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MAI - My Arcane Intelligence

Une fiction écrite par lnomsim.

Chapitre 11 - Baptême - Partie 1

Chapitre 11 : Baptême – Partie 1

"Plus sérieusement, c'est quoi le plan ?"

Nous venons tout juste de retourner à la suite de l'hôtel, que déjà la ponette blanche m'agresse, je n'ai même pas eu le temps de fermer la porte.

"Pour le moment ? J'envisage de trouver le bouton pour vous faire taire, et éventuellement un moyen de quitter la ville sans me faire voir. Vous me dénoncerez ou je dois aussi vous réduire au silence ?"

"Peuh, essaye donc..." Elle n'a même pas attendu que je l'invite pour entrer à ma suite, j'en profite pour fermer la porte. Ou du moins essayer, avec la poignée et le seuil fracassés, le mieux que je puisse faire est de la laisser tenir sur ses gonds. Mmh... Le service de chambre laisse à désirer, j'aurais pensé qu'avec le temps, quelqu'un serait venu la réparer.

"Si tu ne peux pas te débrouiller, je suppose que je vais devoir te chaperonner, encore !" Arrivée au centre du salon, elle se retourne vers moi avec cette pose fière.

"Je n'ai pas souvenir de vous avoir vu me chaperonner." je lui réponds lassement avant d'entrer dans la chambre. "Et j'ai quelque chose à faire avant de tenter quoi que ce soit."

"Quoi donc ?" me demande-t-elle avec curiosité.

"La deuxième chose que les princesses m'ont demandé de faire une fois le problème identifié-"

"Qui est ?"

"Si vous ne me coupez pas : qui est d'essayer d'obtenir le soutien des autorités." J'entre dans la garde-robe et retient un sourire de soulagement à son absence de réaction, qui est bien trop courte à mon goût.

"C'est complètement débile." lâche-t-elle simplement. Et je suis bien d'accord avec elle, mais sait-on jamais, s'ils venaient à faire quelque chose, ça me faciliterait la tâche.

Ah, voilà ce que je suis venue chercher. La malle trône toujours au milieu de la pièce, éclairée à la lueur des DEL, une fois ouverte, deux pièces sombres de tissus et de plastique s'offrent à ma vue.

"Ooh... BDSM, hein ? Je parie que la changeline est la dom..."

Mon sabot se retrouve aussitôt au visage de la ponette au dessus de mon épaule. "C'est beaucoup trop tôt pour ce genre de plaisanterie." Je vérifie le contenu de la malle, et tout y est, nos deux combinaisons, nos deux lunettes et kits de connexion au MAI. "Ce sont tout sauf des combinaisons SM." Quoique, il faut certainement avoir un penchant masochiste pour enfiler ça. Est-ce que je suis une masochiste ? Je ne me rappelle pas avoir pris beaucoup de plaisir aux mésaventures de ces derniers jours, mais je dois admettre à contrecœur qu'une sorte de routine s'est installée.

Tant que je ne ressens pas de plaisir, je ne suis pas masochiste, hein ? Bah, ce n'est pas comme si j'allais avoir une réponse en laissant mon esprit vagabonder sur ce genre de terrain...

"Tu veux vraiment une réponse ?"

"Gah !" Je sursaute à l'intervention de mon implant, j'en avais presque oublié ce léger détail.

"Quelque chose ne va pas ?" me demande Quick Fix, qui se frotte toujours le museau.

"Si je vous disais que mon implant a une voix, et que depuis ce matin, cette voix me parle, vous me croiriez ?" lui demandé-je en me retournant.

"Je croirais surtout que tu es folle." dit-elle après s'être remise sur pattes. "Mais je n'ai pas besoin de ce genre de détail pour en être convaincue. Je n'ai jamais vu quelqu'un se noyer dans une baignoire..." ajoute-t-elle dans sa barbe. "Donc, qu'est-ce que c'est ?" demande-t-elle plus sérieusement, son sabot pointé vers les combinaisons.

"Vous êtes mon agent de liaison ?" Je prends l'une des deux lunettes et son kit pour me retourner vers la ponette.

"Oui, et ?" demande-t-elle en soufflant sur ses mèches.

"Bien." Je la saisis par l'encolure et lui bloque le cou sous l'une de mes pattes, de l'autre, je pousse sa crinière, à la recherche de l'une de ses cervicales, ah ! La voilà !

"Hé ! Qu'est-ce que tu fais ?!" s'écrie-t-elle en essayant de se débattre.

Le câble entre les dents, je branche le kit dans son implant, elle pousse un cri de surprise et je la relâche. Elle se met à danser sur place, un de ses sabots désespérément à la recherche de ce que je lui ai mis dans la nuque. Je me contente de la regarder jusqu'à ce que ça devienne lassant. Puis je lui bloque la tête entre mes sabots pour lui placer la lunette derrière l'oreille. L'écran vert s'allume et affiche la liste de commande déroulante devant les yeux effrayés de la ponette.

Finalement, la liste fait place à la boussole et je peux la voir tourner de l'œil. "Qu'est-ce que t'as fait ? J'me sens pas très bien." dit-elle en titubant.

"Très bien, c'est l'effet voulu." Je pourrais lui dire comment se concentrer pour faire la mise au point, mais ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de tourmenter un poney de son espèce. Et bon sang, je dois l'avouer, ça fait un bien fou d'être pour une fois celle qui cause du tort au lieu de le recevoir. "Pardonnez-moi, vous êtes une Me, je ne pensais pas que cela vous poserait problème si je trifouillais votre implant." je lui indique nonchalamment, j'ai du mal à retenir un sourire en la voyant vaciller, comme si la pièce autour d'elle s'était mise à tournoyer sur elle même. A y repenser, j'ai eu de la chance que celle-là ait encore son implant. Elle lève un sabot et s'apprête à retirer l'appareil mais je l'interromps. "Vous devriez la garder, on va très probablement en avoir besoin si les choses venaient à mal tourner."

Je retourne à la malle, le temps qu'elle se remette, puis en sors mon propre kit et le branche. Hé, je deviens bonne à ça, une légère contorsion du sabot, le métal froid de la prise vient glisser contre ma nuque jusqu'à trouver le bout métallique enfoncé dans ma première cervicale, et dans un clic, le tour est joué.

C'est à mon tour de ressentir un léger malaise lorsque l'ATH de ma lunette vient fusionner avec mon champ de vision. La boussole clignote trois fois et se stabilise. Je ferme les yeux pour retenir ma nausée, quand je les rouvre, mon mal de tête a disparu et plusieurs points lumineux ainsi qu'une flèche viennent s'ajouter au décor.

A ma surprise, Quick Fix apparaît comme un point vert, tandis que plusieurs points rouges viennent parsemer la boussole ici et là. Hm, ce sera moins compliqué que je ne l'aurais cru, avec ça, je pourrais même trouver un moyen de localiser et neutraliser l'émetteur. A cette pensée, la flèche grossit et change de direction. Vraiment ? Si facile que ça ?

Après m'être retournée, je me rends compte qu'en réalité la flèche n'a pas grossi, mais s'est divisée en plusieurs petites autres, qui pointent toutes dans une direction différente. Dont une en plein sur la ponette.

"Vous savez où se trouve l'émetteur ?"

Elle s'est assise et se tient la tête entre les sabots. Elle ouvre un œil avec difficulté qui vient me fixer d'un regard endolori.

"Fermez les yeux et concentrez-vous sur ce que vous voulez et ne voulez pas voir." je lui explique. "L'image devrait finir par se stabiliser et les fantômes disparaître."

Si elle a la même expérience que moi la première fois, elle doit être en train de voir les silhouettes d'autres poneys et l'illusion en train de lui brûler les yeux au point de lui déclencher la migraine de sa vie. J'aurais voulu en profiter encore un peu, mais si je peux gagner du temps, il vaut mieux qu'elle soit en état de répondre.

Une autre chose que j'aimerais éviter, serait de découvrir si le système de télépathie est capable de transmettre autre chose que des pensées, comme... la douleur... Heureusement, pour le moment il ne semble pas s'être déclenché sur son appareil. Et j'espère que le mien non plus où que j'ai bien pratiqué mes exercices mentaux.

Ses paupières se ferment et elle fronce les sourcils, puis les rouvre au bout de quelques secondes et laisse s'échapper un soupir de soulagement. En revanche, son regard est tout sauf serein, mais si elle se veut intimidante, ça ne prend pas sur moi.

Je ne suis pas très grande, par conséquent, j'ai du mal à percevoir tout ce qui est plus petit que moi comme une réelle menace. Elle a beau être assez costaude pour me tirer sur plusieurs dizaines de mètres, elle reste un poids plume, pour une fois je suis assez confiante, je pense que je pourrais la maîtriser si elle venait à tenter quoi que ce soit.

Hé, c'est une idée ! Pourquoi attendre qu'elle tente quelque chose, si je me débarrasse d'elle maintenant, Scarlet n'aura plus d'yeux pour me surveiller : je pourrais filer en douce, et... attendre qu'elle fasse ce qu'elle va faire et... m'infiltrer dans le repère des Me ? Retrouver Night Stalker ? Mettre Green Pasturges à feu et à sang pour éradiquer toute forme de problème ?

"Tu es au courant que j'entends tout ce que tu penses ?" résonne une voix dans ma tête. Non, pas la voix métallique de mon implant, celle d'une ponette aux mèches bleues qui se tient devant moi et qui n'a pas une seule fois bougé les lèvres.

Mince ! Faut croire que mes exercices mentaux n'ont pas servi à grand chose !

"Ou simplement que des années d'entraînement pour ma part valent mieux que seulement quelques semaines pour toi."

Je me contente simplement de la regarder avec des yeux de merlan frit.

Elle souffle d'exaspération avant de reprendre, toujours sans ouvrir la bouche. "Non, je ne lis pas dans tes pensées, mais si ces appareils nous permettent de communiquer par télépathie, tu as encore beaucoup de boulot à faire pour ne pas parasiter."

"Quant à me maîtriser..." Elle s'approche de moi avec un sourire, une ombre projetée sur son visage par ses mèches. Je n'aime pas cette expression.

Dans un mouvement fluide, sans même que j'ai le temps de comprendre ce qui arrive, elle me saisit par la patte non bandée et se met à tournoyer sur ses jambes. L'instant d'après, je suis en train de voler pour simplement me crasher à l'autre bout de la garde-robe, et je n'exagère pas quand je dis qu'elle est grande.

"J'ai été prise au dépourvu et je t'ai sous-estimée." dit-elle en me surplombant alors que je la regarde, croupe au dessus de la tête. Pas elle, moi. Après voir parcouru plus d'un mètre dans les airs et me prendre un mur dans la face, la position n'est pas si inconfortable. "Ce n'est pas une erreur que je fais deux fois."

Elle m'offre un sabot pour m'aider à me relever. Peuh ! Comme si j'en avais besoin, je peux très bien me débrouiller seule ! D'un coup de hanche, j'envoie mes jambes passer au dessus de mon museau, jusqu'à ce qu'elles touchent le sol à quelques centimètres de mon visage. C'est à peu près à ce moment là que mon corps me rappelle que je ne suis pas d'un naturel très flexible. Est-ce que c'est bon signe quand chacune de mes vertèbre produit comme un *clac* pour envoyer un courant de douleur le long de chacun de mes muscles ? Pire que tout, j'ai la nuque bloquée entre ma poitrine et le sol !

D'un coup de sabot, Quick Fix m'envoie rouler sur le côté, et c'est comme si chaque muscle et chaque os retrouvait sa place. En même temps. Hé ! C'est pas si désagréable en fait ! Je crois que je viens aussi de comprendre d'où elle tient son surnom.

"Ça promet..." Le même sabot vient lentement glisser sur son visage. Pour rappel, je ne lui ai rien demandé.

Je me relève et ébouriffe ma crinière. Par bonne mesure, j'essaye aussi de me dépoussiérer, mais je suis bien forcée de retirer ce que j'ai dit sur le service de chambre. Il n'y a pas un seul grain de poussière, et pourtant nous sommes dans un placard, un très grand placard même. Est-ce qu'on doit vraiment causer du tort à des poneys qui sont capable de si bien entretenir un tel endroit ?

"Oui..." souffle-t-elle agacée. "Et nous n'allons causer de tort à personne, au contraire. Tout ce que tu as à faire, c'est neutraliser l'émetteur, et crois-moi, tout le monde s'en portera bien mieux."

"A condition que tu ne fasses pas tout foirer." ajoute-t-elle en détournant le regard. "Donc, qu'est-ce que tu prévois de faire ?"

"Je ne change rien, je dois d'abord m'assurer de l'implication des autorités, c'est ensuite que ça se corse." je lui réponds en reprenant mon sérieux. "Vous savez où est l'émetteur, comment j'y accède ?"

"Ça c'est à toi de le découvrir, Scarlet veut que tu te débrouilles seule."

"Scarlet veut voir comment je me débrouille." je la rectifie. "Et la première étape c'est de récolter les informations pour établir mon plan d'action. J'ai besoin d'informations, vous avez ces informations. Donnez-les-moi." Je lui demande avec un ton que j'espère sans appel.

"Sinon quoi ?"

"Sinon je me débrouille seule. Prête à voir votre plan partir en fumée ?" Pour ce que j'en ai compris, elle était déjà prête à passer à l'action, je doute qu'elle veuille tout voir foirer alors qu'elle était sur le point de réussir.

Elle se raidit légèrement, puis souffle et se relâche. "C'est donc tout ce dont tu es capable ? Faire gentiment ce que te demandent les princesses et me pousser à bout pour faciliter le travail ? Ça ne prend pas."

Oui, bien sûr, me contenter de faire ce que me demandent les princesses, parce que me 'débrouiller seule', ce n'est absolument pas faire ce que me demande Scarlet. Si elle veut tant que ça que je réussisse, autant éviter de me mettre des bâtons dans les roues.

"Je vote pour le plan où on met tout à feu et à sang."

"Merci, petite voix dans ma tête." je réponds mentalement à la voix de mon implant. Mais si je reste réaliste, ce n'est pas vraiment une option.

"Il reste une solution." reprend la voix métallique.

Mon champ de vision s'assombrit et je suis prise d'un léger vertige. Des lignes blanches commencent à se former devant moi, elles avancent lentement sur les étagères, les murs, le sol, et la ponette. Leur progression continue jusqu'à ce que le plan d'un bâtiment apparaisse devant moi. Le tout se termine lorsque la plupart des points rouges sur la boussole se dupliquent pour se placer sur le plan.

"Qu'est-ce que- ?" demande la ponette blanche. A son expression, elle doit voir la même chose que moi.

C'est possible ça ? Je ne savais même pas que ces trucs en étaient capables, ni même que je pouvais accéder à ce genre d'information.

"Tu t'es déjà servie de ton implant ?" demande la voix... de mon implant.

"Jamais comme ça." Je pointe un sabot vers la carte, "Qu'est-ce que c'est ?" je demande à l'attention de Quick Fix.

"C'est le bâtiment principal de la station." Elle sort de la garde-robe et se dirige vers la fenêtre de la chambre, puis pointe le grand bâtiment sur lequel se dresse une antenne gigantesque.

Je n'avais pas fait attention la dernière fois, mais le colosse de métal s'élève plus haut que la plupart des antennes que j'ai pu voir jusqu'à maintenant. Ce n'est certainement pas le genre qui est utilisé pour relayer la télévision -pas assez de râteaux ou de paraboles. Non, juste une monstruosité sans nom, un enchevêtrement de poutres qui grimpent vers le ciel pour finir sur une sorte de sphère.

Je ne sais pas quel crime est le pire : le fait que cette chose permette de transformer la vie des poneys normaux en zombies à la solde des corporations ; le fait que ce soit absolument hideux et qu'elle détruise l'image de paradis vert que j'avais en tête ; ou pire encore, que cette antenne diabolique tout droit sortie d'une bande dessinée n'ai mis la puce à l'oreille de personne. Pourquoi m'a-t-on envoyée ici ?

Je ne vois qu'une seule explication, ça ne peut être que ça, c'est une gigantesque blague. C'est ma punition pour être différente. Les princesses voulaient que je meure, et comme ça ne suffisait pas, elles ont décidé de me ramener à la vie et m'envoyer en vadrouille avec une changeline prédatrice sexuelle pour qu'elle s'occupe de moi une seconde fois.

Je vais aller voir la garde, ils vont m'envoyer balader, je vais trouver l'émetteur, et là tout le monde va apparaître par magie en criant 'SURPR-'

"ON SE CONCENTRE !"

Je me plaque les sabots contre les oreilles. Elle est petite, mais elle a une voix qui porte, néanmoins je dois reconnaître que c'est très efficace, j'en ai les oreilles qui sifflent.

"T'as vraiment un grain..." souffle Quick Fix. "Garde tes théories foireuses pour plus tard et concentre toi plus sérieusement, le temps passe et tu n'as toujours rien fait."

Oui, le plan... le plan... le plan...... Comment je fais pour faire réapparaître le plan ... ?

"Il suffit de demander." répond mon implant.

Et en effet, le plan du bâtiment revient se dessiner devant moi, ou plutôt, nous.

"J'aimerais que tu préviennes avant de faire ça." signale Quick Fix en clignant des yeux.

Je me contente de me racler la gorge, inspirer un bon coup et me détendre. Ce n'est pas que je veuille lui donner raison, mais si je ne reprends pas mon sérieux, je n'arriverais à rien. Après m'être assurée de la non-coopération de la garde, il faudra que je fasse vite avant qu'elle ne réagisse. Si les Richs sont à l'origine de leur corruption, je doute qu'ils voient d'un bon œil le fait que je sois ici pour les faire tomber.

Ce qui mène à la phase deux du plan, trouver rapidement l'installation des Richs et la neutraliser. Mais pour ça, il faut encore que je sache où elle est exactement ! La carte est chouette, vraiment, j'aime comme elle se fond sur le décor, le détail de chaque pièce, la position de chaque garde et le fait que tout soit labellisé, ça pourrait être d'une très grande aide... Si ce que je cherchais était indiqué dessus.

La seule partie détaillée représente l'atrium à l'entrée et toutes les chambres, salles de relaxation ou encore les cabinets d'entretien. Soit seulement la moitié du bâtiment, aussi la moitié qui comporte le moins de points rouge. J'en conclu que ce que je cherche se trouve dans l'autre moitié.

"Quelle perspicacité..." interviennent platement les voix de Quick Fix et de l'implant.

"Et ça ne m'avance à rien du tout !" m'écrié-je en grognant. "Je ne sais toujours pas où ça se trouve et vous oui, si vous ne voulez pas qu'on perde de temps, dites-le moi !" Après coup, je ne pense pas que le mode caprice puisse avoir un meilleur résultat.

Quoique, à son air ennuyé, si je pousse les bons boutons, je finirai peut-être par la pousser à bout ? Au point où j'en suis, ça ne fera pas grand mal à ma dignité.

"Dites-le moi ! Dites-le moi ! Dites-le moi ! Dites-le moi !" Non, je n'irai pas jusqu'à me rouler par terre, même si l'envie s'en fait sentir. "Dites-le moi ! Dites-le-"

"LA FERME !!!"

Mon cerveau se retrouve prisonnier d'une tenaille qui serre toujours plus fort à chaque instant qui passe. Note à moi-même, ne plus jamais faire crier quelqu'un pendant une connexion télépathique. Ça y est je me roule par terre, mais de douleur, la tête entre mes sabots pour empêcher que ce qui y reste ne s'échappe par mes tympans.

"Refais ça encore une fois, et je t'apprendrai ce qu'est la vraie douleur," résonne la voix métallique.

"Tu ne peux vraiment pas te comporter comme un poney normal ?" demande Quick Fix agacée.

"Bah, ce n'est pas comme si je m'attendais à une réponse de toute façon," je lui réponds une fois relevée. Nouveau dépoussiérage, tout aussi inutile que le premier, mais j'ai menti. Je tiens quand même au peu de dignité qu'il me reste. Si, je suis sûre qu'en cherchant un peu il doit en rester.

"Puisque c'est comme ça, la phase deux, je suis sûre que vous allez aimer."

"Comment ça ?" Elle hausse un sourcil.

"La phase deux, je n'infiltre dans le complexe et je prie les princesses pour que mon talisman dure assez longtemps pour trouver l'émetteur."

Je ne pense pas que la durée du talisman soit un réel problème : dans l'aile de la nuit, nous l'avions activé alors que nous étions dans les airs, et le temps que nous avions passé dans la salle de préparation avait probablement déjà du bien puiser dans ses réserves. Je prends ma tenue et observe la petite pierre en forme de losange noir violacé. Bien entendu, il n'y a aucun indicateur sur sa charge magique, ce serait bien trop simple.

Bien que jusqu'à maintenant la carte et la boussole aient déjà été d'une grande aide. Avec ces deux là, une fois à l'intérieur, je ne devrais pas avoir de mal à me diriger et enfin mettre un terme à cette histoire, j'essaierai juste d'utiliser le pouvoir de la combinaison le moins possible. Mais avant ça... "Il va falloir que vous m'aidiez à mettre ma combinaison," lui indiqué-je platement.

"Quoi ?"

"Ma combinaison, elle est un peu serrée, j'ai besoin d'aide pour la mettre..."

"Vraiment ?" me demande-t-elle aussi platement. Elle a encore du travail à faire, quand tout ça sera terminé, je lui donnerai peut-être des leçons.

"Vraiment."

"Et ensuite ?"

"Ensuite, je cherche l'émetteur, je le neutralise et je me barre d'ici."

...

...

C'est gênant, elle ne réagit plus et je n'ai plus rien à dire. Est-ce que je suis censée raccrocher la première ? Comment est-ce qu'on raccroche dans une conversation normale ? La conversation était à moitié télépathique, est-ce que si je coupe le lien ça compte ? Comment est-ce que je coupe le lien ?

Un clac se fait entendre et le portrait de Quick Fix disparait de ma vision, en même temps qu'un léger malaise se fait brièvement ressentir. Est-ce que ça a marché ? Un, deux, un, deux, test, ça marche ?

"Elle a raison, tu as vraiment un... 'grain'."

"Merci, petite voix dans ma tête, tu as toujours les mots pour me remonter le moral."

"Es-tu si ignorante, 'petite voix dans ta tête', tu vas encore m'appeler comme ça longtemps ?"

"Je ne suis pas ignorante, je suis dans le déni. Avec les choses qui sont arrivées ces derniers temps, il se trouve que c'est probablement ce qui m'aide le plus à rester saine d'esprit. Je me répète, mais je me suis pris une bombe, me suis retrouvée forcée à travailler pour des terroristes, je suis morte, j'ai partagé trois semaines avec une changeline qui a voulu me violer, et maintenant j'ai une alicorne qui rêve de ruines et de poussière dans ma tête. Je trouve que le déni est une réaction tout à fait normale pour me protéger de la folie."

"Et pourtant tu reconnais ma présence, si tu étais dans le déni, tu m'ignorerais."

"Avec ce que vous faites, il est difficile de vous ignorer." Je marque une légère pose dans mon monologue mental avec la jument de la nuit, est-ce que je peux elle aussi l'appeler la jument de la nuit ? Est-ce que c'est une désignation exclusivement réservée à la princesse Luna ? D'un certain côté, c'est une part de Luna non ? Argh ! Je m'écarte, elle a raison, si je réfléchis à comment l'appeler, c'est bien que je reconnais son existence, et sa... présence, là dedans, oui, ma tête, ou mon implant, peu importe.

"Peut-être que ce n'est qu'un demi-déni, et que je suis aussi à demi-folle."

"Tu es juste perturbée, pas folle, ou je ne serais pas là. Je souhaiterais simplement que tu t'adresses à moi d'une autre façon que 'petite voix dans ta tête'. Ce n'est certainement pas un nom qui convient à ma personne."

Et moi j'aimerais qu'elle aille squatter dans la tête de quelqu'un d'autre, est-ce qu'il n'y a pas assez de poneys dérangés dans mon entourage qui seraient des candidats potentiels ? Pourquoi serait-ce à moi de me coltiner tous les poneys bizarres ?

"Comment est-ce que je dois vous appeler alors ? Moonie ?"

Ouchie, je pensais qu'elle plaisantait quand elle disait qu'elle pouvait me faire sentir la douleur.

"Je préfère être appelée par mon nom," dit-elle d'un ton hautain, mais je peux quand même ressentir l'offense dans sa voix. "Appelle-moi Night Mare."

"Nightmare ? Comme le cauchemar ?- Aouch ! D'accord, d'accord, Night-Mare."

Ce n'est pas comme s'il était aussi facile de marquer la nuance. Et à y penser, me voilà avec la troisième Night que je connaisse qui ait décidé de me pourrir la vie. Est-ce que j'ai fait quelque chose à la Lune pour qu'elle m'en veuille autant ? C'est pour ça que la princesse Luna faisait preuve d'autant d'animosité à mon égard ?

"Je n'ai pas l'intention de te 'pourrir' la vie, bien au contraire, je te l'ai dit, je ne suis là que pour t'aider."

"Et je vous l'ai dit, je ne veux pas de votre aide."

"Qu'est-ce que tu attends ?" demande l'autre ponette. Celle qui est là, physiquement, je veux dire.

"C’est mon manque d’apparence physique qui te dérange ?"

"Rien, allons-y," je réponds, pour le moment je vais essayer d'ignorer celle qui a élu domicile dans ma tête.

A ma surprise, Quick Fix ne réagit pas à mon emploi du pluriel et me suis à l'extérieur de la suite, puis hors du bâtiment. Le soleil profite immédiatement pour venir me brûler la rétine. Quel que soit l'abruti ou le génie qui ait conçu cette lunette, j'aimerais beaucoup savoir pourquoi il n'a mis qu'un seul verre. Et quitte à le teindre en vert, pourquoi ne pas lui mettre de protection solaire ?

La flèche a de nouveau fusionné pour pointer vers le poste principal de la garde municipale. Nous la suivons en longeant un petit sentier de gravier orange au milieu des parcs et jardins qui séparent les différents bâtiments du complexe. A chaque gravillon qui vient frotter contre mon sabot gauche, je serre les dents sous la douleur, je doute qu'un simple bandage suffise à soigner un sabot fendu, et surtout, j'espère que ça ne posera pas problème lors de l'infiltration.

Quoi qu'à y penser, la combinaison est assez renforcée et souple, avec de la chance, je ne sentirai même pas ma patte une fois à l'intérieur. Dommage que la guérison de Night Stalker ne se soit pas étendue jusque là. Bien qu'au final elle ne se soit pas étendue à grand chose, juste... ce qu'elle m'a fait... en partie. J'ai toujours légèrement mal au dos. Et à la queue. Mais je peux difficilement lui en vouloir pour ce dernier point, la seule responsable se tient juste quelques mètres devant moi sur le sentier.

Je ne risque pas de la perdre. Pour un centre de vacance, il est drôlement vide, nous n'avons croisé aucun poney depuis que nous avons quitté le repaire des Me, et les parcs sont vides. Enfin, à l'exception de leur pelouse taillée à raz et des diverses parcelles de fleurs, comme si la montagne était morte et que nous étions les deux derniers poneys à en fouler le sol.

Et la marche continue dans ce silence pesant. Ou pas tant que ça finalement, pas un seul bruit de moteur, pas de foule, pas les cris agaçants de poulains ou les conversations ennuyeuses des zombies se racontant leur vie préprogrammée. Juste le léger son du vent dans les arbres ou celui de nos sabots sur le gravier. Ça détend, l'espace d'un instant, j'ai l'impression d'être à des kilomètres de tous mes problèmes, la vie reprend son cours paisible et mes tracas s'effacent pour laisser place à la sérénité. J'avais presque oublié ce mot.

Mais l'espace d'un instant seulement...

"Si c'est mon manque de consistance qui te pose problème, je crois avoir trouvé une solution," reprend Nightmare Moon. "Tout d'abord, laisse moi me débarrasser de cette 'voix dans ta tête'."

Puis plus rien, je suis toujours derrière Quick Fix. Le gravier a laissé place à des dalles de pierre lisse maintenant que nous longeons le bâtiment principal. De près, il est gigantesque, c'est à se demander pourquoi tous les autres bâtiments ont étés construits autour. Il est aussi grand qu'un hangar à dirigeable, et dire qu'il ne sert qu'à héberger des vacanciers, je n'ose pas imaginer combien de poneys il y a là-dedans. Et aussi pourquoi ils préfèrent rester enfermés plutôt que profiter de la montagne.

"C'est simplement parce que c'est un ancien hangar à dirigeable," annonce une voix sur ma gauche. "Les Richs voulaient regrouper le maximum d'installations pour les mettre à la portée de leurs clients. Chambres d'hôtel, restaurants, spa, salles de jeux, casino, théâtre. Tout y est."

Je me tourne vers la voix et retient un sursaut de surprise. En effet, ce n'est plus une petite voix dans ma tête. "Vous êtes réelle ?!" m'écrié-je.

"Ne parle pas à voix haute, ce n'est qu'une image," répond l'alicorne qui se tient maintenant à côté de moi. Quick Fix se contente de me jeter un regard en coin, sans pour autant s'arrêter ni faire de commentaire.

"Tu auras plus de facilité à accepter ma présence si tu peux me voir et m'entendre," continue Nightmare Moon.

"J'ai surtout l'impression d'avoir des hallucinations." Je tends un sabot dans sa direction, et sans trop de surprise, il passe à travers l'illusion et ne rencontre rien d'autre que de l'air. "Je préférerai que vous arrêtiez de faire ça, c'est perturbant." Et distrayant.

Très distrayant même, peut être la quatrième Night à me pourrir la vie, mais aussi à savoir ravir mes pupilles. Non, Sapphire est définitivement hors compétition, elle ne fait pas le poids face à deux alicornes et une pégase athlétique. Et techniquement la princesse Luna et Nightmare Moon sont censées partager le même corps. Si mes souvenirs sont bons... Nightmare Moon avait prit le contrôle du corps de Luna... et après sont retour, elle s'est de nouveau transformée en Luna, même si ce n'était pas exactement la même. Ça n'a aucun sens.

"Vous êtes bizarre," lui signalé-je.

Elle se contente de hausser un sourcil en marchant lentement à mes côtés. Même si elle ne porte plus l'armure qu'elle a dans mes rêves, elle a toujours cette posture royale, le torse gonflé et un pas léger. C'est un autre point perturbant d'ailleurs, je la vois avancer mais aucun son ne vient de ses sabots. Eux aussi sont déchaussés, mais je doute que ce soit suffisant pour les rendre silencieux.

"Je peux y remédier," indique-t-elle. Et effectivement, le claquement de ses sabots commence à se faire entendre.

"Pourquoi vous faites ça ? Je vous l'ai dit, je n’ai pas besoin de d'aide."

Elle continue de marcher à mes côtés, le regard lointain sans prononcer un mot. Le trajet me semble beaucoup plus long que ce que à quoi je m'attendais. Finalement, alors que nous approchons de la sortie du parc, elle prend une grande inspiration et finit par se tourner vers moi.

"Peux –tu envisager que chacune de mes actions ne soit pas forcément en rapport avec toi ? Il se trouve que, moi aussi j'ai des besoins."

"Vraiment ? Parce que jusqu'à maintenant j'avais surtout l'impression que vous étiez là pour moi. En tout cas à vous écouter. Mais allez-y, je suis toute ouïe. C'est un peu pour ça que je vous ai posé la question. Qu'est-ce qui vous pousse à faire ça ?"

Elle regarde à nouveau devant nous loin devant la ponette blanche qui ouvre la marche. Lorsque nous franchissons le portique à la sortie du complexe, Nightmare Moon reprend la parole. "Est-ce que tu existes ?"

Quelle question idiote... "Ce serait plutôt à moi de vous poser la question..." Aouch ! Une vive douleur me traverse la nuque, me faisant fermer les yeux. Quand je les rouvre, les siens me percent du regard.

"Répond," dit-elle d'un ton sans appel.

Je me passe un sabot derrière la tête pour faire passer la douleur, "Bien sûr que j'existe ! Vous aviez besoin de faire ça ?!"

Elle s'arrête devant moi et je lui passe presque à travers. "Prouve-le."

"Quoi ?"

"Prouve-moi que tu existes."

Peuh, facile. "Quick Fix ! Est-ce que j'existe ?" demandé-je à l'attention de la ponette.

Sans même s'arrêter ni se retourner, elle me répond. Pas vraiment le genre de réponse que j'attendais. "Est-ce que tu peux arrêter avec tes questions idiotes et te bouger l'arrière-train ? On a pas toute la journée."

"Intéressant." Remarque Nightmare Moon. "Laisse-moi essayer." Elle se tourne vers la ponette, "Quick Fix, est-ce que j'existe ?" demande-t-elle avec une voix mielleuse. Sans trop de surprise, elle n'obtient aucune réponse. Puis elle se retourne vers moi et me pose une patte sur l'épaule une patte presque réelle, même si elle me passe à travers la peau je peux presque ressentir son toucher. "Free Will, est-ce que j'existe ?"

Au final, c'est moi qui suis surprise, je la regarde bouche bée, ses yeux verts plongés dans les miens. "Je... euh, je suppose que oui."

"Vraiment ? Ce n'est pourtant pas ce que tu semblais penser tout à l'heure."

"Vous n'étiez qu'une voix rien de plus. Même moins que ça, le résidu d'un rêve, la voix est là dedans depuis que j'ai été implantée," dis-je en me tapant la tête du sabot.

"Alors qu'est-ce qui a changé ?"

J'hésite un instant avant de répondre "Je ne sais pas, pour commencer, vous êtes beaucoup plus convaincante maintenant que je peux vous voir, et vous toucher." Je tends une patte vers celle qu'elle pose sur mon épaule mais elle se retire et reprend la marche.

Son corps passe au travers d'un lampadaire, elle tourne la tête dans ma direction puis fait un pas sur le côté, néanmoins le kiosque qu'elle traverse n'en est pas affecté. Le peu de poneys que nous croisons dans la rue continuent leur route. Aucun d'eux ne prête attention à la grande alicorne sombre qui continue sa parade sans même essayer d'éviter qui ou quoi que ce soit. "Suis-je réelle pour autant ?" finit-elle par demander.

"Peut-être pas physiquement, mais il ne sert à rien de nier votre existence réelle lorsque je vous ai devant les yeux."

"Est-ce que cela veut dire que je cesserai d'être lorsque tu retirera cette lunette ?"

"Je continuerai de vous entendre."

"Parce que ton implant le permet, aux yeux de tous ces poneys," dit-elle en montrant le peu de passants, "qui suis-je, que suis-je, suis-je seulement ?"

Mon regard passe de l'alicorne aux autres poneys qui ne me prêtent pas plus d'attention qu'à la jument de la nuit. Rien d'étonnant, avec l'endoctrinement aucun d'eux n'est capable de remarquer quoi que ce soit d'inhabituel. Bon sang, nous sommes deux, trois ? Deux juments et demie, deux d'entre nous portent des lunettes sorties d'un film de science fiction, et pas un seul ne semble s'en soucier.

Je reporte de nouveau mon attention sur l'illusion agaçante. "C'est vraiment le bon moment pour avoir ce genre de discussion ?"

"Je veux simplement que tu comprennes." Elle se rapproche de moi, assez prêt pour que je m'arrête sur le trottoir. Ses yeux irisés se plongent à nouveau dans les miens. "Mon existence est indéniable, j'ai laissé ma trace dans l'histoire, mon nom est connu de tous. Mais pour tous ces poneys c'est tout ce que je suis, un nom, une simple trace dans l'histoire, l'erreur de Luna. Je suis née pour gagner l'amour et la reconnaissance de mon peuple, au lieu de cela, j'ai été condamnée à vivre les milles premières années de ma vie bannie sur la lune, puis à être effacée, privée de corps. Privée de la seule chose qui me permettait d'assumer mon existence, de vivre dans la réalité, reléguée à un simple nom, une idée, un songe, qui s'efface au fil des siècles. Si je prends cette apparence devant tes yeux, si je prends cette voix, c'est parce que j'ai besoin d'être reconnue, de me sentir réelle-"

"Et vous faites ça en dehors des rêves parce que -?" je me permets de l'interrompre.

Elle relève la tête en signe de dédain. "Si tu crois que je peux me contenter d'attendre que tu sombres à ton prochain malheur pour enfin pouvoir me révéler... Non, c'était amusant pendant un temps, mais..." Elle me regarde du coin de l'œil en repartant à la suite de Quick Fix. "Tu voulais savoir ce que je te demanderai en échange de mon aide ?"

Je lève un sourcil et hoche de la tête.

"C'est simple, permet moi d'exister, d'être autre chose qu'un fragment. Entends-moi, regarde-moi, écoute-moi, suis-moi, et ensemble nous pourrons faire de ton rêve une réalité."

"Vraiment, si je fais juste ça vous me laissez rentrer chez moi ?"

"Ne sois pas sotte, tu sais très bien de quoi je veux parler."

Je me contente de lever les yeux au ciel. "Et encore une fois il a fallu que ça tombe sur moi parce que ?"

Un rire sec lui échappe, "Est-ce que tu as une idée du nombre de poneys qui possèdent un implant avec fonction vocale ?" Elle marque un point, ils ont été jugés obsolètes dès la première génération à cause des maux de tête qu'ils pouvaient provoquer. Je me demanderai toujours pourquoi le mien en est un.

Cela-dit... "C'est une maigre excuse, ils sont rares, mais pas inexistants, j'ai du concevoir deux modèles avec cette fonction-"

"Et combien échappent au contrôle de l'endoctrinement ? Combien ont accès à ce genre d'équipement ?" m'interrompt-elle en pointant un sabot sur la lunette qui part de mon oreille.

Hmph, même si ce n'était pas pour ce cas précis, il y a une raison au fait que j'essayais de le cacher. "Donc... basiquement, tout ce que j'ai à faire... c'est vous laisser squatter dans ma tête, continuer à entendre des voix, et vous traiter comme un poney plutôt qu'une hallucination ?"

Elle rit de nouveau à gorge déployée. "Ah Ah ! Je ne 'squatte' pas dans ta tête, souviens-toi, je suis une simple idée, un nom qui circule d'un poney à un autre, je suis partout, dans la tête et l'esprit de chacun." Elle me fixe de son regard perçant. "Je suis partout dans leurs rêves et le grand réseau, toi, tu n'es qu'un..."

"Outil ?" je l'interromps, vexée.

"Relais. Tu es la seule à voir le rêve de Luna pour ce qu'il est si Equestria continue sur sa voie. Notre rêve, et il n'appartient qu'à nous de le remettre sur le bon chemin. Mais de nous deux tu es la seule à pouvoir agir sur le monde réel. Et encore une fois, que tu le veuilles ou non, tu auras besoin de mon aide, plus tôt que tu ne le crois."

"Hmm, le terme de relais est-il vraiment le mieux choisi ?"

Son visage redevient sérieux et menaçant, "Fais attention au ton que tu prends avec moi souviens-toi à qui tu t'adresses. Ne te méprends pas, c'est un privilège que je t'offre en me montrant à toi. Je n'attends rien d'autre de toi que reconnaissance et obéissance, je ne peux que te suggérer d'éviter ce ton suffisant à l'avenir."

C'est à mon tour de rire, "Un privilège ? C'est un privilège dont je me passerai bien. Reconnaissance ? Obéissance ? Qui a besoin de qui ? Vous pouvez vous projeter à l'aide de la lunette ? Comment comptez-vous me soumettre s'il me suffit de la retirer pour ne plus avoir à vous voir ?" J'accompagne le geste à la parole et lève un sabot pour débrancher l'appareil de mon implant.

La jument sombre s'ébroue et me lance un regard assassin. "C'est une très mauvaise idée." L'instant d'après, sa projection est à mes côtés, son visage s'il était consistant pourrait frotter contre mon oreille. "Je t'ai dit que je pourrai te faire connaître la véritable douleur."

Puis le monde disparaît.

*****

Au début, il n'y a rien. Non, pas le néant auquel je me suis accoutumée ces derniers jours, c'est différent, presque... mouillé, ce sont des picotements, des gouttes de pluie qui viennent tomber directement sur ma conscience. Une, puis deux, et bientôt une averse, leur picotement me traverse comme un courant électrique, puis d'un coup l'averse devient un torrent puis un déluge. J'entends des voix, je perds pied, je me perds dans un océan tumultueux toujours plus profond, plus bruyant, chaque voix est indistincte et rejointe par des milliers, des millions d'autres elles m'assènent de bruits et me tirent vers le fond, là où le courant est le plus fort, là où ma pensée s'effrite, tout est assourdissant je ne peux même plus bouger, ni respirer. J'ai beau me débattre pour remonter à la surface, même en son absence mon corps brûle et ma conscience est tiraillée de toutes parts si les voix continuent, elles finiront par l'arracher-

*****

Je tiens tout juste sur mes pattes, à bout de souffle. Mes poumons continuent à cracher une eau qui n'est pas là et ma gorge brûle. Je distingue tout juste les poneys qui se sont arrêtés et qui me regardent avec inquiétude au travers de la brume qui couvre mes yeux. Je suis couverte de sueur de la tête aux pieds, ma crinière colle contre mon front, j'ai l'impression d'avoir plongé dans... Dans...

"Le Grand Réseau ?" demande une voix profonde et suave dans mon oreille. "Je sais me montrer patiente, je peux être attentionnée, même empathique, mais j'ai mes limites. Je n'ai pas souvenir d'avoir montré un quelconque signe d'hostilité à ton encontre, j'en attends de même de ta part. Je compte sur toi pour faire preuve de plus de coopération à l'avenir ?"

Je me retourne lentement vers elle, le souffle coupé. La vue de ces iris et ce sourire sournois refait naître en moi une terreur que je pensais oubliée. Je trébuche sur mes pattes en essayant de m'éloigner de l'alicorne et m'affale au milieu des poneys qui se sont peu à peu rapprochés.

Elle, elle n'a pas bougé, elle se tient debout la tête haute, les yeux baissés pour me regarder me rentrer la tête dans les épaules pour les fuir. Mon cœur frappe dans ma poitrine et mes tempes, je n'entends même pas les sons qui sortent de sa bouche, même si je sais que quelque part, ils résonnent dans ma tête, mais toute capacité de les comprendre m'échappe.

Elle frappe du sabot sur le trottoir et je me contente de hocher la tête frénétiquement.

"Free Will, Free Will !" Je me sens secouée dans tous les sens, mais ce ne sont pas mes tremblements. Je tourne lentement la tête, et je distingue tout juste la forme blanche et bleue qui me tient par les épaules. Elle secoue un sabot devant mes yeux qui regagnent peu à peu leur focus.

"Ne me dis pas que tu fais une rechute," me demande Quick Fix. Elle tient un mouchoir blanc dans l'un de ses sabots qu'elle passe sur mon visage. "Ben tiens, ça c'est nouveau" dit-elle lorsque je vois ce qu'elle retire, il est taché de rouge. Je me passe une patte le long du museau et sens une substance chaude et gluante se coller à mon poil. La ponette blanche m'arrête avant que je n'ai fini. "Dès qu'on en aura terminé, je t'emmène voir Sapphire y'a clairement quelque chose qui ne va pas avec toi. Ça va mieux ?"

"Je... oui." Je regarde autour de moi, une myriade de poneys colorés sont amassés autour de nous. Bien sûr, s'il faut qu'ils fassent leur apparition, il faut que ce soit au moment où je suis la plus vulnérable. Cela dit, de tous, une sait se faire remarquer par son absence. Je ne trouve aucune trace de Nightmare Moon. "J'ai juste... eu un mauvais cauchemar."

Elle me tend une patte pour m'aider à me relever et repousse les poneys toujours agglutinés autour de nous. "Poussez-vous, laissez-lui un peu d'air !"

"Quelqu'un devrait appeler un médecin ou une ambulance," fait remarquer un poney marron dans la foule.

"Pas besoin je m'occupe d'elle," répond la ponette blanche. Elle prend ma patte bandée et la passe autour de son épaule. Je la retire aussitôt.

"C'est bon, c'est bon, je peux marcher, c'était juste un étourdissement."

"On se disperse !" déclare une autre voix derrière la foule. "Circulez, laissez passer !"

Peu à peu, les poneys reprennent leur routine et bientôt il ne reste à côté de nous que deux poneys en uniforme. L'étalon robuste à qui appartient la voix se dirige directement vers nous, son pelage rose se confond presque avec sa chemise et son short violets, derrière lui une ponette verte plus petite le visage à moitié caché sous un képi noir lui emboîte le pas. Un insigne sur lequel je peux lire 'garde municipale' est accroché à un gilet noir sur leur poitrine.

"Bien sûr, on avait bien besoin de ça..." souffle Quick Fix.

"Qu'est-ce qu'il se passe ici ?" demande l'étalon rose.

"Rien, mon amie a juste eu un étourdissement." répond la ponette en me montrant d'un mouvement de tête.

Aussitôt, le poney vert se dirige vers moi, "Tout va bien, madame ?"

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel, c'est mademoiselle, merci. Je me passe une patte sur le museau pour essuyer les dernières traces de sang. "Oui, c'est passé."

"Vous êtes sûre ? Je peux appeler une ambulance."

C'est qu'elle insiste. "Non, c'est bon, nous nous rendions justement au poste de garde."

"Au poste de garde ?" répète l'étalon rose.

"Oui, je dois parler au brigadier, je suis ici sur ordre des princesses."

La jument verte se tourne vers l'étalon, qui à son tour regarde Quick Fix et moi, une forte nuance de doute inscrite sur son visage. "Sur ordre des princesses ?" Est-ce qu'il va répéter tout ce que je vais lui dire ?

Il lance un regard vers sa camarade qui veut tout dire. Enfin, pour moi il veut surtout dire que j'ai envie de lui envoyer mon sabot au visage. "Touristes" je peux lire sur ses lèvres à l'attention de la jument verte. Oh, ça y'est, il va s'en prendre une !

"Ahaha, Willie, toujours le mot pour rire." Quoi ?! Willie ?! "Excusez-nous monsieur l'agent, nous sommes juste ici pour affaires, et nous aimerions nous entretenir avec le brigadier avant de voir les Richs." Quick Fix sort une carte qu'elle présente à l'étalon, qu'il prend entre ces sabots, puis lève un sourcil.

"Qu'est-ce qu'Apple Tech vient faire ici ?"

La carte s'enveloppe d'une aura rose et part flotter vert la jument verte. Elle lit la carte à son tour et ses yeux s'écarquillent. Elle trotte vers son compagnon et lui murmure quelque chose à l'oreille. Il fronce les sourcils et relit la carte. Ses yeux se lèvent vers nous puis retournent sur la carte. Maintenant moi aussi je suis curieuse qu'est-ce qu'il y a là-dessus ?

"Vous trouverez la brigade en longeant cette rue" finit-il par annoncer en rendant la carte à Quick Fix. J'en profite pour lire au dessus de son épaule avant qu'elle ne la remette dans sa sacoche, c'est à mon tour d'avoir les yeux écarquillés.

Les deux gardes reprennent leur chemin en nous jetant un regard en coin, tandis que nous repartons dans notre propre direction. "Alors comme ça vous êtes une upper ? Ou c'est comme ce que font les Me, du toc, une fausse carte ?"

"Pourquoi est-ce que ça t'étonne ? Sapphire était aussi une upper." Répond-elle sans se retourner.

"Était, elle s'est faite retirer son implant, et un upper ne peut faire preuve de violence que pour se protéger. Vous avez failli me frapper dans la suite."

"Scarlet t'a parlé des poneys capables de maîtriser les informations qu'ils envoient sur le Grand Réseau ?"

Je hoche la tête. Même si elle ne peut pas me voir, elle continue.

"J'en fais partie, je peux bloquer les informations sortantes, ainsi que certaines informations entrantes. J'ai une position... délicate. J'ai besoin d'être violente à volonté, pas uniquement pour me défendre." Elle se tourne vers moi. "Oh, ne me regarde pas comme ça, ce n'est pas comme si j'étais la seule dans ce cas que tu connaisses."

Je la regarde sans trop comprendre de quoi elle parle, ou plutôt de qui elle parle. Je n'ai pas souvenir d'avoir tant de poneys violents dans mon entourage. Scarlet ne compte pas, c'est une lowcast.

"Admettons," finis-je par répondre. "Apple Tech ? Technicienne ? Je n'allais pas souvent dans ces services, mais je m'en souviendrais si je vous avais vue."

"Les poneys qui ne font attention qu'à eux ont souvent tendance à ne pas voir ceux qui les entourent..." laisse-t-elle filer, comme si elle ne s'adressait à personne en particulier. Mais j'ai bien compris le message. "On est arrivées." Elle pointe le bâtiment qui se dresse devant nous. Le drapeau des deux princesses et celui de la ville –une prairie verte, qui l'eut cru ?- flottent au dessus d'une inscription, elle brille au soleil qui commence à pencher vers l'horizon : Garde Municipale.

Hé, oui, nous y sommes. C'est un grand bâtiment. Trois étages, pas plus... Devant lequel nous nous tenons. Toutes les deux. Immobiles...

"Qu'est-ce qu'on attend ?" finis-je par demander.

"Comment ça qu'est-ce qu'on attend ? Tu voulais voir le brigadier ? Entre et va voir le brigadier." Répond Quick Fix, agacée.

J'hésite un moment avant de répondre, ma patte gauche allant se balader sur le pavé du trottoir. "C'est que... je me suis rendue compte à quel point cette idée pouvait être débile..."

Elle lève les yeux au ciel. "Sans blagues..."

Nouveau silence. Une équipe de garde quitte le poste et nous contourne pour prendre leur ronde, aucune de nous ne bouge. "C'est pas vrai" finit-elle par souffler. "Même pour ça il faut que je te tienne la patte..." Je n'ai pas le temps de réagir qu'elle me tire à l'intérieur à travers une double porte en bois clair.

L'intérieur est bien moins sobre que ce à quoi je me serais attendue. Le hall est illuminé comme en plein jour, les lustres qui pendent du troisième étage se reflètent dans le marbre poli blanc et doré qui représente le drapeau des deux sœurs au sol.

"Je peux vous aider ?" demande une pégase assise derrière un comptoir. Elle porte elle aussi un gilet noir au dessus d'une chemise violette, comme les gardes que nous avons pu voir dans la ville. Comme les deux qui nous avaient indiqué la direction du poste, elle apparaît comme un point jaune sur mon ATH. Cela dit, la concentration de points rouges qui nous entoure me met assez mal à l'aise.

Quick Fix s'approche de la jument et ressort sa carte. "Oui, nous sommes des techniciennes envoyées par Apple Tech. La compagnie prévoit un contrôle des implants de votre poste, nous devons voir votre brigadier afin de fixer un rendez-vous."

La réceptionniste nous dévisage pendant que je regarde autour de nous. Je me concentre et peu à peu les auras de la plupart des poneys dans le bâtiment se mettent à apparaître à travers les murs. J'essaye de combattre le tournis face au nombre de formes fantomatiques tricolores qui ne cessent d'apparaître. Scarlet ne plaisantait pas quand elle disait qu'il y avait une petite armée à Green Pasturges. Je n'y connais pas grand chose en termes militaires, mais je suis sûre qu'ils sont beaucoup trop nombreux pour une ville aussi petite, sans compter ceux qui patrouillent actuellement dans les rues.

Le plus inquiétant c'est que la plupart d'entre eux apparaissent entourés d'une aura rouge, même si aucun ne semble être dans une position hostile. Ils sont quasiment tous assis, probablement à un bureau, ou debout en petits groupes par-ci par-là, éparpillés sur les trois étages du bâtiment. Quelques-uns nous regardent depuis les balcons au dessus du hall. A moins qu'ils ne regardent le sol, mais je doute que ce soit ce qu'il y ait de plus intéressant à voir.

En revanche, le plus surprenant est le petit nombre d'auras vertes que je peux voir à plusieurs endroits.

"Je regrette, mais nous sommes actuellement débordés, le brigadier n'est pas disponible pour le moment." La réceptionniste interrompt mon observation et je me tourne vers elle.

"Le brigadier n'a pas réellement son mot à dire lorsqu'il s'agit d'un contrôle," lui fais-je remarquer. "A moins d'un contre-ordre des princesses. Mais puisque nous sommes ici à leur demande, je doute que ce soit le cas."

"Il est indisponible." Insiste la réceptionniste.

Quick Fix commence à perdre patience et frappe un sabot sur le comptoir. "Indiquez nous seulement son bureau, je suis sûre qu'il pourra trouver du temps pour nous."

La pégase se lève de sa chaise et repousse le sabot de la ponette blanche. Son aura se met à vibrer et passe lentement de l'orange au rouge. "Il est indisponible." répète la garde. "Je vous prierais de vous retirer."

Je perçois plusieurs mouvements du coin de l'œil, notamment sur le balcon du premier étage, les gardes se tournent vers nous tandis que la respiration de Quick Fix se fait de plus en plus rapide et saccadée. Je la saisis par l'épaule avant qu'elle n'ait le temps de lever le sabot et faire quoi que ce soit de regrettable.

J'offre un sourire gêné à la pégase, "Merci, je crois qu'on va se débrouiller seules." Je tire Quick Fix avec moi en direction des escaliers du premier étage.

La réceptionniste ne semble pas se calmer pour autant, et son aura continue de virer au rouge à un rythme assez inquiétant. "Où est-ce que vous allez ? Je vous ai demandé de sortir."

"J'ai... une plainte à déposer, oui, une plainte, je me suis faite agresser." Je lui montre mon sabot bandé. "C'est bien là-haut ? Oui ?"

Elle me regarde un instant sans savoir quoi répondre. Lorsqu'elle ouvre la bouche, c'est une voix masculine qui s'élève, d'au dessus de nous.

Un autre pégase descend de l'un des étages par le puits et se pose juste derrière Quick Fix et moi. "Qu'est-ce qu'il se passe ici ?"

La jument se met aussitôt au garde à vous et lui répond sèchement, "Ces deux juments ont fortement insisté pour s'entretenir avec vous, lieutenant !"

L'étalon hausse un sourcil et nous jauge rapidement du regard. Son aura est orange et vire lentement au jaune. Il se tourne à nouveau vers la pégase qui nous fait face, "Hé bien, pourquoi ne me les avez-vous pas envoyées ?"

"J'ai reçu des ordres, lieutenant vous ne devez pas être dérangé. Sous aucun prétexte."

Il nous jette rapidement un regard du coin de l'œil avant de souffler et de lui répondre. "Je n'ai pas souvenir de vous avoir donné cet ordre."

Le regard de la jument se durcit l'espace d'un instant, je n'ai même pas besoin de ma lunette pour ressentir son hostilité. Étrangement, ce n'est pas vers nous qu'elle est tournée, mais vers l'étalon marron en armure violette qui se tient derrière nous. "Vous êtes pourtant très occupé, lieutenant." insiste-t-elle de la même façon qu'elle l'avait fait avec Quick Fix. Cette dernière, comme moi, regarde l'échange avec un air d'incompréhension inscrit sur le visage.

"Je suis sûr que je peux trouver du temps pour des envoyées de la couronne."

"Elles n'ont pas les documents nécessaires."

"J'ai eu vent de leur visite."

"Il faut que je vérifie leur identité et leur ordre de mission."

"Ce sont mesdemoiselles Free Will et Night Stalker, toutes les deux employées par Apple Tech, elles ont été envoyées sur ordre direct des princesses, le contrôle de leur identité a déjà été fait retournez à votre poste."

Elle s'apprête à protester mais l'étalon ne lui en laisse pas le temps. "C'est un ordre."

Si vous voulez bien me suivre," dit-il à notre attention, puis il tourne les talons vers un large escalier qui monte le long des balcons de l'atrium. Nous le suivons en silence jusqu'à un set de doubles portes le long de la rambarde, bordé de deux gardes au pelage blanc et à l'armure violette.

Ils nous regardent tous les trois avec dédain, mais aucun d'eux ne prononce de mot ni même ne bouge le moindre poil lorsque nous entrons. Leur aura rouge disparaît lorsque les portes se ferment derrière nous. Celle de l'étalon marron devient entièrement verte, il se retourne vers nous, les yeux froncés. "Vous êtes en retard."

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Note de l'auteur

Premièrement, désolé pour le cliffhanger, mais ça commençait à devenir trop long.
La bonne nouvelle c'est que la deuxième partie a enfin de l'action (si, si pinkie promise).

Deuxièmement, merci à Kawete pour son aide à la relecture.

Et aussi à P7thon pour les autres chapitres parce que je crois que j'oublie toujours de le mentionner.

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herdac
herdac : #34195
Fini
Donc allé voir la police est une mauvaise idée,Free se fait lobotomiser et ridiculiser la réceptionniste ne fait pas attention au changement de nom de night et les chambre dans se site touristique son incroyablement bien nettoyer

J'étais mort de rire tout le long et Free devrait vraiment faire attention à ce qu'elle pense
Merci pour se chapitre ^^
Modifié · Il y a 2 ans · Répondre
herdac
herdac : #34190
oui enfin je n'ai pas lut le chapitre mais MERCI MERCI
je le lit demain et je te dit se que j'en pence^^
Il y a 2 ans · Répondre

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