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La Plume d'Aurore

Une fiction écrite par Raincloud.

Chapitre 6 - Magnetic Feel

Mon cœur battait la chamade, un sourire fugace apparaissait par moment sur mon visage. Je rampais comme une taupe infiltrée, les oreilles rabattues, ma broche bien coincée, et la crinière aigue-marine plaquée contre mon front, trempée de sueur. Ah, l'aventure, l'excitation de savoir si le plus dangereux nous attendait au bout du tunnel... je comprenais maintenant pourquoi Daring Do et Wild Leaf en avait fait leur marque de fabrique. Et à chaque fois que je regardais la pégase verte à plat ventre, les ailes d'auroferrite plaquées contre son dos, avançant comme si elle passait sa vie à ramper dans des conduits d'aération, je ne pouvais que sourire d'admiration. Et bien vite, mon corps me rappelait à la raison : aussi palpitante que fusse cette aventure, je pense que je mettrais une bonne semaine avant de m'en remettre, moi qui ai toujours tout fait pour éviter les cours d'EPS...

C'est Wild qui avait eut l'idée de se glisser dans ce conduit qui nous attendait non loin du gouffre magnétique qu'elle avait neutralisé. La présence de ce conduit ne fit que conforter mon idée que cette pyramide était beaucoup plus moderne qu'elle ne le donnait à voir.

Nous arrivâmes bien vite devant un mur de métal. Le conduit continuait en effet à angle droit vers le haut. Wild se plaça à côté du mur et mit ses sabots au sol, prête à me faire la courte échelle. Je me relevai aussi haut que je pus dans ce conduit très bas, afin de me mettre à courir pour prendre appui sur les sabots de Wild.

Je suppose que si elle avait décidé ça, c'est que la suite du chemin était à portée de main en hauteur. Je sautais à l'aveugle, mais mes sabots agrippèrent un rebord comme prévu.

Je me hissais rapidement, et repris ma course avant de freiner brusquement. Ma broche décolla et je la capturai d'un rayon magique avant qu'elle ne chute dans cette nouvelle salle où j'avais faillit tomber moi-même.

Lorsque Wild me rejoignit à coup d'ailes, je lui fis signe de se baisser discrètement pour observer cette chambre où débouchait le conduit.

Cette pièce était très spacieuse. Les couleurs émeraude et or (qui devaient être de vraies émeraudes et du vrai or) lui donnaient une prestance singulière. Le peu de lumière parvenait à scintiller intensément et à donner une impression d’extérieure, tout en préservant l’atmosphère chaleureuse d’une grotte sculptée par les eaux.

Très éloigné de tout ce que l'on avait vu jusqu’à maintenant, il s’agissait vraiment d’un grand sanctuaire utilisé (du moins autrefois) pour prier le Serpent aux Plumes d’Aurore, figure imposante qui se retrouvait sur les plafonds et les murs.

La salle se composait de quatre « pièces » plus ou moins grandes et plus ou moins rectangulaires :

Au fond, finalement assez loin de nous, une sorte de socle en pierre verte trônait magnifiquement au sommet d’un bas escalier. De nombreux conduits reliait cet objet apparemment sacré, car toutes les torches pointaient en sa direction et un mince filet de lumière tombait du plafond pile dessus.

La pièce à notre droite était remplie d’instruments étranges, de machines et d’outils dont la liste serait trop longue à décrire ici.

Il y avait aussi des plans un peu partout et... quelque chose qui me perturbait sur ceux-ci... Mais une autre chose sûrement plus importante attira mon attention : de nombreuses machines étaient plantées dans la paroi, et cette dernière semblait plus érodée que les autres. J’en conclus qu’elle donnait sur l’extérieur, plus précisément sur l’arrière de la pyramide (puisque son entrée était à l’ouest dans mes souvenirs). Je conclus aussi que nous aurions droit à une magnifique fenêtre sur la jungle si jamais les lézardes qui parcouraient ce mur-ci venaient à s’agrandir.

Le centre, sur lequel nous débouchions, comportait un grand totem plein de gravures qui supportait la voûte. Tout autour, il y avait des chaînes, des anneaux de fers et même un effrayant pilori un peu en hauteur.

Enfin, à notre gauche, une pièce dont je ne pouvais évaluer la taille, étant plongée dans la pénombre absolue. Aucune lumière ne l’atteignait.

Il y avait aussi cette chaleur qui mérite d’être mentionnée. Elle était peut-être due à l’entassement de machines en route, mais une chaleur pareille, là où toute la pyramide était glaciale, me semblait plutôt une réclamation personnelle du possesseur des lieux. Quelqu'un qui serait adapté à cette chaleur... est-ce que ça voudrait dire que...

Non, ce n'était pas le moment de réfléchir. Pour l’heure, je contenais mes suspicions et pris l’air le plus gai possible, ravie d’avoir atteint l’objectif.

« On a réussi, c'est la chambre d'Ameraude, c'est ça ? »

J'attendais la réponse enjouée de Wild Leaf. Au lieu de ça, elle déglutit, légèrement mal à l'aise. Au vu du nombre incalculable de chaînes et d'outils de torture, je compris rapidement que c'est ici qu'on avait essayé de lui arracher ses ailes. Elle resta un peu fixée sur le pilori, afin de croiser mon regard et de hocher avec un léger sourire la tête de haut en bas.

Plusieurs poneys habillés en noir, avec des lunettes noires et une crinière noire gambadaient d'un bout à l'autre pour vérifier des câbles électriques, relever les informations des transformateurs ou contrôler les écrans représentant des lignes de champ magnétique.

Wild Leaf affirma avec une pointe de déception qu'il s'agissait des étalons de main de ce Monsieur Caballeron que je n'avais toujours pas rencontré, mais dont je ne donnerais aucune appréciation négative puisque que j'avais sa fille à côté de moi.

Après s'être chargée de l'appréciation négative de son père à ma place (un mot qu'il ne vaut mieux pas écrire, je vous assure), Wild s'interrogea sur les agissement des Colts in black, essayant de comprendre le lien entre les valeurs décimales qu'ils criaient l'un après l'autre.

Moi, j'avais déjà compris... du moins, je pense que je touchais au but. Wild avait vécu dans un labo, elle devait avoir assez d'expérience pour comprendre.

Je me tournais vers elle, prête à tout lui expliquer :

« L'énorme gouffre métallique plein de magnétisme que nous avons traversé n'a rien à faire dans une pyramide antique, nous sommes d'accord ?

- Absolument.

- Il s'agissait en fait d'un réacteur, dis-je en pointant mon sabot vers les écrans des Colts in black. Il faut savoir que tout conducteur électrique soumit à un champ magnétique conséquent produit une force électromotrice calculée par le facteur de Lorentz.

- Le truc qu'on compte en Tesla ?

- Oui, exactement ! On appelle ça l'induction électromagnétique, et ça permet de générer un courant. En gros, le gouffre qu'on a traversé fonctionne comme un réacteur : un habile jeu d'aimants géants, une multitude de conducteurs et on obtient de l'énergie à profusion.

- Pourquoi une pyramide aurait-elle un réacteur ?

- Tous ces tuyaux fluorescents que nous avons vu conduisaient l'énergie. Je pense même qu'il y a plusieurs réacteurs à la base de cette pyramide, peut-être une dizaine. Et nous sommes tombés sur seulement l'un d'entre eux.

- Plusieurs réacteurs ? Tu veux dire, comme dans une centrale ?

- Non, non, plutôt comme dans... une fusée. »

Un silence suivit, j'en profitais pour regarder à nouveau les plans et trouver ce qui me paraissait si familier lorsque je les regardais. Quant à Wild Leaf, elle fit le rapprochement plus rapidement que je ne le pensais :

« La pyramide d'Ameraude toute entière est une fusée ?

- Pas exactement... dis-je en essayant de déchiffrer ces plans perturbants au loin. Hum, en fait, les réacteurs sont sûrement assez énergétiquement puissants pour projeter du dihydrogène gazeux sous la surface. Je ne vais pas te faire le calcul, mais la pression pourrait être suffisante pour scinder la plaque lithosphérique, et pour observer une transformation de l'énergie mécanique en énergie potentielle de pesanteur.

- Traduction ?

- La plateau d'Atrexalcoatl s'élèvera au-dessus du sol, comme l'annonce la prophétie.

- La prophétie... n'a donc rien de magique...

- Ceux qui l'on conçu on simplement dut découvrir et comprendre ces réacteurs, expliquais-je en me retournant vers elle. La magie est une science... et la science, des fois, peut-être vraiment magique...

- D'accord... mais moi, la Plume d'Aurore, qu'est-ce-que j'ai à voir avec ça ? »

Je n'eus pas le temps de répondre car la puissante voix d'un poney en noir interrompit notre conversation.

« Bon, les gars, tout est prêt ? Vous avez checké la ventilation pour éviter la surchauffe ?

- Pas encore, chef.

- Qu'est-ce-que vous attendez ?! Faut voir si ce qu'on a mit en place tiens la route avant l'arrivée du boss ! Allez, testez les ventilos à fond, je veux que ça fasse trébucher un bœuf ! »

Mon estomac se noua soudainement. Je partageais avec Wild un regard anxieux, nous tournâmes au même moment les yeux derrière nous, où se tenait incrusté dans le conduit un énorme ventilateur.

Le plus rapidement possible, nous fîmes volte-face pour courir se réfugier dans le conduit inférieur. Mais les pales passèrent du repos à une vitesse impressionnante en quelques secondes.

Wild Leaf était parvenue à s'accrocher au rebord, mais j'avais beau courir, je ne parvenais pas à faire de même.

Les bruits de pas sur le métal et toute l'agitation de mes cris avaient sûrement alerté les poneys en noir qui s'étaient tous rassemblés en dessous.

Mais ils n'avaient au final pas à un ongle à bouger puisque je tombais à leurs pieds, sur un plateau d'argent (littéralement, je veux dire, le sol à cet endroit était une sorte de métal argenté).

Ils m'encerclaient. Tant de discrétion pour finir comme ça... Mais je n'eus pas le temps de bien distinguer leurs mines réjouies : les quatre pattes de Wild Leaf me cachèrent aussitôt la vue.

Campée héroïquement devant moi, alors qu'elle aurait pu s'enfuir, elle lança :

« Le premier qui touche à un poil de sa crinière aurait aff... »

Un gars se jeta sur elle avant la fin de sa phrase. Il la maintint au sol pendant qu'un autre fixait un solide collier rouillé autour de son cou. Après quoi un autre lui donna un coup dans le ventre pour la forcer à déployer ses ailes. Elle tomba avec un cri de douleur, ses ailes furent liées et son collier rattaché à une chaîne au sol.

Malgré tous mes efforts je ne pus lui venir en aide car l'autre moitié des sbires me maintenaient les bras. Je donnais tout ce que je pouvais pour me ruer dans tous les sens, mais je n'étais pas très costaude : mon sabot droit fut attaché à un pylône non loin et j'eus le droit au même collier que Wild attaché au sol. Apparemment ils avaient vraiment tout prévu... Quant à ma corne, étant donné que je n'étais pas une grande magicienne, un poney se contenta de l'entourer d'une chaîne cadenassée et en profita pour bousculer mon crâne et faire tomber ma broche qui tomba au milieu de la pièce, hors de ma portée.

Et alors que les moins gradés se remettaient au boulot en se frottant les sabots, les autres, méchants sans bienséance obligent, se mirent à nous prendre de haut et se moquer soit de la licorne qui tirait de toutes ses forces sur ses chaînes pour atteindre sa broche soit de la pégase enragée qui tentait de mordre chaque sabot de ses ravisseurs qui passait près d'elle.

Puis soudain, coupant net toutes les moqueries, tous les sons jusqu'à ceux des machines fumantes, un « SILENCE !! » emplit l'air.

Une voix grave et puissante, assez effrayante pour abandonner l'idée d'attraper ma broche. Je vis les crocs d'enfant sauvage prête à mordre de Wild disparaître derrière ses lèvres. À la place, ses sourcils se froncèrent intensément, presque plus menaçants.

Je conclus que nous avions affaire à son fameux ennemi juré... et pourtant il y avait un sentiment étrange qui m'empêchait d'avoir peur de ce monstre...

Les flammes des flambeaux devant nous s'amenuisèrent, dans la pénombre de la pièce ouest qui nous faisait face, nous entendîmes un lourd bruit de pas, puis une légère ombre se dessina sur le mur. Cette présence qu'on devinait à peine dans le noir fit reculer tous les gars aux lunettes noires sans exception.

La voix enfin reprit, adoptant tous les codes de l'intonation du méchant maléfique parfait.

« Comme vous le voyez, nous savons accueillir les invités...

- Je crois que tu t'es trompé de poney, Ahuizotl ! lança Wild en releva son cou le plus haut que lui permettait sa chaîne. Le simple fait que je sois dans la même pièce que toi signe ton arrêt de mort !

- Wild Leaf, demandais-je calmement, dois-je en conclure que tu n'as jamais croisé Ahuizotl en personne depuis ton arrivée ici ? »

Wild me regarda interloquée et perturbée. J'avais peut-être désamorcé son interjection épique, mais je venais d'obtenir une réponse indispensable à ma réflexion...

« Vous arrivez juste à temps, continua Ahuizotl sans prêter attention à mon expression pensive. Je n'aurais pas rêvé mieux comme spectateurs que cette chère petite Plume d'Aurore et son amie ingénue. Comment trouves-tu mes installations, Lyra, as-tu deviné comment ça fonctionnait ?

- Oh oui, lançais-je avec un sourire si ravi que Wild se demandait sûrement si je n'étais pas hypnotisée. Je dois avouer que je suis honorée d'avoir avoir affaire à un génie tel que vous. Ça c'est sûr, je ne m'attendais pas à comprendre toute la complexité de votre esprit machiavélique dès notre première rencontre. Aurais-je omis de me présenter ? Je m'appelle Lyra. Non, attendez, vous connaissez déjà mon nom, ah ah, ce qui est étrange puisque je ne vous connaissais pas avant que Daring me parle de vous... hilarant non ? »

Wild fronça encore plus les sourcils, se tourna vers moi, puis vers le monstre dans la pénombre. Celui-ci se fit silencieux, je pense qu'il contemplait l'expression victorieuse qui se lisait sur mon visage. Je me tournais de nouveau vers les mystérieux plans de tout à l'heure. J'entendis alors la créature ricaner :

« Ah, mes pauvres poneys, vous n'aviez pas à vous mêler à tout ça...

- Et pourtant tu sais que nous serons toujours là pour vaincre tes plans, Ahuizotl ! s'écria Wild.

- Quand bien même vous n'êtes pas Ahuizotl... marmonnais-je.

- Lyra, qu'est-ce-que tu racontes ? » dit Wild un peu énervée que je lui gâches encore sa réplique.

C'est à ce moment que l'ambiance changea, j'avais l'impression que les poneys en noir commençait à me craindre, l'impression même que la créature qui me faisait face commençait à me craindre. En temps normal, mes déductions sont toujours accompagnés d'une pointe d'ironie, d'arrogance peut-être même avouons-le. Mais à ce moment précis, j'étais plus sérieuse que jamais.

« Si Ahuizotl est bien la créature canine pégaztèque au museau allongée que toi même tu m'as décrit, Wild Leaf, je suis navrée mais ce n'est pas du tout l'ombre que je vois se dessiner sur le mur !

- Espèce de petite... grogna l'ombre que je coupais aussitôt.

- Dis-moi, Wild Leaf, trouves-tu cette voix naturelle ?

- C’est la voix d’Ahuizotl... avec peut-être un effet bizarre de résonance.

- Ah oui ? Oh, c'est rien ça, c'est juste le haut-parleur... »

L'ombre sur le mur semblait désarçonnée. On entendit un gros bruit de métal tomber sur le sol, le haut-parleur roula jusque sous mes sabots, à la grande surprise de Wild Leaf. Je relevais la tête, toujours aussi sérieuse, d'autant que je commençais à avoir l'appui de cette dernière.

Elle avait compris que l'organisateur de ce plan, le contrôleur des basilics et des poneys en noirs, l'être obscur de la prophétie n'était pas du tout celui que Daring Do, Caballeron, elle et peut-être même les lecteurs n'imaginaient. Non, Ahuizotl n’avait jamais fait partie de cette histoire...

Cela semblait agacer notre ennemi qui voyait sa couverture s'écorcher peu à peu.

« Vous ne vous en sortirez pas comme ça ! continua le monstre qui avait perdu sa voix grave pour une beaucoup plus suave. Poneys, emmenez-les rendre visite aux basilics !! »

Les Colts in black accoururent. Rien qui ne me fasse défaillir, il était temps de briser la glace une fois pour toute.

« Je dois avouer que je ne m'attendais pas à ce qu'Ahuizotl ait une voix aussi féminine ! dis-je en fixant un poney en noir si âprement qu'il recula de lui-même.

- Arrête ça tout de suite ! s'écria la créature à la voix de femme en tapant visiblement du pied.

- Ah, bruit de griffes qui heurtent le métal, je ne demandais pas tant d'indices, madame. Wild Leaf tu ne sens pas quelque chose ?

- Mes capteurs ressentent une légère brise, et les flammes des flambeaux oscillent, mais la ventilation a été coupée non ? »

A la fin de sa phrase, elle lança au poney en noir qui l'approchait le même regard que le mien. Il ne savait apparemment plus quoi faire.

« Cette brise, comme tu dis, doit être sûrement due au léger battement d'ailes de notre hôtesse, ajoutais-je à l'adresse de l'obscurité.

- Des ailes ?

- Ça collerait très bien avec cette énorme chaleur. Cette température est la préférée des lézards ! Ou des dragons...

- Tu crois vraiment que tu m'impressionne avec tes petites déductions, Lyra ? s'énerva la voix tandis qu'une griffe dragonnique émergeait de l'obscurité.

- Je suis à peu près sûre que vous êtes une assez grande reine pour ne plus être impressionnée de rien ! répondis-je du tac au tac en approchant aussi près que me permettait mes chaînes. Et si vous comptiez vous faire passer pour Ahuizotl devant moi, il ne fallait pas laisser des indices aussi gros que celui que vous avez laissé sur ces plans ! »

C'était le moment de la révélation dans le film de détective, celui où tout le monde tourne son regard vers le dernier indice, le mur derrière moi, celui où les plans de la machinerie étaient épinglés, et où le détective n'a même pas à se retourner pour fixer le criminel dans les yeux.

Cela fait un bien fou de poser la dernière pièce du jeu d'échec. Je venais de faire éclater la vérité la plus retentissante de mon année professionnelle. Bien joué, Lyra, ils sont tous en train de fixer sans trop comprendre les sortes de W qui signaient chacun des plans de machine.

« La représentation d'une constellation... une constellation que j'ai déjà vu quelque part, n'est-ce-pas ? C'est vous même qui m'aviez confirmé qu'elle représentait Cassiopeia, il a vingt-quatre heures, pas si loin d'ici. J'espère que vous avez de quoi répondre, Cassiopée, reine des Dragolithiques ! » lançais-je à pleins poumons aux pupilles bleu océan qui apparaissait dans le noir

Un nuage de fumée brûlant fut alors soufflé sur moi. Sous les yeux incrédules de Wild Leaf, une grande dragonne aux écailles blanches et aux épines dorsales bleues glissa doucement jusqu’à moi. Cassiopée menaçait du regard tous les hommes de mains de Caballeron qui travaillaient pour elle, mais c’est à moi qu’elle réserva le plus hostile des regards.

« J’aurais pu berner tous les autres jusqu’au bout.

- Pas de chance. Je suis là. » répliquais-je plus sérieuse que jamais.

Cassiopée sourit, puis tourna autour du totem comme un serpent perfide avant de venir se poser près de Wild, encore sonnée.

« Je dois reconnaître que tu es très douée quand il s’agit de révélations, Lyra. Celle-là était grandiose, tu as fait buggé Wild Leaf ! »

Wild Leaf ferma les yeux, mais je vis ses dents se serrer. Puis brutalement, elle se mit à hurler :

« Je ne suis pas buggée !! »

Elle se retourna comme une furie, Cassiopée eut juste le temps de faire un bond en arrière pour ne pas être mordue.

« Comment osez-vous ? s'indigna-t-elle. Mentir à ce point, ce n’est même plus mentir !

- Un problème, Plume d’Aurore ?

- Bien plus qu’un problème ! J’ai été enlevée, j’ai été torturée, j’ai souffert jusqu’au cœur de mon système et je croyais pouvoir affronter les yeux dans les yeux le monstre qui a décidé de condamner les Dragolithiques ! Et pour cela, j’avais un exemple à suivre ! Cassiopée, celle qui m’a raconté la légende de la Plume d’Aurore, celle qui a fait de moi la Plume d’Aurore ! Je pensais que vous aimiez Atrexalcoatl, que vous aimiez votre peuple, que vous m’aimiez !!! »

Wild Leaf était en larmes, sa broche robotique grésillait intensément.

« Cassiopée, vous m’avez sauvé la vie ! Et maintenant vous voulez l’anéantir !

- Je n’ai jamais voulu te tuer, Wild.

- La ferme ! Vous êtes l’être le plus pathétique que j’ai jamais rencontré ! Je ne peux plus vous trouver la moindre excuse. Quand je pense que le vol de la Rune, c’était votre plan ! Les recherches des Dragolithiques pour sauver leur pays n’ont échoué que selon votre bon vouloir ! Caballeron pensait travailler pour Ahuizotl, mais en vérité c’était vous ! L’éveil des basilics, c’était vous ! Les pièges de la pyramide, c’était vous ! Mon équidnapping, C’ÉTAIT VOUS ! »

Le côté sauvage de Wild venait littéralement d’exploser. A travers certains signes corporels, je vis que Cassiopée était également à bout de nerfs. Elle fit un signe de tête au plus patibulaire des gars en noirs. Je m’inquiétais pour Wild. Elle continua à lâcher sa colère sur la dragonne qui perdait patience.

« Vous êtes le monstre sans cœur de la légende que vous m’avez conté, celui qui a décidé de détruire tout ce que les gens ont construit ici ! Et peut-être que la prophétie de la Plume qui sauve la région s’accomplira comme prévu, parce que je peux vous assurer que si j’arrive à me libérer de ces chaînes, je vous tuerais SANS LA MOINDRE HÉSITATION !!! »

Brusquement, le poney appelé par Cassiopée donna un violent coup dans le ventre de Wild. Celle-ci perdit toute ardeur et tomba violemment au sol, en se tenant les côtés. Cassiopée plaça alors une griffe sous son menton et redressa son museau crispé de douleur.

« Tu n’es qu’un petit chiot, Wild. Un petit chiot qui aboie et qui mord mais qui reste dans tous les cas inoffensif. Et ce genre de petit chiot mérite plus qu’une laisse... »

D’un nouveau coup de tête, elle fit venir trois nouveaux étalons qui, prenant leur courage à deux sabots, retirèrent les chaînes de Wild. Elle était bien trop faible pour se défendre tandis qu’ils l’emmenaient à un autre bout de la salle.

Je déglutis en voyant qu’ils la poussaient à plat ventre sur une table en bois, avant de coincer ses sabots avant et sa tête dans l’effroyable pilori de tout à l'heure. Ils l’enchaînèrent à nouveau. Wild était rageuse comme une lionne et tentait de défaire le lien qui retenait toujours ses deux ailes.

« Qu'est-ce-que vous faites ? m’écriais-je à Cassiopée qui s’approchait de sa prisonnière. Laissez-la, vous pouvez me torturer à sa place !

- Ma petite Lyra, je ne te veux aucun mal. Et à elle non plus... répondit-elle calmement en passant sa griffe dans la crinière de Wild (ce qui, je commençais à la connaître, la mettait dans la pire des colères). Si vous me laissez faire, vous partirez d'ici en vie. En revanche, il y a une chose que je ne peux pas laisser partir... »

La dragonne déchiqueta d'un coup de griffes les liens qui retenait les ailes de Wild, puis en attrapa une et contempla son reflet dedans.

« Ceci.

- Ne me touchez pas ! cria Wild en parvenant à plaquer ses ailes contre son corps.

- Ahuizotl aurait eu pour projet de supprimer la Plume d’Aurore pour déjouer la prophétie et s’assurer la victoire. Mais je ne comprends pas, quel est votre plan, Cassiopée ? Qu'est'-ce que vous comptez faire ?!

- Oh licorne, chère licorne... tu raisonnes à l’envers...

- A l’envers ? Vous voulez dire que... »

Parfois il faut savoir utiliser son talent à des fins plus obscures. Être un bon détective, c'est raisonner comme le criminel. A partir de là, tout paraît clair :

« Supprimer la Plume d’Aurore n’a pas d’impact sur la prophétie... c’est votre prophétie qui est une couverture pour supprimer la Plume d’Aurore !

- Quoi ?! gémit Wild éperdue. Cassiopée, c’est toi qui m’as donné ces ailes !

- Je suis navrée, Wild Leaf... c'est une des plus grandes erreurs que j'ai faite. Toute trace d'auroferrite doit être détruite.

- Qu’est-ce-que vous racontez ? »

Cassiopée se mit à marcher tranquillement du côté des machines, elle se déplaçait comme une ombre furtive et ses paroles étaient tout aussi discrètes :

« Laissez-moi vous raconter une histoire...

Il était une fois une colonie de dragons qui découvrirent une mystérieuse jungle entre Equestria et leur patrie d'origine. Ses terres abritaient un nouveau matériau, le plus puissant qu'ils n'avaient jamais vu... l'auroferrite. Alors ils l'employèrent, pour tout et pour rien, jusqu'à sauver des vies en réparant des fonctions vitales, des cœurs, des jambes... ou des ailes...

Mais le métal alla jusqu'à prendre possession de ces dragons rescapés, jusqu'à altérer leur esprit, jusqu'à les rendre fous. Ils ne voyaient plus dans l'auroferrite que son potentiel destructeur, ce qu'il a toujours eu : même en essayant de faire le bien, ce métal cause la ruine.

Grâce à leur intellect hors-norme, sans doute décuplé par le métal, ces dragons créèrent un système absolument gigantesque, capable de détacher la jungle entière... au dessus du sol. Et ainsi semer les autres dragons qui tentaient de les raisonner. Ce système fonctionne grâce à une serrure, l'écrin, et une clé, la rune. Eux seuls peuvent faire monter le plateau en activant les réacteurs.

La descente qui a eu lieu il y a des années n'est pas l'oeuvre d'un dieu mais un phénomène naturel qu'on pourrait attribuer au poids de plus en plus pesant sur le plateau : celui des basilics qui tuèrent tous les habitants de la zone surélevée. Pourquoi ? »

Cassiopée attrapa rapidement une aile de Wild et fit grincer sa griffe dessus, le bruit strident nous perturba tous.

« Car ceci les attire ! Même à des centaines de mètres en altitude, ce métal ne peut apporter que le malheur ! Ce sont nos ancêtres qui ont enfermé les basilics dans cette pyramide, et l'on resta des années à tenter de déchiffrer le principe de la rune, de l'écrin et de l'auroferrite. On redécouvrit ses propriétés étonnantes, on sauva de nouvelles vies avec, des vies de pauvres pouliches qui auraient fini noyées à la suite d'une explosion dans une centrale causée par... l'auroferrite ! Oui, Wild, ils travaillaient dessus quand le malheur est arrivé ! Et j'ai été assez idiote pour ne pas le voir ! Mais aujourd'hui j'ai compris, ce n'est pas pour rien qu'on a surélevé cette terre une première fois. J'ai tout mit en œuvre pour restaurer le système, lui donner davantage de puissance et cette fois... il ne retombera pas... et personne ne pourra plus jamais y poser une griffe car les basilics ne cesseront de la défendre ! Atrexalcoatl est une mine d'auroferrite qui a chaque instant peut devenir une bombe ! La question est, Lyra, préfères-tu que cette bombe explose au sol ou dans le ciel ?

- Quand bien même je partagerais votre haine de l'auroferrite, vous n'avez pas le droit de condamner toutes les créatures vivantes sur ces terres !

- Je suis la reine des dragolithiques, pas leur bourreau. Ils seront tous sauvés.

- Mais pas leur maison ! Pas tout ce qu'ils ont construit ! Tout ce qui fait leur être, et tout ce qui leur permet de sauver d'autres vies !

Vous ne voyez que la part sombre de l'histoire, il y a tellement plus à en tirer !

- Je pense que tu as compris comme moi le pouvoir immense de ce matériau, Lyra. Lui seul est capable de m'arrêter et tu sais très bien comment. Or s'il peut m'arrêter, c'est qu'il peut faire bien pire que moi. Je suis peut-être du mauvais côté à vos yeux. Mais je veux sauver le monde de ce fléau.

- Mais vous voyez bien qu'on peut le maîtriser ! continuais-je. Wild Leaf est la preuve vivante que le vivant et l'auroferrite peuvent coexister !

- C'est un risque trop grand à prendre. Surtout pour elle.

- Je ne comprends pas ! intervint Wild Leaf. Je ne n'ai aucune idée de comment ça marche, en quoi est-il si dangereux ?

- Ah, pesta Cassiopée. Nous sommes pressés, Wild Leaf, j'aurais peut-être eu le temps de t'expliquer si ta mère était parti ce matin au lieu d'hier soir... mais le temps des histoires est terminé, place à l'action ! »

Wild ne pouvait pas voir ce qui se passait dans son dos. Je tremblais pour elle en voyant un étalon noir préparer un chalumeau.

Je prévenais Wild de la menace, mais bientôt son cri surplomba le mien. La flamme était en train de brûler ces ailes à la racine, c’est-à-dire tout proche de son poil.

Je ne pouvais pas imaginer la douleur qu’elle devait ressentir, car je suis sûre qu’elle retenait au maximum ses cris pour ne pas m’effrayer. Mais je fus effrayée quand même, et encore plus en imaginant que ses ailes devaient avoir des capteurs les rendant aussi sensibles que des vraies.

Dire que je souffrais autant qu’elle serait vraiment déplacé, mais j’étais dans un état déplorable, tirant sur mes chaînes au maximum, les yeux envahis d’horribles images qui me faisaient trembler. A quoi sert le génie, la science et la déduction lorsque vous n’êtes pas assez forte pour sauver une amie en détresse, et même pas assez forte pour oser la regarder souffrir ?

Wild n'arrêtait pas de marmonner « Daring arrive... Daring arrive... » pour se convaincre elle même. Elle poussait des cris aigus à chaque fois qu'on essayait de lui arracher définitivement ses prothèses. Des cris qui me perforaient le cerveau et qui, couplés à l'apparition de quelques gouttes de sang, me donnèrent vite envie de vomir.

Heureusement, le sbire se stoppa vite et lança à Cassiopée qu’ils ne s’en sortiraient pas avant demain. Cassiopée soupira, dit qu’il fallait accélérer la chose et se pencha devant les yeux enflammés de Wild.

« Supprimer ces ailes aurait été bien plus facile si vous vous étiez laissé transformer en pierre par les basilics... heureusement, j'ai d'autres idées pour te faire lâcher prise... »

Elle claqua des doigts. Aussitôt, deux gars aux lunettes noires débarquèrent avec une grande bassine remplie d'eau. Sans un seul temps de repos, je vis avec effroi le contenu de la bassine déferler sur le corps de Wild Leaf.

Sa broche se mit à grouiller d’arcs électriques, ses ailes à produire des bruits d’automates rouillés. Mais le pire fut sans doute les violents spasmes qui la prenaient soudainement. On entendait le son des chaînes trembler avec elle, trempée de la tête aux sabots. On venait de détruire tout ce qui lui restait de fierté, elle pleurait désormais à chaudes larmes.

Et ça me brisait le cœur encore davantage. Je criai à Cassiopée :

« Vous êtes complètement folle ?! Vous savez qu'elle est capable de mourir avec toute cette eau ?!

- Je déplace la douleur, elle sentira moins ses ailes...

- Cassiopée, arrêtez ça ! Vous lui avez sauvé la vie en lui installant ces ailes. Vous savez très bien ce qui va arriver si vous les lui enlevez ! »

Cassiopée se tourna vers moi. Le fait d'obtenir enfin toute son attention me permit d'adoucir mon discours pour lui faire entendre raison.

« Sans ses ailes et trempée comme elle est, je ne lui donne pas plus d'une heure pour survivre. »

Cassiopée serra les dents. Je voyais bien qu'elle n'osait même plus regarder en direction de Wild qui criait de nouveau. Elle préféra regarder vers le haut, indécise. Les pires des monstres sont ceux qui sont insensibles au mal qu'ils font, et je mettrais mon sabot au feu que Cassiopée n'était pas de cette catégorie là...

Dès qu'elle sentit les larmes lui monter aux yeux, elle se tourna vers l'écrin d'Ameraude en criant :

« On ne peut pas arrêtez maintenant. Continuez sans moi, j'ai une rune à placer ! »

Je venais de faire germer la culpabilité chez Cassiopée, mais je n'avais pas stoppé le supplice de Wild. Les sbires continuaient à brûler ses ailes et lui arracher les plus douloureux cris que la terre ait connue.

De mon côté, je commençai à appeler la pégase par son prénom, puis le répéter incessamment, en tapant du sabot pour attirer son attention. Je voulais qu'elle sache que j'étais encore là, avec elle, que je ne voulais pas qu'elle me quitte, qu'elle devait continuer de me regarder.

Mais au bout d'un moment, après une violente tentative d'arrachage de la part d’un des étalons, je perdis son regard et son oreille. Même en redoublant d'alertes, seuls des yeux clos me répondirent. Plus de cris, plus de larmes, mais encore beaucoup de souffrance invisible. Je craignais de l'avoir perdu définitivement. Mais sa légère respiration et les illuminations successives de sa broche me firent comprendre que Wire avait pris la relève. Ses fonctions vitales étaient prises en charge par le programme. Et pour la première fois, contrairement à tout ce que pouvait dire Cassiopée, et tout ce qui m'avait jadis intrigué, j'accordais ma totale confiance au système. La seule chose qui m'importait était qu'elle vive, et c'était aussi le seul but de Wire. Cependant, je savais bien que le programme allait lâcher sitôt ses ailes décrochées.

Il ne me restait qu'à attendre, chassant de mon sabot libre ces stupides larmes qui étaient de plus en plus nombreuses à perler mon museau.

Une profonde torpeur s'empara de moi. Je ne m'étais jamais senti si impliquée et en même temps si impuissante aux événements qui me faisaient face. Après mon éclatante révélation, la chute était immense. J'essayais de me vider l'esprit, de fermer les yeux, rabattre mes oreilles et tourner le dos à Wire Leaf qui luttait si silencieusement que je ne savais plus si elle luttait encore.

C'est alors qu'une pression s'exerça sur ma joue, quelque chose qui apparemment essayait d'essuyer mes larmes. En ouvrant à peine un œil, je distinguai un sabot bleu gris qui passait à chaque nouvelle larme, puis au bout de celui-ci un vague museau amical surmonté de mèches blondes. Ah, et comment oublier ces pupilles qui s'écartaient au fur et à mesure qu'elle souriait...

« Lyra, y a un truc qui coule sur ta joue... » dit-elle innocemment

Je me disais que c'était une illusion de mon esprit qui allait vers sa destruction. Après Derpy allaient sûrement arriver les fantômes de Minuette, Lemon Hearts et Twinkleshine, de Bon Bon, du Docteur Whooves, des humains et puis la Grande Faucheuse... j'étais prête...

C'est alors que Derpy sortit une paire de lunettes de soleil de sa crinière et les plaça sur son museau en souriant. Je réalisais bien vite que cet acte d'une grande stupidité dans un moment aussi émotionnel ne pouvait être réalisé que par la réelle Derpy.

Un cri étouffé sortit alors brutalement de ma bouche, certes quelque peu éloigné de mon éducation verbale :

« Derpy, qu'est-ce-que tu fous là ?!

- Hem, ben je suis venu vous sauver... répondit-elle pas très convaincue.

- Va-t'en, les gardes vont te repérer !

- Ah oui, les gardes, c'est vrai ! Merci Lyra, pendant une seconde j'avais oublié ce que je faisais là... »

Derpy fit quelque pas face aux poneys en noir qui s'en prenaient Wire Leaf et lança :

« Eh, regardez-moi, je suis... euh... un pégase... un pégase qui vole et... euh... j’ai peut-être pas des ailes en or mais... euh... j'aime les muffins... donc... si vous n'aimez pas les muffins, eh ben, euh... attrapez-moi ! »

Apparemment, Derpy n'avait pas révisé son discours de diversion. Il n'empêche que les sbires stoppèrent leur entreprise et que trois d'entre eux se dirigèrent en courant vers Derpy, qui attendait patiemment qu'ils soient assez proches.

Au moment où ils allaient se jeter sur elle, un rocher de la taille d'une pastèque arriva de plein fouet dans la tête du premier qui, embarqué par le poids, roula comme une boule de bowling pour percuter les deux autres. La pierre roula alors sur le sol jusque devant moi, et je reconnu le pauvre Peewee pétrifié. Je me demandai s'il aurait bien prit qu'on se serve de lui comme projectile.

Puis une nuée de rochers plus petits déferlèrent dans la pièce, en provenance de la zone d'ombre. Derpy se jeta sur moi, reposa avec un sourire ma broche dans ma crinière et tenta de dévisser mes chaînes... à la manière Derpy...

C'était la débandade chez nos ennemis, ils ne leur restaient plus qu'à appeler leur chef dragonnique qui vint se placer au milieu de la pièce et renvoya tous les projectiles d'un grand coup d'ailes.

Je suppose que l'installation de Cassiopée n'était pas encore prête : elle était visiblement énervée et la rune scintillait dans sa patte d'une lueur rouge.

Elle poussa un horrible cri de dragon, suivit immédiatement par le silence imposé d'une forme émergente de l'ombre.

Une masse ressemblant à un poney venait d'atterrir derrière elle, ailes déployées. A contre-jour (si tant est qu'il y ait un jour), on ne voyait pas son visage, mais je pense que tout le monde l'avait deviné. Cassiopée serrait les dents, dos à l'individu.

« C'est vrai, je ne m'attendais pas à ce que tu sois le cerveau de tout ça, Cassiopée, débuta l'ombre. Tu as beaucoup de points communs avec Ahuizotl en vérité... je ne t'en veux pas de vouloir détruire toute une région, Ahuizotl l'a déjà fait... je ne t'en veux pas d'envoyer une armée de monstre pour me tuer, Ahuizotl l'a fait aussi... mais tu sais, il y a une chose qu'Ahuizotl n'a jamais osé faire... et tu as franchi cette ligne... »

L'ombre donnant un violent coup de patte dans le totem du centre, celui-ci tomba au milieu de l'espace de dissection de Wire et brisa une bonne partie des chaînes et du pilori qui retenait la jeune pégase. Après quoi l'ombre vengeresse s'approcha assez d'une source de lumière pour qu'on aperçoive ses dents serrées sous son chapeau d'aventurière soigneusement vissé.

« Fallait pas s'en prendre à ma fille... »

Puis Daring Do se jeta à corps perdu sur la dragonne. S'en suivit un échange violent de coups de sabots et de coups de griffes. Une tigresse met à mort, violemment, oubliant toute civilité, quiconque blesse sa progéniture. Et Daring Do était une tigresse à cet instant.

Volant comme une flèche, esquivant les coups et les effondrements provoqués par Cassiopée, elle s'acharnait avec toute la rage possible, allant jusqu'à mordre son adversaire.

Bientôt, les Colts in black qui entreprirent d'aider Cassiopée furent plaqués au sol par leurs sosies parfaits. Un vague de nouveaux poneys habillés de noir maîtrisaient leurs semblables dans une grande confusion. Je suppose que les seconds étaient moins méchants que les premiers ?

Arriva en dernier un étalon gris au sourire presque malveillant. Plutôt calme, lunettes noires sur le front, la crinière noire impeccable, il se dirigea vers moi.

Derpy était en panique sur mes chaînes, elle n'avait toujours pas réussit à ouvrir quoi que ce soit. L'étalon lui jeta alors un regard méprisant, attrapa une épingle de la poche de sa chemise et l'inséra dans le cadenas.

La seconde d'après, j'étais libre. Sans même remercier Caballeron (je me doutais bien que c'était lui), je courais à prendre haleine vers Wild Leaf qui gisait toujours au sol. J'eus toutes les peines du monde à parcourir la distance qui nous séparaient, au milieu de cette impressionnante cohue.

Une fois à bonne distance, je me jetais au sol et attrapa son visage entre mes sabots.

« Wild ! Wild Leaf, réponds-moi ! Grésille ! Envoie-moi un message d'erreur ! Fais quelque chose ! »

Mon moment d'émotion fut vite perturbé : Caballeron me bouscula et serra la pégase contre lui. Il m'était difficile de croire qu'il s'agissait d'un ennemi mortel de Daring, tout ce que je voyais à ce moment, c'était un père effroyablement inquiet pour sa fille. Une larme coula sur ma joue.

« Hé, petite, je suis désolé ! C'était pas prévu comme ça, disait-il. Je me suis fait avoir, je sais je ne suis pas très ingenioso. Dis-moi quelque chose ! »

Daring et les hommes de Caballeron se battaient de tout côté, et pourtant il y avait une sorte de silence pesant autour de nous. Un silence qui nous permit d'encore plus apprécier cette faible voix vacillante, à demi-robotique :

« Je... je te déteste, papa... »

Wild Leaf ouvrit les yeux et Caballeron la pressa avec émotion contre son cœur.

Une minute plus tard, il la poussa dans mes bras, remit ses lunettes et se dirigea vers la machinerie, déterminé :

« Bien, une chose de réglée... »

Malgré ce changement soudain d'attention pour sa fille, je compris qu'il projetait de trafiquer les machines.

Malheureusement, une violent tremblement l'empêcha d'atteindre son but. Je me retournais avec Wild. Cassiopée venait de plaquer Daring contre un de ces murs ouest extrêmement fragile. Je criais son nom pour la mettre en garde du danger.

Daring nous offrit alors son regard, ravie de voir que sa fille était sauve. Alors elle utilisa ses ailes comme levier sur le mur pour se dégager de la patte de Cassiopée, s'envola, et après quelques tonneaux retomba sur une des machines en adressant un sourire à la dragonne. Cette dernière poussa un cri de rage et abattit ses deux bras en sa direction, elle esquiva au dernier moment. La machine fut réduit en miettes, un message d'alerte apparu sur plusieurs écrans. Mauvais signe, et pas que pour nos ennemis...

Un groupe de Colts in black se jetèrent sur l'aventurière. L'un reçu un coup de sabot ascendant, un autre un coup de jambe en piqué, et elle tourna sur elle-même pour envoyer celui qui s'agrippait à sa queue percuter trois autres étalons qui avançaient vers elle. Enfin, elle se baissa juste à temps pour éviter la torpille Cassiopée qui fondait sur elle. Les deux adversaires se mirent à voleter plus haut, l'un en face de l'autre, le regard grave. Daring fixait la rune rouge dans la griffe gauche de Cassiopée : c'était son objectif. Elle fut assez désarçonnée lorsque la dragonne la lança en l'air. Par réflexe, elle tenta de s'approcher pour l'atteindre. C'est alors que Cassiopée lui asséna un grand coup de queue épineuse. Daring Do s'écrasa au sol à quelque pas de sa fille.

Cette dernière partit si vite que je ne pus la retenir. Le temps que sa mère se relève, elle donna tout ce qui lui restait d'énergie pour la défendre des cinq ou six étalons qui aurait pu lui sauter dessus. Se démenant de droite à gauche en projetant quelques gouttes de sang à chaque effort, c'était elle la tigresse maintenant.

Lorsqu'elle les eut mis en déroute, Daring se releva et elles partagèrent un profond regard. Le regard le plus signifiant que je n'avais jamais vu, et pourtant un regard qui n'avait rien du tout à signifier...

Un cri puissant sortit de ma gorge lorsque je vis la queue de Cassiopée projeter Wild à l'autre bout de la salle. Je me précipitais vers elle, tout en gardant un œil sur Daring. Celle-ci regardait l'endroit où son ennemie avait envoyé sa fille, puis se tourna calmement vers la dragonne :

« D'accord... alors là, je ne peux plus rien pour toi... »

Elle décolla en trombe vers la poitrine de Cassiopée, qui esquiva d'un coup d'ailes puissant. Après avoir revissé son chapeau, Daring se laissa tomber vers le bas, avant de remonter en chandelle vers la patte gauche de Cassiopée. Surprise, celle-ci, lâcha la rune au moment de l'impact. Daring fonçait dessus.

« NON ! » hurla Cassiopée en déployant sa grande aile blanche.

Elle donna un coup latéral et rapide à Daring juste au moment où elle atteint la rune. L'aventurière se retrouva de nouveau plaquée contre la paroi fissurée, la rune contre son cœur. Cassiopée vola un peu, prit appui sur le sol et se jeta à toute vitesse sur Daring. Elle ne décolla pas assez vite : Cassiopée attrapa sa queue, donna un violent coup dans le mur et... CRAC !

La paroi tomba en ruine à une vitesse phénoménale, tout se mit à trembler tandis que la nuit apparaissait au dehors. Daring Do se débattit à travers les rochers croulants, elle ne maîtrisait plus rien. Cassiopée commença par récupérer la rune d'un coup de queue rapide, puis chercha Daring du regard et acheva son action d'un grand coup de griffe. L'aventurière fut projetée et heurta un grand rocher, elle s'évanouit sur le coup. Devant notre effroi général, elle tombait sans conscience vers le sol si bas.

Wild poussa un cri aigu et trébucha en essayant d'atteindre la zone d'effondrement. Mais je suis assez rapide en ce qui concerne les calculs de risques : je dus la retenir pour ne pas qu'elle se jette à son secours, car elle n'avait aucune chance de voler dans son état. Quant à moi, je n'étais pas assez entraînée pour porter un poney par magie. Ce fut alors Derpy qui, dans un instant héroïque, décida de plonger à travers le trou.

Malheureusement, elle rencontra la griffe acérée de Cassiopée qui la projeta violemment contre un mur de la salle est. Oh non...

« Finissons-en ! » hurla la dragonne.

Elle récupéra à la patte la pierre rouge étincelante qui jusqu'alors était coincée dans sa queue, puis elle se dirigea en volant au ras du sol vers le fond de la chambre.

Je serrais Wild contre moi, elle était en sanglots.

« Écoutes-moi, Wild. Daring va s'en sortir. Elle s'en sort toujours, hein ? Elle trouvera un moyen. Pendant ce temps, nous devons arrêter Cassiopée, compris ? Ne te jettes pas dans le vide, tu ne peux pas voler. Promets-le moi ! »

Wild hocha la tête de haut en bas, elle n'avait même plus assez de force pour tourner ses yeux vers l'ouverture dans le mur. Alors je l'abandonnais pour courir à la poursuite de la dragonne, elle projetait tous les étalons en travers de sa route, amis ou ennemis, et atteint bien trop vite le fatal écrin d'Ameraude.

Dans une espèce de rage dépitée, elle planta la rune d'Atrexalcoatl au cœur de l'écrin. Le tout se mit à grésiller comme la broche de Wild et le nouvel ordre des choses se fit rapidement sentir. Le nouvel ordre des choses, c'était un tremblement incessant, une secousse localisée, le sentiment que vous n'êtes plus sur une terre stable, le sentiment... que le sol s'élève.

Ce n'était évidemment pas qu'un sentiment, la vue que nous offrait le gouffre (et qui me rappelait à chaque instant la chute de Daring) était en train de changer.

Cassiopée fut frappé par un éclair projeté par la rune. Je subis le même sort en essayant de la maîtriser d'un rayon magique. On voyait l'énergie se transmettre non seulement dans les câbles vers les machines, mais également dans toute l'atmosphère.

Caballeron, sans trop réfléchir, donna un violent coup de sabots dans une des machines, ses sbires s'attaquèrent à plusieurs autres. Et ce fut bien pire : les secousses redoublèrent, ils venaient sûrement d'endommager le contact avec certains réacteurs, entraînant une conséquence absolument évidente : le plateau ne s'élevait plus que d'un côté, il se mit à pencher dangereusement vers l'est.

Cassiopée disparu au milieu des effondrements et des arcs électriques, à côté de l'écrin. Quant à nous, nous chutâmes tous dans le coin sombre à l'est de la chambre d'Ameraude. Grâce à la lumière de ma corne, je pus y voir enfin plus clair : cette zone était remplie de gravas et éléments détruits amoncelés, une unique porte à l'air fragile donnait sur l'intérieur de la pyramide.

Malheureusement, c'est par cette unique porte que nous provinrent les cris les plus horribles au milieu de ce chaos, des cris de coqs...

Il était évident d'en déduire que les basilics avait un cerveau excité par les radiations invisibles produites par l'écrin d'Ameraude... mais, une seconde, ça veut dire que... non, ce n'est pas le moment pour ça !

Le ciel avait maintenant remplacé les arbres à notre grande fenêtre, nous penchions moins mais nous montions toujours plus haut.

Caballeron poussa tous ses gars (y compris ceux qui voulaient ce racheter d'avoir choisi le mauvais camp) à bloquer la porte par laquelle les basilics allait débouler. Derpy, elle, entreprit de s'occuper de Wild Leaf, mais elle avait tellement mal à l'aile que c'est Wild qui dut reprendre du poil de la bête pour la consoler.

Cassiopée avait visiblement sombré mais le sol était de plus en plus bas et les basilics commençaient à cogner à la porte de bois. C'est sans doute ce danger omniprésent qui, paradoxalement, rechargea les batteries de Wild Leaf. Elle se dirigea vers la porte en assurant qu'elle allait s'en occuper.

« Non ! l'interrompis-je avec mon bras. Wild Leaf, tu dois absolument atteindre l'écrin ! »

Elle resta un instant incrédule, puis répondit les larmes aux yeux :

« Tu... tu crois vraiment que je peux l'arrêter Lyra ? Même Daring n'a pas réussi ! Je ne comprends pas ta stratégie, je ne comprends pas ce qu’a raconté Cassiopée à propos de mes ailes ! D'abord, je veux qu'on m'explique ! Et après, seulement après, Wire décidera si elle a assez de courage pour rentrer dans la gueule du loup électrique ! Vas-y Lyra, donne-moi ton explication ! »

Quelques sons sans formes sortirent de ma bouche. Wild Leaf me fixaient de ces yeux vert chartreuse perçants. Je ne m'attendais pas à devoir tout expliquer à ce moment critique. Instinctivement, je me tournais dos à elle pour réfléchir à la meilleure entrée en matière.

« Est-ce-que je l'ai vexé ? lança Wild après quelques secondes, en séchant rapidement ses larmes.

- Je crois plutôt qu'elle est en train de synthétiser sa pensée pour ne pas nous noyer sous un flot d'explications incompréhensibles, commenta Derpy.

- Mais qu'elle me donne juste trois mots pour résumer ! »

Mes oreilles n'étaient plus aptes à capter la phrase que Caballeron lança ensuite à sa fille, qui lui répondit d'un murmure. Les trois se mirent à chuchoter et un sourire en coin se dessina sur mon visage. Brusquement, je me retournais d'un gracieux mouvement de bassin et captiva toute leur attention en m'écriant :

« La perméabilité magnétique !! »

J'avais bien fait attention à n'utiliser que trois mots. Et pourtant, tous sans exceptions me regardaient désormais comme si une injure étaient sortie de ma bouche. Heureusement que j'avais de quoi développer. Allez, c'est parti...

Je pointais brusquement la Plume d'Aurore d'un sabot énergique :

« Wild Leaf, qu'est-ce-que l'auroferrite ?

- Un métal ?

- Plus précisément un alliage métallique amorphe, et souviens-toi que je t'ai dit dès notre rencontre que ce genre d'alliage est résistant à l'abrasion, à la corrosion, possède une grande élasticité et une biocompatibilité.

- Oui et... ?

- Et j'ai oublié un détail, un détail que tu m'a rappelé dans le réacteur : un alliage métallique amorphe possède un caractère ferromagnétique. Autrement dit, il agit comme un aimant permanent, même sans aucun champ extérieur. Le rune d'Atrexalcoatl est également ferromagnétique, son aimantation couplée à l'écrin ferait exploser les teslamètres ! »

Les hommes de Caballeron se regardèrent en fronçant les sourcils. Qu'importe, c'était les personnages principaux que je devais convaincre.

« Mais ce n'est pas tout ! continuais-je. Les matériaux ferromagnétiques ont ce qu'on appelle une haute susceptibilité magnétique : ils s'aimantent très rapidement dans un sens précis lorsqu'ils sont sous l'influence d'un champ. Maintenant est-ce-que tu comprends pourquoi tu parviens à voler au milieu des aimants géants ?

- Mes ailes s'aimantent en fonction du champ extérieur ?

- Oui ! m'écriais-je en bondissant sur place. Absolument brillant ! Et elles attirent ou repoussent les autres aimants en fonction de l'orientation du moment magnétique de leurs électrons, mais là c'est trop compliqué...

- Ah oui ? ironisa Caballeron.

- BREF c'est LÀ qu'intervient... la perméabilité magnétique !! »

Je devais être dans une sorte d'ivresse scientifique, perché sur mon nuage de connaissance en attendant que tous grimpent à l'échelle de la compréhension. Ce n'était pas très sympa pour eux, mais je ne pouvais pas m'en empêcher.

« Soit la capacité d'un matériau à concentrer des lignes de champ magnétiques ! Les lignes passent difficilement dans l'air, mais elle vont à une vitesse folle et sont considérablement resserrées au niveau des ailes de Wild ! Pourquoi ?

- Pourquoi ? demanda Caballeron

- On ne m'interrompt pas, je n'ai pas fini ! criais-je avec cette impression de surpuissance qui me prenait dès que je parlais de sciences. Parce que l'auroferrite, de composition métallurgique Fe, Au et Ni, possède une perméabilité magnétique d'environ 747, soit une des plus grandes jamais relevée pour un alliage dans le monde Equestrian ! C'est légèrement moins que l'actinoferrite de baryum, mais c'est plus répandu... bref, à partir du moment où l'on peut concentrer les lignes, on peut leur faire prendre n'importe quelle direction. Wild, le système rune-écrin est un énorme rayon magnétique qui ne demande qu'à être dévié...

- ... en approchant suffisamment mes ailes pour que la ferrite détourne le lien entre la rune et l'écrin, c'est ça ?

- Exactement ! Moi qui avait peur de ne pas avoir été assez claire...

- Moi je voudrais bien du rab, demanda Caballeron perdu.

- Voilà pourquoi Cassiopée voulait tes ailes, Wild ! s'écria Derpy que je soupçonnais de donner l'illusion qu'elle avait tout compris. Rien qu'en t'approchant de cet écrin, tu pourrais faire capoter son plan !

- Mes ailes sont presque fondues, ça ne marchera jamais !

- La fusion a dilaté le métal de tes ailes, fis-je remarquer, donc plus grand volume, plus grande superficie, donc plus de flux magnétique. Tu dois approcher les 40 degrés de courbure, tu peux leur dire merci... »

Voyant le regard assassin de Wild, je me mis à gratter le sol et cessa aussitôt mes élucubrations scientifiques :

« C'est pas vraiment ce que je voulais dire...

- D'autant plus qu'un métal qui atteint sa température de Curie perd son aimantation par dilatation thermique... marmonna Caballeron.

- D'où est-ce-que vous sortez ça ? m'exclamais-je ébahie.

- Crees que je l'ai eu dans une pochette surprise, mon doctorat ?!

- Même si je sais pas trop ce que tu dois faire, tu peux le faire, et c'est pas ce Curie qui va t'en empêcher ! dit Derpy en posant une patte tendrement sur l'épaule de Wild, passant sa tête à deux plumes de ses ailes à nouveau déployées. Daring Do est peut-être la meneuse de cette aventure, Lyra et moi avons joué nos rôles de grande divinatrice et chevaucheuse du vent, maintenant c'est à la Plume d'Aurore de jouer.

- J'avais sous-estimé l'importance de cette Plume, dis-je en relevant le menton, un peu honteuse pour plusieurs raisons. C'était avant que je comprenne qu'elle était vivante, et qu'elle avait ses failles comme nous toutes... des peurs paniques... des souvenirs douloureux... et puis une âme sauvage vengeresse... Je ramène ma science depuis tout à l'heure, mais ce n'est pas la science, ni moi, ni Daring, ni Derpy les héros de cette fameuse légende qui se transmet chez les Dragolithiques... cette légende porte sur un alliage qui les a fasciné à travers les siècles. Et en tant que porteuse de cette alliage, tu dois leur rendre cette fascination, et montrer à Cassiopée que ce pouvoir qu'elle croit néfaste peut être le plus beau des présents s'il est confié à une jument aux intentions pures... »

Wild Leaf baissa le menton et ferma les yeux. Je m'attendais à ce qu'elle pousse un « mais... » ou que des larmes ne lui échappe et je préparais déjà la deuxième partie de mon discours tragique... Mais la seconde d'après, elle bondit sur ses quatre fers et se mit à courir vers l'écrin d'Ameraude.

De petits coups d'aile furtifs lui permirent de remonter la pente. Elle approchait de l'objectif, je suis certaine qu'elle était la seule à pourvoir détourner l'énergie, à moins que...

Le à moins que que je craignais arriva : une explosion provint du tas de pierres où avait sombré Cassiopée. La dragonne se débarrassait des débris rapidement, et ne prêta pas attention à ses multiples blessures. Elle fixa Wild Leaf qui courait vers l'écrin. Cette dernière l'aperçut, et ne souhaitait qu'une chose, toucher avant de se faire toucher.

Avec tout la rage qu'elle avait accumulé, Cassiopée se jeta d'un grand coup d'ailes vers Wild. Je vis avec toute l'horreur du monde, et encore davantage car c'était moi qui l'avait convaincue, Wild Leaf se faire abattre par toute la colère de Cassiopée incarnée en un bras enragé. Je n'entendis à cette instant que le bruit métallique de la broche de Wild Leaf s'écrasant sur le sol, au bord du précipice ouest où était tombée sa mère, et qui atteignait maintenant une profondeur effroyable.

L'avenir m’apparut soudainement comme un long couloir sombre : sans la Plume d'Aurore, nous n'en verrons pas la prochaine... d'aurore...

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Note de l'auteur

Yeah... quite long...
Objectif du jour : faire coïncider une révélation digne d'Hercule Poirot, une vive émotion, un combat tout en rage et un cours de magnétisme façon C'est pas sorcier. Alors je me suis peut-être étalé, mais au moins je l'ai fait. Vous me direz si j'ai bien réussi à les articuler, c'est ce qui m'inquiète. Lisez attentivement, presque toute l'histoire est là.
Je tiens aussi à dire que j'ai tout fait pour être crédible dans la partie magnétique et si vos doutes persistent, vous n'avez qu'à dire que c'est magique voilà !
Donc j'espère que vous apprécierez ce chapitre... parce que j'ai tout donné en fait...
Le final sera tout aussi explosif, préparez-vous, les révélations ne sont pas terminées !

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