, serrant un oreiller dans ses sabots et enfonçant son visage dedans pour se cacher du monde extérieur.

Tout était calme.

« Je t’avais dit que c’était une mauvaise idée. »

Une voix lui fit relever la tête. Une voix qu’elle connaissait très bien. Une voix qui pouvait l’apaiser. Une voix qui chassait la peur dès qu’elle l’entendait. La seule qui le pouvait.

Elle tourna la tête vers la source du son.

« Discord ! »

Dos à elle et au bout du lit, le draconequus se tourna lentement et laissa la pégase se jeter dans ses bras pour l’étreindre avec amour. En sécurité avec lui, l’émotion reprit le dessus et elle se remit à pleurer, en étant cette fois réconfortée par son époux, qui passait tendrement sa serre d’aigle dans ses cheveux roses, tout en la berçant gentiment.

« Shh… shh… je suis là, je suis là, ça va aller », lui murmura-t-il à l’oreille pour la réconforter. Il s’allongea sur le lit avec elle, en la laissant se reposer au-dessus de lui pour qu’ils soient dans une position plus confortable.

Après quelques minutes, les pleurs cessèrent à nouveau. Fluttershy releva sa tête et regarda son mari.

« Tu te sens mieux ? » demanda-t-il.

Le regard toujours un peu triste, Fluttershy sourit faiblement et marmonna un petit : « Oui. Merci d’être venu », avant de lui embrasser la joue.

Le draconequus enroula son corps chaud autour d’elle pour fabriquer un petit cocon sur le lit, afin qu’ils soient collés l’un à l’autre. La pégase adorait être ainsi avec lui et le sourire qui revint sur son visage indiqua à Discord qu’il avait bien fait de venir la réconforter.

Bien au chaud, Fluttershy retrouva sa voix. « Comment tu as su pour… ? » demanda-t-elle en cherchant ses mots.

Discord fit apparaître de grosses lunettes de scientifique et des tas de graphiques autour de lui. « Mon sixième sens a détecté de fortes perturbations dans le cerveau de mon épouse. Je sais quand tu es triste, quand tu es heureuse, quand tu as peur… Et d’après mes calculs », il termina une équation à trois inconnues sur un tableau avant de répondre. « Tu as eu très peur ce soir », conclut-il avant de se retourner vers elle, qui était tête basse.

Fluttershy hocha la tête et serra contre elle la partie du corps de Discord qui lui servait de couverture.

« Je pensais que j’y arriverais… Il y a toujours quelque chose qui m’en empêche… » commença-t-elle à expliquer. « Comme si tous les mauvais souvenirs remontaient d’un coup. »

Un long silence s’ensuivit et une petite larme coula hors de ses yeux.

« J’ai trahi le groupe et mes amis. J’avais promis de pouvoir chanter et je n’ai pas réussi », souffla-t-elle.

Discord approcha son visage du sien et le remonta avec l’une de ses serres.

« Tu n’es pas obligé de continuer, tu sais. Tu tiens vraiment à t’infliger ça ? Encore ? » demanda-t-il calmement, avant de passer sa serre sur le visage de la pégase.

Elle resta de longues secondes avec le regard fixe, sans émotion visible sur son visage, avant qu’elle ne ferme les yeux et soupire.

« Si je ne le fais pas ici, je ne le ferai jamais. Je veux vaincre ma peur. C’est pour ça que j’ai dit oui à Rarity », expliqua-t-elle.

Discord laissa le silence pendre pendant quelques secondes.

« C’est vraiment la seule raison ? » insista-t-il. « Ce n’est pas comme si tu allais faire des tournées toute ta vie. »

Fluttershy choisit de ne pas répondre. Ou plutôt, choisit de poser une autre question.

« Comment va Rose ? »

Discord dessina un carré avec ses doigts et instantanément, l’image de leur fille assoupie au cottage apparut. Elle dormait paisiblement.

« Tu lui manques. Et tu me manques aussi », avoua-t-il en observant l’image pendant quelques instants.

Fluttershy retrouva son sourire et donna un tendre baiser sur les lèvres de son mari. Elle reposa le regard sur l’image de sa fille.

En la voyant, elle se rappela de pourquoi elle se trouvait à cet instant T dans cette chambre d’hôtel, pourquoi elle était sur la route et si proche des scènes qui la terrifiaient.

Pour Rose.

Fluttershy remarqua quelque chose dans les bras de la petite et plissa les yeux. Elle s’approcha de l’image et reconnut une petite peluche à son effigie, avec le costume vert et jaune typique des Ponytones. Elle retourna sa tête vers Discord, qui souriait en observant le même spectacle.

« C’est moi qui l’ai fait », déclara-t-il. « Et sans magie, juste avec mes petits doigts pour que Rose puisse dormir plus facilement », ajouta-t-il fièrement en prenant une pose victorieuse.

Un grand sourire se dessina sur le visage de la pégase et elle enroula ses sabots autour du cou de Discord pour lui faire un gros câlin, qu’il retourna avec plaisir avant de la laisser l’embrasser longuement.

Leur étreinte dura quelques instants avant que Discord ne reprenne la parole.

« Tu ne veux vraiment pas rentrer à la maison ? » demanda-t-il en suppliant un peu.

Fluttershy sourit et secoua la tête de gauche à droite. « Non. Ça ira. Je sais pourquoi je suis ici et personne ne me fera changer d’avis. Personne », affirma-t-elle.

Le draconequus fit son plus beau regard de chien battu et écarquilla grand ses pupilles en faisant trembler ses lèvres, essayant de la faire changer d’avis.

Fluttershy rit avant de se mettre à le caresser comme l’un de ses animaux. Discord fit frétiller sa queue et laissa les sabots de la pégase le chatouiller, avant qu’il ne la prenne dans ses bras pour la serrer très fort en continuant à entendre ses rires qui se joignirent aux siens.

Le jeu continua quelques minutes, avant qu’ils ne s’effondrent sur le lit, exténués. Fluttershy resta dans son étreinte, profitant encore un peu de cette douce chaleur bienvenue.

« Ne t’inquiète pas. Je serais très vite à la maison. Dis à Rose qu’elle me manque et que maman l’aime très très très fort », lui murmura-t-elle avant de le relâcher.

Discord se leva du lit et lui donna un dernier tendre baiser, qu’il fit durer un peu plus longtemps que les autres. Il se dirigea vers la fenêtre, ne s’arrêtant que pour la regarder une dernière fois depuis le rebord.

« Je t’aime », lui dit-il.

« Je t’aime », répéta-t-elle.

Et il s’envola dans la nuit, laissant Fluttershy seule avec elle-même.

Avec ses pensées.

Très vite, la pégase ressentit une gêne, comme si les démons qui l’avaient tourmenté ce soir revenaient déjà la hanter. Elle resta quelques secondes sur le lit, hésitante, ne sachant pas quoi faire.

Oh, et puis zut ! se dit-elle avant de foncer vers la fenêtre.

« DISCORD ! » cria-t-elle par la dite fenêtre. « DISCORD ! » cria-t-elle à nouveau quand elle ne reçut aucune réponse.

Toujours rien. Elle regarda longuement dehors, guettant un signe du draconequus, sans rien obtenir d’autre que les bruits de la ville.

La tristesse reprit le dessus et elle se retourna lentement vers le lit froid qui l’attendait, tête baissée.

« Vous m’avez demandé, princesse ? »

Elle releva sa tête d’un coup et vit le draconequus se tenir devant elle. Son sourire revint.

« Oui. Je… est-ce que tu pourrais rester avec moi cette nuit ? » demanda-t-elle, toute timide et les joues rouges. « Je… je n’ai pas trop envie de rester seule après ce soir. Au moins jusqu’à ce que je m’endorme pour ne pas laisser Rose seule à la maison toute la nuit. »

Discord s’approcha d’elle et la prit dans ses bras, avant de l’amener dans le lit, passant sa patte de lion et sa serre d’aigle autour de sa taille, son dos se collant contre son torse et sa tête posée sur la sienne pour sentir la douce odeur de sa crinière, dans la position qu’elle préférait (et la plus pratique) pour dormir avec lui.

Elle en était maintenant certaine.

Elle savait pourquoi elle remontait sur scène.

Demain est un autre jour, pensa-t-elle avant de s’endormir dans les bras de son draconequus.

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« NON ! »

« Comment ça, non ? Il faut qu’on lui parle ! »

Le sabot blanc prêt à toquer contre la porte de la chambre d’hôtel se fit arrêter net par une aura magique violette.

« Laisse-la seule, elle en a besoin, ce n’est pas le moment de la déranger », ordonna Sweetie en stoppant Rarity d’aller plus loin. « On lui parlera demain matin, calmement. Il ne faut pas la brusquer », ajouta-t-elle, la gorge en feu à cause du concert et la voix plus rauque que jamais.

Rarity la regarda longuement avant de reposer lentement son sabot au sol, se rangeant derrière les arguments de sa sœur pour ce soir.

« A… allons-nous coucher. La nuit porte conseil », suggéra-t-elle. Sweetie acquiesça et toutes deux se dirigèrent vers leur étage, laissant le couple s’endormir paisiblement derrière la porte.

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Le lendemain matin

Le soleil éclairait largement la petite chambre d’hôtel et ses rayons attaquaient maintenant les paupières de Fluttershy, qui s’agitèrent avant que la pégase ne se retourne et ne les ouvre péniblement, encore fatiguée de sa nuit.

Elle fit de grands mouvements pour s’étirer et constata que le lit était vide. Elle se leva à toute vitesse et fit remonter les souvenirs : le concert raté, l’hôtel, les pleurs, Discord…

Le draconequus était reparti en laissant un mot sur la table de nuit, que Fluttershy prit entre ses sabots.

« Il fallait bien que quelqu’un soit là pour réveiller Rose et l’amener à l’école, n’est-ce pas ? Je suis resté jusqu’à ce que tu t’endormes et je t’ai surveillée depuis la maison. À bientôt, princesse. »

En bas de la lettre, un cœur était dessiné avec une marque de baiser faite au rouge à lèvres.

Fluttershy sourit, se leva de son lit et se prépara à faire face au reste du groupe lors du petit-déjeuner, avec une détermination retrouvée.

Tout le groupe était au complet, sauf Mac qui le prenait d’habitude toujours plus tôt que les autres et manquait souvent à l’appel. Les regards se tournèrent tous vers Fluttershy lorsque la pégase montra le bout de son museau.

« Bonjour », dit-elle de sa voix timide en prenant place sur un siège vide.

Les autres répétèrent le mot, encore plus timidement. Chacun attendait que l’autre lui parle, mais c’est Fluttershy qui prit la parole la première.

« Je suis désolée pour hier soir », commença-t-elle. « Je pensais pouvoir y arriver par moi-même et… je n’ai pas pu. Je sais que je vous ai laissé tomber et… je suis désolée », répéta-t-elle.

Rarity prit la parole. « Fluttershy, darling, nous savons que ça a toujours été difficile pour toi. Mais puisque tu as choisi de rechanter avec nous, pourquoi tu ne nous as rien dit ? »

La pégase chercha ses mots pendant quelques longues secondes. « Je croyais que je pourrais le faire. Que je pourrais vaincre mon trac. Je n’ai pas peur de chanter, c’est juste la foule qui m’effraie. »

« Tu penses que tu pourras y arriver lors du prochain concert ? » demanda Toe, un peu inquiet pour la suite de la tournée.

Un silence s’installa à nouveau. « Il faut que je retrouve la chose qui m’a fait tenir pendant les autres tournées. Et… je crois l’avoir retrouvé », finit-elle, mystérieuse.

Les autres se regardèrent avec surprise, mais ne poussèrent pas plus loin, en sachant qu’ils avaient une solution de rechange avec Sweetie si le problème se posait à nouveau.

En parlant de Sweetie, celle-ci avait constaté au matin que la nuit n’avait pas résolu son problème de voix et que même avaler était devenu difficile. Mais elle ne voulait rien montrer quand Fluttershy était là, pour ne pas lui donner plus de pression.

La douleur finit par devenir trop dure à supporter et elle fit venir un médecin à l’hôtel avant le départ vers la gare. Verdict : interdiction d’enchaîner deux concerts comme à Baltimare sous peine de repos complet des cordes vocales pendant une semaine. Les siennes étaient très sensibles, trop même. Elle chantait beaucoup et devait y aller au ralenti par moments pour conserver son timbre de voix unique.

Elle choisit d’annoncer la nouvelle dans le train qui les menait à leur nouvelle destination : Seaddle.

Le trajet était court, une petite heure et Sweetie prit la parole peu après le départ, en présence de tout le groupe, la voix toujours fragile.

« J’ai… j’ai vu un médecin, ma gorge me faisait trop mal après le concert », expliqua-t-elle. « Il m’a interdit de chanter avec vous ou je ne pourrais plus chanter pendant une semaine. Apparemment, Fluttershy atteint des notes quasi-impossible à chanter normalement », sourit-elle en tournant la tête vers la pégase, qui rougit en entendant le compliment. Elle ne comprit pas de suite ce que cela impliquait pour elle.

Rarity semblait la plus touchée et prit sa sœur dans ses sabots pour un petit câlin. « Oh, Sweetie, je suis navrée de t’avoir forcé à chanter, mais nous n’avions pas vraiment le choix… » compatit la licorne.

« Ce n’est pas grave », la rassura rapidement sa sœur. « Il faut juste que ça évite de se reproduire. »

Instinctivement, les regards se tournèrent vers la pégase jaune, qui écarquilla les yeux, comprenant ce que ces paires d’yeux fixés sur elle voulaient dire.

« Oh… euh… ne t’inquiète pas Sweetie, ça n’arrivera plus… J’espère », dit-elle, d’un ton peu convaincant.

Les regards retournèrent vers le paysage, les magazines qui se trouvaient dans les sabots, ou se refermèrent pour profiter d’un peu de repos jusqu’à l’arrivée dans la prochaine ville.

Fluttershy regarda Sweetie, qui lui souriait avec des yeux pleins d’empathie. « Ça ira », lui marmonna-t-elle à voix basse. La pégase hocha la tête et sourit, l’esprit partant déjà vers celle qui lui donnerait la force de monter sur scène, espérait-elle. Pour de bon cette fois.

Je tiendrai ma promesse, Rose.

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Note de l'auteur

Pour les ellipses, j'ai choisi d'utiliser ce système d'espace au lieu des "*****" classiques. Qu'en pensez-vous?

A chaque concert ses problèmes, n'Est-ce pas? Fluttershy surmontera-t-elle sa peur au prochain show à Seaddle? Réponse dans... un peu plus que deux semaines en fait. Le prochain chapitre n'arrivera que dans un mois. Pourquoi? La réponse est simple:

Dans deux semaines, je serai à l'Hearth's Warming Con à Hoofddorp. Et la semaine d'après, je serai... j'ai très hâte de vous le dire, mais je posterai un billet sur le site qui vous en dira plus. Disons juste que j'attends ce moment depuis près d'un an et que je n'en ai jamais été aussi proche.

Serez-vous aussi aux Pays-Bas dans deux semaines?

Et puisque c'est la Saint-Valentin (en tout cas au moment où j'écris ces lignes), un petit message d'amour: Bronie, même si tu n'aimes pas ma façon d'écrire et que tu me reproches beaucoup de choses, je t'aime quand même. Un jour, tu seras fier de moi.

See you next month! Ou à Hoofddorp, c'est selon. Je serai de toute façon impossible à manquer avec ma peluche Braeburn.

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BroNie
BroNie : #34914
Ciel, un élement perturbateur, je n'étais pas préparé à ça ! oO

Non, je suis un peu méchant. Ce chapitre m'a plus plu que les précédents. Je bloque quand même sur certains points comme le fait qu'ils remplissent un stade de 50 000 personnes, mais que la presse les boude, ou que Sweetie puisse remplacer Flutter au sabot levé, sans que ça ne pose aucun problème, ni au groupe, ni au public, ni à la régie, tout passe crème.

L'astuce qui permet à Flutter de tenir sur scène malgré son stress est...plutôt bien trouvée ma foi.

Je n'irais pas jusqu'à dire que je me mets à applaudir la fic des deux mains, mais je sens un frémissement, et ça c'est cool. Continue comme ça, t'es sur la bonne voie.

PS : défi relevé, monsieur Inglo. Défi relevé.
Il y a 2 ans · Répondre
Inobi
Inobi : #34649
Super chapitre, j'attends la suite. J'adore ta dynamique entre Fluttershy et Discord.
J'attends de voir les réelles raisons de la rupture du groupe, même si j'ai des idées sur ce qu'il s'est passé. J'ai hâte de voir la fin.
Il y a 2 ans · Répondre
PhoenixBleu
PhoenixBleu : #34588
Bien marrant l'interview de Mac, toujours fidèle à lui-même. ^^
Un bon chapitre, très bien même qui rend bien les émotions ressenties par Fluttershy. J'ai bien aimé son petit aparté avec Discord. L'histoire monte en intensité.

Pour les ellipses, personnellement, les espaces, c'est ce que je fais, donc c'est pas moi qui va te contredire sur ton nouveau choix ! ^^

Bon séjour chez les bataves et à dans un mois ! ^^
Il y a 2 ans · Répondre
jojo
jojo : #34560
Trop Jojo comme d'habitude ^^
Il y a 2 ans · Répondre

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