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Silence

Une fiction écrite par Vuld.

2. Parallèle

Sonnerie d'école. Cinq minutes pour gagner la salle de classe, à l'autre bout du bâtiment. Ne pas courir dans les couloirs.

Quelqu'un venait de saluer Twilight Sparkle en passant dans le hall principal. Elle n'aurait pas su dire qui, trop occupée à marcher aussi vite que possible. Il ne restait plus assez d'étudiantes en retard pour la bousculer au passage et tester l'écho du bâtiment. Quelques feuilles froissées étaient tombées par terre, que Twilight prit le temps de ramasser et, faute de savoir quoi en faire, alla déposer sur la petite table devant l'entrée de la cour.

Ensuite, casier, livre, pupitre, deux minutes de marge avant l'arrivée de la professeure. Le tableau noir était sale, évidemment.

Pour une fois, ce n'était pas la volonté des étudiantes. Madame Bellbean aurait vu dans la moindre trace de craie manquante une déclaration de guerre. Et puisque c'était à Twilight Sparkle d'effacer le tableau noir, si une autre étudiante s'y amusait la professeure s'en prendrait en partie à elle. Aucune étudiante n'y avait encore pensé.

Une fille s'installa à côté de Twilight Sparkle.

D'abord, cela l'étonna, et elle eut un bref regard pour cette intruse avant de se rappeler la nouvelle étudiante. Celle-ci fit tomber sa trousse plus qu'elle ne la posa sur le côté du banc, puis s'y étala de tout son long en soupirant. Rien de nouveau, rien d'étonnant. Rien de dérangeant.

Porte fermée, début du cours, reprise de la matière d'hier.

« Née à Ferré-Millet en 1639, je suis recueillie par ma grand-mère qui m'envoie à dix ans à l'école de Polo-Royal où je reçois une solide culture des auteures antiques, j'écris des poèmes dès 1660 et je lèche les bottes de la reine Louise mais ce n'est qu'en… »

La nouvelle était en train de dormir.

Là, juste à côté de Twilight Sparkle, la nouvelle étudiante avait les yeux fermés et la joue bien contre le bois du pupitre. C'en était théâtral. La professeure se tut et approcha de ce côté en inspectant, l'air de ne même pas savoir comment aborder ça, la petite effrontée. Le reste de la classe attendait en silence.

Madame Bellbean se tourna, récupéra la grosse règle du tableau noir et, profitant de sa souplesse, donne une toute petite tape du bout de la règle sur la tête de l'étudiante, qui dut le sentir à peine.

Ce fut suffisant pour la faire ouvrir les yeux.

« Oooooh… je suis toujours en classe. » Son regard passa de sa main nonchalante à la professeure qui la regardait. Soudain droite comme un I. « Ah ! Le cours a commencé ! »

« C'est Morsière, l'auteure de la Malade imaginaire, » reprit la professeure, « qui mit en scène ma première tragédie et nous en étions restées là hier, je suis ? Je suis ? »

La nouvelle était toujours raide sur son siège, toujours tétanisée par le réveil. Mais la professeure posait la question à la salle entière et la délaissait. La nouvelle, sans se défaire de son sourire forcé, se pencha vers Twilight Sparkle pour murmurer :

« Pourquoi tu m'as pas réveillée ? »

Twilight Sparkle ne répondit rien. La nouvelle continua à chuchoter.

« Ah oui, je suis bête. Tu ne parles jamais en classe. »

Un brin de reproche, mais pas grand-chose. L'étudiante semblait plutôt épuisée. Twilight lui accorda à peine un regard, toujours occupée à prendre ses notes. Mille six cent soixante, parution de la grammaire de Polo-Royal. Quel rapport avec Racing? Probablement aucun que la professeure n'aborderait.

Quand la nouvelle se rendit enfin compte que madame Bellbean était à peu près inoffensive, elle se détendit enfin et se ramollit presque en un soupir. Twilight poussa le livre de cours au milieu du banc et la nouvelle y jeta un regard désintéressé.

« Hyppolite. » Continuait madame Bellbean. « La tragédie qui en 1677… mille six cents… soixante-dix… sept… sera le chef-d'oeuvre de Racing et la seule oeuvre qu'on vous demandera de retenir. »

Elle acheva de souligner trois fois la date à côté du nom écrit en lettres majuscules pour se tourner face à la classe. Les étudiantes fouillaient sur la page quel paragraphe la professeure était en train de réciter. Certaines guignaient la page suivante. Twilight Sparkle attendait simplement la suite.

« C'est aussi et accessoirement la lecture qu'on vous avait demandé de faire pour hier et c'est l'occasion parfaite de vous rappeler ce qu'est une tragédie. »

Hyppolite. L'histoire d'un frère qui aimait sa soeur, et tout ce qui s'ensuit. La nouvelle ne regardait même pas le livre de cours et, nota Twilight, n'avait même pas sorti de feuille de papier pour prendre des notes. Pas de temps pour ça. Il fallait noter tout ce que la professeure disait, pour la troisième fois, sur la tragédie.

C'était détestable, quand une professeure se répétait autant. L'impression que le cours n'avance pas. Le sentiment qu'elle était obligée de faire ça pour les trois du fond qui n'écouteraient jamais.

Ce n'était pas important.

Dates. Thèmes. Un peu plus de dates et beaucoup d'explications. Twilight Sparkle était très forte pour prendre des notes, même après que la pause soit survenue. La professeure dit encore deux phrases noyées dans le brouhaha des étudiantes qui se pressaient de respirer. Cinq minutes avant que le calvaire ne recommence.

Une fois les derniers mots notés, Twilight reposa la plume sur le côté, aligné tant au bord du pupitre qu'au bord de sa feuille, et regarda la nouvelle.

Elle n'eut rien le temps de lui dire. La professeure était déjà revenue à la charge.

« Pinkie Pie, c'est cela ? » Demanda madame Bellbean.

L'intéressée se redressa d'un coup avec la joie nouvelle d'être admonestée.

« Ce n'est même pas ton second jour et tu es déjà épuisée ? On dirait que tu n'as même pas dormi. »

« C'est pas ma faute, » déprima soudain l'étudiante, « c'est elle qui me rend folle. »

Et, tout en retombant comme un soufflé, elle désigna Twilight Sparkle.

Twilight Sparkle ne cilla pas. Après un regard désintéressé Twilight Sparkle s'en était déjà retournée dans ses notes. Elle aligna du doigt les quelques feuilles sous celle qu'elle utilisait et feignit de ne pas sentir le regard de madame Bellbean durant ces quelques secondes.

« Plaider la folie fonctionne devant un tribunal, pas à l'école. Tu devrais au moins prendre des notes, que je n'aie pas l'impression de parler dans le vide. »

La nouvelle désigna sa trousse d'un doigt vaincu : « J'ai oublié mes affaires à la maison. »

Silence de la professeure. Contemplation. Mais Twilight Sparkle avait déjà fouillé machinalement de son côté pour tirer sa seconde plume et son effaceur de rechange avant de les tendre à sa voisine. Second silence de la professeure et de l'étudiante qui regardait ces deux objets de mystère offerts comme des sortes de merveilles.

Puis madame Bellbean reprit : « Prête à suivre mon cours à présent ? »

L'étudiante hocha la tête, attrapa la plume avec précaution et garda les yeux émerveillés dessus. Puis elle se réjouit et dit d'autres choses d'une voix pleine de joie que Twilight n'écouta pas, trop occupée à récupérer des feuilles pour cette tête-en-l'air.

La voisine passa le reste du cours à dessiner.

****

Dessiner serait le thème de la journée. Toute la classe était penchée sur les vieux bancs bien lourds de la salle de biologie, à recopier le dessin d'une cellule affichée à l'écran du projecteur. Les vitrines d'animaux empaillés, abusément éclairées, formaient un second décor de distractions.

La nouvelle était quasiment à l'opposé de la salle, avec ses nouvelles amies, à pouffer de rire tandis que la professeure parlait.

« Le noyau cellulaire, » disait celle-ci, assez sèchement, « est composé d'une membrane nucléaire... »

Petit sourire de Twilight Sparkle. Nucléaire. Drôle. Dommage que les autres n'écoutaient pas.

« … copie l'ADN en ARN, ou acide ribonucléique, lequel sort ensuite par les pores nucléaires. Oui ? »

Légère surprise de Twilight Sparkle. Quelqu'un d'autre qu'elle avait levé la main pour poser une question. Troisième rang, sur la droite.

« Excusez-moi madame, je vois le noyau cellulaire mais je n'arrive pas à voir la cellule sur votre schéma. »

Silence. La professeure pointa sa baguette sur l'angle de l'écran, en haut à gauche, où était marqué le nom du schéma. Cellule. Comme dans cellule. L'étudiante finit par baisser la tête pour faire mine de noter quelque chose puis :

« C'est bon merci. »

« L'ARN est ensuite décodé par les ribosomes qui sont chargés de la production des protéines afférentes. »

Afférentes. Les deux autres étudiantes au premier rang firent une pause sur ce mot. Comme un écueil insurmontable. Et, comme pour tester les nerfs de la pimbêche du premier rang, une des deux étudiantes leva la main à son tour.

« J'ai pas compris, vous pouvez répéter ? »

Non, ces étudiantes n'étaient pas stupides. Twilight Sparkle aussi butait sur certains mots et ne comprenait pas tout du jargon de madame Coldshower. La professeure ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même pour toutes ces réactions répétées d'incompréhension.

Cela n'enlevait rien à la stupidité de la question.

« L'ARN produit par le noyau cellulaire » reprit madame Coldshower d'une voix hachée « est décodé par les ribosomes chargés de la production des protéines. »

Puis elle continua son exposé.

Sonnerie.

Du remous au dernier rang. La nouvelle avait cru que c'était la pause et avait voulu se lever. On devait lui expliquer que ce cours était continu, par convention, et tout ça. La nouvelle s'écria « Quoi ?! » et la professeure de taper de la baguette pour pouvoir reprendre.

Un cours entier. Pas d'interruption. Une sorte d'idéal assez rare pour des étudiantes empressées de retrouver la cour et leurs conversations.

À cela s'ajoutait le sentiment de se faire voler une liberté supplémentaire, puisque ce cours était souvent une excuse pour sortir admirer les étangs, se promener dans les bois ou à minima faire quelques expériences. Ces rares instants où l'école paraissait presque un jeu.

Ces brefs instants où l'intérêt des étudiantes pouvait presque égaler celui de Twilight.

Main levée.

« Oui Twilight ? »

« Est-ce qu'il y a des cellules sans noyau cellulaire ? »

La salle se mit à rire sous cape. Parce que c'était bien dix minutes en arrière, ces histoires. Et parce que forcément une cellule avait un noyau, c'était dans le nom. C'était comme demander s'il y a avait des pommes sans pépin.

Même la Twilight Sparkle se sentait un peu stupide de demander.

« Une excellente question. » Trancha froidement la professeure. « Non, toutes les cellules n'ont pas de noyau. Les cellules procaryotes en sont dépourvues. Seules les cellules eucaryotes en ont et encore, pas toutes. » Vaste regard sur la classe. « Mais ce n'est pas une question d'examen. »

Soulagement général. Ratures pour celles qui avaient pris la peine de noter procaryote et eucaryote. Envie pour la pimbêche du premier rang de lever la main à nouveau et demander la différence. Se retenir.

Le cours n'était pas pour elle seule. Il fallait que le cours avance. Et puis, secrètement, on lui en voulait à la pimbêche de compliquer les choses. C'était déjà assez dur de subir l'encyclopédie de la cellule en seize volumes de madame Coldshower sans devoir y rajouter un chapitre.

C'était quoi, la différence entre procaryote et eucaryote ?

Changement de schéma. Quelque chose avait bougé à l'écran, là où, pour celles qui n'étaient pas occupées à chuchoter, tous les regards se dirigeaient. Toutes se remirent à copier diligemment le dessin d'un haricot et ses intérieurs. Le schéma avait pour titre la mitochondrie. Parce que cet élément avait son propre dessin, c'était désormais l'élément le plus important d'une cellule.

Encore cinq minutes avant la sonnerie. La classe s'agitait pour partir. Madame Coldshower le sentit et, s'arrêtant au milieu de son exposé, après un coup d'oeil frustré à sa montre, elle annonça le programme de la semaine prochaine. Programme noyé par le bruit des chaises et des affaires, de la bousculade.

Twilight Sparkle avait déjà presque remis ses feuilles dans sa fourre quand elle s'arrêta et regarda son dessin de la cellule. Mais c'était quoi cette histoire de procaryote et d'eucaryote ? Pourquoi l'une n'avait pas de noyau ?

La nouvelle étudiante vint lui tendre sa plume et son effaceur.

« Tiens ! J'en ai plus besoin, Peahen me prête les siennes ! »

Elle les tendait à Twilight comme Twilight les lui avait tendues avant. Après un « ah », Twilight reprit ses affaires, rouvrit sa trousse pour les y ranger et acheva de fermer son sac. Direction la professeure.

« Excusez-moi, » s'excusa Twilight, « quelle est la différence entre une eucaryote et une… procaryote ? »

« L'absence de cellule. » Sécha la professeure. Twilight se sentit stupide. « Et de tout autre organite. Ca correspond, pour simplifier, aux bactéries, et ce sont historiquement les premières cellules à avoir existé. »

Twilight Sparkle ne réagit pas, fascinée, et se contenta de continuer à hocher la tête pour encourager la professeure à continuer même après que celle-ci ait fini. Les premières cellules ? Quand ? Comment ? Pourquoi les noyaux étaient apparus ?

Dans sa frénésie de savoir, Twilight ne se rendait même pas compte qu'elle retenait la professeure qui avait, peut-être plus encore que ses étudiantes, l'envie de rentrer chez elle ou du moins du travail qui l'attendait encore. Quand elle s'en rendit enfin compte, Twilight Sparkle s'excusa et s'éclipsa comme une voleuse.

****

Quelques filles s'acharnaient sur le distributeur de pommes, en bout de la cantine. Twilight Sparkle terminait sa purée dans son coin de table désert, et gardait la tête perdue dans ces histoires de cellules.

Deux doigts sur son épaule la firent tiquer.

« Eh, Twilight ! » Lança la nouvelle étudiante. « Tu viens jouer avec nous ? On va faire du babyfoot ! »

« Laisse tomber. » Dit une autre avec dépit. « Elle ne veut rien avoir à faire avec nous. »

« Ah ouais, c'est vrai. » Déception. « À quoi je pensais ? »

Et d'entraîner le groupe de filles à sa suite. La purée avait eu tout le temps de refroidir. Soupir de Twilight Sparkle avant de continuer.

Fin du repas. Prendre le temps de déposer le plateau. Sortir dans la cour. L'arbre le plus isolé. Parce que Twilight Sparkle serait bien retournée en classe si la classe où elle aurait cours n'était pas actuellement fermée à clé.

L'arbre était déjà occupé. Super. Il ne restait plus qu'à trouver un plan B.

En quittant la cour, Twilight repassa devant la petite table où elle avait déposé, ce matin, le papier qui traînait par terre. Les feuilles étaient toujours là, froissées, et Twilight avait du temps à tuer. Elle les récupéra, y jeta un coup d'oeil.

Deux feuilles blanches. La troisième, quelques notes griffonnées avec l'empressement d'une adulte. Numéro de téléphone. Une phrase trop lapidaire pour être compréhensible, suivie de trois points d'exclamation. À côté, dans un cercle grossier : « Pas assez de café. » Une professeure avait laissé tomber ça ce matin et n'avait sans doute pas jugé utile de s'y arrêter.

Rien d'intéressant. Twilight emporta les feuilles avec elle pour les ranger dans son casier. Elle ouvrit son casier. Elle s'arrêta.

Quand.

Avant le cours de biologie ? Après ? L'autre étudiante avait trouvé le moyen d'y ranger des guirlandes colorées. À quoi des guirlandes pouvaient bien servir dans une école était un mystère en soi, mais Twilight se demandait surtout quand l'étudiante avait trouvé le temps d'y glisser ça sans qu'elle ne le remarque.

Puis il y avait les trois photographies scotchées sur l'arrière du battant, dont une avec toute la classe autour de la nouvelle étudiante. Presque toute la classe. Twilight Sparkle n'y était pas.

Twilight Sparkle posa les feuilles sur les guirlandes, soupira encore et ferma le casier.

****

« Eh, Twilight, tu as vu Pinkie Pie ? »

Twilight Sparkle secoua la tête. C'était qui, déjà, Pinkie Pie… ah oui, la nouvelle. La tête-en-l'air. Sans doute incapable de trouver une salle de dessin, malgré le plan du bâtiment en double dans les halls.

Le professeur Road Runner approchait déjà avec les clés, forcé de se frayer un chemin pour atteindre la porte de sa salle avant de se faire bousculer par les filles qui voulaient y entrer. Comme pour monter dans le bus. Fascinant.

Le professeur grommela et entra à son tour, suivi par la pimbêche qui jeta un dernier regard au couloir, vide, avant de refermer la porte.

Tout le monde récupérait déjà son dessin sur la pile encore fraîche de la semaine dernière. Petites batailles pour celles qui osaient toucher au dessin d'une autre pour accéder au sien. Twilight récupéra sa feuille et alla s'asseoir, se mit à aligner ses affaires.

« Eh, on n'était pas censé avoir une nouvelle pipelette ? » S'étonna le professeur.

Personne ne répondit. Ce qui était déjà en soi une réponse. Aucune idée. Elle était pas là. Celle qui répondrait risquait de prendre une responsabilité.

Évidemment.

« On ne sait pas où elle est. » Dit tranquillement Twilight Sparkle.

« Et ça va encore me retomber dessus, bien sûr ! » S'exclama le professeur. « Twilight Sparkle, va la chercher. Si tu ne la trouves pas, avertis la directrice. »

Et avant que Twilight Sparkle n'ait le temps de se lever, parce qu'il s'était rapproché, avec un regard dédaigneux pour son travail :

« Ce n'est pas comme si ton dessin risquait de s'améliorer de toute manière. »

Porte ouverte, porte fermée. Silence du couloir. Main qui tremble. Mais Twilight Sparkle ne pouvait pas rester là à jouer les dramaturges. Retrouver la tête-en-l'air, retourner en classe, se poser plus tard la question de savoir pourquoi ça tombait sur elle.

Ah oui, mince. Elle avait déjà la réponse.

Premier arrêt, la salle de classe. Les petites chaussures de Twilight faisaient beaucoup de bruit dans le calme des couloirs. Au passage des portes elle pouvait entendre ces voix de professeures en train de donner leur cours, de routine qui se déroulait sans elle. Pour se consoler, elle se disait que le professeur avait raison. Son dessin serait raté, alors tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Déjà en approchant de la porte fermée Twilight pouvait dire que la nouvelle ne serait pas là. Et, surprise, elle n'y était pas. Deuxième arrêt, les salles de sport. Juste au cas où la nouvelle ne savait pas lire un horaire.

Rien à la première salle, mais le concierge se trouvait là. Chance. Twilight Sparkle l'interpella, lui demanda s'il avait vu l'étudiante. Il voulut une description.

« Elle est… » Mince. « Elle a… » Elle ressemblait à une étudiante. Cheveux roses, quelque chose comme ça.

Seconde salle de sport, dix minutes de perdues et toujours pas de trace de cette idiote. Twilight se mordit la lèvre, honteuse à cette pensée, mais pressa un peu plus le pas. Il lui restait l'option de monter au terrain ou de considérer en avoir fait suffisamment et aller voir la directrice.

Quelques coups à la porte de la direction. La secrétaire lui demanda d'entrer. Expliquer ce qu'elle faisait là. La secrétaire dit qu'elle avait pris note. Elle pouvait retourner en classe. Pas besoin de croiser la directrice elle-même. Tant mieux.

Retour en classe de dessin. Ouvrir la porte. La nouvelle était là.

« Finalement elle s'était juste un peu perdue, » dit simplement le professeur, « tu peux aller te rasseoir. »

Twilight Sparkle s'assit et oublia le reste du monde. Regard sur son dessin. Il lui fallait continuer son dessin.

Prendre la règle. Reposer la règle. Dans sa tête, elle était encore en train de chercher l'autre cruche. Réfréner la colère. Elle était très forte pour ne rien laisser paraître. La nouvelle était très absorbée par ses rires et son peinturlurage. Réussir à l'oublier.

Devant Twilight Sparkle, son dessin. Noir et blanc. Tout au crayon. Un sol quadrillé avec, dessus, des bâtiments carrés, aux toits triangulaires, avec des ronds tracés au rapporteur. Une petite cité calculée à l'angle droit et à la parallèle. Les yeux de Twilight sautaient de ligne en ligne et s'y plongeaient, s'y perdaient. Règle en main, le crayon dans l'autre, elle reprit son travail, continua son dessin raté.

****

La nouvelle n'avait pas ses affaires de gym non plus. Elle discutait avec le groupe très large de celles qui ne participaient jamais.

« Le parcours d'obstacles est en place, » triompha la professeure, « allez les filles, et les gars, on se bouge ! »

S'élancer par deux pour un tour de salle sur les tapis, par les anneaux et les barres et jusqu'aux cordes de tout l'attirail sportif qui permettait aux étudiantes de s'amuser. Le large groupe massé près des bancs rechignait. Les conversations étaient trop intéressantes.

Autour de Twilight Sparkle d'y aller. Elle essayait, Twilight Sparkle. Elle trébuchait sur le tapis, Twilight Sparkle. Elle loupait la barre. Elle peina pour gravir le muret, Twilight Sparkle. Et elle écoutait les filles à l'autre bout de la salle rire et discuter.

Et elle continuait, Twilight Sparkle. Jusqu'au bout.

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