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MAI - My Arcane Intelligence

Une fiction écrite par lnomsim.

Chapitre 10 - Green Pasturges - Jeux entre amies

Chapitre 10 - Green Pasturges - Jeux entre amies

"Elle se réveille," annonce une voix masculine sur ma gauche alors que je n'ai même pas encore ouvert les yeux.

Je n'ai pas le temps d'écarter les paupières qu'elles sont ouvertes de force et une vive lumière vient me brûler la rétine.

"Virez-moi ça du visage !" je grogne en me redressant sur le lit dans lequel je suis allongée, le tout accompagné d'un mouvement de patte hargneux pour dévier la lampe pointée en plein sur mes yeux. Et si je n'avais pas ces tâches lumineuses inscrites dans mon champ de vision, je mettrai volontiers mon sabot dans la face du poney impertinent.

"Comment tu vas ?" demande une voix un peu trop familière accompagnée du son de ses sabots lorsqu'elle s'approche.

"Comme quelqu'un qui s'est fait poignarder dans le dos..." Ou piqué dans la patte. Une forme rouge commence à se dessiner à travers l'éblouissement. Mon regard se tourne vers ma patte droite, où un coton retenu par un bout de sparadrap recouvre l'endroit où la seringue a été enfoncée.

"Je ne parlais pas de ça," insiste calmement Scarlet en se tenant à côté de mon lit. "Comment va ta tête ?"

Je réfléchis un moment, et retiens un souffle à l'absence de brume obscurcissant mes pensées. La migraine a disparu avec la sensation de tambourinement incessant sur mes tempes. "Mieux, je suppose." je lui réponds en me passant un sabot dans le cou. Je marque une pause à l'absence de bandage ou d'orifices. "Comment ?"

"Je ne sais pas, il faudra demander à la chan- Night Stalker." dit-elle en se reprenant de justesse. Est-ce que c'est de la peine que je vois dans ses yeux ? Non, ça devait être juste un effet de l'éblouissement, ils sont toujours aussi froid qu'ils peuvent l'être lorsqu'ils ne sont pas un brasier ardent.

"Pas la peine d'essayer de le cacher..." dis-je avec une légère hésitation. "J'aimerai que ce ne soit pas le cas, mais je me souviens de tout." Je baisse les yeux et sens le doute m'envahir. "J'ai été idiote, j'aurais du voir les signes plus tôt, comprendre quand je l'ai vue avec le maire, et surtout me méfier quand Sapphire m'a prévenue que quelque chose n'allait pas." Je termine en me frottant la patte droite. Tiens c'est étrange, si je n'ai plus mal à la tête ou au cou, ma patte gauche est toujours bandée et j'ai toujours cette sensation d'écrasement dans les poumons ou ce picotement au bas du dos, souvenir du traitement de Blue Key.

"Ne te fais pas de mauvais sang pour ça." dit Scarlet d'un ton réconfortant. "Les changelins sont spécialisés dans l'art du camouflage et de la séduction. La plupart de leurs victimes ne savent même pas qu'elles ont été attaquées. Nous même n'avons commencé avoir des doutes qu'il y a peu, tu as juste manqué de chance... et si l'agent que nous avions placé à ta surveillance était à son poste..." Une ombre passe sur son visage, qu'elle essaye de cacher en tournant la tête. "Mais ne t'en fais pas, nous allons nous arranger pour qu'elle ne soit plus une menace pour personne, tu n'as plus rien à craindre d'elle," finit-elle avec une patte tendue dans ma direction.

"Ne me touchez pas !" lui dis-je d'un ton sec en détournant sa patte d'un coup de sabot. Je ne veux pas de son ton compatissant et réconfortant, je doute qu'elle ait fait ça par bonté de cœur telle que je la connais. Qu'est-ce qu'elle peut savoir de ce que je ressens ? Même moi je n'en suis pas sûre.

De la colère et du dégoût, autant pour la pégase que pour moi. Peuh, est-ce que je dois encore la considérer comme la pégase que j'admire ? Et c'est justement pour ça que je nous en veux. Je lui en veux d'avoir trahi ma confiance et d'avoir abusé de l'admiration que je lui vouais, tout comme je m'en veux de m'être laissée séduite aussi facilement. Mais comment ais-je pu être aussi bête, après tout elle m'a bien déjà tué une fois, et hier n'était pas loin d'être la deuxième.

D'un autre côté, c'est aussi grâce à elle que les princesses ont pu me ramener à la vie la première fois, et si j'en crois Scarlet, c'est aussi grâce à elle que mes blessures au cou ont disparues et que ma tête est enfin libérée du tumulte qui m'embrouillait l'esprit. Mais encore une fois, c'était elle qui en était responsable, ç’aurait très bien pu être un poison ou un venin qu'elle m'aurait injecté en me mordant.

Alors pourquoi je n'arrive pas en lui en vouloir ?! Pourquoi est-ce que j'ai toujours envie d'être à ses côtés, je me sens vulnérable sans elle, pourtant jusqu'à maintenant elle a été la seule menace à laquelle j'ai été confrontée. Par les princesses ! Même Scarlet Day que je méprise probablement plus que n'importe quel poney est allée jusqu'à m'aider et faire preuve de compassion quand elle aurait pu m'écraser !

"Rha !" J'ai beau me frotter les tempes et grogner autant que je veux, je n'arrive toujours pas à faire la part de ce que je ressens, et ça ne fait qu'ajouter à ma colère et frustration.

Le regard froid que Scarlet me lance depuis que je l'ai repoussé s'efface en voyant mon comportement pour refaire place à cette fausse pitié. Même quand elle ne me cherche pas de poux j'ai envie de lui mettre mon sabot à la figure. "Tu es sûre que ça va ?" me demande-t-elle en haussant un sourcil.

"Oui !" je réponds un peu plus sèchement que je l'avais prévu. "C'est juste que je ne sais pas quoi penser de tout ça... et... ça... rien de tout ça ne m'aide !"

"Comment ça ?"

"Ça !" je crie en montrant le petit vestibule dans lequel nous nous trouvons, avec un seul autre poney, assis à un bureau près du seuil de l'unique porte qui quitte la pièce. "Qu'est-ce que je fais ici, pourquoi vous m'avez amené ici, pourquoi vous m'avez aidée. Je doute que ce soit par charité. Vous vouliez vous débarrasser de moi, vous en aviez l'opportunité, et pourtant je suis ici, presque en parfaite santé, qu'est-ce que vous voulez de moi ?"

"Umph" fait-elle accompagnée d'un renâclement. "Chaque chose en son temps. Suis-moi et je t'expliquerai." dit-elle en tournant les talons et sortant par la porte.

Elle ne fait pas plus attention à l'autre occupant de la pièce qu'elle ne vérifie si je la suis. D'un geste je quitte le lit et prends sa suite pour me retrouver dans la salle des machines. Maintenant que j'y vois plus clair, il flotte comme une légère tension dans l'atmosphère. Tous les visages de poneys, étalons comme juments, de toutes races confondues sont crispés et tous communiquent uniquement par murmures, ce qui amplifie le silence anormal de la salle. Comment est-ce que d'aussi grosses machines peuvent-elles faire si peu de bruit ?

Je continue de suivre Scarlet sous le regard assez pesant des autres poneys présents, c'en devient même gênant, j'ai l'impression d'être plus nue que je ne le suis déjà ou de faire nouveau face à Princesse Luna. Aucun d'eux ne bouge, ils sont tous là, immobiles, comme s'ils attendaient que quelque chose se passe, et j'ai comme la très désagréable impression que je suis liée à ce quelque chose.

Finalement, Scarlet ouvre une porte coulissante en métal donnant sur une pièce pas plus grande qu'un placard, et me fait signe d'y entrer à sa suite. Une fois à l'intérieur, si la taille de la pièce ne semble pas avoir changé, je dois admettre que la quantité de meubles qu'elle contient m'impressionne. A quelques mètres du mur du fond, entouré de plusieurs armoires à tiroirs, un petit bureau tout juste assez grand pour y poser deux classeurs coupe la pièce en deux. Devant lui, deux chaises se dressent devant une table basse sur laquelle attendent deux plateaux repas aux assiettes richement remplies.

La ponette rouge prend place dans la chaise la plus proche du bureau, et n'ayant pas vraiment d'autre endroit où aller dans l'espace exigu, je m'assieds dans la deuxième, faisant ainsi face à Scarlet et à ce qui doit probablement être mon plateau repas.

"Vas-y, mange." dit la ponette rouge en humant au dessus de son propre plateau.

Je m'attendais à quelque chose de plus formel que partager un repas. La dernière fois qu'elle m'a proposé quelque chose de la sorte, c'était pour finir saoule en me refusant même un verre d'eau. Oh, et ça y est, j'en ai marre. Je me passe un sabot sur le visage lorsqu'elle commence à manger.

"Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que je pose une question, il faut que j'attende pour avoir une réponse? Est-ce qu'il serait trop demandé, juste pour une fois, d'avoir une réponse directement ? Vous ne m'avez pas amené ici pour partager un repas. Dites moi ce que vous attendez de moi qu'on en finisse !" je termine en frappant du sabot sur la petite table, ce qui a pour seul effet de faire rebondir les deux plateaux.

Elle finit tranquillement sa bouchée et avale lentement, les yeux fermés, sans être touchée par mon saut d'humeur le moins du monde. En revanche, lorsqu'elle les rouvre, le brasier recommence à brûler et sa mâchoire à se tendre. Voilà ! Peut être qu'elle a de nouveau cette tête insolente et trop sûre d'elle, mais au moins maintenant la comédie est terminée !

"Rien ne nous empêche de discuter en mangeant, et je te conseille de le faire. Tu dois avoir faim et si le reste de la journée se déroule comme je le pense, tu vas avoir une longue soirée. Autant la passer l'estomac rempli." Dit-elle calmement en soutenant mon regard.

Maintenant qu'elle le dit, je n'ai pas souvenir d'avoir avalé quoi que ce soit depuis... Je ne me rappelle même plus de la dernière fois que j'ai avalé quelque chose. Et la salade de carottes et de pommes de terre devant moi a l'air plus qu'appétissante. A moins que ce ne soit le mélange de grains fourrés dans la patte frite qui les accompagne. Depuis que nous avons quitté Canterlot, je n'ai quasiment mangé que de la nourriture lyophilisée, à quelques exceptions prêtes dans certains villages étapes.

Je prends une première bouchée de craquant aux grains lorsqu'elle reprend la parole en soufflant. "Je commence à être fatiguée de t'avoir dans mes pattes à chacune de mes opérations d'envergure. D'abord Apple Tech, maintenant Green Pasturges. Je t'ai donné une simple mission, infiltrer le palais, gagner la confiance des princesses et nous donner accès à la Bibliothèque Royale." Marrant, ce n'est pas le souvenir que j'ai eu de cette conversation. Certes elle m'a demandé de me rapprocher des princesses, en revanche elle ne m'a jamais rien demandé de spécifique concernant la Bibliothèque Royale. "Mais au lieu de ça, qu'est-ce que j'apprends ? Que tu te promène sur la voie royale dans un vieux tacot." Continue-t-elle sans remarquer mon écart d'attention. "Sans but apparent dans un premier temps, puis hier, quelle ne fut pas ma surprise d'appendre ta destination.

"Tu veux savoir pourquoi tu es ici ? Bien, sache que je suis aussi curieuse que toi. Qu'est-ce que tu fais ici et non à Canterlot à chercher un moyen de saboter le Grand Réseau ?"

"Seulement ce que vous m'avez demandé." je lui réponds après avoir avalé la dernière bouchée de mon croquant. "Je suis les ordres des princesses, ce sont elles qui m'ont envoyées ici sur notre route pour Fillydelphia."

"Les princesses ?" demande-t-elle tout à coup moins sûre d'elle. "Pourquoi ?"

"Apparemment il se passe des choses pas nettes dans le complexe vacancier. Elles veulent que nous enquêtions et y mettions fin. Mais je suppose que si vous y êtes mêlé, le mystère est résolu." je lui explique avant de prendre une bouchée de la salade de légumes.

Je prends le temps de mâcher en réfléchissant à quelque chose dans cette conversation qui ne semble pas aller. Les princesses m'ont envoyées ici à cause de plaintes de clients du centre, la cellule Me se trouve à la bordure de la ville. De plus, elles voulaient que j'en profite pour livrer les uppers impliqués dans les opérations suspectes aux Me si les autorités refusaient de coopérer. Ce qui veut dire que les princesses savent que les Me ont des activités à Green Pasturges, mais ils ne peuvent en aucun cas êtres liés aux uppers de la ville. Surtout dans la mesure où Scarlet leur voue le même amour que moi.

J'avale rapidement ma bouchée, ayant tout juste le temps de savourer les premiers vrais légumes que je mange depuis plusieurs jours pour m'exclamer : "Eh ! Ce n'est pas vous le problème, y'a un truc louche avec les Richs !"

Scarlet me regarde avec de grands yeux et lâche un grand soupir, un long et très profond soupir... pendant combien de temps a-t-elle retenu sa respiration ?.... Je n'ai pas le temps de terminer ma question qu'elle part dans un fou rire à s'en tenir les côtes, tenant juste en équilibre sur chaise à force de gesticuler.

"AHAHAHAH !" crie-t-elle les larmes yeux sans pouvoir s'arrêter de rire. "Comment ai-je pu être aussi bête ! Et pendant un moment j'ai cru que les princesses t'avaient envoyées pour stopper notre opération !" Elle se calme entre deux respiration et tente de me regarder, mais à chaque tentative, un nouveau soubresaut vient la relancer dans ses rires. Pourquoi est-ce que je me sens aussi rabaissée ? "Je parie que tu ne sais même pas ce qui se passe à Green Pasturges !"

"Non, désolée, mais ces derniers jours je n'ai pas vraiment eu l'occasion de me pencher sur le sujet, et j'avais l'esprit occupé ailleurs." Sans parler de mon agression d'hier soir, l'incident au village lowcast et la conversation avec les trois juments de la nuit m'a aussi déviée de mon objectif. Comment aurais-je bien pu trouver quoi que ce soit de suspect sur la station montagnarde, les seuls instants que j'y ai passé étaient dans un total état de délire, ou évanouie. Ou ici.

"Laisse moi t'éclairer alors, de toutes façons, quoi qu'il se passe par la suite, tu vas avoir besoin de ces informations."

"Quoi qu'il se passe ?" je lui demande sans bien comprendre où elle veut en venir.

Elle marque une longue pause, le temps de reprendre sa respiration, et lorsque celle-ci redevient normale, elle se rassied et tente sans trop de résultat de prendre un air sérieux, un large sourire toujours inscrit sur son visage juvénile.

"Disons que je vais te proposer un jeu... Comme tu as pu le comprendre, j'ai une opération de prévue de longue date pour Green Pasturges. Opération qui aurait dû avoir lieue hier soir. Pour une certaine raison, j'ai dû la reporter. A ce soir. Néanmoins, je suppose que je pourrais épargner pas mal de poneys et de matériel si tu réussissais à résoudre le problème de la ville comme les princesses te l'ont demandé. La question est, en es-tu capable ?" Je n'ai pas besoin d'attendre sa réponse pour savoir qu'elle en doute. Moi même je n'en suis pas sûre. D'autant plus que je ne sais toujours pas de quoi il en retourne.

"Donc les règles sont simples, je te laisse jusqu'au couché du jour pour mettre fin aux opérations des uppers à Green Pasturges, tu as carte blanche, comme te l'ont données les princesses. Passé ce délai, les règles changent. Tu seras sous mes ordre et tu feras tout ce que je te dis de faire, à la lettre." dit-elle en insistant fortement sur les derniers mots. "Quelle qu'en soit l'issue, je n'accepterai pas l'échec. Qu'est-ce que tu en dis, tu es de la partie ?"

Est-ce qu'elle me laisse vraiment le choix ? A ce compte là, la réponse est évidente. Je lève les yeux au ciel, ma langue commençant tout juste à toucher mon palais; "N-"

"Mauvaise réponse, bien sûr que tu en es, sinon tu ne serais pas ici." m'interrompt-elle. Bah, qui ne tente rien...

"Pourrais-je au moins savoir ce qui se passe ?"

"Est-ce que tu t'es déjà demandée comment les uppers faisaient pour détourner l'endoctrinement ?" me demande-t-elle avec une trace de curiosité.

"Leurs implants sont moins restrictifs et ont des portes de secours, ce qui leur permet de limiter l'influence de l'endoctrinement sur leur esprit." je récite comme une leçon apprise par cœur. Je ne comprends pas le sens de la question, ce n'est certainement pas une information qui circule facilement, mais n'importe quel poney travaillant ou connaissant quelqu'un qui travaille sur le MAI le sait. Et en tant que conceptrice, c'est un fait assez basique pour moi, je conçois des implants standards comme des uppers, tout dépend de la demande du client, même si ce n'est pas moi qui y inclue le module d'endoctrinement. D'ailleurs, je ne suis pas la seule, je suppose qu'ils doivent penser que l'endoctrinement doit nous empêcher d'améliorer nos propres implants. Bien qu'en théorie, il faudrait aussi qu'un technicien soit dans le coup pour changer les pièces ou faire les réglages adéquats.

Mes pensées sont interrompues par Scarlet qui remue un sabot devant mon visage; "Hé ! T'es toujours là ?" Je reporte mon attention sur elle en hochant la tête et elle reprend. "Non, je ne parlais pas de la façon dont ils échappent à l'endoctrinement, je parle de la façon dont ils le détournent. Comment ils s'y prennent pour influencer le mode de pensée des commoners, leurs goûts, leurs besoins, leurs envies, leurs habitudes d'achat..."

Elle s'interrompt en voyant que je la fixe le regard vide. "Hein ? Ça ne fait pas parti de l'endoctrinement ?" je lui demande aussi ahurie que si l'on venait de m'annoncer que la terre tournait autour du soleil.

Pour seule réponse, elle se frappe violemment le front d'un sabot et se masse les tempes en prenant de grandes respirations. "Je n'y crois pas... tu ne sais vraiment pas pourquoi les princesses t'ont envoyée ici ?" dit-elle au bord de la crise de nerf.

"Hé ! Pour ma défense, elles n'avaient pas l'air de le savoir non plus !" C'est vrai ! "Tout ce que je sais c'est que nous devions nous arrêter à Green Pasturges sur notre chemin."

"Nous ?" demande-t-elle en haussant un sourcil.

"Night Stalker et moi." je lui réponds dans la foulée. Oh... "Maintenant que j'y pense, elle est la seule à avoir lu l'ordre de mission..." Comment je suis sensée réussir à mener la mission à bien si elle n'est pas avec moi ?

"Donc tu ne sais vraiment pas ce qui se passe ?" redemande-t-elle plus sérieusement. Comme si savoir devait être une évidence...

"Non, désolée d'avoir essayé de passer ma vie loin du monde souterrain et des complots comme un poney normal." Ce que je réussissais assez bien, jusqu'à ce qu'elle me fasse sauter cette bombe à la figure.

"Hum, j'aurais préféré éviter d'avoir à t'expliquer, mais si tu dois prendre part à l'opération, je vais bien y être obligée." dit-elle songeuse en se frottant le menton. "Je crois que je n'ai plus besoin de t'expliquer comment les informations circulent d'un implant à un autre ?"

"Non, lorsqu'un poney apprend quelque chose de nouveau, l'information est mise sur le Grand Réseau et circule d'un poney à un autre, partageant ainsi le savoir et permettant d'acquérir des connaissances plus rapidement et facilement." Même si elle m'a légèrement plus éclairée lors de notre première rencontre, ça reste le savoir de base sur le fonctionnement des implants.

"Et qu'en est-il des informations personnelles ?" me demande-t-elle comme si j'étais en train de me faire évaluer.

"Comment ça ?"

"Pour chaque chose que tu fais, ton cerveau enregistre chaque actions, certaines restent inscrites dans ta mémoire, d'autres sont purgées au fil du temps. En revanche peu de poneys sont intéressés par ce que tu as pu manger dans la journée. Et d'autres possédants des informations confidentielles, comme les plans d'actions de leur entreprise, préféreraient que ces informations le restent. Comment faire pour que ces informations ne fuient pas sur le Réseau ?"

"Pour le premier cas c'est assez simple, les implants sont programmés pour éviter que les informations inutiles de ce genre ne quittent l'hôte. Même s'il arrive que le filtre perde de son efficacité, la plupart du temps ces informations se perdent sur le réseau, puisqu'aucun autre implanté n'a besoin de cette information en règle générale." Quoique, les corporations culinaires pourraient très bien s'intéresser à ça pour développer leurs produits ou mieux cibler leur clientèle...

"Quant au deuxième cas... je ne sais pas. S'il s'agit de plan, ce doit être le résultat d'une réflexion, et donc un produit intellectuel, peu importe le niveau de confidentialité, il devrait aller sur le Grand Réseau. Ça pourrait tout aussi bien être un poney réfléchissant à commettre un crime ou à outrepasser la loi. Bien qu'en théorie, l'endoctrinement rende ce genre de raisonnement impossible. Mais quoi qu'il en soit, le résultat d'une réflexion, intellectuel ou non ne devrait pas être stoppé par le MAI." Après tout, le principe du MAI est le partage universel, aucun poney ne devrait être capable de garder des informations pour lui même, mais il est vrai que je n'avais jamais envisagé de voir cet aspect du point de vue de la vie privée. Enfin... comme si la vie privée avait encore une quelconque importance en Equestria...

"Exactement, ces informations circulent librement sur le Grand Réseau. MAIS, elles sont filtrées par la Bibliothèque Royale pour déterminer leur niveau d'importance et de risque. En théorie. Cela permettrait de garder un contrôle sur l'intellect, la sécurité et l'économie." reprend Scarlet. "En théorie, car si les corporations sont si puissantes et que les petites entreprises ont une si courte durée de vie, c'est parce qu'elles savent protéger et acquérir ces informations. Et il n'y a qu'une seule façon d'y parvenir."

"Pirater le Grand Réseau..." dis-je en terminant la phrase. "Mais c'est impossible."

Les implants communiquent entre eux sur le Grand Réseau en utilisant l'inconscient des utilisateurs, par conséquent, prendre ou donner volontairement des informations est techniquement impossible, à moins d'avoir une excellente maîtrise de son subconscient. Et quand bien même, ce serait totalement stupide de tenter cette expérience ; il y a des millions de poneys implantés en Equestria, essayer d'entrer consciemment dans le Grand Réseau, ce serait se faire écraser par ces millions de subconscients. Et tout ça pour récupérer une information spécifique ? Des millions de poneys, et il faudrait presque multiplier ce nombre par lui même pour chaque individu afin d'estimer le nombre d'informations circulants entre chaque MAI.

"Apparemment non, puisque les uppers y sont parvenus." explique Scarlet. "En soit, bloquer les informations que met le MAI sur le Grand Réseau est possible avec de l'entraînement, il faut juste deux conditions : avoir une forte volonté et la capacité de contrôler son subconscient, la deuxième-"

"Ne pas être sous l'influence de l'endoctrinement puisque ce dernier empêcherait même l'idée de tenter cela." je reprends à sa suite. "Ce qui veut dire que seuls certains uppers en sont capables."

"Ou les Me." corrige-t-elle. "Ne serait-ce pas suspect si certains poneys enregistrés comme des commoners venaient se présenter subitement à leur travail sans implant ? Ou pire s'il était découvert lors d'un contrôle que leur implant était défectueux ?" dit-elle en me fixant durement dans les yeux. Je crois savoir où elle veut en venir...

"Toujours est-il," reprend-elle, "s'il est possible de bloquer les informations sortantes, cela reste très difficile, je peux compter de tête chacun de nos agents qui y arrivent, et le peu d'uppers qui y parviennent sont sur notre liste noire. Ce n'est pas comme ça non plus qu'ils parviennent à voler des informations sur le Grand Réseau ou à détourner l'endoctrinement à leur profit. En revanche, nous avons découvert que la corporation Rich & Daughters a réussi à mettre au point un appareil capable de telles prouesses. Je suppose que je n'ai plus besoin de te dire ce que tu fais ici ?"

Je prends un instant pour réfléchir et sens mes oreilles se dresser en même temps que mes yeux s'écarquiller. Oh ! Le centre vacancier de Green Pasturges appartient aux Richs, ça prend tout son sens ! "Est-ce que ça veut dire que si nous réussissons à neutraliser l'appareil nous mettrons fin aux agissements des uppers ?" je lui demande avec un grand sourire. De plus, si ce n'est pas la preuve dont ont besoin les princesses pour faire tomber la corporation, alors je ne sais pas ce qu'il leur faut de plus.

"Ce n'est pas aussi simple." dit-elle en poussant son plateau sur la table. J'en avais presque oublié que nous étions en train de manger. Mais ce n'est qu'un détail, nos deux assiettes sont maintenant vides. "Ils utilisent un émetteur qui capte les signaux entrants et sortants des implants, et surtout d'inscrire leur programme de modification du comportement. La bonne nouvelle, c'est que l'appareil a une portée limitée et qu'il a besoin d'installations spécifiques pour fonctionner. Pour faire simple, il n'est pas mobile et nous savons où se trouvent la plupart d'entre eux."

"Parce qu'il y en d'autres ?" je lui demande surprise.

"Bien sur, sinon la plupart des commoners ne seraient pas sous l'influence des corporations." dit-elle en levant les yeux au ciel. A avoir une conversation sans se jeter de mauvais mots, j'en avais presque oublié à quel point elle m'insupporte. "Et c'est la mauvaise nouvelle." continue-t-elle mine de rien. "Pourquoi crois-tu que nous ayons besoin d'une force armée ou de poser des bombes ?"

"Parce que vous êtes des terroristes et que c'est le seul moyen que vous ayez de vous faire remarquer ?" Ça et les enlèvements, le piratage occasionnel des médias, j'en passe et des meilleures.

Elle me fixe avec un regard dur et ardant avant de lâcher un grognement et se reprendre. "Peut être, mais pas seulement. Chacun de ces émetteurs est protégé par une petite armée, les Richs ont plusieurs gardes qui patrouillent dans toute la ville, et qui surveillent toute l'installation en permanence."

"Il y a juste quelque chose que je ne comprend pas." je me permets de l'interrompre. "Si les princesses savent ce qu'il se passe ici, pourquoi m'envoyer moi, ça n'aurait pas plus de sens d'envoyer la garde s'en occuper ? Et que font les autorités locales, ce n'est pas leur travail de régler ce genre de choses ?" Bien qu'en y repensant, les princesses n'avaient pas vraiment l'air sures de savoir ce qui se passait, tout ce que j'ai compris c'est qu'il y avait des plaintes de certains touristes. A propos de quoi ? Je ne l'ai jamais su et nou-Je devais enquêter pour savoir de quoi il en retournait. Mais encore une fois, seule Night Stalker a lu l'ordre de mission...

"Oui, ça aurait plus de sens." elle marque une pause et me jauge du regard, ses yeux navigants de ma tête à ma queue. "Et probablement plus de succès." ajoute-t-elle avec un sourire narquois. Oh, elle recommence à me taper sur les nerfs... "Mais elles doivent avoir leurs raisons, et je crois savoir lesquelles..." dit-elle l'air songeuse. "Tu t'en rendras probablement compte par toi-même."

"Comment-ça ?"

"Je te laisse la surprise, vois ça comme faisant parti du jeu."

Au plus je l'écoute et au moins ce dont-elle parle ressemble à un jeu, du moins, pas du genre amusant. Lorsque les princesses parlaient de déterrer les crasses des uppers pour faire tomber les corporations, je m'attendais à infiltrer des bureaux, prendre des poneys en filatures, fouiller des papiers... ce qu'on voit dans les films où on s'endort quoi ! Pas ce qui se passe dans ceux où l'on doit se boucher les oreilles à cause des jets de magie ou des explosions. Et pour moi une machine protégée par une armée de gardes cachée dans un centre de vacances rentre plus dans la seconde catégorie. J'ai aussi eu mon lot de combat et d'explosions ces derniers jours, je n'ai vraiment pas besoin de rajouter ça.

"Et vous voulez que je m'occupe de ça seule ?!" je m'écrie presque indignée de la responsabilité qu'elle me jette sur le dos. Quand est-ce que ces poneys comprendront qu'il n'y a pas trois semaines, j'arrivais au travail en retard tous les jours pour foncer m'enfermer chez moi dès que l'aiguille marquait l'heure de pointe ? D'accord, pendant deux semaines Night Stalker m'a appris les bases, mais par Celestia ! Même avec elle pour m'épauler ou me guider, je ne suis même pas sûre d'arriver à faire quoi que ce soit d'utile dans cette situation.

Je ne sais même pas par quoi je devrais commencer !

"Tu as jusqu'au couché du jour." répond Scarlet froidement en hochant la tête. "Soit à peu près trois heures. Si tu n'y arrives pas, attends-toi à passer une très longue nuit..." je ne sais si c'est une menace ou un avant goût des ordres dont elle parlait, mais je n'aime pas ce sous-entendu.

"Je n'arriverai jamais à faire quoi que ce soit seule !" je lui répète en l'implorant presque de comprendre l'absurdité de la tâche. Le rapport de force est totalement irréaliste. D'accord, il faut que je laisse tomber l'excuse de la simple jument, mais là je n'ai pas d'autre choix. "Relâchez au moins Night Stalker, elle pourra m'aider !" j'ajoute sans m'en rendre compte.

Elle réagit plus vite que moi, adossée dans sa chaise et les pattes avant croisées sur sa poitrine, elle me regarde bizarrement en fronçant les sourcils, elle me donne l'impression d'avoir dit une énormité, et avec un peu de recul, ce doit probablement être le cas.

"Et pourquoi je devrais faire ça ?" demande-t-elle méfiante.

"Je-" je n'en ai pas la moindre idée, ce n'est pas moins risqué que devoir me débrouiller seule. Partir d'ici en sachant ce prédateur en liberté serait tout aussi dangereux que devoir affronter les gardes des Richs à sabots nus. Et pourtant j'ai cette chose qui me pousse au fond de moi, j'ai besoin d'elle. Autant en tant que mentor, qu'en tant que partenaire, que soutient, mais aussi autre chose sur lequel je n'arrive pas à poser le sabot. "Elle a probablement des informations qui pourraient m'aider que je n'ai pas." je finis par répondre à la ponette rouge. J'espère que cette réponse lui suffira, ou pas. Est-ce que je peux vraiment faire confiance à la pégase noire ? Ou la changeline, peu importe...

"Quelque-soient les informations qu'elle puisse avoir, c'est à moi de juger leur importance et leur utilité." explique Scarlet d'un ton strict.

"Même si elles peuvent m'aider ?"

"Surtout si elles peuvent t'aider. Elle a accepté de coopérer et est en train de répondre à nos questions-"

"Elle répond à vos questions ?! Elle va bien ?!" Wahou, d'où c'est sorti, j'ai du mal à croire que ce soit de ma bouche, pourtant c'est moi qui suis penchée sur la table pour faire face à Scarlet, attendant avec une impatience mal placée qu'elle me réponde.

"Euh... oui, elle va assez bien pour coopérer de son plein grès en tout cas..." répond-elle en essayant de s'éloigner de moi inconfortablement.

Je me rassieds dans ma chaise avec un soupir de soulagement et un sourire gêné.

"Mais j'aurais quand même besoin d'elle." je finis par dire après m'être reprise. "Je ne peux rien faire seule, je ne sais même pas par où commencer-"

"Je n'en ai rien à faire." me coupe-t-elle agacée, je peux voir dans ses yeux brillants qu'elle commence à perdre patience... "Je t'ai laissé avec des instructions il y a bientôt trois semaines et je n'ai toujours pas vu le moindre résultat. Ne pense pas que j'ai oublié la dette que tu as envers nous, il est temps que tu te montres utile !" dit-elle en me pointant du sabot. "Ou n'as tu rien appris pendant tout ce temps ? Est-ce que je dois demander à la changeline de payer ta dette ? C'est une idée, je peux déjà voir l'utilité que pourrait avoir un membre d'élite des services spéciaux dans nos rangs. Mais à ce compte là, tu ne nous serait plus d'aucune utilité."

Elle prend une grande inspiration et se penche en avant pour me faire face. "Donc tu vas sortir tes fesses d'ici et me montrer le potentiel que les princesses et ma sœur semblent voir en toi. J'enverrai quelqu'un te chercher ce soir, si tu n'as fait aucun progrès, pour la suite des opérations. Évite juste de faire quelque chose de vraiment stupide."

Ouais... éviter de faire quelque chose de stupide... je peux tout à fait essayer de faire ça... Quant à faire quelque chose d'utile ? Je pourrais peut être essayer de quitter la ville et attendre que l'orage passe ? Vraiment, si je ne suis pas là, Scarlet pourra râler autant qu'elle veut sur mon incompétence évidente à faire face à une bande de gardes baraqués, et probablement capable de me maîtriser dans leur sommeil, au moins, elle ne pourra pas me reprocher d'avoir fait quelque chose de stupide ou d'avoir fait foirer son opération.

De toute façon, d'où vient cette obsession à vouloir me faire régler ses problèmes ? Je croyais qu'elle ne me faisait pas confiance ? Ne serait-il pas plus simple de prendre quelqu'un dans ses rangs pour s'en occuper ? Je dirais simplement aux princesses que les autorités ont refusées de coopérer et que j'ai estimé que le plan de Scarlet était la meilleure solution, quel que soit le plan qu'elle ait prévu.

Probablement de faire sauter le complexe en entier pour enfouir l'émetteur. Peu importe, du moment qu'il cesse de fonctionner, ça me va très bien. Oui, quitter la ville semble être la meilleure chose à faire. Il n'y a qu'un problème, comment vais-je expliquer aux princesses la capture de Night Stalker ? Et comment vais-je me rendre à Fillydelphia, pour y faire quoi ?

Au plus j'y réfléchis, au plus c'est évident, j'ai vraiment besoin d'elle, sans elle je ne peux rien faire...

"Mais avec moi, tu pourrais faire des prouesses." interrompt la voix métallique de mon implant.

"Pardon ?" je demande à voix haute. Est-ce que mon implant n'est pas censé être désactivé ?

"Tu es sure que tout va bien ?" me demande Scarlet en haussant un sourcil, sa voix parvenant tout juste à couvrir la réponse de celle dans ma tête qui continue d'un ton mielleux.

"Réfléchis bien à mon offre, ne néglige pas l'aide que je pourrais t'offrir."

"Stop !" je m'écrie en me prenant la tête entre les sabots. "Tais-toi, tais-toi..." je répète en me tapotant le côté droit.

"Quelque chose ne vas pas ?" demande Scarlet avec ce faux air inquiet à nouveau inscrit sur son visage.

"Bien sur que si !" je lui crache en me tournant vers elle. "Tout va bien ! Parfaitement bien ! Comment les choses pourraient aller mieux ?!" C'est plus fort que moi, mais il faut que je me retienne, ne pas m'apitoyer sur moi même, surtout ne pas m'apitoyer sur moi même. Elle n'attend que ça, ce doit être elle qui joue avec ma tête, après tout, c'est la seule ponette que je connaisse qui aime faire joujou avec les implants.

"Je viens de me faire violer par le seul poney en qui j'avais confiance !" Ou du moins relativement confiance. "La seule que j'admirais et la première que j'arrivais à respecter, je la voyais comme un modèle... Et maintenant j'entends des voix dans ma tête ! Mais je vais parfaitement bien !"

Elle s'approche de moi en me tendant une patte que je n'hésite pas à repousser. Je n'ai pas besoin de sa pitié !

"Et arrêtez avec cet air compatissant, si vous vous souciez de moi, vous ne m'enverriez pas en mission suicide ! A quoi vous jouez ?! Vous voulez vous débarrasser de moi, me faire payer, m'utiliser, me prendre en pitié ? Décidez-vous !" Je lui crie en sentant tous les muscles de mon visage se contracter de colère.

Elle regarde son sabot un moment sans trop sembler savoir quoi penser. Ha ! Je parie que ce n'est pas souvent que quelqu'un lui tient tête ! Puis son regard se tourne vers moi, accompagnant le claquement de sabots sur la table, envoyant les plateaux vides voler, celui-ci s'embrase d'une rage probablement aussi vive que la mienne. Mais ça ne prend pas, pas cette fois.

"Pas de ça avec moi !" je réponds faisant face à ses yeux brûlants, frappant à mon tour sur le meuble nous trouvant museau à museau, nos deux souffles brulants et saccadés s'entremêlant au faible espace qui les sépare. "J'en ai marre que vous jouiez avec ma tête ! Marre de m'évanouir ou être forcée dans l'inconscience. Répondez-moi ! Qu'est-ce que vous attendez de moi ?!"

"La ferme !" rétorque Scarlet en soutenant mon regard dur de ses yeux enflammés. "C'est moi qui donne les ordres ici ! Je n'en ai aucun à recevoir d'une simple jument aussi nuisible que toi. J'ai d'autres choses plus importantes à faire que de t'écouter, tu es à mes ordres, tu fais ce-"

Je la coupe en lui envoyant mon sabot encore valide dans la figure, le coup envoie la ponette rouge s'écraser dans sa chaise derrière elle. Elle se cache le visage un instant et se passe une patte sur le museau, une teinte plus sombre que son pelage vient s'y imbiber. Lorsqu'elle tourne sa tête dans ma direction, les naseaux ensanglantés, elle me fixe avec un visage choqué et presque apeuré, toute flamme ou chaleur a disparu de ses yeux qui commencent à s'humidifier.

Tout à coup, ce n'est plus la redoutée Scarlet Day que je vois devant moi, mais la simple adolescente incapable de tenir l'alcool ou gesticulant en murmurant dans son sommeil d'ébriété. Je sens comme un poids venir m'envahir et m'écraser, me faisant l'effet d'une douche froide. Jamais je n'ai été aussi violente et encore moins avec une gamine, peu importe qu'elle soit une dangereuse psychopathe ou non. Je regarde mon sabot droit avec le même air effrayé que la ponette rouge et la colère s'envole aussi vite qu'elle est venue.

"Je veux juste des réponses." je lui demande plus calmement. "J'en ai marre de cette confusion, je ne me suis pas réveillée la tête enfin libérée de toutes ces pensées pour que vous veniez me la remplir à nouveau. Pourquoi je suis là, qu'est-ce que vous attendez de moi ? Si vous vouliez me faire payer, si vouliez vous venger, vous ne m'auriez pas aidée. Je n'ai pas plus de talent pour ce que vous me demandez que n'importe lequel de vos agents. Blue Key, ou Quick Fix, peu importe son nom, semble bien plus confiante en cette mission que moi. Alors encore une fois, pourquoi ?"

Elle continue de me dévisager, une patte tendue devant elle pour nous séparer et tenter de la protéger de moi. Ce n'est pas en lui faisant peur que je calmerai la situation, je me rassieds dans la chaise, mais si elle attend des excuses, elle peut toujours attendre, le dernier poney à qui je les ai offertes a fini par abuser du peu de confiance que je pouvais encore avoir en elle.

Voyant que je ne présente plus une menace pour elle, Scarlet hésite encore un instant puis prend une profonde inspiration en fermant les yeux. Lorsqu'elle les rouvre, ils ont de nouveaux cette aura froide et calculatrice, bien que leurs mouvements saccadés continuent à me déshabiller dans l'attente d'un autre geste brusque.

Elle déglutit bruyamment et prend une autre grande inspiration avant de se rassoir dans une pose moins défensive et plus naturelle. Ses yeux se fixent enfin sur les miens, elle se décide à prendre la parole.

"Et il faut que ça arrive quand Sapphire n'est pas là..." marmonne-t-elle dans sa barbe, le regard en coin, un bref instant avant de revenir sur moi.

"Tu veux savoir pourquoi tu es là ? Je ne le sais pas moi même. Si tu tiens à savoir pourquoi chez nous, pourquoi chez les Me, il y a plusieurs réponses, et je n'aime aucune d'elles.

"Loud Wind m'avait déjà fourni plusieurs rapports sur toi, il te trouvait suspecte. Tu étais une simple commoner, mais... différente, incapable de faire preuve de la moindre ponctualité, recluse, asociale, toujours avec un air grincheux... C'est ce qui a attiré son regard en premier lieu, ainsi que mon attention. Est-ce que tu as déjà vu beaucoup d'autres commoners tirer la tronche comme tu sais si bien le faire ou avoir ton comportement ?" Elle ne me laisse pas le temps de répondre qu'elle reprend. "Bien sur que non, parce que l'endoctrinement les en empêche, pour eux, ils vivent dans un monde parfait, ils n'ont aucune raison d'être insatisfait, et la règle du jeu est de vivre en harmonie avec son prochain.

"Mais peu importe, tu étais probablement une anomalie, ou ton implant était d'une meilleure facture que nous le pensions. Alors Loud Wind est entré en contact avec toi, il a observé plus méticuleusement ton travail, tes réactions lorsqu'il te mettait sous pression. Il t'a donné des tâches plus difficiles à faire, tu ne t'en es probablement pas rendu compte, mais aussi plus de responsabilités. Personne n'entre à Apple Tech pour y concevoir des MAI en seulement quelques mois."

"Et c'est là que nous avons été le plus surpris. Savais-tu que tu réagissais exactement comme un lowcast lorsque tu étais contrariée ?" Je lui lance un regard mauvais, ce n'est pas vraiment le genre de comparaison que j'apprécie. "Mais aucun Lowcast n'a les capacité d'apprentissage et d'adaptation dont tu faisais preuve, seul un implanté en est capable. Peu importe la difficulté du travail, tu finissais presque toujours par le réussir. Ce qui supprimait la théorie de l'implant défectueux. Il ne nous restait alors plus qu'une hypothèse."

"C'est pour ça que vous m'avez demandé si j'étais une upper lors de notre première... 'Rencontre' ?" je lui demande en serrant les dents au souvenir de ladite rencontre.

"Entre-autre" répond-elle calmement avant de reprendre. "Mais encore une fois, il y avait quelque chose qui ne semblait pas aller. Pourquoi est-ce qu'une upper travaillerait comme simple employée à Apple Tech ? Pourquoi pas manager, chef d'usine ou bien même dans les bureaux du siège ?"

"J'en ai conclu que quelque soit la raison, tu ne sentais pas bon pour notre projet en cours, probablement une espionne qui je ne sais comment avait eu connaissance de notre plan pour les princesses. J'étais sur le point d'ordonner ton enlèvement lorsque j'ai appris que tu comptais te faire porter malade le jour de l'attentat. J'ai bêtement pensé que tu étais une upper de bas étage et ce genre de comportement correspondait à ton profil de fainéante notoire." Nouveau regard mauvais. Comment en suis-je venue à regretter mon geste ? Pourtant, elle n'a rien de son air impertinent.

"En revanche, qu'elle n'a pas été ma surprise lorsque Loud Wind m'a annoncé en panique que tu étais tout de même venue ce jour là. Quand les princesses ont survécu à l'explosion et t'en ont protégée, j'ai cru que tout était une feinte pour prévenir l'attentat, je n'ai pas hésité une seconde à venir voir en personne la jument responsable d'années de préparation envolées en fumée." Ses yeux recommencent légèrement à s'embraser tandis qu'elle continue son long récit.

"Tu ne peux même pas imaginer à quelle point la rage bouillonnait dans mes veines quand j'ai vu ce vulgaire poney décoloré allongé sur la table, je n'avais qu'une seule envie, te faire souffrir, te faire connaître les pires tourments du tartare. Et pire encore, apprendre que tout ceci était uniquement parce que tu étais tellement bête que tu as simplement oublié ?!" dit-elle avec un rire nerveux. Pourquoi ais-je cette impression de déjà-vu ?

"Et dire que j'étais allée jusqu'à penser à un complot contre les Me ?!"

"Hé !" Je l'arrête en frappant du sabot sur la table. Je commence à avoir de la peine pour ce simple meuble inerte qui n'a rien demandé. "On a déjà eu cette conversation et nous savons toutes les deux comment elle s'est terminée. Ça ne répond pas à mes questions !"

"J'y viens !" répond-elle le regard dur, mais il s'adoucit rapidement, la ponette rouge semblant soudainement incertaine. "Je- je ne savais pas quoi faire de toi, tu étais de nouveau une anomalie, ou une upper de seconde zone."

Elle soupire et détourne le regard. "Je vais répondre à tes questions, mais ce que je vais te dire n'a pas intérêt à sortir d'ici, c'est bien clair ?" demande-t-elle de nouveau sévère en se retournant vers moi. Combien de fois cette ponette est-elle capable de changer de comportement en de si courts laps de temps ?

"Je ne promets rien." je lui réponds du ton le plus sur que j'arrive à prendre. Après tout, je veux ces réponses, et quand cette histoire sera finie, ce sera au tour d'une autre jument d'y répondre. Au final, ce n'est pas un si mauvais exercice.

"Je suis peut être jeune, je n'ai peut être pas vécu ce que tu as vécu ces dernières semaines, mais crois-moi, j'ai eu mon lot d'épreuves. J'ai vu et fait des choses qu'il te reste encore à redouter. Et c'est justement parce qu'elles me sont arrivées que j'ai gagné le respect, mais aussi la crainte des Me, c'est ce qui a fait de moi la nouvelle Grande Coordinatrice du groupe après la capture de mon prédécesseur. Et toi... sur le moment, je ne vais pas te mentir, je voulais me débarrasser de toi. Puis j'ai vu toute la détresse sur ton visage quand tu as cru que nous allions retirer ton implant. Et tu nous portais en si haute estime..." dit-elle avec un sourire rêveur en levant les yeux au ciel. "Quel meilleur châtiment que de te faire rejoindre nos rangs ? Certains de nos agents ont tendance à disparaître discrètement lors de certaines missions... délicates.

"Puis tu es tombée dans le coma et ça m'a donné le temps de relâcher la vapeur et diminuer la pression. J'ai réfléchi plus en détail à ton cas. Au final, aussi... agaçante que soit ton incommensurable bêtise, tu étais innocente, juste au mauvais endroit au mauvais moment, et je suis avant tout une Me, je ne blesse pas les innocents, je les aide."

Peuh, je n'arrive pas à retenir un renâclement. Elle veut sérieusement me faire croire ça ?

"Crois moi ou non, peu m'importe, je sais qui je suis. J'étais prête à te faire amende honorable. Et devine ce qui franchit la porte de mon bureau en pleur juste quelques instants plus tard ?" demande-t-elle en serrant la mâchoire, le brasier de ses yeux gagnant en intensité.

Oh non, j'ai cette sensation désagréable qui revient. Bien qu'au final je ne devrais pas avoir à me sentir mal à l'aise; j'avais parfaitement raison dans cette dispute, et mes arguments étaient bien plus valables que ceux de la licorne. Ce qui ne m'empêche pas de déglutir gênée face à l'accusation de Scarlet.

"Parfaitement, s'il y a une chose que je tolère encore moins que ce monde putride et corrompu dans lequel nous vivons, c'est que l'on blesse ma sœur. Elle entre dans mon bureau en pleur et m'explique en détail la conversation que vous venez tout juste d'avoir. D'abord, l'envie de te voir disparaître refait surface.

"Et là, surprise. Sapphire fini de sécher ses larmes tandis que je continue furieuse d'énoncer les milles et unes façons que je connais de se débarrasser d'un poney, lorsqu'elle m'interrompt en me rappelant le dernier rapport que nous avons obtenu de l'attentat. Il n'est alors plus vraiment difficile de combiner ta soi-disant immunité et l'intérêt que te portent les princesses. Nous n'avons jamais eu d'agents aussi près d'elles, aussi près de la Bibliothèque Royale, naturellement, lorsque Sapphire a proposé de faire de toi cet agent, j'ai ravalé ma fierté et j'ai accepté."

J'essaye de me retenir d'écarquiller les yeux, mais à quoi bon. Sapphire, hein ? Décidément je ne peux faire confiance à personne. Au final, ça ne devrait même pas m'étonner. Bientôt j'apprendrai aussi que les princesses sont dans le coup, qu'il n'y a aucun complot des uppers, et que cette histoire n'existe que pour m'emmerder la vie. J'ai du naître sous une mauvaise étoile et aujourd'hui j'en paye le prix.

"Tu peux me faire confiance," m'indique la voix de mon implant.

"J'ai du mal à faire confiance à une voix dans ma tête," je réponds mentalement, les sourcils froncés.

Scarlet me regarde sans rien dire, elle doit penser que je réfléchis à ce lot d'information, mais je n'en ai ni le temps ni l'envie... Bon, peut être que j'en ai le temps, mais certainement pas l'envie.

"Youpi ! Je sais pourquoi je suis une Me. Et au final, je m'en fiche, c'est toujours aussi frustrant..." Une longue pause se fait ressentir sans qu'aucune de nous deux ne prononce un mot. "Donc... Sapphire aussi est la méchante ?" Ça la fera probablement réagir, j'ai le ventre plein, l'assiette vide, et au plus tôt cette conversation sera finie, au plus vite je serai débarrassée d'elle. J'espère.

Elle se contente simplement de soupirer et de secouer la tête. "Il n'y a pas de méchants, ni de gentils, nous faisons juste ce qui doit être fait-"

"C'est très noble de votre part," je l'interromps en levant les yeux au ciel.

"Quoi qu'il en soit, toi aussi tu es là pour ça, donc montre moi ce que tu vaux et si tu peux vraiment changer les choses. Trouve l'émetteur et essaye d'en prendre le contrôle, tu as jusqu'au couché du soleil, après, on procède à ma manière."

Elle se lève de sa chaise, se faufile entre le bureau et un meuble à tiroir pour y plonger le museau dans les divers documents qui le couvrent.

Un nouveau silence s'installe, ponctué uniquement par moments du son des papiers.

"Euh... maintenant ?"

"Oui, maintenant, allez, chou !" dit-elle agacée avec un geste de la patte sans même relever le nez.

Quelle amabilité... Je la laisse à ses affaires et quitte le 'bureau' pour me retrouver dans la salle des machines. Mis à part deux ou trois poneys, il n'y a plus personne, et le silence inhabituel se fait encore plus ressentir, mais pour le moment, il n'y a qu'une seule chose qui m'intéresse : sortir d'ici.

Si seulement le poney blanc qui s'est affalé au sol quand j'ai ouvert la porte voulait bien se pousser... Dans un grognement, il, ou plutôt elle, se relève et repousse les mèches bleues de son visage.

"Je n'étais absolument pas en train d'écouter !" Son visage est neutre, et si je ne l'avais pas prise l'oreille collée à la porte, je pourrais presque la croire. Presque.

Je me contente de hausser les épaules et m'apprête à la contourner, ce qui s'avère plus difficile que je ne l'aurais cru. "Je peux passer ? A priori j'ai une mission importante à accomplir et je suis un peu pressée."

"Ah !" dit-elle le torse gonflé.

"Ah ?... quoi ?"

"Comme si tu avais la moindre chance. Est-ce que tu sais seulement ce que tu cherches ?" La façon hautaine qu'elle a de me regarder malgré sa petite taille a le don de me hérisser le poil. Encore un poney avec qui je vais bien m'entendre.

Je la pousse de mon chemin à l'aide mon sabot, en plus d'être petite, elle est légère, je ne rencontre presque pas de résistance. C'est à se demander comment elle a réussi à me traîner jusqu'ici. "C'est un émetteur," je commence en prenant ma route vers la sortie. "De petite portée apparemment puisque selon vos données il ne touche que Green Pasturges. Donc soit je cherche une antenne, soit je cherche plusieurs petits émetteurs répartis dans la ville ou le complexe de vacances-"

"C'est une antenne," annonce la ponette blanche à ma suite. "Elle est difficile à manquer, elle est posée sur le toit du bâtiment principal. Elle sert aussi à capter la radio et la télévision pour toute la ville."

Je me retourne et la regarde avec un air blasé. "Pourquoi vous avez besoin de moi si vous savez déjà où il se trouve ?"

"On a pas besoin de toi, si je n'avais pas à te surveiller avec l'autre folle, c'est moi qui devrait mener la mission."

"Oh, je vous en prie, elle est toute à vous." Si elle y tient tant que ça, je ne vais pas insister, ce sera un problème en moins pour moi.

"Je ne pense pas que ça marche comme ça !" Et moi je ne pense pas qu'il soit nécessaire de le dire avec autant de fierté et un air aussi sûr de soi. "Si Scarlet t'a donné une mission, tu dois l'accomplir !" Et en plus elle parle fort, ce n'est plus de l'ennui que je ressens, c'est de la gêne. S'il y avait plus de poneys dans la pièce, je n'aurai qu'une envie : me cacher. "Et c'est pour ça que je viens avec toi !"

Oh, d'accord, tout ça pour ça... "Quoi ?! Non, non, non, hors de question que je me traîne une autre timbrée, Night Stalker est largement suffisante. Et Scarlet a aussi insisté pour que je me débrouille seule."

"Free Will !" Tiens, j'étais persuadée d'avoir refermé la porte du bureau, mais de toute évidence, ce n'est pas le cas. "Quick Fix sera ton agent de soutient." Elle relève la tête et je peux sentir son regard me brûler de l'autre bout de la pièce. "Si tu foires la mission, c'est elle qui lancera la deuxième phase et s'assurera de ton extraction." Je m'apprête à protester mais elle ne m'en laisse pas le temps. "Pour le reste, tu te débrouilles seule. Inutile de préciser que le plan C est à éviter." Euh... je crois qu'il manque le plan B là, non ?

Je n'ai pas le temps de le faire remarquer que la porte se referme d'elle-même, me laissant seule dans la grande salle silencieuse, avec la ponette blanche.

"Tss, t'as déjà fait foirer le plan A, je suis déjà prête à lancer le plan C." souffle ladite jument. "Puisque le plan B c'est toi, qu'est-ce que tu comptes faire ?"

Je reprends ma route en direction de la sortie, indiquée par un magnifique panonceau vert lumineux. C'est le pire repère de méchants qu'il m'ait été donné de voir, au moins ils font plus d'efforts dans les films. "Je n'en sais rien," je lui réponds, blasée. "Je verrais bien sur place, dans le pire des cas, il se passera, quoi ? Je ferais foirer l'opération en semant la pagaille chez les Richs. L'émetteur sera hors d'usage et votre position à Green Pasturges compromise, les princesses seront contentes et je pourrai rentrer chez moi."

Les bruits de sabots se sont arrêtés derrière moi, je me retourne pour voir Quick Fix, la bouche bée, qui me fixe en tiquant des yeux. Mmh, ça pourrait marcher, je ne pense pas avoir besoin de plan. Je franchis la porte en métal qui mène dans le couloir humide avec un sourire sur le visage.

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Note de l'auteur

Pfiou ! Enfin terminé, après 9 mois d'écriture et de ré-écriture, cette partie est enfin terminée !
Le prochain chapitre entre enfin dans l'action et devrait marquer la fin de l'Arc de Green Pasturges, ensuite, direction Fillydelphia.

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Églantine
Églantine : #33230
Waw je n'ai jamais voulu me lancer dans une fic si longue mais la je regrette vraiment pas a part les petites fautes d'orthographe ici et là c'est juste parfait la meilleure fic qu'il m'ai été donné de lire.
Il y a 2 ans · Répondre
herdac
herdac : #23931
Oui enfin tu ne peut pas savoir depuis combien de temps j'attend la suite de cette fic au passage j'ai vu que j'avais oublier de mettre à lire

A quant la suite :p
Il y a 3 ans · Répondre
shuryt
shuryt : #23923
J'ai cru que vous aviez abandonner la fic, j'hésitais même a envoyer un mp pour confirmation :D
Sa fait plaisir de se tromper. J'espère que le prochain ne sera pas dans 9 mois, m'enfin, je suis pas pressé au pire :P
Il y a 3 ans · Répondre

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