Chapitre 6: Accepter une faveur

Dans la salle du trône du palais de Canterlot, la princesse Celestia du soleil présidait depuis peu à la séance de doléance de la journée. Il y avait heureusement peu de monde qui était venu demander le jugement de la souveraine sur des affaires plus au moins importantes, voir même futiles. Mais qu’importe, elle aurait pour une fois une après-midi de libre jusqu’au lendemain.

-Très bien, ambassadrice Ärlässe, j’étudierai votre projet et donnerai ma réponse demain matin.

L’ambassadrice de l’empire des griffons, vêtue d’une robe mauve sertie de bijoux exclusivement en argent, enroula ses parchemins et s’inclina une seconde fois devant l’alicorne blanche.

-Je vous remercie de votre intérêt sur ce projet commun qui profitera à nos deux nations, Princesse Celestia. Avec votre permission, je vais prendre congé.

D’un geste du sabot, la princesse du jour congédia la griffonne au plumage noir, représentante de l’empereur au pays des poneys. Celestia estimait beaucoup Ärlässe ; une fine politicienne aux multiples talents diplomatiques, mais cachant une personne adorable et sage.

Alors que la diplomate s’approchait de la sortie et que la princesse s’apprêtait à se retirer dans ses appartements, la grande porte de la salle du trône s’ouvrit avec fracas brisant ainsi le nez des deux gardes royaux en poste et faisant aussi tomber la griffonne noire à la renverse, éparpillant tous les documents qu’elle portait. Cet arrivant importun ne semblait pas plus concerné devant son acte que quelqu’un qui marcherait sur des insectes.

Les deux gardes ne dirent aucune mot, ni aucune injure malgré leurs museaux endoloris en sang. Ils se relevèrent, avec la dignité d’un soldat royal. L’un d’eux aida la diplomate à se relever. Celle-ci saisit le sabot du garde avec ses serres et tourna un sombre regard au rustre en jurant dans sa langue d’origine.

-Glotche kerding…

Un poney de la race des licornes, à la crinière d’or, portant une épée sur son flanc et une cape rouge sur le dos s’avançait vers l’alicorne d’une allure furieuse et hautaine. Le bel exemple d’un nobliau arrogant qui n’a de qualité que ses liens de sang.

-Ma tante ! Il faut que je vous parle, déclara le prince Blueblood neveu de la princesse Celestia.

-Mon cher neveu, la voix de la maîtresse du soleil était forte et trahissait à la fois l’énervement et la lassitude. Ses yeux d’améthystes flamboyaient de fureur. Est-ce ainsi qu’un prince de sang se présente dans la salle du trône ? En y entrant comme un ivrogne dans une taverne ?

Le prince jeta un léger regard dédaigneux vers l’ambassadrice qui, avec l’aide du garde, ramassait ses fiches.

-Je viens d’apprendre selon les rumeurs qu’un… étranger venant d’un autre monde que le nôtre s’était réfugié à Poneyville, sous la protection de votre élève Twilight Sparkle. Le saviez-vous ? interrogea-t-il en ignorant les reproches de sa royale parente.

-Oui en effet elle a agi selon mes instructions, répondit-elle sous sa voix impérieuse.

La mine de Blueblood s’assombrit d’avantage et contenait à peine sa colère.

-Et vous laissez cette chose se balader dans ce village ? Nous ne savons pas ce qu’il est et ce qu’il veut ! Il peut être un danger pour le royaume, car on le décrit comme un géant. Un colosse de fer sans âme et sans cœur. Vous mettez déjà la vie des poneys en dangers en laissant les griffons ; nos ennemis, entrer dans nos terres comme s’ils étaient dans une vulgaire province impériale. Et maintenant, une créature inconnue et dangereuse se promène tranquillement en liberté dans nos rues. Vous devez l’enfermer !

Celestia régnait sur le royaume d’Equestria depuis bon nombre d’années, voir même des siècles, et ce n’est pas un jeune poulain incompétent et empli d’orgueil qui lui dicterait sa conduite. Fut-il de sa famille. La seule qualité du prince était qu’au fond, il désirait ardemment protéger son peuple. À l’image de certains rois licornes du passé. Mais cette qualité se transformait peu à peu en défaut ; parce qu’il voyait des ennemis partout et qu’il se croyait y être le seul remède à tous les maux d’Equestria.

Celestia ne regrettait pas de l’avoir écarté du trône, du moins officieusement.

-Prince Blueblood ! Je suis Celestia du Soleil, Princesse d’Equestria et Dame protectrice du Jour ! La voix divine de la monarque était telle qu’elle résonnait dans toute la salle faisant sursauter les gardes et faisant fuir l’ambassadrice. Ne pas être d’accord avec moi est une chose que j’accepte et que je prends en compte. Mais n’oubliez pas que je suis votre princesse. Vous ne me donnez aucun ordre ! Et ne contestez plus jamais mes décisions !

Les yeux bleu foncé du prince fixèrent celles de Celestia. Le regard du prince n’avait pas changé, pas plus que la fureur de la maîtresse du soleil.

-Je ne voulais pas défier votre autorité, majesté, s’excusa-t-il en s’inclinant. Je m’inquiète simplement de la sécurité de nos sujets.

Celestia méprisait autant que Luna ces faux-semblants dont les nobles de la cour étaient passés maîtres en la matière. Mais elle savait aussi y jouer.

-Je comprends bien vos alarmantes angoisses à ce sujet, mais rassurez-vous, si mon élève dévouée m’informe d’un crime auquel l’humain aurait commis contre nos citoyens, je prendrais les mesures nécessaires. Présentement, il est notre invité et il sera traité avec égards.

« Je donnerai raison à ta petite chouchou de t’informer d’un potentiel crime », s’imagina le prince. « Si tu n’as pas le courage de protéger Equestria face à un seul monstre, moi je le ferai. »

-Vous m’en voyez rassuré. Avec votre permission, je vais prendre congé.

Celestia le lui accorda d’un signe du sabot.

Peu après l’intervention fracassante du prince dans le palais, la princesse alla se promener dans le magnifique jardin privé du château. Un véritable petit éden dans cette citadelle de marbre, de vitraux et de tapisseries.

Alors qu’elle se couchait contre un arbre pour admirer des abeilles dans leurs récoltes de pollen, elle se permit de se détendre. Oublier pour un après-midi, sa stature de princesse et la responsabilité qui allait avec. Un après-midi pour rêver et se prélasser.

Quand elle profitait de ces moments de sérénité et de calme, elle avait encore de la peine à imaginer les clameurs des champs de bataille ainsi que l’agitation de la populace et de l’élite qui se pressaient au château pour lui demander audience, conseil et protection. À présent, malgré le sacrifice de nombreux braves et innocents, le royaume avait enfin remporté la plus éclatante des victoires ; une paix durable avec un ennemi de toujours.

Mais elle songea que cette paix pouvait être mise à mal par les gens comme son neveu. Ces derniers acceptaient mal l’idée d’une paix avec un adversaire qui aurait assassiné des proches. Ils saisiraient le moindre prétexte de relancer les hostilités pour des raisons de vengeance, de haine, de gloire ou tout simplement de soif de sang. Mais les deux sœurs feraient tout pour préserver cette paix. Elles sont les souveraines alicornes immortelles du soleil et de la lune : elles ne failliraient pas.

Soudain une masse sombre lui tomba dessus et la plaqua au sol avec une telle force qu’elle n’arrivait plus à bouger.

-Perdu ! dit sa petite sœur avec un air enjoué.

-Lulu, j’étais endormie, ce n’est pas du jeu.

-Et si j’étais un assassin, tu serais morte.

-Aucun assassin ne peut se fondre dans les ombres comme tu le fais, se justifia-t-elle avec un ricanement.

Quand elles se mirent l’une contre l’autre pour contempler le jardin, la princesse demanda.

-Où étais-tu hier soir ?

-Tes espions ne sont pas obligés de me suivre jusqu’aux latrines aussi, plaisanta-t-elle. Oui, je te le confirme, je suis parti à Poneyville pour rencontrer cet… humain.

-Mon étudiante m’envoie des rapports régulièrement, il était futile de te déplacer jusqu’à là-bas.

-Je ne mets pas en doute la véracité des lettres que t’envoie Twilight Sparkle, mais j’ai préféré le vérifier par moi-même.

Quand elle était petite, Luna avait toujours cette tendance imprudente, voire inconsciente, de se jeter face au danger pour régler un problème ou sauver la situation. Cette impétuosité, c’était ce que sa grande sœur adorait chez elle, même si cela ne l’empêchait pas de s’inquiéter pour sa sécurité.

-Alors ? Comment il est ?

-Je ne lui ai parlé qu’un bref instant, mais c’est vrai, il est… impressionnant. Il a ce… cette aura intimidante, mais aussi apaisante à la fois. Ça se voit que ce n’est pas quelqu’un de mauvais, s'il se mettait à protéger quelqu’un, il serait vraiment le bouclier-lige idéale. Mais j’ai également aussi sondé beaucoup de tristesse en lui, comme s’il portait un fardeau qu’il tente de dissimuler. Une faute, un crime, je ne sais pas… Une tache dans sa conscience qu’on ne peut effacer.

La révélation de Luna ajouta encore plus de mystère autour de ce chevalier qu’elle n’en résolvait.

Le petit fragment qui s’était détaché de l’âme de cristal était difficile à recoller. Mais l’apprentie magicienne y était presque, plus qu’une petite quantité d’énergie pour ressouder tout ça et…

-Twilight ! cria Rainbow Dash.

Sous l’effet du choc, la licorne violette fit voltiger l’éclat, qui heureusement fut rattrapé par cette dernière qui plongea droit dans une pile de livres et de notes.

-Pour l’amour de la science ! Rainbow ! Si tu continues à faire ça, je te jure que je t’enverrai sur la lune ! s’énerva-t-elle rouge de colère.

-Pff ! C’est ça et j'y serai emprisonnée et isolée pendant mille ans et je reviendrai me venger sous la forme de démon maléfique, se moqua la pégase.

-Je ne rigole pas ! L’âme de cristal est un concentré de magie surpuissant. D’ailleurs, tu vois le résultat, elle est capable d’invoquer un chevalier en armure noire venant d’une autre dimension, et cerise sur le gâteau ; il a de sérieuses envies de meurtre sur les dragons. J’ai passé la nuit entière à rassurer Spike. Donc plus vite j’aurai réparé la gemme, plus vite il pourra rentrer chez lui. Hey ! Tu m’écoutes ?

Pendant qu’elle palabrait, la pégase à la crinière multicolore farfouillait une étagère de la bibliothèque avant de répondre.

-Ouais, ouais…

Twilight Sparkle soupira de résignation.

-Bon que me vaut le plaisir de ta visite ? demanda-t-elle en reposant délicatement l’éclat et le joyau dans une boîte de protection.

-Ulrik n’est pas là ?

-Pourquoi ?

-Tu sais que demain il y a le grand tournoi annuel de Poneyville. Et tout le monde viendra voir la compétition. La famille royale sera l’invité d’honneur ainsi que la commandante des wonderbolts SPITFIRE ! Ce nom résonnait de la bouche de la pégase comme un chant astrale.

-Oh ? Tu as besoin de lui pour qu’il intègre ton équipe, devina la licorne violette. Mais tu avais déjà formé ton groupe et les règles stipulent que vous devez être cinq, ni plus ni moins.

-Cet imbécile de Thunderlane a trouvé le moyen de tomber malade ce matin et il ne sera pas disponible demain. J’ai besoin de notre humain pour le remplacer. Ulrik est un chevalier ; donc les tournois ça le connaît.

- Et bien il n’est pas ici. Il est parti.

Le cœur de Rainbow Dash était sur le point d’éclater. Elle plaqua son visage contre celle de Twilight.

- Dis-moi que ce n’est pas vrai ! Dis-moi que ce n’est pas vrai ! Il est rentré chez lui ? s’alarma-t-elle. Sans nous avertir ?

L’étudiante se dégagea de l’étreinte de son amie à l’aide de sa magie.

-Si tu avais écouté ce que je disais il y a dix secondes, je n’ai pas réparé la pierre ; donc Ulrik est toujours ici. Il est juste sorti au village. Demande aux gens, il ne passe pas inaperçu tu sais.

La pégase fronça les sourcils.

-Et tu le laisses se balader comme ça ? Je croyais qu’il était ton sujet d’étude ?

- Je ne l’enferme pas dans une cage comme un cobaye de laboratoire, si c’est ça ta question. Je lui pose des questions et c’est tout. Et il faut bien qu’il occupe ses journées. Sans compter que je dois beaucoup me consacrer pour trouver un moyen de le ramener chez lui.

En effet, Ulrik ne le disait pas, mais son comportement trahissait son impatience lorsque ce sujet était lancé dans la conversation.

Rainbow Dash sortit de l’arbre-bibliothèque sans oublier de remercier son amie. Cette dernière se remit aussitôt à réparer la gemme en songeant toujours à cette fête de bienvenu où l’humain avait failli agresser le petit dragon par la simple mention de sa race.

Il avait ensuite beau s’être excusé par la suite, Twilight ne pouvait pas lui faire entièrement confiance. Ulrik n’avait, bien évidemment, pas un mauvais fond et elle l’appréciait pour cela. Mais Spike était son assistant, son protégé, c’était Twilight qui l’avait élevé, depuis sa sortie de l’œuf. Et vu le comportement d’Ulrik envers son égard, mieux vaut le renvoyer chez lui, quitte à donner un piètre rapport à son mentor.

Dans l’auberge de l’étalon éméché, il y avait un peu de monde, mais l’établissement avait au moins le privilège d’accueillir un client un peu particulier. Au début il inspirait beaucoup de crainte aux autres habitués, le patron était très angoissé lorsqu’il devait amener sa bière à l’étranger et ce dernier restait seul dans son coin sans embêter personne.

Jusqu’à ce qu’un griffon à lunette et un batponey ; ces étranges et sombres pégases aux ailes de chauves-souris issus de  la garde rapprochée de la princesse Luna, osèrent lui proposer de jouer aux cartes avec eux, ce qu'il accepta. Et par le plus grand des hasards un jeu que l’inconnu connaissait.

Et depuis un moment, plus personne ne faisait attention à cet imposant personnage qui ne faisait rien d’autre que boire une bière et jouer aux cartes comme n’importe qui.

-Et voilà, mon nécromancien contrôle à présent ton spectre millénaire. Ce qu’il fait qu’il rejoint mon deck et qu’il n’est plus dans la partie. Annonça triomphalement le batponey appelé Azral Ombrefeu à son compagnon griffon du nom de Tälios, qui devint pâle.

Le borgne souriait devant ce coup prévisible et posa sa carte.

-Rassure-toi Tälios, Azral ne te menacera plus parce je place ma carte « héros » Berianne le héraut de la lumière ; qui non seulement possède vingt points de puissance, mais divise par deux tous les points de force des cartes liées à la magie noire.

-Ouais, c’est maintenant toi qui nous prends par les ailes, paniqua le griffon.

Twilight avait raison, il n’était pas difficile pour la pégase cyan de retrouver Ulrik, qui était apparemment très occupé dans cette auberge avec ses deux nouveaux amis. L’humain lui montrait le dos, alors il lui vint une idée. Elle se frotta les sabots avec un petit rire malicieux.

Elle entra furtivement dans la taverne sans que personne ne la remarquât, elle se colla au plafond et s’approcha de plus en plus derrière l’homme qui semblait apparemment tenir en difficulté ses deux adversaires. Alors que la farceuse était au-dessus lui et que le chevalier avait le regard fixé sur son jeu, elle s’apprêtait à lui tomber dessus, quand soudain :

-Que veux-tu gamine ? demanda Ulrik sous un ton parfaitement neutre.

« Arrête de m’appeler gamine ! » Voulait-elle dire, mais elle ne répondit que par une pitoyable réplique.

-Comment m’as-tu repérée ?

-Bah ! Un troll ivre mort t’aurait entendu.

Face à cette remarque désobligeante les deux joueurs cachèrent leur malaise derrière leur jeu en main, car en réalité personne dans le cabaret n’avait vu ou entendu la jeune pégase et Rainbow semblait prendre ombrage.

-Écoute Ulrik, je ne vais pas dans quatre chemins et c’est très important pour moi donc…

-Crache le morceau fillette ! s’énerva le chevalier.

« Toi un jour, tu m’appelleras, ma reine, et tu me serviras comme pupitre pour mes autographes quand je serai nommée comme la plus grande guerrière d’Equestria et que je te ferai manger la boue lors d’un duel dans les règles. » pensa-t-elle, blessée dans sa fierté.

Le griffon et le batponey pouffèrent discrètement devant la tête que tirait Rainbow Dash, future combattante des Wonderbolts et aspirante à l’ascension d’héroïne nationale ; on dirait une enfant de quatre ans qui se vexerait devant la moquerie d’un grand frère.

-Tu veux faire partie de mon équipe demain ? J’ai besoin de toi pour le tournoi.

Les deux joueurs se regardèrent étonnés l’un comme l’autre devant la demande de l’aspirante Wonderbolt. Pouvoir voir les talents martiaux du chevalier ne serait pas une mauvaise idée.

-Un tournoi ? Quel tournoi ? demanda le guerrier.

-Le tournoi annuel de Poneyville. Il s’agit d’une lice de combat où tous les guerriers du monde peuvent venir montrer leur talent en affrontant d’autres participants, et le gagnant pourra être nommé le champion de la région et être récompensé. Mais il y a une règle, il faut faire partie d’une équipe de cinq combattants pour pouvoir participer et comme un membre de mon équipe est tombé malade, j’ai besoin de quelqu’un d’autre pour le remplacer.

-Et c’est moi que tu as besoin ? Sa voix désagréable résonnait avec une pointe d’agacement.

-Beuh ! Comme tu sembles être un dur à cuire et un vétéran, on aurait toute nos chances alors euh…

-Non ! Sa réponse était aussi tranchante que le fil de son épée en acier Aloris.

Le visage de la pégase s’embrouilla d’incompréhension, elle n’avait visiblement pas envisagé cette réponse.

-Pourquoi ? Tu as peur ?

-Je n’aime pas me pavaner en public, je ne veux pas que les gens sachent de ce que je suis capable de faire. Tu peux demander à Azral, il désigna le batponey. Il est membre de la garde royale de votre souveraine de la nuit… Luna ? C’est ça ?

-Ce serait un honneur, mais sa majesté Luna ainsi que sa sœur viendront ensemble pour donner le titre et la récompense au futur champion. Je dois être présent pour la défendre en cas de danger.

-Et moi je ne suis qu’un scribe, je n’ai jamais touché une arme de ma vie, répondit le griffon à lunette.

Ulrik haussa les épaules.

- Bon et bien, laisse-nous gamine, il y certainement beaucoup d’autres étalons qui se feront un plaisir de se faire occire pour tes beaux yeux roses.

-Mais je n’aurais pas le temps de trouver quelqu’un d’autres et…

-Je n’ai pas envie, alors laisse-moi !

Alors qu’il piocha une carte dans son deck, la pégase frappa les sabots sur la table faisant tomber les bocks de bière sur la table.

Tous dans la salle se turent, sauf le garde de Luna qui tenta de sauver ses cartes de l’affreux liquide alcoolisé.

« J’aurais dû te frapper plus fort sur ta tronche de macho à l’hôpital. » songea-t-elle en braquant ses yeux roses sur l’œil gris d’Ulrik qui restait impassible.

-Tu ne me laisses pas le choix « messire ». Je suis obligée d’utiliser mon arme secrète.

Tout le monde s’attendait à une bagarre, y comprit le chevalier qui se tenait prêt à se défendre…

-Rejoins mon équipe.

-Non.

-Rejoins mon équipe.

-N’insiste pas fillette.

-Rejoins mon équipe.

-Non, mais t’es sérieux là.

-Rejoins mon équipe.

-Arrête ça !

-Rejoins mon équipe.

-Laisse-moi.

-Rejoins mon équipe.

-Ta gueule !

-Rejoins mon équipe.

-Bon si j’accepte tu vas arrêter de me les briser ? finit-il par hurler.

-Oui, répondit-elle avec sourire adorable. Rejoins mon équipe.

-Bon d’accord, j’accepte. Mais fiche moi la paix, maintenant !

-Tu es chouette comme gars. Elle lui donna un bisou sur la joue, ce qui agaça encore plus l’humain, avant de voltiger heureuse vers la sortie. À demain matin à l’aube alors.

Quand elle ferma la porte, tout le monde regarda perplexe le chevalier qui sous ses airs de rustre sans cœur, avait cédé facilement devant un vieux truc de gamin.

-On… ne peut rien refuser à une femme, tenta-t-il vainement de se justifier en reprenant son jeu de carte.

Son explication ne fit qu’éclater de rire l’assistance.